BACCHUS FAIT LA FOIRE

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BACCHUS FAIT LA FOIRE
Date : 25 SEPT 15
Page de l'article : p.21
Journaliste : Laure Gasparotto
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 273111
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BACCHUSFAITLAFOIRE
En septembre, tous les supermarchés vivent au rythme de la foire aux vins.
Les producteurs ne boudent plus la grande distribution et travaillent de pair avec les enseignes
GASTRONOMIE
N
ée sur le parking d'un
Leclerc en Bretagne il y
a quarante-deux ans,
la foire aux vins s'est
généralisée à toutes les grandes
enseignes, s'exportant aussi chez
les cavistes de quartier et sur la
Toile. Pour tous, l'enjeu est de
taille, car l'événement représente,
selon les marques, environ 10 % du
chiffre d'affaires annuel du rayon
vins. La foire aux vins 2014 tous
magasins confondus, a rapporté
quelque 500 millions d'euros. «En
plus dè la rentabilité économique,
c'est aussi la valorisation d'image
qui importe, remarque Etienne Delannoy, acheteur des vins pour
Franprix et Leader Price. C'est l'occasion de créer des événements, des
animations et de fidéliser notre
clientèle. » De la fin du mois d'août
pour Aldi, l'enseigne la plus précoce, à la fin du mois d'octobre
pour Cora, la plus tardive, les foires
aux vins sont pléthore.
Le client peut donc largement y
trouver son compte. Et se faire
conseiller sur place par des professionnels, de plus en plus présents
dans les rayons. L'offre, elle, gagne
chaque année en qualité, les enseignes s'étant dotées d'acheteurs
professionnels. Chez Auchan, ils
sont même spécialisés par régions, intégrés dans les réseaux locaux afin dè bénéficier des « bons
tuyaux». Idem chez Casino. Car si
les vins de Bordeaux représentent
Tous droits réservés à l'éditeur
plus de la moitié de l'offre des foires aux vins, voilà longtemps
qu'ils n'en sont plus les acteurs
principaux.
Des vins prêts à boire
Leclerc reste fidèle à son histoire et
les met toujours en avant. Mais
d'autres, comme Monoprix, trouvent chaque année une thématique interrégionale équilibrée. «Ce
qui compte pournous, qui sommes
présents surtout en ville, où les gens
n'ont pas forcément une cave, c'est
de proposer des vins prêts à boire »,
explique Emmanuel Gabriot,
acheteur en vins pour Monoprix.
On y trouve un chablis premier cru
2003 du Domaine Etienne Defaix
côte-de-léchet à 26,50 euros, ou encore un muscadet sèvre-et-maine
sur lie 1996 de Saint-Hilaire du
Coin à 12,90 euros. Les vins blancs
et les champagnes sont particulièrement mis en avant et les deux
tiers de l'offre se situent entre 5 et
15 euros.
Pour trouver encore moins cher,
LOFFRE GAGNE
CHAQUE ANNÉE
EN QUALITÉ,
LES ENSEIGNES
S'ÉTANT DOTÉES
D'ACHETEURS
PROFESSIONNELS
MILLESIMES 7213135400505
Date : 25 SEPT 15
Page de l'article : p.21
Journaliste : Laure Gasparotto
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 273111
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Foire aux vins à Monoprix. WILLIAM BEAUCARDET POUR « LE MONDE »
on passe la porte dè Leader Price :
60 % des bouteilles sont à moins
de 5 euros. Comment le vin peut-il
être bon à ce prix-là? «Il est clair
qu'on ne va pas proposer de grands
crus, dit Etienne Delannoy. On se
dirige vers des domaines discrets ou
des appellations peu connues qui
n'ont pas assez de notoriété pour
vendre cher. » Dans cette catégorie,
un picpoul-de-Pinet La Pierre Plantée 2014 arrive à 3,90 euros : voilà
un blanc équilibre, limpide, parfait
avec des fruits de mer, des huîtres
ou des plats à base de poisson. En
Bourgogne, c'est un montagny qui
s'impose à 6,49 euros : il s'agit d'un
chardonnay bien de sa région,
mais d'un village moins connu
qu'un meursault ou qu'un puligny-montrachet, dont il est pourtant voisin.
Mais les meilleures affaires se dénichent sans doute chez Auchan,
Carrefour et Intermarché, où le
choix est plus important. Voici un
médoc Château Belle-Vue 2012 à
11,95 euros, par exemple chez Auchan, ou encore le canon-fronsac
Château Junayme 2012 à
8,95 euros. Dans les rayons Carrefour, un joli corbières-cantenac du
Tous droits réservés à l'éditeur
Château Ollieux Romanis cuvée
Aristide 2012, à 8,50 euros, ou un
touraine du Domaine de la Charmoise Terroir des Silices 2014, à
5,95 euros. On continue de remplir
son chariot à Intermarché. Comment choisir entre un saint-nicolas-de-bourgueil 2014 du Domaine
Jamet, à 7,49 euros, et un bergerac
Primo de Conti La Tour des Gendres 2014, à 6,50 euros ?
Aucune crainte quant à la qualité
de ces crus vendus en supermarché : de nombreux vignerons tra-
vaillent de pair avec les enseignes
qu'ils choisissent et ont tout à gagner à ne pas se dévaloriser. Alors
que tant de producteurs les dénigraient il y a une dizaine d'années
en affirmant que jamais ils ne fréquenteraient la grande distribution. Au contraire, Dominique Mèneret, propriétaire à Bordeaux du
Domaine de Courteillac, annonce
avec fierté la présence de son vin
chez Monoprix cet automne. Les
temps changent. •
LAURE GASPAROTTO
La Toile s'enivre
En très peu de temps, les sites Internet de vente de vin se sont imposés pendant les périodes des foires. Et parviennent parfois à
battre les prix des enseignes traditionnelles. Jusqu'au 28 septembre, chez Millesimes.com, on mise sur les grands bordeaux: un
Château Ormes de Pez 2011 à 22,20 euros, un Château Phélan Ségur 2011 à 27,60 euros... Des sites comme Cdiscount.com, Chateaunet.com ou ldealwine.com proposent aussi de belles affaires.
Chez ce dernier, on ne manque pas le chardonnay de Berthet-Bon
del, un côtes-du-jura 2013, délicieux. Pour contrer cette concurrence, les grandes enseignes passent aussi au numérique. Le site
Ma Cave par E. Leclerc souffle sa première bougie. Le concept est
ludique et efficace: des offres limitées et éphémères à des prix
abordables. Avec les conseils du meilleur sommelier du monde,
Andreas Larsson, l'internaute peut être guidé dans son choix.
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