Le 22 juin 2007 - Centre Culturel Aveyron Ségala Viaur

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Le 22 juin 2007 - Centre Culturel Aveyron Ségala Viaur
Centre Culturel Aveyron Ségala Viaur
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Robin Renucci « Sempre vivu » le vendredi 22 juin
« Théâtre et animation socio-éducative, une même démarche d’éducation populaire ?
La thématique de cette première journée était liée à la venue de Robin Renucci à Rieupeyroux pour
présenter son film « Sempre Vivu ». La journée était animée par
François Campana, coordinateur national de PASSEURS D’IMAGES (Kyrnéa International) et Maître de
conférence associé à Paris III (politiques culturelles théâtre et cinéma).
Elle a rassemblé 22 personnes. Des animateurs jeunesse, des élus, des artistes, des programmateurs...
Etaient en particulier présents : Elie Briceno, auteur, metteur en scène de la Cie Artizan., Florence Vezy,
déléguée au théâtre à la MDC, Julien Anduran, chargé de mission développement culturel au sein du pays
Rouergue Occidental, Bruno Houles, directeur de la MJC de Rodez,
Beaucoup de sujets et de pistes de réflexions ont été soulevé lors de cette journée. Cette journée était
avant tout la rencontre entre deux mondes qui s’ignorent : les programmateurs et les artistes d’une part et
les animateurs d’autre part. A la fin de cette journée, l’envie de continuer à apprendre à se connaître et
peut être à réussir à monter des projets communs était née.
Nous avons choisi de transposer dans ce bilan annuel une longue citation de Robin Renucci car nous
pensons qu’il résume avec des mots justes et simples la manière dont nous tentons de travailler au Centre
Culturel Aveyron Ségala Viaur.
Robin Renucci a synthétisé la journée et conclu par ces mots : « (...)En 1959 le Ministère de la Culture a
à la fois fait un socle formidable pour le champ culturel national mais a aussi séparé les amateurs des
professionnels qui sont chargés de l’excellence culturelle du pays. Et c’est tout l’inverse dans l’éducation
populaire. Une des valeurs du conseil national de la résistance quand il a été fondé, était de rapprocher et
de reconstruire le pays avec toutes ses forces vives notamment dans les milieux ouvriers, dans la ruralité,
allez reprendre les ferments de la création qui donne son terreau à la culture dite élitiste. (...) Nous
sommes tous au départ des amateurs. Donner également à l’amateur la dignité de son travail. En
mélangeant des professionnels et des amateurs, il y a une capacité du professionnel à jouer avec celui
dont on pense qu’il n’a pas le savoir et tout à coup vous sort quelque chose de tellement vrai, parce que
vous l’avez mis en situation de vérité et de profondeur. (...). Il y a aussi les enseignants parce que nous
sommes dans un cas de figure qui ne c’est jamais produit. Il va y avoir la moitié du corps enseignant dans
les années qui viennent qui vont être remplacés par une nouvelle génération qui sont des enfants de la
télé. Bien souvent ce sont des gens qui n’ont même pas perçu l’intérêt de la dimension artistique et
culturelle dans leur parcours. Dans n’importe quelle école : entrer en culture c’est là que ça se passe. (...)
Pendant leur scolarité, qu’est-ce que nos enfants voient comme spectacles vivants, qu’est-ce qu’ils ont vu
d’inconnu ?
Salle de spectacle – 2, route du Foirail – 12240 Rieupeyroux Tel : 05 65 29 86 79
Courriel : [email protected]
Contact : Sophie Pillods
Contact technique : Nathalie Bouillard
Artothèque : Suzanne Lafarguette
N°licences 2ème catégorie 1009078– 3ème catégorie 1009079
SIRET : 451 532 204 00018
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Q : pourquoi il faut entrer en culture ?
Il n’y a pas de « il faut », c’est simplement que dans la construction de l’individu tout cet art
d’imaginaire, de création possible, être soi-même le créateur de son propre destin, être émancipé pour ne
pas être dans une masse collective, cela fait partie de la construction citoyenne de base. C’est la
citoyenneté même. Surtout dans le vivre ensemble où chacun est reconnu dans ses différences et attentif
aux différences des autres. Si une société ne se représente pas, si l’individu n’a pas la capacité à un
moment de dire ce qu’il est, il implose à un moment dans sa vie. C’est valable pour l’individu, le groupe,
une société entière. Si on ne se représente pas, d’une part on subit les représentations des autres, et d’autre
part on a une incapacité à dire, à nommer. Dire un texte à voix haute une fois dans sa scolarité, hors ce
n’est pas demandé au sein de l’école. Il y a des enseignants extraordinaires qui font ce travail mais on
apprend pas à l’IUFM à appréhender la dimension artistique et culturelle autrement qu’en dessinant une
cruche ou en jouant de la flûte à bec. Donc apprendre à lire à voix haute, l’enseignant lui-même n’a
jamais eu à lire à voix haute devant un groupe pour conter une histoire, Nous on nous demande souvent
mais comment avez-vous fait pour les tenir, alors qu’on leur a juste lu quelque chose. On n’est pas arrivé
à les tenir, c’est uniquement que l’animateur n’a pas la capacité, ni l’autorité de l’imaginaire et du verbe
pour pouvoir simplement se dire, je vais raconter une histoire à ceux qui m’écoutent. Raconter une
histoire c'est-à-dire chercher l’imaginaire entre nous, c’est basique. Tout ce tissu est étiolé au plan
national. Donc il faut commencer par reconstruire ça, (...) La culture ce n’est pas nécessairement utile
mais il faut la voir en terme de responsabilité sociale. On dit à quoi ça sert, combien ça coûte et est-ce que
c’est rentable ? On se situe là. (...) »
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Le soir, le film « Sempre Vivu » a été diffusé à la salle de cinéma de Rieupeyroux, en présence de Robin
Renucci. Les spectateurs ont été d’autant plus émus par ce film que celui-ci aurait pu être tourné dans l’un
de nos villages aveyronnais.... Extrait de l’intervention de Robin Renucci à la fin du film : « L’aria est une
association crée il y a 10 ans, dans un village assez improbable de la haute montagne. Tous ces gens se
sont mis au travail, le boulanger a fait plus de pain, l’aubergiste a fait plus d’hébergement et les gens
accueillent des participants de tous les pays, des enseignants, des amateurs, des professionnels, des
chargés de la transmission de l’éducation socio-éducative, et des participants de pays étrangers pour être
et vivre ensemble du théâtre. Donc c’est très mélangé. Les gens qui sont dans le film, habituellement ils
ne jouent pas, ils accueillent. Moi je les ai pris au piège en leur disant pour ce film : c’est vous qui allez
être les acteurs parce que jouer c’est formidable, se raconter c’est formidable et on en a la capacité à
condition qu’on ait beaucoup d’exigence. C’est merveilleux de voir Angèle, ma voisine de 85 ans,
raconter avec sa voix, son timbre, ses gestes de vie. L’autre fidélité c’est à René, le personnage principal
du film, qui m’a mis les pieds sur les planches, mon premier maître de théâtre. C’est moi qui l’ai mis pour
la première fois à l’image, c’est un directeur de stage de réalisation, une courroie de transmission de la
décentralisation théâtrale. Ce sont des gens qui vivent, qui rêvent, qui bandent, ce sont des gens qui
veulent exister et qui ne veulent pas dire d’eux qu’ils sont morts. C’est insupportable d’entendre dans
cette ruralité profonde que les gens sont négligeables parce qu’au fond ils ne représentent pas assez
d’électeurs. Et c’est des vieux, les vieux c’est beau parce qu’ils sont chargés de tout ce qu’ils ont à nous
transmettre. Pourquoi on dit les personnes âgées, c’est beau un vieux. Tout ce temps passé à se raconter
des histoires, c’est ce qui m’a construit mais aujourd’hui cet univers symbolique est complètement effrité.
Les gens de ce village ont accepté de me suivre, ils ont à dire qu’ils sont vivants et sont fiers d’être dignes
de création. Je n’ai fait que leur donner la parole.
Ceux que vous venez de faire ce soir, en venant ici, en étant ensemble, ce n’est pas la même chose que de
voir le film sur une télé. Vivre cela ensemble, c’est un acte que nous faisons ensemble. Et c’est presque
de la résistance aujourd’hui car tout vous amène ailleurs, notre curiosité est tellement émoussée que sortir
de chez soi devient difficile.
Continuer cette chaîne en se disant que peut être, là où je viens présenter mon film, peut être cela réveille
les uns et les autres d’en le désir de créer, c'est-à-dire d’en le désir de résister. Je viens conforter certains
qui peuvent douter de ça. L’envie de faire ensemble. (...) Le théâtre ça change la vie… Aujourd’hui c’est
le théâtre qui nous apporte sa vitalité, c’est ce qu’ont compris nos élus.
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