CR journée parentalité 15/10/2014 blog

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CR journée parentalité 15/10/2014 blog
Journée parentalité à Lorient
lundi 15 septembre 2014
Conférence avec Isabelle Filliozat sur le thème des relations parents/enfants.
Avant la naissance, on pense à l’enfant rêvé, puis le bébé arrive et le quotidien perturbe les
relations, on se surprend à donner des ordres comme « range ta chambre » ou dire des choses
comme : « Tu as eu quelle note ? ».
On n’avait pas imaginé les choses comme ça… On souffre de cette situation.
On peut trouver une intimité avec nos enfants, en évitant le jeu de pouvoir.
Isabelle nous demande de créer des groupes de 6 personnes et d’élaborer ensemble une
question. Des personnes passent dans la salle avec une corbeille pour récupérer les questions
notées sur des papiers. Isabelle se propose de répondre à nos questions de cette manière.
- Première question : comment gérer ses propres émotions quand un enfant est en colère ?
L’émotion a une fonction de communication. Nous, parents, sommes contaminés par l’émotion de
notre enfant. L’émotion est universelle : colère, dégoût, peur, honte, joie, amour, tristesse.
Quand ce n’est pas universel, ce n’est pas une émotion. C’est une réaction émotionnelle parasite.
Réaction de stress (effort d’adaptation).
L’enfant « se lâche » auprès de la figure d’attachement (souvent la maman mais pas toujours).
D’où les pleurs avec la maman à la sortie de l’école. L’enfant pleure pour remplir son réservoir
affectif. Il trouve un déclencheur (une frustration par exemple) pour se permettre de pleurer.
Ça veut juste dire qu’il a vécu trop de stress. Mon rôle de maman : remplir son réservoir
affectif. Faire ça, c’est nous éviter une montée d’adrénaline, donc c’est plus facile.
C’est là qu’on a besoin de notre « masque à oxygène ». Rappelez-vous, quand vous êtes dans un
avion, l’hôtesse vous explique que vous devez mettre votre masque à oxygène AVANT de le
mettre sur le visage de votre enfant.
Je respire à fond, je m’occupe de moi, je me rappelle que c’est le stress qui le fait pleurer ainsi
(si l’enfant respire par le haut du thorax, ce n’est pas une émotion, mais un état de stress). Je
me tourne vers lui, je le regarde avec amour et je lui dis : « tu as eu une dure journée ! ».
On peut prendre son enfant dans les bras et appuyer légèrement sur son ventre : l’enfant va
émettre quelques sanglots, ce qui l’aide à mieux ressentir ses émotions.
A un certain âge, lorsque le milieu est trop riche en sollicitations, on pourra donner à l’enfant
une tâche pour focaliser son attention. Son cerveau va sécréter la dopamine, l’hormone de la
motivation qui diminue stress, peur et colère.
Image du porte-avion : la figure d’attachement est comme un porte-avion. L’enfant est un avion.
Il veut s’éloigner de sa figure d’attachement mais il a besoin de voir le porte-avion où qu’il soit.
Il a besoin de revenir pour prendre du carburant pour mieux repartir et explorer plus loin. « Je
suis ton porte-avion » = tu peux venir quand tu veux pour te ressourcer.
- Deuxième question : comment créer de la confiance ?
Pas besoin ! Nos enfants ont une immense confiance en nous ! Notre rôle : ne pas la briser
(injustice, inquisition, contrôle). Se souvenir que notre enfant n’est pas contre nous, qu’il ne fait
pas quelque chose contre nous.
- Troisième question : comment respecter les enfants et nos propres besoins ?
Savoir ce que sont nos véritables besoins. Notre véritable besoin, c’est que notre enfant soit
bien. C’est être en contact avec notre enfant. Ce n’est pas de passer l’aspirateur ou de faire la
vaisselle. Plus je respecte la liberté de l’enfant, plus je trouve la mienne.
- Quatrième question : comment retrouver une communication avec les outils multimédia ?
Jouer le jeu ! Envoyer un SMS à notre ado : « douche ». C’est très efficace ! Pas de longs
discours. Employer un seul mot permet au cerveau de notre enfant de fonctionner. Il prend une
décision. Il se responsabilise. Ça passe en cerveau frontal.
Si on est dans une famille où on ne se parle que pour dire « mets la table », « tu as quelle
note ? », les relations sont à revoir. Vivre ensemble, passer du temps ensemble. Même pour une
tâche ménagère : l’un passe l’aspirateur, l’autre fait les poussières, l’un pousse les chaises,
l’autre ramasse les jouets. L’enfant participe volontiers si ce n’est pas une OBLIGATION.
Prendre plus de temps pour jouer : « si on jouait à ranger la chambre ?! ». Instaurer un rituel
(pizza du vendredi soir, poulet-frites du dimanche midi, lundi soirée jeux, dimanche soir
restaurant).
- Cinquième question : comment faire pour qu’un enfant exprime ses émotions ?
Instaurer un jeu (ex : on pense que notre enfant a un problème lié à l’école). Mettre des
figurines d’école : maîtresse, enfant. Puis laisser l’enfant s’exprimer.
Ex : un ado dit à sa mère « salope ! ». Moi, sa mère, je reçois ce mot dans un bol (visualisation)
pour qu’il ne me fasse pas de mal. Il déverse son poison parce que je suis sa figure
d’attachement. C’est une réparation pour qu’il aille mieux. Ce n’est pas de l’agressivité. Il
cherche de l’aide, il montre ce qu’il a enduré.
Quand Isabelle avait 15 ans, elle a giflé sa mère. Elle ne savait même pas pourquoi ! Sa mère l’a
amenée à parler et il s’est trouvé qu’elle avait passé du temps chez une amie et que la mère de
cette dernière avait giflé sa fille. Isabelle n’avait jamais été frappée de sa vie, elle avait été
choquée. Trop choquée pour raconter ce qui s’était passé. Elle avait inconsciemment reproduit
ce geste pour se réparer.
- Sixième question : comment intervenir en tant que tierce personne dans un conflit entre
parents et enfants ?
Notre présence va déjà limiter la violence. Etre non jugeant. Le parent n’est pas violent par
choix, il est dans cette option car il n’arrive pas à faire autrement. Plus, on le juge, plus il va
s’enfermer dans cette violence. Il n’y a pas de mauvais parent.
Donc, on met notre masque à oxygène et on développe de la compassion envers parent et enfant.
Avant ça, on n’intervient pas : on mettrait de l’huile sur le feu.
On se dirige vers celui qui a besoin d’aide c’est-à-dire le PARENT. On peut juste soutenir
l’enfant par un regard. On peut proposer de l’aide au parent violent : « voulez-vous que je joue
avec votre enfant pendant que vous attendez dans la queue de la poste ? ». Dans 99% des cas, le
parent dira non. Mais, on peut continuer : « Je suis maman aussi. Je sais que c’est dur parfois. »
- Septième question : quels sont le rôle et la place du prof ?
Une tierce personne. Investie d’un pouvoir. Positionnée à l’égal du parent.
- Huitième question : comment donner la place à chacun des enfants dans une fratrie ? Remplir
le réservoir d’attachement, d’adaptation. Etre attentif à ce que chacun parle par exemple à
table. Préparer ensemble le repas (et pas juste mettre le couvert, qui est peu valorisant). C’est
dur pour la mère de laisser ses enfants l’aider dans la préparation du repas car elle a envie de
nourrir sa famille. On doit aller au-delà et laisser faire les enfants eux-mêmes : prendre les
tomates, faire la sauce.
- Neuvième question : comment réagir face à une crise émotionnelle (rage : il jette ses
jouets) ?
Ce n’est pas de la colère. C’est une décharge de stress. Calmer le stress : ocytocine, hormone de
l’amour. 20 secondes de câlin tendre suffisent pour recharger le réservoir affectif. Quand le
réservoir est vide, on doit le remplir avec de l’amour. Dire à l’enfant qu’il peut crier. Si je suis
une professionnelle (pas le droit de prendre les enfants dans les bras), je peux le maintenir sur
mes genoux.
→ A un plus grand enfant, on peut lui dire d’aller courir, de faire du vélo d’appartement.
→ A l’école, on peut lui dire de s’occuper du lapin. 20 secondes de caresse au lapin suffisent à
donner de l’amour à l’enfant.
Le mouvement construit le cerveau. Si l’enfant court 20 minutes, l’enfant pourra mieux faire son
exercice de maths. Arrêtons de dire qu’un enfant se défoule. Si un enfant bouge, il se construit.
Courir, sauter, bouger dans son corps, c'est se construire des capacités cognitives et
émotionnelles.
→ Respiration. Enseigner à l’enfant de respirer. MONTRER comment faire, par l’exemple.
Ex : je suis en voiture avec mes enfants, je veux leur enseigner la respiration qui calme. Je
m’inspire du conducteur devant : « Oh, y m’énerve celui-là ! Il n’avance pas. Ça me met en colère !
Bon, je vais me calmer en respirant. » Là, je respire à fond. En fait, je SOUFFLE à fond, je vide
mes poumons, plusieurs fois d’affilée. Si j’inspire à fond, la colère va au contraire s’aggraver.
« Je suis encore énervée, je prends encore trois autres respirations ».
Ex : on peut aussi souffler dans une paille, pour montrer aux enfants.
Ex : on peut l’intégrer dans une histoire qu’on raconte à nos enfants. « Le renard était
drôlement énervé alors il souffla pour se calmer. »
Ex : jeu « on disait que tu étais énervé, souffle ».
- Dixième question : comment demander à l’enfant de coopérer ?
Ne pas donner d’ordre. Ça bloque. L’enfant a envie d’aider. Il est bon que l’enfant négocie avec
ses parents. Si on veut qu’il dise non à la drogue, la moto, il doit savoir communiquer, avoir
l’habitude de réfléchir par lui-même. Bien enseigner l’obéissance, la soumission = il aura du mal à
dire non à ses pairs, une fois ado. Pour aider l’enfant : dire « slip », « chaussette », etc (mot
seul et non long discours) pour qu’il s’habille seul. Il fera appel à son cerveau frontal.
Si mon enfant ne coopère pas, c’est que son réservoir est vide. Je fais un câlin à mon enfant, je
l’emmène à l’école (quand je ne le fais pas habituellement), je masse mon ado, je me balade en
forêt avec mon enfant : il va me parler. S’il ne parle pas, c’est qu’il y a trop de stress.
Pour un ado, c’est différent, coopérer, ça voudrait dire qu’il est à nouveau petit. Le laisser ne
pas coopérer. Demander à un ado de mettre la table, c’est le réduire à être tout petit.
- Onzième question : comment faire parler un ado qui ne semble pas écouter ?
70% du cerveau va être remanié à cet âge. Pour les garçons, c’est la zone du langage qui trinque
(« HEU… »). C’est dû à la testostérone. La maman pense qu’il a besoin de parler. Bah, non ! Il n’a
pas forcément envie de parler. Le laisser venir.
Ex : il vient dans la cuisine quand j’y suis alors qu’il ne le fait pas habituellement. C’est peut-être
qu’il a besoin de parler. Laisser parler. ECOUTER.
Les ados ont besoin de la sécurité que les parents peuvent leur apporter : "ils veulent sortir
mais aiment savoir que leurs parents sont à la maison".
Ex : Isabelle montre un triangle rose et dit : « Je vois un rond bleu ». La foule la détrompe
« non, c’est un triangle rose ». Elle s’explique : il existe plusieurs visions des choses. On veut que
l’autre croit ce que JE crois. Au mieux, on accepte que l’autre pense ce qu’il veut (tolérer). Le
top serait de RESPECTER ce qu’il croit. Ne pas vouloir avoir raison.
Conclusion :
Privilégier la relation. Remplir le réservoir. Passer du temps ensemble. Jouer ensemble. Regard.
Toucher. Câliner.
Communiquer un amour INCONDITIONNEL.