Inventer le Grand Paris

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Inventer le Grand Paris
Inventer le Grand Paris
Regards croisés sur les métropoles des années 1970 à
l’an 2000
Colloque international - 1er & 2 décembre 2016
Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville
APPEL A PROPOSITIONS
Comité d’organisation
Emmanuel Bellanger
(CNRS/Université Paris 1/CHS)
Frédéric Bertrand
(ENSAPB/Ipraus)
Florence Bourillon
(UPEC/CRHEC)
Laurent Coudroy de Lille
(EUP/Lab’Urba)
Corinne Jaquand
(ENSAPB/Ipraus)
André Lortie
(ENSAPB/Ipraus)
Clément Orillard
(EUP/Lab’Urba)
Nathalie Roseau
(ENPC/LATTS)
Loïc Vadelorge
(UPEM/ACP)
Le quatrième colloque international « Inventer le Grand
Paris » se réunira les 1er et 2 décembre à Paris à l’Ecole Nationale
Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville. Il s’inscrit dans un
programme pluriannuel de recherche sur l’histoire du Grand Paris
qui s’est développé dans une perspective transnationale et
interdisciplinaire. A partir de dates clés de l’histoire du Grand Paris,
ce programme propose d’éclairer son actualité en confrontant sa
planification et son aménagement à ceux d’autres métropoles à
travers le monde. Ainsi, le colloque initial (2013) a pris comme point
de départ les travaux de la Commission d’extension de Paris de
1913, première expression d’un projet pour le Grand Paris. Le
deuxième (2014) correspondait à la période du premier Plan
d’aménagement de la région parisienne, dit plan Prost, de 1934. Le
troisième (2015) a porté sur les années quarante jusqu'au Schéma
directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région de Paris
(SDAURP) de 1965.
Le colloque de 2016 portera sur les dernières décennies du
vingtième siècle, entre 1970, fin d’une période de forte croissance,
et 2001, début d’un nouveau cycle qui sera marqué par la relance
de la thématique du « Grand Paris ». Alors que le contexte français
est marqué par une longue transition entre le volontarisme
politique de l’après-guerre et la décentralisation, voire la
libéralisation de la conduite des affaires de la Cité, cette période est
aussi celle d’une diffusion planétaire du fait métropolitain, d’un
renforcement du réseau des villes-monde, notamment après 1989,
et d’un déclassement relatif des anciennes métropoles. Sur un plan
plus
strictement
urbanistique,
la
page
dite
« fonctionnaliste » semble se tourner : aménagement stratégique
dans les années 1970, urbanisme de projet dans les années 1980,
« renouvellement urbain » dans les années 1990, actualisent la
rhétorique des politiques publiques en lien avec les mutations
urbaines. En ce qui concerne le Grand Paris, cette période est
marquée par la publication en 1976 du premier schéma directeur
régional ayant suivi l’ensemble du processus légal, concomitant de
la création institutionnelle du conseil régional d’Ile-de-France. Il sera
Comité scientifique
Tom Avermaete
(Faculty of Architecture and the Built
Environment, Delft University of
Technology)
Marie Aynié
(Comité d’histoire de la Ville
de Paris)
Christoph Bernhardt
(IRS-Institut für Regionalentwicklung
und Strukturplanung Berlin-Erkner)
Christiane Blancot
(APUR)
Karen Bowie
(ENSAPLV/AHTTEP)
Pierre Chabard
(ENSAPLV/AHTTEP)
Viviane Claude
(IUL/Triangle)
Julie Corteville
(Unité Société/Région ÎdF)
Annie Fourcaut
(Université Paris 1/CHS)
Isabelle Grudet
(ENSAPLV/LET)
Michael Hebbert
(The Bartlett School of Planning,
University College London)
Carola Hein
(Faculty of Architecture and
the Built Environment, Delft
University of Technology)
Frédéric Pousin
(CNRS/ENSAPB /AUSSER)
Thibault Tellier
(IEP Rennes/CRAPE)
Simon Texier
(Université de Picardie Jules Verne)
Rosemary Wakeman
(Fordham University Lincoln Center
New York)
IAU-ÎdF
suivi près de vingt ans plus tard par un autre schéma directeur en
1994 qui est resté le document référent jusque dans les années
2000. Entre ces deux documents, un certain nombre de nouvelles
thématiques sont introduites qui sont partagées par d’autres
métropoles en France et dans le monde :
-
La multiplication des acteurs de la planification
métropolitaine
Après une période marquée par l’action de l’administration
centrale de l’Etat, celle des années 1970-2000 voit s’établir un
nouveau partage des tâches en matière d’aménagement via la
déconcentration puis la décentralisation, notamment sur la
question des transports, qui devient compétence du conseil régional
d’Ile de France en 1976, puis via le transfert aux communes des
compétences d’urbanisme dans les années 1980. Entre ces deux
moments, se recrée à Paris un exécutif élu qui a dorénavant prise
sur l’urbanisme (1977), évolution qui réinterroge l’aménagement
entre Paris et ses banlieues. La métropole devient un champ de
tensions entre un local parfois de repli et un global toujours plus
intégré. Avec l’affirmation des nouveaux départements issus de la
réforme de 1964, puis l’émergence, à partir des années 1980, de
nouveaux territoires de projet et d’intercommunalités, se constitue
le fameux « mille-feuille administratif » de la métropole parisienne.
Et celui-ci semble renforcer l’isolement paradoxal, et sans doute
unique au monde, de la commune de Paris. Les habitants euxmêmes tentent de s’ériger en acteurs à travers les luttes urbaines.
Ce cadre est enfin celui dans lequel l’Institut
d’aménagement et d’urbanisme régional (IAURIF) et l’Atelier
parisien d’urbanisme (APUR) développent une expertise sur des
territoires emboités, expertise qu’ils ont exportée. Qu’en est-il dans
le reste des métropoles françaises où la mise en place de
communautés urbaines a pu bien plus tôt stabiliser cette
complexité, où les luttes urbaines ont pu avoir un rôle beaucoup
plus important ? S’agit-il d’une situation classique en contexte
métropolitain ou d’une pathologie spécifiquement parisienne ? Les
comparaisons internationales seront ici particulièrement
bienvenues. Elles pourraient notamment s’appuyer sur des cas liés à
l’exportation de l’expertise de ces deux organismes.
- D’un urbanisme planifié à un urbanisme « de projet »
Les cinq villes nouvelles (Evry, Cergy, Marne-La Vallée, St Quentin et
Sénart) ainsi que les pôles de restructuration de première couronne
(La Défense-Nanterre, Bobigny, Créteil, etc.), clairement identifiés
dans le schéma de 1976, accueillent de vastes opérations
d’aménagement pilotées par des opérateurs spécifiques (sociétés
d’économie mixte, établissements publics d’aménagement). Dans le
schéma de 1994, cet outillage opérationnel semble s’articuler de
manière encore plus libre avec la planification régionale à travers
nombre de « territoires de projet » issus de dynamiques locales.
L’aménagement régional s’orienterait ainsi progressivement vers ce
que les acteurs ont appelé un « urbanisme de projets », s’appuyant
souvent sur des réalisations architecturales médiatisées ou des
espaces publics symboliques. Une histoire de certaines de ces
opérations, parfois peu connues, et de leur articulation avec la
planification du Grand Paris sera bienvenue. Il sera aussi intéressant
de comparer la situation parisienne à d’autres métropoles
françaises où cet urbanisme de projet a pu avoir une dimension plus
stratégique. Les modalités d’articulation entre projet et planification
dans d’autres métropoles fourniront un contrepoint intéressant.
- Requalification et « retour à la ville »
D’une manière assez originale, le schéma de 1976 comporte
une section sur la « composition urbaine » à l’échelle de
l’agglomération. Ce « renouveau » de la question des formes
urbaines se développe en parallèle à l’APUR à travers une doctrine
fondée sur l’analyse approfondie du tissu urbain haussmannien.
Cette doctrine, qui s’inscrit dans le post-modernisme, oriente
l’ensemble de la politique d’aménagement de la ville de
Paris jusqu’à la fin des années 1990 – c’est en son nom que sont
interrompues et reprogrammées certaines opérations de rénovation
urbaine (Belleville, Amandiers, les Halles…). Ce discours du « retour
à la ville » se développe ailleurs en Europe (Italie, Allemagne… etc.)
et dans le monde en puisant une légitimité dans la question
patrimoniale et fera aussi école dans nombre d’autres villes
françaises. Comment apparaît concrètement ce changement de
paradigme dans la planification et l’aménagement du Grand Paris ?
Comment a-t-il émergé de manière beaucoup plus précoce dans les
autres métropoles ?
Plus généralement, après la période de « l’urbanisme de la
croissance », la thématique du « renouvellement de l’habitat » du
schéma de 1976 et les « sites de redéveloppement » du schéma de
1994 témoignent de l’émergence de nouvelles modalités
d’aménagement. La métropole parisienne n’échappe pas à cet
urbanisme en « re- », même si son inertie parait plus grande que
celle des métropoles françaises de moindre envergure confrontées
à la reconversion de friches industrielles en centre-ville.
Comprendre cette posture doit aussi passer par l’analyse
d’expériences pionnières locales dans les quartiers en difficultés ou
l’observation de l’impact de politiques nationales telles le
programme Banlieue 89, dont l’histoire reste à faire, ou l’ensemble
des dispositifs de la « Politique de la ville ». L’analyse d’exemples
étrangers permettra d’offrir des contrepoints à cette dialectique
entre protection des centres et renouveau urbain en périphérie.
-
Une évolution des thématiques sur l’environnement :
écologie, paysage, agriculture
Depuis la première crise pétrolière de 1973, en passant par
l’instauration de la « trame verte » dans le schéma de 1976 et
l’affirmation des parcs naturels régionaux dans celui de 1994, la
protection de la nature et l’environnement s’affirme. L’importance
de la question du paysage à partir des années 1990 se traduit à
travers de nouveaux documents de planification du grand territoire :
plans et atlas de paysage. Enfin, la remise en question de la
consommation de terres agricoles et l’idée de la ville comme espace
nourricier font que l’agriculture commence à intégrer l’univers de la
planification et de l’aménagement à travers certains cas pionniers.
Mais l’histoire de ce corpus reste fragmentaire, que ce soit pour le
Grand Paris ou pour les autres métropoles françaises. Comment se
sont articulées expériences associatives et prises de conscience
politiques ? Quels ont été les modèles étrangers précurseurs et
devenus références ? La fin de la période correspondant à ce
colloque voit se construire l’enjeu écologique planétaire : porter
l’éclairage sur ces aspects permet d’interroger contribution de
l’aménagement urbain à cette affirmation.
Si nombre de ces questions s’ouvrent sur l’actualité, cet appel
s’inscrit dans une démarche historique privilégiant les recherches de
première main et les communications faisant état d’évolutions
temporelles que ce soit dans l’aménagement du Grand Paris ou
dans celui d’autres métropoles, ces dernières étant abordées dans
une démarche comparatiste. C’est en ce sens qu’il jette un regard
historique sur une période très récente. Nous espérons donc qu’il
intéressera de nombreuses disciplines : histoire, géographie,
architecture, urbanisme, science politique, etc.
Les propositions de communication en français ou en anglais (d’une
durée de 20 minutes) doivent être communiquées par courriel à
l’adresse suivante :
[email protected]
Sous la forme d’un document Word d’une demi-page A4 maximum
(1 200 signes environ) accompagné d’un CV court (nom,
coordonnées, formation et diplômes, activité et organisme de
rattachement, thèmes de recherche et principales publications) au
plus tard le 31 mai 2016.