Dermo-cosmétique : Priorité à l`Europe
Transcription
Dermo-cosmétique : Priorité à l`Europe
Un labo au crible Pierre Fabre Dermo-cosmétique Priorité à l’Europe La branche dermo-cosmétique, présidée par Pierre Fabre et dirigée par son neveu Jacques, avec un CA de 775 millions d’euros et une croissance de 10% par an, connaît un très beau développement à l’international et affiche de nouvelles ambitions. L es activités regroupées sous le concept de « dermo-cosmétique » rassemblent en premier lieu un pôle dermatologique, avec Pierre Fabre Dermatologie – qui commercialise des médicaments remboursés pour l’acné, les mycoses ou le psoriasis –, les marques Ducray, A-Derma (soins capillaires et de la peau) et Avène (spécialiste des peaux sensibles). Le second axe, de « dermo-pharmacie », regroupe à travers le conseil du pharmacien et une information directe du grand public, la marque phare et historique du groupe Klorane, aux côtés de Galenic, Elancyl (deux marques « beauté ») et René Furterer (soins du cheveu). A ces marques s’est ajoutée Glytone, rachetée récemment aux Etats-Unis et qui propose aux médecins qui les dispensent des solutions complètes en esthétique. L’ensemble bénéficie de connexions avec la recherche médicale de PFM, ainsi qu’avec le pôle phytofilière du groupe, le tout à travers un filtre qui est celui de la cosmétique, dont l’objectif est bien d’amener du confort, du plaisir et de la beauté aux consommateurs et consommatrices finales. Piloté depuis le centre d’innovation 72 PHARMACEUTIQUES - NOVEMBRE 2008 JACQUES FABRE, DG DE LA BRANCHE DERMO-COSMÉTIQUE DU GROUPE, DEVANT LE SITE TRÈS ÉCOLOGIQUE DES CAUQUILLOUS, PRÈS DE LAVAUR DANS LE TARN. et de développement dermo-cosmétique installés sur Les Cauquillous, dans le Tarn, la branche emploie plus de 3 500 personnes et réalise un CA de 775 millions d’euros, dont près de 60 % à l’international où elle possède 16 filiales (et 2 autres prochainement en Turquie et en Russie). « La croissance de notre activité est de plus de 10 % par an, 5 % en France et 15 % à l’international », commente à cet égard Jacques Fabre, directeur général de l’ensemble. Une culture du conseil Dans l’Hexagone, cette dernière société est leader devant L’Oréal Cosmétique Active et numéro un en pharmacie avec 24 % de parts de marché. Aussi, l’international est-il bien porteur de l’activité, avec une très honorable place de numéro deux en cosméto-pharmacie. Pas question pour autant d’entrer dans la grande distribution qui ne correspond pas à la culture de l’entreprise, plus orientée recherche et conseil. Au Japon, le développement international de la dermo-cosmétique est passé par une joint-venture historique à 50/50 avec Shiseido pour les produits Avène. Egalement présente dans l’Empire du Milieu depuis 2004, la marque Avène a su s’imposer auprès du pharmacien, du dermatologue comme des consommateurs et vit une très belle croissance. René Furterer fait également ses premiers pas en Chine, où la marque a ouvert trois instituts à Beijing et deux autres à Shangaï. Reste que l’Europe demeure la priorité pour Pierre Fabre dermo-cosmétique. Il y réalise 80 % de son CA. « Nous sommes sous-représentés en Amérique et en Asie. Progressivement la dermo-cosmétique se développe dans ces pays où le groupe implante son modèle », ajoute Jacques Fabre. Le marché français, arrivé à maturité, est de son côté stable et la société n’attend pas de relance particulière du côté des gammes de produits pour les hommes. Au total, chaque marque dispose de ses réseaux de vente, soit des équipes dédiées, et définit son territoire et sa stratégie. L’objectif assigné par le pdg Pierre Fabre à sa branche dermo-cosmétique est d’être dans cinq ans le leader européen de la dermo-pharmacie, avec un CA de un milliard d’euros et une croissance globale de 10 % par an. n Jean-Jacques Cristofari Un labo au crible Pierre Fabre Recherche et Développement Un modèle biotech La R&D, très centrée sur la cancérologie, est une priorité certaine dans un groupe qui lui consacre près de 230 millions d’euros en 2007. A vec 1 400 collaborateurs dédiés aux activités de R&D, le groupe soutient des efforts importants en la matière (229,2 millions d’euros, dont 180,4 pour le médicament et 33,1 millions pour la dermo-cosmétique), en interne comme à travers une politique active de partenariats. Cette R&D, pilotée par Pierre Teillac pour le versant pharmaceutique et par Jean-Pierre Corbet dans la branche dermo-cosmétique, se déploie en premier lieu sur le site historique de Castres, qui héberge la recherche dédiée à la neurologie et à la cardiologie. Ses deux autres sites, soit l’Institut scientifique et technique du médicament de Toulouse (ISTMT) et le Centre d’immunologie Pierre Fabre de Saint Julien en Genevois (dédié aux anticorps monoclonaux), se consacrent activement à l’oncologie qui est devenu un axe stratégique important du groupe, qui lui consacre désormais 50 % de ses investissements, en particulier sur le site de la Cancéropôle de Toulouse où il a installé 40 000 m² de laboratoires et de bureau qui seront opérationnels en 2009. A cet ensemble, se rattachent le centre de développement clinique et oncologique de Paris-Boulogne, en charge des anticancéreux, ou encore le centre de développement Pierre Fabre (CDPF) de Labège et le centre d’innovation Pierre Fabre (IDPF) également situé en banlieue toulousaine. Cette R&D « maison » s’accompagne de partenariats extérieurs (avec le CNRS ou encore avec l’IRD). Ces collaborations ont donné lieu à la création d’unités mixtes de service (ndlr : où est notamment placé la phytothèque de Pierre Fabre) ou de recherche, basées à Toulouse. Un mode réactif La R&D du laboratoire Pierre Fabre fonctionne selon un mode projet propre à ceux en vigueur dans certaines sociétés de biotechnologie. « Pour rester compétitif par rapport aux grosses pharma du secteur, il faut de la réactivité et ce que nous avons appelé « l’innovation du développement », commente Pierre Teillac, pour qui l’avantage du laboratoire est bien d’être une société à Un pipeline orienté oncologie Fort de 24 molécules en développement sur les cinq axes de sa R&D (cancérologie, SNC, cardiovasculaire/métabolisme, médecine interne/urologie, dermatologie), le laboratoire espère pouvoir à l’avenir recueillir les fruits de ses investissements, notamment en oncologie, où se trouvent sept produits en développement (dont des anticorps monoclonaux) et une spécialité en cours d’enregistrement (Javlor® injectable pour les tumeurs de la vessie). Un autre produit, le Minalcipran® (syndrome fribomylagique), également en voie d’enregistrement, précède six autres molécules en phase de développement en SNC. Le cardio-métabolisme a également un pipeline bien doté avec six molécules en préclinique ou en phase I) Enfin, en médecine interne, le laboratoire compte un anti-histaminique en phase II et deux autres produits en phase III (voir Radioscopie). PIERRE TEILLAC, PRÉSIDENT DE L’INSTITUT DE RECHERCHE PIERRE FABRE taille humaine. « Si nous mettons tout en parallèle depuis la recherche jusqu’à l’AMM, nous avons un mode projet qui permet d’étudier nos projets, de les valoriser en interne, de le prioriser et d’avoir une réactivité forte pour les pousser rapidement au développement. Si on sent qu’il y a une opportunité, on s’y engouffre », ajoute le président de l’Institut de recherche Pierre Fabre. Autre particularité du business model du laboratoire, le choix retenu de focaliser les efforts sur des marchés de niche, au premier rang desquels figure l’oncologie. « Nous jouons les biotechs dans les phases I et II et fin de phase II, nous allons chercher une big pharma », poursuit le directeur. Un fonctionnement par lequel l’entreprise joue les « mères porteuses » jusqu’à la phase II, avant de passer, là où elle sera capable de promouvoir les produits, en co-développement avec un grand laboratoire. Reste désormais au laboratoire à pousser sa recherche en Chine où il est déjà installé, et au-delà aux Etats-Unis où il ne s’est pas encore installé. Un objectif que Jean-Pierre Garnier, le nouveau dg de Pierre Fabre SA, aura sans doute à cœur de mettre en œuvre. n Jean-Jacques Cristofari 74 PHARMACEUTIQUES - NOVEMBRE 2008