Mise en page 1 - Ville de Saint
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Mise en page 1 - Ville de Saint
Sur les pas de la princesse Mathilde... dans l’ancien village de Saint Gratien Parcours guidé Son Altesse Impériale Mathilde Bonaparte (1820-1904) Le domaine Le choix de Saint Gratien et du château Catinat - p4 L’installation dans le château Neuf - p6 Une journée au château - p10 Le lac et l’embarcadère L’étang de Montmorenci - p12 Le Petit lac - p13 Les arbres remarquables du parc et le cimetière des chiens Le cèdre du Liban de Catinat - p15 Les séquoias - p16 Le cimetière des chiens - p16 L’église de Saint Gratien et la princesse L’édification de la nouvelle église - p17 La décoration intérieure - p18 La sépulture de la princesse Mathilde - p18 Son Altesse Impériale Mathilde Bonaparte Commence alors pour elle une vie de fastes dans les cours européennes. Ce mariage, tout d’abord heureux, se termine par une séparation en 1846. Séparée de ce mari coléreux et violent, la (1820-1904) princesse Mathilde s’installe à Paris. Elle n’a etizia Mathilde Frédérique Aloissia Elisabeth, princesse de Montfort, est la fille de Jérôme Bonaparte et de Catherine de Wurtemberg, anciens monarques de Westphalie. Elle est la nièce de Napoléon Ier et la cousine de Napoléon III. L Après la chute de l’Empire et l’exil de Napoléon Ier à Sainte Hélène en 1815, la dynastie des Bonaparte est contrainte à l’exil et voyage à travers l’Europe. En 1820, les Montfort-Bonaparte sont installés à Trieste en Italie. C’est là que Mathilde voit le jour, le 27 mai. La famille compte également deux autres enfants : Jérôme Napoléon, l’aîné de la fratrie, et Napoléon Jérôme, le cadet. L’enfance de Mathilde est marquée par les déménagements successifs au gré des disgrâces et des frasques amoureuses de son père. En 1840, elle épouse le prince Anatole Demidoff, riche fabricant et commerçant d’armes anobli par le Tsar Nicolas Ier. alors d’autre ambition que de servir la cause des Bonaparte et de son cousin Louis Napoléon, futur Napoléon III. C’est dans son salon de la rue de Courcelles que se déroulent les rencontres avec ceux qui seront utiles plus tard au futur président, puis empereur de France. Porté par la curiosité et l’ouverture d’esprit de l’hôtesse des lieux, le salon de la princesse Mathilde prend de plus en plus d’ampleur. Tout ce que la France compte alors dans le domaine des Arts et des Lettres est reçu chez la princesse. Très influente, elle soutient la carrière de nombres d’artistes. Elle s’adonne elle-même à la peinture, sa véritable passion. Mécène à Saint Gratien, elle œuvre en véritable bienfaitrice, n’hésitant pas à donner de sa personne ou à puiser dans ses deniers personnels. De la construction de l’église à l’installation de l’éclairage public par lampes à pétrole, en passant par l’implantation d’une congrégation de sœurs de la Charité pour soigner les indigents, la princesse Mathilde fut, sans conteste, la Dame de Saint Gratien. 3 Le domaine Le choix de Saint Gratien et du château Catinat endant l’été 1850, alors qu’elle loue le Pavillon de Breteuil situé sur les hauteurs de Sèvres, la princesse Mathilde manifeste le désir d’acquérir un domaine pour se reposer de la vie politique et mondaine qu’elle mène à Paris. P La princesse recherche donc, dès 1851, un endroit paisible, point trop éloigné de la capitale et de la rue de Courcelles où elle réside, pour s’installer durant les mois d’été. Lui revient alors en mémoire une promenade qu’elle fit un an et demi auparavant dans le nord de Paris, se souvenant des récits de la reine Hortense sur son château de Saint-Leu dont elle portait le titre. S’informant des possibilités offertes dans la région, la princesse Mathilde apprend que le marquis de Custine possède une propriété à Saint Gratien, bourg d’à peine cinq cents âmes, situé dans la Vallée de Montmorency. 4 Saint Gratien, bordé au nord par les collines de Montmorency et au sud par la butte d’Orgemont, avec ses arbres centenaires et ses prairies descendant en pente douce jusqu’aux berges du lac d’Enghien, offre un cadre parfait pour une villégiature. C’est là que le marquis de Custine avait acquis un domaine qui portait autrefois le nom générique de terre de Saint Gratien. Cette terre avait appartenu au célèbre Maréchal Nicolas de Catinat, valeureux officier du roi Soleil, qui avait reçu en dotation un château, construit par son aïeul en 1610, où il avait habité et achevé sa vie. Le château Catinat (gravure du XVIIIème siècle) Sous l’Empire, le château Catinat appartient au comte et à la comtesse de Luçay. Jean-Baptiste Legendre, comte de Luçay, est alors préfet du Palais et sa femme, dame d’atours de l’impératrice Marie-Louise. En 1806, le comte dote la terre de Saint Gratien d’un deuxième château, qu’on appellera « château Neuf » pour le différencier du premier. L’inauguration fut présidée par Napoléon au cours d’une grandiose réception dans le parc, suivie d’une fête nautique, de feux d’artifice et d’un ballet de gondoles1. Lors de sa visite, la princesse Mathilde ne pouvait donc qu’être séduite par cette terre de Saint Gratien. En 1847, un certain M. Bisson se rend acquéreur des châteaux et du parc environnant. Il scinde la propriété, élève un mur entre les deux constructions et fait percer une route qui passe devant le château Neuf. C’est à ce dernier que, dès 1851, la princesse Mathilde loue le château Catinat. A cette époque, le rez-de-chaussée du château Catinat compte onze pièces, dont une salle de billard. Le premier étage comporte des chambres à coucher « avec cabinets de toilette et lieux d’aisances ». De même, le dernier étage situé sous les toits peut accueillir amis ou domestiques2. La façade est envahie par la verdure qui grimpe jusqu’aux toits. Pressoir, laiterie et colombier font également le plaisir de la princesse. La façade sud laisse pleinement entrer la lumière grâce à ses dix-sept fenêtres et ses trois portesfenêtres qui ouvrent sur un jardin anglais, une pépinière de peupliers, une luzernière, des près et, plus loin, sur une vigne et des terres labourables. Le château Catinat (début XXème siècle) Collection particulière 1 Monographie de Jules Mignon, 1899. 2 La Princesse Mathilde. L’amour, la gloire et les arts, Jean des Cars, Libraire Académique Perrin, p. 230. 5 Grâce au développement de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord, depuis Paris, Saint Gratien est accessible en une heure. Cependant, malgré cette ouverture et le fait que les prix commencent à augmenter, le village reste si petit qu’il ne possède pas de mairie : le secrétaire de mairie conserve les archives dans son logement de l’école de la rue Mathilde et les mariages sont célébrés chez les particuliers. Ce premier séjour de la princesse Mathilde à Saint Gratien, en 1851, est le début d’une longue histoire entre le petit bourg et la princesse impériale. L’installation dans le château Neuf ’est en 1853 que la princesse Mathilde s'installe durablement à Saint Gratien. En effet, c’est à cette date qu’elle achète le château Neuf qui devient dès lors le château de la princesse Mathilde. C Le château de style Empire est décoré d’un péristyle avec des colonnes corinthiennes figurant celles des temples grecs. Deux niveaux le composent à l’origine. 6 Le château Neuf (1854-1855) Collection particulière En s’y installant, la princesse Mathilde fait procéder à quelques modifications. Dès le perron, l’illustre naissance de la princesse est rappelée par des blasons d’azur à aigle surmontés de la couronne impériale. De part et d’autre de l’escalier figurent deux aigles impériaux. A l’édifice, elle fait ainsi ajouter la mansarde, qui constitue le troisième étage, deux nouvelles pièces entièrement vitrées de part et d’autre qui ouvrent sur le parc, agrandissant ainsi de deux pièces le rez-de-chaussée. Elle fait également aménager en terrasses les balcons se trouvant à l’est et à l’ouest. Le château de la princesse Mathilde (Début du XXème siècle) Collection particulière Au rez-de-chaussée, une bibliothèque, un vestibule, une salle de billard, un atelier de peinture et une salle à manger sont aménagés. Le premier étage est réservé aux appartements de la princesse qui aime l’éclectisme et décore son intérieur de nombreux bibelots, vases, armoires et meubles. Tendue de perse grise semée de bouquets et d’oiseaux, sa chambre ouvre d’un côté sur le lac et de l’autre sur les collines de Montmorency. Vue du grand salon de la princesse à Saint Gratien © Paris, Musée national Ernest Hébert 7 Trois années plus tard, la princesse Mathilde acquiert également le château Catinat et quelques parcelles de terrain avoisinantes, afin d'en faire une maison d'hôtes pour y recevoir ses amis les plus intimes. Tout comme rue de Courcelles, la princesse Mathilde tient salon, où tous ceux qui comptent accourent. A Saint Gratien, la princesse tient un salon moins formel, ce qui fait dire à Auguste Thierry que « c'est l'auberge de l'amitié ». Saint Gratien reçoit alors d'illustres résidents en ses châteaux. Ainsi, à l’occasion de son premier été à Saint Gratien, Louis Napoléon, princeprésident et futur Napoléon III, est reçu par la princesse sa cousine. Vue de la chambre de la princesse à Saint Gratien © Paris, Musée national Ernest Hébert Depuis ses appartements un escalier en colimaçon conduit à son atelier de peinture. Le second étage compte huit chambres d’hôtes « garnies de cretonne aux tons clairs, meublées d’acajou à filets de cuivre et de sièges capitonnés »3. 8 Napoléon III cousin de la princesse Mathilde (1808-1873) 3 Saint Gratien autrefois, association Saint Gratien d’Hier et d’Aujourd’hui, M. Brinio, M. Magnoux et Mme Vacherot, p. 75. Plan du lotissement du parc de la princesse (1904) Collection particulière 9 Alexandre Dumas (1802-1870) Alexandre Dumas, les frères Goncourt, Théophile Gautier et ses enfants et bien d'autres hommes des Lettres et des Arts de son temps comptent parmi les familiers reçus à Saint Gratien. Jusqu’à la fin de sa vie, la princesse partage son temps entre son appartement parisien et sa villégiature de Saint Gratien. Elle y passe les beaux jours et s'y repose de la vie parisienne. Le parc, ses arbres centenaires et ses allées immenses, le lac, ses berges sauvages et cultivées, sont pour elle un véritable havre de paix. 10 Jules (1830-1870) et Edmond (1822-1896) de Goncourt Une journée au château oute la matinée, chacun vaquait à ses occupations personnelles. La princesse restait dans sa chambre, lisant les journaux et faisant sa correspondance. “ T Vers 11h, la princesse quittait ses appartements et allait saluer ses invités, puis on passait à table. Ce n’est qu’après le repas, les vins aidant, que la journée commençait vraiment. On passait dans la véranda, on s’installait dans des fauteuils confortables. La princesse offrait des cigares bien qu’elle n’aimât pas le tabac. Puis la conversation s’engageait. La princesse, par ses prises de position, ses jugements entiers, attirait des réactions vives. Grâce à un art de la rhétorique bien établi, elle menait la conversation, accordait la parole, faisait s’affronter les idées brillantes et ne permettait jamais les jugements fumeux ou les conversations languissantes. Tous les sujets étaient abordés. Cependant, S.A.I. n’en tolérait point deux : - la vulgarité - les sujets historiques où son oncle aurait pu être critiqué. Ensuite, la princesse, suivie de ses amis Giraud et Hébert, passait dans son atelier de peinture. Là, elle travaillait sous la direction de Giraud. La princesse Mathilde à sa table de travail D’après l’aquarelle de Doucet (1896) L’Illustration Samedi 28 novembre 1903 Vers 17h, la princesse commandait des voitures et conviait ses invités à une promenade sur le lac. Certains la suivaient, d’autres allaient jusqu’au Bois Jacques (sur la commune de Soisy face au champ de courses). Au retour, chacun se retirait dans sa chambre et se préparait au dîner. Habit pour les hommes, robe du soir pour les dames. Après le repas, la princesse prenait sa tapisserie et se retirait dans un coin du salon. Elle conviait certains de ses invités à la rejoindre et là, chacun se pressait autour d’elle. D’autres disaient des vers, ou faisaient des épigrammes. Chacun, homme politique, artiste, historien, voulait participer, briller aux yeux de celle qui fut surnommée « Notre Dame des Arts »4. Ensuite, les invités qui ne passaient pas la nuit au château prenaient congé et repartaient, qui via le lac, qui via le tramway et la halte de Saint Gratien. La princesse montait dans ses appartements. Le château redevenait calme, les voix se taisaient et Saint Gratien retrouvait son silence »5. La princesse fut surnommée ainsi par Sainte-Beuve. Saint Gratien autrefois, association Saint Gratien d’Hier et d’Aujourd’hui, M. Brinio, M. Magnoux 11 et Mme Vacherot, p. 64-65 4 5 Le lac et l’embarcadère L’étang de Montmorenci ’étang, comme il était dénommé autrefois, le lac, selon sa dénomination actuelle, figure sur tous les documents relatifs à la Vallée de Montmorency. L Il s’appelle alors l’étang de Montmorenci et est entouré d’un chapelet de petits étangs qui formaient des marécages assez inhospitaliers. On l’appellera également étang de Saint Gratien, puis lac d’Enghien. Au fil des temps, il subit des fortunes diverses. Appartenant tour à tour aux Montmorency, qui créent véritablement l’étang en faisant drainer une partie des marécages, puis au domaine du Maréchal de Catinat6, il est vendu à la Révolution, pour devenir propriété du comte de Luçay au XIXème siècle. Le lac a alors une importance particulière. En effet, Enghien possède la station thermale la plus proche de Paris. La guérison de Louis XVIII grâce aux eaux thermales est pour beaucoup dans cette notoriété. De même, 12 la visite de Napoléon III à sa cousine encourage la bonne société à fréquenter le lac et ses environs. Ses abords deviennent des lieux de villégiatures privilégiés, puisque l’air y est réputé pur et que Paris est à proximité. Jusqu’à la création de la ville d’Enghien-lesBains, le 7 août 1850, le lac appartient pour vingt-deux hectares à Soisy-sousMontmorency, pour vingt-et-un hectares à Saint Gratien et enfin pour une infime partie à Epinay-sur-Seine. Seules les berges du « Petit Lac », baptisé plus tard lac de la princesse Mathilde, demeurent la propriété de Saint Gratien. Vue panoramique sur le lac (gravure) Collection particulière 6 Aucun document ne confirme ou n’infirme cette information Le Petit lac out autour de ses châteaux, la princesse Mathilde reconstitue une partie de l’ancien domaine du Maréchal de Catinat. Son parc comprend 30 hectares de terrain admirablement aménagés de grandes allées ouvertes où la princesse aime à se promener parmi les arbres séculaires. T Vue générale du château de la princesse Collection particulière Le parc descend jusqu’aux berges du Petit lac par l’avenue de Bellevue (actuelle avenue Paul Doumer). Cette avenue, qui part directement du château, conduit à un petit embarcadère réservé à l’usage de la princesse. De son atelier, qui donne sur cette voie, la princesse peut apercevoir le lac. Le Petit lac étant relié au lac d’Enghien par l’étranglement du pont de la Muse, c’est l’embarcadère utilisé par certains invités de la princesse. Elle aime, d’ailleurs, à venir les accueillir en personne. L’embarcadère est également pour la princesse et ses hôtes le point de départ de nombreuses promenades en bateau sur le lac. L’embarcadère du Petit Lac Collection particulière En 1861, la princesse Mathilde décide de donner une fête vénitienne en l’honneur de son cousin, l’empereur Napoléon III. Emile de Girardin nous décrit ainsi les festivités : « Tous les bords du lac étaient illuminés, toutes les barques pavoisées. Des flots de lumière électrique inondaient le château de Catinat et le Parc. » A bord des embarcations les plus grandes, les musiciens des régiments en garnison à Saint-Denis jouent des marches. L’actuelle allée des Gondoles, qui borde le Petit lac, commémore cette manifestation. 13 Lac de la princesse Mathilde - Collection particulière 14 Les arbres remarquables du parc et le cimetière des chiens Le domaine de la princesse Mathilde englobe le cèdre de Catinat. A sa base est installée une halte où la princesse aime à s’arrêter. Le cèdre du Liban de Catinat u XIXème siècle, le territoire rural du petit bourg de Saint Gratien est encore très boisé. De part sa vocation, de nombreux arbres fruitiers prospèrent ; mais dans les propriétés des seigneurs et notables locaux poussent des arbres remarquables et parfois centenaires. A Le plus intéressant d’entre eux est sans conteste le cèdre du Liban qui domine l’actuelle place Gambetta. La tradition rapporte qu’il aurait été offert en 1710 par Louis XIV au Maréchal Nicolas de Catinat. Cette date est sujette à caution car on estime que les deux premiers cèdres d’Ile-de-France sont ceux que Bernard de Jussieu (1699-1777) rapporta d’Angleterre en 1734. Cependant, Antoine de Jussieu (1686-1758), frère de Bernard de Jussieu, botaniste enseignant au Jardin du Roi en 1710, aurait préalablement rapporté en France cinq spécimens. Halte au pied du cèdre (juillet 1899) L’intérêt botanique de cet arbre, dont la circonférence est de 5,30 mètres, a justifié une mesure de classement parmi les Monuments Naturels et les Sites de caractère artistiques, historiques, scientifiques, légendaires ou pittoresques le 22 mai 1935. 15 Les séquoias armi les arbres remarquables qui ornent le parc de trente hectares de la princesse Mathilde, figurent deux séquoias géants (Sequoiadendron Giganteum). P Au temps de cette dernière, ils marquent une des larges allées principales du parc, allée qui devient en 1904 l’avenue Simon Hayem où ils sont toujours visibles de nos jours. Le cimetière des chiens ’est là, dans ce parc magnifique, parmi ces arbres séculaires, dans un petit bosquet au détour d’une allée, que les chiens adorés de la princesse sont enterrés. C Ces arbres, originaires d’Amérique du Nord, furent introduits en Europe en 1853. Leurs qualités ornementales contribuèrent grandement à leur popularité : leur silhouette caractéristique, la permanence de leur verdure et leur taille imposante font d’eux les rois des jardins et parcs d’agrément. 16 yz Le cimetière des chiens de la princesse (Début du XXème siècle) - Collection particulière Une colonne marque l’emplacement des tombes, rappelant le nom du fidèle compagnon regretté. Fragments de colonnes du cimetière des chiens de la princesse © Saint Gratien L’église de Saint Gratien et la princesse L’édification de la nouvelle église C’est en cette qualité de bienfaitrice de Saint Gratien, que la princesse Mathilde a l’honneur de poser la première pierre du nouvel édifice, le 14 avril 1857. De même, c’est en sa présence que, le 29 mai 1859, la nouvelle église de Saint Gratien est consacrée par Monseigneur Mabile, évêque de Versailles. ’église actuelle remplace un édifice du XIIIe siècle, agrandi au XVe siècle, qui menaçait de s’effondrer. L Profondément attachée à Saint Gratien, la princesse Mathilde n’a de cesse de mettre tout en œuvre pour rendre la vie des Gratiennois plus facile, notamment en pourvoyant la petite ville en équipements. Ainsi, son dynamisme et sa générosité permirent notamment l’arrivée de l’éclairage public, la construction de la première mairie-école… C’est avec la même ardeur qu’elle met tout en œuvre pour permettre l’édification de cette nouvelle église. En effet, l’église voit le jour grâce à un prêt de la commune, mais aussi grâce à la bienveillance de la princesse qui, encore une fois, n’hésite pas à puiser dans ses deniers personnels et à user de toute son influence pour obtenir d’importantes subventions de l’Etat. Eglise de Saint Gratien - Collection particulière 17 La décoration intérieure l’intérieur de l’église, enchâssés dans la décoration, nombre de témoignages de la gratitude et de la reconnaissance des Gratiennois envers la princesse sont visibles. A Initialement, les voûtes de la nef sont peintes en bleu, décorées d’étoiles de feuilles d’or et d’écussons de la princesse. Les côtés sont parsemés de ses initiales en feuilles d’or sur fond lie de vin. Au sommet de la voûte située à la croisée de la nef et des chapelles, on peut également apercevoir le chiffre de Mathilde : la lettre M surmontée de la couronne impériale. Les vitraux du chœur, réalisés en 1897 par les frères Haussaire, représentent des scènes religieuses et allégoriques dont les personnages présentent la particularité d’avoir les traits des donateurs de l’époque. C’est ainsi que le premier vitrail, sur la droite du chœur, figure la princesse Mathilde tenant l’église dans ses mains ; l’aigle qui la surmonte rappelle son appartenance à la famille impériale. Enfin, l’une des trois cloches de l’édifice est baptisée des prénoms mêlés de sa marraine et de son parrain, Mathilde-Laurence, pour Mathilde Bonaparte et Laurent Terré, alors maire de Saint Gratien. La sépulture de la princesse Mathilde e part et d’autre de la nef, figurant le transept, se trouvent deux chapelles où sont inhumés les deux seigneurs de Saint Gratien. D 18 Vue de l’intérieur de l’église de Saint Gratien (début du XXème siècle) - Collection particulière La chapelle de gauche abrite le sarcophage contenant les restes du maréchal Nicolas de Catinat, mort en 1712, ainsi que ceux de sa petite nièce Marie Renée de Catinat. Emilien O’Hara van Nieuwerkerke (1811-1892) Collection particulière La chapelle à droite du choeur abrite une autre sépulture invisible pour le visiteur : celle de la princesse Mathilde. Sarcophage du Maréchal Nicolas de Catinat © Saint Gratien Ce sarcophage est l’œuvre du comte Émilien de Nieuwerkerke, dont l’œuvre sculptée est finalement peu connue au regard du rôle qu’il joue dans l’administration des arts au XIXème siècle. Le comte de Nieuwerkerke est en effet directeur du Louvre et des musées impériaux, ainsi que surintendant des Beaux-Arts à partir de 1863 ; mais il est aussi pendant une longue période un des amis les plus intimes de la princesse Mathilde. Chapelle de la princesse Mathilde (début du XXème siècle) - Collection particulière 19 En juillet 1903, la princesse Mathilde fait une chute dans son château de Saint Gratien. Cette chute malencontreuse a pour conséquence une fracture du col du fémur. Malgré tous les soins prodigués, la princesse Mathilde, alors âgée de quatre-vingt trois ans, succombe des suites de cette blessure, le 2 janvier 1904 en son hôtel de la rue de Berri. Dans ses dernières volontés, la princesse a souhaité reposer à Saint Gratien. Le service funèbre est célébré le 7 janvier 1904. La princesse est inhumée le 18 janvier en présence de l’Impératrice Eugénie. L’enterrement de la princesse Mathilde (7 janvier 1904) - © Branger Seul un buste la représentant, exécuté par Henri Weigele, copie d’une sculpture de J.-B. Carpeaux exposée au musée d’Orsay, signale l’emplacement de la sépulture dans le transept droit. L’Impératrice Eugène sortant de l’église de Saint Gratien. La vie illustrée - Collection particulière 20 Peu de temps après, un hommage solennel à la princesse Mathilde est rendu à Paris, au cours d’une cérémonie à Saint Philippe du Roule, en présence de nombreuses personnalités attachées à sa personne. Monument de la princesse Mathilde - Collection particulière 21 u Bibliographie v La Princesse Mathilde. L’amour, la gloire et les arts, Jean des Cars, Librairie Académique Perrin, 1988. Saint Gratien autrefois, association Saint Gratien d’Hier et d’Aujourd’hui, M. Brinio, M. Magnoux et Mme Vacherot, 2005. Autour du Lac d’Enghien-les-Bains. Mémoire en Images, Jean Aubert, Editions Alan Sutton, 1998. Le peintre et la princesse. Correspondance entre la princesse Mathilde Bonaparte et le peintre Ernest Hébert 1863-1904, Isabelle Julia, Editions de la réunion des Musées Nationaux, Paris, 2004. w x Monographie de Saint Gratien, Jules Mignon, 1899, Mairie de Saint Gratien. 22 Ce document a été réalisé par le Service archives-documentation avec l’aide des associations : Saint Gratien, d’hier et d’Aujourd’hui, Les Amis de Napoléon III, et du Centre culturel François Villon de la Ville d’Enghien-les-Bains. Remerciements à Messieurs Jean-Michel Brinio, Roland Magnoux et Madame Paule Vacherot (Association Saint Gratien d’Hier et d’Aujourd’hui), Messieurs Gilbert Ameil, Christian Le Roux et Jean-Denis Serena (Association Les Amis de Napoléon III) et Monsieur François Chairon (Centre culturel François Villon de la Ville d’Enghien-les-Bains) Les Amis de Napoléon III 23 Photo de couverture : La princesse Mathilde à 30 ans - Pastel d’Eugène Giraud (1806-1881) Mairie de Saint Gratien - © Jean-Yves Lacôte Service archives-documentation Hôtel de Ville - Place Gambetta - 95 210 Saint Gratien - Tél. : 01 34 17 84 15 www.ville-saintgratien.fr