Mise en page 1 - Ville de Saint

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Mise en page 1 - Ville de Saint
Sur les pas de la princesse Mathilde...
dans l’ancien village de Saint Gratien
Parcours guidé
Son Altesse Impériale Mathilde Bonaparte (1820-1904)
Le domaine
Le choix de Saint Gratien et du château Catinat - p4
L’installation dans le château Neuf - p6
Une journée au château - p10
Le lac et l’embarcadère
L’étang de Montmorenci - p12
Le Petit lac - p13
Les arbres remarquables du parc et le cimetière des chiens
Le cèdre du Liban de Catinat - p15
Les séquoias - p16
Le cimetière des chiens - p16
L’église de Saint Gratien et la princesse
L’édification de la nouvelle église - p17
La décoration intérieure - p18
La sépulture de la princesse Mathilde - p18
Son Altesse Impériale
Mathilde Bonaparte
Commence alors pour elle une vie de fastes dans les
cours européennes. Ce mariage, tout d’abord
heureux, se termine par une séparation en 1846.
Séparée de ce mari coléreux et violent, la
(1820-1904) princesse Mathilde s’installe à Paris. Elle n’a
etizia Mathilde Frédérique Aloissia
Elisabeth, princesse de Montfort, est
la fille de Jérôme Bonaparte et de
Catherine de Wurtemberg, anciens monarques
de Westphalie. Elle est la nièce de Napoléon Ier et
la cousine de Napoléon III.
L
Après la chute de l’Empire et l’exil de
Napoléon Ier à Sainte Hélène en 1815, la
dynastie des Bonaparte est contrainte à l’exil et
voyage à travers l’Europe. En 1820, les
Montfort-Bonaparte sont installés à Trieste en
Italie. C’est là que Mathilde voit le jour, le 27
mai. La famille compte également deux autres
enfants : Jérôme Napoléon, l’aîné de la fratrie,
et Napoléon Jérôme, le cadet. L’enfance de
Mathilde est marquée par les déménagements
successifs au gré des disgrâces et des frasques
amoureuses de son père.
En 1840, elle épouse le prince Anatole
Demidoff, riche fabricant et commerçant
d’armes anobli par le Tsar Nicolas Ier.
alors d’autre ambition que de servir la cause des
Bonaparte et de son cousin Louis Napoléon,
futur Napoléon III. C’est dans son salon de la
rue de Courcelles que se déroulent les
rencontres avec ceux qui seront utiles plus tard
au futur président, puis empereur de France.
Porté par la curiosité et l’ouverture d’esprit de
l’hôtesse des lieux, le salon de la princesse
Mathilde prend de plus en plus d’ampleur. Tout
ce que la France compte alors dans le domaine
des Arts et des Lettres est reçu chez la
princesse. Très influente, elle soutient la carrière
de nombres d’artistes. Elle s’adonne elle-même
à la peinture, sa véritable passion.
Mécène à Saint Gratien, elle œuvre en véritable
bienfaitrice, n’hésitant pas à donner de sa
personne ou à puiser dans ses deniers
personnels. De la construction de l’église à
l’installation de l’éclairage public par lampes à
pétrole, en passant par l’implantation d’une
congrégation de sœurs de la Charité pour
soigner les indigents, la princesse Mathilde fut,
sans conteste, la Dame de Saint Gratien.
3
Le domaine
Le choix de Saint Gratien
et du château Catinat
endant l’été 1850, alors qu’elle loue le
Pavillon de Breteuil situé sur les
hauteurs de Sèvres, la princesse
Mathilde manifeste le désir d’acquérir un
domaine pour se reposer de la vie politique et
mondaine qu’elle mène à Paris.
P
La princesse recherche donc, dès 1851, un
endroit paisible, point trop éloigné de la capitale
et de la rue de Courcelles où elle réside, pour
s’installer durant les mois d’été. Lui revient
alors en mémoire une promenade qu’elle fit un
an et demi auparavant dans le nord de Paris, se
souvenant des récits de la reine Hortense sur
son château de Saint-Leu dont elle portait le
titre.
S’informant des possibilités offertes dans la
région, la princesse Mathilde apprend que le
marquis de Custine possède une propriété à
Saint Gratien, bourg d’à peine cinq cents âmes,
situé dans la Vallée de Montmorency.
4
Saint Gratien, bordé au nord par les collines
de Montmorency et au sud par la butte
d’Orgemont, avec ses arbres centenaires et ses
prairies descendant en pente douce jusqu’aux
berges du lac d’Enghien, offre un cadre parfait
pour une villégiature.
C’est là que le marquis de Custine avait acquis
un domaine qui portait autrefois le nom
générique de terre de Saint Gratien. Cette terre
avait appartenu au célèbre Maréchal Nicolas de
Catinat, valeureux officier du roi Soleil, qui avait
reçu en dotation un château, construit par son
aïeul en 1610, où il avait habité et achevé sa vie.
Le château Catinat
(gravure du XVIIIème siècle)
Sous l’Empire, le château Catinat appartient au
comte et à la comtesse de Luçay. Jean-Baptiste
Legendre, comte de Luçay, est alors préfet
du Palais et sa femme, dame d’atours de
l’impératrice Marie-Louise.
En 1806, le comte dote la terre de Saint Gratien
d’un deuxième château, qu’on appellera
« château Neuf » pour le différencier du premier.
L’inauguration fut présidée par Napoléon au
cours d’une grandiose réception dans le parc,
suivie d’une fête nautique, de feux d’artifice et
d’un ballet de gondoles1. Lors de sa visite, la
princesse Mathilde ne pouvait donc qu’être
séduite par cette terre de Saint Gratien.
En 1847, un certain M. Bisson se rend
acquéreur des châteaux et du parc environnant.
Il scinde la propriété, élève un mur entre les
deux constructions et fait percer une route qui
passe devant le château Neuf. C’est à ce dernier
que, dès 1851, la princesse Mathilde loue le
château Catinat.
A cette époque, le rez-de-chaussée du château
Catinat compte onze pièces, dont une salle de
billard. Le premier étage comporte des
chambres à coucher « avec cabinets de toilette
et lieux d’aisances ». De même, le dernier étage
situé sous les toits peut accueillir amis ou
domestiques2.
La façade est envahie par la verdure qui grimpe
jusqu’aux toits. Pressoir, laiterie et colombier
font également le plaisir de la princesse. La
façade sud laisse pleinement entrer la lumière
grâce à ses dix-sept fenêtres et ses trois portesfenêtres qui ouvrent sur un jardin anglais, une
pépinière de peupliers, une luzernière, des près
et, plus loin, sur une vigne et des terres
labourables.
Le château Catinat
(début XXème siècle)
Collection particulière
1 Monographie de Jules Mignon,
1899.
2 La Princesse Mathilde. L’amour,
la gloire et les arts, Jean des Cars,
Libraire Académique Perrin,
p. 230.
5
Grâce au développement de la Compagnie des
Chemins de Fer du Nord, depuis Paris, Saint
Gratien est accessible en une heure.
Cependant, malgré cette ouverture et le fait que
les prix commencent à augmenter, le village
reste si petit qu’il ne possède pas de mairie : le
secrétaire de mairie conserve les archives dans
son logement de l’école de la rue Mathilde et
les mariages sont célébrés chez les particuliers.
Ce premier séjour de la princesse Mathilde à
Saint Gratien, en 1851, est le début d’une
longue histoire entre le petit bourg et la
princesse impériale.
L’installation dans le château Neuf
’est en 1853 que la princesse Mathilde
s'installe durablement à Saint Gratien.
En effet, c’est à cette date qu’elle
achète le château Neuf qui devient dès lors le
château de la princesse Mathilde.
C
Le château de style Empire est décoré d’un
péristyle avec des colonnes corinthiennes
figurant celles des temples grecs. Deux niveaux
le composent à l’origine.
6
Le château Neuf (1854-1855)
Collection particulière
En s’y installant, la princesse Mathilde fait
procéder à quelques modifications.
Dès le perron, l’illustre naissance de la princesse
est rappelée par des blasons d’azur à aigle
surmontés de la couronne impériale. De part et
d’autre de l’escalier figurent deux aigles
impériaux.
A l’édifice, elle fait ainsi ajouter la mansarde,
qui constitue le troisième étage, deux nouvelles
pièces entièrement vitrées de part et d’autre qui
ouvrent sur le parc, agrandissant ainsi de deux
pièces le rez-de-chaussée. Elle fait également
aménager en terrasses les balcons se trouvant à
l’est et à l’ouest.
Le château de la princesse
Mathilde
(Début du XXème siècle)
Collection particulière
Au rez-de-chaussée, une bibliothèque, un
vestibule, une salle de billard, un atelier de
peinture et une salle à manger sont aménagés.
Le premier étage est réservé aux appartements
de la princesse qui aime l’éclectisme et décore
son intérieur de nombreux bibelots, vases,
armoires et meubles. Tendue de perse grise
semée de bouquets et d’oiseaux, sa chambre
ouvre d’un côté sur le lac et de l’autre sur les
collines de Montmorency.
Vue du grand salon de la princesse à Saint Gratien
© Paris, Musée national Ernest Hébert
7
Trois années plus tard, la princesse Mathilde
acquiert également le château Catinat et
quelques parcelles de terrain avoisinantes, afin
d'en faire une maison d'hôtes pour y recevoir
ses amis les plus intimes.
Tout comme rue de Courcelles, la princesse
Mathilde tient salon, où tous ceux qui comptent
accourent. A Saint Gratien, la princesse tient un
salon moins formel, ce qui fait dire à Auguste
Thierry que « c'est l'auberge de l'amitié ».
Saint Gratien reçoit alors d'illustres résidents en
ses châteaux. Ainsi, à l’occasion de son premier
été à Saint Gratien, Louis Napoléon, princeprésident et futur Napoléon III, est reçu par la
princesse sa cousine.
Vue de la chambre de la princesse à Saint Gratien
© Paris, Musée national Ernest Hébert
Depuis ses appartements un escalier en
colimaçon conduit à son atelier de peinture.
Le second étage compte huit chambres d’hôtes
« garnies de cretonne aux tons clairs, meublées
d’acajou à filets de cuivre et de sièges
capitonnés »3.
8
Napoléon III
cousin de la princesse
Mathilde
(1808-1873)
3 Saint Gratien autrefois, association Saint Gratien
d’Hier et d’Aujourd’hui, M. Brinio, M. Magnoux
et Mme Vacherot, p. 75.
Plan du
lotissement
du parc
de la princesse
(1904)
Collection
particulière
9
Alexandre Dumas (1802-1870)
Alexandre Dumas, les frères Goncourt,
Théophile Gautier et ses enfants et bien
d'autres hommes des Lettres et des Arts de son
temps comptent parmi les familiers reçus à
Saint Gratien.
Jusqu’à la fin de sa vie, la princesse partage son
temps entre son appartement parisien et sa
villégiature de Saint Gratien. Elle y passe les
beaux jours et s'y repose de la vie parisienne. Le
parc, ses arbres centenaires et ses allées
immenses, le lac, ses berges sauvages et cultivées,
sont pour elle un véritable havre de paix.
10
Jules (1830-1870) et Edmond (1822-1896) de Goncourt
Une journée au château
oute la matinée, chacun vaquait à
ses occupations personnelles. La
princesse restait dans sa chambre,
lisant les journaux et faisant sa correspondance.
“
T
Vers 11h, la princesse quittait ses appartements
et allait saluer ses invités, puis on passait à table.
Ce n’est qu’après le repas, les vins aidant, que la
journée commençait vraiment.
On passait dans la véranda, on s’installait dans
des fauteuils confortables. La princesse offrait
des cigares bien qu’elle n’aimât pas le tabac.
Puis la conversation s’engageait.
La princesse, par ses prises de position, ses
jugements entiers, attirait des réactions vives.
Grâce à un art de la rhétorique bien établi, elle
menait la conversation, accordait la parole,
faisait s’affronter les idées brillantes et ne
permettait jamais les jugements fumeux ou les
conversations languissantes. Tous les sujets
étaient abordés.
Cependant, S.A.I. n’en tolérait point deux :
- la vulgarité
- les sujets historiques où son oncle aurait pu
être critiqué.
Ensuite, la princesse, suivie de ses amis Giraud
et Hébert, passait dans son atelier de peinture.
Là, elle travaillait sous la direction de Giraud.
La princesse Mathilde
à sa table de travail
D’après l’aquarelle
de Doucet (1896)
L’Illustration
Samedi 28 novembre 1903
Vers 17h, la princesse commandait des voitures
et conviait ses invités à une promenade sur le
lac. Certains la suivaient, d’autres allaient
jusqu’au Bois Jacques (sur la commune de Soisy
face au champ de courses). Au retour, chacun
se retirait dans sa chambre et se préparait au
dîner. Habit pour les hommes, robe du soir
pour les dames.
Après le repas, la princesse prenait sa tapisserie
et se retirait dans un coin du salon. Elle conviait
certains de ses invités à la rejoindre et là, chacun
se pressait autour d’elle. D’autres disaient des
vers, ou faisaient des épigrammes. Chacun,
homme politique, artiste, historien, voulait
participer, briller aux yeux de celle qui fut
surnommée « Notre Dame des Arts »4.
Ensuite, les invités qui ne passaient pas la nuit
au château prenaient congé et repartaient, qui
via le lac, qui via le tramway et la halte de Saint
Gratien. La princesse montait dans ses
appartements. Le château redevenait calme, les
voix se taisaient et Saint Gratien retrouvait son
silence »5.
La princesse fut surnommée ainsi par Sainte-Beuve.
Saint Gratien autrefois, association Saint Gratien d’Hier
et d’Aujourd’hui, M. Brinio, M. Magnoux
11
et Mme Vacherot, p. 64-65
4
5
Le lac
et l’embarcadère
L’étang de Montmorenci
’étang, comme il était dénommé
autrefois, le lac, selon sa dénomination
actuelle, figure sur tous les documents
relatifs à la Vallée de Montmorency.
L
Il s’appelle alors l’étang de Montmorenci et est
entouré d’un chapelet de petits étangs qui
formaient des marécages assez inhospitaliers.
On l’appellera également étang de Saint Gratien,
puis lac d’Enghien.
Au fil des temps, il subit des fortunes diverses.
Appartenant tour à tour aux Montmorency, qui
créent véritablement l’étang en faisant drainer
une partie des marécages, puis au domaine du
Maréchal de Catinat6, il est vendu à la
Révolution, pour devenir propriété du comte
de Luçay au XIXème siècle.
Le lac a alors une importance particulière.
En effet, Enghien possède la station thermale
la plus proche de Paris. La guérison de
Louis XVIII grâce aux eaux thermales est pour
beaucoup dans cette notoriété. De même,
12
la visite de Napoléon III à sa cousine encourage
la bonne société à fréquenter le lac et ses
environs. Ses abords deviennent des lieux de
villégiatures privilégiés, puisque l’air y est réputé
pur et que Paris est à proximité.
Jusqu’à la création de la ville d’Enghien-lesBains, le 7 août 1850, le lac appartient
pour vingt-deux hectares à Soisy-sousMontmorency, pour vingt-et-un hectares à
Saint Gratien et enfin pour une infime partie à
Epinay-sur-Seine. Seules les berges du « Petit
Lac », baptisé plus tard lac de la princesse
Mathilde, demeurent la propriété de Saint
Gratien.
Vue panoramique sur le lac (gravure)
Collection particulière
6 Aucun document ne confirme
ou n’infirme cette information
Le Petit lac
out autour de ses châteaux, la
princesse Mathilde reconstitue une
partie de l’ancien domaine du
Maréchal de Catinat. Son parc comprend
30 hectares de terrain admirablement aménagés
de grandes allées ouvertes où la princesse aime
à se promener parmi les arbres séculaires.
T
Vue générale du château de la princesse
Collection particulière
Le parc descend jusqu’aux berges du Petit lac
par l’avenue de Bellevue (actuelle avenue Paul
Doumer). Cette avenue, qui part directement
du château, conduit à un petit embarcadère
réservé à l’usage de la princesse. De son atelier,
qui donne sur cette voie, la princesse peut
apercevoir le lac.
Le Petit lac étant relié au lac d’Enghien par
l’étranglement du pont de la Muse, c’est
l’embarcadère utilisé par certains invités de la
princesse. Elle aime, d’ailleurs, à venir les
accueillir en personne. L’embarcadère est
également pour la princesse et ses hôtes le
point de départ de nombreuses promenades en
bateau sur le lac.
L’embarcadère du Petit Lac
Collection particulière
En 1861, la princesse Mathilde décide de
donner une fête vénitienne en l’honneur de son
cousin, l’empereur Napoléon III. Emile de
Girardin nous décrit ainsi les festivités : « Tous
les bords du lac étaient illuminés, toutes les barques
pavoisées. Des flots de lumière électrique inondaient le
château de Catinat et le Parc. » A bord des
embarcations les plus grandes, les musiciens
des régiments en garnison à Saint-Denis jouent
des marches.
L’actuelle allée des Gondoles, qui borde le Petit
lac, commémore cette manifestation.
13
Lac de la princesse Mathilde - Collection particulière
14
Les arbres remarquables
du parc et le cimetière
des chiens
Le domaine de la princesse Mathilde englobe
le cèdre de Catinat. A sa base est installée une
halte où la princesse aime à s’arrêter.
Le cèdre du Liban de Catinat
u XIXème siècle, le territoire rural du
petit bourg de Saint Gratien est
encore très boisé. De part sa
vocation, de nombreux arbres fruitiers
prospèrent ; mais dans les propriétés des
seigneurs et notables locaux poussent des
arbres remarquables et parfois centenaires.
A
Le plus intéressant d’entre eux est sans conteste
le cèdre du Liban qui domine l’actuelle place
Gambetta. La tradition rapporte qu’il aurait été
offert en 1710 par Louis XIV au Maréchal
Nicolas de Catinat. Cette date est sujette à
caution car on estime que les deux premiers
cèdres d’Ile-de-France sont ceux que Bernard
de Jussieu (1699-1777) rapporta d’Angleterre
en 1734.
Cependant, Antoine de Jussieu (1686-1758),
frère de Bernard de Jussieu, botaniste
enseignant au Jardin du Roi en 1710, aurait
préalablement rapporté en France cinq
spécimens.
Halte au pied du cèdre
(juillet 1899)
L’intérêt botanique de cet arbre, dont la circonférence est de 5,30 mètres, a justifié une mesure
de classement parmi les Monuments Naturels
et les Sites de caractère artistiques, historiques,
scientifiques, légendaires ou pittoresques le
22 mai 1935.
15
Les séquoias
armi les arbres remarquables qui
ornent le parc de trente hectares de la
princesse Mathilde, figurent deux
séquoias géants (Sequoiadendron Giganteum).
P
Au temps de cette dernière, ils marquent une
des larges allées principales du parc, allée qui
devient en 1904 l’avenue Simon Hayem où ils
sont toujours visibles de nos jours.
Le cimetière des chiens
’est là, dans ce parc magnifique, parmi
ces arbres séculaires, dans un petit
bosquet au détour d’une allée, que les
chiens adorés de la princesse sont enterrés.
C
Ces arbres, originaires d’Amérique du Nord,
furent introduits en Europe en 1853.
Leurs qualités ornementales contribuèrent
grandement à leur popularité : leur silhouette
caractéristique, la permanence de leur verdure
et leur taille imposante font d’eux les rois des
jardins et parcs d’agrément.
16
yz
Le cimetière des chiens de la princesse
(Début du XXème siècle) - Collection particulière
Une colonne marque l’emplacement des
tombes, rappelant le nom du fidèle compagnon
regretté.
Fragments de
colonnes du
cimetière des chiens
de la princesse
© Saint Gratien
L’église de Saint
Gratien et la princesse
L’édification de la nouvelle église
C’est en cette qualité de bienfaitrice de Saint
Gratien, que la princesse Mathilde a l’honneur
de poser la première pierre du nouvel édifice, le
14 avril 1857. De même, c’est en sa présence
que, le 29 mai 1859, la nouvelle église de Saint
Gratien est consacrée par Monseigneur Mabile,
évêque de Versailles.
’église actuelle remplace un édifice du
XIIIe siècle, agrandi au XVe siècle, qui
menaçait de s’effondrer.
L
Profondément attachée à Saint Gratien, la
princesse Mathilde n’a de cesse de mettre tout
en œuvre pour rendre la vie des Gratiennois
plus facile, notamment en pourvoyant la petite
ville en équipements. Ainsi, son dynamisme et
sa générosité permirent notamment l’arrivée de
l’éclairage public, la construction de la première
mairie-école…
C’est avec la même ardeur qu’elle met tout en
œuvre pour permettre l’édification de cette
nouvelle église. En effet, l’église voit le jour
grâce à un prêt de la commune, mais aussi grâce
à la bienveillance de la princesse qui, encore une
fois, n’hésite pas à puiser dans ses deniers
personnels et à user de toute son influence
pour obtenir d’importantes subventions de
l’Etat.
Eglise de Saint Gratien - Collection particulière
17
La décoration intérieure
l’intérieur de l’église, enchâssés dans
la
décoration,
nombre
de
témoignages de la gratitude et de la
reconnaissance des Gratiennois envers la
princesse sont visibles.
A
Initialement, les voûtes de la nef sont peintes
en bleu, décorées d’étoiles de feuilles d’or et
d’écussons de la princesse. Les côtés sont
parsemés de ses initiales en feuilles d’or sur
fond lie de vin.
Au sommet de la voûte située à la croisée de la
nef et des chapelles, on peut également
apercevoir le chiffre de Mathilde : la lettre M
surmontée de la couronne impériale.
Les vitraux du chœur, réalisés en 1897 par les
frères Haussaire, représentent des scènes
religieuses et allégoriques dont les personnages
présentent la particularité d’avoir les traits des
donateurs de l’époque.
C’est ainsi que le premier vitrail, sur la droite
du chœur, figure la princesse Mathilde tenant
l’église dans ses mains ; l’aigle qui la surmonte
rappelle son appartenance à la famille impériale.
Enfin, l’une des trois cloches de l’édifice est
baptisée des prénoms mêlés de sa marraine et
de son parrain, Mathilde-Laurence, pour
Mathilde Bonaparte et Laurent Terré, alors
maire de Saint Gratien.
La sépulture de la princesse Mathilde
e part et d’autre de la nef, figurant le
transept, se trouvent deux chapelles
où sont inhumés les deux seigneurs
de Saint Gratien.
D
18
Vue de l’intérieur de l’église de Saint Gratien
(début du XXème siècle) - Collection particulière
La chapelle de gauche abrite le sarcophage
contenant les restes du maréchal Nicolas de
Catinat, mort en 1712, ainsi que ceux de sa
petite nièce Marie Renée de Catinat.
Emilien O’Hara
van Nieuwerkerke
(1811-1892)
Collection particulière
La chapelle à droite du choeur abrite une autre
sépulture invisible pour le visiteur : celle de la
princesse Mathilde.
Sarcophage du Maréchal Nicolas de Catinat
© Saint Gratien
Ce sarcophage est l’œuvre du comte Émilien de
Nieuwerkerke, dont l’œuvre sculptée est
finalement peu connue au regard du rôle qu’il joue
dans l’administration des arts au XIXème siècle.
Le comte de Nieuwerkerke est en effet
directeur du Louvre et des musées impériaux,
ainsi que surintendant des Beaux-Arts à partir
de 1863 ; mais il est aussi pendant une longue
période un des amis les plus intimes de la
princesse Mathilde.
Chapelle de la princesse Mathilde
(début du XXème siècle) - Collection particulière
19
En juillet 1903, la princesse Mathilde fait une
chute dans son château de Saint Gratien. Cette
chute malencontreuse a pour conséquence une
fracture du col du fémur. Malgré tous les soins
prodigués, la princesse Mathilde, alors âgée de
quatre-vingt trois ans, succombe des suites de
cette blessure, le 2 janvier 1904 en son hôtel de
la rue de Berri.
Dans ses dernières volontés, la princesse a
souhaité reposer à Saint Gratien. Le service
funèbre est célébré le 7 janvier 1904. La
princesse est inhumée le 18 janvier en présence
de l’Impératrice Eugénie.
L’enterrement de la princesse Mathilde
(7 janvier 1904) - © Branger
Seul un buste la représentant, exécuté par Henri
Weigele, copie d’une sculpture de J.-B.
Carpeaux exposée au musée d’Orsay, signale
l’emplacement de la sépulture dans le transept
droit.
L’Impératrice Eugène sortant de l’église de Saint Gratien.
La vie illustrée - Collection particulière
20
Peu de temps après, un hommage solennel à la
princesse Mathilde est rendu à Paris, au cours
d’une cérémonie à Saint Philippe du Roule, en
présence de nombreuses personnalités
attachées à sa personne.
Monument de la princesse Mathilde - Collection particulière
21
u
Bibliographie
v
La Princesse Mathilde. L’amour, la gloire et les arts,
Jean des Cars, Librairie Académique Perrin,
1988.
Saint Gratien autrefois, association Saint Gratien
d’Hier et d’Aujourd’hui, M. Brinio, M.
Magnoux et Mme Vacherot, 2005.
Autour du Lac d’Enghien-les-Bains. Mémoire en
Images, Jean Aubert, Editions Alan Sutton,
1998.
Le peintre et la princesse. Correspondance entre la
princesse Mathilde Bonaparte et le peintre Ernest
Hébert 1863-1904, Isabelle Julia, Editions de la
réunion des Musées Nationaux, Paris, 2004.
w
x
Monographie de Saint Gratien, Jules Mignon, 1899,
Mairie de Saint Gratien.
22
Ce document a été réalisé par le Service archives-documentation
avec l’aide des associations :
Saint Gratien, d’hier et d’Aujourd’hui,
Les Amis de Napoléon III,
et du Centre culturel François Villon de la Ville d’Enghien-les-Bains.
Remerciements à
Messieurs Jean-Michel Brinio, Roland Magnoux et Madame Paule Vacherot
(Association Saint Gratien d’Hier et d’Aujourd’hui),
Messieurs Gilbert Ameil, Christian Le Roux et Jean-Denis Serena
(Association Les Amis de Napoléon III)
et Monsieur François Chairon
(Centre culturel François Villon de la Ville d’Enghien-les-Bains)
Les Amis de Napoléon III
23
Photo de couverture : La princesse Mathilde à 30 ans - Pastel d’Eugène Giraud (1806-1881)
Mairie de Saint Gratien - © Jean-Yves Lacôte
Service archives-documentation
Hôtel de Ville - Place Gambetta - 95 210 Saint Gratien - Tél. : 01 34 17 84 15
www.ville-saintgratien.fr