Divers - Œuvre du Marin Breton

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Divers - Œuvre du Marin Breton
Almanach 1909 : P. 122
Les Voiliers des Airs.
LES AÉROPLANES
Une drôle d’idée, allez-vous dire, de venir parler aux marins des machines volantes !
Non certes, c’est même avec beaucoup d’intérêt que les marins liront ce qui suit,
parce que la machine volante que l’on nomme aéroplane se sert du vent exactement
comme le ferait un bateau qui court «au plus près» : il n’y a qu’une petite différence,
c’est que dans un bateau le plan de voilure est en hauteur tandis que dans un aéroplane, le plan de voilure est presque horizontal. A bord de l’aéroplane comme à bord
du bateau louvoyant, le vent frappe la voilure sous un très petit angle et le navire
aérien va contre le vent.
L’aéroplane est donc un véritable voilier de l’air.
Voici en quelques mots comment se soutient et comment
marche l’aéroplane.
C’est une espèce de grand cerf-volant auquel on a mis une
hélice à moteur destinée à le pousser en avant. La voilure, qui
ressemble un peu à deux grandes ailes, fournit le point d’appui sur les couches d’air et supporte par conséquent tout le
poids de l’appareil et de l’équipage. L’hélice, elle, entraîne en
avant la voilure au milieu de laquelle se trouve assis le pilote.
La manœuvre est, en principe, très simple. Le pilote, après
avoir vérifié tous les détails de sa machine, prend place au
centre, met son moteur en marche ; aussitôt les deux hélices
(car on en met deux maintenant) poussent en avant l’aéroplane qui se met à courir par terre sur ses 2 roues en augmentant de vitesse. Puis le pilote donne un coup de barre : «l’oiseau» quitte alors le sol avec une grande légèreté et s’élance
dans l’espace à des vitesses variant entre 30 et 60 kilomètres
à l’heure.
En septembre dernier, quatre célèbres aviateurs, Henri
Farman, M. Delagrange, M. Wilbur Wright et M. Orville
Wright pouvaient déjà voler une demi-heure, une heure et
davantage. Wilbur Wright fit, dans une envolée remarquable
d’une heure trente, un parcours de 82 kilomètres, se tenant
à- des hauteurs variant entre 5 et 30 mètres. Wilbur Wright,
en octobre réussit à voler pendant 1 heure 4 minutes en emportant un passager.
De tous côtés de nouveaux aéroplanes sont en chantier et
c’est, dans toute l’Europe, une véritable fièvre d’armement
pour se lancer à la conquête des océans aériens.
Nous donnons ici une vue de l’aéroplane de Wright en
plein vol. Ne cherchez pas à y voir les hélices, elle ne paraissent pas à cause de la vitesse avec laquelle elles tournent. Vous voyez à droite le
double gouvernail qui sert à monter ou à descendre et à gauche, derrière, le gouvernail vertical qui fait venir sur tribord ou sur bâbord. Rien n’est plus émotionnant
comme de voir un aéroplane changeant de route sous les rafales, à cause des coups
de bande et des embardées.
Les frères Wright ont vendu 500.000 francs leur invention merveilleuse.
Almanach 1909 : P. 122
LE PAPIER BON A TOUT
L’on sait que, presque tout le papier des journaux et des livres a été fait avec des
arbres, avec des forêts. Ce que l’on sait moins, ce sont les emplois ingénieux des journaux et des livres après lecture. L’Almanach a parlé autrefois du petit canot ponté de
six mètres de long construit par un ouvrier américain qui a fait à son bord, près de
2 000 kilomètres le long des côtes ; il employa 3 000 journaux à cette construction;
tout était en papier, sauf la quille, l’hélice et les bancs ; le bordé était fait de 30
épaisseurs de journaux séparées chacune par une couche de vernis. Dernièrement
on annonçait un nouvel usage du papier : on en fait maintenant de confortables
cercueils ; il parait que c’est meilleur marché que le bois ; en tous cas, les porteurs
aux enterrements, doivent apprécier l’invention.