Anatomie du marché

Transcription

Anatomie du marché
21 SEPT 07
Hebdomadaire Paris
OJD : 35700
Surface approx. (cm²) : 307
10 RUE DU FAUBOURG MONTMARTRE
75441 PARIS CEDEX 09 - 01 47 70 93 00
Page 1/1
Anatomie du marché
Médecine et arts graphiques occupent en effet le devant de la scène à New York,
tandis que Londres accorde le premier rôle au mobilier.
devrait revenir à une maison de poupée de style
géorgien (800/1 200 £) • sa façade ne copie-t-elle
pas fidèlement celle de l'immeuble dc Fortnum &
Mason ?
VENDREDI 5 OCTOBRE
Londres
Art et médecine
Dean Edel!, fils d'un marchand de tableaux,
étudia parallèlement la médecine et l'art. Tout
naturellement, il relia ses deux centres d'intérêt
en collectionnant les dessins (et ouvrages divers)
relatifs à l'anatomie. II voyait là de l'art, opinion
que ne partageaient pas tous proches : ainsi sa
sceur lui retourna son cadeau de mariage., une
représentation de la dissection d'un cou ! Il
persévéra pourtant, encouragé par l'artiste Leonard
Baskin pour qui « les choses mortes peuvent être
aussi belles que les vivantes ».
Si l'être humain occupe une place centrale dans
les représentations artistiques, celles-ci se
bornèrent longtemps à ne montrer que son
enveloppe, la peau. Les premières tentatives de
le montrer « de l'intérieur » datent de la
Renaissance Les premiers livres édités sur Ie
sujet, tel YAlbinus (presenr dans la vente dans
des editions du XVII' siècle, la plus belle estimée
entre 20 000 et 30 000 $) coûtaient si cher que
les médecins ne pouvaient les acquérir.
Heureusement pour la médecine (et les
patients...), les progrès de l'imprimerie abaissèrent
rapidement le coût de ces ouvrages qui servaient
d'ailleurs aussi aux artistes. La collection Edell
résume en quelque sorte cette évolution.
Elle s'ouvre sur des livres datant du XVI' siècle,
dont le Traité d'Hippocrate (Bâle, 1579,
l 000/1 500 $), une reproduction de
dessins d'anatomie par Léonard de Vinci
(7 000/10 000 $). Du début du siècle suivant,
voici le De humant corporis par Spiegel (Venise,
1627, 8 000/12 000 $), tandis que les Nouvelles
Tables anatomique^ de Bourdon datent des
premières
années
du
XVIII'
siecle
( I O 000/15 000 $), tandis que les Tabulae
anatomtcae (Rome, 1741, 8 000/12 000 $) sont
véritablement un ouvrage d'artiste Pietro
Berrettini, plus connu sous Ie nom de Pietro da
Cortona, n'en est-il pas l'auteur ?
•
Newyork
Chnstie's
MERCREDI 26 SEPTEMBRE
Londres
Sotheby's
Bonhams
Arts décoratifs du XX' siècle
Si la Grande-Bretagne réserve trop souvent un sort
indigne à la nourriture, Londres n'en abrite pas
moins un temple de la gastronomie, Fortnum
& Mason, qui est à l'épicerie britannique ce qu'est
une Rolls à la plus modeste guimbarde Auguste,
la maison du 181 Piccadilly naquit au XVIII siècle
et jouissait déjà d'une flatteuse clientèle lorsque la
reine Victoria lui accorda son patronage ; puis l'afraire se développa encore, diversifiant son offre
jusqu'à devenir - on ose à peine l'écrire - un supermarché de haut luxe II ne suffisait pas à Fortnum
&L Mason d'offrir le meilleur, encore fallait ll que
ce meilleur soit dignement présenté et, au-delà du
conditionnement des produits, ce souci s'étendait
et aux catalogues de vente par correspondance (des
chefs-d'œuvre d'humour superbement illustrés) et
au décor du magasin, décor auquel participèrent
des artistes et designers aussi connus que . Cecil
Beaton, Syrie Maugham, Oliver Messem ou
Duncan Grant. Ce temple des plus pures traditions vit cependant avec son temps : de là, pour
faire place à de nouveaux décors, la mise à l'encan
d'une pâme de son ameublement. Varié comme
un inventaire à la Prévert, celui-a comprend aussi
bien une Vue de Venise par William James
(20 000/30 DOO £) qu'une baignoire pour enfant
en étam partiellement doré (200/250 £), des urnes
monumentales sur leurs piédestaux (700/1 DOO £)
et des planches de botanique (à partir de 40 £)
Sous des lustres en cristal d'origine française
(6 000/9 000 £) voguent des voiliers peints par
Montague Dawson (l 5 000/20 DOO £ chacun)
face à des panneaux montrant la culture du thé
(chacun 600/900 £) On le voit, c'est là un univers
baroque à souhait, parfois cocasse maîs peuple
d'éléments de qualité ; parmi ceux-ci — les
Britanniques savent être sentimentaux - la vedette
BONHAMS
1189172100509/CLA/MSP
Chassez le naturel, il revient au galop ! Marchand
de son état, Gordon Watson n'a pas su résister à
l'appel des sirènes, entendez celui des objets. En
mai 2006, il avait pourtant confié son stock à
Sotheby's qui organisa une vente intitulée « The
end of a chapter ». Maîs, d'autres objets sont là,
tentants Et voilà que demain s'écrira donc un postscnptum au chapitre entamé l'an dernier : si tous
les objets figurant dans la vente n'appartiennent
pas à Watson, tous ont été sélectionnes par lui, un
peu à la mamère d'une collection idéale. Centrée
sur les arts decoratifs du siècle qui nous précède,
elle comprend quèlques pièces datant de la période
art déco, dont des grands fauteuils et des petites
tables de Chateau, maîs explore surtout les créations du milieu et de la seconde moitié du XX' siècle.
Ce sont là des œuvres assez exactement dans le
goût du temps, mais, sans céder tout à fait à la
mode, Watson profite dc l'occasion pour tenter
d'imposer des createurs qu'il apprécie, voire des
œuvres anonymes. Ainsi, on notera une salle à
manger (8 000/12 OGO £ les huit sièges,
20 000/30 DOO £ la table) par Jean-Charles Moreux,
des meubles et objets de Jacques Adnet
(18 000/25 OGO £ une commode, 12 OGO/18 OGO £
un buffet enfilade en chène et parchemin) ou encore
une table tambour de Dupré-Lafon (8 OOO/
12 000 £). Mais le catalogue fait la part belle aux
sièges aussi esthétiques qu'inconfortables de Willy
Guhl, aux tables d'Ado Chale II y a aussi du mobi
her et des objets italiens ou scandinaves, quèlques
créations d'artistes (dont un majestueux trône par
Dubreuil, 8 000/12 000 £), des verreries raffinées
ct quèlques objets precieux par le créateur britannique Paul Belvoir. Au total, une vente truffée de
lots que l'on verrait bien chez soi : n'est-ce pas là
un élément permettant d'en prédire le succès ?
Eléments de recherche : BONHAMS : société de vente aux enchères d'objets d'art, toutes citations