Emprunt : la double peine de la maladie

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Emprunt : la double peine de la maladie
Date : 12/13 JUIL 15
Page de l'article : p.17
Journaliste : Colette Sabarly
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 273111
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ARGENT & PLACEMENTS
Emprunt : la double peine de la maladie
Souscrire une assurance décès invalidité pour l'obtention d'un prêt immobilier
peut parfois être complexe et onéreux, en cas de souci de santé
I
I y a la théorie et la pratique Lega
lement, lorsque l'on souhaite ache
ter un bien immobilier, l'assurance
deces invalidité n'est pas obligatoire
Oui maîs voila, les banques en font une
condition incontournable dans l'octroi
d'un prêt immobilier Celle ci prend en
charge les mensualités du credit, notam
ment en cas de deces ou d'invalidité to
taie et définitive
Dans la plupart des cas, y souscrire est
tres simple Soit l'emprunteur opte pour
le contrat groupe de la banque, soit il fait
appel a une autre compagnie, comme il
en a le droit depuis la loi Lagarde de 2010
Le plus souvent, la souscription se borne
a remplir un questionnaire de sante qui
permet a la banque d'évaluer le risque
qu'elle prend Maîs en cas de souci de
sante, décrocher une assurance s'avère
beaucoup plus complexe et onéreux
gallan », indique Philippe Taboret, le di
recteur general adjoint de Cafpi
Pour ceux qui se voient refuser l'assu
rance, tout n'est pas perdu La conven
don Aéras (assurer et emprunter avec
un risque aggrave de sante), dispositif
mis en place en 2007, permet de repê
cher de nombreux candidats « Elle joue
un rôle central, explique Stephane De
deyan, directeur general delegue de Ge
nerali et president de la commission
plémere assurance de personnes de l'As
sociation française de l'assurance
En 2013,97 % des demandes ont fait l'ob
iet d'une proposition d'assurance » « Ces
statistiques sont a prendre avec des pm
celtes, même si la prise en charge a des
conditions tarifaires plus acceptables
s'améliore », nuance Marc Morel, le di
recteur du Collectif interassociatif sur la
sante
Un risque aggravé
Dans le jargon des assureurs, un risque
aggrave signifie que la probabilité qu'une
personne subisse l'événement garanti est
superieure a celle de la population de re
ference II peut être lie a l'exercice d'une
profession, d'un sport, maîs aussi a un
surpoids, a du tabagisme, a des proble
mes de dos et, bien sûr, a des pathologies
plus graves dont souffre ou a souffert
dans le passe l'emprunteur
« Beaucoup de maladies sont identifiées
comme a risques et il ne faut pas négliger
un diabete, une hernie, une operation du
genou ou encore des problèmes de thy
wide que les banques n'assurent pas ou
beaucoup trop mal », note Mael Bermer,
porte parole de Meilleurtaux com,
même si dans l'ensemble les courtiers se
veulent rassurants « Un pontage cardia
que, un cancer en remission sont assura
bles par des contrats individuels en dele
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Le droit à l'oubli
Mesure emblématique du troisieme plan cancer si
gne le 24 mars entre l'Etat et les assureurs, le droit
a l'oubli va bientôt devenir réalité pour les em
prunteurs aujourd'hui guéris Ils pourront desor
maîs souscrire un pret immobilier sans etre penali
ses Les accédants a la propriete qui ont eu un
cancer pediatnque avant l'âge de 15 ans n'auront
ainsi plus a déclarer leur antécédent cinq ans
apres la fm du protocole thérapeutique Idem pour
tous les anciens malades d'un cancer, quinze ans
apres la fm du protocole de soins Enfin, pour cer
tains cancers, les assureurs vont établir des grilles
de reference qui définiront les conditions de delais
du droit a l'oubli et de prime pour les assurances
D'autres pathologies pourraient en bénéficier
« Cela doit aussi concerner les maladies chroniques
tels le VIH, l'insuffisance rénale avec lesquelles on
peut vivre tres longtemps avec un traitement », sou
ligne Marc Morel
Qui peut bénéficier de cette conven
non ' Tous ceux qui se heurtent a un re
fus d'assurance de niveau i (assurance
standard) et de niveau 2 (analyse mdivi
dualisee) dont le prêt ne dépasse pas
320 DOO euros et dont le remboursement
n'excède pas l'âge de 70 ans Le délai de
traitement du dossier est de cinq semai
nes si toutes les pieces medicales sont
fournies en temps et en heure
Surprimes et exclusions
Reste alors la question du prix En cas de
risque aggrave, les surprimes et exclu
sions sont souvent au menu des contrats
« Les compagnies ont des politiques diffe
rentes et couvrent plus ou moins bien cer
tomes maladies avec traitement, poursuit
Marc Morel Les emprunteurs ont donc in
terêt a faire jouer la concurrence et passer
par des courtiers » Car lorsqu'elles les
couvrent, elles font payer le prix fort
Généralement, le coût d'une assurance
standard oseille entre 0,20 % et 0,25 % du
montant du credit, maîs il peut doubler,
voire tripler pour un risque aggrave, ce
qui n'est pas négligeable « Notre tarifîca
lion est établie au cas par cas et la sur
prime généralement inférieure a 10O % de
notre tarif normal, ce qui n'est pas redhibi
foire », retorque Bruno Hardy, directeur
technique de l'assureur Metlife Avoir
Pour un emprunteur de moins de
39 ans souscrivant un prêt de
250 DOO euros sur vingt ans avec une as
surance standard a 0,25 %, l'assurance lui
coûte 52 euros par mois Maîs avec un ris
que aggrave facture a 0,50 %, elle monte a
104 euros - soit pres de 25 DOO euros sur
la duree du prêt - et a 0,70 %, elle coûte
145 euros chaque mois - soit un total de
pres de 35 DOO euros Un coût qui peut
faire capoter un projet •
COLETTE SABARLY
CAFPI 3640364400503