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Compte-rendu du Bar des Sciences du mardi 27 janvier 2015
«ADN super star, ADN super flic :
Les citoyens face à une molécule envahissante »
Soirée organisée par : le « Pavillon des Sciences » et animée avec dynamisme par Pascal REMOND.
Lieu - Horaire : Bar de l’Hôtel Bristol – 2 rue Velotte – MONTBELIARD – le mardi 27 janvier 2015 –
de 20h00 à 22h00
Participation : bonne, la salle du haut était pleine avec plus de 130 participants.
Intervenant :
Pierre DARLU
- Génétique des populations - Directeur de Recherche Émérite
CNRS - Laboratoire d’Eco-anthropologie et d’Ethnobiologie Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris
Major Philippe PINTAPARY - Expert en enquête judiciaire et criminologie. Commandant de la
cellule d’identification criminelle du Doubs. Spécialiste
cybercriminalité de la Gendarmerie Nationale.
En soixante ans d’existence, l’ADN s’est échappé des laboratoires de génétique pour devenir un acteur
essentiel des séries télévisées de police scientifique. Il est désormais présent au premier plan dans nombre
de questions de société. L’ADN est là pour parler d’identité, de liberté individuelle, de sécurité et de
gestion de populations par le fichage. L’ADN est encore là pour promettre une nouvelle médecine
personnalisée, pour proposer ses réponses aux interrogations sur les origines familiales et sur les
mouvements migratoires.
Le recours à l’ADN dans le processus judiciaire pénal s’est progressivement développé pour devenir en
moins de 20 ans l’une des ressources scientifiques les moins contestées de la justice pénale. Cette forme
d’autorité acquise en un temps assez court invite à se pencher sur les conditions sociales de l’émergence de
l’ADN et de son utilisation comme élément de preuve en contexte judiciaire. Quels en sont les effets sur les
raisonnements et les pratiques judiciaires ?
En illustrant par de nombreux cas les enjeux sociaux, judiciaires, économiques et politiques qui entourent
ces usages, les Chercheur et Expert invités au Bar des sciences remettront l’ADN à sa place, pour mieux
libérer l’espace démocratique des débats.
-Prochain Bar des sciences :
« La finance est-elle notre ennemie ? »
Mardi 17 février 2015 à 20 heures, Bar de l’Hôtel Bristol rue Velotte Montbéliard.
Les Bars des sciences sont financés par Pays de Montbéliard Agglomération.
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compte rendu Bar des Sciences sur l'ADN le 27_01_ 2015_Rev_A .doc
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en
Déroulement de la soirée :
Pierre DARLU nous présente des diapos sur l’ADN (acide désoxyribonucléique) qui a 4 grandes
utilisations :
- L’ADN détective (servant à retrouver des coupables de crimes)
- L’ADN portraitiste (servant à déterminer le profil physique d’un être humain)
- L’ADN généalogiste (servant dans les recherches de paternité)
- L’ADN médecin (servant dans les recherches de médicaments)
L’ADN est une molécule, présente dans toutes les cellules vivantes, qui renferme l'ensemble des
informations nécessaires au développement et au fonctionnement d'un organisme. C'est aussi le support
de l'hérédité car il est transmis lors de la reproduction, de manière intégrale ou non. Il porte donc
l'information génétique (génotype) et constitue le génome des êtres vivants.
La structure standard de l'ADN est une double-hélice droite, composée de deux brins
complémentaires. Chaque brin d'ADN est constitué d'un enchaînement de nucléotides, eux-mêmes
composés de bases azotées, d'oses (désoxyribose) et de groupes phosphate. On trouve quatre
nucléotides différents dans l'ADN, notés A, G, C et T, du nom des bases correspondantes. Le
génotype est inscrit dans l'ordre dans lequel s'enchaînent les quatre nucléotides. Ces nucléotides se
regroupent par paires spéciales :
- A avec T ;
- T avec A ;
- C avec G ;
- G avec C.
Aucune autre paire n'est possible (sauf dans le cas de mutations génétiques).
L'ADN détermine la synthèse des protéines, par l'intermédiaire de l'acide ribonucléique (ARN).
Dans les cellules eucaryotes, l'ADN est contenu dans le noyau et une petite partie dans la matrice
des mitochondries ainsi que dans les chloroplastes. Dans les cellules procaryotes, l'ADN est contenu dans
le cytoplasme. Certains virus possèdent également de l'ADN dans leur capside.
Dans les cellules également, l'ADN est organisé en structures appelées chromosomes. Au cours de
la division cellulaire ces chromosomes sont dupliqués dans le processus de réplication de l'ADN, chaque
cellule fournissant son propre jeu complet de chromosomes. Les organismes eucaryotes (animaux,
plantes, champignons et protistes) emmagasinent une partie de leur ADN dans le noyau de la cellule et
une autre partie de celui-ci dans des organites tels que les mitochondries ou les chloroplastes. En
revanche, les procaryotes (bactéries et archées) stockent leur ADN seulement dans le cytoplasme. Dans
les chromosomes, la chromatine, des protéines, telles que des histones, compactent et organisent l'ADN.
Ces structures compactes guident les interactions entre l'ADN et d'autres protéines, en aidant à contrôler
quelles parties de l'ADN sont transcrites.
Le corps humain possède 10.000 milliards de cellules possédant chacune de l’ADN au sein des
chromosomes. L’ADN forme une séquence de molécules, comme un collier de 3 milliards de perles de
4 couleurs différentes (correspondant de fait aux 4 nucléotides T, G, C, et A d’acide nucléique). Les
positions de chacune de ces 4 types de perles dans le collier de 3 milliards de perles sont toutes différentes
d’un individu à un autre. C’est ce polymorphisme qui va permettre de retrouver le portrait de quelqu’un.
Nous avons chacun des paires de chromosomes contenant de l’ADN. Cet ADN se transmet lorsque le
spermatozoïde féconde l’ovule, chacun des deux donnant un chromosome à l’œuf ainsi formé. Cet œuf qui
deviendra l’embryon du futur nouveau-né contient chaque ADN du père et de la mère.
Sur les chromosomes, des zones sont différentes d’un individu à l’autre : les barres jaunes et bleues de
l’ADN montré sur la diapositive sont les empreintes génétiques de l’individu, cette information est
hautement polymorphe. (Il n’y a aucune chance que deux personnes différentes aient les mêmes
empreintes génétiques, sauf les jumeaux monozygotes). La gendarmerie demande d’enregistrer 18
empreintes génétiques variables d’un individu à l’autre, dans le fichier des personnes suivies (il y a
environ 3 millions de personnes suivies dans ce fichier). Plus on voit de marqueurs, meilleur est le
diagnostic. Le choix de conserver 18 marqueurs par individu en France est donc très pertinent et très
efficace car ces marqueurs sont propres à chaque individu.
Il existe deux autres types d’ADN :
- l’ADN mitochondrial qui n’est transmis que par la mère.
- Son pendant masculin étant l'Human Y-chromosome DNA haplogroup transmis seulement par le
père.
Ce génome est particulièrement étudié en médecine, notamment dans le cadre des maladies génétiques,
car il permet de retracer l'origine familiale d'une maladie.
Le Major PINTAPARY précise que pour lui, gendarme, l’ADN n’est qu’une preuve parmi tant d’autres et
fait partie, comme les empreintes digitales, des éléments relevés sur une scène de crime.
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Le fichier recensant les empreintes génétiques des individus en France s’appelle le FNEG (Fichier
National des Empreintes Génétiques). Il existe 3 échelons de qualité :
- La qualité du relevé,
- La qualité d’extraction de l’ADN dans ce relevé,
- Les autres éléments relevés (téléphone mobile, preuves téléphoniques)
Dans l’Affaire Maxime ROUSSEL (crime d’un jeune retrouvé mort à coups de couteaux puis carbonisé à
Etouvans en janvier 2012 pour une simple histoire de moto). Son assassin, un jeune de 17 ans, a été
condamné à 22 ans de prison. Dans cette affaire, l’ADN n’a servi que très peu, il a seulement servi à
fermer des portes, car il n’y avait que l’ADN de l’assassin présent sur la moto du jeune ROUSSEL.
Le Major indique que dans la région de Montbéliard, il y a en moyenne 6 morts suspectes par
semaine (incluant les suicides).
Dans l’Affaire Cécile CHARDON-ZARETTI (jeune femme retrouvée assassinée à coups de marteau, son
corps avait été retrouvé sous des branchages près de Vandoncourt en mars 2013. Son assassin, Anthony
ROSSET, un habitant d’Audincourt, a été condamné à 18 ans de prison) on a retrouvé de l’ADN de
l’assassin uniquement sur la branche d’un arbre qui recouvrait la victime.
Pierre DARLU nous précise qu’il y a 4 ans, on était moins bon que maintenant dans la prise d’ADN quand
il y en a très peu. Maintenant on sait faire de la multiplication d’ADN par des systèmes enzymatiques.
Ces techniques de multiplication n’existaient pas il y a 4 ans.
Le Major PINTAPARY nous indique qu’il utilise un laboratoire artisanal à Epinal pour l’analyse d’ADN. Une
affaire l’a marqué particulièrement : l’Affaire Caroline BINETRUY (jeune femme de 23 ans retrouvée
morte violée et le crâne fracassé à coups de marteau à Pouilley-les-Vignes en octobre 2004. Son assassin,
Yves GUIDET, était son oncle qui se suicida dans sa prison en janvier 2007). La victime ayant eu un
rapport sexuel, le laboratoire a recherché des traces de sperme sur la partie centrale du slip et pas sur les
côtés, là où cette preuve se trouvait réellement.
Pierre DARLU souligne la différence entre probabilité d’attribution d’un ADN et exclusion d’un ADN.
Les preuves sont recherchées dans les deux sens (attribution ou exclusion). Pierre se rappelle d’un
meurtre aux USA dans lequel l’ADN du meurtrier présumé avait été récupéré. Ce ne pouvait pas être lui car
il était hospitalisé au moment du crime, placé sous camisole de force. Le brancardier qui l’avait véhiculé à
l’hôpital avait de l’ADN de l’inculpé sur lui, ce qui a permis de le disculper. Il existe une Association aux
USA (« Innocence Project ») qui œuvre à démontrer l'innocence de personnes condamnés par erreur en
ayant recours à des contre-expertises fondées sur des tests ADN, invalidant d'anciennes théories ayant
menées à l'inculpation et fondées à leur tour sur la seule base de témoignages, ou sur l'expertise de police
scientifique (y compris d'anciens tests ADN). Cette Association souhaite également une réforme du
système de justice criminelle dans le but de réduire les erreurs judiciaires. Ainsi 350 personnes ont été
innocentées grâce à cette Association (dont 70% de noirs).
Pierre nous parle aussi des grands-mères de la place de mai en Argentine : c’est une ONG fondée
en 1977 en Argentine, un an après le coup d'État de mars 1976, dans le but de retrouver les enfants volés
par la dictature militaire et les rendre à leur familles légitimes. Les grands-mères ont constitué une banque
d’ADN et les enfants peuvent essayer d’y retrouver leur paternité biologique.
Le Major PINTAPARY précise qu’à l’étranger le système juridique est différent de celui pratiqué en
France. Le droit français est différent du droit anglo-saxon. Notre système inquisiteur est différent (ce qui
n’exclut pas les erreurs judiciaires). Le Major se rappelle une affaire de cambriolage en 2004 dans laquelle
on a retrouvé de l’ADN dans un crachat. Cet ADN appartenait à deux jumeaux monozygotes : on n’a pas
pu les différencier ; on les a auditionnés individuellement mais chaque jumeau reconnaissait les faits. Ils
ont donc été condamnés tous les deux.
Un participant intervient et dit qu’actuellement, on vit une psychose lié aux affaires terroristes récentes.
Mais il reconnait que c’est mieux d’être dans une société comme la nôtre où l’on doit prouver sa
culpabilité plutôt que son innocence.
Pierre DARLU poursuit en disant que les adeptes des mafias connaissent bien le rôle joué par l’ADN
et ils savent « mouiller » leurs adversaires en plaçant des mégots de ceux-ci sur les lieux du crime. De
même, certains « délinquants itinérants » (pour ne pas citer les ROM) pillent les Distributeurs Automatiques
de Monnaie et laissent les véhicules volés remplis de mégots, pour brouiller les pistes. Mais on peut
récupérer aujourd’hui de l’ADN dans de l’urine et des excréments solides (Pascal REMOND nous raconte
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qu’un jour, il est allé uriner dans un bois pour assouvir une envie pressante et que son ADN aurait pu ainsi
être retrouvé sur un mouchoir en papier placé malencontreusement sur le jet de son urine !!!).
Question d’un participant : y- a – t- il de nombreuses façons pour faire un prélèvement d’ADN ? Depuis
quand la police utilise-t-elle l’ADN ? Quel est le coût d’un prélèvement ?
Le Major PINTAPARY répond qu’il y a des difficultés liées au travail avec de l’invisible. Mais on arrive à
prélever des traces de plus en plus infimes d’ADN, qu’on fait multiplier dans les laboratoires. On est
toujours à détecter de l’ADN de contact. A Montferrand-le Château, une famille fut braquée par deux
individus encagoulés et gantés. Ils avaient envoyé une jeune femme sonner à l’interphone et disant qu’elle
était en panne. La famille avait ouvert la porte et les deux gangsters s’étaient introduits tirant avec leur
arme à feu. On a retrouvé l’ADN de la femme présent sur le bouton de sonnette. Mais certains collègues
gendarmes arrivent à presque mieux sentir que les chiens, trouvant des infimes traces de sang sur les lieux
qui étaient l’ADN du coupable, alors que les chiens n’avaient rien senti.
L’ADN a été découvert dans les années 1945 mais sa structure en hélice fut trouvée plus tard, en
1953, dans un laboratoire de Cambridge en Grande-Bretagne. En 1985 la police commença à utiliser
l’ADN pour tracer des empreintes génétiques. Ce sera fait de façon industrielle seulement à partir de
2000. Mais le Major reconnaît qu’il est un technicien des scènes de crimes mais aussi un commercial qui
recherche le moindre coût. Le prix d’une extraction d’ADN est actuellement d’environ 250€ pour un
prélèvement traité à des fins policières.
Pierre DARLU souligne que la raison économique est importante. C’est pour ces raisons de coût que
l’on ne prend pas l’ADN de chaque français : cela représenterait 160 Millions d’Euros, ce qui est
insupportable car trop onéreux.
Question d’une participante : elle est contre un fichier national complet et a participé à une manifestation
écolo contre la ferme des mille vaches. Ayant refusé un prélèvement d’ADN, elle dut payer une amende de
300€. Elle demande qui se trouve dans ce Fichier FNEG et quelle utilisation on en fait ?
Pierre DARLU se porte garant de la réelle efficacité de ce fichier. Quand la police ou la gendarmerie ont
une empreinte génétique, ils la placent dans ce fichier. On en fait des comparaisons avec les empreintes
existantes. Une grosse partie des analyses sont en fait des comparaisons d’ADN sans qu’on fasse
appel au fichier total. Dans ce fichier FNEG il y a 75% de personnes non condamnées (ayant simplement
été mises en causes dans des affaires criminelles). 18% ont fait réellement l’objet de condamnations.
Des personnes suspectées d’affaires sexuelles sont dans le fichier en plus d’autres personnes
soupçonnées (avant même qu’elles soient condamnées). Par exemple sur un vol à l’étalage d’une mouche
servant à pêcher, l’ADN du voleur a été retrouvé et l’on a découvert qu’il avait fait un vol à main armée peu
de temps avant.
Le Major PINTAPARY répond aussi qu’il y a l’ADN généalogique (pas seulement policier). Dans les 1500
morceaux d’avion crashé en Suisse récemment, on a retrouvé l’ADN de chaque membre décédé. Les
gendarmes, eux-mêmes, ont leur ADN dans le fichier car ils laissent souvent des traces d’ADN sur les
lieux d’investigation.
Pierre DARLU constate que l’on est prétendu coupable si l’on est dans le fichier ! Ce n’est pas le cas et
l’on se culpabilise un peu trop !
Question d’un participant : comment va évoluer l’utilisation du fichier des ADN ?
Le Major PINTAPARY répond que le fichier va se démocratiser car les japonais ont mis en place des
machines plus performantes pour extraire l’ADN dans un prélèvement. Mais toute personne innocentée
peut demander à être retirée de ce fichier.
Question d’un participant : il n’y a pas que les applications policières de ce fichier, je pense que toute
personne devrait y figurer cela améliorerait les applications médicales en s’intéressant à d’autres zones de
la cartographie ADN. Il faut, bien sûr, éviter les applications visant aux origines ethniques des personnes
fichées. Un régime dictatorial pourrait faire un usage malveillant de ce fichier. Quel avenir nous réserve
l’utilisation d’un tel fichier ?
Pierre DARLU répond que les 18 empreintes génétiques ne servent qu’à l’identification des personnes.
Pour d’autres raisons (recherche du physique, par exemple), il faut chercher d’autres empreintes. Comme
on a un répertoire vaste de par le monde pour lequel on connait les profils des empreintes génétiques, on
va savoir aussi quelle est la population à laquelle se raccrochent ces empreintes (trouver l’origine
géographique de la personne, savoir s’il est noir ou de type asiatique, etc.)
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Le Major PINTAPARY répond aussi qu’on ne sait pas véritablement ce que l’avenir réserve. Depuis peu,
un arrêt de cour de cassation de 2014 a demandé à la police lyonnaise un ADN portraitiste d’un inculpé
(couleur des cheveux, teinte de la peau, couleur des yeux). Ce sont des éléments supplémentaires que la
police peut donner.
Question d’un participant : l’information évoluant au fil du temps, qu’est-ce qui se perd dans l’information
de l’ADN vingt ans plus tard ?
Pierre DARLU répond qu’à chaque génération, il y a des mutations dans l’ADN. On va pouvoir retrouver
les dates des ancêtres communs des hommes et des chimpanzés. Quant à la dégradation d’une empreinte
d’ADN au fil du temps, elle est faible : l’ADN se conserve bien mais dépend du milieu (un milieu sec ne
dégradera pas une trace ADN alors qu’un milieu tropical humide changera la structure de l’ADN conservé).
Le Major PINTAPARY répond aussi que l’exposition au soleil et l’humidité sont les deux ennemis de
l’ADN. On sait maintenant, grâce au luminol (qui génère de la lumière), retrouver des traces de sang
effacées sur une scène de crime. Dans les globules rouges, il n’y a pas d’ADN. On a pu retrouver aux
USA des traces de sang 200 ans après la guerre de Sécession et identifier ainsi deux victimes s’étant
tuées mutuellement.
Question d’un participant : l’évolution de l’informatique aura-t-elle des impacts sur les mesures
d’ADN ?
Le Major PINTAPARY répond qu’il rêve qu’un jour on puisse relever l’ADN dans l’air, cela permettrait
d’identifier des assassins qui ont cru ne pas laisser de trace.
Pierre DARLU répond qu’il s’intéresse à l’origine de l’homme et que les évolutions informatiques devraient
permettre de retrouver l’ADN de personnes très anciennes, comme Lucy (on l’a déjà fait sur un homme de
Néandertal.
Question d’une participante : dans l’Affaire du petit Grégory VILLEMIN, a-t-on la chance qu’un jour
l’ADN parle ?
Le Major PINTAPARY répond que cette affaire fut très douloureuse pour la gendarmerie qui l’a ressentie
comme un échec. Elle a cependant conduit la gendarmerie à acquérir des moyens supplémentaires et des
crédits. Du temps du gouvernement de Vichy, seule la police pouvait faire certaines choses. Maintenant,
l’affaire GREGORY a permis de développer certains moyens dans la gendarmerie (qui possède désormais,
par exemple, un laboratoire accrédité COFRAC à Besançon). Les gendarmes, au départ, étaient optimistes
quant à l’ADN retrouvé sur cette affaire. Mais, à l’heure actuelle ils pensent qu’on ne pourra pas aller
plus loin du fait que les ADN ont été pollués par de nombreuses manipulations des relevés effectués.
Pierre DARLU confirme que jusqu’en 2014, les empreintes génétiques relevées ne servaient qu’à identifier
les personnes. Désormais on peut faire parler l’ADN en faisant des portraits liés à ces relevés.
Certains caractères morphologiques sont simples (couleur des cheveux, des yeux). En testant 6 gènes
particuliers on peut ainsi retrouver les caractères physiques des personnes. Mais pour l’Affaire
GREGORY, les empreintes ADN sont minces et ont été trop polluées au fil du temps.
Question d’un participant : peut-on, à partir de l’ADN, retrouver la forme de la face et le QI des
personnes ?
Pierre DARLU répond « non », on n’est pas capable de faire de la morphologie à partir des empreintes
ADN. D’autres tentatives ont été faites pour retrouver le QI des personnes avec leur ADN. Ce fut un échec
total. Il y a 8 ans, il y eut une tentative sur 3 lots d'élèves (un lot ayant un QI de 130, un autre ayant un QI
de 108 et un lot ayant un QI très faible). La différence des ADN de ces 3 types d’élèves est très faible et
non significative. On a une certaine volonté, une certaine tendance à vouloir « biologiser les choses »,
par exemple en recherchant le gène de la violence, cela constitue un danger pour notre liberté.
Un participant pose deux questions :
-1) avec l’ADN historique peut-on dater des évènements ?
-2) peut-on, avec l’ADN, identifier le risque de développer certaines maladies ?
Pierre DARLU répond à la question 1) : s’il y a deux ADN différents pour le même échantillon au cours de
deux époques différentes, on regarde le taux de mutations produites. Connaissant la vitesse de ces
mutations, on en déduit l’époque des échantillons.
A la question 2), Pierre répond qu’il existe des maladies génétiques simples mono-factorielles (comme
pour la mucoviscidose, pour la maladie de Huntington, etc.) dont on connait les gènes impliqués, ce qui
permet de calculer les risques pour une personne d’être atteinte par ces maladies. Pour d’autres types de
maladies (obésité, hypertension artérielle…) ces maladies relèvent de l’environnement. Certains gènes
y sont impliqués mais ne sont pas définitifs, on ne peut pas alors faire de calculs de risques car on a trop
d’imprécisions.
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Question d’une participante : l’ADN peut-il changer en fonction de l’environnement ? Par exemple, j’ai
été intoxiquée par de l’aluminium contenu dans un vaccin. Mon ADN a-t-il changé ?
Pierre DARLU répond que « oui ». L’ADN peut être modifié suite à l’absorption d’aluminium. C’est aussi le
cas de certaines maladies (comme les cancers) qui modifient l’ADN par mutations successives. Toutefois
ces maladies ou produits ingérés ne modifient pas les marqueurs des empreintes génétiques.
Question d’un participant : certains médicaments peuvent-ils modifier l’ADN des personnes qui les
prennent ?
Pierre DARLU répond que « non » sauf s’ils sont cancérigènes.
Question d’un participant : un prélèvement d’ADN sur une tumeur cancéreuse permet-il de trouver un
traitement ?
Pierre DARLU répond que cela est seulement expérimental mais c’est une voie d’avenir possible, mais
onéreuse. Cette recherche fait cependant partie des priorités.
Question d’un participant : ne va-t-on pas trop loin en généalogie dans l’utilisation de l’ADN pour la
recherche de paternité (cf la dépouille d’Yves MONTAND) ?
Pierre DARLU répond que cette recherche de paternité ne peut se faire que par décision d’un juge. Cela
limite les abus. Mais on peut toutefois faire ces analyses à l’étranger, alors le résultat ne sera pas reconnu
en France.
Pierre DARLU nous montre une caricature : un chercheur dit à un petit noir que les tests adoptés en
première lecture montrent qu’il n’est ni le fils d’Yves MONTAND ni celui d’Albert de Monaco !
LES CONCLUSIONS
Le Major PINTAPARY conclut que la vulgarisation de la science entraîne une philosophie dans l’analyse
de l’ADN. Pour lui, revenant au titre de ce Bar des Sciences, l’ADN n’est pas super star et n’est pas super
flic. Cela est seulement pour les grands médias.
Pierre DARLU conclut en montrant à l’écran une caricature qui fait dire à un grand-père parlant à son fils :
« l’ADN me dit que je vais crever, mais toi, pour l’héritage, il me dit aussi que tu n’es pas mon fils ! »
Rédacteur : Jean-Pierre BULLIARD
IESF Franche-Comté
Vice - Président des Ingénieurs INSA de Franche-Comté
Pour le compte du Pavillon des Sciences
compte rendu Bar des Sciences sur l'ADN le 27_01_ 2015_Rev_A .doc
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Programme des prochains « Bar des Sciences » : irlandais
 Mardi 17 février 2015 : « La politique monétaire dans notre quotidien » – à 20h00 au Bar de
l’hôtel Bristol – 2 rue Velotte – Montbéliard

Jeudi 12 mars 2015 : « Autisme : des approches pour réduire l’isolement » – à 19h00 en
duplex avec Paris à Numérica – Montbéliard

Mardi 17 mars 2015 : « Les Rêves : pourquoi s’en souvient-on ? Entre Art et Science » – à
20h00 au Bar de l’hôtel Bristol – 2 rue Velotte – Montbéliard – Semaine des Neurosciences.

Mercredi 1er avril 2015 : heure et lieu à définir (dans le cadre de la semaine de l’Industrie 2015) :
« Le Brevet : le couteau suisse des innovateurs »
« Rôle sociétal des entreprises : remettre l’homme au cœur de l’économie »

Mardi 14 avril 2015 : « Pourquoi tant de cancers du sein en occident ? » – à 20h00 au Bar de
l’hôtel Bristol – 2 rue Velotte – Montbéliard

Mardi 19 mai 2015 : « Réchauffement climatique : du constat à l’action » – avec Jean JOUZEL,
Prix Nobel – lieu à déterminer.

Mardi 9 juin 2015 : « L’Islam est-il capable de modernité ? » – avec Malek CHEBEL – Date à
confirmer - lieu à déterminer.

Samedi 26 septembre 2015 – à 20h00 au Hall de Pays de Montbéliard Agglomération et en
partenariat avec le Conservatoire de Musique : « Georges SAND, un grand écrivain olfactif, à la
croisée du parfum et de la musique ». Moment de douceurs olfactives et de bonheur auditif
autour de CHOPIN avec dégustation de parfums chers à Georges SAND.
Programme des deux expositions en cours au « Pavillon des Sciences » : irlandais
 Du 22 septembre 2014 au 16 mars 2015 : les doigts dans le cerveau (exposition pour
comprendre le cerveau sans se prendre la tête !)
 Du 22 septembre 2014 au 16 mars 2015 : Lumières : à fond les photons ! (exposition pour
découvrir ce qu’est la lumière à partir d’expériences ludiques)
Site Internet du Pavillon des Sciences : www.pavillon-sciences.com.
Parc Scientifique du Près-la-Rose – 25200 MONTBELIARD
Renseignements Bar des Sciences : Pascal REMOND – Tél 03 81 97 18 21 –
E-Mail : [email protected]
Pour accéder à tous les comptes-rendus des Bars des Sciences et les télécharger :
Consultez le nouveau site d’IESF Franche-Comté (c’est gratuit et sans mot de passe) à l'adresse suivante :
WWW.iesf-fc.org et de cliquer sur l’onglet supérieur « Nos Activités » puis sur l’onglet « Bar des
Sciences ». Merci à la Présidente d’IESF FC Anne-Marie DIDIER et à son équipe pour cet excellent travail.
- choisir alors la conférence et cliquez sur "Compte-rendu", celui-ci se télécharge en mode pdf. Vous
pouvez le lire, le copier et même l'imprimer si vous le voulez.
compte rendu Bar des Sciences sur l'ADN le 27_01_ 2015_Rev_A .doc
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