histoire du feu - `Eveil de l`Homme

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histoire du feu - `Eveil de l`Homme
HISTOIRE DU FEU
PLAN DE LA PLANCHE
Préambule
1 - La population au paléolithique
2 - La domestication du feu
3 - La production du feu
4 - Les conséquences de la domestication du feu
5 - Conclusions
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La domestication (1) du feu, il y a 400 000 ans, qualifiée de conquête tout à fait
extraordinaire et sans précédent par Freud [1], parait à l’instar de la découverte de
l’outil, en fait de la pierre taillée, avoir joué un rôle capital dans le processus
d’hominisation, commencé il y 7 millions d’années en Afrique de l’Est.
C’est une étape décisive de l’Histoire qui a accéléré la marche de l’Humanité vers
des sociétés organisées. Il faudra tout de même 4 à 500 millénaires pour y parvenir.
La domestication du feu apparaît donc comme un tournant décisif dans les
processus d’hominisation. Ce faisant, l’homme va pouvoir établir sa domination sur la
nature et sur la matière.
La maîtrise du feu est très nettement postérieure, de l’ordre de 2 millions d’années, à
la fabrication des premiers outils de pierre taillée.
Pour bien saisir l’importance de cette étape et comprendre le très long délai qui s’est
écoulé entre cet évènement et les premières civilisations apparues il y a 10 - 12 000
ans, il faut prendre en considération l’état de la démographie au cours de la période
du paléolithique inférieur, c'est-à-dire depuis 500 000 ans.
Il faut rappeler que le paléolithique est la période – de l’ordre de 7 millions d’années pendant laquelle se déroule l’hominisation d’un bipède apparu en Afrique de l’Est et
qui avait un ancêtre commun avec les singes de l’époque.
C’est un processus qui aboutit à la formation d’une espèce nouvelle : les hominidés
caractérisés par :
- la station debout permanente,
- le développement de l’encéphale,
- la réduction de la face avant du visage,
- la libération de la main,
- la non spécialisation de la denture.
1
( ) Domestiquer = rendre une force naturelle utilisable par l’homme, on dit domestiquer le vent, les
marées
La maîtrise du feu
1 – LA POPULATION DES HOMINIDES AU PALEOLITHIQUE
Sous réserve de découvertes à venir, il y a 2 millions d’années que les premiers
hominidés ont quitté le berceau africain pour prendre pied en Europe .On a trouvé un
site en Géorgie datant de 1,8 millions d’années. Les traces les plus anciennes de
peuplement en Europe de l’Ouest datent de 780 000 ans (site de Burgos en
Espagne).
On estime que la population en Eurasie et en Afrique, les deux seuls continents
peuplés au moment de la découverte du feu, était de 500 à 700 000 individus (2).
Entre - 300 000 et - 200 000 les trois populations : Européenne, Africaine et
Asiatique ont été séparées par la remontée des océans (d’environ 100 à 120
mètres), lors des dernières périodes interglaciaires.
Après cette séparation, qui entraîne forcément une certaine variation génétique, il
devait y avoir 800 000 individus en Afrique et Asie méridionale et seulement 250 000
en Europe et 100 000 en Indonésie.
Lors de la dernière glaciation, il y a 70 000 ans, la baisse du niveau des océans
remet en contact les 3 populations européennes, asiatiques et africaines. L’Homo
Sapiens, notre ancêtre direct, s’impose partout, éliminant les hommes de Java et le
Néanderthalien en Europe.
Il y a 40 000 ans, débute le peuplement des Amériques et de l’Australie et ensuite de
la Sibérie. La population mondiale atteint alors 1,5 million dont 1 pour l’Afrique et
l’Asie, 300 000 en Amérique et seulement 150 000 en Europe.
A partir de cette époque (culture de l’Aurignacien, homme de Cro Magnon), les
progrès techniques des armes de chasse : le propulseur de sagaie, le harpon, l’arc,
et les flèches améliorent considérablement le rendement de la chasse et de la pêche
facilitant la croissance démographique, principalement en Europe.
Il y a 10 000 ans, la population de l’Europe devait être de 200 000 habitants et le
double il y a 6 000 ans (3).
Au début de l’ère chrétienne, l’Europe (+ la Russie) comptait 40 millions d’habitants.
Il y en a 780 actuellement, soit 20 fois plus.
Pour saisir toute l’importance de ces données démographiques, une comparaison à
la situation actuelle s’impose.
Si on fait l’hypothèse d‘une population de 200 000 individus en Europe, il y a 500 000
ans, c’est 1 500 fois moins que maintenant donc au plus 40 000 individus en France
et moins de 500 entre Savoie et Haute Savoie, pour peu bien évidemment que ces
2
( ) Pour faire ce genre d’estimation, les démographes on attribuent à un territoire la densité de
population observée dans une période récente chez des peuples de culture similaire vivant dans un
climat et un environnement comparables.
3
( ) Profitant de l’abaissement du niveau de la mer les Européens passent à deux reprises – 20 000 et
– 12 000 en Afrique du Nord qu’ils peuplent des Canaries à l’Arabie en passant par l’Egypte.
2
La maîtrise du feu
territoires fussent habitables à ces époques et que la répartition des populations fut
analogue à celle d’aujourd’hui.
Ces données expliquent pourquoi, au paléolithique, les savoirs et les techniques
mettaient des dizaines de millénaires pour se propager à l’échelle d’un continent.
2 – LA DOMESTICATION DU FEU
La question est simple : Quelle a pu être « l’étincelle » qui est à l’origine de la
maîtrise du feu par les hominidés, il y 4 à 500 000 ans ?
Il y a deux réponses possibles :
- celle des anthropologues (et des romanciers et conteurs),
- celle des archéologues dont le métier est de faire parler les vestiges du passé par
des méthodes scientifiques donc rigoureuses.
2 – 1 Ce que disent les anthropologues
D’aucuns ont imaginé que l’observation des feux naturels des forêts incendiées par
des orages, le magma incandescent des volcans inspirèrent les hommes, l’étincelle
déclenchante …
Pour cela, il faut il admettre qu’ils fussent présents lors de ces évènements. Compte
tenu de la très faible densité du peuplement à ces époques, la probabilité qu’un
observateur puisse en être témoin est extrêmement faible.
Dans l’abondante littérature consacrée à la domestication du feu, les auteurs
distinguent trois stades successifs dans les rapports de l’homme au feu :
- dans un premier temps, l’homme ne connaît pas le feu et, pire encore, il en a peur,
- ensuite, l’homme apprend à le récupérer dans la Nature, et à l’entretenir mais ne
sait pas le produire. La conséquence est que si un groupe laisse éteindre le feu, il
devra attendre l’opportunité de le récupérer dans la nature, mais plus certainement
disparaître,
- enfin dans une ultime phase de progrès, l’homme découvre comment allumer le
feu.
Cette vision fut celle de romanciers dont Joseph-Henry Rosny, auteur de la Guerre
du feu [2] publié en 1911 (4) mais aussi d’anthropologues aussi sérieux que G. Frazer
[3].
Cette thèse n’est pas sans rappeler celle des trois âges de l’Humanité,
- état de sauvagerie,
- état de barbarie,
- état de civilisation [4].
Il y aurait eu un « rapport ternaire » au feu. Pourquoi pas ?
A défaut de n’avoir encore jamais été prouvée, cette évolution en trois étapes est
profondément ancrée dans notre culture. Ainsi peut on lire :
4
( ) Mais qui donne une image caricaturale des hommes vivant il y a 80 000 ans.
3
La maîtrise du feu
« Dans les pays froids, ils se couvrirent de peaux de bêtes qu’ils avaient tuées. Le
tonnerre, un volcan ou quelque heureux hasard leur fit connaître le feu, nouvelle
ressource contre la rigueur de l’hiver : ils apprirent à conserver cet élément puis à le
reproduire, et enfin à en préparer les viandes qu’auparavant ils dévoraient crues. ».
Telle était la description (assez peu flatteuse) faite par Jean Jacques Rousseau dans
le « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes » [5].
Cette opinion était largement partagée par ses contemporains.
L’hypothèse que l’Homme n’ait pas su allumer un feu et se soit contenté de le
récupérer dans la Nature peut être validée par le fait qu’on ne retrouve pas de
vestiges de moyens d’allumer le feu avant 100 000 ans. A contrario, il n’y a aucune
preuve archéologique qui puisse vérifier cette hypothèse.
On sait que dans les époques historiques, il existait des groupes de chasseurs
cueilleurs qui savaient récupérer le feu dans la nature, l’entretenir et le transporter
avec eux lors de leurs migrations (c’était le cas des Amérindiens de Patagonie avant
leur extinction).
2 – 2 Ce que disent les archéologues
Pour les archéologues, seule la découverte sur un site archéologique de foyers
aménagés avec des pierres ou des galets, par exemple, permet de démontrer qu’il
s’agit d’un foyer intentionnel et donc que les occupants du site savaient utiliser le feu.
A défaut, il pourrait s’agir de feu accidentel.
Plusieurs sites archéologiques :
- Terra Amata près de Nice,
- Plouhinec dans le Finistère, près de la Pointe du Raz,
- Budapest en Hongrie,
- Choukoutien près de Pékin,
permettent de dater la domestication du feu de 400 000 ans (seulement quatre cent
millénaires).
On y observe des foyers indubitables avec pierres rougies, charbon de bois, cendres
et os partiellement carbonisés. On notera que ces foyers structurés indiquent une
bonne connaissance des moyens d’améliorer la combustion et le tirage.
La plupart des sites archéologiques d’Europe prouvent une maîtrise complète du feu
entre 250 et 300 000 ans. Les foyers découverts en Afrique ne datent que de
200 000 ans.
Mais, ce n’est qu’à partir du Paléolithique moyen, depuis 100 000 ans, qu’on trouve
systématiquement des restes de foyer sur tous les sites qui ont été occupés par
l’Homme, ce qui signifie que le feu est alors produit à volonté.
En définitive, sous réserve, bien sur, de découvertes ultérieures de foyers plus
anciens, la maîtrise du feu par nos lointains ancêtres date de 400 millénaires. Tel est
la datation aujourd’hui généralement admise.
4
La maîtrise du feu
3 - LA PRODUCTION DU FEU
Les feux naturels provoqués par la foudre existent depuis que l’atmosphère terrestre
contient de l’oxygène produit par les algues primitives, soit depuis près deux milliards
d’années.
Les éruptions volcaniques provoquent aussi des incendies. De même, la
fermentation marécageuse de matière végétale produit du méthane ou des
phosphures qui sont à l’origine des feux follets.
Mais, compte tenu de la faible densité du peuplement au paléolithique, ainsi que cela
a été dit précédemment, la probabilité pour qu’un groupe d’hominidés ait vu un feu
naturel est passablement faible.
Il faut donc admettre comme hypothèse plus probable que l’homme a cherché à
produire du feu à partir d’une étincelle qui allume une matière facilement
inflammable, servant d’initiateur.
Plusieurs méthodes sont possibles :
- la friction du bois,
- la percussion de la pierre,
- la percussion du fer contre une roche dure,
- la percussion de matière végétale contre une roche dure,
- la concentration des rayons solaires,
Les deux dernières méthodes sont citées pour mémoire eu égard à leur usage plus
récent mais sans doute très restreint.
3 – 1 La friction du bois
Le principe est simple, on transforme l’énergie mécanique de frottement en chaleur.
L’élévation de température qui en résulte provoque l’incandescence de la sciure
produite par la friction.
Plusieurs modes de friction ont été utilisées :
- friction longitudinale,
- friction par sciage,
- friction rotative en faisant tourner alternativement une tige de bois (un foret) dans la
paume de la main sur une embase en bois dans laquelle se creuse une cavité avec
formation de fins copeaux de sciure qui s’enflamment. Cette technique est reproduite
sur des bas reliefs égyptiens.
Les essais montrent que l’on peut obtenir une braise incandescente en moins de
deux minutes, et même moins, quelle que soit la nature du bois.
Les traces archéologiques sont plutôt rares du fait de la destruction au cours des
ages des vestiges de nature organique.
3 – 2 Percussion de la pierre
C’est un geste extrêmement simple : percuter deux pierres tout en dirigeant les
étincelles qui en jaillissent vers une matière très combustible et bien sèche pour que
celle-ci s’embrase.
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La maîtrise du feu
L’une des deux pierres peut être un silex, ce n’est pas obligatoire, mais jamais les
deux, contrairement à une idée répandue sur laquelle je reviendrai plus loin, l’autre
nécessairement de la pyrite (5) ou de la marcassite, toutes deux étant un sulfure de
fer FeS2.
Ces pierres qui sont de couleur jaune clair et qui présentent un éclat métallique, sont
très abondantes à la surface de la Terre.
Les étincelles proviennent de la combustion (c’est une oxydation au contact de
l’oxygène de l’air) du sulfures de fer suivant la réaction :
2 FeS2 + 11/2 O2 -> Fe2O3 + 4 SO2
La température des étincelles est de 760 à 860 °C, inférieure à celle d’un briquet en
acier (> 1 200 °C)
Les premiers vestiges, découverts à ce jour, qui prouvent de façon certaine la
production de feu par percussion de la pierre datent de 35 000 ans (Paléolithique
supérieur). Ils sont beaucoup plus fréquents dans les sites datant de l’age du bronze
(-2500 BC).
Les traces archéologiques de l’allumage du feu par percussion sont très rares sur les
sites qui ont plus de 300 000 ans (Paléolithique moyen).
Cela s’explique par le fait que la pyrite se conserve très mal et s’altère au cours des
ages en présence d’humidité (il y a oxydation).
La question qui se pose alors est de savoir comment les hommes ont produit du feu
depuis sa maîtrise, entre 400 000 ans et 35 000 ans ?
Pour répondre à cette question, il y a deux hypothèses
- soit les hommes utilisaient un mode de production du feu qui ne s’est pas conservé,
ou plus précisément pour lequel on n’a pas retrouvé de traces (comme la friction du
bois),
- soit, ils se le procurent dans la nature.
Ce mode d’allumage était encore récemment utilisé, au cours du 20ème siècle en
Amérique du Sud, dans le Grand Nord et en Océanie - Pacifique.
Remarque : Peut-on produire des étincelles par percussion de deux silex.
C’est une croyance largement répandue d’autant qu’elle fut longtemps vulgarisée
dans des manuels scolaires et bien évidemment dans des romans, par exemple « Le
Comte de Monte Cristo » d’Alexandre Dumas.
Les résultats expérimentaux et les observations ethnographiques montrent qu’il est
impossible de produire des étincelles capables d’allumer un feu en percutant deux
roches dures l’une contre l’autre.
5
( ) Pyrite vient du grec, littéralement pierre à feu
6
La maîtrise du feu
Cette confusion vient entre autre du fait que l’on a attribué à la pierre à fusil le rôle
qui est celui du fer ou de la pyrite. Enfin, le silex, et toute autre pierre dure, sont
généralement des oxydes qui sont par nature chimiquement inerte donc
complètement ininflammables.
3 – 3 Percussion du fer contre une roche dure
La percussion d’un morceau d’acier qu’on appelait fusil (6) ou briquet à silex, ou plus
simplement briquet, contre une roche dure, un éclat de silex par exemple, produit des
étincelles capables d’embraser de l’amadou ou toute autre matière facilement
inflammable.
Cette méthode qui s’est répandue en Eurasie, remonte à l’age du fer lequel débute, il
y a 3 000 ans autour de la Méditerranée et 2 800 ans en Europe du Nord.
3 – 4 Les initiateurs
Pour obtenir du feu avec la friction de deux pierres, il est indispensable d’utiliser une
matière apte à s’enflammer facilement au contact des étincelles. C’est ce qu’on
appelle les initiateurs dont le plus connu est l’amadou extrait d’un champignon
« l’amadouvier » (parasite lignicole et lignivore quelque fois saprophyte) de plusieurs
arbres feuillus dont le hêtre, le bouleau, le platane, le chêne , etc.
L’amadou, substance de consistance ouatée et de couleur orangée, est extrait du
cœur du champignon. Il n’existe que très peu de champignons du type amadouvier
(des polypores) aptes à fournir des initiateurs.
S’agissant de matière végétale putrescible, les vestiges sont rares dans les
gisements archéologiques au-delà de quelques millénaires.
Il existe d’autres initiateurs possibles qui ne soient pas des champignons :
- la moelle cotonneuse contenue dans certaines tiges de férule qui est une plante
méditerranéenne et asiatique.
- le fenouil sauvage,
- des matières cotonneuses.
On en a trouvé dans le sac de l’homme de Similaun, surnommé Ötzi, découvert le 19
septembre 1991, sur un glacier autrichien à 3 200 m d’altitude. La datation au
carbone 14 indique que cet homme a vécu entre 3350 et 3100 BC.
Remarque : l’amadou a servi à des usages médicaux comme hémostatique et
cautérisant et en dentisterie pour assécher les cavités dentaires.
4 – LES CONSEQUENCES DE LA DECOUVERTE DU FEU
Elles sont nombreuses et ont eu une portée considérable sur l’évolution de
l’Humanité.
4 - 1 Le feu est source de lumière, affranchissant l’homme de l’alternance du jour
et de la nuit. Avec le feu, il est possible d’allonger significativement la durée d’activité
après la tombée de la nuit.
6
( ) Fusil vient du latin « fossilis » qui produit du feu. Initialement fusil désigne une pièce en acier avec
laquelle on bat un silex pour faire jaillir des étincelles.
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La maîtrise du feu
La maîtrise ultérieure de moyen d’éclairage portatif : lampes et torches a rendu
possible l’exploration des cavités naturelles, des grottes, non éclairées par la lumière
du jour.
Les lampes et les torches étaient alimentées en graisses animales et la mèche était
faite de matière végétale (lichen mousse, etc.).
Les peintures murales (l’art pariétal) que nous ont laissé nos ancêtres dans des
grottes aussi célèbres que Lascaux et Niaux ont été dessinées à la lumières de
torches portatives.
4 – 2 Le feu est source de chaleur avec deux effets,
- l’un certain, c’est la cuisson des aliments,
- l’autre probable, c’est la conquête des territoires du nord de l’Eurasie pendant les
périodes froides et la possibilité de s’adapter aux changements climatiques diurnes
et annuels, voire pluri millénaires (périodes glaciaires).
4 – 3 Le feu provoque la modification du régime alimentaire des hominidés : La
cuisson des aliments modifie leur composition chimique, leur valeur nutritive et leur
consistance.
Les végétaux deviennent facilement comestibles. Il faut rappeler que la cellulose et
l’amidon – principaux constituants de la plupart des végétaux à la base de notre
alimentation- ne sont pas assimilables par nos estomacs.
La cuisson facilite l’assimilation des protéines animales et réduit, dans certains cas,
les risques de parasitose (c’est le cas du ténia).
La cuisson en détruisant les éléments toxiques de certains végétaux étend et
diversifie les ressources végétales dans l’alimentation des hominidés. Elle permet
une plus longue conservation des aliments (fumage et séchage).
Au cours du paléolithique, l’homme devient un chasseur de plus en plus expérimenté
disposant d’armes de plus en plus efficaces. La cuisson de la viande de gibier frais a
changé son mode d’alimentation. La viande était cuite sur des pierres chaudes, des
braises. Les viandes pouvaient aussi être fumées.
4 – 4 Le feu procure la sécurité : Il fait fuir les gros animaux prédateurs : ours,
canidés, etc. ainsi que les animaux nuisibles infiltrés dans l’habitat, en particulier
dans les grottes et dans les cavernes, tels que des chauves souris, des reptiles, des
insectes.
4 – 5 Le feu impose une répartition de l’espace dans l’habitat : coté cuisine,
zones d’éclairage, des zones de chauffées, etc.
4 – 6 Le feu structure le groupe autour du foyer, il induit le développement de la
communication entre ses membres, grâce au langage. Faut-il dater de ces époques
la création des mythes, des traditions spécifiques des groupes locaux avec
l’émergence progressive de traditions et de cultures distinctes ?
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La maîtrise du feu
4 – 7 Le feu facilite certains travaux:
- l’abattage de gros arbres en carbonisant la base de ceux-ci,
- le fractionnement de roches pour en faciliter le débitage et la taille,
- le débitage des pierres en chauffant le silex.
4 – 8 Le feu ouvre la voie aux arts de la céramique et à la métallurgie
Les foyers primitifs constitués de quelques pierres arrangées ont progressivement
évolués vers des fourneaux et des fours compartimentés : d’un coté le combustible
de l’autre le compartiment pour la cuisson.
L’invention de la voûte qui assure une meilleure homogénéité des températures. La
fabrication du charbon de bois permet d’atteindre des températures de l’ordre de 800
à 1 000 °C, suffisantes pour cuire des poteries et réduire le minerai de cuivre et de
fer ou fondre de l’or.
Ainsi, voit on apparaître :
- la céramique il y a 35 000 ans,
- la poterie vers il y a 15 000 ans,
- le plâtre et la chaux au Moyen Orient, il y a 14 000 ans entre. Ils sont préparés par
cuisson du gypse et du calcaire. Ils sont alors utilisés à la construction d’habitats et la
fabrication de vaisselle « blanche »,
- la métallurgie du cuivre en Anatolie il y a12 000 ans puis de l’or vers il y a 5 000
ans, du bronze vers il y a 3 000 et ensuite du fer (-1 500 en Iran – 800 en Europe).
La cuisson de l’ocre naturel de couleur jaune donne, par chauffage à 400 °C, un ocre
rouge qui va servir à l’art pariétal dont les plus anciennes peintures remontent à
30 000 ans
Sans oublier la guerre commencée il y a 8 000 ans : les flammes deviennent une
arme redoutable pour détruire les récoltes les habitats
- début de la pratique de l’agriculture, il y a 10 000 ans au Moyen Orient grâce à la
pratique des brûlis et à la cuisson des céréales qui ne peuvent être consommées
crues (blé, orge, riz, manioc).
5 - CONCLUSIONS
La maîtrise du feu est un évènement capital dans l’histoire de l’Humanité dont le
déroulement restera à jamais hypothétique, donc une source féconde d’inspiration
pour les romanciers et les scénaristes.
Cet évènement marque une étape décisive dans ce qu’il convenu d’appeler le
progrès de l’Humanité. L’homme se distingue alors définitivement de monde animal.
La maîtrise du feu induit un enchaînement vertueux en élargissant notablement les
denrées alimentaires, viandes et légumes. C’est donc une incitation à l’élevage et à
la culture de ces moyens de subsistance. C’est donc le démarrage de l’agriculture et
donc sédentarisation avec le début des Civilisations. Cela s’est passé il y a 10 à
12 000 ans environ, quelque part au Moyen Orient.
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La maîtrise du feu
Il aura fallu 400 000 ans pour en arriver là. Mais ce n’est que 400 millénaires, à
comparer aux temps géologiques qui se comptent en millions d’années et à ceux du
Cosmos qui se comptent en milliards d’années, entre 13 et 14 !!!
L’histoire de l’Humanité se déroule dans un temps mesuré en millénaires :
- l’hominisation a commencé il y a 5 à 7 000 millénaires,
- la domestication du feu, 400 millénaires,
- les pharaons, c’était il y a 5 millénaires,
- Charlemagne, un peu plus d’un millénaire.
Notre vision de l’Histoire de l’Humanité est quelque peu brouillée parce que l’échelle
des temps biologiques (qui nous concerne au premier chef) se situe entre l’année et
le siècle, durée de vie ultime de quelques mammifères, dont l’Homme.
.
12 juin 2006 C.V.
Définition
Paléolithique de 7 000 000 à – 12 000 ans : première période de la préhistoire
caractérisée par l’industrie de la pierre taillée et par une économie de prédation
(chasse et pêche)
Néolithique de – 12 000 à – 5 000 : période développement des sociétés
préhistoriques, industrie de la pierre polie, début de la céramique, de l’agriculture, de
l’élevage, sédentarisation
1
[ ] S. Freud, Malaise dans la civilisation, PUF, 1971, p 107
2
| ] J .H. Rosny, La guerre du Feu, édition Babel, Arles
3
[ ] J. G. Frazer. Mythes sur l’origine du feu, éditions Payot, 1991
4
[ ] F. Laplantine, L’anthropologie, éditions Seghers, Paris, 1987
5
[ ] J. J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.
Flammarion, 1971, p 271
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