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RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire
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VIE LOCALE
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Toute la musique
qu’ils aiment…
Le 21 juin, on fête la musique partout en France. L’occasion de
donner la parole à un disquaire, des chanteuses rétro, un rockeur
qui a du cœur… Trois univers musicaux, une même passion.
À
Puis, contrairement à ce que l’on pense, si le vinyle a, certes, été beaucoup
moins pressé à un moment, il n’a néanmoins jamais complètement
disparu.” Et on sait bien que la mode, ça s’en va et puis ça revient.
À l’occasion du Disquaire Day(2) en avril dernier, le groupe Metallica a même ressorti un enregistrement de 1982… sur cassette !
Parmi ses 750 références uniques, Jérôme a quelques cassettes
mais c’est surtout des galettes qu’il vend au gré de ses déplacements sur les foires, salons et festivals. “Je suis très attaché à la
musique des années 70, il y avait alors un tel bouillonnement culturel.”
En farfouillant dans ses bacs, vous trouverez surtout du rock
indépendant puisé chez des grossistes et des distributeurs qui
le sont aussi. “J’aime soutenir les petits labels qui défendent une cer-
(© Philippe Bertheau)
36 ans, Jérôme Turmeau est de cette génération qui a vécu de plein fouet les grands changements musicaux. Des cassettes aux MP3
écoutés sur un ordinateur, en passant par les CD
et les vinyles… “Je me souviens que j’enregistrais
sur des cassettes les morceaux qui passaient à la radio. C’était les prémices
de l’écoute gratuite et du téléchargement illégal, en fait !”, sourit le
tout jeune disquaire puisqu’il n’exerce que depuis septembre
dernier, chez lui, à Cugand(1). On pourrait se dire que c’est un
pari osé de se lancer dans la vente de vinyles en ces temps où le
support musical se dématérialise de plus en plus. Au contraire:
“Il y a une relation à l’objet qu’on ne peut pas nier, comme pour le livre.
“La bonne musique, c’est comme le bon vin (…) il faut éduquer son oreille comme on le fait pour le palais !”, souligne Jérôme Turmeau, disquaire à Cugand.
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(1) Jérôme Turmeau ouvre ses portes le samedi de
11 h 30 à 14 h 30 chez lui au lieu-dit L’Aubraie, à Cugand. Vous pouvez également commander en ligne via
son site : http://puzzlerecords.fr/ À noter : il sera le 13
juin au Fuzz’Yon de 14 h à 19 h puis à partir de 20 h 30
pendant les concerts de Radio Birdman et Bikini Gorge.
(2) Grand événement international consacré à la musique
enregistrée. Il a lieu tous les ans en avril depuis cinq ans.
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Les Glam’s, swing et glamour
Les Glam’s remettent au goût
2015 un style très en vogue dans
les années 40 et 50 : le Swing et
le Close harmony.
(© Adeline photographies)
taine idée de la musique, qui ont une démarche
artistique, comme ce label canadien qui ne fait
pas signer de contrat à ses groupes. C’est une
sorte de militantisme qui me plaît.” Qu’on se
le dise, chez Jérôme, vous trouverez des
perles rares, des références parfois pointues
mais surtout un conseil personnalisé.
Avant d’être aujourd’hui vendeur, notre
disquaire a écumé les salles de concert du
Mans, d’Angers ou de Nantes entre 15 et
30 ans, a beaucoup écouté et acheté de
musique. “J’ai toujours eu beaucoup de CD
et de vinyles. Je pense que lorsque l’on fait la
démarche d’acheter, notre écoute est plus attentive, moins dans le zapping. La bonne
musique, c’est comme le bon vin, ce n’est pas à
la première écoute que l’on entend tout et il
faut éduquer son oreille comme on le fait pour
le palais. Mais je ne nie pas que YouTube ou
le téléchargement sur des plateformes légales
peuvent être intéressants, cela permet la découverte. Et quand on est passionné ou fan, on
se retournera toujours au final vers son disquaire pour acquérir l’objet.”
Mais si votre truc, c’est Johnny, pas sûr
que vous trouviez ça chez Jérôme ! “Je crois
qu’on vend mieux ce qu’on aime…” glisse-til avec malice. Vous le croiserez peut-être
lors d’un festival, n’hésitez pas à lancer la
conversation. “J’aime poser mes bacs dans
tous types d’événements. Ce sont des endroits
où l’on fait des rencontres très enrichissantes,
avec des gens qui sont en demande d’échanges
culturels. Cela va du trentenaire qui cherche
de l’occasion pour faire des mixages au sexagénaire passionné de tel groupe ou fin collectionneur. Je suis allé récemment à Niort, j’y ai
rencontré des passionnés de musique punk !” Si
à Niort, c’est No future, celui de notre disquaire de Cugand pourrait se dessiner autour
d’une boutique qu’il ouvrirait à La Rochesur-Yon. “D’ici un ou deux ans, peut-être…”
Delphine Blanchard
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lles sont trois + un. Marie-Christine
Leverrier, Charlotte Robin et Camille
Buffet pour le chant vocal, et Mister O
(comme Olivier Rousseau) au piano et
aux arrangements. Les Glam’s, c’est LE
groupe de polyphonies vocales et
swing jazz que l’on retrouve depuis
deux ans sur les scènes des festivals ou
des salles de spectacles de la région. On
les applaudira le 23 juillet aux Cafés de
l’été à La Roche-sur-Yon ; le 28 août à
La Faute-sur-Mer ; le 30 août aux Rendez-vous de l’Erdre à Nantes, et le 5
septembre à Face & Si à Mouilleron-leCaptif.
Marie-Christine, 58 ans, Charlotte 28
ans, Camille 29 ans, Olivier, 48 ans :
trois femmes, un homme, trois générations, qui se retrouvent autour de
l’amour commun du jazz, un style qui
les séduit et correspond parfaitement à
l’harmonie de leurs voix. “Le jazz est
aussi une musique d’improvisation, il
existe plus de mille standards. Nous, on
les fait à notre manière...”
Au répertoire des Glam‘s, s’inscrivent
surtout des standards de jazz arrangés
en polyphonie originale ainsi que des titres de “Close harmony” comme les
tubes des Andrew’s Sisters (Rhum and
Coca Cola...) très populaires dans les
années 40-50 ou des chansons de Nina
Simone... La formation interprète aussi
des morceaux contemporains, plus pop,
(Mickaël Jackson, Beyoncé…) remaniés
à la mode swing ou encore ce medley
“Filles” très éclectique, avec des chansons de Marylin Monroe, Cyndi Lauper... Au rythme d’une répétition par
semaine, parfois plus quand une date
de concert se rapproche.
“Le blues musical et l’harmonie vocale nécessitent quelqu’un qui sache véritablement orchestrer les morceaux,
ajoute Camille. Depuis le début, c’est
Olivier (pianiste professionnel et enseignant au Conservatoire de La Rochesur-Yon, section Jazz), qui fait les
arrangements de nos reprises et qui
nous accompagne. Quand on propose
Charlotte, Marie-Christine et Camille :
tout le charme des Glam’s.
une nouvelle chanson, il entend tout de
suite le morceau arrangé et s’il sonnera
ou pas. Il écrit nos différentes voix
qu’on travaille après. Pour la mise en
scène, on a fait appel au Nantais Jérôme Brethomé, qui nous a donné des
pistes pour rendre nos interventions en
concert plus interactives avec le public.
Ou pour les chorégraphies sur certains
morceaux.”
Leur statut d’intermittentes du spectacle leur imposant un minimum de
prestations par an, Les Glams participent à d’autres projets musicaux :
Charlotte dans un groupe de composition rock-blues (Da Flex), en duo avec
le guitariste Florian (pour le Duo
Miam’s) et avec Camille dans un
groupe de reprises funk, rock et soul
(Cheap Palace). “Je chante aussi dans
Les 4 Elles (groupe de polyphonie vocale) qui reprend des chansons françaises et compose, précise Camille. Et
dans un trio de reprises (piano, percussions, voix).” De son côté Marie-Christine est la voix du Big Band de Jazz des
Sables-d’Olonne. Elle œuvre aussi avec
son mari dans le Marie-Serge Duo
(chansons françaises arrangées pour
stick Chapman et basse) sur les Bateaux
Nantais. Et dernièrement, Arbadétorne,
le groupe de musique traditionnel a fait
appel à son talent : “ce qui m’a bien
changé des airs swings !”
Yvelise Richard
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Laurent Charliot, docteur ès rock nantais !
Il a été chanteur et guitariste. Il écrit des livres. Est aussi
bénévole au festival de Poupet. Mais également l’un des organisateurs des “Rockeurs ont du cœur” à Nantes. Boulimique
Laurent Charliot ? Notre “monsieur 100 000 volts” est surtout
LA référence rock et musiques actuelles dans la région.
D
u beau monde, il en voit passer chez lui à SainteFlorence… Dans sa pièce dédiée à la musique, on
trouve le flight case du guitariste d’Indochine (“Boris
l’a laissé ici la dernière fois”) et un disque d’or du même groupe.
Sur le mur d’en face, le premier 45 tours de Dominique A (“Un
ami d’enfance”). Laurent Charliot, certains l’appellent le “Philippe
Manœuvre des bords de Sèvre”… L’écouter, c’est voir dérouler
devant soi l’histoire musicale de la région de 1960 à nos jours.
Parce que la vie l’a fait rencontrer des amis aujourd’hui connus
et reconnus dans le milieu. Il faut dire que ce Nantais de naissance qui fêtera bientôt ses 50 ans, est un enfant du rock, génération Elmer Food Beat, Dolly, Philippe Katerine… “Mon
premier groupe, je l’ai monté à 16 ans avec Manou et Vincent des
Elmer. À une époque où j’écoutais en boucle The Cure, Lou Reed,
Bowie. C’est mon frère, plus vieux de trois ans, qui m’a emmené à
mes premiers concerts… Bob Marley et AC/DC à la Beaujoire.
Après, ça a été les Ramones et Rammstein à l’Olympic.” Puis il
passe sept ans comme chanteur dans le groupe Iena Vox : “On
a fait l’ouverture du Fuzz’Yon à La Roche-sur-Yon quand ça ne
s’appelait pas encore comme ça. C’était en 1984 je crois…” Laurent
Souvenirs de festivals…
Votre meilleur souvenir au Festival de Poupet ? “Il y
en a beaucoup ! Ça fait vingt ans que j’y suis bénévole. Mais j’aime le souvenir de Manu Chao, après
son concert, sortant de sa loge et filant m’embrasser
parce qu’on lui avait fait passer une photo que j’avais
faite de lui dans le bar d’un de ses potes à Nantes.”
Du 2 au 24 juillet avec notamment Bob Dylan (le 13), Véronique
Sanson et Jeanne Cherhal (le 17), la famille Chédid (le 19).
Un petit tour au Hellfest de Clisson ? “Ah oui ! Un
des premiers festivals où j’ai emmené mes enfants.
C’est une grande kermesse. Du théâtre !” Les 19,20 et
21 juin à Clisson avec les mythiques Scorpions ou ZZ Top.
Et Face & Si à Mouilleron-le-Captif ? “J’y suis allé pour
la première fois l’année dernière où j’ai vu Nasser et
le Prince Miiaou. C’était vachement bien, j’y retournerai !” Les 4,5 et 6 septembre avec Joseph d’Anvers, Brigitte,
Thomas Fersen, Malted Milk… www.festival-faceetsi.fr.
“Aujourd’hui, les jeunes musiciens ont une grande ouverture d’esprit.”
est un fou de musique qui sait en parler. “Pour être musicien, il
faut vivre ça à fond. J’ai pris une autre voie à un moment donné.
Tout en restant un activiste ! J’ai fait des pochettes d’albums, organisé
des concerts… Aujourd’hui, je me fais passeur. Et les musiciens que
je côtoie savent que je suis du sérail donc ils me font confiance.” Et
qu’on ne lui dise pas que le rock est mort ou qu’il ne se fait plus
rien de bien depuis Téléphone ! “La scène française actuelle est riche!
Les jeunes sont techniquement très bons car ils ont accès aux instruments
plus facilement. On peut commencer avec une guitare d’occasion à 60€.
Socialement et politiquement, l’accès à la culture a été facilité. Donc
les gamins aujourd’hui ont une ouverture d’esprit bien plus grande.
Il y a une créativité dingue ! Si certains ne la voient pas, c’est parce
qu’ils ont perdu toute curiosité”. Laurent, lui, reste à l’affût des talents
de demain. Comme ce groupe vendéen, The Ones, découvert
l’année dernière à Poupet lors d’une première partie. “Ils ont un
vrai talent, alors je leur file un petit coup de pouce, je leur fais profiter
de mes réseaux.” L’autre soir, il était en goguette au Stéréolux à
Nantes pour écouter Kid Francescoli. Cet été, il sera de nouveau
sur le pont à Poupet, avec son pote Boris !
Delphine Blanchard
À lire : L'année du rock français... et autres scènes actuelles 2014-2015, Laurent Charliot, Le Mot et le reste / Iena éditions,
208 pages, 29,90 €. En librairie.
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