Fatras bella e p

Transcription

Fatras bella e p
Fatras d'après cinéma
Bella, pourquoi bella, alors que tout le film parle d'un condamné à mort par sa condition de mâle ?
Le ciel d'Italie, bleu comme dans les ciels des chapelles peintes par les grands maîtres ; la coupole
du palais, dessous, se découpe.
Une larme qui coule de la joue de ce bufflon dont j'ai oublié le nom.
Italie. De quels morts Polichinelle et sa bosse me parlent-ils aujourd'hui ?
Les phrases passent à travers le sas comme le sable dans le tamis des orpailleurs :
« Je n'ai pas pu lui parler car il a ôté son masque ». « Je ne pouvais pas entrer dans le réel car les
contes disent la vérité ».
Les buffles se baignent dans la mer et leur image se mêle aux conversations des cinéphiles sur le
trottoir brûlant de soleil.
L'image des paysages d'Italie est pleine de tableaux de maîtres, ils brûlent au couchant comme les
toiles pendent sur les murs des musées.
Polichinelle a le bec d'un oiseau et la grâce d'un pantin. C'est le souffle maternel qui l'inspire.
Le anges ont une vie tellement vraie dans ce film.
La plaine italienne ondule sous le vent, herbe verte, bufflons.
Bribes non virides d'une Italie tendre et animale.
Dans sa caravane le soir, dans ses caresses au chien couché sur son ventre, s 'enfouit toute la
fatigue de l'ange. Pour être ange, l'homme a besoin d'un animal à qui confier la douleur de sa
tâche.
« Être ange, c'est étrange. Être âne, c'est étrane. »*
De quels morts ce texte peut-il bien me parler ?
Chiara ! Chiara ! criait le guide italien à l’entrée du Vesuvio. J'étais petite sous mon chapeau de
paille d'Italie tout neuf... Il était bleu et cela piquait un peu les cheveux.
*Être ange c’est étrange”, tiré du recueil “Fatras” paru aux éditions Gallimard
Claire R