Fin Renaissance début Baroque - Médiathèque Jean

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Fin Renaissance début Baroque - Médiathèque Jean
Les Clés
de la musique classique
Résumé de la 4ème séance (6 mars 2013)
Š Fin de La Renaissance et début du baroque
La redécouverte de l’humanisme grec, au début de la Renaissance, a notamment favorisé
l’essor de la musique profane et en particulier celui de la musique instrumentale.
On écrit désormais des musiques spécifiquement instrumentales, ce qui n’était pas le cas au
moyen âge où musiques vocales et instrumentales étaient indifférenciées.
Pour répondre aux nouvelles exigences des compositeurs, la lutherie s’applique à étendre la
tessiture des instruments jusqu’alors calquée sur celle de la voix. On passe de 3 à 5 octaves.
Le Luth et l’orgue deviennent des instruments prépondérants. Les cromornes et chalémies à
anche double ainsi que les cornets à bouquin et les sacqueboutes à embouchure se
développent. Les familles d’instruments (consorts en anglais) donnent naissance à de
véritables orchestres ignorés jusqu’alors (famille des violes de gambe qui complète celle des
flûtes).
En dehors des danses ou des accompagnements de pièces vocales, on peut entendre les
instruments solistes dans des « diminutions » (ornementations entre les notes pivots de la
mélodie) ou des «glauses » (variations ornementales sur une chanson en vogue), ainsi que
dans des fantaisies, ricercare ou canzone.
La fantaisie et le ricercare (signifiant rechercher) sont des formes libres, polyphoniques, qui
ne reposent pas sur un texte induit.
La canzone, au contraire, prend appui sur une chanson et l’élabore librement sur la base
d’une écriture contrapunctique savante.
Š TRANSITION VERS LA MUSIQUE BAROQUE
NB : Le mot baroque vient vraisemblablement du portugais « barroco » qui désigne des perles de forme
irrégulière. On l’a initialement utilisé pour qualifier péjorativement l’architecture baroque venue d’Italie.
Ce n’est qu’après 1950, lors de la création de « L'Ensemble Baroque de Paris » qu’il est utilisé pour la première
fois sans connotation péjorative pour désigner la musique des XVIIème et de la première moitié du XVIIIème.
À la suite de cet évènement, l’intérêt s’accroît pour les musiques du passé qui semblaient devoir ne jamais
revenir au répertoire.
Mais la facture instrumentale a profondément évolué depuis 1600 et certains instruments modernes n’ont plus
qu’un lointain rapport sonore avec leurs homologues de la période baroque. Certains d’entre eux, comme le
clavecin et la viole, qui étaient pourtant les principaux instruments de la période baroque, ont disparu. Il a
donc fallu les réinventer pour transmettre l’héritage baroque.
L’Humanisme Renaissant a imposé l’idée d’un homme équilibré, créé à l’image de Dieu.
Il a symbolisé les exigences de l’esprit, l’effort vers la connaissance universelle, l’accord
entre les passions humaines et les richesses de la nature, dans un idéal Platonicien de
beauté.
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Texte : Emmanuel Lemouton
La musique renaissante, en harmonie avec son temps, a donc tenté d’épouser cette
aspiration à la beauté et à l’équilibre.
L’homme baroque, également influencé par le vent libertaire qui anime l’Europe depuis 1453
(chute de l’empire Byzantin), se perçoit plutôt au travers de sa sensibilité débordante.
Le baroque musical aura donc pour ambition esthétique de représenter en musique les
passions humaines (affetti), en s’appuyant sur les lois de la rhétorique (mise en lumière des
idées ou des mots importants d’un texte (écrit ou supposé) par de riches vocalises
ornementales ou des traits instrumentaux somptueux.)
Š LA PROBLEMATIQUE de L’ESTHéTIQUE BAROQUE
Les cathédrales sonores élaborées par les polyphonistes savants de la renaissance se
prêtent mal à l’expression des sentiments, avec leur continuum en suspension dans lequel se
mêlent, indifférenciés, phrases musicales et mots insaisissables.
S’appuyant sur une vision libre, non historique et peu musicologique des tragédies de la
Grèce antique (remises à l’honneur durant la renaissance), un groupe d’esthètes florentins,
membres de la Camerata fiorentina (Académie florentine fondée par le comte Giovanni Bardi,
Jacopo Peri et Giulio Caccini), fortement influencés par la réforme puis le concile de Trente,
imaginent un nouveau style d’écriture musicale : La monodie accompagnée, plus apte selon
eux à exprimer les passions humaines.
La mélodie, dépouillée de tout contrepoint, confiée à la voix de castrat, portera et sublimera
musicalement le texte. Elle sera accompagnée par une basse dite continue dont la vocation
sera de conduire la mélodie. Cette basse sera réalisée par la main gauche d’un instrument
harmonique, (clavecin, orgue ou luth) et doublée par un instrument mélodique grave tel que
la viole de gambe, le violoncelle baroque ou le basson. Les voix intermédiaires, ersatz de
l’ancienne polyphonie, ne seront plus écrites mais simplement suggérées à l’interprète par
un système chiffré placé au dessus des notes de la basse et jouées par la main droite de
l’instrument harmonique avec une relative liberté.
NB : la CANTATE est initialement écrite en 4 parties. Tout d’abord un récitatif qui expose brièvement mais
librement la situation. La basse conduit le discours. La voix explore les mondes sonores rencontrés en
accentuant les mots clefs selon les préceptes de la rhétorique. Puis l’Aria da capo qui commente de manière
plus formelle le récit en insistant sur les mots clefs. Viennent ensuite un second récitatif suivi d’un second
aria.
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Texte : Emmanuel Lemouton
Š extraits musicaux écoutés
Pavane (basse danse) et gaillarde (haute danse) de Claude Gervaise,
« Il est bel et bon » de Girolamo Cavazzoni (1510-1577) et canzone sur « Il est bel et bon »
de Passereau.
«La Guerre » de Clément Janequin (1485-1558),
« Qui habitat », canon à 24 voix de Josquin Desprez
Variation Goldberg de JS BACH , 1685-1750
Extrait d’une cantate profane de VIVALDI, 1678-1741 : Récitatif et aria da capo (La voix de
castrat est interprétée par le contre ténor Philippe Jaroussky).
Š Prochaines séances
Mercredi 20 mars de 20h à 22h| La période baroque (partie 2)
Mercredi 27 mars de 20h à 22h| La période classique (partie 1)
Mercredi 10 avril de 20h à 22h| La période classique (partie 2)
Mercredi 22 mai de 20h à 22h| La période romantique (partie 1)
Mercredi 5 juin de 20h à 22h| La période romantique (partie 2)
Mercredi 12 juin de 20h à 22h| Les périodes modernes et contemporaines
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Texte : Emmanuel Lemouton