Composition phytochimique et évaluation in vitro de l?
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Composition phytochimique et évaluation in vitro de l?
J. sci. pharm. biol., Vol.8, n°1 - 2007, pp. 15-23 © EDUCI 2007 BAGRE I.* BAHI C. GNAHOUE G. DJAMAN A.J. GUEDE G.F. COMPOSITION PHYTOCHIMIQUE ET EVALUATION IN VITRO DE L’ACTIVITE ANTIFONGIQUE DES EXTRAITS DES FEUILLES DE MORINDA MORINDOIDES (BAKER) MILNE-REDHEAD (RUBIACEAE) SUR ASPERGILLUS FUMIGATUS ET CANDIDA ALBICANS. RESUME Dans cette étude, nous avons évalué l’activité antifongique de quatre extraits de Morinda morindoides (Baker) MilneRedhead (extrait total aqueux, extrait éthanolique 70%, extrait acétalique et la fraction 1, sur la croissance in vitro de Aspergillus fumigatus et Candida albicans et par la suite nous avons déterminé par triphytochimique la composition chimique de chaque extrait. possède l’activité inhibitrice le plus élevé avec une CI50 de 0,151 ± 0,1 mg/ml pour Candida albicans et 0,04 ± 0,01 mg/ml pour Aspergillus fumigatus. Morinda morindoides possède donc des composés antifongiques. Mots-clés : Antifongique, Aspergillus fumigatus, Extraits végétaux, Morinda morindoides. Les résultats ont révélés que la fraction 1 composée d’alcaloïdes et de stérols ABSTRACT In this study, we evaluated the antifungal activity of four extracts of Morinda morindoides (Baker) Milne-Redhead (total aqueous extract, 70% éthanolic extract, acetalic extract and fraction 1), on the in vitro growth of Aspergillus fumigatus and Candida albicans and thereafter we determined by triphytochimic the chemical composition of each extract. a CI50 of 0,151 ± 0,1 mg/ml for Candida albicans and 0,04 ± 0,01 mg/ml for Aspergillus fumigatus. Morinda morindoides possesses antifungals compounds. Key words : Antifungal, Aspergillus fumigatus, Morinda morindoides, Plant extract. The results revealed that the fraction 1 composed of alkaloids and sterols have a high potential for inhibitory activity with Laboratoire de Pharmacodynamie Biochimique, UFR Biosciences, Université de Cocody - Abidjan, Côte d’Ivoire. 22 BP 582 Abidjan 22. * Correspondances : BAGRE I., Laboratoire de Pharmacodynamie Biochimique. UFR Biosciences, Université de Cocody, Abidjan. 22 BP 582 Abidjan 22. TEL (225) 08 00 89 01 ; [email protected] 16 INTRODUCTION Avec l’apparition de l’infection à VIH dans la pathologie virale humaine, on assiste à une progression rapide de plusieurs maladies dites infections opportunistes. Parmi ces infections, les candidoses, les cryptococcoses et les aspergilloses sont des mycoses en très fortes recrudescences. (HSUEH P. R. et al., 2002 ; CHEN Y. C. et al., 2003). Les mycoses sont de nos jours un réel problème de santé publique. Elles sont de plus en plus difficiles à éradiquer et leurs fréquences sont en très forte progression. L’apparition de souches résistantes aux antibiotiques usuels, le changement dans le spectre clinique des pathogènes (Candida, Histoplasma, Aspergillus), l’émergence d’un pouvoir pathogène chez des souches habituellement saprophytes de notre environnement et les immunodépressions causées par l’infection à VIH sont les principaux facteurs de cette forte recrudescence. (GARRIGUES J.C et al., 1996). Les difficultés socio-économiques que connaissent les pays du tiers monde et particulièrement la région ouest africaine font que les populations n’ont pas toutes accès aux spécialités pharmaceutiques importées qui d’ailleurs font face à des résistances. Face à cette situation, des moyens thérapeutiques traditionnels sont envisagés. C’est dans le but d’apporter notre contribution à la recherche de nouvelles molécules que nous évaluons l’activité antifongique de Morinda morindoïdes (Baker) Milne-Redhead (Rubiaceae). C’est une espèce végétale traditionnellement utilisée dans le cadre des syndromes diarrhéiques en Côte d’Ivoire. Cette plante est utilisée un peu partout en Afrique. En République Démocratique du Congo (RCD), elle est communément appelée Nkongabululu (en Tshiluba) ou Nkongobololo (en Lingala ou Kikongo). Dans ce pays, cette plante a longtemps été utilisée dans les villages et en villes pour le traitement de quelques maladies causées par des parasites. Une décoction aqueuse de feuilles fraîches constitue un remède traditionnel typique employé pour le traitement de la malaria, des vers intestinaux et des amibiases (KAMBU K., 1990). La présente étude vise à évaluer l’activité in vitro de quelques extraits de Morinda morindoides (Baker) Milne-Redhead sur Candida albicans et Aspergillus fumigatus, deux champignons microscopiques responsables de mycose humaine, puis de déterminer leur composition chimique. MATERIEL ET METHODES 1-MATERIEL 1-1-Matériel d’origine végétale Le matériel végétal est constitué de feuilles de Morinda morindoides (Baker) Milne-Redhead récoltées dans la région du Centre Ouest de la Côte d’Ivoire. Ces feuilles ont été séchées à l’abri du soleil pendant 2 semaines. A partir de la poudre obtenue après broyage, nous avons préparé l’extrait total aqueux (Eaq), l’extrait éthanolique 70% (Eeth), l’extrait acétalique (Eac) et la fraction 1 (F1). 1-2-Matériel biologique Les souches Aspergillus fumigatus et Candida albicans sur lesquelles nous avons travaillé, nous ont été fournies par le Laboratoire de Mycologie de l’UFR des Sciences Médicales de l’Université de Cocody (Abidjan, Côte d’Ivoire). Ces souches sauvages ont été isolées des expectorations de malades du SIDA. L’ensemencement s’est fait sur la gélose de Sabouraud glucosée de références 69571 DARDILLY ADM Y42310 fournie par OXOID LTD. J. sci. pharm. biol., Vol.8, n°1 - 2007 BAGRE I. & al. : Composition phytochimique et évaluation in vitro de l’activité... © EDUCI 2007. 17 2- METHODES 2-1- Préparation des différents extraits végétaux Les feuilles de Morinda morindoides (Baker) Milne-Redhead ont été lavées et séchées à l’abri du soleil et rendues en poudre fine grâce à un broyeur IKA-MAG. Les extraits totaux aqueux, éthanolique 70% et acétalique ont été préparés selon la méthode décrite par GUEDE-GUINA et al. (1993). - Extrait total aqueux Quatre vingt gramme (80 g) de poudre de Morinda morindoides (Baker) MilneRedhead sont macérés dans 2 litres d’eau distillée puis homogénéisés sous agitation magnétique pendant 24 heures à 80°C à l’aide d’un agitateur magnétique IKAMAG RCT. L’homogénat obtenu est filtré successivement deux fois sur du coton hydrophile puis sur du papier WATTMAN 3mm. Le filtrat obtenu est évaporé à l’aide d’un évaporateur rotatif BUCHI 461 Water Bath. La pâte résultante est lyophilisée. La poudre qu’on obtient est l’extrait total aqueux. - Extrait éthanolique 70% Vingt cinq grammes (25 g) de l’ extrait total aqueux sont dissous dans 500 ml d’une solution d’éthanol 70% (70 ml d’éthanol pur pour 30ml d’eau distillée) puis homogénéisés pendant 24 heures à l’aide d’un agitateur magnétique. Après décantation, le surnageant recueilli est évaporé à l’aide d’un évaporateur rotatif BUCHI. La poudre obtenue est de couleur verdâtre et constitue l’extrait éthanolique 70%. - Extrait acétalique Cinq grammes (5 g) de l’extrait éthanolique 70% sont dissous dans 500 ml d’une solution composée d’un mélange d’acétate d’éthyle et d’eau distillée v/v. Le tout est homogénéisé pendant 24 heures à l’aide d’un agitateur magnétique. Après décantation on obtient deux phases : une phase supérieure qui est l’acétate d’éthyle et une phase inférieure qui est l’eau distillée. La phase supérieure est recueillie et évaporée à l’aide d’un évaporateur BUCHI. La pâte obtenue constitue l’extrait acétalique. - Fraction 1 La F1 est obtenue après séparation de l’extrait acétalique (Eac) sur une colonne chromatographique montée avec du gel de silice [MERCK Gel de Silice 60 (0,0630,200 mm)]. La colonne utilisée a une largeur de 2 cm et une longueur de 50 cm avec un robinet en verre. L’éluant est constitué par du dichlorométhane pur et par un mélange de dichorométhane-méthanol (95/5). Le gel de silice est préparé dans le dichlorométhane pur puis coulé dans la colonne jusqu’à une longueur de 20 cm. Zéro virgule vingt cinq grammes (0,25 g) d’Eac sont introduit dans la colonne et déposés sur la surface du gel puis protégés par du coton. Dans un premier temps, le dichlorométhane pur est utilisé comme éluant jusqu’à infiltration total de l’Eac dans le gel puis on utilise le mélange dichlorométhane-méthanol jusqu’à la fin de la séparation. Quatre (4) fractions sont obtenues en fonction de la coloration. F1 (jaune or), F2 (vert foncé), F3 (vert clair) et F4 (jaune orangé). Ces différents extraits ont été testés sur la croissance in vitro de Aspergillus fumigatus et Candida albicans, puis leur composition phytochimique a été déterminée. 2-2-Préparation des milieux de cultures 2-2-1-Préparation de la gélose Sabouraud Le milieu Agar Sabouraud a été préparé en homogénéisant dans 1 litre d’eau distillée 42 g de gélose en poudre. Ce mélange est porté à ébullition et agité jusqu’à homogénéisation complète sur un agitateur magnétique chauffant IKA-MAG. Le milieu ainsi préparé est réparti dans 9 tubes à essai (6 cm de long et 2 cm de diamètre) numérotés de 1 à 9 à raison de 20 ml dans le tube 1 et 10 ml dans les autres tubes. J. sci. pharm. biol., Vol.8, n°1 - 2007 BAGRE I. & al. : Composition phytochimique et évaluation in vitro de l’activité... © EDUCI 2007. 18 Le tube n°9 est le témoin de stérilité du Sabouraud et le tube n°8, le témoin de croissance des germes sans Morinda morindoides (Baker) Milne-Redh. (KRA A.K.M. et al., 2004 : ZIRIHI G.N. et al., 2007). 2-2-2- Incorporation des extraits végétaux à la gélose et ensemencement des germes L’incorporation a été faite pendant que la gélose est encore liquide selon la méthode de la double dilution (KRA A.K.M. et al., 2004 : ZIRIHI G.N. et al., 2007) qui nous a permis d’obtenir une variation de concentration de Morinda morindoides (Baker) Milne-Redh allant de 300 mg/ml dans le tube n°1 à 4,687 mg/ml dans le tube n°7 pour l’Eaq de 50 mg/ml dans le tube n°1 à 0,78 mg/ml dans le tube n°7 pour l’Eeth et l’Eac et de 3,125 mg/ml dans le tube n°1 à 0,0487 mg/ml dans le tube n°7 (selon une liaison géométrique de raison 1/2). Les tubes ainsi préparés sont stérilisés à 121°C à l’autoclave de type MEDICLAVE pendant 15 mn et inclinés à la température de la salle (37°C) pour permettre à l’Agar de se solidifier. Après la solidification de la gélose tous ces tubes sauf le 9 sont ensemencés avec 10µl d’une suspension contenant environ 1000 cellules. Les tests sont répétés 5 fois par souche, pour plus de fiabilité, puis les tubes ainsi préparés sont incubés à 30°C. (KRA A.K.M. et al., 2004 : ZIRIHI G.N. et al., 2007). 2-3-Dénombrement des colonies Après 48 heures d’incubation, les colonies de Aspergillus fumigatus et Candida albicans ont été dénombrées par comptage direct à l’aide d’un compteur de colonies. Et la croissance des germes dans les 9 tubes expérimentaux a été évaluée en pourcentage de survivance, calculé par rapport à 100% de survivance dans le tube témoin de contrôle de croissance. La méthode de calcul du pourcentage de survivance des Aspergillus fumigatus et Candida albicans dans les tubes expérimentaux, peut se résumer par la formule suivante : n S = –––––x 100 N S : Survivance des germes (en %), N : Nombre de colonies dans le tube témoin, n : Nombre de colonies dans le tube expérimental. (KRA A.K.M. et al., 2004 : ZIRIHI G.N. et al., 2007). La concentration pour 50 % d’inhibition (CI50) pour chaque extrait a été déterminée. La CI50 donne 50% d’inhibition, estimée par rapport au nombre de germes ayant poussé dans le tube témoin. C’est un paramètre déterminé graphiquement à partir d’un antifongigramme. Il représente, la dose de produit pour laquelle 50% de la croissance des germes fongiques sont inhibés (KRA A.K.M. et al., 2004 : ZIRIHI G.N. et al., 2007). 2-3-Tri phytochimique 2-3-1- Recherche des alcaloïdes Six millilitres (6 ml) d’extrait végétal sont évaporés. Le résidu est repris par 6 ml d’alcool à 60° et la solution alcoolique ainsi obtenue est repartie dans deux tubes à essai. Dans le premier tube est ajouté 2 gouttes de réactif de DRAGENDORFF. L’apparition d’un précipité ou d’une coloration orangée indique la présence d’alcaloïdes. Dans le deuxième tube est ajouté 2 gouttes de réactif de BOUCHARDAT. L’apparition d’une coloration brunrougeâtre indique une réaction positive de présence d’alcaloïdes. J. sci. pharm. biol., Vol.8, n°1 - 2007 BAGRE I. & al. : Composition phytochimique et évaluation in vitro de l’activité... © EDUCI 2007. 19 2-3-2- Recherche des polyphénols A 2 ml d’extrait végétal, on ajoute une goutte de solution alcoolique de chlorure ferrique 2%. L’apparition d’une coloration bleuenoirâtre ou verte plus ou moins foncée signe la présence de dérivés polyphénoliques. 2-3-3- Recherche des tanins 2-3-3-1- Recherche des tanins catéchiques 5 ml d’extrait sont évaporés à sec. On y ajoute 15 ml de réactif de STIASNY. Le mélange est maintenu au bain-marie 80°C pendant 30mn. Refroidir sous courant d’eau. L’observation de gros précipités en flocons caractérise les tanins catéchiques. 2-3-3-2- Recherche des tanins galliques La solution est filtrée et le filtrat recueilli est saturé d’acétate de sodium. On y ajoute 3 gouttes de chlorure ferrique 2%. L’apparition d’une coloration bleunoir intense dénote la présence de tanins galliques. Une hauteur de mousse supérieure à 1 cm indique la présence de saponosides. 2-3-6- Recherche des quinones On utilise le réactif de BORNTRAEGER (ammoniaque diluée 2 fois) qui permet la mise en évidence des substances. Pour les quinones combinées, on procède à une hydrolyse préalable avec l’acide chlorhydrique au 1/5. L’essai consiste à procéder immédiatement à l’hydrolyse des solutions pour caractériser les substances quinoniques totales (substances quinoniques libres et substances quinoniques combinées mais hydrolysées). On évapore à sec dans une capsule 2 ml d’extrait végétal. Le résidu est trituré dans 5 ml de HCl au 1/5. On porte la solution au bain-marie bouillant pendant une 1/2 heure dans un tube à essai. On refroidit sous un courant d’eau froide et l’hydrolysat est extrait par 20 ml de chloroforme dans un tube à essai. On recueille la phase chloroformique dans un tube à essai et on y ajoute 0.5 ml d’ammoniaque diluée 2 fois. L’apparition d’une coloration allant du rouge au violet indique la présence de quinones. 2-3-4- Recherche des flavonoïdes 2-3-7- Recherche des polyterpènes et des stérols 2 ml d’extrait végétal sont évaporés à sec. Après refroidissement, le résidu est repris par 5ml d’alcool chlorhydrique dilué 2 fois dans un tube à essai. On y ajoute deux à trois copeaux de magnésium (dégagement de chaleur). 5ml d’extrait végétal sont évaporés à sec. Le résidu est dissout à chaud dans 1 ml d’anhydride acétique et recueilli dans un tube à essai. Le long du tube, on fait couler avec 0,5 ml d’acide sulfurique concentré. L’addition de 3 gouttes d’alcool isoamylique intensifie une coloration roseorange ou violacée qui signe la présence de flavonoïdes. L’apparition à l’interphase d’un anneau pourpre ou violet, virant au bleu puis au vert, indique une réaction positive. 2-3-5- Recherche des saponosides 10 ml d’extrait végétal sont mis dans un tube à essai. Après avoir agité pendant quelques minutes, la hauteur de mousse est mesurée. J. sci. pharm. biol., Vol.8, n°1 - 2007 BAGRE I. & al. : Composition phytochimique et évaluation in vitro de l’activité... © EDUCI 2007. 20 RESULTATS Le but de cette étude est d’évaluer Ainsi avons-nous obtenu respectivement l’activité antifongique de quelques extraits pour Aspergillus fumigatus et Candida de Morinda morindoides puis de déterminer albicans les CI50 (mg/ml) suivant : leur composition chimique. Pour l’extrait total aqueux (Eaq) 12,47 Après 48 H d’incubation à 30°C, on observe ± 0,75 et 15,51 ± 1,03 ; pour l’extrait comparativement au témoin, une diminution éthanolique 70% (Eeth) 6,1 ± 2,1 et 7,2 ± progressive du nombre de colonies au fur et 1,7 ; pour l’extrait acétalique (Eac) 1,25 ± 0,5 à mesure que la concentration des extraits et 1,4 ± 0,05 ; pour la fraction 1 (F1) 0,04 ± augmente dans les tubes expérimentaux. 0,01 et 0,151 ± 0,1. Cela s’observe pour toutes les séries. Le tableau II présente les grands groupes Les données expérimentales traduites chimiques contenus dans les différents sous formes de courbes nous ont permis de extraits étudiés. De l’extrait total aqueux à déterminer les CI50 des différents extraits que la fraction 1, certains groupes chimiques nous avons testés. (Tableau I). disparaissent pendant que d’autres s’accentuent. Tableau I : Valeurs des CI50 des extraits de Morinda morindoides après 48 H d’incubation à 30°C. (Eaq, Eeth, Eac et F1) Extraits/Fraction Candida albicans Aspergillus fumigatus CI50 (mg/ml) CI50 (mg/ml) 15,51 ± 1,03 12,47 ± 0,75 Extrait éthanolique 70% (Eeth) 7,2 ± 1,7 6,1 ± 2,1 Extrait acétalique (Eac) 1,4 ± 0,05 1,25 ± 0,5 Fraction 1 (F1) 0,151 ± 0,1 0,04 ± 0,01 Extrait total aqueux (Eaq) Tableau II : Composition chimique des extraits de Morinda morindoides (Eaq, Eeth, Eac et F1) Alcaloïdes Polyphénols Tanins catéchiques Tanins galliques Flavonoïdes Saponosides Quinones Stérols Extrait total aqueux Extrait éthanolique 70% Extrait acétalique Fraction 1 ++ ++ ++ + +++ +++ + + +++ ++ + + + +++ + + +++ ++ ++ + ++ +++ +++ - : Absence + : Présence ++ : Présence accentuée +++ : Présence très accentuée J. sci. pharm. biol., Vol.8, n°1 - 2007 BAGRE I. & al. : Composition phytochimique et évaluation in vitro de l’activité... © EDUCI 2007. 21 DISCUSSION Les différents extraits et fractions que nous avons testés ont montré que A. fumigatus et C. albicans sont sensibles à tous les extraits de notre étude. Pour A. fumigatus, les extraits Eaq, Eac et F1 présentent les meilleures activités. Les CI50 sont respectivement de 12,47 ± 0,75 ; 1,25 ± 0,5 et 0,04 ± 0,01 mg/ml. Pour C. albicans ce sont les extraits Eeth, Eac et F1qui présentent les meilleurs activités dont les CI50 sont respectivement de 7,2 ± 1,7 ; 1,4 ± 0,05 et 0,151 ± 0,1 mg/ml. On remarque que pour les deux germes testés, c’est l’extrait Eac et la F1 qui donnent les meilleures activités. L’acétate d’éthyle est donc le solvant qui concentre mieux les principes actifs de Morinda morindoides. La F1 a une activité supérieure à celle de l’Eac. La F1 a été obtenue par le fractionnement de l’Eac sur gel de silice. Le fractionnement a donc regroupé dans la F1 les molécules responsables de l’activité antifongique. Le triphytochimique a permis de montrer la gamme de groupes chimiques contenus dans les différents extraits et fractions de notre étude. La F1 quant à elle ne comporte que des alcaloïdes et des stérols. L’analyse de tous ces résultats est en faveur d’une supériorité de la fraction F1 (CI50 de 0,151 ± 0,1 mg/ml pour C. albicans et 0,04 ± 0,01 mg/ml pour A. fumigatus) sur les autrebfraction . La F1 est composée d’alcaloïdes et de stérols. Les molécules responsables de l’activité antifongique contenu dans la F1 sont soit des alcaloïdes soit des stérols. L’activité peut être aussi due à une interaction de molécules contenues dans ces groupes chimiques. Les résultats obtenus avec la F1 sont certes éloignés de ceux que donnent l’Amphotéricine B qui est la molécule antifongique de référence ; soit CI50 = 0,06 µg/ml pour C. albicans et de 0,45 µg/ml pour A. fumigatus. (CHONG-REN Y. et al., 2006) ; mais meilleurs que ceux obtenus par KRA et al. (2004). En effet KRA a obtenu avec Fagara macrophylla et Strychnos spinosa les CI50 respectifs de 1,071 et 1,07 mg/ml pour C. albicans. Il a également obtenu avec la F3 de Misca la CI50 de 1,0379 mg/ml pour A. fumigatus. Ainsi, on constate que l’Eaq et l’Eeth renferment tous les groupes chimiques que nous avons recherchés, à savoir les alcaloïdes, les polyphénols, les tanins catéchiques, les tanins galliques, les flavonoïdes, les saponosides, les quinones et les stérols. La différence entre les deux extraits se situe au niveau de la concentration des tanins catéchiques, des alcaloïdes et des flavonoïdes. L’Eaq à part les alcaloïdes, a une concentration en tanins catéchiques et en flavonoïdes plus élevée que l’Eeth. Morinda morindoides est une rubiacée très utilisée en Afrique comme plante médicinale. Elle a fait l’objet de plusieurs études menées aussi bien par des chercheurs africains que par des chercheurs européens. Ainsi, son activité antiplasmodiale (TONA L. et al., 1999 ; 2001 et 2004 ), antiprotozoaire (TONA L. et al., 1998 ; CIMANGA R. K. et al., 2006) et antibactérien (BAHI C., 1993 ; KOFFI A. E., 2003) ont été étudiés. L’Eac ne comporte pas les groupes chimiques que sont les tanins catéchiques, les tanins galliques et les quinones. Il comporte par contre une concentration élevée en alcaloïdes et en flavonoïdes. L’étude que nous avons réalisée a la particularité de mettre en lumière les potentialités antifongique de .... encore exploitées car le côté antifongique n’a été abordé par aucun autre chercheur. Ces études ont révélé que Morinda morindoides a une activité antipaludique, antiprotozoaire et antibactérien. J. sci. pharm. biol., Vol.8, n°1 - 2007 BAGRE I. & al. : Composition phytochimique et évaluation in vitro de l’activité... © EDUCI 2007. 22 CONCUSION Cette étude nous a permis de montrer F1 est composée d’alcaloïdes et de que les extraits de Morinda morindoides stérols, ce qui signifie que la (ou les) possèdent une activité antifongique plus molécule(s) active(s) est (sont) contenue(s) ou moins importante sur la croissance in dans l’un de ces groupes chimiques. vitro de A. fumigatus et C. albicans. Cette étude a permis également de La fraction 1 possède la meilleure montrer que notre méthode d’extraction activité avec une CI50 de 0,151 ± 0,1 mg/ml est une voie qui permet de concentrer les pour C. albicans et 0,04 ± 0,01 mg/ml pour principes actifs et d’améliorer l’activité de A. fumigatus. l’extrait total aqueux. Morinda morindoides renferme tous les groupes chimiques que nous avons recherchés à savoir les alcaloïdes, les polyphénols, les tanins catéchiques, les tanins galliques, les flavonoïdes, les saponosides, les quinones et les stérols. Une analyse plus poussée devra permettre de déterminer la structure des moléculaiers responsable de l’activité antifongiquel. Au fur et à mesure que l’on avance dans le fractionnement, certains groupes chimiques disparaissent pendant que d’autres subsistent une concentration. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1- BAHI Calixte (1993), Evaluation de l’action antidiarrhéique de BGG, un concentré de source végétale. Mémoire de DEA. Pharmacologie des substances naturelles. Université de Cocody, U.F.R. Biosciences. Abidjan, Côte d’Ivoire. 30 p. 2- CHEN, Y. C., CHANG S. C., LUH K. T, & HSIEH W. C. (2003). Stable susceptibility of Candida blood isolates to fluconazole despite increasing use during the past 10 years. J. Antimicrob. 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J. sci. pharm. biol., Vol.8, n°1 - 2007 BAGRE I. & al. : Composition phytochimique et évaluation in vitro de l’activité... © EDUCI 2007. 23 11- KRA A.K..M., ZIRIHI GUEDE N. & GUEGEGUINA F. (2004). Evaluation et amélioration par fractionnements chromatographiques d’une action antifongique de MISCA contre Aspergillus fumigatus. J. Biomed. 7 (4) 17-21. 12- TONA L., CIMANGA R.K., MESIA K., MUSUAMBA C.T., DE BRUYNE T., APERS S., HERMANS N., VAN MIERT S., PIETERS L., TOTTE J. & VLIETINCK A.J. (2004). In vitro antiplasmodial activity of extracts and fractions from seven medicinal plants used in the Democratic Republic of Congo. J. Ethnopharmacol. 2004 Jul ; 93 (1) 27-32. 13- TONA L., MESIA K., NGIMBI N. P., CHRIMWAMI B., CIMANGA K., BRUYNE T., APERS S., HERMAN N., TOTTE J., PIETERS L. & VLIETINCK A.J. (2001). In vivo antimalarial activity of Cassia occidentalis, Morinda morindoides and Phyllanthus niruri. Ann. Trop. Med. 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