Epidémiosurvellance des cultures ornementales

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Epidémiosurvellance des cultures ornementales
AFPP – 3e CONFÉRENCE SUR L’ENTRETIEN DES ESPACES VERTS, JARDINS,
GAZONS, FORÊTS, ZONES AQUATIQUES ET AUTRES ZONES NON AGRICOLES
TOULOUSE – 15, 16 ET 17 OCTOBRE 2013
LE RESEAU NATIONAL DE SURVEILLANCE BIOLOGIQUE DU TERRITOIRE
EN ZONES NON AGRICOLES
J. JULLIEN
Expert référent national en surveillance biologique du territoire
Ministère de l'agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt - DGAL/SDQPV
DRAAF-SRAL des Pays de la Loire – 10, rue Le Nôtre – 49044 Angers cedex 01, France
[email protected]
RÉSUMÉ
L’épidémiosurveillance des zones non agricoles hors forêts (parcs, jardins, espaces verts,
voies de communication, aires végétalisés, cimetières, sites industriels, terrains de sports et
de jeux...) a évolué depuis la mise en place, en 2009, du réseau national de surveillance
biologique du territoire (SBT). Ce dispositif, structuré et mutualisé, s’inscrit au sein de l’axe 5
du plan Ecophyto dans une démarche communautaire de protection intégrée des cultures et
de réduction progressive des traitements. Il formalise la collecte des observations
phytosanitaires grâce à des protocoles harmonisés dans le but de publier régulièrement des
bulletins de santé du végétal (BSV) dans toutes les régions métropolitaines et départements
ultramarins de France. Ces informations sont accessibles gratuitement sur Internet par tous
les professionnels et amateurs.
Mots-clés : Ecophyto, SBT (surveillance biologique du territoire), ZNA (zones non agricoles),
épidémiosurveillance, BSV (bulletin de santé du végétal).
ABSTRACT
NATIONAL
BIOLOGICAL
MONITORING
NETWORK
PLANNING
IN
NONAGRICULTURAL AREAS
Epidemiological surveillance of non-agricultural areas outside forests (parks, gardens, roads,
vegetated areas, cemeteries, industrial sites, sports and plays grounds...) has evolved since
the establishment in 2009 of a National Network Biomonitoring Territory. This device,
structured and shared, falls within the axis 5 of Ecophyto plan in a community approach to
integrated crop protection and gradual reduction of chemical sprays. It formalizes the
collection of plant observations through harmonized protocols in order to publish regular
health bulletins plant in all metropolitan and ultramarine departments of France. This
information is freely available on the Internet by all professionals and amateurs.
Keywords: Ecophyto, biological monitoring of the territory, non-agricultural areas,
epidemiological, health bulletin of the plant.
LA SURVEILLANCE BIOLOGIQUE DU TERRITOIRE
La surveillance biologique du territoire (SBT) dans le domaine végétal, une des missions du
Ministère chargé de l’Agriculture, est organisée depuis plusieurs décennies pour connaître la
situation phytosanitaire, améliorer le raisonnement des méthodes de lutte contre les
organismes nuisibles dit « de qualité » et détecter, à partir de plans de surveillance
spécifiques, des organismes nuisibles réglementés (dont ceux dits « de quarantaine ») ou
émergents. Récemment et de façon complémentaire, la SBT s’oriente vers la détection et le
suivi des effets non-intentionnels (ENI) potentiellement liés aux pratiques phytosanitaires,
mais ne concernent pas dans un premier temps les zones non agricoles. Ces évolutions,
inscrites dans le Code rural et de la pêche maritime*, répondent à la volonté de vérifier la
pertinence, l’efficacité et l’impact des mesures de gestion des risques phytosanitaires mises
en œuvre vis-à-vis des milieux cultivés, mais aussi de l’environnement.
* Textes de loi :
Epidémiosurveillance : art. L 201-1 du Code rural et de la pêche maritime, relatif à l’épidémiologie.
Biovigilance : art. L251-1 et L251-2 du Code rural et de la pêche maritime, relatifs à l’organisation de la
surveillance biologique du territoire.
Exigences européennes
En application du Règlement (CE) n°1107/2009 relatif à la mise sur le marché des produits
phytopharmaceutiques, l’utilisation appropriée de ces pesticides inclut l’application des
principes de bonnes pratiques phytosanitaires. Pour être applicables par les professionnels,
elles doivent être viables sur le plan technico-économique, mais respectueuses de la santé
publique et de l’environnement. Le règlement européen renvoie aux dispositions de la
directive 2009/128/CE relative à une utilisation des pesticides compatible avec le
développement durable, et en particulier aux principes généraux de lutte intégrée contre les
ennemis des cultures et à l’obligation, pour les Etats membres, de s’assurer notamment que
les utilisateurs professionnels disposent de l’information et des outils de surveillance des
bioagresseurs, ainsi que des services de conseil sur la lutte intégrée contre ces organismes
nuisibles. Le dispositif de SBT actuel s’inscrit bien dans les objectifs communautaires.
Un fonctionnement en réseau
La structuration des réseaux de surveillance phytosanitaire et de leur gouvernance (voir
encadré) est mise en œuvre de façon progressive depuis 2009 dans le cadre de l’axe 5 du
plan Ecophyto (plan national de réduction d’utilisation des pesticides). Cette organisation
permet d’obtenir des références harmonisées et coordonnées sur l’ensemble du territoire, en
zones agricoles et en ZNA (zones non agricoles). Elle vise à agréger ces références dans la
base de données nationale EPIPHYT disponible pour les administrations publiques
gestionnaires des risques (risques phytosanitaires, ainsi que risques liés à l’utilisation des
produits phytopharmaceutiques). Cette base de données recevra dans un premier temps les
données épidémiologiques saisies par les différents observateurs, issues de parcelles fixes
(gestionnaires d’espaces verts, jardiniers communaux, formateurs en établissements
d’enseignement…) ou de parcelles flottantes pour les observateurs itinérants (entrepreneurspaysagistes, élagueurs, arboristes-conseils, phytiatres…).
ENCADRÉ
L’organisation partenariale de la SBT associe les différents acteurs et permet la mutualisation des
données recueillies sur tout le territoire national. Le schéma d’organisation simplifié est :
-
Le C.N.E., Comité national d’épidémiosurveillance, présidé par le Directeur Général de
l’Alimentation, est constitué entre les représentants de l’Etat, des organisations professionnelles et
de développement agricole, des représentants nationaux des opérateurs parties prenantes des
programmes de surveillance. Il définit la stratégie globale à mettre en œuvre, valide les schémas
régionaux d’organisation du réseau, ainsi que les modalités d’accès aux données nationales
concernant l’état sanitaire des végétaux et les effets non intentionnels des pratiques
phytosanitaires. Il valide les besoins financiers exprimés par les régions.
-
Le C.R.E., Comité régional d’épidémiosurveillance, est présidé par le Président de la Chambre
régionale d'agriculture, associe les acteurs de la veille sanitaire (professionnels, Chambres
départementales, instituts techniques, organismes de la distribution, groupement de défense
contre les organismes nuisibles…). Il élabore le schéma régional, anime les réseaux, établit les
conventions avec les contractants, choisit les animateurs des filières végétales de la région.
-
Une charte de l’observation biologique dans le domaine végétal précise les aspects
fonctionnels : archivage, accès aux données, besoins de formation des acteurs, documentation…
-
Un animateur-filière, interlocuteur du comité régional dans le suivi des conventions et des
partenariats, assure la responsabilité de la programmation, de la collecte et de la mise en forme
des informations. Il est « chef de file » dans la rédaction du « bulletin de santé du végétal » dans
son domaine de compétences (par exemple, animateur-filière en Productions horticoles).
-
L’engagement des parties-prenantes dans le dispositif est formalisé par des conventions
précisant l’organisation du dispositif et les obligations des partenaires (respect de protocoles
d’observation harmonisés, implémentation de la base de données). Chaque partenaire dans
chaque région s’engage par convention.
Les DRAAF-SRAL supervisent les dispositifs régionaux par des missions de contrôle de second
niveau. Dans son rôle de Commissaire du gouvernement auprès du comité régional, chaque DRAAFSRAL veille à :
- l’adéquation du dispositif aux objectifs des politiques publiques ;
- la cohérence des décisions avec celles prises par le comité régional de suivi (CROS) du plan
Ecophyto ;
- au respect des conventions et de la charte de l’observation biologique, au processus d’élaboration
du Bulletin de santé du végétal, à la qualité des observations recueillies et des messages délivrés.
Les Bulletins de Santé du Végétal
Les données épidémiologiques sont collectées et évaluées de façon collégiale entre les
acteurs (comité de rédaction), puis synthétisées par un animateur-filière, tenant compte des
stades phénologiques, des conditions météorologiques et des seuils de nuisibilité (quand ils
existent). Elles sont ensuite diffusées sous la forme d’un bulletin de santé du végétal (BSV).
Cette publication doit permettre aux producteurs, gestionnaires et prescripteurs de prendre
une décision appropriée aux principaux risques phytosanitaires. Elle donne une tendance à
l’échelle d’une zone pédoclimatique, d’un bassin de production ou d’une culture de
référence, qui fait ensuite l’objet d’une étude plus spécifique et localisée par chaque
utilisateur au sein de son exploitation, jardin ou espaces vert.
Fig. 1 : Première page d’un Bulletin de santé du végétal en zones non agricoles. Exemple de
l’édition des Pays de la Loire
Fig. 1: First page of a health report of the plant in non-agricultural areas. Example of editing
the Pays de la Loire
Les BSV décrivent l’état sanitaire des cultures
à travers une synthèse d’observations de
nature biologique (comptages, notations,
phénologie, évolution des parasites et des
auxiliaires) et agroclimatiques. Les éléments
décrits sont accompagnés d’illustrations pour
faciliter la reconnaissance et le diagnostic
visuel sur le terrain. Des graphiques et cartes
de présence représentent dans le temps et
l’espace les dynamiques observées, et celles
prévisibles, quand existent des outils
d’évaluation
du
risque
(ex.
modèles
épidémiologiques, résultats de piégeage,
suivis biologiques en laboratoire).
Les informations épidémiologiques transmises
dans les BSV sont régulières et objectives.
Elles permettent de limiter les traitements aux
parcelles réellement menacées par les
bioagresseurs (maladies, ravageurs, plantes
adventices), selon les moyens de régulation
naturels observés ou ceux mis en œuvre par
les professionnels ou jardiniers amateurs. Les
interventions
préventives
systématiques
peuvent ainsi être évitées.
Le BSV constituera l’un des piliers d’informations nécessaire et indispensable à la
prescription encadrée par la certification du Conseil à l’utilisation de produits
phytopharmaceutiques respectueuse de l’environnement et de la santé. En pratique, il est
indispensable de compléter les données phytosanitaires générales délivrées dans le BSV
avec des observations parcellaires propres à chaque situation.
Les grands principes du BSV sont :
- la mise à disposition gratuite de la publication sur les sites Internet des Directions
régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF), ainsi que sur les sites
Internet des partenaires : CRA (Chambres régionales d’agriculture), FREDON… ;
- l’absence de préconisation de traitement ;
- la mention de notes nationales à caractère réglementaire ou relevant des bonnes pratiques
phytosanitaires dans la version émise par l’administration centrale.
La surveillance phytosanitaire des zones non-agricoles
Fig. 2 : Un parc paysager présente souvent une importante diversité végétale. Photo : J.
Jullien SDQPV
Fig. 2: A landscaped park often has high plant diversity. Photo: J. Jullien SDQPV
Les zones non agricoles concernent
une grande variété de compartiments.
Pour des raisons essentiellement
organisationnelles, elles ont été
différenciées dans un premier temps
en deux sous-groupes :
- ZNA professionnelles : espaces verts
communaux, parcs et jardins suivis par
des entrepreneurs paysagistes, voies
de communication, cimetières, aires
végétalisées
dont
les
gazons,
pelouses et prairies fleuries, bois
communaux,
forêts
suburbaines,
zones aquatiques et subaquatiques,
abords de bâtiments, sites industriels ;
- jardins d’amateurs : parties ornementales, potagères et fruitières, abords de la maison.
Les cultures sont très diversifiées dans des milieux ouverts directement connectées à
l’environnement. Sur l’ensemble des ZNA, le nombre de groupes agronomiques
(bioagresseur/espèce végétale) est considérable, de l’ordre de plusieurs milliers. Aussi, pour
orienter les observateurs vers des suivis épidémiologiques prioritaires, en termes de risques
sanitaires et environnementaux, l’expression du besoin a été recentrée autour des principaux
organismes nuisibles rencontrés au sein de tous les compartiments des ZNA. Il s’agit de
ceux dont la présence peut générer des interventions de régulation, y compris les plantes
envahissantes d’origine exotique (renouée du Japon, ambroisie à feuilles d’armoise, berce
du Caucase, raisin d’Amérique, ailante, cerisier tardif…).
Deux structures ont été chargées à partir de 2010 d’élaborer des guides méthodologiques
relatifs aux sous-groupes des ZNA : Plante & Cité pour les ZNA professionnelles et la
Société Nationale d’Horticulture (SNHF) pour les jardins d’amateurs.
Ces guides de référence contiennent des protocoles harmonisés de niveau standard pour les
notations simplifiées ou approfondies pour les observations détaillées ou expertes. Ils
formalisent ainsi les observations épidémiologiques collectées par les animateurs filières,
chargés d’analyser les risques phytosanitaires en ZNA et de publier régulièrement des
bulletins de santé du végétal (BSV) dans chaque région métropolitaine et département
d’outre-mer.
Fig3 : Relevé des captures de processionnaire du pin dans un piège à phéromones
sexuelles. Photo J. Jullien SDQPV
Fig 3: Summary of catches pine processionary in a sex pheromones trap. Photo J. Jullien
SDQPV
En fin d’année, une synthèse des
informations phytosanitaires publiées
dans les BSV en ZNA constitue un
chapitre du rapport annuel en
surveillance biologique du territoire
adressé par le Gouvernement au
Parlement. Un chapitre distinct
concerne la santé des forêts.
Ces informations sont remises aux
parlementaires (députés et sénateurs)
à l’origine des textes de loi relatifs à la
surveillance biologique du territoire
dans le domaine végétal. De plus, le
Ministère chargé de l’agriculture
(DGAl) les utilise pour rédiger une note de conjoncture phytosanitaire décrivant la pression
biotique annuelle vis-à-vis des principaux organismes nuisibles aux végétaux cultivés. Les
données de cette note sont ensuite corrélées aux indicateurs d’utilisation des produits
phytopharmaceutiques en ZNA dans le cadre du plan Ecophyto.
Tableau de bord d’un protocole d’observation phytosanitaire
Quoi observer ?
Organismes nuisibles, auxiliaires, stades de développement,
symptômes, dégâts ou niveau d’attaque, facteurs de régulation
naturels
Quand observer ?
Périodes d’observation (mois de l’année, stade phénologique à
adapter selon les régions...), fréquences d’observation (à adapter selon
les saisons, la disponibilité et la technicité des observateurs)
Où observer ?
Objet à observer (plante entière, organe..), échantillonnage (à adapter
selon les méthodes harmonisées au niveau national…)
Comment observer ?
Type d’observation (visuel, piégeage, élevage…), notation en mode
présence/absence, mode opératoire, petit matériel nécessaire, type de
données à collecter et à saisir (fréquence d’attaque en % de plantes
atteintes dans une culture, gravité d’attaque en nombre moyen
d’insectes par organe infesté par un ravageur, pourcentage moyen de
surface foliaire infecté par une maladie ou taux d’enherbement pour
évaluer l’abondance d’une plante adventice dans une culture), seuil de
nuisibilité (esthétique, parasitaire, atteinte aux biens et aux
personnes…).
Enjeux de l’épidémiosurveillance des zones non agricoles
Les enjeux de surveillance biologique du territoire vis-à-vis des parasites émergents et des
organismes nuisibles réglementés, ainsi que de l'environnement et de la santé publique, sont
très importants. Même si les ZNA ne recouvrent pas les mêmes intérêts économiques que
les zones agricoles (ZA), elles sont omniprésentes sur le territoire et dans les espaces de vie
de la population. Ces milieux assurent de multiples fonctions et usages à caractère social,
patrimonial, paysager, foncier, urbanistique, touristique, économique, écologique, climatique,
ornemental, alimentaire pour l’homme et/ou les animaux, mellifère et/ou nectarifère.
En espaces verts professionnels, on mesure bien l’utilité de l’épidémiosurveillance à travers
la gestion différenciée. Ainsi, pour un même bioagresseur, la hiérarchisation des risques
phytosanitaires dépend d’une part des enjeux ou objectifs d’entretien propres à chaque zone
gérée par le paysagiste ou gestionnaire d’espaces verts (voir encadré), et d’autre part des
critères de nuisibilité directe ou indirecte des bioagresseurs (esthétique, parasitaire, atteinte
aux biens et aux personnes…). Dans un certain nombre de villes et villages (par exemple, la
ville de Laval en Mayenne), le BSV sert d’outil pour réduire progressivement l’utilisation des
produits phytopharmaceutiques (objectif « zéro pesticide »), en complément des méthodes
alternatives au désherbage chimique, notamment acquises dans le cadre de l’axe 7 du plan
Ecophyto. A cet égard, une étude sur la pertinence des suivis malherbologiques incluant les
ZNA a été conduite en 2013 par un groupe de travail issu du Comité national
d’épidémiosurveillance (CNE), piloté par Xavier Reboud (INRA de Dijon). Les conclusions de
cette étude seront présentées en session plénière du CNE le 26 septembre 2013.
Des enjeux propres à chaque zone en espaces verts
La hiérarchisation des risques phytosanitaires en espaces verts dépend des enjeux ou
objectifs d’entretien propres à chaque zone gérée par le paysagiste ou gestionnaire
d’espaces verts.
Enjeux de préservation des valeurs d’usage du patrimoine végétal
- valeur patrimoniale et paysagère, valeur foncière et urbanistique, valeur sociale, valeur
climatique (arbres d’ombrage…), valeur écologique (biodiversité).
Enjeux économiques
- esthétique et fonctionnalité des parcs, jardins et espaces verts : qualité des plans d’eau,
préservation des plantations, des gazons…
Enjeux de santé publique et de préservation des biens
- urtications et allergies aux personnes (chenilles grégaires, plantes allergisantes…), atteinte
aux biens (salissures par les miellats, la fumagine…).
Enjeux réglementaires
- organismes nuisibles de lutte obligatoire, réduction d’utilisation des produits phytosanitaires
les plus préoccupants pour les applicateurs, le public et/ou les milieux (lien entre l’axe 5 et
l’axe 7 du plan Ecophyto).
Dans les jardins d’amateurs, les plantes d’ornement, ainsi que les plantes potagères et
fruitières, constituent des hôtes potentiels pour un grand nombre d’organismes nuisibles
préoccupants, y compris pour les productions végétales professionnelles et les espaces
ruraux ou forestiers environnants. L’intensification des échanges commerciaux expose
sérieusement les jardins aux invasions biologiques (plantes envahissantes exotiques,
capricornes asiatiques, phytopte du fuchsia, mouches des fruits et légumes…). On peut
d’ailleurs constater qu’une multitude de parasites inscrits sur les listes d’alerte de l’OEPP
(organisation européenne et méditerranéenne de protection des plantes) concernent
potentiellement les parcs et jardins.
Par ailleurs, vis-à-vis du plan Ecophyto, précisons que les jardins d’amateurs représentent
environ les deux tiers de la consommation des produits phytopharmaceutiques en ZNA. Il
s’agit d’herbicides, fongicides, insecticides-acaricides et molluscicides. On mesure ainsi
l’importance des informations diffusées dans les BSV favorisant l’utilisation prioritaire des
méthodes alternatives aux traitements chimiques ou de synthèse.
Vers une meilleure couverture du territoire et une anticipation des risques
phytosanitaires
Le dispositif présenté montre un changement d’échelle dans la surveillance biologique du
territoire opérée en France. Désormais, les protocoles d’observations phytosanitaires utilisés
en régions sont harmonisés au niveau national et les données collectées sont mutualisées
entre les partenaires du réseau SBT. Les autres points forts de ce dispositif sont la
transparence et la véracité des informations recueillies, la détection et l’évaluation des
risques ou des bénéfices respectivement liées à des organismes nuisibles ou utiles aux
végétaux cultivés.
Les gestionnaires d’espaces verts et les jardiniers amateurs ont intérêt à lire régulièrement
les bulletins de santé du végétal (BSV) qui présentent une « tendance » des risques
phytosanitaires à l’échelle d’une zone biogéographique. Mais l’appropriation des informations
épidémiologiques publiées ne se fait véritablement que si chaque utilisateur peut les relier
aux caractéristiques des ZNA dont il assure l’entretien. Cette analyse, fine, exige une
surveillance en parallèle des principaux bioagresseurs et auxiliaires à l’échelle parcellaire.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Jullien J., 2012. Epidémiosurveillance des cultures : du diagnostic au résultat d’analyse dans
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Jullien J., 2011. Epidémiosurveillance des cultures ornementales. Phytoma-La santé des
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