Minute - GB - droit de vote des immigrés

Transcription

Minute - GB - droit de vote des immigrés
Minute
10 septembre 09
GILLES BOURDOULEIX RÉPOND À MINUTE
Eric Besson, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du
Développement solidaire, a relancé le débat sur le droit de vote des étrangers extra
communautaires aux élections locales, auquel Nicolas Sarkozy est lui aussi favorable. Cela fait
hurler le député-maire de Cholet (Maine-et-Loire). Entretien avec celui qui sera peut-être,
bientôt, le président du CNI, le Centre national des Indépendants…
Pourquoi vous êtes-vous opposé au droit de vote des étrangers, contrairement à Eric Besson et
Nicolas Sarkozy ?
Gilles Bourdouleix: Tout simplement parce que nous considérons au CNI que le droit de vote est un
élément fondamental del’appartenance à une nation et que, par définition, un étranger n’a pas à en
bénéficier! Par ailleurs, il y a suffisamment de moyens, si on le veut, pour acquérir la nationalité
française, et obtenir le droit de vote… J’ajoute que les plus civiques des étrangers peuvent
s’exprimer très efficacement par le biais de la vie associative.
Dans ma ville, je participe régulièrement à des réunions de quartier, qui sont de petits foyers de
démocratie locale: j’y écoute aussi bien les citoyens français que les étrangers, qui parlent souvent
dans l’intérêt de la collectivité.
Que dites-vous à ceux qui estiment que, payant des impôts en France, ils ont le droit de
prendre part aux élections – au moins locales ?
L’argument n’est pas recevable. D’abord, ils paient des impôts sur le revenu au plan national, et pas
seulement des impôts locaux. Leur raisonnement pèche en n’allant pas jusqu’au bout: logiquement,
ils ne devraient pas s’arrêter au droit de vote local! Mais surtout, dans notre pays, le droit de vote ne
s’achète pas: il n’est pas censitaire! L’indexation des droits et devoirs d‘un citoyen sur sa fortune
me semble rétrograde, injuste et déplacée. Le pauvre qui ne paie pas d’impôt devrait-il être privé de
ses droits civiques? C’est hallucinant!
Les étrangers, encore une fois, ont de nombreux moyens de se faire entendre dans notre pays, il ne
me semble pas choquant qu’ils n’aient pas en plus le droit de vote, qui est constitutionnellement lié
à la nationalité. Sinon, quelle est la spécificité du citoyen français dans son pays?
Les partisans du droit de vote pour les immigrés estiment inégal que les ressortissants
européens aient le droit de vote aux élections locales et pas les autres…
Mais cela concerne des accords passés avec les partenaires d’une structure politique commune! Les
Français ont ce droit en Allemagne, en Pologne ou en Espagne! Que je sache, les ressortissants
français n’ont pas le droit de voter aux élections locales des pays en dehors de l’U. E! Et personne
ne trouve ça injuste ou intolérable…
De manière générale, quelles sont les positions du CNI en matière d’immigration? Par
1
exemple, lorsque Jack Lang demande à Eric Besson de ne pas expulser un immigré illégal au
prétexte qu’il est père de famille…
Je ne vois pas pourquoi il faudrait faire montre d’une indulgence extrême envers des personnes qui
ne respectent pas nos lois et souhaitent gagner sur tous les tableaux. Il y a des façons régulières
d’être sur le territoire français – et Dieu sait que la France est accueillante. Même si elle doit
toujours être envisagée avec souplesse, la loi est loi… Et je pense que l’on peut se fier aux
fonctionnaires du ministère de l’Immigration, qui sont des gens sérieux et pondérés: s’ils estiment
qu’il faut expulser, c’est qu’il y a de bonnes raisons !
Une politique laxiste en matière d’immigration illégale pourrait constituer un appel d’air et, à
l’heure où l’une des préoccupations principales de l’Union européenne est de lutter contre
l’immigration clandestine, cela me semblerait cavalier à l’égard de nos partenaires.
Comment analysez-vous les problèmes de société posés par l’islam en France : la burqa et,
comme on l’a vu récemment dans certaines zones du pays, les pressions parfois violentes
exercées par des musulmans contre des « beurettes » qui souhaitent vivre « à la française » et
refusent notamment de suivre le ramadan ?
La France est un Etat laïc. En tant que membre de la commission parlementaire chargée de
travailler sur le voile intégral, je connais bien le sujet et estime qu’il faut être très ferme. A chaque
fois que nous reculerons face à l’islam radical, il avancera un nouveau pion: le voile il y a vingt ans,
les horaires séparés pour les hommes et les femmes dans les piscines il y a quelques années, la
burqa aujourd’hui, avec, pour comble, l’apparition ridicule du « burkini ».
Concernant les pressions communautaires, j’ai vu nombre de filles d’origine immigrée,
généralement étudiantes, souffrir à cause des pressions de leur famille et de leur entourage. L’islam
doit comprendre que nous avons en France des principes de liberté et d’égalité, notamment entre les
hommes et les femmes. Ses adeptes doivent accepter les fondements de notre nation. Si cela leur
déplait, ils peuvent retourner dans leur pays ou aller ailleurs, où l’on porte la burqa !
Faut-il assimiler ou intégrer les personnes d’origine immigrée ?
Je suis pour le respect des coutumes, à condition qu’elles ne remettent pas en cause les principes
républicains.
Est-ce possible, sans vider ces moeurs et coutumes de leur substance ?
Il faut que cela soit possible! C’est le travail du législateur et de la population. Autrement ce sera
invivable!
En période de crise, la France peut-elle rester « terre d’accueil et d’immigration » comme le
dit Eric Besson ou doit-elle s’inspirer de ses voisins italiens, anglais, danois, qui privilégient
leur peuple avant les étrangers ?
La régulation en matière d’immigration est indispensable, en distinguant toujours les différents
types d’immigration: on peut être plus souple envers ceux qui sont en danger de mort dans leur
pays, par exemple. Mais ils sont plus que minoritaires. Je serais également assez favorable au fait de
faciliter les démarches pour les couples français souhaitant adopter des enfants issus de pays
étrangers. Mais quand il s’agit d’une immigration économique, il faut réguler en fonction de la
situation du pays d’accueil et de ses besoins! Par ailleurs, je ne pense pas qu’une famille africaine
se sente mieux dans un trois pièces en banlieue que dans son village !
En ce qui concerne les pays en difficulté, il est important de faire disparaître les motifs
d’émigration, notamment en menant des actions de micro-développement sur le terrain, en
2
maîtrisant l’intégralité du budget et en aidant, comme le disait le général De Gaulle en 1969, ces
pays du tiers monde à devenir des partenaires, et pas des assistés!
Comment se fait-il que le CNI n’ait pas rejoint le Comité de liaison de la majorité
présidentielle ?
[Il rit] Il n’y a visiblement ni intégration ni assimilation pour le CNI! Nous sommes les parias de la
majorité…
N’est-ce pas lié à la faiblesse révélée par le CNI aux européennes ?
Il faut relativiser les choses! D’abord, les scrutins de listes ne sont pas favorables à de petits
mouvements comme le nôtre. Et quels scores ont fait les groupuscules d’Eric Besson ou de JeanMarie Bockel, ou encore celui de Christine Boutin? Or, ils ne sont pas exclus par l’UMP! Nous
avons deux députés, trois sénateurs, de nombreux élus locaux… Le CNI représente donc un intérêt
pour la majorité, surtout pour les élections au scrutin uninominal. Je pense que nous payons surtout
le prix d’une certaine liberté de ton.
On parle beaucoup de vous pour succéder à Annick du Roscoät à la présidence du CNI lors
du prochain congrès, le 24 octobre…
Tout dépend de la position d’Annick du Roscoät, qui est une amie et en qui j’ai toute confiance: elle
se prononcera dans les jours à venir à ce sujet. Si elle se présente, je la soutiendrai
inconditionnellement; sinon, il va sans dire que cela m’intéresse, oui!
3