Entre 1870 et 1913, la proportion de la production industrielle

Transcription

Entre 1870 et 1913, la proportion de la production industrielle
p.64
1. Quelle raison explique la montée, à la fin du XIXe siècle,
de la puissance économique DES É-U?
Industrialisation rapide et massive
2.
Les États-Unis deviennent impérialistes à la fin du dix-neuvième siècle et au début du suivant, au moment où leur production
industrielle est en pleine expansion. C’est en 1898 que les États-Unis sont véritablement perçus comme une puissance
mondiale, à la suite de leur victoire contre l’Espagne sur l’île de Cuba. La seconde étape de ce processus se déroule en 1903
lorsque les États-Unis prennent le contrôle du Canal de PANAMA. Ce faisant, les communications maritimes entre
l’Atlantique et le Pacifique se trouvent facilitées.
1920-1939 LA PROSPÉRITÉ AMÉRICAINE ET LA CRISE p.70
Questions ponctuelles
1. Quel point tournant économique marque la Première Guerre mondiale pour les États-Unis. Les États-Unis deviennent
rapidement les débiteurs de certains pays de l’Europe occidentale, particulièrement la Grande-Bretagne et la France. Ces prêts
servent à financer l’effort de guerre. Par la suite, après 1923, ils contribuent à la reconstruction et à la revitalisation de ces pays.
2. Au cours des années 1920, à quel phénomène se trouve liée l’économie capitaliste mondiale? L’économie mondiale est liée
aux phénomènes (fluctuations) internes de l’économie américaine.
3. En quoi consiste la loi de l’offre et de la demande?
La demande d’un bien est « fonction du prix », c’est-à-dire que le prix est le principal déterminant de la
demande. Si le prix est élevé, les quantités demandées vont être faibles car les demandeurs seront rebutés par
les prix prohibitifs. Au contraire, si le prix est bas, les quantités demandées seront importantes.
4.
Quel Américain est le penseur de la rationalisation et de la production industrielle?
Frederick Taylor
5.
Que permettent de réaliser la rationalisation et la standardisation des entreprises?
Économies baissent des coûts de production et augmentent la production et le salaire des ouvriers
6.
Que veut dire spéculer à la Bourse? la spéculation consiste à prendre aujourd'hui des décisions économiques sur la
base d'un état économique futur et hypothétique. C'est un pari monétaire portant sur l'évolution future du prix de
biens économiques.
7.
Où débute la crise économique de 1929? Bourse de New-York Wall street
8.
Quels sont les phénomènes typiques de la crise économique qui débute en 1929, et qui s’observent partout dans le monde
capitaliste? Crise du crédit, surévaluation de titres boursiers, faillites privées qui entraînent les faillites des banques
9.
Quel président américain met en place un nouveau contrat social nommé le New Deal? Roosevelt
1
Questions de synthèse p. 71
Questions d’examen
1.
Qu’est-ce que la politique du laisser-faire? Qu’est-ce que le New Deal? En quoi ces deux conceptions politiques capitalistes se
ressemblent-elles? En quoi s’opposent-elles?
2. À votre avis, pourquoi peut-on dire que Roosevelt a peut-être sauvé la démocratie aux États-Unis? Commentez brièvement.
Une très forte expansion économique p.72
1.
Qu’est-ce qui provoque la première vague de consommation de masse aux États-Unis à laquelle on assiste entre 1922 et 1929?
Hausse générale du niveau de la vie
2.
Quel est le nom que l’on donne à la pratique nouvelle qui consiste à « acheter maintenant et payer plus tard »? Vente à crédit
3.
Comment peut-on qualifier et quantifier la progression industrielle américaine entre 1923 et 1929?
Qualitatif : progression phénoménale Quantitatif : 64%
4.
Dans quels secteurs cela se manifeste-t-il particulièrement? Pétrole 156% produit chimique 95% acier 70%
5.
Parmi les biens de consommation aux États-Unis, un symbole se dégage. Quel est-il? Auto
2
La standardisation ou le taylorisme p.72
La rationalisation de la production industrielle américaine est le fruit d’un système élaboré de subdivision des tâches et de standardisation des
produits dont le concepteur est Frederick Taylor, d’où le nom de taylorisme que l’on associe à ces techniques. Cette façon de procéder
résulte d’analyses détaillées des différents gestes posés par les ouvriers de chaque type d’entreprises Chacun des travailleurs se voit
ensuite donner une tâche fixe ce qui permet une grande économie de gestes à poser individuellement et ainsi gagner beaucoup de temps
globalement. C’est la mise en application systématisée de ce mode de fonctionnement qui explique, dans plusieurs domaines, l’explosion de
la production américaine.
La production standardisée 73
1.
Qu’est-ce qui va de pair avec le taylorisme? standardisation
2.
Quel est le principe de base de la standardisation? Uniformisation, réduction du nombre de modèles offerts afin de diminuer les coûts de
production
3.
Qu’est-ce que cela permet à l’entreprise de faire? L’entreprise peut produire en série
4.
Par quel moyen fait-on en sorte de satisfaire les acheteurs? On fait de la publicité
5.
Quels bénéfices tirent les entreprises et leurs ouvriers de la rationalisation et de la standardisation ?
Augmentation de la production et le salaire des ouvriers augmente
Le laisser-faire économique et les Années folles 73
Au cours de la décennie 1920, il ne fait pas de doute que la philosophie américaine de gestion de l’économie est basée sur le libéralisme
Selon cette doctrine, l’État intervient le moins possible dans l’économie, sauf pour créer les infrastructures nécessaires à la prise en charge
efficace des affaires par les entreprises. Aussi, l’État fait ce qu’il faut, c’est-à-dire casser les grèves de travailleurs au besoin ou faire de la
propagande idéologique positive, pour que l’ambiance sociale générale soit propice au travail et à la gestion profitable des entreprises. Cette
période est reconnue comme celle du laisser-faire où le capitalisme n’est à peu près pas encadré aux États-Unis. Par ailleurs, les années
d’après-guerre et de prospérité sont reconnues pour l’insouciance dont la population américaine fait preuve. On les identifie comme les
Années folles et on croit que la prospérité est là pour rester.
Les signes précurseurs de la crise économique P.74
Vrai ou faux?
a)
La frugalité caractérise l’American Way of life Faux
b)
C’est le crédit qui caractérise ce mode de vie. vrai
c)
En 1925, les États-Unis consomment peu de sucre Faux
d)
L’automobile devient symbole de succès pour l’Américain moyen. vrai
e)
L’utilisation d’appareils domestiques se généralise. vrai
f)
Tous les Américains profitent également de la prospérité. Faux
g)
Le style de vie américain typique, pour être harmonieux, exige des hausses continues année après année, de la production. vrai
h)
La publicité n’a que peu à voir avec ce style de vie. Faux
i)
La publicité génère souvent de faux besoins. vrai
3
Les signes précurseurs de la crise économique P.74
1.
Quel secteur important de l’économie américaine est en crise permanente dans les onze années qui suivent la Première Guerre
mondiale? Secteur agricole
2.
Comment pallie-t-on aux États-Unis la légère baisse de l’activité économique, deux ans avant la crise de 1929? Facilité d’accès au crédit
3.
Normalement, sur quoi doit-on baser l’évaluation des titres boursiers d’une entreprise industrielle? Sa production et sa rentabilité
4.
Que font bon nombre de petits spéculateurs boursiers à l’aube de la crise économique de 1929? Ils empruntent pour acheter des
titres boursiers
5.
Que font les banques envers ces spéculateurs? Elles accordent du crédit
Les causes du krach et de la crise P.74
Stimulée par la publicité et le crédit, la production industrielle américaine s’accroît continuellement depuis 1922, tout comme la demande de
biens de consommation. En 1927, la reconstruction de son Territoire étant terminée, l’Europe diminue sensiblement ses importations en
provenance des États-Unis. Tout cela fait en sorte qu’à partir de ce moment, il y a un phénomène de surproduction industrielle aux États-Unis.
Aussi, beaucoup de banques ont prêté de l’argent à de nombreux spéculateurs boursiers. Nombre d’entre eux, devant la dégringolade des
actions boursières, ne peuvent rembourser leurs emprunts, ce qui les accule souvent à la faillite générale, depuis quelques années, des titres
boursiers dont les valeurs relatives sont trop élevées par rapport aux augmentations de la production industrielle américaine qui sont moindre et
sur lesquelles elles sont censées être basées.
La débandade boursière et ses conséquences p.75
1.
Lors de la crise économique américaine de 1929-1932, qu’est-ce qui aggrave la surproduction industrielle?
Le déséquilibre financier engendré par le crédit que les banques ont accordé
2.
Aux États-Unis, quel phénomène migratoire est causé, à partir de 1930, par l’éclatement de la crise agricole?
Exode massif des agriculteurs vers les villes
3.
Quel en est l’effet sur le nombre de chômeurs des villes? Augmentation du nombre de chômeurs
4.
À quelles lois économiques correspond la stratégie de jeter d’importantes quantités de denrées alimentaires pour tenter de faire remonter
les prix? Lois de l’offre et de la demande
5.
Quels phénomènes sociaux accompagnent la misère urbaine américaine au début des années 1930? Mendicité et prostitution
D- L’EXTENSION DE LA CRISE ÉCONOMIQUE À L’ENSEMBLE DU MONDE CAPITALISTE p.75
Tout comme à New York, mais de façon tout de même moins marquée, les indices boursiers d’à peu près partout dans le monde subissent à la
fin de 1929 d’importantes baisses. Comme aux États-Unis, on y note la baisse des achats et des prix, provoquant d’importantes hausses du
nombre des chômeurs. Seule l’URSS parmi les pays importants, échappe à la crise, car elle vit en quasi-autarcie. La crise économique
mondiale perdure parce qu’il n’y a pas de concertation efficace pour trouver une stratégie commune. Les États-Unis sont perçus comme les
principaux responsables de cet état de fait. D’abord, ce pays cesse, peu après le déclenchement de la crise, de prêter des capitaux à l’étranger.
Ensuite, il gèle, puis dégèle les remboursements monétaires des pays étrangers en 1931 et en 1932. La crise s’accentue et ne se résorbe pas
rapidement, car les efforts des principaux pays impliqués pour combattre sont très souvent incohérents Par exemple, on dévalue presque
partout la monnaie du pays pour faciliter les exportations ce qui réduit sensiblement l’effet de ces mesures puisqu’elles s’annulent. Enfin, c’est
par de l’interventionnisme interne que les différentes économies vont peu à peu se sortir du marasme.
4
La faillite du libéralisme pur p.76
1.
Au début de la crise économique, comment le président américain Hoover croit-il qu’elle se règlera? En laissant-faire
2.
À la fin de son mandat, que doit-il faire, qui est contraire aux idéaux du libéralisme économique pur qu’il défend depuis longtemps? Faire
marche arrière et mettre de l’avant un vaste programme de travaux publics
Le New Deal de Roosevelt p.76
1.
Qu’est-ce que le New Deal? Intervention de l’État dans les domaines clés de l’économie américaines afin d’orienter le développement
2.
Quelles catégories de citoyens les politiques interventionnistes de Roosevelt cherchent-elles à protéger? Les moins puissants
3.
Qu’est-ce que les agriculteurs reçoivent du New Deal? Subventions gouvernementales
4.
En quoi peut-on dire le New Deal est une politique environnementaliste?
Le New deal favorise la conservation des richesses naturelles comme l’énergie hydroélectrique, les sols et les forêts.
La popularité du New Deal p.76
Vrai ou faux?
a)
La population américaine rejette massivement le New Deal? Faux
b) Les patrons dénoncent le New Deal comme étant du socialisme vrai
c)
Le New Deal est centralisateur. vrai
La théorie économique de Keynes p.76
1.
Selon Keynes, comment doit-on combattre le chômage? Le chômage doit être combattu par une demande accrue de biens de
consommation obtenue par une grande circulation monétaire et des investissements étatiques importants qui luttent contre l’accumulation
passive du capital monétaire et l’aide gouvernementale aux entreprises les plus dynamiques.
2.
Quels principes de base du capitalisme sont intégrés dans la théorie économique de Keynes? La propriété privée et la recherche de profits
SYNTHÈSE p.77
Expliquer, dans un premier temps, quels phénomènes précipitent les États-Unis dans une crise économique profonde et dans un deuxième
temps, pourquoi le reste du monde capitaliste est aspiré dans le même tourbillon problématique.
RÉSUMÉ p.77
5
1.
La grande puissance économique du monde après 1918 : États-Unis
2.
Aux États-Unis, la période 1920-1929 en est une de : Prospérité
3.
Les caractéristiques de l’expansion économique américaine des années 1920-1929 :
4.
Pratique industrielle nouvelle qui explique l’explosion de la production industrielle américaine : Taylorisme
5.
Le nom de son concepteur : Frédérick Taylor
6.
Les principales conséquences pour les ouvriers et les entreprises : meilleure production, meilleurs salaires
7.
La doctrine de base du capitalisme : La propriété privée et la recherche de profits
8.
L’appellation donnée à cette politique économique au cours des années 1920 aux États-Unis : laisser-faire
9.
Surnom ou identification des années 1920 aux États-Unis : Les années folles
10.
Style de vie américain typique : American way of life
11.
Les deux principales causes de la crise économique de 1929 : Surproduction et crédit
12.
Secteur économique américain en crise structurelle permanente depuis 1918 : secteur agricole
13.
L’élément déclencheur de la crise économique amorcée en octobre 1929 : spéculation boursière sur marge de crédit
14. Les phénomènes économiques accompagnateurs de la crise économique aux États-Unis surproduction, faillites industrielle et bancaire et
chômage
15.
Conséquences de la crise américaine sur les économies du monde entier : baisse des exportations
16.
Le principal réflexe économique des pays impliqués : dévaluations monétaires
17.
Président américain élu en 1932 et son programme économique : Roosevelt et New Deal
18.
Économiste anglais important : John Keynes
Question supplémentaires
C. Compléter par un mot, une expression ou une phrase :
1. Nom du plan d’aide extérieure proposé par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale? Plan Marshall
2. Qui peut recevoir la plainte d’un particulier ou d’un groupe contre le gouvernement fédéral? Le vice président
3. Qui peut remplacer le Président en cas de destitution? Le vice-président
4. Lorsqu’un gangster est interrogé par la justice, quel Amendement invoque-t-il, le plus souvent, pour ne pas répondre aux questions? Le 5e amendement
5. Aurait-il été possible que Nixon fasse censurer le Washington Post lorsque ce dernier a commencé à dévoiler l’affaire du Watergate? Pourquoi?
Non, à cause de la liberté de la presse est garantie dans le 1er amendement
6
7. En supposant que les élections présidentielles aient lieu uniquement dans ces quatre États, lequel des candidats serait élu? (les chiffres donnés sont fictifs)
État de
Population totale
en millier
Grands Électeurs
6.
Voix exprimées en milliers
New York
19 680
43
Démocrate
9 432
Républicain
4 320
Socialiste
247
Californie
18 240
40
4 127
7 105
138
Nevada
480
3
52
103
47
Columbia
480
3
101
211
137
Candidats élus : républicains
D. Schéma à compléter : Les institutions des États-Unis
Compléter tous les espaces (15) indiqués par des pointillés. Questions 36 à 50.
ÉTATS-UNIS : RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE FÉDÉRATIVE
7
E. Choix multiples : p.83
Encercler la lettre correspondante
« Les citoyens des États-Unis nourrissent les sentiments les plus vifs en faveur de la liberté et du bonheur de leurs semblables
d’outre-Atlantique. Nous ne sommes jamais intervenus dans les conflits entre les nations européennes lorsqu’il s’agissait d’affaires
les concernant, et il n’est pas dans nos intentions de le faire. Ce n’est que si nos droits étaient mis en question et sérieusement
menacés, que nous serions irrités et que nous envisagerions de nous défendre »
Président Monroe, Message sur l’état de l’Union, 1823.
1) Ce texte, véritable pivot pendant très longtemps de la politique extérieure, signifiait : (une proposition fausse, laquelle ?)
a) Le désir des Américains de s’isoler
b) Le souci d’éviter que les troubles de l’Europe aient des répercussions sur les intérêts américains
c) La non-intervention dans les affaires intérieures de l'État
d) L’attachement des Américains à la liberté
e) L’intention de défendre la liberté partout où elle serait menacée
2) Cette célèbre « doctrine Monroe » explique (une proposition fausse, laquelle ?)
a) La non-reconnaissance de l’Allemagne de l’Est
b) L’entrée tardive des États-Unis dans la Première Guerre mondiale
c) La coexistence pacifique
d) Le retrait des troupes américaines du Viêt-Nam
e) La déclaration de guerre au Japon en 1941
3) Le plan Marshall, proposé en 1947, était
a) Un plan d’aide financière aux pays européens
b) La création d’une force militaire occidentale
c) Un plan d’échange de techniciens
d) Un plan de mise en valeur du Moyen-Orient
e) L’organisation du Traité de l’Asie du Sud-est
4) La présidence de Nixon se caractérise par (une proposition fausse, laquelle ?)
a) La reconnaissance de la Chine communisme
b) Une augmentation de confiance dans le pouvoir exécutif
c) Le retrait des troupes américaines du Viêt-Nam
d) La reprise des pourparlers avec l’URSS pour limiter les armements nucléaires
e) La signature de traités entre Israël et les pays arabes
8
5)
Parmi les propositions suivantes, laquelle est inexacte ?
a) J.F. Kennedy a lancé aux États-Unis, la course à l’espace
b) La Constitution américaine est la plus ancienne Constitution écrite du monde
c) Les possibilités agricoles sont très grandes
d) La religion des colons n’a pas influé sur la mise en valeur du pays
E.)la politique extérieure des États-Unis est influencée par des motifs économiques
G. Chronologies : Questions supplémentaire
Remettre les événements dans l’ordre chronologique en inscrivant 1 ou 2.
1.
(2)
(1)
Début de l’escalade au Viêt-Nam
Début de la coexistence pacifique
2.
(1)
(2)
La crise économique débute par un Krach à Wall Street
Les États-Unis détiennent plus de la moitié du stock d’or mondial
3.
(1)
(2)
Le «New Deal» inaugure le dirigisme économique
La « Nouvelle Frontière » fait appel au sacrifice
4.
(2)
(1)
Le général Marshall propose d’aider les pays européens
Monroe présente sa doctrine
5.
(1)
(2)
Le Président Andrew Johnson est menacé d’impeachment
Le Président Lyndon Johnson succède à J.F. Kennedy
H. Associations : p.83
Associer le personnage à sa déclaration. Ils ont dit :
1.
2.
3.
4.
5.
Malcom X
Richard Nixon
F.D. Roosevelt
J.F. Kennedy
Martin Luther King
1.
(4)
« La Nouvelle Frontière dont je parle n’est pas une série de promesses, c’est une série de problèmes. Elle
résume non point ce que j’ai l’intention d’offrir au peuple américain, mais ce que j’ai l’intention de lui demander. »
2.
(1)
« La révolution renverse les systèmes et il n’est pas sur cette terre, de système qui se soit montré plus corrompu,
plus criminel que celui qui, en 1964, tient encore colonisés et réduits en esclavage vingt-millions d’Afro-américains. »
3.
(2)
« À travers la longue et difficile période de Watergate, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de persévérer, de faire
tous les efforts possibles pour mener à terme le mandat pour lequel vous m’avez élu. »
4.
(3)
« De toute crise, de tout malheur, de tout désastre, l’humanité tire une meilleure connaissance, une plus grande
bienséance, un but plus pur … les profits de la spéculation, les gains sans effort nous ont fait perdre de vue certains idéaux. »
9
LES ÉTATS-UNIS
1989-2001
Avec la disparition de l’URSS, la guerre froide est bien sûr
définitivement terminée et les États-Unis deviennent la seule
superpuissance. On voit ainsi la très grande majorité des pays
favoriser le type d’économie dont ils sont le symbole.
La domination des États-Unis ne s’arrête pas là. Ils sont en effet les
seuls à avoir la capacité d’agir comme gendarme lorsque la situation
politique internationale l’exige, et ce, n’importe où dans le monde.
Ils se réservent aussi le droit d’intervenir militairement lorsque leurs
propres intérêts sont en jeu.
Ce rôle militaire mondial des Américains est perçu au plan
international comme nécessaire par à peu près toutes les nations,
même par celles qui s’en plaignent. Cela ne peut toutefois pas
régler tous les problèmes. En effet, les interventions militaires ne
peuvent lutter efficacement contre le trafic de drogue, la pollution et
les différentes mafias internationales.
Avec la disparition de la menace communiste, le peuple américain a
tendance à retrouver ses vieux réflexes comme celui de refuser, à
moins que ses intérêts soient directement menacés, de gaspiller des
vies américaines dans des guerres éloignées. C’est pourquoi la
politique extérieure américaine des années 1990 insiste sur le
« partage du fardeau » avec ses alliés et partenaires. En somme,
les États-Unis veulent bien jouer leur rôle de leader mondial, mais à
condition que les coûts et les efforts soient partager.
100 milliards de dollars à plus de 260 milliards. Pendant la même
période, le Canada voit ses exportations vers le reste du monde
passer de 35 à 50 milliards de dollars. S’il y a un pays qui tire profit
de la grande puissance économique que sont les États-Unis, c’est le
Canada.
LA GÉO-POLITIQUE DU G-7
Depuis le milieu des années 1970, les dirigeants politiques des sept
pays les plus industrialisés du monde, tous des démocraties, se
rencontrent annuellement lors d’un « sommet ». Ces pays sont les
États-Unis, le Japon, L’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne,
l’Italie et le Canada. Au cours de la seconde moitié des années
1990, le président de l’Union européenne est associé à ces
rencontres. À partir de 1994, la Russie participe aux réunions
politiques de chacun des sommets. En 1997, la participation de la
Russie devient officielle et pour les questions politiques seulement,
le G-7 devient le G-8. Les sommets du G-7 ont pour but de faciliter
les échanges entre les dirigeants des pays membres, d’étudier les
problèmes politiques et économiques et d’y trouver des solutions.
Ces sommets sont la partie visible et médiatisée d’un large
processus de consultation entre les pays.
L’ALÉNA
Le 1er janvier 1989, un accord de libre-échange progressif entre en
vigueur entre le Canada et les États-Unis. Cette entente prévoit
l’élimination graduelle des barrières tarifaires entre les deux pays
sur une période de dix ans. Depuis le 1er janvier 1999, tous les
produits circulent librement entre les deux pays. En janvier 1994, le
même accord s’est étendu au Mexique, ce qui complète l’Accord de
libre-échange nord-américain.
Un tribunal bilatéral d’arbitrage règle les désaccords entre le
Canada et les États-Unis. Il est composé de cinq membres, deux
Américains, deux Canadiens et d’un cinquième membre choisi par
les quatre premiers. C’est un avantage majeur pour le Canada dont
les surplus commerciaux avec les États-Unis sont énormes et dont
la taille économique est douze fois moindre que celle de son
puissant voisin du Sud. Le Mexique n’a pas droit è un tel tribunal.
Brian Mulroney et Ronald Reagan, les deux signataires du traité de libre-échange, entre le
Canada et les États-Unis Ronald Reagan, (1911- ). Acteur américain, politicien et 40e président
des États-Unis (1981-1989) après la défaite de Jimmy Carter. Reagan est célèbre par sa lutte
aux contrôleurs aériens en grève qu’il menaça de congédiement. Son programme économique
de lutte aux dépenses fut surnommé « Reaganomics ». En 1988, l’accord Reagan-Gorbatchev
limita les armes nucléaires en Europe. Brian Martin Mulroney (1939- ). Premier ministre du
Canada (1984-1993) et chef du parti progressiste conservateur (1982), né au Québec, Mulroney
est licencié en droit de l’Université de Laval (1963). E En 1988, il signa un Accord de libreéchange nord-américain (États-Unis Canada), appelé ALÉNA dont le but était de réduire des
barrières douanières. Sa politique de lutte au déficit fut impopulaire
Entre 1989 et 1998, les explorations canadiennes en direction des
États-Unis augmentent de plus de 150%, passant d’un peu plus de
10
QUESTIONS PONCTUELLES
A
L’ALÉNA
Le texte ci-dessous porte sur l’accord de libre-échange nord-américain. Placer les mots de l’encadré dans les espaces libres appropriées.
Canadiennes; décennie; économiques; États-Unis; Mexique; monde; progressive; libre-échange; importe.
Négocié en 1988, l’accord de
1989. Il s’agit d’une entente économique
, de l’ensemble des tarifs
entre les deux pays depuis le début de l’an 1999. Depuis 1994, le
ce qui rend celui-ci véritablement nord-américain.
entre le Canada et les États-Unis, entre en vigueur le 1er janvier
qui prévoit l’élimination, sur une période d’une
et les biens de consommation circulent donc librement
est partie intégrante de cet accord,
En cas de désaccord entre le Canada et les États-Unis, un tribunal d’arbitrage équitable règle les conflits. Le Mexique n’a pas droit à ce privilège
canadien. En effet, le Canada a une économie qui est douze fois inférieure à celle des
et il exporte vers
le Sud bien davantage qu’il
. Ainsi, entre 1989 et 1999, les ventes
aux
Américains progressent de plus 150%; vers le reste du
, la progression est de moins de 43%. Alors qu’elles
étaient déjà bien inférieures au départ (en1989). Le Canada est probablement le plus grand bénéficiaire de la puissance économique des ÉtatsUnis.
B
LA GÉOPOLITIQUE DU G-7
1.
Quels sont les pays qui font partie du G-7?
2.
Qu’est-ce que ces pays ont en commun?
3.
Qu’est-ce que le G-8?
4.
Pourquoi le G-7 se réunit une fois l’an au cours d’un sommet annuel?
5.
Quels sont les organismes qui collaborent étroitement aux travaux du G-7?
6.
Donner une raison qui fait en sorte que ces sept pays sont les plus riches et puissants du monde
11
SYNTHÈSE
Quel est le bilan que l’on peut faire de l’évolution économique du monde au cours des années 1990?
1990, LA GUERRE DU GOLFE lire dans le précis d’Histoire p. 12
Les étapes vers la guerre :
2 août 1990 : Irak envahi le Koweït. Conseil de sécurité exige le retrait immédiat des troupes irakiennes.
6 août : Conseil de sécurité décrète embargo économique. Les É.-U. renforcent leur présence dans la région.
3-4-10 août : Canada annonce sa participation. Hussein appelle à la guerre sainte. 16 août : arrestation des Occidentaux et Japonais.
25 août : renforcement du blocus.
9 septembre : G. Bush et M. Gorbatchev se rencontrent et exigent que l’Irak se retire du Koweït.
25 octobre : Le Canada est prêt à déployer ses troupes sans l’accord de l’ONU.
29 novembre : Ultimatum du 15 janvier 1991.
6 décembre : les otages sont libérés.
23 décembre : tension monte.
9 janvier : dernière rencontre entre Bagdad et Washington D.C. Le 16 janvier 1991, la guerre est déclenchée. Les Américains et la force
multinationale attaquent Bagdad. L’Irak se rend et signe un traité de paix le 28 février 1991.
Le Koweït a toujours refusé de louer ces îles à Bagdad et c’est un des éléments qui explique l’invasion irakienne.
Conséquences p. 15
Les É-U sont les grands gagnants.
L’Irak doit retourner dans ses frontières et le pays est de plus en plus isolé politiquement.
L’Irak est pris avec l’embargo jusqu’en 2003.
Au Koweït, Amnistie internationale a dénoncé les arrestations, les tortures à l’égard des citoyens qui auraient collaboré. Retour de l’ancien
gouvernement.
Les impacts environnementaux sont gigantesques selon Greenpeace.
12
Causes :
Respect du droit international, préserver les droits et libertés, mais surtout le pétrole.
L’Irak est endetté. Le pays doit de l’argent au Koweït et aux Occidentaux.
Les frontières sont contestées.
Prix du pétrole : Les Américains veulent que le prix baisse alors que les Irakiens veulent que le prix monte.
Cause immédiate : Le refus du Koweït de s’en tenir à son quota fixé le 10 juillet 1990 par l’OPEP. La chute de prix coûtait à l’Irak 14 milliards de
dollars par an.
En envahissant le Koweït, l’Irak contrôlerait une partie de la production mondiale du pétrole.
À la suite de la guerre contre l’Iran, l’Irak a dû abandonner la rive orientale du Chatt el Arab (fleuve)
L’Irak a creusé un canal navigable. Mais ce chenal
arrive devant deux îles appartenant au Koweït.
La pollution engendrée par plus de 500 puits de
pétrole en feu au Koweït s’est répandue
jusqu’en Éthiopie et en Inde. Les incendies ont
envoyé des tonnes de particules de pétrole
dans l’atmosphère
Saddam Hussein
Président de l’Irak depuis 1971.
Né en 1937, Sadam Hussein, dictateur iraquien, aspire à
faire de l’Irak la plus grande puissance du monde arabe.
Le 2 août 1990, Hussein lança une invasion surprise au
Koweït. Condamnée par les Nations unies, cette
invasion donna lieu à une attaque des États-Unis et de
l’ONU pour protéger l’Arabie Saoudite ; le 16 janvier
1991 (opération Tempête du désert) » Hussein riposta
par l’envoi de missiles sur Israël et l’Arabie Saoudite. En
février 1991, Hussein dut signer la paix.
13
NOM :
GROUPE :
Module 1 – Guerre du Golfe
Lieu :
Date :
Événement déclencheur :
Personnages :
Pays impliqués :
Causes invasion du Koweït
Causes de l’intervention de la force
multinationale :
Conséquences :
Étapes importantes :
(ordre chronologique)
Forces en présence :
Banque d’éléments :
Attaque le 16 janvier 1991 / Moyen-Orient / Coalition / Coalition de 30 pays menée par É-U / Port
Dunkar et îles du Koweït / Irak, isolé et embargo / Bush – Hussein / Condamnation communauté
internationale / 2 août 17y990 au 28 février 1991 / Pollution / 580 000 Irakiens / Respect du droit
international / Non-respect quota OPEP / Élargissement du fossé qui sépare Occidentaux et Musulmans
/ Conseil de sécurité impose embargo économique / Endettement / Armée irakienne attaque Koweït /
É.-U., superpuissance mondiale / Frontières contestées / Défendre Israël / Irak-Koweït-É.U. / otages
occidentaux / Koweït, retour de l’ancien régime / Protéger approvisionnement pétrole / Ultimatum 15
janvier 1991 / Débouché direct sur golfe Persique / Renforcement des effectifs militaires /
Participation du Canada / Contrôle de réserves de pétroles.
14
L’après 11 septembre 2001
Octobre 2001
Guerre totale contre un péril diffus
États-Unis, excès de puissance
Un bilan terrible. Environ 7 000 morts et disparus. Le plus sanglant attentat terroriste de l’histoire,
la plus furieuse frappe contre le territoire des États-Unis depuis la naissance de ce pays.
Pourtant, l’émotion immense que suscite cette abjecte attaque ne peut dissimuler les légitimes
interrogations que suscite la riposte en cours. L’actuel péril terroriste, très diffus, requiert un
combat patient, quotidien, mais nécessite-t-il une guerre ? Et menée contre qui ? Contre les
anciens « combattants de la liberté » afghans et M. Oussama Ben Laden, formés aux meilleures
écoles de la CIA? Contre les talibans que les États-Unis et leurs alliés pakistanais ont installés au
pouvoir ? Contre l’Irak, déjà exsangue après onze années d’embargo ? Contre le monde
musulman ou contre l’islam, désigné par certains comme le nouvel adversaire ? En 1989, avec
l’effondrement du mur de Berlin, s’ouvrait une possibilité de rebâtir un ordre international plus
juste. La volonté des États unis de le forger de manière solitaire, d’en définir seuls les contours et
les règles, les excès mêmes de leur puissance ont contribué à rendre le monde actuel plus
dangereux. Une décennie plus tard, assisterons-nous à la répétition du même scénario ?
Par Steven C. Clemons
« Dieu a permis aux ennemis de l’Amérique de nous infliger ce que nous méritons probablement.
» Ainsi ont réagi, devant les attentats du 11 septembre aux États-Unis, deux « télévangélistes »
influents, MM. Jerry Falwell et Pat Robertson (1), alliés décisifs du président George W. Bush lors
de sa victoire électorale. M. Falwell a ajouté : « Ce sont les païens, les avorteurs, les féministes,
les gays, les lesbiennes et l’ACLU (2) qui, en tentant de séculariser l’Amérique, ont favorisé cet
événement ! Je le leur dis en les montrant du doigt ! » Une telle réaction montre que le fanatisme
n’est le monopole d’aucune religion. Mais cela n’entache pas le consensus : la plupart des
Américains exigeaient une vengeance rapide contre les responsables de l’attaque terroriste.
Rares sont ceux qui tentaient d’en comprendre les causes.
Comment la plus grave agression perpétrée sur le territoire américain depuis 1812 a-t-elle pu se
produire ? Sans doute le triomphalisme américain de l’après-guerre froide y est-il pour beaucoup.
L’Amérique n’a pas compris la véritable nature des nouveaux rapports internationaux, ni le
décalage radical entre sa vision satisfaite d’elle-même et le regard porté sur elle par les autres
nations et peuples du monde. Elle ne s’est pas ajustée aux réalités de l’après-guerre froide :
plutôt que de démanteler, après la disparition de l’Union soviétique, une superstructure impériale
très coûteuse et finalement inefficace, elle a tenté de conserver et de consolider sa primauté.
Les attentats du 11 septembre, à cet égard, ne constituent pas une anomalie, mais reflètent la
tension des changements affectant le système mondial et l’incapacité de Washington à intégrer
les réalités politiques et institutionnelles de la nouvelle ère. La rivalité américano-soviétique a été,
longtemps, confortable pour les élites politiques et militaires américaines. Ses paramètres étaient
clairs, et les comportements prévisibles. Les États-Unis ont pensé se sécuriser en se procurant
des armes et des systèmes de renseignements de plus en plus sophistiqués et coûteux.
Des moyens de terreur efficaces
Cette politique a été poursuivie par le Pentagone au cours de l’après-guerre froide, comme on l’a
constaté et comme on le constate encore dans son projet de militariser l’espace contre un ennemi
pour l’heure inexistant. Pendant des années, des généraux et des dirigeants politiques dociles ont
menti sur la nature des menaces pour justifier le maintien des structures militaires, le système
d’organisation, les dépenses d’armement et les bases étrangères issues de la guerre froide. On
s’aperçoit désormais que la nouvelle course aux armements dans l’espace et le projet de défense
antibalistique ne correspondent pas aux véritables besoins de sécurité du pays.
Depuis des années, toutes les analyses sérieuses des risques ont souligné la menace accrue
d’attentats terroristes sur le sol américain. Par exemple, le rapport de la commission HartRudman, publié en 1999, notait : « Il ne sera plus nécessaire à de petits Etats ou à des groupes
d’individus, qu’il s’agisse d’organisations mafieuses ou de terroristes, d’investir lourdement dans
la science ou l’industrie pour s’emparer de technologies très dangereuses (...). Des Américains
mourront probablement sur leur propre territoire, peut-être en grand nombre (3). »
Mais les agences de renseignement (CIA, FBI et NSA) ainsi que le Pentagone ont continué de
s’appuyer sur le passé pour déterminer leurs stratégies à venir. Comme l’avait fait le militant
américain d’extrême droite Timothy McVeigh, auteur de l’attentat d’Oklahoma City (168 morts) en
avril 1995, M. Oussama ben Laden a manipulé la révolution de l’information à son avantage. L’un
et l’autre ont compris que les petits possèdent des capacités d’action aux conséquences
immenses, capacités ignorées par les grands États du fait de leur aveuglement.
Obsédées par des notions de puissance et de domination héritées de la guerre froide, les
institutions américaines ont développé une rhétorique autour des « États voyous (4) » et
préconisé des boucliers de défense antibalistique. Mais pourquoi les terroristes dépenseraient-ils
leurs ressources à mettre en œuvre une attaque balistique, alors qu’ils disposent, comme on vient
malheureusement de le voir, de moyens plus efficaces de terreur, tels les avions de ligne ? La
superstructure impériale dans son ensemble apparaît mal adaptée aux nouveaux défis mondiaux
et semble vulnérable aux nouvelles formes de compétition politique : voilà pourquoi le Pentagone
se montre incapable de gérer des conflits asymétriques (lire « L’ère des conflits asymétriques »)
comme celui qui vient d’éclater.
Cette inadaptation a été mise en lumière au moins depuis 1985, bien avant la fin de la guerre
froide et la dissolution de l’Union soviétique en 1991. Déjà sous M. Ronald Reagan,
l’augmentation des sommes consacrées à l’entretien de la machine militaire globale engendrait un
malaise économique et politique grandissant. On ne parle pas ici seulement des sommes
destinées à financer le matériel et le personnel des forces armées. Il faut y ajouter l’énorme coût
que représentaient les concessions accordées aux alliés militaires des États-Unis en Asie : en
échange de la conservation du réseau militaire américain, Tokyo et d’autres capitales obtenaient
un accès préférentiel et sans entraves au marché américain. Depuis ses débuts, l’alliance
américano-nippone a été fondée sur cet arrangement totalement étranger aux principes du
marché et répondant aux besoins sécuritaires d’une nation protégeant son empire des
empiètements soviétiques. Le Japon s’est soumis, devenant un vassal ou « un satellite des ÉtatsUnis en Asie orientale », comme l’a écrit l’essayiste Chalmers Johnson.
En septembre 1985, au moment des accords dits du Plaza (5), les États-Unis étaient devenus le
premier débiteur mondial, et le Japon le premier créditeur. Sous pression politique,
l’administration Reagan a orchestré une manipulation massive des taux de change en dépréciant
fortement la valeur du dollar (d’environ 50 % par rapport au yen) pour relancer l’économie
américaine en perte de vitesse. Or cette intervention a eu pour conséquence de créer de
nouveaux et profonds déséquilibres. Elle a conduit à un raz-de-marée d’investissements aux
États-Unis financés par des actifs japonais qui ont soudain doublé en valeur. En d’autres termes,
pour lutter contre l’empire soviétique, obsession centrale de l’administration Reagan, Washington
a poursuivi des politiques conduisant à une vente massive des actifs américains et à la perte de
contrôle de sa dette souveraine au profit d’un de ses satellites qui, lui, a vu se constituer une
énorme bulle financière.
Quand la valeur du terrain sur lequel s’élève le palais impérial de Tokyo a dépassé celle de la
Californie tout entière, il était devenu évident que les marchés ne fonctionnaient pas
normalement. L’événement de septembre 1985 était le premier choc indiquant que les coûts de
préservation de l’empire américain étaient devenus économiquement et politiquement
insoutenables.
Pendant la guerre froide, l’Union soviétique et les États-Unis, chacun de leur côté, ont forcé les
États à choisir leur camp. Tous deux ont élaboré des systèmes d’échange et des alliances
militaires, et mis en œuvre une diplomatie destinée à maintenir leur sphère d’influence. Après
l’effondrement de l’Union soviétique, le ratio coûts-bénéfices pour les nations insérées dans
l’empire américain a dramatiquement changé. Désormais sans rival stratégique, et moins
disposés à absorber les coûts de leur empire, les États-Unis ont remis en cause un système
économique qu’ils avaient eux-mêmes construit après guerre.
Dans les années 1990, ils ont imposé aux pays d’Asie orientale une dérégulation généralisée de
leurs marchés financiers. A travers le Fonds monétaire international (FMI) et les autres institutions
de Bretton Woods, ils ont forcé ces pays à adopter un modèle économique néolibéral exigé par le
capital américain en contrepartie de ses investissements. Cette stratégie, et non le « capitalisme
de connivence » ou une « mauvaise gouvernance », comme on l’a souvent entendu dire, a été la
raison fondamentale de la grave crise asiatique de 1997 (6). Elle a engendré un effondrement qui
a précipité une part importante des classes moyennes dans la pauvreté, alors que les
investisseurs occidentaux, eux, étaient tirés d’affaire. Ce « laisser-faire » américain à l’égard de
ses anciens alliés sud-coréens ou thaïlandais, par exemple, aurait été inconcevable pendant la
guerre froide, puisque l’Union soviétique n’aurait pas manqué d’en tirer parti.
Sur le plan militaire, le refus et l’incapacité d’amorcer une transition vers autre chose qu’une
gestion d’empire trouvent leur meilleure illustration dans la décision de déployer un demi-million
de soldats en Arabie saoudite en 1991. Selon l’histoire officielle de la IIIe armée américaine, « le
Royaume d’Arabie saoudite réclama aux États-Unis une assistance immédiate pour le protéger
contre la menace de missiles balistiques (irakiens). L’armée américaine a réagi rapidement en
déployant deux bataillons d’artillerie Patriot d’Europe et un QG de brigade en octobre 1991 ». Au
nombre de 7 000, ces soldats devaient être stationnés temporairement en Arabie saoudite. Ils y
sont encore. Leur présence froisse un grand nombre de personnes sensibles à la question de la
pureté religieuse et culturelle de l’islam, ainsi qu’à celle de la souveraineté nationale. Les
planificateurs américains auraient dû savoir que la présence de ces troupes, stabilisatrice dans un
premier temps, deviendrait un motif d’instabilité pour le royaume. Cela s’est vu ailleurs, à Okinawa
au Japon, par exemple, où quarante bases américaines provoquent un fort rejet. On sait que les
déploiements militaires externes des États-Unis ont pour effet de radicaliser les populations
locales.
Alors que les intérêts des États unis dans les Balkans et le déploiement d’à peu près 3 000
militaires en Bosnie font depuis longtemps l’objet d’un débat incessant, le silence a été total à
Washington sur les forces américaines stationnées en Arabie saoudite. Lorsqu’on interroge les
stratèges américains sur la différence qu’il pourrait y avoir entre l’Iran prérévolutionnaire et
l’Arabie saoudite actuelle, qu’on leur demande si les États-Unis ne devraient pas être préoccupés
par une présence militaire qui mine la légitimité populaire des dirigeants et retourne les islamistes
contre Washington, ils éludent la question. Le point de vue dominant reste que les troupes
américaines stabilisent la région et la protègent contre l’Irak.
Dans une réunion privée récente, l’ex-sous-secrétaire d’État Strobe Talbott a souligné que le
mépris de la culture et de l’identité des peuples dans l’ancien empire soviétique avait causé une
très forte radicalisation politique d’une partie des populations locales. Interrogé sur le point de
savoir si le même phénomène de rejet se produisait au Japon ou en Arabie saoudite à l’égard des
États-Unis, il répondit que les stationnements étrangers étaient « source de stabilité ». En vérité,
le sujet est tabou : les États-Unis se retirent difficilement de leurs avant-postes internationaux.
En dépit de son statut de paria international, il est important de lire Oussama ben Laden à ce
sujet. Que l’on soit aveuglé par la colère ou que l’on considère sa voix comme totalement
illégitime, une partie des élites bien établies en Arabie saoudite, dans les Émirats arabes unis, à
Oman et au Koweït - autant de pays censés être protégés par les États-Unis - n’en adhère pas
moins à sa vision. Dans un livre à paraître aux éditions Free Press (New York), Holy War Inc.,
Peter Bergen cite Oussama ben Laden : « L’effondrement de l’Union soviétique a rendu les ÉtatsUnis plus hautains, et ils ont commencé à se considérer comme les maîtres de ce monde en
établissant ce qu’ils appellent un nouvel ordre mondial (...). Aujourd’hui, les États-Unis ont un
double langage, appelant terroriste quiconque va à l’encontre de leur injustice. Ils veulent occuper
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nos pays, voler nos ressources, imposer leurs agents pour nous diriger (...) et ils veulent que nous
soyons d’accord. » Quoique venant d’un terroriste, ces paroles ne rencontrent-elles pas un
ressentiment partagé par d’autres sur le comportement économique et militaire souvent unilatéral
et arrogant des États-Unis?
Ce ressentiment aurait été moindre si l’ancien président William Clinton avait pu, comme il le
voulait initialement, tracer une nouvelle voie en politique étrangère. Il a en effet tenté de modifier
la logique de sécurité nationale en ramenant les intérêts économiques au niveau des
considérations de sécurité classiques. Il avait perçu que le Pentagone était intoxiqué par sa
victoire dans la guerre du Golfe et n’était pas en phase avec les sensibilités de la grande masse
des Américains.
En novembre 1992, à Little Rock (Arkansas), le président avait souligné le besoin de rassembler
les nations du monde au sein d’un réseau d’interdépendance économique. Il a tenté de
marginaliser les élites militaires. Mais le Pentagone a finalement réussi à reprendre le dessus au
détriment d’un président pris au piège de scandales personnels (7).
Une administration préparée au conflit
Son successeur, M. George W. Bush, a créé une administration préparée au conflit. La mise en
place de son équipe de sécurité nationale a été remarquablement rapide. De plus, il a maintenu à
la tête de la CIA et du FBI des hommes qui ont eu un rôle-clé dans la lutte contre le terrorisme au
cours des années précédentes. M. Louis Freeh, directeur du FBI, était chargé de la poursuite des
auteurs de l’assaut terroriste contre le navire de guerre USS Cole en octobre 2000, au Yémen. M.
George Tenet, directeur de la CIA, avait intensifié la traque des groupes formels et informels qui
menaçaient les négociations de paix au Proche-Orient. A l’époque, on craignait à Washington que
des pays de la région - l’Irak, peut-être aussi l’Iran et la Libye - mettent le feu aux poudres dans le
conflit israélo-palestinien et que des armes de destruction massive soient utilisées.
M. Bush et son équipe savaient qu’ils ne pouvaient espérer élargir leur assise électorale par des
actions en politique intérieure. Ils ont espéré que la politique étrangère ferait la différence. M.
Bush est dévoré par celle-ci. En contraste avec Richard Nixon et M. Henry Kissinger,
géopoliticiens « réalistes » d’une époque que l’on croyait annonciatrice du déclin américain, M.
Bush se considère comme un « réaliste » en un temps d’ascension sans précédent de la
puissance américaine. Il ne désirait évidemment pas ni ne s’attendait à un terrorisme aussi
tragique et horrible. Mais le 11 septembre lui donne un prétexte souhaité pour remobiliser
l’appareil militaire, pour combattre les fantômes qui ont hanté la présidence de son père, en
particulier l’idée d’une famille Bush battue par le président irakien Saddam Hussein, et mettre fin à
l’impopularité causée par une élection présidentielle très contestée. Dans son esprit,
l’affrontement militaire - du style de la collision, en avril 2001, entre l’avion-espion américain EP3
et un chasseur chinois - pourrait servir de fondement à une présidence forte, du moins en
apparence.
Mais M. Bush et ses serviteurs veulent combattre des nations et ne comprennent pas la nature
des menaces du XXIe siècle. Les États-Unis exigent maintenant des pays du monde qu’ils
décident s’ils sont « avec ou contre nous ». Comme si la ligne de démarcation était claire. M.
Bush a reçu du Congrès l’autorité et le financement nécessaires à l’expansion de la
superstructure militaire et de renseignement. Les libertés publiques américaines vont être
réduites. Bref, M. Bush va changer nos vies pour poursuivre un ennemi introuvable.
S’il a orchestré ces désastres, M. Oussama ben Laden doit évidemment être poursuivi en même
temps que ses collaborateurs et protecteurs. Mais l’essentiel de nos énergies devrait se
concentrer sur les facteurs sous-jacents au conflit. La guerre froide est finie. Si l’on n’en prend
pas conscience, les coûts ne feront qu’augmenter.
Dans son argumentation sur la nature des révolutions scientifiques, Thomas Kuhn (8) a souligné
que l’innovation n’est pas un processus progressif. Elle se produit lorsque s’effondre un
paradigme jusque-là protégé, justifié et rationalisé. Un tel effondrement pourrait bien frapper les
États-Unis s’ils continuent à se pavaner et à pavoiser au sujet de leur domination sur l’ordre
mondial. Si l’Amérique d’aujourd’hui voulait vraiment pratiquer une « justice sans limites », elle
devrait se mettre à l’écoute des régions du monde et des organisations non gouvernementales
qui hurlent pour obtenir sa compassion en lieu et place de son idéologie et de ses actions
guerrières.
Steven C. Clemons.
Vice-président de la New America Foundation, Washington DC.
(1) Dirigeants de l’aile fondamentaliste de la droite américaine, MM. Falwell et Robertson ont
permis à M. Bush de battre M. John McCain pendant les primaires du Parti républicain. M. Falwell
a présenté ses excuses, le 18 septembre, après avoir subi de fortes pressions de la Maison
Blanche.
(2) American Civil Liberties Union, association progressiste de défense des droits civiques et de la
liberté d’expression.
(3) « New World Coming - American Security in the 21st Century », Publications du Congrès,
Washington DC, 1999.
(4) À propos de ce « concept », lire Noam Chomsky, « L’Amérique, État voyou », Le Monde
diplomatique, août 2000.
(5) Ils consacraient la libéralisation du système financier japonais et la réévaluation du yen.
(6) Lire « La mondialisation contre l’Asie », Manière de voir, n° 47, septembre-octobre 1999.
(7) Philip S. Golub, « Rêves d’Empire de l’administration américaine », Le Monde diplomatique,
juillet 2001.
(8) La Structure des révolutions scientifiques, Flammarion, Paris, 1972.
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