Entre 1870 et 1913, la proportion de la production industrielle
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Entre 1870 et 1913, la proportion de la production industrielle
p.64 1. Quelle raison explique la montée, à la fin du XIXe siècle, de la puissance économique DES É-U? Industrialisation rapide et massive 2. Les États-Unis deviennent impérialistes à la fin du dix-neuvième siècle et au début du suivant, au moment où leur production industrielle est en pleine expansion. C’est en 1898 que les États-Unis sont véritablement perçus comme une puissance mondiale, à la suite de leur victoire contre l’Espagne sur l’île de Cuba. La seconde étape de ce processus se déroule en 1903 lorsque les États-Unis prennent le contrôle du Canal de PANAMA. Ce faisant, les communications maritimes entre l’Atlantique et le Pacifique se trouvent facilitées. 1920-1939 LA PROSPÉRITÉ AMÉRICAINE ET LA CRISE p.70 Questions ponctuelles 1. Quel point tournant économique marque la Première Guerre mondiale pour les États-Unis. Les États-Unis deviennent rapidement les débiteurs de certains pays de l’Europe occidentale, particulièrement la Grande-Bretagne et la France. Ces prêts servent à financer l’effort de guerre. Par la suite, après 1923, ils contribuent à la reconstruction et à la revitalisation de ces pays. 2. Au cours des années 1920, à quel phénomène se trouve liée l’économie capitaliste mondiale? L’économie mondiale est liée aux phénomènes (fluctuations) internes de l’économie américaine. 3. En quoi consiste la loi de l’offre et de la demande? La demande d’un bien est « fonction du prix », c’est-à-dire que le prix est le principal déterminant de la demande. Si le prix est élevé, les quantités demandées vont être faibles car les demandeurs seront rebutés par les prix prohibitifs. Au contraire, si le prix est bas, les quantités demandées seront importantes. 4. Quel Américain est le penseur de la rationalisation et de la production industrielle? Frederick Taylor 5. Que permettent de réaliser la rationalisation et la standardisation des entreprises? Économies baissent des coûts de production et augmentent la production et le salaire des ouvriers 6. Que veut dire spéculer à la Bourse? la spéculation consiste à prendre aujourd'hui des décisions économiques sur la base d'un état économique futur et hypothétique. C'est un pari monétaire portant sur l'évolution future du prix de biens économiques. 7. Où débute la crise économique de 1929? Bourse de New-York Wall street 8. Quels sont les phénomènes typiques de la crise économique qui débute en 1929, et qui s’observent partout dans le monde capitaliste? Crise du crédit, surévaluation de titres boursiers, faillites privées qui entraînent les faillites des banques 9. Quel président américain met en place un nouveau contrat social nommé le New Deal? Roosevelt 1 Questions de synthèse p. 71 Questions d’examen 1. Qu’est-ce que la politique du laisser-faire? Qu’est-ce que le New Deal? En quoi ces deux conceptions politiques capitalistes se ressemblent-elles? En quoi s’opposent-elles? 2. À votre avis, pourquoi peut-on dire que Roosevelt a peut-être sauvé la démocratie aux États-Unis? Commentez brièvement. Une très forte expansion économique p.72 1. Qu’est-ce qui provoque la première vague de consommation de masse aux États-Unis à laquelle on assiste entre 1922 et 1929? Hausse générale du niveau de la vie 2. Quel est le nom que l’on donne à la pratique nouvelle qui consiste à « acheter maintenant et payer plus tard »? Vente à crédit 3. Comment peut-on qualifier et quantifier la progression industrielle américaine entre 1923 et 1929? Qualitatif : progression phénoménale Quantitatif : 64% 4. Dans quels secteurs cela se manifeste-t-il particulièrement? Pétrole 156% produit chimique 95% acier 70% 5. Parmi les biens de consommation aux États-Unis, un symbole se dégage. Quel est-il? Auto 2 La standardisation ou le taylorisme p.72 La rationalisation de la production industrielle américaine est le fruit d’un système élaboré de subdivision des tâches et de standardisation des produits dont le concepteur est Frederick Taylor, d’où le nom de taylorisme que l’on associe à ces techniques. Cette façon de procéder résulte d’analyses détaillées des différents gestes posés par les ouvriers de chaque type d’entreprises Chacun des travailleurs se voit ensuite donner une tâche fixe ce qui permet une grande économie de gestes à poser individuellement et ainsi gagner beaucoup de temps globalement. C’est la mise en application systématisée de ce mode de fonctionnement qui explique, dans plusieurs domaines, l’explosion de la production américaine. La production standardisée 73 1. Qu’est-ce qui va de pair avec le taylorisme? standardisation 2. Quel est le principe de base de la standardisation? Uniformisation, réduction du nombre de modèles offerts afin de diminuer les coûts de production 3. Qu’est-ce que cela permet à l’entreprise de faire? L’entreprise peut produire en série 4. Par quel moyen fait-on en sorte de satisfaire les acheteurs? On fait de la publicité 5. Quels bénéfices tirent les entreprises et leurs ouvriers de la rationalisation et de la standardisation ? Augmentation de la production et le salaire des ouvriers augmente Le laisser-faire économique et les Années folles 73 Au cours de la décennie 1920, il ne fait pas de doute que la philosophie américaine de gestion de l’économie est basée sur le libéralisme Selon cette doctrine, l’État intervient le moins possible dans l’économie, sauf pour créer les infrastructures nécessaires à la prise en charge efficace des affaires par les entreprises. Aussi, l’État fait ce qu’il faut, c’est-à-dire casser les grèves de travailleurs au besoin ou faire de la propagande idéologique positive, pour que l’ambiance sociale générale soit propice au travail et à la gestion profitable des entreprises. Cette période est reconnue comme celle du laisser-faire où le capitalisme n’est à peu près pas encadré aux États-Unis. Par ailleurs, les années d’après-guerre et de prospérité sont reconnues pour l’insouciance dont la population américaine fait preuve. On les identifie comme les Années folles et on croit que la prospérité est là pour rester. Les signes précurseurs de la crise économique P.74 Vrai ou faux? a) La frugalité caractérise l’American Way of life Faux b) C’est le crédit qui caractérise ce mode de vie. vrai c) En 1925, les États-Unis consomment peu de sucre Faux d) L’automobile devient symbole de succès pour l’Américain moyen. vrai e) L’utilisation d’appareils domestiques se généralise. vrai f) Tous les Américains profitent également de la prospérité. Faux g) Le style de vie américain typique, pour être harmonieux, exige des hausses continues année après année, de la production. vrai h) La publicité n’a que peu à voir avec ce style de vie. Faux i) La publicité génère souvent de faux besoins. vrai 3 Les signes précurseurs de la crise économique P.74 1. Quel secteur important de l’économie américaine est en crise permanente dans les onze années qui suivent la Première Guerre mondiale? Secteur agricole 2. Comment pallie-t-on aux États-Unis la légère baisse de l’activité économique, deux ans avant la crise de 1929? Facilité d’accès au crédit 3. Normalement, sur quoi doit-on baser l’évaluation des titres boursiers d’une entreprise industrielle? Sa production et sa rentabilité 4. Que font bon nombre de petits spéculateurs boursiers à l’aube de la crise économique de 1929? Ils empruntent pour acheter des titres boursiers 5. Que font les banques envers ces spéculateurs? Elles accordent du crédit Les causes du krach et de la crise P.74 Stimulée par la publicité et le crédit, la production industrielle américaine s’accroît continuellement depuis 1922, tout comme la demande de biens de consommation. En 1927, la reconstruction de son Territoire étant terminée, l’Europe diminue sensiblement ses importations en provenance des États-Unis. Tout cela fait en sorte qu’à partir de ce moment, il y a un phénomène de surproduction industrielle aux États-Unis. Aussi, beaucoup de banques ont prêté de l’argent à de nombreux spéculateurs boursiers. Nombre d’entre eux, devant la dégringolade des actions boursières, ne peuvent rembourser leurs emprunts, ce qui les accule souvent à la faillite générale, depuis quelques années, des titres boursiers dont les valeurs relatives sont trop élevées par rapport aux augmentations de la production industrielle américaine qui sont moindre et sur lesquelles elles sont censées être basées. La débandade boursière et ses conséquences p.75 1. Lors de la crise économique américaine de 1929-1932, qu’est-ce qui aggrave la surproduction industrielle? Le déséquilibre financier engendré par le crédit que les banques ont accordé 2. Aux États-Unis, quel phénomène migratoire est causé, à partir de 1930, par l’éclatement de la crise agricole? Exode massif des agriculteurs vers les villes 3. Quel en est l’effet sur le nombre de chômeurs des villes? Augmentation du nombre de chômeurs 4. À quelles lois économiques correspond la stratégie de jeter d’importantes quantités de denrées alimentaires pour tenter de faire remonter les prix? Lois de l’offre et de la demande 5. Quels phénomènes sociaux accompagnent la misère urbaine américaine au début des années 1930? Mendicité et prostitution D- L’EXTENSION DE LA CRISE ÉCONOMIQUE À L’ENSEMBLE DU MONDE CAPITALISTE p.75 Tout comme à New York, mais de façon tout de même moins marquée, les indices boursiers d’à peu près partout dans le monde subissent à la fin de 1929 d’importantes baisses. Comme aux États-Unis, on y note la baisse des achats et des prix, provoquant d’importantes hausses du nombre des chômeurs. Seule l’URSS parmi les pays importants, échappe à la crise, car elle vit en quasi-autarcie. La crise économique mondiale perdure parce qu’il n’y a pas de concertation efficace pour trouver une stratégie commune. Les États-Unis sont perçus comme les principaux responsables de cet état de fait. D’abord, ce pays cesse, peu après le déclenchement de la crise, de prêter des capitaux à l’étranger. Ensuite, il gèle, puis dégèle les remboursements monétaires des pays étrangers en 1931 et en 1932. La crise s’accentue et ne se résorbe pas rapidement, car les efforts des principaux pays impliqués pour combattre sont très souvent incohérents Par exemple, on dévalue presque partout la monnaie du pays pour faciliter les exportations ce qui réduit sensiblement l’effet de ces mesures puisqu’elles s’annulent. Enfin, c’est par de l’interventionnisme interne que les différentes économies vont peu à peu se sortir du marasme. 4 La faillite du libéralisme pur p.76 1. Au début de la crise économique, comment le président américain Hoover croit-il qu’elle se règlera? En laissant-faire 2. À la fin de son mandat, que doit-il faire, qui est contraire aux idéaux du libéralisme économique pur qu’il défend depuis longtemps? Faire marche arrière et mettre de l’avant un vaste programme de travaux publics Le New Deal de Roosevelt p.76 1. Qu’est-ce que le New Deal? Intervention de l’État dans les domaines clés de l’économie américaines afin d’orienter le développement 2. Quelles catégories de citoyens les politiques interventionnistes de Roosevelt cherchent-elles à protéger? Les moins puissants 3. Qu’est-ce que les agriculteurs reçoivent du New Deal? Subventions gouvernementales 4. En quoi peut-on dire le New Deal est une politique environnementaliste? Le New deal favorise la conservation des richesses naturelles comme l’énergie hydroélectrique, les sols et les forêts. La popularité du New Deal p.76 Vrai ou faux? a) La population américaine rejette massivement le New Deal? Faux b) Les patrons dénoncent le New Deal comme étant du socialisme vrai c) Le New Deal est centralisateur. vrai La théorie économique de Keynes p.76 1. Selon Keynes, comment doit-on combattre le chômage? Le chômage doit être combattu par une demande accrue de biens de consommation obtenue par une grande circulation monétaire et des investissements étatiques importants qui luttent contre l’accumulation passive du capital monétaire et l’aide gouvernementale aux entreprises les plus dynamiques. 2. Quels principes de base du capitalisme sont intégrés dans la théorie économique de Keynes? La propriété privée et la recherche de profits SYNTHÈSE p.77 Expliquer, dans un premier temps, quels phénomènes précipitent les États-Unis dans une crise économique profonde et dans un deuxième temps, pourquoi le reste du monde capitaliste est aspiré dans le même tourbillon problématique. RÉSUMÉ p.77 5 1. La grande puissance économique du monde après 1918 : États-Unis 2. Aux États-Unis, la période 1920-1929 en est une de : Prospérité 3. Les caractéristiques de l’expansion économique américaine des années 1920-1929 : 4. Pratique industrielle nouvelle qui explique l’explosion de la production industrielle américaine : Taylorisme 5. Le nom de son concepteur : Frédérick Taylor 6. Les principales conséquences pour les ouvriers et les entreprises : meilleure production, meilleurs salaires 7. La doctrine de base du capitalisme : La propriété privée et la recherche de profits 8. L’appellation donnée à cette politique économique au cours des années 1920 aux États-Unis : laisser-faire 9. Surnom ou identification des années 1920 aux États-Unis : Les années folles 10. Style de vie américain typique : American way of life 11. Les deux principales causes de la crise économique de 1929 : Surproduction et crédit 12. Secteur économique américain en crise structurelle permanente depuis 1918 : secteur agricole 13. L’élément déclencheur de la crise économique amorcée en octobre 1929 : spéculation boursière sur marge de crédit 14. Les phénomènes économiques accompagnateurs de la crise économique aux États-Unis surproduction, faillites industrielle et bancaire et chômage 15. Conséquences de la crise américaine sur les économies du monde entier : baisse des exportations 16. Le principal réflexe économique des pays impliqués : dévaluations monétaires 17. Président américain élu en 1932 et son programme économique : Roosevelt et New Deal 18. Économiste anglais important : John Keynes Question supplémentaires C. Compléter par un mot, une expression ou une phrase : 1. Nom du plan d’aide extérieure proposé par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale? Plan Marshall 2. Qui peut recevoir la plainte d’un particulier ou d’un groupe contre le gouvernement fédéral? Le vice président 3. Qui peut remplacer le Président en cas de destitution? Le vice-président 4. Lorsqu’un gangster est interrogé par la justice, quel Amendement invoque-t-il, le plus souvent, pour ne pas répondre aux questions? Le 5e amendement 5. Aurait-il été possible que Nixon fasse censurer le Washington Post lorsque ce dernier a commencé à dévoiler l’affaire du Watergate? Pourquoi? Non, à cause de la liberté de la presse est garantie dans le 1er amendement 6 7. En supposant que les élections présidentielles aient lieu uniquement dans ces quatre États, lequel des candidats serait élu? (les chiffres donnés sont fictifs) État de Population totale en millier Grands Électeurs 6. Voix exprimées en milliers New York 19 680 43 Démocrate 9 432 Républicain 4 320 Socialiste 247 Californie 18 240 40 4 127 7 105 138 Nevada 480 3 52 103 47 Columbia 480 3 101 211 137 Candidats élus : républicains D. Schéma à compléter : Les institutions des États-Unis Compléter tous les espaces (15) indiqués par des pointillés. Questions 36 à 50. ÉTATS-UNIS : RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE FÉDÉRATIVE 7 E. Choix multiples : p.83 Encercler la lettre correspondante « Les citoyens des États-Unis nourrissent les sentiments les plus vifs en faveur de la liberté et du bonheur de leurs semblables d’outre-Atlantique. Nous ne sommes jamais intervenus dans les conflits entre les nations européennes lorsqu’il s’agissait d’affaires les concernant, et il n’est pas dans nos intentions de le faire. Ce n’est que si nos droits étaient mis en question et sérieusement menacés, que nous serions irrités et que nous envisagerions de nous défendre » Président Monroe, Message sur l’état de l’Union, 1823. 1) Ce texte, véritable pivot pendant très longtemps de la politique extérieure, signifiait : (une proposition fausse, laquelle ?) a) Le désir des Américains de s’isoler b) Le souci d’éviter que les troubles de l’Europe aient des répercussions sur les intérêts américains c) La non-intervention dans les affaires intérieures de l'État d) L’attachement des Américains à la liberté e) L’intention de défendre la liberté partout où elle serait menacée 2) Cette célèbre « doctrine Monroe » explique (une proposition fausse, laquelle ?) a) La non-reconnaissance de l’Allemagne de l’Est b) L’entrée tardive des États-Unis dans la Première Guerre mondiale c) La coexistence pacifique d) Le retrait des troupes américaines du Viêt-Nam e) La déclaration de guerre au Japon en 1941 3) Le plan Marshall, proposé en 1947, était a) Un plan d’aide financière aux pays européens b) La création d’une force militaire occidentale c) Un plan d’échange de techniciens d) Un plan de mise en valeur du Moyen-Orient e) L’organisation du Traité de l’Asie du Sud-est 4) La présidence de Nixon se caractérise par (une proposition fausse, laquelle ?) a) La reconnaissance de la Chine communisme b) Une augmentation de confiance dans le pouvoir exécutif c) Le retrait des troupes américaines du Viêt-Nam d) La reprise des pourparlers avec l’URSS pour limiter les armements nucléaires e) La signature de traités entre Israël et les pays arabes 8 5) Parmi les propositions suivantes, laquelle est inexacte ? a) J.F. Kennedy a lancé aux États-Unis, la course à l’espace b) La Constitution américaine est la plus ancienne Constitution écrite du monde c) Les possibilités agricoles sont très grandes d) La religion des colons n’a pas influé sur la mise en valeur du pays E.)la politique extérieure des États-Unis est influencée par des motifs économiques G. Chronologies : Questions supplémentaire Remettre les événements dans l’ordre chronologique en inscrivant 1 ou 2. 1. (2) (1) Début de l’escalade au Viêt-Nam Début de la coexistence pacifique 2. (1) (2) La crise économique débute par un Krach à Wall Street Les États-Unis détiennent plus de la moitié du stock d’or mondial 3. (1) (2) Le «New Deal» inaugure le dirigisme économique La « Nouvelle Frontière » fait appel au sacrifice 4. (2) (1) Le général Marshall propose d’aider les pays européens Monroe présente sa doctrine 5. (1) (2) Le Président Andrew Johnson est menacé d’impeachment Le Président Lyndon Johnson succède à J.F. Kennedy H. Associations : p.83 Associer le personnage à sa déclaration. Ils ont dit : 1. 2. 3. 4. 5. Malcom X Richard Nixon F.D. Roosevelt J.F. Kennedy Martin Luther King 1. (4) « La Nouvelle Frontière dont je parle n’est pas une série de promesses, c’est une série de problèmes. Elle résume non point ce que j’ai l’intention d’offrir au peuple américain, mais ce que j’ai l’intention de lui demander. » 2. (1) « La révolution renverse les systèmes et il n’est pas sur cette terre, de système qui se soit montré plus corrompu, plus criminel que celui qui, en 1964, tient encore colonisés et réduits en esclavage vingt-millions d’Afro-américains. » 3. (2) « À travers la longue et difficile période de Watergate, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de persévérer, de faire tous les efforts possibles pour mener à terme le mandat pour lequel vous m’avez élu. » 4. (3) « De toute crise, de tout malheur, de tout désastre, l’humanité tire une meilleure connaissance, une plus grande bienséance, un but plus pur … les profits de la spéculation, les gains sans effort nous ont fait perdre de vue certains idéaux. » 9 LES ÉTATS-UNIS 1989-2001 Avec la disparition de l’URSS, la guerre froide est bien sûr définitivement terminée et les États-Unis deviennent la seule superpuissance. On voit ainsi la très grande majorité des pays favoriser le type d’économie dont ils sont le symbole. La domination des États-Unis ne s’arrête pas là. Ils sont en effet les seuls à avoir la capacité d’agir comme gendarme lorsque la situation politique internationale l’exige, et ce, n’importe où dans le monde. Ils se réservent aussi le droit d’intervenir militairement lorsque leurs propres intérêts sont en jeu. Ce rôle militaire mondial des Américains est perçu au plan international comme nécessaire par à peu près toutes les nations, même par celles qui s’en plaignent. Cela ne peut toutefois pas régler tous les problèmes. En effet, les interventions militaires ne peuvent lutter efficacement contre le trafic de drogue, la pollution et les différentes mafias internationales. Avec la disparition de la menace communiste, le peuple américain a tendance à retrouver ses vieux réflexes comme celui de refuser, à moins que ses intérêts soient directement menacés, de gaspiller des vies américaines dans des guerres éloignées. C’est pourquoi la politique extérieure américaine des années 1990 insiste sur le « partage du fardeau » avec ses alliés et partenaires. En somme, les États-Unis veulent bien jouer leur rôle de leader mondial, mais à condition que les coûts et les efforts soient partager. 100 milliards de dollars à plus de 260 milliards. Pendant la même période, le Canada voit ses exportations vers le reste du monde passer de 35 à 50 milliards de dollars. S’il y a un pays qui tire profit de la grande puissance économique que sont les États-Unis, c’est le Canada. LA GÉO-POLITIQUE DU G-7 Depuis le milieu des années 1970, les dirigeants politiques des sept pays les plus industrialisés du monde, tous des démocraties, se rencontrent annuellement lors d’un « sommet ». Ces pays sont les États-Unis, le Japon, L’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et le Canada. Au cours de la seconde moitié des années 1990, le président de l’Union européenne est associé à ces rencontres. À partir de 1994, la Russie participe aux réunions politiques de chacun des sommets. En 1997, la participation de la Russie devient officielle et pour les questions politiques seulement, le G-7 devient le G-8. Les sommets du G-7 ont pour but de faciliter les échanges entre les dirigeants des pays membres, d’étudier les problèmes politiques et économiques et d’y trouver des solutions. Ces sommets sont la partie visible et médiatisée d’un large processus de consultation entre les pays. L’ALÉNA Le 1er janvier 1989, un accord de libre-échange progressif entre en vigueur entre le Canada et les États-Unis. Cette entente prévoit l’élimination graduelle des barrières tarifaires entre les deux pays sur une période de dix ans. Depuis le 1er janvier 1999, tous les produits circulent librement entre les deux pays. En janvier 1994, le même accord s’est étendu au Mexique, ce qui complète l’Accord de libre-échange nord-américain. Un tribunal bilatéral d’arbitrage règle les désaccords entre le Canada et les États-Unis. Il est composé de cinq membres, deux Américains, deux Canadiens et d’un cinquième membre choisi par les quatre premiers. C’est un avantage majeur pour le Canada dont les surplus commerciaux avec les États-Unis sont énormes et dont la taille économique est douze fois moindre que celle de son puissant voisin du Sud. Le Mexique n’a pas droit è un tel tribunal. Brian Mulroney et Ronald Reagan, les deux signataires du traité de libre-échange, entre le Canada et les États-Unis Ronald Reagan, (1911- ). Acteur américain, politicien et 40e président des États-Unis (1981-1989) après la défaite de Jimmy Carter. Reagan est célèbre par sa lutte aux contrôleurs aériens en grève qu’il menaça de congédiement. Son programme économique de lutte aux dépenses fut surnommé « Reaganomics ». En 1988, l’accord Reagan-Gorbatchev limita les armes nucléaires en Europe. Brian Martin Mulroney (1939- ). Premier ministre du Canada (1984-1993) et chef du parti progressiste conservateur (1982), né au Québec, Mulroney est licencié en droit de l’Université de Laval (1963). E En 1988, il signa un Accord de libreéchange nord-américain (États-Unis Canada), appelé ALÉNA dont le but était de réduire des barrières douanières. Sa politique de lutte au déficit fut impopulaire Entre 1989 et 1998, les explorations canadiennes en direction des États-Unis augmentent de plus de 150%, passant d’un peu plus de 10 QUESTIONS PONCTUELLES A L’ALÉNA Le texte ci-dessous porte sur l’accord de libre-échange nord-américain. Placer les mots de l’encadré dans les espaces libres appropriées. Canadiennes; décennie; économiques; États-Unis; Mexique; monde; progressive; libre-échange; importe. Négocié en 1988, l’accord de 1989. Il s’agit d’une entente économique , de l’ensemble des tarifs entre les deux pays depuis le début de l’an 1999. Depuis 1994, le ce qui rend celui-ci véritablement nord-américain. entre le Canada et les États-Unis, entre en vigueur le 1er janvier qui prévoit l’élimination, sur une période d’une et les biens de consommation circulent donc librement est partie intégrante de cet accord, En cas de désaccord entre le Canada et les États-Unis, un tribunal d’arbitrage équitable règle les conflits. Le Mexique n’a pas droit à ce privilège canadien. En effet, le Canada a une économie qui est douze fois inférieure à celle des et il exporte vers le Sud bien davantage qu’il . Ainsi, entre 1989 et 1999, les ventes aux Américains progressent de plus 150%; vers le reste du , la progression est de moins de 43%. Alors qu’elles étaient déjà bien inférieures au départ (en1989). Le Canada est probablement le plus grand bénéficiaire de la puissance économique des ÉtatsUnis. B LA GÉOPOLITIQUE DU G-7 1. Quels sont les pays qui font partie du G-7? 2. Qu’est-ce que ces pays ont en commun? 3. Qu’est-ce que le G-8? 4. Pourquoi le G-7 se réunit une fois l’an au cours d’un sommet annuel? 5. Quels sont les organismes qui collaborent étroitement aux travaux du G-7? 6. Donner une raison qui fait en sorte que ces sept pays sont les plus riches et puissants du monde 11 SYNTHÈSE Quel est le bilan que l’on peut faire de l’évolution économique du monde au cours des années 1990? 1990, LA GUERRE DU GOLFE lire dans le précis d’Histoire p. 12 Les étapes vers la guerre : 2 août 1990 : Irak envahi le Koweït. Conseil de sécurité exige le retrait immédiat des troupes irakiennes. 6 août : Conseil de sécurité décrète embargo économique. Les É.-U. renforcent leur présence dans la région. 3-4-10 août : Canada annonce sa participation. Hussein appelle à la guerre sainte. 16 août : arrestation des Occidentaux et Japonais. 25 août : renforcement du blocus. 9 septembre : G. Bush et M. Gorbatchev se rencontrent et exigent que l’Irak se retire du Koweït. 25 octobre : Le Canada est prêt à déployer ses troupes sans l’accord de l’ONU. 29 novembre : Ultimatum du 15 janvier 1991. 6 décembre : les otages sont libérés. 23 décembre : tension monte. 9 janvier : dernière rencontre entre Bagdad et Washington D.C. Le 16 janvier 1991, la guerre est déclenchée. Les Américains et la force multinationale attaquent Bagdad. L’Irak se rend et signe un traité de paix le 28 février 1991. Le Koweït a toujours refusé de louer ces îles à Bagdad et c’est un des éléments qui explique l’invasion irakienne. Conséquences p. 15 Les É-U sont les grands gagnants. L’Irak doit retourner dans ses frontières et le pays est de plus en plus isolé politiquement. L’Irak est pris avec l’embargo jusqu’en 2003. Au Koweït, Amnistie internationale a dénoncé les arrestations, les tortures à l’égard des citoyens qui auraient collaboré. Retour de l’ancien gouvernement. Les impacts environnementaux sont gigantesques selon Greenpeace. 12 Causes : Respect du droit international, préserver les droits et libertés, mais surtout le pétrole. L’Irak est endetté. Le pays doit de l’argent au Koweït et aux Occidentaux. Les frontières sont contestées. Prix du pétrole : Les Américains veulent que le prix baisse alors que les Irakiens veulent que le prix monte. Cause immédiate : Le refus du Koweït de s’en tenir à son quota fixé le 10 juillet 1990 par l’OPEP. La chute de prix coûtait à l’Irak 14 milliards de dollars par an. En envahissant le Koweït, l’Irak contrôlerait une partie de la production mondiale du pétrole. À la suite de la guerre contre l’Iran, l’Irak a dû abandonner la rive orientale du Chatt el Arab (fleuve) L’Irak a creusé un canal navigable. Mais ce chenal arrive devant deux îles appartenant au Koweït. La pollution engendrée par plus de 500 puits de pétrole en feu au Koweït s’est répandue jusqu’en Éthiopie et en Inde. Les incendies ont envoyé des tonnes de particules de pétrole dans l’atmosphère Saddam Hussein Président de l’Irak depuis 1971. Né en 1937, Sadam Hussein, dictateur iraquien, aspire à faire de l’Irak la plus grande puissance du monde arabe. Le 2 août 1990, Hussein lança une invasion surprise au Koweït. Condamnée par les Nations unies, cette invasion donna lieu à une attaque des États-Unis et de l’ONU pour protéger l’Arabie Saoudite ; le 16 janvier 1991 (opération Tempête du désert) » Hussein riposta par l’envoi de missiles sur Israël et l’Arabie Saoudite. En février 1991, Hussein dut signer la paix. 13 NOM : GROUPE : Module 1 – Guerre du Golfe Lieu : Date : Événement déclencheur : Personnages : Pays impliqués : Causes invasion du Koweït Causes de l’intervention de la force multinationale : Conséquences : Étapes importantes : (ordre chronologique) Forces en présence : Banque d’éléments : Attaque le 16 janvier 1991 / Moyen-Orient / Coalition / Coalition de 30 pays menée par É-U / Port Dunkar et îles du Koweït / Irak, isolé et embargo / Bush – Hussein / Condamnation communauté internationale / 2 août 17y990 au 28 février 1991 / Pollution / 580 000 Irakiens / Respect du droit international / Non-respect quota OPEP / Élargissement du fossé qui sépare Occidentaux et Musulmans / Conseil de sécurité impose embargo économique / Endettement / Armée irakienne attaque Koweït / É.-U., superpuissance mondiale / Frontières contestées / Défendre Israël / Irak-Koweït-É.U. / otages occidentaux / Koweït, retour de l’ancien régime / Protéger approvisionnement pétrole / Ultimatum 15 janvier 1991 / Débouché direct sur golfe Persique / Renforcement des effectifs militaires / Participation du Canada / Contrôle de réserves de pétroles. 14 L’après 11 septembre 2001 Octobre 2001 Guerre totale contre un péril diffus États-Unis, excès de puissance Un bilan terrible. Environ 7 000 morts et disparus. Le plus sanglant attentat terroriste de l’histoire, la plus furieuse frappe contre le territoire des États-Unis depuis la naissance de ce pays. Pourtant, l’émotion immense que suscite cette abjecte attaque ne peut dissimuler les légitimes interrogations que suscite la riposte en cours. L’actuel péril terroriste, très diffus, requiert un combat patient, quotidien, mais nécessite-t-il une guerre ? Et menée contre qui ? Contre les anciens « combattants de la liberté » afghans et M. Oussama Ben Laden, formés aux meilleures écoles de la CIA? Contre les talibans que les États-Unis et leurs alliés pakistanais ont installés au pouvoir ? Contre l’Irak, déjà exsangue après onze années d’embargo ? Contre le monde musulman ou contre l’islam, désigné par certains comme le nouvel adversaire ? En 1989, avec l’effondrement du mur de Berlin, s’ouvrait une possibilité de rebâtir un ordre international plus juste. La volonté des États unis de le forger de manière solitaire, d’en définir seuls les contours et les règles, les excès mêmes de leur puissance ont contribué à rendre le monde actuel plus dangereux. Une décennie plus tard, assisterons-nous à la répétition du même scénario ? Par Steven C. Clemons « Dieu a permis aux ennemis de l’Amérique de nous infliger ce que nous méritons probablement. » Ainsi ont réagi, devant les attentats du 11 septembre aux États-Unis, deux « télévangélistes » influents, MM. Jerry Falwell et Pat Robertson (1), alliés décisifs du président George W. Bush lors de sa victoire électorale. M. Falwell a ajouté : « Ce sont les païens, les avorteurs, les féministes, les gays, les lesbiennes et l’ACLU (2) qui, en tentant de séculariser l’Amérique, ont favorisé cet événement ! Je le leur dis en les montrant du doigt ! » Une telle réaction montre que le fanatisme n’est le monopole d’aucune religion. Mais cela n’entache pas le consensus : la plupart des Américains exigeaient une vengeance rapide contre les responsables de l’attaque terroriste. Rares sont ceux qui tentaient d’en comprendre les causes. Comment la plus grave agression perpétrée sur le territoire américain depuis 1812 a-t-elle pu se produire ? Sans doute le triomphalisme américain de l’après-guerre froide y est-il pour beaucoup. L’Amérique n’a pas compris la véritable nature des nouveaux rapports internationaux, ni le décalage radical entre sa vision satisfaite d’elle-même et le regard porté sur elle par les autres nations et peuples du monde. Elle ne s’est pas ajustée aux réalités de l’après-guerre froide : plutôt que de démanteler, après la disparition de l’Union soviétique, une superstructure impériale très coûteuse et finalement inefficace, elle a tenté de conserver et de consolider sa primauté. Les attentats du 11 septembre, à cet égard, ne constituent pas une anomalie, mais reflètent la tension des changements affectant le système mondial et l’incapacité de Washington à intégrer les réalités politiques et institutionnelles de la nouvelle ère. La rivalité américano-soviétique a été, longtemps, confortable pour les élites politiques et militaires américaines. Ses paramètres étaient clairs, et les comportements prévisibles. Les États-Unis ont pensé se sécuriser en se procurant des armes et des systèmes de renseignements de plus en plus sophistiqués et coûteux. Des moyens de terreur efficaces Cette politique a été poursuivie par le Pentagone au cours de l’après-guerre froide, comme on l’a constaté et comme on le constate encore dans son projet de militariser l’espace contre un ennemi pour l’heure inexistant. Pendant des années, des généraux et des dirigeants politiques dociles ont menti sur la nature des menaces pour justifier le maintien des structures militaires, le système d’organisation, les dépenses d’armement et les bases étrangères issues de la guerre froide. On s’aperçoit désormais que la nouvelle course aux armements dans l’espace et le projet de défense antibalistique ne correspondent pas aux véritables besoins de sécurité du pays. Depuis des années, toutes les analyses sérieuses des risques ont souligné la menace accrue d’attentats terroristes sur le sol américain. Par exemple, le rapport de la commission HartRudman, publié en 1999, notait : « Il ne sera plus nécessaire à de petits Etats ou à des groupes d’individus, qu’il s’agisse d’organisations mafieuses ou de terroristes, d’investir lourdement dans la science ou l’industrie pour s’emparer de technologies très dangereuses (...). Des Américains mourront probablement sur leur propre territoire, peut-être en grand nombre (3). » Mais les agences de renseignement (CIA, FBI et NSA) ainsi que le Pentagone ont continué de s’appuyer sur le passé pour déterminer leurs stratégies à venir. Comme l’avait fait le militant américain d’extrême droite Timothy McVeigh, auteur de l’attentat d’Oklahoma City (168 morts) en avril 1995, M. Oussama ben Laden a manipulé la révolution de l’information à son avantage. L’un et l’autre ont compris que les petits possèdent des capacités d’action aux conséquences immenses, capacités ignorées par les grands États du fait de leur aveuglement. Obsédées par des notions de puissance et de domination héritées de la guerre froide, les institutions américaines ont développé une rhétorique autour des « États voyous (4) » et préconisé des boucliers de défense antibalistique. Mais pourquoi les terroristes dépenseraient-ils leurs ressources à mettre en œuvre une attaque balistique, alors qu’ils disposent, comme on vient malheureusement de le voir, de moyens plus efficaces de terreur, tels les avions de ligne ? La superstructure impériale dans son ensemble apparaît mal adaptée aux nouveaux défis mondiaux et semble vulnérable aux nouvelles formes de compétition politique : voilà pourquoi le Pentagone se montre incapable de gérer des conflits asymétriques (lire « L’ère des conflits asymétriques ») comme celui qui vient d’éclater. Cette inadaptation a été mise en lumière au moins depuis 1985, bien avant la fin de la guerre froide et la dissolution de l’Union soviétique en 1991. Déjà sous M. Ronald Reagan, l’augmentation des sommes consacrées à l’entretien de la machine militaire globale engendrait un malaise économique et politique grandissant. On ne parle pas ici seulement des sommes destinées à financer le matériel et le personnel des forces armées. Il faut y ajouter l’énorme coût que représentaient les concessions accordées aux alliés militaires des États-Unis en Asie : en échange de la conservation du réseau militaire américain, Tokyo et d’autres capitales obtenaient un accès préférentiel et sans entraves au marché américain. Depuis ses débuts, l’alliance américano-nippone a été fondée sur cet arrangement totalement étranger aux principes du marché et répondant aux besoins sécuritaires d’une nation protégeant son empire des empiètements soviétiques. Le Japon s’est soumis, devenant un vassal ou « un satellite des ÉtatsUnis en Asie orientale », comme l’a écrit l’essayiste Chalmers Johnson. En septembre 1985, au moment des accords dits du Plaza (5), les États-Unis étaient devenus le premier débiteur mondial, et le Japon le premier créditeur. Sous pression politique, l’administration Reagan a orchestré une manipulation massive des taux de change en dépréciant fortement la valeur du dollar (d’environ 50 % par rapport au yen) pour relancer l’économie américaine en perte de vitesse. Or cette intervention a eu pour conséquence de créer de nouveaux et profonds déséquilibres. Elle a conduit à un raz-de-marée d’investissements aux États-Unis financés par des actifs japonais qui ont soudain doublé en valeur. En d’autres termes, pour lutter contre l’empire soviétique, obsession centrale de l’administration Reagan, Washington a poursuivi des politiques conduisant à une vente massive des actifs américains et à la perte de contrôle de sa dette souveraine au profit d’un de ses satellites qui, lui, a vu se constituer une énorme bulle financière. Quand la valeur du terrain sur lequel s’élève le palais impérial de Tokyo a dépassé celle de la Californie tout entière, il était devenu évident que les marchés ne fonctionnaient pas normalement. L’événement de septembre 1985 était le premier choc indiquant que les coûts de préservation de l’empire américain étaient devenus économiquement et politiquement insoutenables. Pendant la guerre froide, l’Union soviétique et les États-Unis, chacun de leur côté, ont forcé les États à choisir leur camp. Tous deux ont élaboré des systèmes d’échange et des alliances militaires, et mis en œuvre une diplomatie destinée à maintenir leur sphère d’influence. Après l’effondrement de l’Union soviétique, le ratio coûts-bénéfices pour les nations insérées dans l’empire américain a dramatiquement changé. Désormais sans rival stratégique, et moins disposés à absorber les coûts de leur empire, les États-Unis ont remis en cause un système économique qu’ils avaient eux-mêmes construit après guerre. Dans les années 1990, ils ont imposé aux pays d’Asie orientale une dérégulation généralisée de leurs marchés financiers. A travers le Fonds monétaire international (FMI) et les autres institutions de Bretton Woods, ils ont forcé ces pays à adopter un modèle économique néolibéral exigé par le capital américain en contrepartie de ses investissements. Cette stratégie, et non le « capitalisme de connivence » ou une « mauvaise gouvernance », comme on l’a souvent entendu dire, a été la raison fondamentale de la grave crise asiatique de 1997 (6). Elle a engendré un effondrement qui a précipité une part importante des classes moyennes dans la pauvreté, alors que les investisseurs occidentaux, eux, étaient tirés d’affaire. Ce « laisser-faire » américain à l’égard de ses anciens alliés sud-coréens ou thaïlandais, par exemple, aurait été inconcevable pendant la guerre froide, puisque l’Union soviétique n’aurait pas manqué d’en tirer parti. Sur le plan militaire, le refus et l’incapacité d’amorcer une transition vers autre chose qu’une gestion d’empire trouvent leur meilleure illustration dans la décision de déployer un demi-million de soldats en Arabie saoudite en 1991. Selon l’histoire officielle de la IIIe armée américaine, « le Royaume d’Arabie saoudite réclama aux États-Unis une assistance immédiate pour le protéger contre la menace de missiles balistiques (irakiens). L’armée américaine a réagi rapidement en déployant deux bataillons d’artillerie Patriot d’Europe et un QG de brigade en octobre 1991 ». Au nombre de 7 000, ces soldats devaient être stationnés temporairement en Arabie saoudite. Ils y sont encore. Leur présence froisse un grand nombre de personnes sensibles à la question de la pureté religieuse et culturelle de l’islam, ainsi qu’à celle de la souveraineté nationale. Les planificateurs américains auraient dû savoir que la présence de ces troupes, stabilisatrice dans un premier temps, deviendrait un motif d’instabilité pour le royaume. Cela s’est vu ailleurs, à Okinawa au Japon, par exemple, où quarante bases américaines provoquent un fort rejet. On sait que les déploiements militaires externes des États-Unis ont pour effet de radicaliser les populations locales. Alors que les intérêts des États unis dans les Balkans et le déploiement d’à peu près 3 000 militaires en Bosnie font depuis longtemps l’objet d’un débat incessant, le silence a été total à Washington sur les forces américaines stationnées en Arabie saoudite. Lorsqu’on interroge les stratèges américains sur la différence qu’il pourrait y avoir entre l’Iran prérévolutionnaire et l’Arabie saoudite actuelle, qu’on leur demande si les États-Unis ne devraient pas être préoccupés par une présence militaire qui mine la légitimité populaire des dirigeants et retourne les islamistes contre Washington, ils éludent la question. Le point de vue dominant reste que les troupes américaines stabilisent la région et la protègent contre l’Irak. Dans une réunion privée récente, l’ex-sous-secrétaire d’État Strobe Talbott a souligné que le mépris de la culture et de l’identité des peuples dans l’ancien empire soviétique avait causé une très forte radicalisation politique d’une partie des populations locales. Interrogé sur le point de savoir si le même phénomène de rejet se produisait au Japon ou en Arabie saoudite à l’égard des États-Unis, il répondit que les stationnements étrangers étaient « source de stabilité ». En vérité, le sujet est tabou : les États-Unis se retirent difficilement de leurs avant-postes internationaux. En dépit de son statut de paria international, il est important de lire Oussama ben Laden à ce sujet. Que l’on soit aveuglé par la colère ou que l’on considère sa voix comme totalement illégitime, une partie des élites bien établies en Arabie saoudite, dans les Émirats arabes unis, à Oman et au Koweït - autant de pays censés être protégés par les États-Unis - n’en adhère pas moins à sa vision. Dans un livre à paraître aux éditions Free Press (New York), Holy War Inc., Peter Bergen cite Oussama ben Laden : « L’effondrement de l’Union soviétique a rendu les ÉtatsUnis plus hautains, et ils ont commencé à se considérer comme les maîtres de ce monde en établissant ce qu’ils appellent un nouvel ordre mondial (...). Aujourd’hui, les États-Unis ont un double langage, appelant terroriste quiconque va à l’encontre de leur injustice. Ils veulent occuper 15 nos pays, voler nos ressources, imposer leurs agents pour nous diriger (...) et ils veulent que nous soyons d’accord. » Quoique venant d’un terroriste, ces paroles ne rencontrent-elles pas un ressentiment partagé par d’autres sur le comportement économique et militaire souvent unilatéral et arrogant des États-Unis? Ce ressentiment aurait été moindre si l’ancien président William Clinton avait pu, comme il le voulait initialement, tracer une nouvelle voie en politique étrangère. Il a en effet tenté de modifier la logique de sécurité nationale en ramenant les intérêts économiques au niveau des considérations de sécurité classiques. Il avait perçu que le Pentagone était intoxiqué par sa victoire dans la guerre du Golfe et n’était pas en phase avec les sensibilités de la grande masse des Américains. En novembre 1992, à Little Rock (Arkansas), le président avait souligné le besoin de rassembler les nations du monde au sein d’un réseau d’interdépendance économique. Il a tenté de marginaliser les élites militaires. Mais le Pentagone a finalement réussi à reprendre le dessus au détriment d’un président pris au piège de scandales personnels (7). Une administration préparée au conflit Son successeur, M. George W. Bush, a créé une administration préparée au conflit. La mise en place de son équipe de sécurité nationale a été remarquablement rapide. De plus, il a maintenu à la tête de la CIA et du FBI des hommes qui ont eu un rôle-clé dans la lutte contre le terrorisme au cours des années précédentes. M. Louis Freeh, directeur du FBI, était chargé de la poursuite des auteurs de l’assaut terroriste contre le navire de guerre USS Cole en octobre 2000, au Yémen. M. George Tenet, directeur de la CIA, avait intensifié la traque des groupes formels et informels qui menaçaient les négociations de paix au Proche-Orient. A l’époque, on craignait à Washington que des pays de la région - l’Irak, peut-être aussi l’Iran et la Libye - mettent le feu aux poudres dans le conflit israélo-palestinien et que des armes de destruction massive soient utilisées. M. Bush et son équipe savaient qu’ils ne pouvaient espérer élargir leur assise électorale par des actions en politique intérieure. Ils ont espéré que la politique étrangère ferait la différence. M. Bush est dévoré par celle-ci. En contraste avec Richard Nixon et M. Henry Kissinger, géopoliticiens « réalistes » d’une époque que l’on croyait annonciatrice du déclin américain, M. Bush se considère comme un « réaliste » en un temps d’ascension sans précédent de la puissance américaine. Il ne désirait évidemment pas ni ne s’attendait à un terrorisme aussi tragique et horrible. Mais le 11 septembre lui donne un prétexte souhaité pour remobiliser l’appareil militaire, pour combattre les fantômes qui ont hanté la présidence de son père, en particulier l’idée d’une famille Bush battue par le président irakien Saddam Hussein, et mettre fin à l’impopularité causée par une élection présidentielle très contestée. Dans son esprit, l’affrontement militaire - du style de la collision, en avril 2001, entre l’avion-espion américain EP3 et un chasseur chinois - pourrait servir de fondement à une présidence forte, du moins en apparence. Mais M. Bush et ses serviteurs veulent combattre des nations et ne comprennent pas la nature des menaces du XXIe siècle. Les États-Unis exigent maintenant des pays du monde qu’ils décident s’ils sont « avec ou contre nous ». Comme si la ligne de démarcation était claire. M. Bush a reçu du Congrès l’autorité et le financement nécessaires à l’expansion de la superstructure militaire et de renseignement. Les libertés publiques américaines vont être réduites. Bref, M. Bush va changer nos vies pour poursuivre un ennemi introuvable. S’il a orchestré ces désastres, M. Oussama ben Laden doit évidemment être poursuivi en même temps que ses collaborateurs et protecteurs. Mais l’essentiel de nos énergies devrait se concentrer sur les facteurs sous-jacents au conflit. La guerre froide est finie. Si l’on n’en prend pas conscience, les coûts ne feront qu’augmenter. Dans son argumentation sur la nature des révolutions scientifiques, Thomas Kuhn (8) a souligné que l’innovation n’est pas un processus progressif. Elle se produit lorsque s’effondre un paradigme jusque-là protégé, justifié et rationalisé. Un tel effondrement pourrait bien frapper les États-Unis s’ils continuent à se pavaner et à pavoiser au sujet de leur domination sur l’ordre mondial. Si l’Amérique d’aujourd’hui voulait vraiment pratiquer une « justice sans limites », elle devrait se mettre à l’écoute des régions du monde et des organisations non gouvernementales qui hurlent pour obtenir sa compassion en lieu et place de son idéologie et de ses actions guerrières. Steven C. Clemons. Vice-président de la New America Foundation, Washington DC. (1) Dirigeants de l’aile fondamentaliste de la droite américaine, MM. Falwell et Robertson ont permis à M. Bush de battre M. John McCain pendant les primaires du Parti républicain. M. Falwell a présenté ses excuses, le 18 septembre, après avoir subi de fortes pressions de la Maison Blanche. (2) American Civil Liberties Union, association progressiste de défense des droits civiques et de la liberté d’expression. (3) « New World Coming - American Security in the 21st Century », Publications du Congrès, Washington DC, 1999. (4) À propos de ce « concept », lire Noam Chomsky, « L’Amérique, État voyou », Le Monde diplomatique, août 2000. (5) Ils consacraient la libéralisation du système financier japonais et la réévaluation du yen. (6) Lire « La mondialisation contre l’Asie », Manière de voir, n° 47, septembre-octobre 1999. (7) Philip S. Golub, « Rêves d’Empire de l’administration américaine », Le Monde diplomatique, juillet 2001. (8) La Structure des révolutions scientifiques, Flammarion, Paris, 1972. 16