Plan de cours - Faculté de philosophie

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Plan de cours - Faculté de philosophie
PHI-7206
Questions de métaéthique
L’objectivité morale
Professeur : Patrick Turmel
I
BUT DU COURS
La métaéthique est la branche de la philosophie morale qui, plutôt que de s’intéresser aux
questions à propos de ce que nous devons faire ou valoriser, concerne les questions de
second ordre, notamment à propos du statut ontologique des normes et des valeurs, de la
question épistémologique de la connaissance morale, ou encore du lien entre la motivation
et le jugement moral. Cette année, le séminaire Questions de métaéthique se penchera sur
le problème de l’objectivité morale.
Lorsque l’on énonce un jugement moral, c’est généralement avec une certaine prétention à
l’objectivité. Si l’on affirme, par exemple, que tuer est mal, c’est que l’on croit qu’il s’agit d’un
jugement objectif et non pas simplement d’une préférence subjective ou culturelle.
D’ailleurs, le discours moral prend bien souvent une forme déclarative : on dit ainsi « mentir
est immoral » comme on dit « la terre est ronde ». On semble ainsi formuler un énoncé de
fait plutôt qu’un simple sentiment. On peut bien affirmer « mentir m’est désagréable », mais
on ne considère généralement pas un tel énoncé comme un jugement moral. On n’hésite
pas non plus à parler en termes de connaissance morale, ce qui semble présumer un
certain accès à des « vérités » morales. Par exemple, je sais – ou considère comme une
vérité - qu’il est moralement préférable de flatter un chat que de le bruler. On délibère aussi
sans cesse pour savoir si une action est correcte, ou s’il est moral d’agir de telle ou telle
façon. On le fait pour soi-même, mais aussi avec les autres, ce qui ne peut s’expliquer que
si l’on présume qu’il existe de bons et de mauvais arguments moraux, ou de bonnes et de
mauvaises réponses aux enjeux éthiques. Cette activité de délibération n’aurait aucun sens
sans cette prétention à l’objectivité, ou s’il était impossible de se tromper. Enfin, le discours
moral semble aussi prendre acte qu’une éducation ou un apprentissage moral est possible,
ce qui semble du même coup impliquer qu’il existe un standard moral indépendant de nos
sentiments ou attitudes.
Tout cela soulève plusieurs questions, qui nous occuperont au cours de ce séminaire.
Qu’est-ce que signifie de dire d’un jugement moral ou normatif qu’il est objectif? Quel est le
rapport entre objectivité et vérité? En matière morale, « vrai » et « objectif » sont-ils
synonymes? Sous quelles conditions un énoncé moral peut-il être dit objectif ? D’où vient
l’objectivité morale? Dépend-elle nécessairement de l’adéquation du jugement avec une
réalité morale indépendante de nous, de la même façon que la vérité d’un jugement de fait
dépend de son adéquation avec la réalité empirique? Pour les philosophes qui se réclament
du réalisme moral, il ne peut y avoir objectivité d’un jugement moral que s’il existe une telle
réalité morale à l’aune de laquelle la vérité de ce jugement peut être vérifiée. Mais cela
ouvre la porte au problème du statut ontologique de cette réalité (de quoi s’agit-il ? comment
s’articule-t-elle à la réalité empirique?) et de son accès épistémique (comment peut-on la
connaître?). Doit-on, à l’inverse, renoncer à l’objectivité morale si l’on rejette le réalisme
moral et si l’on conçoit la moralité comme une réponse émotionnelle ou une construction
sociale? Est-ce que de telles perspectives impliquent nécessairement une certaine forme de
subjectivisme ou de relativisme moral?
Dans le présent document, le masculin est utilisé sans discrimination
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II
OBJECTIFS
Objectifs de connaissance :
a. Comprendre les questions centrales de la métaéthique, par le biais d’une étude
approfondie d’une problématique particulière, celle de l’objectivité morale.
b. Maîtriser les concepts fondamentaux de la métaéthique.
Objectifs d'habiletés intellectuelles :
c. Acquérir une meilleure compréhension des différents débats et positions philosophiques
en métaéthique, et développer une position critique à leur égard.
d. Favoriser les habiletés de lecture, la capacité de synthèse et d’argumentation, ainsi que
l’esprit critique.
III
CONTENU
6 septembre. Introduction
13 septembre. Pourquoi être objectiviste? (Enoch)
Lectures :
David Enoch, « How Objectivity Matters »
David Enoch, « Why I am an Objectivist about Ethics (And Why You Are, Too) »
20 septembre. Objectivité et vérité I
Lecture :
Ronald Dworkin, « Objectivity and Truth: You'd Better Believe it »
27 septembre. Objectivité et vérité II
Lecture :
Sharon Street, « Objectivity and Truth: You’d Better Rethink It »
4 octobre. L’objectivité morale et les limites du réalisme décontracté
Lecture :
Sarah McGrath, « Relax don't do it. Why Moral Realism Won't Come Cheap »
11 octobre. Expressivisme et objectivité
Lecture :
Terry Horgan et Mark Timmons, « Expressivism, Yes! Relativism, No! »
18 octobre. Expressivisme et subjectivisme
Lectures :
Mark Schroeder, « Does Expressivism Have Subjectivist Consequences? »
Russ Shafer-Landau, Moral Realism (extrait)
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25 octobre. Constructivisme et objectivité
Lectures :
Carla Bagnoli, « Moral Objectivity: A Kantian Illusion? »
Aaron James, « Constructing Protagorean Objectivity »
[1er novembre. Semaine de lecture]
8 novembre. Contingence et objectivité
Lectures :
Sharon Street, « In Defense of Future Tuesday Indifference: Ideally Coherent Eccentrics
and the Contingency of What Matters »
Sharon Street, « Coming to Terms with Contingency »
15 novembre. La construction sociale de l’objectivité I
Lecture :
David Wong, « Constructing Normative Objectivity in Ethics »
22 novembre. La construction sociale de l’objectivité II
Lecture :
Kate Manne, « On Being Social in Metaethics »
29 novembre. Quelles leçons tirer de la phénoménologie morale ?
Lectures :
Björnsson, Gunnar, « Do 'Objectivist' Features of Moral Discourse and Thinking Support
Moral Objectivism? »
Terry Horgan et Mark Timmons, « What Does Moral Phenomenology Tell Us About
Moral Objectivity? »
6 décembre. Retour sur le problème de l’objectivité
** Vendredi 9 décembre. Colloque
IV FORMULE PÉDAGOGIQUE
Les séminaires seront organisés autour de courtes leçons magistrales, d’exposés, et de
discussions.
Avant chaque séance, les étudiants devront faire parvenir au professeur, par courriel,
quelques questions ou commentaires critiques à propos des lectures prévues et à partir
desquels la discussion sera orientée.
Une journée de colloque sur le thème du séminaire clôturera la session. Cette journée se
tiendra le vendredi 9 décembre 2016. Les étudiants intéressés pourront y présenter le
produit de leur réflexion.
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V BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
Les lectures obligatoires seront disponibles en ligne.
Des éléments de bibliographie seront présentés aux étudiants à chaque séance.
VI MODES ET CRITÈRES D’ÉVALUATION
Un exposé comptant pour 20% de la note finale. La nature de l’exercice dépendra du
nombre d’étudiants inscrits au séminaire. Des précisions seront offertes lors de la première
séance de séminaire. Critères de correction : cohérence et clarté de la présentation,
pertinence et rigueur de l’argumentation, qualité des réponses aux objections et aux
questions.
Un travail écrit sous forme de communication, d’environ 12 pages (3000 mots maximum),
comptant pour 50% de la note finale. Le travail devra être remis au plus tard le 16 décembre
2016. Critères de correction : clarté et rigueur de la présentation et de l’argumentation,
originalité de la réflexion, qualité de la langue.
Avant chaque séance, les étudiants devront aussi faire parvenir au professeur des
questions ou commentaires critiques sur les lectures prévues, qui serviront d’amorce à la
discussion. Ils devront être envoyés par courriel le jour précédant le séminaire. Ces
exercices comptent pour 20% de la note finale.
La participation au séminaire et au colloque de fin de session, et la qualité et la pertinence
des interventions comptent pour 10% de la note finale.
Des précisions quant à ces différentes évaluations seront données lors de la première
séance de séminaire.
***
Les travaux seront remis dactylographiés en Times 12 ou l’équivalent, double interligne
avec marges de 2,5 cm.
Les travaux remis en retard seront pénalisés de 5 % par jour.
Attention à l’orthographe et à la syntaxe. Jusqu’à 10% des points de chaque travail ou
exercice peut être soustrait de la note finale en raison des fautes d’orthographe et de syntaxe
(voir la Politique du français disponible sur le site web de la Faculté de philosophie).
Le plagiat est tout à fait proscrit. Se référer au site Internet de la Faculté et au Règlement
des études.
Notation selon l'échelle en vigueur à la Faculté de philosophie.
Étudiants ayant un handicap :
Voir la Procédure de mise en application des mesures d’accommodations scolaires, à
l’adresse suivante : http://www.aide.ulaval.ca/cms/site/cocp/pid/1936
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