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MIEUX GÉRER LES SIGNES PSYCHOLOGIQUES ET COMPORTEMENTAUX 1 Identifier les troubles (1) Ils représentent un signal d’alerte pour le diagnostic Ils apparaissent progressivement au cours de la maladie Ils sont variables selon les individus 2 Identifier les troubles (2) Ils conditionnent l’évolution de la maladie et notamment la rapidité de survenue du stade sévère Ils sont source de souffrance et de baisse de qualité de vie pour le résidant 3 Identifier les troubles (3) Ils sont la première cause de détresse pour les proches et, par conséquent, d’hospitalisation et de placement Ils sont une cause d’épuisement pour les soignants Ils augmentent le risque de maltraitance 4 Causes Facteurs psychologiques Contre-attitudes négatives Mauvaise gestion des émotions Sur-stimulation avec mise en échec Manque de respect ou infantilisation 5 Analyse de la situation Où ? Quand ? Quoi ? Pourquoi ? Dans quelles circonstances ? Qui était présent ? Facteurs déclenchants ? Changement récent ? À quel moment de la journée ? Quel est ce trouble ? Depuis combien de temps ? Quel sens lui donner ? 6 Idées délirantes « Il tient des propos incohérents » 7 Les idées délirantes De type paranoïaque simple, en rapport avec la vie quotidienne du résidant : accusations temporaires de vol, spoliation, persécution ou de jalousie. Autre syndrome rencontré dans la M.A: le syndrome d’ EKBOM: conviction délirante d'être infesté de parasites qui grouillent sur le corps. 8 Conduite à tenir face aux idées délirantes Ne pas critiquer le résidant et son délire, Lui dire que vous le croyez, mais que vousmême vous n’y adhérez pas. 9 Conduite à tenir face aux idées délirantes Si le délire est bien toléré et peu inquiétant, le respecter car il représente un moyen d’apprivoiser une réalité qui échappe au résidant et de moins souffrir : Parler avec un ami imaginaire qui vient lui tenir compagnie ou penser qu’il est employé à la maison de retraite et non pas résidant, peut le rassurer. S’il est angoissé, agité ou agressif, demander au médecin un traitement ponctuel. 10 Principaux signes Les hallucinations et les troubles de l’identification « Il voit des choses qui n’existent pas… Il confond les gens » 11 Les hallucinations Elles sont plus souvent visuelles qu'auditives, leur survenue précoce doit faire évoquer une Démence à Corps de Lévy (D.C.L). 12 Les troubles de l’identification (1) Un phénomène fréquent est la conviction que les personnages célèbres, les animateurs de la télévision rendent visite au résidant, sont présents dans la pièce et peuvent converser avec lui. 13 Les troubles de l’identification (2) Le syndrome de CAPGRAS: c'est la conviction délirante que le conjoint ou l'enfant n'est pas le proche réel mais un imposteur. Le syndrome de FREGOLI: fausse reconnaissance de plusieurs personnes, sans ressemblance, comme étant une même et unique personne. 14 Les troubles de l'identité et de l'identification Le phénomène du fantôme rendant visite dans la chambre, favorisé par l'obscurité ou la présence d'éléments perçus comme inquiétants (ombres au sol ou sur les murs, objets non familiers...). Le phénomène du compagnon imaginaire (recherche de protection), ou la conviction qu'une personne décédée vit toujours (ce sont souvent la mère ou le conjoint décédé). 15 Conduite à tenir face aux hallucinations et aux troubles de l’identification (1) Ne pas critiquer le résidant et ses hallucinations Lui dire que vous le croyez, mais que vousmême vous ne voyez rien Le soir, bien éclairer, laisser une veilleuse la nuit dans sa chambre pour éviter les interprétations erronées de ses sens 16 Conduite à tenir face aux hallucinations et aux troubles de l’identification (2) Renommer les personnes, au besoin Savoir respecter les hallucinations lorsqu’elles sont bien vécues (animal de compagnie) Au besoin, demander un soutien psychologique. 17 Principaux signes L’agitation et l’agressivité « il crie; il marche sans arrêt » 18 Identifier l’agitation (1) Activité verbale, vocale ou motrice inappropriée - Par sa fréquence, - Par son décalage avec le contexte social (fonction de la tolérance du milieu). Agressive ou non agressive Ne correspond pas toujours à une cause bien définie 19 Identifier l’agitation (2) Causes possibles : Délire et hallucinations Effet paradoxal d’un traitement par tranquillisants ou qui a été interrompu brutalement Prise de certains médicaments Maladie aiguë (fécalome, rétention d’urine, douleur…) 20 Identifier l’agitation (3) Causes possibles : Attitude inadaptée de l’entourage (excès de stimulation, par exemple) Changement dans l’environnement qui apparaît étranger et inquiétant Mauvaise interprétation d’un geste ou d’une parole de votre part… Incompréhension de la situation 21 Identifier l’agressivité (1) Elle s’exprime plutôt de façon verbale (cris, insultes), que physique (griffer, mordre, taper, tirer les cheveux) Elle est généralement induite par la peur, en réaction à un événement particulier 22 Identifier l’agressivité (2) Elle se produit souvent dans des situations de proximité (toilette, repas, habillage) . La personne elle-même se sent agressée, car elle ne comprend pas ce qu’on lui veut, ou parce que l’on s’approche dans une proximité insupportable Elle est liée à la sévérité de la maladie et accompagne souvent une aggravation de celle-ci 23 Conduite à tenir face à l’agitation et l’agressivité (1) Repérer les facteurs déclenchants de la crise et les éviter Éviter les changements brutaux Si le résidant crie, chercher s’il ne souffre pas d’une mauvaise position Vous assurer que le résidant n’a pas mal quelque part Proposer au résidant des douceurs à manger Éviter les excitants (café, thé, chocolat...) 24 Conduite à tenir face à l’agitation et l’agressivité (2) Essayer de rassurer le résidant Garder votre calme Lui parler doucement Éviter les reproches Tenter de le calmer en lui tenant la main ou en posant votre bras autour de lui Ne pas vous culpabiliser Favoriser un environnement calme et apaisant 25 Conduite à tenir face à l’agitation et l’agressivité (3) Ces accès sont souvent de courte durée : le résidant peut redevenir calme quelques instants après 26 Conduite à tenir face à l’agitation et l’agressivité (4) Veiller à votre propre sécurité Ne pas tenter de contenir le résidant, il peut vous faire mal Apprendre à vous défaire de façon calme s’il vous bloque En cas de situation devenant trop difficile, demander de l’aide à un tiers 27 Conduite à tenir face à l’agitation et l’agressivité (5) Si le résidant devient violent : Le laisser seul quelques instants Lui laisser de l’espace Si le problème persiste : ne pas hésiter à prévenir le médecin Cause médicamenteuse Maladie en cours 28 Conduite à tenir face à l’agitation en situation de contrainte (1) Prendre le temps de vous faire reconnaître et accepter avant de lui faire sa toilette ou de l’aider à manger Ne pas tenter de « raisonner » le résidant Ne pas insister, essayer à un autre moment... 29 Conduite à tenir face à l’agitation en situation de contrainte (2) Si le résidant a peur de la douche ou de la baignoire, l’aider à faire sa toilette, assis sur un tabouret devant le lavabo 30 Conduite à tenir face à l’agitation en situation de contrainte (3) Si le résidant a peur de l’eau : Avoir recours à des lingettes, un gant, un drap imprégné de savon pour le laver et un drap imprégné d’eau pour le rincer Ce type de toilette peut se faire au lit (personne difficile à mobiliser) 31 Conduite à tenir face à l’agitation en situation de contrainte (4) Tenter de le distraire en lui donnant à manipuler un objet ou en lui faisant faire une activité simple, mais utile 32 La dépression « Il est triste… » 33 Identifier la dépression (1) L'humeur triste s'observe à tous les stades de la M.A. Au début, elle découlerait surtout d'une prise de conscience du déclin cognitif (des idées suicidaires sont alors possibles) Avec l'évolution, elle est plutôt l’expression d'un dysfonctionnement neurobiologique et dépend peu de l'environnement 34 Identifier la dépression (2) La tristesse : Est de courte durée dans une journée Survient par moments En particulier lors d'une mise en échec 35 Identifier la dépression (3) Traductions possibles: Changement de comportement Modification du poids Perturbations du sommeil Pleurs Idées noires 36 Conduite à tenir face à des signes dépressifs (1) Rechercher un facteur déclenchant récent (Décès ou absence d’un proche ou d’un voisin…) Faire preuve d’empathie Respecter la douleur du résidant et son manque d’élan vital 37 Conduite à tenir face à des signes dépressifs (2) Ne pas forcer le résidant à « se secouer » En parler au médecin : un traitement par antidépresseur peut être nécessaire pour éviter une dégradation plus rapide de l’autonomie Proposer un soutien psychologique 38 L’anxiété « il a peur pour un rien… » 39 Identifier l’anxiété Elle est présente à tous les stades Traductions possibles : Cris, appels à l’aide, fugues, opposition, déambulation, évitement phobique, Réactions de catastrophe, moments de panique. 40 L’anxiété L'angoisse d'abandon est très fréquente dans les formes évoluées, entraînant des comportements « collants » et des demandes incessantes, particulièrement épuisantes pour l'entourage. 41 Conduite à tenir face à l’anxiété (1) Éviter tout changement brutal, non préparé Expliquer toujours au résidant ce que vous faites Ne pas donner au résidant de consignes trop complexes 42 Conduite à tenir face à l’anxiété (2) Créer autour du résidant un environnement apaisant et simplifié (pas trop de bruit, ni de monde, pas de signe incompréhensible). Pour les résidants encore capables de verbaliser, essayer de décoder le problème Être très présent au moment du crépuscule, quand l’angoisse monte. 43 L’apathie et l’indifférence « Il se replie sur lui-même, il ne fait plus rien ! » 44 Conduite à tenir face à l’apathie et l’indifférence (1) Solliciter le résidant pour agir Montrer le début de l’action, il continuera tout seul Encourager le résidant à terminer la tâche en cours 45 Conduite à tenir face à l’apathie et l’indifférence (2) Inciter le résidant à partager ses émotions, ne pas hésiter à lui communiquer les vôtres Ne pas considérer qu’il se moque de tout et de tous 46 Conduite à tenir face à l’apathie et l’indifférence (3) Attention ! L’apathie est un signe peu bruyant : risque de négligence de la part des soignants et de repli sur soi du résidant 47 L’irritabilité et l’instabilité de l’humeur « Il se met en colère facilement » 48 Les troubles émotionnels Ils comportent deux troubles : l'émoussement affectif déjà cité dans l'apathie la labilité émotionnelle 49 La labilité émotionnelle Changements brutaux de l'humeur, avec apparition fugace de réactions dépressives (pleurs lors de pensées tristes) ou euphoriques, d'irritabilité, d'explosions coléreuses, de phases d'excitation ou de désintérêt. La fréquence de cette labilité serait de l'ordre de 30 %, intéressant surtout les formes modérées à sévères. 50 Conduite à tenir face à l’irritabilité et l’instabilité de l’humeur (1) Garder son calme et tenter de rassurer le résidant Se montrer apaisant : Le résidant peut être effrayé par ses émotions et avoir besoin d’être soutenu; Il peut avoir oublié ce qui a causé cette vive réaction et être désorienté et confus 51 Conduite à tenir face à l’irritabilité et l’instabilité de l’humeur (2) Ne pas chercher tout de suite des explications, il n’y en a d’ailleurs pas forcément Ne pas culpabiliser, ne pas dramatiser pour ne pas surenchérir 52 Les troubles du sommeil « Il ne dort plus; il inverse le jour et la nuit. » 53 Conduite à tenir face aux troubles du sommeil (1) Éviter le café, le thé, le chocolat ou les situations trop stimulantes en fin de journée Si le résidant a l’air triste ou fatigué, penser à une dépression ou à une cause médicale. En parler au médecin 54 Conduite à tenir face aux troubles du sommeil (2) Si le résidant ne dort pas, c’est peut-être parce qu’il ne fait rien de sa journée : Rythmer les journées : lever, toilette, repas, activités, sorties Ne pas laisser le résidant faire trop souvent la sieste 55 Conduite à tenir face aux troubles du sommeil (3) En cas de prescription de somnifère : Ne pas le donner trop tôt dans la soirée, mais plutôt vers 23 heures, sinon il risque de se réveiller en début de nuit, une fois le médicament éliminé et de présenter de l’anxiété, une désorientation et des manifestations hallucinatoires. 56 Conduite à tenir face aux troubles du sommeil (4) Ne pas laisser s’installer des inversions de rythme jour / nuit ! 57 Les troubles des conduites d’élimination ou incontinence « Il ne se contrôle plus… » 58 Identifier l’incontinence L’incontinence urinaire : Nocturne en premier Puis nocturne et diurne 59 Identifier l’incontinence L’incontinence fécale apparait dans les formes évoluées: Mais peut-être le résidant a-t-il du mal à repérer les toilettes surtout la nuit ? Ou n’a-t-il pas le temps d’y arriver ? Ou présente-t-il des difficultés praxiques pour se déshabiller ? Ou gnosiques pour reconnaître le lieu et savoir s’en servir ? 60 Conduite à tenir face à une incontinence (1) Avant d’envisager des protections, qui peuvent être vécues avec honte par le résidant, expérimenter des techniques comportementales 61 Conduite à tenir face à une incontinence (2) Aider le résidant : À repérer les toilettes À effectuer si nécessaire le déshabillage À adopter la position adéquate Faire uriner le résidant à heures fixes (toutes les deux heures) 62 Quelques conseils généraux (1) La plupart de ces troubles sont liés à la maladie et difficiles à moduler, quelles que soient vos compétences : ne pas culpabiliser ! Le résidant ne le fait pas exprès ; il ne maîtrise pas ses réactions Être à l’écoute du sens de ces comportements 63 Quelques conseils généraux (2) Adapter votre communication : Ne pas donner de consignes trop complexes. Essayer de vous adapter au résidant, car il ne peut pas changer. 64 Quelques conseils généraux (3) Ne pas demander au résidant plus qu’il ne peut réaliser Ne pas materner le résidant : le stimuler à faire par lui-même, mais être patient et tolérant… et positiver ! Recourir aux approches non pharmacologiques avant de penser aux médicaments ! 65 La psychologie du résidant Divers éléments sont à prendre en compte: La personnalité antérieure du résidant Son histoire personnelle Sa capacité à gérer le stress La qualité de ses relations avec l’entourage Les événements récents (placement, changement de chambre, de voisins, aggravation de la maladie, etc.) Les épisodes organiques douloureux La contention, etc. 66 La psychologie du résidant La dépression peut signer le travail de deuil d'une image antérieure de soi,surtout au début de la maladie Il faut se souvenir que le ressenti affectif demeure présent jusqu'à la fin de la maladie 67 Moyens thérapeutiques non médicamenteux (1) Ce sont les premiers à mettre en œuvre ! Rester calme et rassurant (le résidant malade réagit en fonction de notre humeur et de nos réactions) 68 Moyens thérapeutiques non médicamenteux (2) Essayer de distraire le résidant, détourner son attention de ce qui le préoccupe ,arrêter l’activité en cours, lui proposer un promenade ou de manger quelque chose 69 Moyens thérapeutiques non médicamenteux (3) Prendre du temps pour s'asseoir à côté de lui, lui manifester une attitude d'écoute neutre et bienveillante, toujours éviter sa mise en échec. 70 Moyens thérapeutiques non médicamenteux (4) L'aider à exprimer la totalité de ses griefs Rester cadrant mais non hostile : penser à la souffrance derrière l'agressivité Éviter l'escalade symétrique des mots : ne jamais répondre à l'agressivité par de l'agressivité 71 Moyens thérapeutiques non médicamenteux (5) Proposer des solutions en utilisant un vocabulaire facile à comprendre par le résidant Réduire son isolement, proposer des activités quotidiennes programmées, permettre la déambulation par des espaces adaptés, éviter les contentions physiques, éviter les affrontements et les conflits entre personnes 72 Moyens thérapeutiques non médicamenteux (6) Se souvenir qu’un trouble du comportement, de survenue brutale, nécessite la recherche d’une cause organique 73 Moyens thérapeutiques non médicamenteux (7) Prendre la température, vérifier l’état de la bouche, prendre la T.A , le pouls et faire un TR, évaluer une éventuelle douleur faire un bilan sanguin et urinaire en fonction des symptômes : NFS-VS-CRPcalcémie-bilan hépatique -CPK + troponine- glycémie –ECBU. Si jugé nécessaire: ASP, RP et ECG. 74 Moyens thérapeutiques non médicamenteux (8) Au long terme, proposer des activités ludiques occupationnelles, par exemple : Art-thérapie, musicothérapie et chansons anciennes, photothérapie, ergothérapie. Groupes de paroles. Ateliers thérapeutiques ( ex : esthétique, manucure et coiffure pour les dames). Cuisine thérapeutique et repas thérapeutique. Jardin thérapeutique etc …. 75 Moyens thérapeutiques médicamenteux (1) En première intention, il est logique de prescrire un anticholinéstérasique (Aricept, Exelon, Reminyl), si cela n’est pas déjà fait. Leur effet est modeste sur les symptômes cognitifs purs, par contre, ils sont efficaces sur les troubles psycho comportementaux (en particulier délire, hallucinations, apathie) et sur le maintien de l'autonomie. Ils sont indiqués,officiellement, uniquement dans la maladie d'Alzheimer, dans les formes légères à modéré : MMS entre 24 et 10. 76 Moyens thérapeutiques médicamenteux (2) Leurs principaux effets secondaires : Nausées, vomissements, diarrhée. Une bradycardie est possible et c'est pourquoi il faut surveiller le pouls et avoir un ECG récent de référence, en refaire un environ deux à trois semaines après le début du traitement Autres effets secondaires possibles: fatigue surtout en début de traitement, vertiges, crampes, et aussi insomnie, cauchemars, dans ce cas donner l'anticholinestérasique le matin. 77 78