(gestion déchets nucléaires ADIT)
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(gestion déchets nucléaires ADIT)
La gestion des déchets radioactifs et le démantèlement des installations nucléaires en Espagne Bertrand Bouchet Conseiller pour la science et la technologie Ambassade de France en Espagne Août 2014 Lors d’un déplacement à Madrid au printemps 2014 à l’invitation du service pour la science et la technologie (SST) de l’Ambassade de France en Espagne, le Haut-Commissaire à l’énergie atomique, M. Yves Bréchet a manifesté son intérêt pour une meilleure connaissance de la politique espagnole en matière de gestion des déchets radioactifs et de démantèlement des installations nucléaires. Le présent document vise à répondre à cette demande. Il complète, et met à jour dans ce domaine, un rapport du SST de 2011 sur l’industrie nucléaire espagnole1 dont l’organisation générale n’est donc pas détaillée à nouveau dans ce document. On se contentera de rappeler ici que l’énergie nucléaire fournit environ 20% de l’électricité en Espagne, avec aujourd’hui sept réacteurs en fonctionnement (le huitième à Santa Maria de Garoña, à l’arrêt depuis décembre 2012, ayant demandé en mai dernier le renouvellement de son permis d'exploitation pour une durée de 17 ans supplémentaires, ce qui porterait sa durée de vie à 60 ans). Source : Foro Nuclear – Newsletter juillet 2014 La politique en matière de gestion des déchets est placée en Espagne principalement sous la responsabilité du ministère en charge de l’industrie, et mise en œuvre par l’entreprise publique ENRESA, à travers un « Plan Général des Déchets Radioactifs », dont le dernier a été adopté par le gouvernement en 2006. Ses principales priorités, qui sont détaillées dans la présente note, sont aujourd’hui largement réalisées (démantèlement de la centrale de José Cabrera, construction de sites d’entreposage du combustible usé sur les sites des centrales dont les piscines arrivent à saturation, lancement du projet d’ « Almacen Temporal Centralizado » ou ATC). Un nouveau plan sera-t-il présenté prochainement ? Alors que l’Espagne a fait le choix d’un parc nucléaire fonctionnant en cycle ouvert (sans retraitement/recyclage du combustible), le débat qui vient de s’engager sur une possible prolongation de la durée d’exploitation des centrales nucléaires de 40 à 60 ans pourrait avoir un impact significatif sur la problématique de gestions des déchets radioactifs et du démantèlement. Outre la réalisation d’ici 2018 du site d’entreposage centralisé, l’enjeu de la période qui s’ouvre sera pour l’Espagne de trouver désormais une solution à la question, éludée depuis les années 90 suite à une forte contestation publique, du stockage définitif de ses déchets radioactifs. 1 http://www.bulletins-electroniques.com/rapports/smm11_011.htm 2 Contenu Le cadre institutionnel ......................................................................................................................... 4 1. a. Définition .......................................................................................................................................... 4 b. L’encadrement juridique ................................................................................................................... 4 c. L’organisation des pouvoirs publics .................................................................................................. 4 2. Un plan national de gestion des déchets radioactifs pluriannuel ...................................................... 5 3. Origine et volume des déchets radioactifs produits en Espagne ....................................................... 6 4. Les déchets de faible et moyenne activité .......................................................................................... 7 a. Déchets de faible et moyenne activité .............................................................................................. 7 b. Déchets de très faible activité........................................................................................................... 7 c. Vers un agrandissement du site d’El Cabril ? .................................................................................... 8 d. Des seuils d’exemption des installations et de libération de matières ou substances radioactives . 8 Le combustible usé et les déchets de haute activité .......................................................................... 9 5. a. L’entreposage en piscine et les installations d’entreposage provisoire ........................................... 9 b. Le projet ATC d’entreposage temporaire centralisé ....................................................................... 10 c. Quelle solution de gestion définitive ?............................................................................................ 11 La R&D en matière de gestion des déchets en Espagne ................................................................... 12 6. a. Technologie des déchets ................................................................................................................. 12 b. Technologies et procédés de traitement, de conditionnement et de démantèlement................... 13 c. Matériaux et systèmes de confinement ......................................................................................... 13 d. Evaluation du comportement et de la sécurité, protection radiologique et modélisation associée 14 e. Infrastructure et coordination ........................................................................................................ 14 7. Le financement de la gestion des déchets ........................................................................................ 14 8. Le démantèlement des installations nucléaires ............................................................................... 15 3 1. Le cadre institutionnel a. Définition La gestion des déchets nucléaires en Espagne est régie par la Loi 25/1964 sur l’énergie nucléaire, qui définit comme déchet radioactif « toute matière ou déchet pour laquelle aucune utilisation n’est prévue, qui contient ou est contaminée par des radionucléides, en concentrations ou à des niveaux d’activité supérieurs à ceux établis par le ministère de l’industrie et de l’énergie après rapport du Conseil de Sécurité Nucléaire » b. L’encadrement juridique La Loi 25/19642 sur l’énergie nucléaire est le texte de base qui établit le régime juridique du développement et de la mise en œuvre de l’utilisation de l’énergie nucléaire civile en Espagne. Elle a connu de nombreuses modifications et compléments au fil des ans, dont on peut notamment signaler les suivantes : - La Loi 15/19803 de création du « Consejo de Seguridad Nuclear », en tant qu’organe indépendant et unique responsable en matière de sûreté nucléaire et de protection radiologique - Le décret royal 1522/19844 crée l’entreprise publique ENRESA responsable de la gestion des déchets et du démantèlement - Le décret royal 1836/1999 qui encadre l’autorisation et le fonctionnement des installations nucléaires et radioactives - Le décret royal 1349/20035 qui consolide les missions et règles de fonctionnement d’ENRESA - Et dernièrement le décret royal 102/20146 du 21 février, « pour la gestion responsable et sûre du combustible nucléaire usé et la gestion des déchets radioactifs », qui vise notamment à la transposition de la directive « normes de bases » Euratom 2009/71 c. L’organisation des pouvoirs publics La Loi confie au ministère en charge de l’industrie la responsabilité de la politique nationale dans le domaine du nucléaire civil. Le gouvernement adopte notamment la réglementation et concède les licences après avis contraignant du Consejo de Seguridad Nuclear et avis consultatif de la communauté autonome où doit être implantée l’installation. Le Consejo de Seguridad Nuclear, créé en 1980, est l’autorité de sûreté espagnole. La compétence relative à la gestion des déchets radioactifs et au démantèlement des installations nucléaires est placée sous l’autorité de l’entreprises nationale ENRESA (Empresa Nacional de Residuos Radioactivos SA). ENRESA est détenue à 80% par le CIEMAT, le Centro de Investigaciones Energeticas, Medio Ambientales y Tecnologicas (homologue espagnol du CEA) sous tutelle du ministère de l’Economie et de la Compétitivité, et à 20% par la SETI, Société Etatique de Participation Industrielle qui dépend du ministère des Finances. ENRESA est également sous tutelle du ministère de l’Industrie et de son Secrétariat à l’Energie pour ce qui concerne la définition de la stratégie nationale de gestion des déchets. ENRESA a été créée en 1984. L’entreprise, qui emploie 335 personnes sur cinq sites, est en charge de : - La préparation et la proposition au gouvernement d’un plan général de gestion des déchets radioactifs tous les quatre ans 2 https://www.boe.es/buscar/act.php?id=BOE-A-1964-7544 https://www.boe.es/buscar/act.php?id=BOE-A-1980-8650 4 https://www.boe.es/diario_boe/txt.php?id=BOE-A-1984-18431 3 5 https://www.boe.es/boe/dias/2003/11/08/pdfs/A39654-39658.pdf 6 http://www.boe.es/boe/dias/2014/03/08/pdfs/BOE-A-2014-2489.pdf 4 - Du traitement, conditionnement et stockage des combustibles usés et des déchets radioactifs La sélection, conception, construction et exploitation des centres de stockage La mise au point d’un système de collecte et transport des déchets La tenue d’un inventaire national des combustibles usés et déchets radioactifs La gestion des opérations de démantèlement des installations nucléaires Le soutien aux services de sécurité civile en cas de situation d’urgence nucléaire La préparation et la coordination des plans nationaux de R&D dans le domaine de la gestion des déchets nucléaires La réalisation d’études technico-économiques et financières La gestion d’un fonds pour les déchets nucléaires 2. Un plan national de gestion des déchets radioactifs pluriannuel La règlementation fixe donc à ENRESA l’obligation de préparer et proposer tous les quatre ans un « Plan Général des Déchets Radioactifs » (PGRR) au ministère en charge de l’industrie qui décide ensuite s’il le présente pour approbation au gouvernement. Il propose une stratégie de gestion de l’ensemble des déchets radioactifs et des actions à conduire par ENRESA pour la mettre en œuvre. Le dernier plan formellement adopté date de 20067, et n’a fait l’objet que de rapport et mise à jour ponctuelles jusqu’à présent. Compte-tenu de sa date de parution relativement ancienne, on se contentera ici d’en rappeler les grandes lignes, qui ont été dans une large mesures menées à bien et dont les éléments phares seront détaillés dans la suite de cette note (démantèlement de la centrale de Jose Cabrera, construction sites d’entreposage du combustible usé sur les sites des centrales, lancement du projet d’ « Almacen Temporal Centralizado »). Il convient de signaler par ailleurs qu’ENRESA travaille en ce moment à l’élaboration d’un nouveau plan qui pourrait être présenté au gouvernement en 2015. Les grandes lignes du 6ème Plan, censé couvrir la période 2006-2010 sont les suivantes : - Gestion des déchets de faible et moyenne activité Poursuite de la gestion normale en lien avec les exploitants pour la réduction du volume de déchets générés ; la mise au point d’une installation auxiliaire de gestion des déchets de très faible activité sur le site d’El Cabril (voir chapitre 4) ; Poursuite de l’amélioration des connaissances sur les déchets et les systèmes de stockage associés - Gestion du combustible usé et des déchets de haute activité Lancement du projet de site d’entreposage centralisé (« Almacen Temporal Centralizado »), objectif phare de ce plan, complété par des solutions d’entreposage individuelles (« Almacen Temporal individualizado ») sur les sites des centrales nucléaires pour soulager les piscines des centrales qui arrivent à saturation ; poursuite d’une activité minimal dans le domaine de la séparation et transmutation en collaboration internationale pour préparer de possibles décisions sur le choix d’une solution de stockage définitif des déchets le moment venu. - Fermeture d’installations Développements normatifs en lien avec l’autorité de sûreté ; études génériques pour optimiser les futures opérations de démantèlement, notamment celle de la centrale de José Cabreras, et la restauration environnementale des sites miniers espagnols. 7 Le plan, en version anglaise, http://www.enresa.es/files/multimedios/ing_6pgrr_indexed.pdf 5 est disponible à l’adresse suivante : - Autres Mise en œuvre du protocole de collaboration sur la surveillance radiologique des matériaux métalliques ; appui aux autorités pour la réponse aux situations d’urgence ; gestion des dispositifs radioactifs qui se trouvent hors du système réglementaire. - R&D Sur ce point, le PGRR donne lieu à un plan stratégique qui vient d’être mis à jour en 2014, et dont le contenu est détaillé au chapitre 6. 3. Origine et volume des déchets radioactifs produits en Espagne Les déchets radioactifs proviennent en Espagne des sources suivantes : - Des 8 réacteurs en cours d’exploitation - De deux réacteurs en phase de démantèlement - D’une usine de fabrication de combustible - D’environ 800 producteurs (hôpitaux, industriels, centres de recherche…) Il convient d’y ajouter les déchets d’installations d’ores et déjà fermées ou démantelées : - Mines d’uranium - Trois usines de conversion - Trois réacteurs de recherche A la fin de 2013 le volume de déchets radioactifs de faible et moyenne activité gérés par ENRESA s’élevait à 37 214 m3, dont 29 602 m3 de LILW et 7 612 m3 de VLLW. S’agissant du combustible usé, 13701 éléments combustibles correspondant à 4 481 tU étaient entreposés dans les piscines ou bâtiments d’entreposage. Compte-tenu de la capacité nucléaire installée en Espagne et d’une hypothèse de 40 de durée de vie des centrales (qui pourrait être amenée à changer prochainement compte-tenu des développement en cours pour la centrale de Santa Maria de Garoña), en cycle ouvert, l’estimation d’ENRESA concernant le volume global de déchets radioactifs à gérer a l’issue de l’exploitation des centrales nucléaires est le suivant : Nature des déchets Déchets de faible et moyenne activité Exploitation des centrales Démantèlement des centrales Autres installations Fabrication de combustible Combustible usé Déchets hautement radioactifs Volume (m3) 181 220 48 000 112 000 20 000 1 220 10 200 890 6 Répartition des déchets radioactifs par origine (%) 0,63 5,30 0,46 24,96 10,40 Exploitation des centrales Démantèlement des centrales Autres installations Fabrication de combustible Combustible usé Déchets hautement radioactifs 58,24 Source : ENRESA 4. Les déchets de faible et moyenne activité Depuis 1992, l’Espagne dispose sur le site d’El Cabril d’une installation de stockage des déchets de faible et moyenne activité. Sa conception est notamment inspirée du centre de stockage de l’Aube en France avec une contrainte supplémentaire qui impose de pouvoir récupérer les conteneurs si nécessaire. a. Déchets de faible et moyenne activité Le site est composé d’un ensemble de 28 cellules de stockage, d’un bâtiment de conditionnement des déchets en provenance de différents producteurs de déchets radioactifs du pays, d’une structure de fabrication des conteneurs en béton et d’une salle de contrôle d’où sont pilotées l’ensemble des opérations. Une fois arrivés sur le site, les déchets sont d’abord conditionnés lorsqu’ils ne proviennent pas des centrales nucléaires, avant d’être insérés dans des fûts en béton qui sont ensuite placés dans des conteneurs d’une capacité de 18 fûts de 220 litres. Lorsqu’ils sont pleins, ils sont scellés avec du béton et acheminés vers l’une des 28 cellules de stockage du centre. Lorsqu’une cellule est remplie (320 conteneurs) elle est recouverte d’une couche de béton et imperméabilisée, pour entrer dans une phase de surveillance pendant une durée de 300 ans. Une galerie d’inspection permet notamment de détecter d’éventuelles infiltrations. b. Déchets de très faible activité Depuis 2008, el Cabril est également doté d’équipements destinés à la gestion de déchets de très faible activité, comparable dans ce cas au site de Morvilliers en France. Cette installation doit pouvoir accueillir un volume de 130 000 m3, soit la totalité des déchets de très faible activité qui seront produits en Espagne, selon les estimations du 6ème Plan General des Déchets Radioactifs adopté en 2006. Il repose sur quatre cellules de stockage supplémentaires d’une capacité d’environ 30 000 m3 chacune (dont seule la première est aujourd’hui construite, la seconde étant en chantier depuis février 2014). Le dispositif est conçu pour assurer une pour assurer une barrière protectrice des colis de stockage pendant 60 ans. 7 Selon les derniers chiffres d’ENRESA, en 2013 El Cabril a reçu 1 681 m3 de déchets radioactifs, 769,64 m3 de faible et moyenne activité et 912,14 de très faible activité. La très grande majorité provenait des installations nucléaires espagnoles. Le volume total de déchets stockés atteignait 37 214 m3 fin 2013, atteignant un taux de remplissage de 69,61% de sa capacité totale pour les déchets de faible et moyenne activité, et de 19,75% pour les déchets de très faible activité. c. Vers un agrandissement du site d’El Cabril ? Alors que la capacité du centre de stockage des déchets de très faible activité est dimensionnée depuis l’origine pour couvrir l’ensemble des besoins du programme nucléaire espagnol, celle du centre de stockage de déchets de faible et moyenne activité ne sera pas suffisante. Le site pourra en effet accueillir un volume total de l’ordre de 50 000 m3. Or selon les estimations d’ENRESA, les quelques 180 000 m3 de déchets radioactifs à gérer d’ici la fin du programme nucléaire actuel, se répartissent pour moitié entre faible et moyenne activité d’une part et très faible activité d’autre part. C’est ce qui a conduit son président, M. Francisco Gil-Ortega, à annoncer en février 2014 l’intention de l’entreprise de solliciter une autorisation de construction de jusqu’à 28 nouvelles cellules pour doubler la capacité d’accueil des DFMA. Le gouvernement a indiqué pour sa part que l’Espagne aurait besoin d’une capacité additionnelle pour ce type de déchets à partir du début de la décennie 2020. Volume de déchets radioactifs reçus au centre d'El Cabril (m3) 3 500 3 000 Très faible activité 2 500 2 000 1 500 Faible et moyenne activité 1 000 500 0 d. Des seuils d’exemption des installations et de libération de matières ou substances radioactives S’agissant des déchets de très faible activité, il convient de signaler que la législation espagnole (article 35 du décret 1836/1999) prévoit que sont exemptes de la classification en tant qu’installation radioactive celles dont l’activité (exprimée en Bq et en Bq/kg) des substances radioactives qu’elle contient ne dépasse pas une valeur seuil définie dans l’instruction IS-05 du Consejo de Seguridad Nuclear. En outre, même en cas de dépassement des valeurs prévues dans ce document, l’exemption peut être prononcée par le ministère en charge de l’industrie après avis du Consejo de Seguridad Nuclear, pour autant que la dose effective découlant de l’activité pour toute personne soit inférieure ou égale à 10 μSv/an et la dose collective effective pour chaque année ne soit pas supérieure à 1 homme.Sv. Par ailleurs, l’article 75 de ce même décret 1836/1999 permet l’élimination, recyclage ou la ré-utilisation sans autorisation spécifique des substances ou matières radioactives dont la concentration ou le niveau 8 d’activité sont inférieurs à certains seuils définis par le ministère en charge de l’industrie. Ces seuils ont été fixés, pour les déchets solides, par une circulaire datée de 20038, qui permet la libération de certaines matières du statut de déchet radioactif. 5. Le combustible usé et les déchets de haute activité S’agissant du combustible usé et des déchets de haute activité, l’inventaire actuel fait état de 4600 tU stockés à la date du 31 décembre 2013. ENRESA a chiffré à 6 700tU la masse totale de combustible irradié générée par le parc nucléaire espagnol sur la base d’une durée de vie des centrales de 40 ans. Il convient de rappeler ici que le programme nucléaire espagnol fonctionne en cycle ouvert, l’Espagne n’ayant pas fait le choix du retraitement et recyclage. Pour autant, de petites quantités de combustibles espagnols ont été retraités jusqu’au début des années 80, avant l’abandon de cette option en 1983. C’est le cas notamment du combustible usé de la centrale de Vandellos I qui a été retraité à La Hague (s’agissant d’un réacteur graphite-gaz, l’ensemble du combustible devait être retraité) et s’y trouve toujours aujourd’hui (16,5 m3). La pénalité quotidienne de 65 000€ due par l’Espagne pour ne pas avoir récupéré ces déchets à la date du 1er janvier 2011 est l’une des causes de la décision de construction de l’ATC (voir ci-dessous). De même, le combustible irradié pendant les premières années d’exploitation des centrales de José Cabrera et Santa Maria de Garoña a été envoyé à BNFL au Royaume-Uni. a. L’entreposage en piscine et les installations d’entreposage provisoire A ces deux exceptions près, l’ensemble du combustible usé et des déchets de haute activité espagnols se trouve en Espagne. Le combustible usé est aujourd’hui entreposé en général dans les piscines construites à cet effet dans les centrales nucléaires, en attente d’une solution définitive de stockage. La plupart des réacteurs ayant été mis en service dans le courant des années 80, ces piscines sont aujourd’hui quasiment saturées. Centrale nucléaire Santa Maria de Garoña Almaraz I Almaraz II Ascó I Ascó II Cofrentes Vandellos II Trillo Mise en service mai 1971 septembre 1983 juillet 1984 décembre 1984 mars 1986 mars 1985 mars 1988 août 1988 Eléments combustibles irradiés Taux d'occupation des piscines (%) 2505 96,01 1328 80,63 1252 76,02 1164 92,09 1200 94,94 3980 83,26 1084 75,43 577 91,88 Plusieurs centrales se sont ainsi dotées ces dernières années d’unité d’entreposage complémentaires à sec (« Almacen Temporal Individualizado » ou ATI). La première fut installée dans la centrale de Trillo en 2002 qui compte aujourd’hui 483 éléments combustibles. La centrale José Cabrera en cours de démantèlement a également été dotée en 2009 d’un ATI, où sont entreposés 377 éléments combustibles dans des fûts de type HI STORM en béton. Enfin un ATI a été inauguré en 2013 pour les deux réacteurs de la centrale d’Ascó qui compte à ce stade 63 éléments combustibles. 8 Orden ECO/1449/2003 du 21/05/2003, “sobre gestión de materiales residuales sólidos con contenido radiactivo generados en las instalaciones radiactivas de 2.a y 3.a categoría en las que se manipulen o almacenen isótopos radiactivos no encapsulados” : http://www.boe.es/boe/dias/2003/06/05/pdfs/A21840-21842.pdf 9 b. Le projet ATC d’entreposage temporaire centralisé Projet phare du 6ème Plan Général des Déchets Radioactifs, le projet ATC (pour « Almacen Temporal Centralizado ») vise à répondre aux objectifs suivants : - Unifier la gestion de l’ensemble du combustible usé et des déchets de haute activité ; - Permettre la poursuite du démantèlement des installations nucléaires dont l’activité a cessé ; - Réduire le nombre d’installations nucléaires alors que les piscines d’entreposage des centrales arrivent à saturation et ainsi éviter la multiplication des ATI décrits au paragraphe précédent ; - Réduire de cette manière le coût du dispositif d’ensemble de gestion du combustible usé et des déchets de haute activité ; - Permettre le retour des déchets espagnols entreposés à l’étranger (en France et au RoyaumeUni) L’ATC devra recevoir et stocker pendant une période de 60 ans quelques 7 000 t de combustible usé des centrales espagnoles, les déchets vitrifiés issus du retraitement du combustible de Vandellos I ainsi qu’environ 2 000 m3 de déchets de moyenne activité que leurs caractéristiques spécifiques ne permettent pas de gérer sur le site d’El Cabril. Description de l’installation9 L’installation nucléaire ATC en tant que telle est composée de quatre modules principaux10 : - La zone de réception - Le bâtiment des procédés, où le combustible usé est retiré des conteneurs dans lesquels il a été transporté pour être conditionné et placé dans une capsule de stockage qui, une fois pleine, est ensuite scellée. - Un bâtiment de services auxiliaires qui permet l’accès des personnels et où sont installés les équipements de ventilation et d’alimentation électrique - Six modules de stockage d’une capacité de 120 tubes en acier inoxydable où sont insérées les capsules dans lesquelles a été conditionné le combustible usé, ainsi que les déchets vitrifiés en provenance de La Hague. 9 Pour une présentation des caractéristiques techniques de l’installation, voir « Licensing a Centralized Spent Fuel Storage Facility” - Mr. Miguel A. Martinez (ENRESA) : http://gnssn.iaea.org/RTWS/general/Shared%20Documents/Waste%20Management/DPC%20WG/May%202014%20Int.%20WS%20on%20the%20Development%20 and%20Application%20of%20a%20SC%20for%20DPCs/Session%203/M.A.%20Martinez%20%28Spain%29.pdf 10 Voir l’animation très bien faite sur le site d’ENRESA pour décrire les différentes étapes, de la réception jusqu’à l’insertion dans les modules de stockage : http://www.enresa.es/publicaciones_y_audiovisuales/videos_e_interactivos/interactivo_atc 10 Source : ENRESA En outre, le projet d’ATC comprend un centre technologique associé, dont un laboratoire dédié aux déchets et au combustible usé (situé dans le périmètre de l’installation nucléaire), ainsi qu’un parc industriel. Etat d’avancement du projet Objet d’une résolution unanime au Congrès des Députés en 2004, le projet n’a été réellement lancé qu’en décembre 2009 avec la publication d’un appel à candidatures auprès des municipalités désireuses d’accueillir l’installation. Le choix du site de Villar de Cañas, situé à environ 100 km de la centrale José Cabrera et 150 de celle de Trillo, (sept autres candidatures avaient été présentées) fut l’une des toutes premières décisions du gouvernement de Mariano Rajoy arrivé au pouvoir en décembre 2011. Les travaux ont été consacrés en 2012 et 2013 : - aux études de caractérisation du site - à la sélection des prestataires pour les travaux d’ingénierie. Deux consortiums ont été sélectionnés en 2013. Le premier composé par Westinghouse, Técnicas Reunidas et Ghesa Iberdrola y Gas Natural - à la préparation des demandes d’autorisation et des diverses procédures notamment l’étude d’impact environnemental et une première étude d’évaluation de la sûreté. En janvier 2014, ENRESA a présenté au ministère de l’Industrie les demandes d’autorisation pour le site et pour la construction de l’installation nucléaire. Les travaux sont prévus pour débuter en 2015 et la mise en service est attendue pour 2017 ou 2018. Le coût total de l’investissement est estimé à 900 M€. c. Quelle solution de gestion définitive ? L’Espagne n’a pas encore choisi à ce jour de solution de gestion définitive de ses déchets radioactifs. Le 6ème Plan Général de 2006 mentionnait d’ailleurs expressément qu’il n’y pas urgence à cette 11 problématique, la priorité étant clairement donnée à la réponse au besoin d’un site d’entreposage pour les déchets de haute activité et le combustible usé. Entre 1988 et 1996, l’Espagne avait cependant conduit un « Plan de Busqueda de Emplazamiento » pour identifier les sites susceptibles d’accueillir une solution de stockage en couche géologique profonde. Trois configurations ont été étudiées : sel, granit et argile. Le programme a été arrêté suite à une forte opposition publique. Le PGGR signale néanmoins à ce titre que ce travail a permis d’acquérir la certitude qu’il existe « en abondance » dans le sous-sol espagnol des formations géologiques susceptibles d’abriter une telle installation. 6. La R&D en matière de gestion des déchets en Espagne Les activités de R&D dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs sont en Espagne rassemblées dans un plan quinquennal dont l’élaboration est la responsabilité d’ENRESA. Le 7ème plan vient d’être adopté au printemps dernier pour la période 2014-2018, et il est naturellement très orienté vers le soutien à la construction et à l’exploitation de l’Almacén Temporal Centralizado (ATC) de Villar de Cañas, où doit être installé un centre technologique avec un laboratoire qui permettra notamment les travaux sur le combustible usé et les déchets. Le nouveau plan sera doté d’un budget global de 26,9 M€ sur la période, financé par ENRESA. L’entreprise est le principal promoteur de la R&D dans ce domaine en Espagne. Elle dispose tout d’abord de ses propres capacités de R&D, en particulier un centre installé dans la centrale de Vandellos pour les besoins de R&D liés au démantèlement des installations nucléaires espagnoles, ainsi qu’un laboratoire de « vérification de la qualité des déchets » sur le site d’El Cabril. Elle finance par ailleurs, via ce plan, des recherches en collaboration d’autres acteurs de la recherche publique et privé. Le Centro de Investigaciones Energéticas, Medio Ambientales y Tecnológicas (CIEMAT) est le principal partenaire d’ENRESA dans ce domaine. Les objectifs stratégiques fixés à ce 7ème plan de R&D sont les suivants : - Appui à la licitation et la construction de l’ATC et son centre technologique associé - Entrée en service de l’ATC en 2018 avec des programmes de recherche clairement identifiés - Amélioration des systèmes de gestion opérationnelle des déchets de faible et très faible activité et du démantèlement - Appui aux programmes de gestion à long terme du combustible, en préservant les capacités existantes - Génération et transfert des résultats de R&D à la mise en œuvre opérationnelle de la gestion des déchets Pour atteindre ces objectifs, le 7ème plan détaille les activités à réaliser au cours de prochaines années selon une structure identique à celle du plan 2009-2013 : a. Technologie des déchets Combustible et déchets de haute activité Déchets de moyenne, faible et très faible activité Propriétés de base des radionucléides Il s’agit dans ce domaine de la poursuite des travaux conduits de manière continue sur la caractérisation de la composition isotopique des combustibles usés, des travaux expérimentaux sur les déchets réels (conduits aujourd’hui en collaboration avec l’Institut des Transuraniens de Karlsruhe dans l’attente de la mise en service du centre technologique de l’ATC), d’études sur la stabilité et l’évolution du comportement des conteneurs, d’analyse de contenu de déchets à vie longue par spectroscopie de masse par accélérateur, ou analyse chimique pour les déchets de faible et moyenne activité. 12 b. Technologies et procédés de traitement, de conditionnement et de démantèlement Traitement ENRESA entend poursuivre ses travaux, en coopération internationale, pour le traitement des déchets graphites (projets CARBOWASTE et GRAFEC), ainsi que le recours à l’incinération et la vitrification des déchets dans des torches à plasma en contribuant à la conception d’une installation pilote pour le traitement de déchets réels. Décontamination Poursuite des études de décontamination par bactéries et champignons pour les déchets graphites, et traitement thermique des déchets. Démantèlement Poursuite de l’analyse de la corrosivité interne du bâtiment réacteur de Vandellos I, préparation d’un système de cartographie 2D/3D et numérisation de pièces en cours de démantèlement, d’un système de cartographie de la distribution de la contamination du sous-sol par des techniques geo-statistiques, poursuite des travaux sur les « MagMolecules » (capables d’absorber des isotopes radioactifs), travaux sur la manipulation de matériaux soumis à de fortes irradiations Immobilisation Développement de nouvelles matrices pour les déchets de très faible activité afin d’en faciliter le transport et la gestion, sélection et suivi du mortier utilisé pour l’immobilisation du graphite. Séparation Dans ce domaine la stratégie d’ENRESA restera de participer de manière minoritaire dans des projets collaboratifs européens, pour maintenir un niveau de compétence permettant l’éventuelle utilisation ultérieure des technologies pour la gestion des déchets espagnols. Transmutation Les recherches dans ce domaine sont conduites en Espagne par le CIEMAT. Du point de vue d’ENRESA, l’enjeu est de prévoir les implications en matière de gestion des déchets qui découlent de la mise en œuvre de cette technologie : caractérisation des déchets, inventaire, spécificités de gestion de nouveaux types de déchets...La participation aux projets européens est clef dans ce domaine, et ENRESA cite notamment la participation espagnole au projet de Réacteur Jules Horowitz (RJH) porté par le CEA. c. Matériaux et systèmes de confinement Caractérisation et comportement des matériaux Une bonne partie des recherches prévues sous ce chapitre serviront à la préparation de l’ATC : étude détaillé du comportement hydromécanique des argiles, des mécanismes et paramètre de migration des radionucléides dans les matériaux présents sur les sites d’ENRESA, sélection et caractérisation des bétons à utiliser pour l’ATC, de même que pour le stockage de déchets de très faible activité. Par ailleurs, les travaux seront poursuivis sur les matériaux utilisés pour les plateformes de déchets de faibles et moyenne activité, ainsi que l’analyse des effets de l’exposition à de fortes irradiations et de hautes températures des bétons de la centrale José Cabrera (en cours de démantèlement). Comportement des systèmes de confinement ENRESA entend poursuivre ses travaux dans le cadre de projets collaboratifs du PCRDT EURATOM, faisant suite au projet PEBS (Long-term Performance of Engineered Barrier Systems) qui doit s’achever en 2014. Technologies et systèmes de stockage Travaux pour l’ATC : fermeture automatique des conteneurs, optimisation des capsules de stockage, étude de capsules pour le stockage à long terme 13 Travaux pour le site d’El Cabril : conception et construction de bancs d’essais pour l’étude des bétons et argiles Monitoring des matériaux et systèmes de confinement Optimisation des techniques de caractérisation hydrogéochimique des différents sites d’entreposage d’ENRESA et poursuite de l’amélioration des techniques de monitoring des équipements d. Evaluation du comportement et de la sécurité, protection radiologique et modélisation associée Méthodes et modèles d’évaluation Modélisation de procédés et systèmes Restauration environnementale Protection radiologique Climat et sols Dans ce chapitre, il s’agira principalement de la poursuite des activités en cours, notamment dans le cadre de projets européens, pour améliorer les modèles conceptuels et numériques de comportement des sites d’entreposage et d’évaluation d’impact radiologique (intégration des standards internationaux, développement de nouveaux codes mathématiques…). Les résultats seront appliqués aux sites d’ENRESA (El Cabril, installations nucléaires en démantèlement…) et notamment au futur site de l’ATC. Au titre de la ligne « climats et sols », ENRESA s’intéresse à la caractérisation hydraulique et hydrologique et de l’écosystème des sites d’El Cabril après 20 d’exploitation. Des études géochimiques et environnementales seront également conduites pour le site de l’ATC. e. Infrastructure et coordination Appui aux infrastructures Coordination Gestion des actifs Il s’agit ici principalement de préparer la définition et l’acquisition des équipements du futur centre technologique associé à l’ATC (sans grande précision sur leur nature), d’organiser le suivi de l’ensemble des projets de recherche conduits au titre du plan et à l’échelle internationale, et leur utilisation dans les pratiques opérationnelles de gestion. Une référence à la participation active à la plateforme de l’AEN « IGD-TP » pour le stockage géologique. Récapitulatif des financements envisagés 2014-2018 (en k€) Technologie des déchets Technologies et procédés de traitement, de conditionnement et de démantèlement Matériaux et systèmes de confinement Evaluation du comportement et de la sécurité Infrastructure et coordination Total 2014 1 144,4 1 045,2 2015 1 512,3 1 345,0 2016 1 240,7 940,0 2017 794,5 765,0 2108 585,0 572,0 Total 5 276,9 4 667,2 2 633,7 606,1 187,0 5 616,4 3 283,5 743,0 186,7 7 070,5 2 029,0 650,0 170,0 5 029,7 1 904,0 650,0 170,0 4 283,5 3 056,0 610,0 170,0 4 993,0 12 906,2 3 259,1 883,7 26 993,1 7. Le financement de la gestion des déchets Selon les dernières estimations, le coût total de la gestion des déchets radioactifs et du démantèlement des installations nucléaires en Espagne s’élèvera, d’ici 2083, à 19,5 milliards d’€ (valeur 2014). Ce montant fait l’objet d’une estimation révisée tous les quatre ans par ENRESA. Il est distribué de la manière suivante (en %) : 14 Selon la loi, la charge du financement de la gestion des déchets radioactifs et du démantèlement des installations nucléaires incombe aux producteurs de ces déchets. Un « Fonds pour le Financement des Activités du Plan Général des Déchets Radioactifs » a ainsi été créé pour recevoir et gérer l’ensemble des ressources nécessaires à la mise en œuvre de la politique espagnole en matière de gestion des déchets. Ce fonds est principalement alimenté par une taxe applicable à la production d’énergie nucléaire, facturée par ENRESA aux exploitants, et dont les modalités sont précisées dans un décret royal mis à jour en 2009. ENRESA place ensuite, sous le contrôle du ministère de l’industrie, des finances, de la Cour des Comptes et d’auditeurs externes, les ressources du fonds dans un portefeuille d’investissement qui doit, selon la réglementation, être « sûr, rentable et liquide ». En 2013 le montant des recettes obtenues pour ce fonds s’est élevé à 382 M€. La valeur du fonds s’établit à cette date à 3 872 M€ pour un revenu net de 133 M€. Les coûts cumulés à ce jour du programme de gestion sont estimés par ENRESA à environ 27% du total. Il convient de relever également que la Loi 25/201211 « de mesures fiscales pour la durabilité énergétique » (amendée par la Loi 16/2013) introduit deux nouvelles taxes sur : la production de combustible usé : 2 190 € par kg de métal lourd ainsi que 6 000 €/m3 pour les déchets de faible et moyenne activité, et 1 000 €/m3 pour les déchets de très faible activité conditionnés pour entreposage dans les centrales - le stockage des déchets radioactifs dans des installations centralisées calculés selon diverses formules selon la nature des déchets. Ces mesures sont justifiées par le « degré élevé d’incertitude » de l’estimation des coûts associés au démantèlement et à la gestion des déchets radioactifs. Ces deux nouveaux prélèvements ne sont pas destinés à constituer une source complémentaire de revenu pour le fonds d’ENRESA. Il s’agit de taxes destinées à « compenser la charge que doit supporter la société liée à la production de déchets radioactifs ». 8. Le démantèlement des installations nucléaires12 11 http://www.boe.es/boe/dias/2012/12/28/pdfs/BOE-A-2012-15649.pdf 11331.pdf 15 et http://www.boe.es/boe/dias/2013/10/30/pdfs/BOE-A-2013- L’Espagne a acquis une expérience certaine en matière de démantèlement de ses installations nucléaires. Plusieurs d’entre elles ont été fermées au cours des dernières années : - Deux réacteurs de puissance, Vandellos I et Jose Cabrera. Suite à un incident en 1989, la décision fut prise de mettre un terme à l’exploitation du réacteur de Vandellos I entrée en service en 1972. La phase I de l’opération de démantèlement a été conduite entre 1991 et 1998 par l’exploitant HIFRESA, avec le déchargement du réacteur, l’évacuation du combustible, le conditionnement des déchets. La phase II a été réalisée par ENRESA entre 1998 et 2003 avec le démantèlement de l’ensemble des structures et composants à l’exception de la zone réacteur, confinée dans une structure de protection, pour un coût estimé à 95 M€. Le site est alors entré dans une phase de latence pour 25 ans, notamment en raison de l’absence de solution en Espagne pour les déchets de ce type de réacteur de la filière graphite-gaz. La phase 3 doit être engagée à partir de 2028. La centrale de José Cabrera, la première mise en service en Espagne en 1968, a cessé de fonctionner en 2006. Jusqu’en 2010, en parallèle des travaux de phase I conduits par l’exploitant, il a fallu construire un ATI (voir chapitre 5.a) afin de pouvoir y stocker les éléments combustibles jusqu’alors entreposés dans les piscines du réacteur. Depuis 2010, ENRESA a engagé la phase de démantèlement et décontamination du site qui doit aboutir en 2017. Le dernier conteneur de déchets les plus radioactifs issus du réacteur a été installé dans l’ATI en octobre 201313. - L’usine de fabrication de concentrés d’uranium d’Andújar, et qui se trouve aujourd’hui en phase de surveillance pour une période de dix ans, au terme de laquelle elle sera officiellement déclarée fermée - L’installation expérimentale d’obtention de concentrés d’uranium de La Haba, officiellement fermée - Anciennes mines d’uranium : un plan de restauration de 24 sites où ont été réalisées diverses activités minières, a été mis en œuvre à partir de la fin des années 2000 - Plusieurs réacteurs de recherche : le réacteur Argos de l’Université Polytechnique de Barcelone. et le réacteur Arbi à Bilbao démantelés en 2004. Les deux sites sont considérés aujourd’hui comme libres de toute restriction du point de vue de la protection radiologique. - Installations nucléaires du CIEMAT Le CIEMAT et ENRESA ont mis en œuvre conjointement à partir de l’an 2000 un « Plan Integrado para la Mejora de Instalaciones del CIEMAT » ou PIMIC consistant notamment au démantèlement de plusieurs des installations nucléaires ou radioactives de l’organisme de recherche, et la réhabilitation des terrains. Les principaux bâtiments concernés par ce plan sont les suivants : Un réacteur de recherche JEN-1 (IN-01), mis hors service en 1984 Une usine pilote de retraitement du combustible irradié, qui a fonctionné entre 1966 et Une usine d’entreposage d’effluents radioactifs liquides (IN-07) Une usine de conditionnement d’effluents radioactifs liquides (IR-16) Après une phase de caractérisation les opérations de démantèlement ont été engagées à partir de 2007 et ont duré jusqu’en 2010. Depuis lors, les équipes du CIEMAT et d’ENRESA travaillent à la restauration 12 “Radioprotección – revista de la sociedad española de protección radiológica” – n°76-vol XX-2013 : http://www.sepr.es/html/recursos/revista/PR76.pdf et un dossier de presse d’ENRESA “Desmantelamiento de Jose Cabrera” 13 Pour une présentation détaillée (en espagnol), voir le document suivant : « Memoria del desmantelamiento – 1998/2003 – central nuclear Vandellos I » http://www.enresa.es/files/multimedios/memoria__vandellos.pdf 16 de certaines parties du site, l’une ayant notamment été le lieu d’un incident radiologique en 1970, qui doit s’achever en 2016. Le coût total du PIMIC est estimé à environ 70 M€. 17