Rue Frontenac - Le greenwashing ou le grand mensonge vert

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Rue Frontenac - Le greenwashing ou le grand mensonge vert
Rue Frontenac - Le greenwashing ou le grand mensonge vert
Écrit par Jessica Nadeau
Lundi, 22 novembre 2010 11:33 - Mis à jour Lundi, 22 novembre 2010 13:24
Écologique, biodégradable, sans phosphate, biologique, naturel, organique, recyclé et
recyclable... les nouveaux produits «verts» foisonnent sur les tablettes des supermarchés et
autres détaillants. Mais tous ne sont pas réellement verts. Et les consommateurs, qui ne savent
plus où donner de la tête, se font encore trop souvent piéger par les experts en marketing qui
profitent de la vague verte.
Voilà ce que dénonce Jean-Sébastien Trudel dans son livre Le grand mensonge vert, un guide
pour acheter moins idiot.
Chroniqueur et fondateur de la firme d’experts conseils en développement durable,
Jean-Sébastien Trudel détruit les mythes des écolabels, de la facturation en ligne, du papier
recyclé et de l’achat local.
«Vous verrez que ce qu’on croit vert ne l’est pas nécessairement, écrit-il en préambule. Pire, un
produit ou un geste vert peut même avoir l’effet contraire à celui escompté, soit contribuer à
accroître la pollution de l’environnement.»
Le far west des écolabels
À l’âge d’or du marketing vert, la désinformation prolifère. C’est ce qu’on appelle le greenwashi
ng,
que l’on
traduit en français par maquillage vert ou encore par écoblanchiment. Le
greenwashing,
c’est aussi et surtout la récupération d’une préoccupation globale pour l’environnement dans la
population au profit des fabricants.
Et au pays des écolabels, c’est le far west, estime l’auteur.
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«L’environnement, utilisé comme argument de vente, sert de paravent pour des produits
totalement inefficaces, mal conçus et non durables, écrit-il. Inversement, certains produits ne
sont pas publicisés comme étant moins dommageables pour l’environnement alors qu’ils sont
plus écologiques que les produits dits ‘verts’.»
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Jean-Sébastien Trudel tente
Le grand
de débusquer
mensongeles
vert.
arnaques
Photo Hugo-Sébastien
vertes et offre Aubert
quelques conseils pour «ache
Selon lui, le greenwashing n’est pas toujours fait de façon volontaire et provient souvent de
l’ignorance des fabricants et des détaillants.
«C’est surtout causé par un manque de connaissances, explique Jean-Sébastien Trudel en
entrevue à Rue Frontenac. Mais il faut quand même reconnaître qu’il y a un pourcentage
grandissant de désinformation faite volontairement. Quand t’es rendu à faire de faux écolabels
pour te donner une crédibilité, ça va loin.»
Et du côté du consommateur, il est souvent «idiot», affirme-t-il en rigolant. «Les gens sont prêts
à faire leur part, ils sont conscientisés. Et par manque de temps ou manque d’information, ils
pensent bien faire en se fiant aux étiquettes. Ils acceptent comme une vérité les informations
qui sont transmises par les fabricants sans poser de questions.»
La pensée magique
Jean-Sébastien Trudel veut défaire les mythes, mais pas n’importe comment. Car il est
conscient que, ce faisant, il pourrait décourager les gens ou encore augmenter leur cynisme par
rapport aux habitudes de vie que tous et chacun a adopté pour «sauver la planète».
«Ce livre vient avec une mise en garde. Je défais les mythes, mais ça ne veut pas dire qu’il faut
tout arrêter, juste de comprendre qu’il n’y a pas de solution parfaite. Ça prend un changement
de comportement», souligne-t-il.
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On lui a même fortement suggéré – et ce à plusieurs reprises – de ne pas écrire ce livre. «À
titre de journaliste et de blogueur, je me suis déjà censuré sur le sujet du recyclage pour éviter
de décourager les gens. Mais on est rendu au point où il faut arrêter d’avoir la pensée magique
et faire confiance en l’intelligence des gens.»
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On a suggéré à Jean-Sébastien Trudel de ne pas écrire ce livre : «Je me suis déjà censuré sur le suje
Selon lui, la réponse passe en partie par l’analyse du cycle de vie, c’est-à-dire un calcul basé
sur toutes les étapes d’un produit, de l’extraction des ressources naturelles à la fabrication en
passant par la distribution, l’utilisation et l’élimination. Un concept simple qui crée pourtant «une
véritable révolution dans le milieu des affaires» puisqu’une grande partie de l’information est
tout simplement inexistante pour l’instant.
Étiquette carbone
Mais déjà, certaines entreprises décident d’aller de l’avant et de se doter d’une étiquette
carbone, c’est à dire une étiquette qui, comme celle qui indique le prix d’un produit, affiche la
quantité de gaz carbone nécessaire à la production de la paire de jeans ou du jus d’orange que
le consommateur achète.
Pour Jean-Sébastien Trudel, nul doute que la nouvelle étiquette carbone, qui se base sur
l’analyse du cycle de vie, va non seulement donner plus de pouvoir au consommateur, mais elle
va en plus «déclencher un véritable tsunami chez les fabricants».
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En attendant que les étiquettes des produits offerts sur les tablettes soient plus complètes, les gens d
L’étiquette carbone n’est pas encore arrivée sur les tablettes du Québec, c’est donc une
opportunité rêvée pour les fabricants, estime Jean-Sébastien Trudel.
«Les premiers à obtenir ladite étiquette vont profiter de la visibilité des leaders [...] Ils auront
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surtout une longueur d’avance sur les autres pour réduire leur impact négatif sur
l’environnement. C’est un double incitatif qui permettra de créer un effet domino.»
D’ici là, les consommateurs doivent revoir leur manière de consommer en allant au-delà des
idées préconçues, des raccourcis simplistes et de la pensée magique. Et comme l’information
est souvent difficile à trouver, il faut poser des questions. Encore et encore.
«Maintenant qu’elles [les compagnies] savent que nous avons acquis cette sensibilité
écologiste, elles tentent d’en tirer profit par tous les moyens. C’est le nerf de la guerre! La balle
est désormais dans notre camp: c’est à notre tour de devenir plus responsables. Si nous
exigeons plus de transparence avant d’acheter, les entreprises n’auront d’autres choix que
d’entreprendre de réels changements.»
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