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Media briefing – 22 octobre 2013
Permis de tuer pour Wilmar : la connexion belge
L’Indonésie est, actuellement, la troisième nation qui émet le plus de gaz à effet de serrei. En cause ? La
déforestation et la destruction de tourbières riches en carbone qui sévissent dans ce pays. Véritable moteur de
cette catastrophe écologique et climatique, la production d’huile de palme menace également le Tigre de
Sumatra d’extinctionii. Un récent rapport de Greenpeace démontre que plusieurs multinationales, telles que
Colgate, Palmolive, Mondelez International (anciennement Kraft), Procter & Gamble ou encore Reckitt
Benckiseriii sont toutes clientes d’un des plus grands producteurs d’huile de palme, Wilmar, qui porte une lourde
responsabilité dans ce désastre environnementaliv. Mais un certain nombre de sociétés belges sont également
concernées et risquent dès lors, au même titre que ces multinationales, d’être complices de la disparition des
dernières forêts en Indonésie.
400 000 tonnes d’huile de palme importées en Belgique
En 2012, la Belgique a importé plus de 400 000 tonnes d’huile de palmev, ce qui représente environ 1,4% de la
production mondialevi. Environ 300 000 tonnes pénètrent sur le territoire belge par l’entremise de commerçants
et de raffineurs situés aux Pays-Bas. Ils achètent principalement leur huile de palme en Malaisie et en
Indonésievii, qui sont les plus grands producteurs d’huile de palme au mondeviii. Une partie moindre de la
production importée chez nous arrive quant à elle en droite ligne des pays producteurs d’huile de palme. Ce qui
ne signifie pas pour autant que l’huile de palme importée arrive directement chez le consommateur belge.
Certaines entreprises, souvent situées en dehors de nos frontièresix, sont principalement (voire exclusivement)
actives dans le « business to business ». Elles mettent au point, par exemple, des tensioactifs pour shampoing ou
produisent de la margarine qui est ensuite vendue comme marque de supermarché ou autre marque célèbre, en
Belgique comme dans d’autres pays européens.
Colruyt, Delhaize, Lutosa, Vandemoortele… consommateurs d’huile de palme de Wilmar
Il est toutefois délicat de déterminer l’endroit précis où les entreprises se ravitaillent en huile de palme tant la
chaîne d’approvisionnement du produit manque de transparence. La plupart d’entre elles ont recours à des
négociants de matières premières internationaux et à des raffineurs comme Wilmar, mais aussi Cargill, IOI et
Fuji Oil. Ceux-ci achètent régulièrement de l’huile de palme qu’ils négocient à leur tour auprès de Wilmarx. A
côté de grandes multinationales, plusieurs entreprises qui possèdent leur siège en Belgique peuvent donc être
liées à la déforestation indonésienne, pour laquelle Wilmar est responsable. Et là, on parle notamment
d’Aigremont, Colruyt, Delhaize, Lotus, Lutosa, Royale Lacroix et Vandemoortelexi. Aucune d’entre elles ne
présente, pour l’instant, de politique « zéro déforestation ». Il n’est dès lors nullement exclu que ces entreprises
belges contribuent aux vastes émissions de gaz à effet de serre en Indonésie et à l’extinction du Tigre de
Sumatra.
Greenpeace : « Casser le lien entre huile de palme et déforestation »
Les entreprises consommatrices d’huile de palme doivent prendre des mesures de toute urgence. Greenpeace
leur demande d’éliminer de leur chaîne d’approvisionnement l’huile de palme issue de la déforestation. Bon
nombre de sociétés se fient au RSPOxii pour assurer la durabilité de leur huile de palme mais comme cela a déjà
été démontré à plusieurs reprises, ce label ne permet pas de casser le lien entre la production d’huile de palme
et la déforestationxiii. Dès lors, les entreprises qui commercialisent des produits contenant de l’huile de palme
doivent elles-mêmes mettre en place une politique « zéro déforestation » fiable. Et cela commence par une
transparence absolue dans la chaîne d’approvisionnement.
Media briefing – 22 octobre 2013
Les Pays-Bas, plaque tournante pour l’Europexiv
Quel pays européen importe le plus d’huile de palme ? Un de nos voisins ! Via le port de Rotterdam, les Pays-Bas
sont en effet la nation qui importe le plus d’huile de palme en Europe. Environ 80% - dont 60% d’huile de palme
- des huiles alimentaires, graisses et autres produits oléo-chimiques transitent par les Pays-Bas avant d’être
dirigés vers le marché européen. Au cours des dernières années, des entreprises européennes et d’Asie du SudEst comme Wilmar ont investi dans des installations de traitement d’huile de palme à Rotterdam. Une première
transformation en produits dérivés - oléine d'huile de palme (la fraction liquide d'huile de palme), stéarine de
palme (la fraction solide) ou biodiesel - a souvent lieu aux Pays-Bas avant que l’huile de palme ne soit exportée
vers d'autres pays européens, en particulier vers l'Allemagne et la Belgique, qui sont les principaux marchés
pour les Pays-Bas.
i
Fact Sheet Norway-Indonesia Partnership REDD+, 25 May 2010.
http://www.norway.or.id/PageFiles/404362/FactSheetIndonesiaGHGEmissionMay252010.pdf
ii
Greenpeace, 2013. Licence to kill : www.greenpeace.org/licencetokill pp. 4-5
iii
Connu notamment pour la marque de préservatif Durex.
iv
Greenpeace, 2013. Licence to kill: www.greenpeace.org/licencetokill p.29
v
UN Comtrade database. Comtrade.un.org. Dernière consultation le 8 octobre 2013.
vi
Calcul de Greenpeace basé sur : OIL WORLD Data Base August 2012, ISTA Mielke GmbH. Estimations d’Oil World pour
l’huile de palme brute. FAOStat données de 2006 : http://faostat.fao.org/site/567/default.aspx#ancor pour une estimation
de la production d’huile de palmiste sur base du rapport huile de palme brute – huile de palmiste.
vii
UN Comtrade database. Comtrade.un.org. Dernière consultation le 8 octobre 2013.
viii
FAO FAOStat database. Top exports palm oil 2011. http://faostat.fao.org/site/342/default.aspx
ix
Vandemoortele, Barry Callebaut et Huntsman Europe font notamment figure d’exemples marquants.
x
Information confidentielle suite à une enquête de Greenpeace en 2012-2013.
xi
Information confidentielle suite à une enquête de Greenpeace en 2012-2013.
xii
La certification RSPO (ou table ronde sur l’huile de palme) est présentée comme une solution à la production durable de
l’huile de palme selon des principes établis de manière consensuelle. Plus d’information : RSPO, 2012. Table ronde sur
l'huile de palme durable (RSPO). L'huile de palme produite de manière durable devrait être la norme.
http://www.rspo.org/file/IG1%20-%20French.pdf
xiii
Plus d’information: Greenpeace, 2013. Certifying destruction.
http://www.greenpeace.org/international/Global/international/publications/forests/2013/Indonesia/RSPO-CertifyingDestruction.pdf
xiv
MVO, 2010. Fac sheet palm oil
http://www.mvo.nl/Kernactiviteiten/MarktonderzoekenStatistiek/ArchiefFactsheets/FactsheetPalmOil2010/tabid/2301/lan
guage/en-US/Default.aspx
www.greenpeace.be
Plus d’information :
Jonas Hulsens, chargé de campagne forêts pour Greenpeace Belgique 0496 26 31 93
Nicolas Maréchal, service de presse 0474 77 94 17