Érosion rectale d`une prothèse pour cure de prolapsus vaginal (Prolift)

Transcription

Érosion rectale d`une prothèse pour cure de prolapsus vaginal (Prolift)
ExpOsÉ dE cAs
Érosion rectale d’une prothèse pour cure
de prolapsus vaginal (Prolift)
Marc-Olivier Guenin, MD, Lea Wolfisberg, MD, Béatrice Kern, MD, Léa Stoll, MD, Yves Borbély, MD,
Markus von Flüe, MD, Prof.
Service de Chirurgie Viscérale, St- Claraspital, Basel, Suisse
Résumé
INTRODUCTION
Contexte : La place des prothèses non résorbables dans la chirurgie
du prolapsus vaginal a pris beaucoup d’ampleur ces dernières
années. Les complications tardives commencent à apparaître.
D
Cas : Nous vous présentons le cas d’une érosion tardive dans le bas
rectum. Pour autant que nous sachions, il s’agit de la première
mention de cette complication tardive de la prothèse Prolift.
Dans ce cas, il s’agit probablement d’une nécrose de décubitus
attribuable à une prothèse trop longue.
Conclusion : Les prothèses non résorbables sont certainement une
option dans le traitement des prolapsus vaginaux; toutefois, les
complications de ces implants devraient être connues et les
patientes devraient être avisées des risques.
Abstract
Background: These last few years, non-absorbable prostheses have
come to play a prominent role in vaginal prolapse surgery. Late
complications have begun to emerge.
Case: We present a case of late erosion in the lower rectum. To our
knowledge, it is the first report of this type of late complication
with the Prolift prosthesis. This case can probably be explained
by the presence of a decubitus necrosis due to an excessively
long prosthesis.
Conclusion: Non-absorbable prostheses are certainly an option for
the treatment of vaginal prolapse. However, complications with
these implants should be recognized and patients should be
advised of the risks involved.
J Obstet Gynaecol Can, vol. 33, n° 1, 2011, p. 36–37
Mots clés : migration, Prolift, rectal, prolapsus vaginal
Conflit d’intérêts : aucun
Reçu le 20 juillet 2010
Accepté le 19 août 2010
36 l JANUARY JOGC JANVIER 2011
’après la littérature actuelle, un nombre élevé de
femmes devront subir une intervention visant un
prolapsus vaginal durant leur vie1,2. Cette chirurgie comporte
un taux élevé de récidives (jusqu’à 30 % des cas). Afin de
diminuer ce taux, la mise en place de prothèses non résorbables
s’est peu à peu imposée depuis le début des années 1990,
comme en témoigne la littérature, avant de connaître un
grand essor ces dernières années3–6. Parmi les complications à
moyen terme figure la migration de ces prothèses avec érosion
vaginale, et ce, dans 10 % des cas1,3–8. D’autres complications
tardives commencent à apparaître et ne sont pas toujours bien
connues. Nous vous présentons ici le cas d’une érosion tardive
dans le bas rectum d’une prothèse Prolift.
CAS
Il s’agit d’une patiente de 55 ans, ayant subi une hystérectomie
20 ans auparavant, qui a été opérée en janvier 2007 en raison
d’un prolapsus vaginal avec cystocèle et rectocèle.
La cure a été effectuée à l’aide d’une prothèse Prolift
total permettant la fixation des parois antérieures et
postérieures du vagin, sous prophylaxie antibiotique durant
48 heures (céfazoline et métronidazole), par un opérateur
expérimenté ayant effectué cette technique à plus d’une
centaine de reprises. L’abord a été transvaginal. Les suites
ont été simples.
Cinq mois plus tard, la patiente a consulté un gastroentérologue
en raison de saignements anaux. L’examen proctologique
a mis en évidence une ulcération sus-anale et permettait la
visualisation de la prothèse (Figure 1).
Lors de la deuxième intervention par voie transanale (Figure 2),
la prothèse, visiblement trop longue, a pu être mobilisée
jusqu’en tissu sain puis localement réséquée. La plaie du
Érosion rectale d’une prothèse pour cure de prolapsus vaginal (Prolift)
Figure 1 Status intra opératoire (voie transanale en
décubitus ventral), la prothèse qui fait des plis est bien
visible au centre de l’ulcère
Figure 2 Après mobilisation de la prothèse (voie
transanale en décubitus ventral) nous observons la
quantité de matériel surnuméraire
bas rectum a été fermée au moyen d’un fil résorbable.
L’intervention a été effectuée sous antibiothérapie, laquelle
a été maintenue durant 10 jours (amoxicilline et acide
clavulanique). Les suites ont été simples.
Lors du contrôle, 20 mois plus tard, la patiente était
totalement asymptomatique.
implants devraient êtres connues et l’information transmise
aux patientes devrait porter sur les risques inhérents à ce
type d’implants, ainsi que sur les possibles opérations qui
pourraient en découler. D’autant qu’il n’existe actuellement
pas de consensus, ni d’études randomisées suffisamment
puissantes, établissant la supériorité à long terme des cures
effectuées au moyen d’une prothèse non résorbable1.
DISCUSSION
RÉFÉRENCES
Pour autant que nous sachions, il s’agit de la première mention
de cette complication tardive de l’implantation d’une prothèse
Prolift, d’autres complications précoces ou tardives ayant
déjà été décrites. Étiologie : une plaie méconnue du rectum
semble très peu probable en raison de la survenue tardive
de la complication (cinq mois). Dans le cas présent, il s’agit
soit d’un ulcère de décubitus (en effet, la prothèse, comme il
a été constaté lors de la révision, était trop longue, ce qui a
probablement favorisé la nécrose de la muqueuse ano-rectale),
soit d’une dissection trop proche de la muqueuse ano-rectale
lors de la pose de la prothèse, ce qui pourrait avoir facilité la
migration au travers de la muqueuse.
Les prothèses non résorbables sont utilisées en chirurgie
depuis de nombreuses années et les complications liées
à la migration de ces prothèses sont bien connues des
chirurgiens9.
Étant donné que de nombreuses études mentionnent un
taux de récidive bas3–6, le traitement par pose de prothèses
non résorbables est une option dans le traitement des
prolapsus vaginaux. Toutefois, les complications de ces
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2. Grant A, Glazener C, Maher C. « Editorial comment re: surgical
management of pelvic organ prolapse in women: a short version Cochrane
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JANUARY JOGC JANVIER 2011 l 37

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