Soirées Thema

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Soirées Thema
Soirées Thema
Compte rendu de la soirée Thema
du 26 novembre 2012 :
« La communication des personnes Handicapées »
Les aides techniques à la communication
Lors de cette seconde soirée Thema de la saison, nous avons
abordé la thématique de la communication.
Lorsque communiquer est un problème ou le devient quels moyens
existe-t-il pour aider les personnes en situation de handicap à
communiquer ? Comment choisir le plus adapté ?
Afin de mieux comprendre ces difficultés, nous avons eu le plaisir
de rencontrer Madame Lecerf Valérie, responsable de la cellule
formations de l’asbl Le Tabuchet.
Elle est venue nous présenter un exposé intitulé « J’ai des choses
à vous dire » qui fut intéressant et qui a suscité beaucoup de
questionnement.
Lors de l’exposé, Madame Lecerf a abordé les points suivants :

Qu’est-ce que La communication ?

Lorsque le langage fait défaut

Les aides techniques à la communication
A la dernière page de ce compte-rendu, vous trouverez les
renseignements et coordonnées des services et personnes qui
pourraient vous aider dans la recherche de pistes de solutions
adaptées.
Qu’est-ce que la communication ?
Afin de mieux appréhender ce thème, madame Lecerf a
commencé son exposé en expliquant ce qu’est la communication.
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La communication interpersonnelle est fondée sur l'échange de
personne à personne, chacune étant à tour de rôle l'émetteur
et/ou le récepteur.
La relation s’établit à travers notre langage verbal, non verbal, nos
attitudes et nos comportements.
En fonction de la situation, on va en retenir des souvenirs.
Pour les situations plus difficiles, on a tendance à se remémorer, à
ruminer. Cela va générer des émotions, des sentiments.
La manière dont on va se comporter, s’exprimer, on observe des
imitations. C’est de l’ordre de l’inconscient.
L’enfant, en naissant, a déjà un bagage culturel qui va déterminer
son comportement, sa manière d’être qui va au fur et à mesure lui
permettre de découvrir sa « carte du monde ».
Ce sont les lunettes à travers lesquelles il va voir le monde, il va le
percevoir.
L’enfant, lorsqu’il reçoit une étiquette, il va la conserver et
s’identifier à celle-ci.
Ce principe peut être illustré par cette expression
connue « chasser le naturel, il revient au galop ».
bien
Comment peut-on identifier sa carte du monde ?
Tout simplement en s’écoutant parler. Les expressions telles que
je pense, je crois, toujours, tous, beaucoup,… reposent sur des
croyances, des préjugés.
En tant que parent, professionnel ou tout simplement citoyen, il
est indispensable de faire attention à sa propre carte du monde
afin de ne pas influencer d’autres personnes.
Lorsque le langage oral fait défaut
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Lorsque les cris, les pleurs, les regards remplacent les mots ;
lorsque le langage oral est troublé voire inexistant ou encore
altéré, La communication est rendue difficile.
Les interlocuteurs ne savent pas comment communiquer avec la
personne. Ils évitent ou interviennent peu.
Ils adressent la parole à l’accompagnant plutôt qu’à la personne
elle-même. L’accompagnant répondra alors à sa place sur base de
ses propres interprétations.
Souvent, ils confondent absence de parole et trouble intellectuel.
Les troubles du langage vont amener des comportements chez
l’interlocuteur qui montre son désarroi, sa difficulté à s’adapter à
la situation.
Ces troubles de la communication couplés aux réactions,
comportements de certains interlocuteurs, peuvent avoir des
conséquences importantes dans le développement de la personne
en situation de handicap :

réaction d’isolement social, sentiment de solitude

détresse émotionnelle et mentale

sentiment d’impuissance et une diminution de l’image de
soi,…
La personne, face à l’impossibilité de s’exprimer et/ou d’être
compris, va être confrontée à des difficultés d’accès à des
services, à l’éducation, à l’emploi.
On peut également observer une réduction de leur autonomie et
de leur intimité par dépit ou facilité.
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Face à ces constats, il est important de se poser les bonnes
questions lorsque nous sommes face à une personne présentant
des troubles du langage. En voici les principales :

Suis-je certain(e) que la personne m’a compris(es) ?
Si non, adoptez un langage plus concret

Suis-je certain(e) d’avoir compris ?
Assurez-vous de ne pas être dans l’interprétation

Suis-je certain(e) que les mots que je prononce ont le même
sens pour nous deux ?

Suis-je certain(e) que la personne a envie de communiquer ?
Il est primordial de reconnaitre le besoin de la personne et
pas le vôtre, le nôtre
On a tendance à rentrer dans un schéma inconscient négatif :
« puisque cette personne est dépendante de moi, je
communique avec elle au moment où j’aurai l’envie sans tenir
compte de son souhait, sa disponibilité, son besoin ».
Les aides techniques à la communication
Avant d’aborder les aides techniques concrètes, il est important
de pouvoir distinguer la communication alternative et
augmentative.
Les moyens alternatifs sont proposés aux personnes dont
l’expression orale est inexistante. Le moyen mis en place se
substitue à la parole et la remplace.
Les moyens augmentatifs sont proposés aux personnes qui
présentent une expression orale réduite, insuffisante, difficile à
comprendre. Le moyen mis en place compense les difficultés,
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soutient la parole existante, complète et enrichit les capacités
préservées.
A qui sont destinées ces aides techniques ?
Elles sont destinées à toute personne, enfant et adulte, qui
présente des difficultés de communication orale.
Elles peuvent être prescrites dans les cas de
 troubles autistiques,

de dysphasie et d’aphasie1,

de dysarthrie ou troubles de l’articulation,

de déficit mental,

l’infirmité motrice cérébrale,

de maladies neurologiques : parkinson, myopathie, sclérose
en plaques,…

de traumatisme crânien,

d’un locked-in syndrome ou LIS2,

d’une sclérose latérale amyotrophique ou SLA,…
Comment mettre en place une aide technique à la communication ?
Une étape d’analyse approfondie des besoins de la personne est
indispensable pour la mise en place d’une aide technique.
1
Aphasie : perte totale ou partielle de la capacité de communiquer, c'est-à-dire de
parler et/ou de comprendre ce qu'on lui dit. Cela est dû à une atteinte cérébrale.
2
LIS ou phénomène d’enfermement : état neurologique rare dans lequel la
personne est éveillé et totalement conscient — il voit tout, il entend tout — mais
ne peut ni bouger ni parler, en raison d'une paralysie complète sauf au niveau du
mouvement des paupières et parfois des yeux.
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Idéalement, l’évaluation
intervenant,
que
ce
doit être pluridisciplinaire.
soit
la
logopède,
Chaque
l’ergothérapeute,
l’éducatrice, évaluera la personne en fonction de sa spécificité.
La confrontation des avis et des résultats va donner une vision
globale de la personne et aidera à choisir les aides techniques les
plus adéquates.
Cette évaluation devra donc porter sur

les capacités de la personne,

le langage verbal et non verbal,

les aspects de son environnement,

ses diverses activités et occupations,

l’interaction entre la personne et son milieu,

les intérêts et besoins de la personne à travers ses
activités,

les aménagements nécessaires de l’environnement pour
réaliser les activités,

les performances occupationnelles c’est-à-dire comment la
personne s’y prend pour réaliser l’activité dans le milieu
donné).
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La construction d’un outil de communication
Avant d’entamer la construction de l’outil de communication, il
est important que la personne possède un OUI et un NON.
Pour construire un outil de communication :
Il est préférable de commencer par des images faciles,
« parlantes » que la personne apprécie afin de ne pas mettre celleci en échec.
Il est essentiel de vérifier la compréhension de la personne, la
reconnaissance des images à l’aide de petites questions.
Ex : dans les images que tu as vues, trouve celle qui représente une
pomme
L’outil évoluera en fonction de ses acquisitions.
L’utilisation de l’outil de façon concrète est alors nécessaire dans
la vie quotidienne de la personne (repas, atelier, maison,…).
La construction de cet outil doit se faire avec la personne car
c’est elle qui choisira les pictogrammes et qui les classera dans les
catégories.
Il est important de comprendre l’historique de la communication
et tenir compte de ses habitudes de vie.
Ex : ne pas choisir un PC si la personne prend le bus. Le PC étant
encombrant et lourd, il peut compromettre son indépendance.
Chaque moyen doit être individuel et personnel. Celui utilisé par
le voisin ne conviendra peut être pas à votre proche !
Le choix demande une certaine réflexion.
Si la personne est mal conseillée, reçoit peu d’explication, l’aide
technique sera peu ou pas utilisée.
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C’est pourquoi, Les essais sont primordiaux pour que les
personnes puissent choisir en connaissance de cause.
Ces aides techniques ont également un cout non négligeable
malgré l’intervention possible de l’AWIPH.
Quelques exemples d’aides techniques à la communication
Le contacteur à message unique permet de répondre par oui/non
à une question par simple pression. Ce contacteur peut être de
tailles différentes et peut être positionné de différentes manières
afin que la personne puisse appuyer dessus plus facilement, avec
moins de fatigue (au doigt, au niveau du menton,…)
Un ergothérapeute peut vous aider à choisir le contacteur le plus
adéquat et à réfléchir à une solution technique pour un bon
positionnement.
Le panneau de communication Il sera composé de dessins ou
photos représentant
 les besoins vitaux comme manger, boire, se laver, aller aux
toilettes),

des positions (debout, assis, positions du lit),

des objets courants ou personnels (mouchoirs, lunettes,
montre),

des sensations (chaud-froid, avoir mal, trop de bruit),
Page | 9

des sentiments et souhaits (se sentir seul, vouloir être seul,
allé bien, être triste),

oui (pouce tourné vers le haut)- non (pouce tourné vers le
bas).
Il permet d’établir un premier contact plus efficace et représente
une aide inestimable pour les proches.
Ces panneaux peuvent être placés dans chaque pièce ou être
prévu sur des supports adaptés comme par exemple un set de
table pour la prise des repas. Les images seront ainsi adaptées au
contexte.
Le cahier ou carnet de communication est composé d’un
répertoire d’informations généralement représentées sous la
forme de dessins, de photographies, de pictogrammes, de symboles
voire de mots écrits.
Il permet à la personne de transmettre ou recevoir des
informations dans des contextes réels.
Ces différentes informations sont organisées selon diverses
catégories (présentation, qui ?, quand ?, quoi ?, comment ?,
pourquoi ?, les émotions…) dans un carnet qu’elle transporte avec
elle.
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Le COGHAMO est une méthode de
communication gestuelle qui a été
initialement
conçue
pour
les
personnes présentant un handicap
moteur.
Le « lexique » se compose de gestes
faciles à mémoriser et à exécuter.
LE PECS est un mode de communication par échange d’images
que l’on associe pour formuler des demandes, poser des
questions…
Les logiciels de communication (Mind Express ou The Grid)
permettent à la personne de communiquer via un ordinateur (PC,
ordinateur adapté, une tablette tactile PC…)
Autres outils

Go talk 9+
Il dispose d’une capacité de 45 messages : 9 touches et 5 niveaux
d’enregistrement. 3 messages « extra » sont prévus au-dessus des 9 cases
dont les messages restent identiques. Ils permettent des messages
d’urgence ou fréquents.
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
Super talker
C’est un outil de communication avec
enregistrement vocal très complet,
facile d’utilisation et complètement
adaptable aux besoins de la personne.





Clavier adapté
Le surclavier « bébé » peut être positionné sur un clavier classique. Il est
utilisé avec des logiciels de jeux.
Page | 12
Echo du débat…
Quelles sont les possibilités existantes si l’enfant ne comprend pas
les moyens présentés comme les pictogrammes ?
L’utilisation d’un contacteur à message unique est une bonne
alternative. Grâce à des essais, il va permettre de s’assurer que la
compréhension du OUI et NON est acquise = réaction de cause à
effet.
La formulation de questions dites fermées (réponse par oui ou
non) est bien entendu essentielle.
A force de travail et d’observation, il est possible de repérer des
changements de comportements qui nous indiquent que la
personne a compris et répond.
Les parents d’une petite fille présentant des troubles autistiques
expliquent que leur fille arrive à se faire comprendre autrement,
en montrant, en lâchant,… Mais si elle pleure, elle ne peut
exprimer les raisons. Ils se sentent démunis et ne savent pas
comment réagir.
Autre exemple ils ne savent pas si elle a chaud ou froid. La maman
se base alors sur son propre ressenti mais n’est pas certaine que sa
réaction est adaptée.
Ils ont essayé divers moyens tels que les pictogrammes mais elle ne
s’approprie rien.
Toutefois, de plus en plus, ils observent qu’elle est attirée par
l’ordinateur.
Il est primordial de chercher le moyen le plus adéquat pour que
l’enfant comprenne la relation de cause à effet mais également
pour qu’il trouve un intérêt à son utilisation.
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Toutefois, il est parfois plus facile pour l’enfant ou l’adulte en
difficulté mais également pour son entourage de ne pas utiliser
l’outil de communication. Son apprentissage et son utilisation
demande beaucoup d’investissement que ce soit en temps, en
énergie...
Les parents présents ont confirmé ce constat. Ils expriment qu’il y
a une pression très importante sur leurs épaules. Ils sont alors
parfois découragés.
Pour eux, faire semblant de ne pas comprendre l’enfant parce
qu’il n’utilise pas son outil de communication, serait, certains
jours, une attitude inhumaine.
L’utilisation d’un planning de la journée ou de la semaine peut
aider l’enfant à se structurer, à canaliser le temps.
Cela n’est bien entendu pas la solution miracle. En effet, si un
changement survient dans le déroulement du planning, il est
important que l’enfant puisse le comprendre. Certaines familles
sont confrontées à cette difficulté et préfère ne pas prévoir de
planning afin d’éviter des problèmes encore plus difficiles à gérer.
La réussite de l’utilisation d’un outil de communication dépend de
multiples facteurs.
Il est donc primordial de les identifier et d’adopter une attitude
adéquate face aux difficultés rencontrées par les parents, et non,
d’avoir une attitude culpabilisante.
L’écoute, le temps et la disponibilité sont également les clefs de la
réussite !
Vers qui peut-on se tourner pour avoir un conseil avisé ?
Premièrement, Madame Lecerf conseille de prendre contact avec
la logopède qui suit votre enfant ou celui-le de l’école pour voir si
elle/il est sensibilisé(e) à ce type d’outil et si des essais peuvent
être envisagés lors des cours.
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Si non, il est indispensable de contacter un centre spécialisé afin
de faire passer un bilan spécifique à l’enfant. Ce bilan permettra
de mettre en évidence les capacités et difficultés rencontrées par
l’enfant pour pouvoir choisir le(s) outil(s) qui seront testés.
Un accompagnement individuel est préconisé pour que vous
puissiez faire le bon choix.
Combien de temps faut-il pour s’apercevoir que le moyen choisi
est adéquat ?
Cette question est compliquée car elle dépend de la personne ellemême.
Si on doit arrêter un délai, on peut parler d’un minimum de 3 mois
pour
 s’assurer de l’intérêt que suscite l’outil auprès de la
personne,

s’assurer de son utilisation,

observer les réactions et le degré d’adaptation de
l’entourage.
La formation de l’entourage et des intervenants de la personne
est également une étape importante pour que l’outil soit intégré
dans son quotidien.
Nous remercions tous les personnes présentes pour leur
participation et nous espérons que cette soirée aura répondu à
vos attentes.
Si vous avez d’autres questions n’hésitez pas à prendre contact
avec nous.
Page | 15
Adresses utiles :
Bandagisteries spécialisées:

HMC Wallonie
Revendeur de matériels et aides techniques dont celles
pour la communication
Rue du Fond du Maréchal 5, B-5020 Namur / Suarlée
Tel. +32(0)81 73 91 00
mail: [email protected] web: www.hmc-nv.com

SKIL - Sabbe Konsulting Independant Living nv
Entreprise spécialisée dans le matériel de technologie
assistée et s'adresse principalement aux utilisateurs et aux
institutions en Belgique et au Luxembourg.
Haspelstraat 29, 9000 Gent
Tél. : 09/236.39.45 Fax : 09/236.11.71
E-mail : [email protected] Web : www.skilate.com
Centre de ressources et d’évaluation des technologies adaptées
aux personnes handicapées (CRETH)
Rue de Bruxelles, 61, 5000 Namur
Tél.: 081 72 44 30 Fax: 081 72 44 31
E-Mail CRETH : [email protected]
Il a pour objectif d'essayer de trouver avec les personnes
handicapées et leur entourage familial ou professionnel les moyens
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adéquats et adaptés pour utiliser les
l'Information et de la Communication (TIC).
Technologies
de
Plateforme Bien Vivre chez soi
Plateforme créée à l’initiative de la Wallonie qui a pour mission de


Informer les personnes, via un site internet, sur les conseils,
aides et services qui favorisent l’autonomie en Wallonie.
Permettre aux personnes qui en font la demande de recevoir
gratuitement la visite d'un service conseil généralement
composé d’ergothérapeute. Ce service proposera des
solutions d’aménagement et d’aides techniques adaptés.
www.bienvivrechezsoi.be/
AWIPH : Agence Wallonne pour l’Intégration des Personnes
Handicapées
Le service aide matérielle peut, après analyse de votre dossier,
intervenir dans les frais d’achat des aides techniques et du
matériel nécessaire.
Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à prendre contact avec
le Bureau régional le plus proche de votre domicile ou avec un
service conseil. Les centres et bandagistes peuvent également
vous informer. Soyez toutefois vigilant aux informations que vous
recevez. Une réglementation spécifique existe.
AWIPH : administration centrale :
Rue de la Rivelaine, 21, 6061 Charleroi
Tel : 071/20.57.11
Bureau régional de Liège, service aide matérielle
Rue Vert-bois, 23-25, 4000 Liège
Tel : 04/221.69.11
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www.awiph.be
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