l`apogée viennois de la carrière de mozart
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l`apogée viennois de la carrière de mozart
L'APOGÉE VIENNOIS DE LA CARRIÈRE DE MOZART I – UN COMPOSITEUR INDEPENDANT Préambule Pourquoi avoir centré sur la période viennoise l'approche de la carrière de MOZART ? Lorsque après définitivement quitté Salzbourg pour les raison qui seront indiquées, MOZART élit domicile à Vienne, IL est parfaitement maître de son écriture et ses œuvres ont acquis une dimension nouvelle. Vienne, dans la dernière décennie de l'existence du compositeur, c'est l'époque des grands chefs-d’œuvre. Nous avons donc jugé préférable d'éviter la dispersion qui eût entraîné un survol trop rapide des œuvres présentées en nous limitant à l'essentiel d'un période particulièrement féconde qui nous mènera de sommet en sommet. Des débuts prodigieux à la rupture de 1781 Quelques mots suffiront pour rappeler les débuts d'un enfant prodige que Léopold MOZART, concertmeister et compositeur du prince-archevêque de Salzbourg Sigismund von SCHRATTENBACH promène avec sa sœur Maria-Anna dite Nannerl dans toutes les cours d'Europe ; en Allemagne, bien sûr, mais aussi en Belgique, en France, en Angleterre et aux Pays-Bas. A 5 ans, Wolfgang-Amadeus MOZART apprend le clavecin, à 6, il donne ses premiers concerts et commence à composer. Sa prodigieuses mémoire, lui permet à 14 ans de retranscrire une œuvre entendue au cours d'un concert. W-A Mozart enfant W-A Mozart au piano-forte Léopold Mozart Jusqu'à l'âge de 10 ans, l'enfant passe l'essentiel de son temps en tournées musicale. De 12 à 15, il est nommé comme son père concertmeister à la cour du prince-archevêque. De nouveau, il s'absente à plusieurs reprise pour se rendre en Italie étudier l'opéra auprès des meilleurs spécialistes. Au retour d'un de ses voyages, il entend reprendre sa place. Mais le débonnaire SCHRATTENBACH, décédé, a été remplacé par le prince-archevêque Hieronimus COLLOREDO beaucoup moins compréhensif. Prompt à la répartie quelque peu impertinente, MOZART entretiendra avec lui des relations houleuses. Un voyage à Mannheim, puis à Paris seul avec sa mère qui mourra d'ailleurs dans la capitale est un véritable fiasco. MOZART n'aura désormais d'autre perspective que de se plier aux exigences de son employeur. 1781 : une année charnière Cette année-là, MOZART se rend à Munich pour y monter l'opéra commandé par le duc de Bavière : Idoménée, roi de Crète (Idomeneo, re di Creta). Grisé par son succès, le compositeur prolonge son séjour dans la capitale bavaroise au-delà du raisonnable, jusqu'à ce qu'un message le somme de rentrer sans délai, non pas à Salzbourg, mais à Vienne où se trouve COLLOREDO. A l'issue d'une altercation plus violente encore que les précédentes, MOZART est congédié sans appel. C'est donc en compositeur libre qu'il choisit de se fixer à Vienne. Familier de la pension de famille de Mme WEBER, la tante du compositeur Carl Maria von WEBER, il s'éprend d'une des filles de son hôtesse : Constance qu'il épousera d'ailleurs un an plus tard. 1781 est pour notre auteur une période heureuse : il est libéré de toute contrainte, en particulier de la tyrannie de COLLOREDO ; il a ébranlé la tutelle de Léopold MOZART, bon père, attentif et aimant, mais par trop possessif ; il est fiancé à une femme qu'il aime ; il travaille enfin à un opéra commandé par Joseph II, l'empereur d'Autriche. Deux points noirs cependant : son irruption dans un milieu musical où déjà la rivalité ternit les relations entre les musiciens de cour d'origine germanique et ceux d'origine italienne. L'irruption de MOZART, l'intrus, n'est pas particulièrement appréciée. Second point : contrairement à son attente et malgré ses premiers succès, aucun poste officiel ne lui est proposé Hieronimus von Collero Constance Weber Les premières œuvres d'un musicien libre Quatre sonates pour piano (en réalité piano-forte 1 ) et violon Les progrès réalisés dans le domaine de la facture des instruments tout au début du XVIIe siècle incitera les compositeurs à vouloir mettre leur instrument en valeur et par la même occasion à révéler leur savoir-faire. En attendant la constitution d'un répertoire adéquat, ils puisent dans les collections de danses de l'époque (allemande, courante, sarabande, gigue, bourrée, chaconne, etc.) qu'ils organisent en suites de danses ou plus couramment en suites. C'est alors que vient l'idée de limiter le nombre de pièces à quatre, d'alterner pièces vives et lentes et d'en confier l'exécution à trois instruments, généralement : clavecin (ou orgue) violon (ou flûte) et violoncelle. Selon leur destination, ces œuvres : Lent – Vif (fugué) – Lent (souvenir de la sarabande) - Vif (souvenir de la gigue) seront intitulées Sonata da camera (Sonate de chambre) ou Sonata da chiesa (Sonate d'église). Une difficulté restera longtemps sans solution : quel rôle assigner à chaque instrument ? C'est MOZART qui, au siècle suivant, proposera un parfait équilibre entre les deux instruments appelés à dialoguer et non plus à se faire concurrence. Il adoptera généralement une construction en trois mouvement : Allegro – Andante – Allegro en forme de rondo Des musicologues ont recensé 43 sonates, dont des inédites et une certain nombre disparues. Les éditions actuelles en proposent 17 ou 19. Dès son arrivée à Vienne, MOZART en compose 4 comptant parmi les plus belles. Morceaux choisis Sonate en Mi bémol majeur K 380 2 Fragment présenté : 2e mouvement Andante con moto Exemple caractéristique du dialogue que l'auteur a su réaliser entre les deux instrument. Il s'agit d'un des plus beaux andante sortis de la plume de MOZART Sonate en Fa majeur K 376 Fragment présenté : 3e mouvement Allegretto gracioso La forme de ce parfait dialogue entre les deux instruments est celle d'un rondo avec 3 expositions du refrain. Les couplets sont constitués de nouvelles idées. Libre mais confronté à un nouveau public restant à conquérir, MOZART dont les compositions étaient jusqu'à présent des œuvres de commandes propres à satisfaire les exigences de COLLOREDO et de l'auditoire salzbourgeois se doit à présent de résoudre cette difficulté : comment gagner à Vienne la plus vaste audience sans concession à la facilité et aussi : comment élever le goût du public afin de satisfaire à la fois connaisseurs et non connaisseurs ? La réponse résidera dans l'ouverture de deux domaines : celui des œuvres symphoniques des œuvres concertantes ouvert à un vaste public ; celui de la musique de chambre, plus fermé, plus secret, où s'effectueront les recherches relatives à l'évolution de l'écriture. 1 A partir de 1760 environ, le piano-forte commence à se substituer au clavecin, bien qu'il n'appartienne pas à la même famille. Instrument à cordes frappées, résultant de la transformation du clavicorde, il présent cet avantage de pouvoir exécuter des nuances selon la nature de la frappe. 2 A partir de BEETHOVEN, les compositeur prendront l'habitude de classer leurs œuvres en leur attribuant un numéro d'opus. Auparavant, il faut compter sur la patience des musicologues. Ainsi K 380 signifie 380 e œuvre dans la classification de Ludwig von Köchel, écrivain allemand du début du XIXe siècle L'Enlèvement au Sérail Il s'agit d'une commande Joseph II qui à l'instar de MOZART aspirait à créer l'opéra allemand. En effet, selon une idée largement répandue il n'était de bon opéra que d'Italie ou sur le modèle italien, dans la langue de Dante évidemment, même dans les pays germanophones. Ne faisaient guère exception que la tragédie lyrique lulliste à la française, l'opéra (peu abondant) et le mask 3 anglais. Faisait exception aussi un genre lyrique assez populaire, d'un goût souvent incertain : le Sinspiel, sorte d'opérette souvent vulgaire Après le premier essai inabouti de Zaïde, MOZART récidive en offrant l'un des premiers opéras en allemand. Pour désamorcer la critique, le compositeur adopte la forme du Singspiel, mais qu'il élève au niveau de qualité de l'opéra. L'Enlèvement au sérail, créé à Vienne en juillet 1782, remportera un franc succès, du moins jusqu'à ce que l’œuvre tombe sous les coups d'une cabale dirigée contre le compositeur. Le sujet Il s'agit d'une « turquerie » genre à la mode à une époque où le public est fasciné par la Turquie, pays pourtant ennemi (guerre turco autrichienne de 1716-1718, guerre russo-turque de 1735-1739) et qui occupe une bonne partie de l'Europe. En réaction, on adopte la dérision (Cérémonie turque du Bourgeois gentilhomme de MOLIERE et LULLY), l'indifférence (Marche turque de MOZART), l'admiration (Le Turc généreux, une entrée de l'opéra-ballet les Indes galantes de RAMEAU, voire les deux à la fois (L'Enlèvement au sérail à travers deux personnages : le pacha Sélim Bassa, le noble, le généreux et l'odieux et grotesque gardien su sérail : Osmin). L'action A la suite d'un naufrage les personnages sont tombés au pouvoir du pacha Sélim Bassa. L'un d'eux, Belmonte qui est parvenu à s'échapper à temps va œuvrer à la libération des captifs. Mais à chaque tentative, Osmin fera échouer le projet, jusqu'à la conclusion finale en forme de happy end L'Enlèvement au sérail au Métropolitain Opera de New-York Morceaux choisis 3 Divertissement chanté et dansé en forme de scène d'opéra destiné à agrémenter les pièces de théâtre de Shakespeare, le compositeur le plus remarquable à cet égard ayant été Henry PURCELL L'Enlèvement au sérail (Die Entführung aus dem Serail) Fragmentsprésentés : Chœur des janissaires : Un chœur de louanges au pacha écrit dans un mode avec notes altérées et « orchestre turc » (ou prétendu tel) à grand renfort de triangle, grosse caisse et cymbales pour faire couleur local sert à planter le décor Air de Blonde : La servante ayant appris le projet d'enlèvement laisse éclater sa joie dans un air d'allure populaire, tout droit issu du Singspiel, mais d'un Singspiel de qualité ayant acquis ses lettres de noblesse. Air d'Osmin : Autre héritage du Singspiel truffé d'éléments bouffes : effets répétitifs, jeux sur la langue allemande et ses sonorités, emploi des sons les plus braves de la voix de basse, débit rapide, vocalises coloratures incompatibles avec la tessiture de basse. Duo Blonde-Osmin : Troisième exemple du même type entre un Osmin se voulant autoritaire et une malicieuse Blonde qui se gausse de lui. Air de Constance : Il s'agit cette fois de la partie animée de ce qui deviendra le « grand air d'opéra » fait à la fois de bravoure et de virtuosité Concerto N° 15 en Ut majeur K 413 S'il est un domaine où MOZART a particulièrement brillé, c'est bien celui du concerto qu'il pratiquera tout au long de sa carrière, depuis l'époque où étaient effectués le premier voyages. A une forme musicale vieille d'un demi-siècle, il apporte une richesse et une variété, constituant un exemple remarquable dans l'histoire de la musique. Les tout-premiers concertos mettent en opposition le clavecin et l'orchestre, mais très tôt, le compositeur lui préfèrera le piano-forte capable de nuances plus subtiles que le clavecin Morceaux choisis Concerto pour piano N° 15 en Ut majeur K 413 Ce n'est certes pas le concerto le plus connu. Sa richesse devrait pourtant retenir l'attention Fragmentsprésentés : 1er mouvement : Allegro Il est conforme au genre imposé par MOZART : exposition à deux thèmes, développement à partir d'éléments empruntés à l'exposition à quoi s'ajoutent de nouvelles idées, réexposition (qui introduit la nouveauté de s'achever sur le 1 er thème) 3e mouivement : Allegro . Structure du rondo (refrain et plusieurs couplets). Intrusions inattendues presque tout de suite à la fin d'un andante dont le rôle est de briser l'automatisme de l'allegro Références : - clichés Wikipedia - documentation : sites sur le web et sources diverses personnelles sur les compositeurs cités. - Sonates violon et piano par Salvatore Accardo et Bruno Canino in « Intégrale Mozart » (BRILLANT) - L'Enlèvement au sérail par Ferenc Fricsay & orchestre du RIAS de Berlin (DEUTSCHE GRAMOPHON) - Concerto pour piano par Murray Perahia & l'English Chamber Orchestra (RCA)