LE BONHEUR D`ÊTRE AVOCAT 279u7
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LE BONHEUR D`ÊTRE AVOCAT 279u7
Tr i b une LE BONHEUR D’ÊTRE AVOCAT 279u7 279u7 J e vous l’accorde, nous avons tous l’impression que les temps sont difficiles, et que c’était sûrement mieux avant. C’est inexact et les chiffres le démontrent. On vit de plus en plus vieux et en meilleure santé, et le gain de QI a largement augmenté depuis un siècle. L’extrême pauvreté régresse dans le monde. On constate une diminution de la violence contre les femmes, du travail des enfants, du nombre de guerres et des morts induits. Enfin, on dispose de plus de temps pour les loisirs avec un coût de la vie qui diminue. Alors pourquoi cette sensation, dans les pays prospères et sûrs comme la France ? Ceci est sûrement dû, en partie, à une information exhaustive et anxiogène. Personnellement, cela fait des années que je ne peux plus regarder le journal télévisé de 20h, sauf à prendre immédiatement après des antidépresseurs. Alors oui, nous devrions être heureux et confiants dans l’avenir car l’huXavier CHILOUX manité qui sera portée par nos enfants progresse, indiscutablement. Avocat au barreau de Paris, membre du Conseil national des barreaux, Malheureusement, nous ne le sommes pas, comme nous, avocats, ancien membre du conseil de l’Ordre n’avons pas pleinement conscience du bonheur que nous avons d’exercer cette profession. Je vous l’accorde, le barreau auquel j’appartiens, s’il est le plus important et le plus riche, est aussi, paradoxalement, le plus pauvre. Nous connaissons tous les difficultés quotidiennes liées à nos charges incompressibles : URSSAF, RSI, TVA, CNBF, CREPA et enfin, à la fin, la machine infernale ayant encore faim… les impôts. Cela ne va pas s’améliorer, et cela, je vous Riches de nos libertés, l’accorde, hélas ! Néanmoins, nous devrions arrêter, et je suis pourtant le prede vie, de parole, de mier à le faire, de chouinasser. ton, fondamentalement Y a-t-il parmi nous, quelqu’un qui n’aime pas chaque jour son métier, l’un d’entre nous qui traînerait la patte le matin avant indépendants, nous sommes de se rendre dans un tribunal ou à son bureau ? Quelqu’un qui ne saurait pas que chaque journée sera différente, faite de l’avenir des sociétés rencontres, de joies et de déceptions il est vrai, mais surtout, démocratiques évoluées de vie ? Quelqu’un qui n’aurait pas conscience du service qu’il rend aux gens qu’il assiste, qu’il écoute, qu’il entend, qu’il aide et qui, pour la plupart – même si nous le savons ce n’est pas une caractéristique première de nos clients – lui en sont reconnaissants ? Notre vie professionnelle est passionnante, enrichissante, vivante. Nous nous formons tous les jours, dans tous les domaines. Notre curiosité est insatiable, elle est le gage de la qualité de nos prestations. Nous sommes un élément incontournable de la société civile, nous jouons un rôle primordial dans les équilibres sociétaux et nous devons, encore plus aujourd’hui, en avoir conscience et prendre notre place. Riches de nos libertés, de vie, de parole, de ton, fondamentalement indépendants, nous sommes l’avenir des sociétés démocratiques évoluées car nous sommes intransigeants, et nous le serons toujours sur les principes fondamentaux ; Valentin, nous ne t’oublions pas. J’aime à répéter, à satiété, la phrase de l’un de nos confrères nous définissant : « de l’huile dans le moteur mais aussi et parfois, du sable dans l’engrenage ». Pour en citer un autre, c’est sûrement plus aujourd’hui « le temps des avocats » que « le temps des juristes ». Alors oui, il y a un véritable bonheur, et chaque jour, à être avocat, accordez-le moi. “ ” • 279u7 G A Z E T T E D U PA L A I S - m a r d i 1 5 n ov e m b r e 2 0 1 6 - N O 4 0 3