8. Guilgane Faye - Université Cheikh Anta Diop

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8. Guilgane Faye - Université Cheikh Anta Diop
RGLL, N°08 déc. 2010
Les impacts des activités économiques sur la dynamique du littoral de la
Petite côte, de la baie de Hann à Joal au Sénégal
FAYE Guilgane1
Résumé
De la baie de Hann à la pointe de Sangomar, l’écosystème littoral de la - Petite côte –
d’importance économique présente des facilités portuaires, industrielles et touristiques. Cette
région est témoin de plusieurs phases climatiques et eustatiques quaternaire dont chaque
épisode a laissé des traces. Dans ce pole économique se développent toutes les formes de
pêche avec beaucoup d’actifs. Mais, les impacts de telles activités ne sont pas toujours
favorables à la survie du littoral partant de l’épanouissement des populations riveraines.
L’érosion presque de tous les estrans surtout à Rufisque et Saly et la pointe de Sangomar, la
pollution industrielle dans la baie de Hann et organique dans la lagune de Joal, sont les signes
d’une dégradation qui semble irréversible.
Cet article a pour objet de montrer en termes de dégradation, les impacts des activités
économiques sur la dynamique du littoral de la Petite côte de la baie de Hann à Joal.
1. Présentation du milieu
La petite côte, l’un des écosystèmes les plus importants du Sénégal, s’étend sur environ 118
km de long sur quelques dizaines de mètres de large. Elle va de la Baie de Hann (région de
Dakar) jusqu’à la pointe de Sangomar (Iles du Saloum, au sud). Elle est limitée au nord par la
presqu’ile du Cap Vert, à l’ouest par l’atlantique (isobathe 200 m) au sud par la parallèle
14°45 nord. Elle dispose de plusieurs plages sablonneuses: Bargny, Guéréo, Somone, Saly,
Mbour, Nianing, Joal, et de sections rocheuses: Yenne, Toubab Dialaw, Ndayane, Popenguine
et Ngazobil.
Au point de vue climatique, la zone compte deux saisons contrastées:
Une saison sèche de novembre à juin où les températures sont souvent fortes 27 °C.
Une saison chaude et humide à faible pluviométrie, soit une moyenne 496 mm à Mbour et 525
mm à Joal. Cette période est aussi marquée par les vents de mousson qui représentent de 50 à
80 % de l’effectif complété par les vents du nord-est.
L’humidité relative est forte sur le littoral; elle varie entre 60 et 80 %, se manifestant sous
forme de rosée ou de brume matinale, susceptible d’imbiber les sédiments, donc d’atténuer la
déflation aux premières heures de la matinée.
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Guilgane Faye, géographe, Maitre assistant au département de géographie Université Cheikh Anta Diop de
Dakar (UCAD)
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Sur le plan océanographique, cette côte est traversée par trois masses d’eau: les eaux froides et
salées à partir de décembre, les eaux chaudes et plus ou moins dessalées issues du courant
sud-équatorial à partir de juillet et les eaux chaudes et salées du contre-courant de Guinée.
Au point de vue géologique, le quaternaire débute dans l’ensemble de la Petite-côte par des
formations continentales désertiques. Le système volcanique s’est mis en place, son témoin
est la dalle corrodée de quelques décimètres, qui repose sur le calcaire lutétien sur la plage à
l’ouest de Rufisque. Les encroûtements calcaires sont témoins des oscillations intervenues de
30 000 ans B.P (transgression inchirienne). Cet épisode serait celui du calcaire de Ndayane, et
plus au sud, vers Gandigal, il correspondrait à un épandage de gravillons ferrugineux. Un
climat désertique permet la mise en place d’une couverture dunaire jusqu’à la latitude de la
Gambie.
Cette période Ogolienne est représentée à Rufisque selon P. EDOUARD (1974) «par la
couverture dunaire qui noie la bordure ouest du Plateau de Mbao et qui s’avance vers le sud
dans la dépression entre les plateaux de Mbao et de Bargny». Les témoins sont visibles dans
la région de Mbour-Saly, de Léona, de Nguénienne et de Samba/Diofior.
Le reste de l’histoire géologique se déroulera à l’holocène avec la lente remontée du niveau
marin vers 8 000 ans B.P. donnant des dépôts lacustres et fluviatiles, des sables argileux
marins dans les iles du Saloum, les vallées Nouakchottiennes transformées en golfes et les
plages à Anadaras senilis. Enfin l’épisode transgressif Dakarien, donna un littoral à plus de 2
m après la légère Tafolienne: 4 000 ans B.P. La mer Dakarienne était agitée. Une forte dérive
littorale a mis en mouvement d’énormes masses de sable formant un cordon littoral et classant
les minéraux lourds. C’est aussi l’épisode de la formation des flèches littorales de Joal et de
Sangomar.
Au point de vue biogéographique, le couvert végétal se résume aux formations sur le cordon.
Opuntia tuna et Euphorbia balsamifera au sud de Bargny, Rhizophora racemosa, Avicennia
africana, Conocarpus erectus sur la flèche de Sangomar. Se remarque aussi un tapis herbacé
avec Imperata Cylindrica, Cyperus maritimus, Scaevola plumieri, Chrysobalanus orbicularis
et Schizachym pulchellum. Sur les pelouses dominent Sesuvium portulacastrum, Sporobolus
robustus et paspalum vaginatum. Enfin se rencontrent certains halophytes comme Philoxerus
vermicularis.
Sur le plan granulométrique l’essentiel des sédiments est formé de sables grossiers marins
hétérométriques répartis entre les différents unités géomorphologiques comme des vastes
estrans, les cordons sablo-coquillers et quelques reliques de vasière à mangrove.
Cet espace naturel est donc humanisé mais il est en déséquilibre écologique avec les
conditions bioclimatiques actuelles. Par ailleurs la pêche artisanale et la concentration des
équipements touristiques et des aménagements industriels sur la frange côtière risquent
d’accentuer cette rupture d’équilibre.
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2. Matériel et méthodes
La recherche documentaire dans différents centres de recherche de Dakar et dans certains
ministères a été associée aux enquêtes auprès des personnes-ressources. Ainsi populations
riveraines, pêcheurs, chefs de services du tourisme, de l’environnement et de la pêche ont été
administrés d’un questionnaire relatif à la dégradation de l’écosystème littoral: les thèmes
dominants comprenaient l’érosion, la pollution, les problèmes rencontrés par les installations
touristiques, les contraintes liées à la pêche artisanale et les impacts de ces activités
économiques sur la dynamique littorale.
Des mesures d’érosion ont été faites par la méthode de cubature en plusieurs points sensibles
au démaigrissement: Rufisque, Mbao, Somone, Saly, Mbour et Djifère. Le matériel utilisé
était un théodolite, un niveau est une mire.
La pollution a été mesurée par analyse des échantillons d’eau pris à la baie de Hann et à la
lagune de Joal. Ces mesures ont été faites par le laboratoire des eaux la S.O.N.E.S.S.; le
principe est fondé sur la DCO et l’azote Kjeldahl.
La DCO est un paramètre mesurant indirectement la pollution des milieux aquatiques. Dans
ces milieux la présence de matières organiques entraine celle des bactéries. Il faut donc
mesurer la quantité d’oxygène respirée par ces bactéries en consommant le matériel
organique. Dans les milieux marins, dès que le taux est supérieur à 125 mg/l, la pollution est
de règle.
L’azote Kjeldahl est un procédé qui consiste à trouver la quantité d’azote totale. C’est une
formule de minéralisation par transformation de l’azote minéral en azote total, ce qui contrôle
la pollution. En effet les protéines sont composées d’azote, et doser les protéines revient à
doser l’azote. Si le taux d’azote Kjeldahl dépasse 5 mg/l la pollution devient évidente. Des
tableaux contenant les résultats de ces analyses sont dressés et toutes les informations
provenant des enquêtes analysées, les sites érodés identifiés. Ce traitement des informations
collectées a abouti aux résultats suivants.
3. Résultats
Ils sont perçus à travers la typologie des activités économiques traditionnelles et modernes
ainsi leurs impacts en matière de dégradation de l’écosystème littoral.
3.1. La typologie des activités
Hormis l’agriculture, les principales ressources économiques de la Petite-côte proviennent des
aménagements touristiques et industriels.
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Figure 1: Localisation des industries le long de la Petite Côte
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Les aménagements industriels
D’une manière générale, les littoraux sont choisis pour installer des industries parce que
celles-ci ont besoin de la mer pour éliminer leurs déchets ou la chaleur tout en alimentant leur
circuit de refroidissement. L’essentiel des établissements industriels reste concentré au niveau
de la baie de Hann, de Bel-air et à Rufisque.
Les principales filières représentées sont le textile, la chimie, les hydrocarbures, les plastiques,
l’alimentaire et la pharmacie. Ainsi remarque-t-on:
-la centrale C3 de la SENELEC du Cap des biches installée en 1966;
-les ICS de Mbao créées en 1968;
-la SAR installée depuis 1953.
Les industries de transformation des produits halieutiques: SARDINAFRIC, SENEPESCA,
INTERCA.
. La figure 1 présente la géographie des unités industrielles et touristiques de la baie de Hann à
Joal.
Les aménagements touristiques
La Petite côte offre des conditions naturelles favorables à l’aménagement touristique. Elle
concentre plus de 90 % de la capacité d’hébergement de la région de Thiès avec des hôtels,
bungalows, et clubs de vacances. Le nombre de place-lits est passé de 300 unités en 1972 à
2800 en 1988 et dépasse actuellement 4 000 repartis dans les principaux complexes.
Le complexe de Saly est attribué par l’Etat à la SAPCO en 1976 et couvre plus de 600 ha. Il
comprend des hôtels de grand standing: Palm Beach, plus de 500 lits, Novotel Saly plus de
200 lits, l’hôtel Savana Saly plus de 200 lits et l’hôtel Espadon; des équipements routiers, des
restaurants et night clubs. Ces réceptifs ont des accès directs à la mer sur de vastes estrans.
Le complexe de Nianing englobe de club Aldiana avec plus de 580 lits et le domaine de
Nianing plus de 440. Ce dernier a entrepris des opérations de reboisement. Ainsi en 1978,
quelques 60 000 arbres ont été plantés dont des fromagers, des filaos et des cocotiers.
Les centres secondaires comprennent celui de Mbour totalisant plus de 210 lits, le club
Baobab de la Somone 240 lits, les bungalows et les cabanons édifiés dans les villages de
Bargny-Sienndou, de Toubab-Dialaw, de Yenne, de Ngaparou, l’hôtel Finio et relais de Joal.
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3.2. Les impacts des activités
La coexistence de plusieurs activités d’intérêts divergents et contradictoires sur la Petite-côte
aura des répercussions plutôt négatives sur la dynamique de l’écosystème. Cette évolution
régressive des milieux littoraux peut se voir à travers les impacts de la pêche, du tourisme et
de l’industrie.
Les impacts des aménagements
Les impacts des aménagements diffèrent selon la nature de l’aménagement et du secteur
littoral.
Les impacts des aménagements touristiques
Ils se résument surtout à l’érosion dont l’intensité varie d’un secteur à l’autre.
A Bargny-Sienndou, le site touristique est construit sur un cordon de grès de plage dont
l’affleurement témoigne de l’érosion.
A Toubab-Dialaw et à Yenne, hôtels et cabanons sont construits sur les falaises du massif de
Diass. Les fronts de cuesta son protégés par des talles de béton ou de gros blocs cimentés.
A Popenguine, beaucoup de cabanons sont abandonnés sur les falaises dont les bases sont
creusées et les fronts concaves.
A la Somone, le balayage régulier de la plage accélère son démaigrissement.
A Saly la mer a englouti des espaces jusque- là épargnés. Selon certains témoignages, c’est à
la suite de l’exploitation des sablières pour la construction de quelques hôtels en 1993-1994
que le phénomène d’érosion a été réactivé. Depuis cette date, la mer a gagné du terrain et a
même menacé, non seulement l’Espadon Club, mais d’autres réceptacles situés en contre bas.
Ce processus aurait été aggravé par la construction en 1994 d’un bassin de réception de
poissons avec des encochements bétonnés.
Selon M. Ba (1996) «ce bassin a joué un rôle de rempart, barrant le passage du sable du nord
par la dérive littorale pendant la saison sèche. Du fait le sable piège au nord du bassin,
n’approvisionnait plus cette plage et d’autres plages. Un courant s’était créé en aval
emmenant vers le sud le sable de la plage de l’espadon». M. Ba (1996) a estimé le recul du
rivage à plus de 10 m au droit des bougainvilliers et a plus de 20 m au Savana entre 1994 et
1996; tandis qu’à l’espadon-club elle a reculé de 40 m entre octobre 1994 et septembre 1995.
A Joal, le stade de l’hôtel Finio n’ont que des impacts indirects sur l’estran. Cependant
l’érosion est sensible et la ligne des eaux a avancé de 2,40 m entre 1969 et 1989. Et selon I.
Niang Diop (1995) «le taux moyen d’évolution du littoral serait positif de plus d’un mètre
entre 1960 et 1989. Ainsi la partie Nord-ouest de Joal est très érodée, alors qu’une forte
accumulation est notée au sud avec un allongement de la flèche littorale sur laquelle est bâtie
la ville. Cette évolution (1954 - 1980) est illustrée par la figure 1.
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Les impacts sur les installations industrielles
Ils peuvent se mesurer par les dégâts causés par l’érosion et les méfaits de la pollution sous
toutes ses formes.
L’érosion: l’occupation de la zone par les industries a entrainé un rétrécissement de l’estran.
I. Niang Diop (1995) a souligné une érosion naturelle de «0,6 m à Hann». De plus certaines
industries sont dotées de canaux utilisant l’eau de mer. C’est l’exemple des ICS et de la
SENELEC au cap des Biches. Ces ouvrages captent une partie du sable charrié par les
courants littoraux.
C’est ainsi qu’on a pu observer au niveau du cap des Biches, une conduite d’eau sous forme
de jetée servant d’épi artificiel pour freiner l’érosion au nord de l’usine, justifiant une
accumulation de sable à l’ouest et un démaigrissement à l’est de l’épi. En outre selon le
rapport du PNUE (1985), entre le cap des Biches et Rufisque, l’érosion annuelle est de 0,33 m
de 1969 à 1978. Actuellement, la vitesse de recul est de l’ordre de 0,7 m/an.
A Mbour, au droit de l’usine de pêche GESMA, trois falaises emboitées ont été observées. La
première sur le cordon, la deuxième sur la haute plage et la dernière sur la basse plage. Des
pans de roches couverts d’algues vertes affleurant sur ces murs-falaises, témoignent de
l’érosion différentielle. Mais l’action des industries est appréciable à travers la pollution par
l’estimation des déchets (tableau 1).
La pollution: sur le littoral de la Petite-côte, c’est surtout au niveau de la baie de Hann que
l’on note une diversité des déchets industriels rejetés sans traitement approprié dans le milieu
marin. Cette pollution est chimique: colorants minéraux, arsenic, hydrocarbures, acides. Elle
est aussi physique car certaines industries rejettent des eaux chaudes dan la me. Selon la
direction de l’environnement, 66 % des rejets liquides des industries sénégalaises, estimés à
41 000 m³ par unité industrielle, se perdent dans la mer. La SAR rejette une quantité
importante de sels minéraux et des déversements liquides provenant de la turbine à vapeur et
du nettoyage des conduits.
Les ICS, par la fabrication des engrais NPK, des acides sulfuriques et phosphoriques,
produisent des déchets solides et liquides mais aussi du gaz. L’eau de mer utilisée pour
récupérer l’ammoniac, le fluor et les autres gaz est indirectement déversée en mer avec une
forte température.
Les industries textiles émettent des effluents contenant de la teinture chimique favorable à la
prolifération des algues.
Les industries de pêche envoient en mer de l’eau de lavage chargée de sang et de matière
solide. Les mousses et les plastiques émettent des solvants.
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Enfin les études océanographiques ont montré que beaucoup de polluants provenant
essentiellement des effluents non traités des unités comme la SONACOS, la SAF, la NSOA,
la MTOA et la SOBOA aboutissent, par des courants, à la baie de Hann (tableau 1).
Tableau 1. Estimation de rejets de déchets liquides en m³/an
Baie de Hann
Port de Dakar
Total rejet
929.352m³/an
274.878m³/an
1.203.230m³/an
Source. Direction de l’environnement, 2000
Par ailleurs, les industries agro-alimentaires déversent d’importantes quantités de matière
organique. Cette pollution conduit à une désoxygénation du milieu, mais aussi a une
diminution du pH. Cette forme de dégradation est encore remarquable sur les plages de la baie
de Hann jusqu'à Rufisque. Elle est aussi visible sur les estrans de Mbour et à la pointe
Gaskell. Cette zone marécageuse jusqu’en 1993 a été aménagée en port de pêche est
complètement polluée.
Enfin, la déficience de certaines infrastructures industrielles et hôtelières, ainsi que de
certaines maisons en réseaux d’égouts et d’évacuation des eaux, fait que la pollution
domestique, constitue une préoccupation. L’évacuation de ces eaux usées en mer entraine une
eutrophisation du milieu marin.
Le tableau 2 dont la légende est la suivante, estime les volumes de déchets en m³/an et en
unité industrielle:
- canalisation directement de l’industrie ou par égouts débouchant à la baie de Hann;
- industries installées sur la baie mais dont les rejets n’aboutissent pas à la baie (rejets
s’infiltrent dans le sol);
- rejets débouchant au port.
Un essai de quantification de la pollution a été tenté par analyse des eaux tirées de la baie de
Hann et de la lagune de Joal. Les résultats obtenus sont confinés dans les tableaux ci-dessous.
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Tableau 2. Estimation des déchets
Industries
Déchets liquides (m³/an)
NIPPON SEN
SOPICA
BISCUITERIE WEHBE
SAF***
MOULIN SANTENAC***
DAKAR-MARINE***
SIEMEX
LES GRANDS MOULINS***
SIPOA**
SISPA
RUFSAC**
COMPLEXE AVICOLEDE MBAO**
180
15.750
144
1.095
365
5.000
109
2.920
15
182.500
0
116
COTONIERE DU CAP VERT**
SENELEC***
SAR*
NESTLE*
SNCDS***
SITRAF
SOTIBA*
SRH***
SIPASEN*
CCIS*
SEIGNEURIE AFRIQUE
SODEFITEX
CESELECA
XAMAL
SSNP*
PROCHIMAT*
ARMEMENT DAKAR PECHE ***
51.100
17.082
19.342
40.000
100.000
43.000
300.000
2.400
0
3.348
600
2.500
346
100
742
720
2.016
SERAS*
SOBAO***
ICS Darou/ ICS Mbao*
TOTAL
290.000
144.000
250.000
<1.750.690
Source: direction de l’environnement
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Tableau 3. Pollution de la lagune de Joal 1999
paramètres
DCO en mg/l
Azote Kjeldahl en mg/l
Janvier
220
08
Mars
160
12
Mai
130
08
Source: Faye G. 2000 (Nov 2000)
Tableau 4. Pollution de la lagune de Joal en 2001
paramètres
DCO en mg/l
Azote Kjeldahl en mg/l
Janvier
235
12
Mars
175
14
Mai
160
10
Juillet
140
06
Septembre
155
08
Novembre
160
10
Septembre
160
10
novembre
180
12
Source: Faye G. 2000 in Nov 2000
Tableau 5. Pollution de la baie de Hann en 2001
paramètres
DCO en m/l
Azote Kjeldahl en mg/l
Janvier
250
15
Mars
210
14
Mai
230
13
Juillet
150
08
Source: Faye G. (Nov, 2000)
L’observation des tableaux 2, 3, 4 et 5 révèle une tendance à la pollution généralisée tout au
long de l’année mais beaucoup plus importante aux périodes froides où les phénomènes
d’évaporation sont atténués. Cette pollution des littoraux de la Petite-côte est source de
plusieurs maladies (tableau 6).
Tableau 6. Classification des maladies dues à la pollution
Maladies
Gale
Gastro-entérites
Dermatoses
Paludisme
Parasitose
Signification
Infection de la peau avec des légions de grattage évoluant vers des plaies
Ensemble d’infections du tube digestif se manifestant par des diarrhées
Infection liée au derme
Infection parasitaire du sang
Infection ayant pour cause des parasites
Source: Khady Sarr (octobre, 1998)
En définitif, l’action des aménagements au niveau écologique est négative sur l’ensemble de
la petite côte notamment à la baie de Hann où la pollution peut engendrer plusieurs sortes de
maladies.
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Discussions
La Petite-côte, écosystème d’une grande importance économique est soumise à une
dégradation dont les conséquences menacent l’avenir de plusieurs milliers d’habitants.
Face à la dynamique conquérante de la mer, qui constitue le véritable moteur de l’évolution
littorale, l’action de l’homme à travers, les aménagements industriels et touristiques devient
un facteur aggravant.
Toutes les activités économiques du pays dans une symbiose convergente et contradictoire:
agriculture, pêche, industrie et tourisme ont laissé à leur manière leurs empreintes presque
indélébiles sur le littoral.
Secteurs côtiers en nette régression: Rufisque, Bargny, Saly, Mbour, pointe Sarène, Joal et
Djifère.
Pollution industrielle et organique à la baie de Hann, à Rufisque et à Joal.
Les quantifications de leurs impacts ont été tentées et les résultats inquiétant proposés dans
des tableaux. Finalement se dessine une tendance plutôt négative: un tourisme érodant, une
industrie polluante, d’où une remise en jeu de l’avenir de l’écosystème littoral de la Petitecôte, ce qui appelle un aménagement maîtrisé et intégré du domaine littoral sénégalais dans
son ensemble.
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Sigles et abréviations
BP: bifore present (1950); SONESS: Société nationale d’exploitation des eaux du Sénégal;
PNUE: programme des nations unies pour l’environnement; ICS: industries chimiques du
Sénégal; SENELEC: société nationale de l’électricité; SERAS: société nationale
d’exploitation des ressources animales au Sénégal; SONACOS: société nationale de
consommation du Sénégal; SAF: savonnerie africaine Fakhry; NSOA: nouvelle savonnerie
ouest africaine; MTOA: manufacture de tabac ouest africaine; SOBOA: société de brasserie
ouest africaine; RUFSAC: Rufisque sac; SAR: société africaine de raffinage; SODEFITEX:
société de développement des fibres textiles
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