La Lettre de Sete N°22

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La Lettre de Sete N°22
Magazine gratuit - N° 25
Juin 2006
Photo bernard barraillé
Jacques Rouré :
Un monument sétois !
Il était le plus grand écrivain sétois vivant. Il nous a quitté fin avril. On a peine à mesurer la perte que
constitue pour notre ville le départ de cet infatigable chantre de Sète. Sa bibliographie est éloquente : même
quand il commet, le traître, un ouvrage sur la Bretagne, il trouvait le moyen de parler des sétois. De tous
les talents qu’il fréquentait dans sa jeunesse, il fut le seul à refuser de « monter » à Paris. Avec sa culture
et sa finesse, il n’eut pas manqué de réussir comme le firent Vilar, Maurice Clavel et son grand copain
Thérond qui tenta maintes fois de l’attirer dans la capitale. Mais il préféra, tel Ulysse, s’embarquer pour
des tours de monde et revenir au port sétois pour glorifier, plume en main, sa seule et unique patrie.
Pour tout cela, il serait bien que la municipalité donne son nom à une rue ou à une placette, peu
importe. L’essentiel est que l’endroit choisi soit proche de la mer, l’hommage le touchera davantage.
Bernard Barraillé
(Lire dossier pages 6,7,8 et9)
Échos
La St Louis de Desnoyer
François Desnoyer adorait l’ambiance colorée
des joutes et a peint plusieurs toiles sur ce
thème. C’est certainement la meilleure qui a
été choisie pour servir d’affiche à la St Louis
2006. Sûr qu’elle va être particulièrement
recherchée. Un vrai collector !
Heliade à Tours
Ce 3 juin, les chanteuses sétoises
représenteront la France au Concours
international de chant choral de Tours,
événement qui est au chant ce que le
Festival de Cannes est au cinéma.
Elles auront affronté ce qui se fait de
mieux dans le monde face aux autres
sélectionnés venus des USA, Ukraine,
Danemark,
Italie,
Allemagne,
Belgique,
Norvège,
Grèce,
Philippines, Suède et Russie. Heliade,
un Top de la culture sétoise !
Les saint-clairiens à Montmartre
A l’occasion du Jumelage de l'amicale des saint-clairiens avec
la Commune Libre du Vieux Montmartre, un groupe de 18
sétois s’est rendu à Paris en TGV. Le président Augustin Criseo
nous raconte : Accueil chaleureux en début d’après-midi,
à la Butte en Vigne, restaurant montmartrois, par
M.
JackAndré YATT,
Maire de la
Commune
L i b r e
duVieux
Montmartre,
accompagné
de
son
M a i r e A d j o i n t
Pierre GUIRARD et du Garde Champêtre ISIDORE. Sur un grand
parchemin, M. Yatt nous a gratifié d’un poème en la forme
d’acrostiche, destiné aux Saint-Clairiens : L’après-midi, précédé
par le tambour du garde champêtre, il y a eu la visite de la butte
de Montmartre, avec des arrêts devant les principaux monuments, mais aussi des lieux symboliques des peintres ou chansonniers, des artistes de la Place du Tertre, sans oublier la vigne
de Montmartre et la statue de Dalida.
Ce déplacement a été une réussite, qui conforte le dynamisme de
l'amicale. La visite du musée d’Orsay, dimanche matin, avec l’exposition des Impressionnistes Cézanne/Pisarro, a donné des
idées aux membres de l’école de peinture.
Eve Angeli anti-fourrure
Après Pamela Anderson et Kim
Basinger, la chanteuse sétoise a accepté de poser nue pour une campagne
contre l’utilisation de la fourrure
animale : « C’est avec joie que je me
déshabille pour sauver des animaux »
a-t-elle expliqué. Cette croisade d’une
fondation américaine vise surtout la
Chine, premier exportateur mondial
de fourrure.
Mitterrand et Valéry
En partant à la retraite, Gérard
Saumade, ancien président du
Conseil Général, a livré des anecdotes sur sa longue carrière politique.
L’une nous concerne : « Lors d’une
visite dans notre région, François
Mitterrand ordonna au pilote de son
hélicoptère de stationner au-dessus du
Cimetière Marin. Et là, tous les deux,
en plein ciel, nous avons récité des
strophes de Paul Valéry ».
“Il faut se laver les yeux avant chaque regard"
(proverbe arabe)
2
François Massabiau
Avec sa discrétion coutumière, un sétois de grande qualité nous a
quitté en mai à l’âge de 87 ans : François Massabiau. Exemplaire
et réputé instituteur à Paul-Bert, il consacra sa retraite à la recherche historique et devint vite la référence en matière d’histoire
sétoise. Les universitaires les plus prestigieux n’hésitaient pas à faire
appel à ses lumières. Il fut président de la Société d’Études
Scientifiques en 1974-75. Sur notre photo, il figure en compagnie
de Florence Malauchaine qui lui succéda à la tête de la SES.
Borras et Frèche
Longtemps ennemis, Georges Frêche
et le sétois Gérard Borras, président
de la CCI de Montpellier, ont maintenant signé la paix des braves et
collaborent comme de vieux amis. Au
point que Frêche a publiquement
déclaré : « Dire que, dans un an, cet
homme charmant n’aura plus le droit
de se représenter à la présidence de
la CCI. On le regrettera ! ».
Quand on se souvient des empoignades d’antan…
La Chorale au Théâtre de la
Mer
Après plusieurs concerts en Espagne
(dont un fin mai en la basilique de
Montserrat), la Chorale de Sète
prépare
ses
concerts
d’été.
Accompagnée
par
l'ensemble
Orchestral dirigé par Franck
Fontcouberte, elle donnera le 11
juillet la Messa di gloria de Puccini et
le 12 un spectacle de gospel.
Front Popu
Le 70° anniversaire du Front
Populaire a remis en lumière le rôle
de Jules Moch, bras droit de Léon
Blum. A son arrivée au pouvoir, en
1936, Blum nomme Moch secrétaire
général du gouvernement, chargé
d’accélérer la mise en œuvre des
nouvelles mesures : 40 heures,
congés payés, etc.
Les historiens soulignent l’efficacité
de l’ancien député de Sète, ce qui
n’étonnera pas ceux qui l’ont connu.
Même de Gaulle appréciait ce socialiste puisqu’il lui confia en 1959 le
poste de représentant de la France à
l’ONU !
A Sète, on ne devra jamais oublier
que c’est grâce à lui, et à lui seul,
que le port fut rapidement reconstruit
à la Libération.
Musique aux Beaux Arts
Pour la Fête de la Musique, le 21
juin, est annoncé un concert dans le
jardin de l’Ecole des Beaux Arts
programmé par le Conservatoire
de Musique de Sète. Voilà une
excellente initiative qui compensera
les tonitruantes ziziques qui vont
s’abattre sur le centre-ville.
Le soir à 20h30 au Théâtre Molière,
le bonne musique d’aujourd’hui sera
à l’honneur grâce aux Ateliers de
musiques actuelles du conservatoire.
Cruciverbiste
Sète, nous dit un amateur de mots
croisés ou fléchés, est la ville la plus
citée dans les grilles. Normal, c’est
un mot court avec deux E, lettre la
plus usitée en français. Les définitions
les plus fréquentes : Port du SudBrassens y est né- Patrie de Paul
Valéry- Ville autrefois démonstrative.
Et une ligne de plus dans la liste de
nos singularités…
Au revoir Lucile
La patronne des médiathèques,
Lucile Cuvelier, a quitté Sète pour l’île
de la Réunion. Nous regretterons sa
compétence et sa légendaire amabilité souriante. Mais nous devrions la
voir retrouver Saint-Clair dans
quelques années.
Rémi Sautet
Cinéaste indépendant qui a beaucoup fait pour la renommée de Sète, Rémi Sautet vient de réaliser un nouveau film
sur sa ville d’adoption.
Cette fois, il a choisi de célébrer l’anniversaire de la mort de Brassens en rencontrant des sétois populaires et de leur
faire interpréter leurs chansons préférées. Les meilleures seraient Ginette, la populaire vendeuse de tielles chez Alain
Cianni, et Tony Izoird, plus connu jusqu’à présent pour la qualité des huîtres de son parc.
3
Échos
Gaston Macone : 4° tome !
Le 4° tome de la mémoire de Sète en images
vient de paraître. Gaston Macone nous présente à nouveau ses trouvailles qui font revivre un
passé pas si lointain mais qui nous paraît déjà
anachronique. Cette fois, il a choisi pour thème
les légendes de la Saint-Louis, les événements
locaux, les familles, les commerces, les sports et
les écoles. Des illustrations qui vont réveiller
bien des nostalgies et sur lesquelles nous reviendrons tant ce dernier tome est savoureux.
Soulages voyage
Rencontré Pierre et Colette Soulages qui ne m’ont pas caché qu’ils
étaient fatigués de sillonner le mode d’une expo à l’autre. Ils préfèreraient le calme douillet de leur refuge saint-clairien. Mais comment
refuser lorsqu’on vous expose partout. Après New-York,
Copenhague et Venise pour l’inauguration du Palais Grassi de
François Pinault, Soulages était attendu à Vienne où les autrichiens
l’ont choisi pour inaugurer un nouveau Musée !
Scandaleuse Varda
Vient de sortir en DVD un
des
meilleurs
films
d’Agnès Varda : « Le
Bonheur » qui, à sa sortie
en 1965, avait déclenché
une violente campagne
d’associations de familles
l’accusant d’être amoral.
Ce qui n’empêcha pas le
film d’obtenir le Prix Delluc et l’Ours d’argent au Festival de Berlin.
Une belle revanche pour Agnès Varda venue récemment à Sète rencontrer le réalisateur Kechiche qui tournait « La graine et le mulet ».
America-Cup
L’America-Cup est revenu dans l’actualité avec les éliminatoires à
Valence. Beaucoup de sétois (natifs ou émigrés) dans cette aventure :
Bernard Pacé, Thierry Peponnet, skippeur du défi français, Pierre Mas,
qui a mis son talent au service de la Chine, Sébastien Col, Christophe
André, Bertrand Pacé, skippeur du Défi américain.
Comme quoi, le passage de Marc Pajot, devenu marchand de
bateaux de luxe à Saint-Tropez, a laissé des traces.
4
Gabin au Comedia
Fille de Jean Gabin, Florence
Moncorge-Gabin est venue au
Comedia présenter son film « Le
passager de l’été ». Papa eut été fier
car c’est une réussite.
Rire au Théâtre
Le programme de la prochaine saison de la
Scène Nationale va être dévoilé début juin. Pour
l’instant, tout ce que l’on sait, c’est qu’elle sera
essentiellement axée sur la comédie et le rire. Ce
qui était tout indiqué en cette période pré-présidentielle qui promet d’être agitée…
Encore le noir
Quelques mois à peine après la parution d’un
ouvrage sue « La couleur noire », voici un
nouveau livre consacré au Noir. Les artistes
contemporains y sont à l’honneur, du fameux «
Carré Noir » de Malevitch jusqu’aux noirs lumières de Pierre Soulages. (« Le Noir » par GérardGeorges Lemaire, Hazan, 50 ).
“Dieu aime les pauvres et donne aux
riches”. (Joseph Bialot)
Moni et Julie
Après les 5 représentations de « Mademoiselle Julie » à Montpellier et
les 3 de Balaruc, Moni Grego nous confie : « Notre fragilité nous a
poussé à retravailler encore tous les jours, jusqu'au dernier... et nous
pourrions retravailler encore, tant ces textes et ce pari théâtral sont
exigeants, passionnants, et nos moyens si insuffisants...
Plein de "retours", de témoignages heureux : d'étudiants, d'élèvesacteurs, du public, des publics... Joli livre d'or plein. Beaucoup
d'émotions, et aucun regret pour la fatigue démesurée et les plâtres
essuyés. Le talent de chacun a été souligné à plusieurs reprises tout
au long de ces deux semaines à Balaruc et Montpellier : la beauté et la justesse de l'espace de Jean-Pierre Le Bail, des
éclairages de Pierre Blancher et Mustapha Touil, de la matière sonore diffusée par Georges d'Acunto et Jean Ferry... ».
Joanda chez Nuggets
Joanda vient de sortir un album tout en occitan qui apporte un souffle nouveau dans le paysage musical occitan puisqu'il s'agit de pop/rock (10 titres), style nouveau en ce domaine.
C'est à Sète qu’il viendra présenter en concert show-case cet album le samedi 10 juin à 16h
chez le disquaire Madison Nuggets, avec ses musiciens dont certains habitent Sète.
L'album se titre "Un autre camin" et comprend 10 titres pop/rock. Le Show-Case de Joanda
(concert de présentation accompagné par 5 musiciens) suivi d’une rencontre-dédicace aura
lieu chez le disquaire Madison Nuggets, 4 quai Résistance. L'album est disponible à la vente
(15 euros) chez Madison Nuggets mais aussi à la Fnac et dans plus de 40 disquaires indépendants, ainsi que sur le site internet www.joanda.net
Courrier des lecteurs
De Antoine Aranda:
« Aujourd'hui nous déplorons le décès d'un ami très cher qui se nommait “Bon Sens” et qui a vécu parmi nous pendant
de longues années ».
Personne ne connaît exactement son âge, car les registres de naissances ont été perdus, il y a bien longtemps, dans les
méandres de la bureaucratie. On se souvient de lui pour des leçons de vie, comme "La journée appartient à celui qui
se lève tôt ", "Il ne faut pas tout attendre des autres" et "Ce qui arrive est peut-être de MA faute".
« Bon Sens" vivait avec des règles simples et pratiques, comme "Ne pas dépenser plus que ce que l'on a", et des principes éducatifs clairs, comme "Ce sont les parents, et non les enfants, qui décident ". Bon Sens" a perdu pied quand
des parents ont attaqué des professeurs pour avoir fait leur travail en voulant apprendre aux enfants les bonnes manières et le respect. Un enseignant renvoyé, pour avoir réprimandé un élève trop excité, a encore aggravé l'état de santé
de “Bon Sens”. Il s'est encore plus détérioré quand les écoles ont dû demander et obtenir une autorisation parentale
pour mettre un pansement sur le petit bobo d'un élève. "Bon Sens" a perdu la volonté de survivre quand des criminels
recevaient un meilleur traitement que leurs victimes. Il a encore pris des coups quand cela devint répréhensible de se
défendre contre un voleur dans sa propre maison et que le voleur pouvait porter plainte pour agression.
"Bon Sens" a définitivement perdu sa foi quand une femme qui n'avait pas réalisé qu'une tasse de café bouillante était
chaude, en a renversé quelques gouttes sur sa jambe, et pour cela a perçu une indemnisation colossale. La mort de "Bon
Sens" a été précédée par celle de ses parents : Vérité et Confiance, de celle de sa femme Discrétion, de celle de sa fille
Responsabilité ainsi que de celle de son fils Raison.
Ils laissent tous la place à ses trois faux frères : "Je connais mes droits", "C'est la faute de l'autre" et "Je suis une victime".
Il n'y avait pas foule à son enterrement car il n'y a plus beaucoup de personnes pour se rendre compte qu'il est parti.
5
Jacques Rouré par lui-même
Jacques Rouré par lui-même
En 2000, Jacques Rouré était interviewé par
Bernard Stephan. Ce texte a été publié sur le site
internet d’Opisline. Avec une totale franchise,
l’écrivain s’est entièrement livré :
Bernard Stephan : Votre vie est comme une page
d'écriture..faite de pleins et de déliés. Votre milieu
familial vous prédestinait à une carrière littéraire et
vous décidez d'embarquer sur les cargos. Y-auraitil, sous votre aspect calme et tranquille, un aventurier qui sommeille?
Jacques Rouré : Pas tellement un aventurier qui
sommeille, plutôt un fou aventurier qui rêve
d'aventures.
- Pourquoi partir dans la marine ?
- Quand on est de Sète, on est un peu le Marius.
L'envie de naviguer, c'est celle de Marius !
- Avant de devenir une signature reconnue, vous
êtes certainement passé par des moments de
renoncement, de concessions...
- Je fais partie des heureux élus qui sont arrivés
jusqu'à mon âge en ne publiant et en n'écrivant
que ce qui m'intéressait de publier et d'écrire. Je
n'ai jamais fait de concession et cela doit faire certainement partie de ma chance.
- Un idéal d'écriture ?
- Je ne pense pas que les écrivains soient des
génies ni des artistes. Je crois que l'écriture, c'est
de l'artisanat. J'avais un grand-père qui était
horloger et je crois que ça tient de cela. Ce qui
m'intéresse, c'est le côté artisanal de l'écriture, en
gros ce que l'on appelle maintenant le style.
- La recherche du beau ?
- Je crois beaucoup plus à la lecture parce que je
suis un grand lecteur. A la lecture, je suis beaucoup
plus sensible au style qu'à l'histoire même du livre.
- Qu'est-ce qui a marqué véritablement votre
carrière... à quel moment vous êtes-vous rendu
compte que vous ne feriez plus machine arrière ?
- J'ai toujours été considéré au collège comme un
dilettante. C'est-à-dire, que déjà, je ne faisais que
ce qui me plaisait... et ce qui me plaisait, c'était
l'écriture. Dès l'âge de la 4ème, j'écrivais des poèmes comme tous les enfants. Et je crois finalement
que le secret pour apprendre à écrire, c'est d'avoir
une enfance où l'on écrit des poèmes et où l'on fait
du latin. Il faut avoir les deux pour pouvoir écrire
après... pour pouvoir maîtriser la technique.
- De l'écriture passion à l'écriture professionnelle, il
y a quand même un pas...
-Il faut ajouter à cela le besoin de fantaisie. Au
fond, le secret... c'est une fantaisie maîtrisée par le
travail.
- Lorsqu'on examine votre bibliographie, on trouve
trois genres : littéraire, touristique et culinaire.
-Je ne fais pas de différence. Lorsque j'écris une
préface à un livre sur les confitures ou sur la
bouffe de quelques pays ou région, j'y mets autant
de soins que lorsque j'écris un roman ou un recueil
de nouvelles. Je ne sais pas si j'y arrive, mais ce
que je veux, c'est qu'il n'y ait pas de différence de
qualité d'écriture entre les deux..
- Concernant votre style... il y a un style Jacques
Rouré caractérisé par une finesse dans le choix des
mots mais également par un humour particulier...
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-En tout cas, ce que je recherche lorsque je
travaille, en dehors d'une certaine perfection du
style, c'est ce que l'on appelle le bonheur d'écriture, et ça je pense que c'est un don de Dieu. Le
bonheur d'écriture, c'est-à-dire la définition
cocasse ou poétique... le mot juste qui arrive et qui
est inattendu.
- Celui qui fait plaisir... Pour vous écrire n'est pas
seulement un plaisir égoïste mais c'est aussi un
plaisir donné aux autres ?
- Non, je suis trop égoïste pour ça... il me suffit de
me plaire.
- Cela, c'est l'image du Jacques Rouré discret...
mais pour qu'il y ait un Rouré écrivain professionnel, il faut quand même qu'il y ait un public ?
Pour moi, mon public est très limité. Même si je n'avais aucun public, ça ne me dérangerait pas. Il me
suffit, et j'ai eu parfois cette chance, d'être aimé
par des écrivains eux-mêmes. Il me suffit d'avoir
été découvert par Jean Paulhan, ou d'avoir une
préface d'Alexandre Vialatte
- Pour vous, la littérature doit-elle être jugée par les
auteurs ou par les lecteurs ?
- Les éditeurs, à juste raison, pensent que ce qui
compte ce sont les lecteurs... et moi, je m'en fous un
peu. Pour moi, il y a deux catégories de livres :
ceux que j'aurais aimé écrire... dont je suis
jaloux... et les autres. Le malheur veut...(le malheur
pour les éditeurs) que mes livres préférés sont souvent des livres qui ne sont pas tellement lus. J'ai par
exemple une grande admiration pour Léon-Paul
Fargue, pour Alexandre Vialattte. Une chose qui a
le plus compté pour moi, ce fut d'être en rapport,
assez fréquent, d'élève à maître, avec Blaise
Cendrars. C'est une partie de ma vie qui me suffit.
- Vos souvenirs sont souvent liés à de grands
noms... Comment se sont faites ces rencontres ?
- Je pense que les rencontres dans la vie, d'une
façon ou d'une autre, sont toujours du pur hasard.
Cendrars... un jour que j'étais en escale à
Marseille, j'ai appris que Cendrars était à
Aix-en-Provence... j'ai pris un car et je suis allé voir
Cendrars. Il est parti de là que dans toutes les escales que j'ai faites ensuite, j'avais des feux verts de
Cendrars qui m'ont ouvert les portes d'Amérique
Latine ou de Nouvelle-Orléans.
- Et tout cela en restant à Sète. Après avoir navigué, vous n'avez pas fait de carrière sur Paris, vous
êtes resté à Sète.
-Tous mes meilleurs amis ont fait carrière à Paris et
moi, je n'ai jamais voulu y aller... parce que j'aurais été trop malheureux à Paris. C'est peut-être
une question de météo, simplement. Et puis, il faut
dire aussi qu'ils avaient des idées de carrière que
moi je n'avais pas. Et je me suis vite aperçu que si
je voulais essayer de faire une carrière dans la
littérature, il me fallait jouer un certain jeu qui ne
m'intéressait pas et passer par des obligations
d'écriture. J'ai eu la chance d'avoir comme éditeur
La Table Ronde qui était le dernier éditeur de Paris
qui publiait un livre parce qu'il lui plaisait... alors
que les 3/4 des autres le publiait parce qu'ils
pensaient que ça allait marcher. Et pour que ça
marche, il faut accepter certaines règles... entendons-nous, je suis plein d'admiration pour les gens
qui le font... mais moi, ça ne m'intéresse pas.
- Avec l'arrivée en force du marketing, des techniques de ventes, le livre est ramené de plus en plus
à la notion de produit...
- De plus en plus. Quand j'ai débuté, on faisait des
tirages un peu plus forts que maintenant parce qu'il
fallait un mois et demi, si le bouquin marchait un
peu, pour faire un second tirage. Maintenant, vous
avez le second tirage en 48 heures. Ce qui permet
aux éditeurs de faire des tirages plus courts, heureusement pour eux d'ailleurs. Je me souviens, il y
a quarante ans, on misait sur des auteurs dont on
pensait qu'ils auraient un prix... l'éditeur était obligé de faire un tirage important et il y avait
quelques bouillons. Les libraires étaient obligés de
passer par là aussi.
- On se demande si Jacques Rouré doit être honoré pour tout le travail qu'il a fait pour la Région ou
s'il doit être vu comme celui qui a trahi en révélant
toutes les recettes sétoises ? Allez-vous en Bretagne
pour faire de l'espionnage culinaire ?
- Non, je ne vais pas faire de l'espionnage parce
qu'avec ma mauvaise foi coutumière, je pense
quand même que notre poisson est meilleur, en tout
cas notre cuisine de poissons.
- Imaginons, on vous offre la possibilité de tout
recommencer... que feriez-vous d'autre ?
- Je vais vous dire... j'envie les peintres... et peutêtre pour en revenir toujours à mon histoire artisanale. J'envie les peintres et ce qui m'a empêché
d'être peintre, c'est qu'il y a cinquante ans, les
parents étaient effrayés à l'idée que leur fils soit
peintre parce que c'était la misère. Mais j'aurais
beaucoup aimé être peintre.
- Horloger, non ? L'atavisme n'a pas fonctionné...
- Horloger non, je n'ai pas connu mon grand-père,
il était mort quand je suis né. Mon grand-père était
un personnage assez étonnant. Il était du siècle
dernier, et il avait été major de la première année
d'une école d'horlogerie nommée Les Cluses, une
grande école nationale. Il était considéré comme
un très grand horloger mais il aimait tellement la
pêche qu'il s'était installé à Sète. Et les matins où il
était vraiment sûr qu'il y aurait une excellente
pêche, il étalait sur la table toutes les montres qui
n'étaient pas en état et il tapait sur les montres... il
y en avait toujours une ou deux qui redémarraient.
Ca lui permettait d'aller passer la journée à la
pêche. Il y avait déjà ce petit côté braque.
-Qui vous caractérise si bien et fait partie de votre
charme. Concernant les nouvelles techniques, que
pensez-vous d'internet vis-à-vis de la littérature ?
- C'est un monde que j'ignore totalement parce je
ne saurai pas m'en servir. Je sais à peu près me
servir du téléphone, mais à part ça... même avec le
portable, j'ai de très, très gros ennuis. Maintenant,
étant donné mon âge, et puis, il faut bien le reconnaître, ma fainéantise proverbiale...
- Certes, mais l'avenir de l'écriture...
- L'avenir de l'écriture, je m'en fous un petit peu.
L’homme est un roseau pensant
(Pascal) “La femme est un roseau
dépensant” (Jules Renard)
Son dernier livre : « Un air de Sète »
Un cri d’amour pour sa ville
Quelques semaines après sa mort,
paraît le dernier livre de Jacques Rouré:
« Un air de Sète ». Un bel album préfacé par Jacky Vilacèque et illustré par les
peintres qu’il aimait et par Michel
Descossy, son fidèle photographe.
Y sont rassemblés tous les textes qu’au
cours de sa vie il a consacré à Sète.
Lignes éparpillées dans des brochures
épuisées, des ouvrages collectifs et
même des émissions télé. 150 pages à
la gloire de Sète où, avec espièglerie, il décrit les charmes de
sa ville natale et en campe les personnages. Celui qui se
vantait d’être le seul sétois à ne pas connaître Brassens
réussit à écrire plusieurs pages sur le
poête-chanteur sans citer une seule fois
son nom mais en évoquant le vieux
Collège où tous deux se formèrent.
Autres textes étonnants sur le vin, sur la
plaisance, les anciens élèves du Lycée,
les poèmes d’enfants ou le cimetière
marin.
En même temps, sort des presses
« Lectures », un vagabondage autour de
la façon de lire à travers les siècles et les
continents.
Avec « Un air de Sète », cinquante ans après le fabuleux « Tutti
Frutti », Jacques a bouclé la boucle de sa longue et fertile carrière littéraire dont Sète fut l’essentielle inspiration.
LECTURES :
Son avant-dernier livre sorti des
presses une semaine après sa
mort. Une évocation de la lecture
à travers les âges et les continents
illustrée par le photographe JeanPaul Olive
Jacques Rouré à sont bureau
Une de ses dernières sorties fut pour l’expo des frères Pierre et
Robert François à Fiesta Latina en compagnie de leur vieux
copain, le comédien Henry Serre.
7
BIBLIOGRAPHIE
le dernier portrait (Ph Michel Descossy)
Rouré écrivant, parfois à la machine, le plus souvent à la main,
« à l’ancienne » disait-il. (Ph Descossy)
Rouré et les jouets qu’il fabriqua dans les années 60. « Je ne fis pas fortune mais je me suis bien
amusé », confiait-il. (Ph Descossy)
“Le bonheur vient de l'attention aux petites choses, et le malheur, de la négligence des petites
choses”. Liou-Hiang
8
Rouré à Cadaquès : en mission sur la Costa Brava à la découverte de la cuisine
catalane, suivi de sa fidèle épouse Simone. (Ph Descossy)
T
E
Tutti Frutti et la suite
On imagine mal le formidable retentissement du premier livre de Rouré « Tutti Frutti » en 1957. Un succès de
librairie totalement inattendu dû au critique du Canard Enchainé René Lefevre (ancienne vedette de cinéma) qui
consacra, fait rare, une page entière à cet inconnu. Les
autres critiques lurent ce petit livre et embrayèrent dans les
compliments. Les ventes s’emballèrent et l’éditeur fit le siège
de l’auteur pour avoir une suite. Mais, en vrai reboussié,
celui à qui l’on promettait une grande carrière se refusa de
travailler à la commande. Il continua à écrire à son rythme
selon ses envies, et refusa de quitter Sète.
La suite, on la trouvera dans cette longue énumération des
parutions de celui qui se définissait comme un adepte
convaincu de la paresse. Encore une espièglerie de ce
grand modeste !
Tutti Frutti (Ed Million)
Aux Éditions Equinoxe :
Secrets de famille, secrets de confiture
Escales bretonnes
Étang de Thau
Sète, port en ville
Couleurs nuances Bretagne
Couleurs nuances Provence
Du Roquefort d’abord
Le point sur l'île
Table mise en pays catalan
Cocottes d'azur
Table mise en Aveyron
Escales en Méditerranée
Escales Atlantiques
De la mer du Nord en Normandie
La Côte d’Azur, du littoral au haut pays
Un air de fête
Sète plurielle et singulière
Table mise en Camargue
Table mise de Sète à Bouzigues
Montpellier (photos Descossy)
Cimetière Marin
Monsieur Brassens
Rouré lecteur : à la télévision,
il préférait
la lecture et se ravitaillait à la
Lectures
(2006)
Médiathèque et chez Noëlle à la Nouvelle Librairie Sétoise. (Ph Descossy)
Un air de Sète (2006)
Autres éditeurs
Audouard et la vérité du dimanche (Table Ronde)
Alexandre Vialatte (Ed. Subervies)
Mouvements du Port-Fusaro (Ed Tamenaga)
La Pizzeria (Le Seuil)
Monsieur Bayrou (Télé FR3)
Blaise Cendrars sans visas (Ed Minotaure)
Ulysse marin grec (Hachette)
Trois de la marine (Presses du Languedoc)
Christophe Colomb (Hachette)
Alphonse Daudet (Julliard)
Raphaël Nocca, pêcheur de Sète (Stock)
Bon voyage M. Cendrars (Ed LGF)
Les Flamants roses (Table Ronde)
Vaporetto, vaporetti (Table Ronde)
La paix des cancres (Table Ronde)
On n'a jamais autant besoin de vacances que
lorsqu'on en revient. Ann Landers
“Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c'est qu'elle blesse la nôtre”.
La Rochefoucauld
9
Musée Paul Valéry
Du 2 juin au 3 septembre
Gérard Drouillet, Rétrospective
« Le musée Paul Valéry présente plus d’une centaine de toiles du peintre Gérard Drouillet qui
couvre la période de création de 1965 à aujourd’hui. Représentative de son voyage intérieur
et de sa recherche spirituelle, cette exposition nous emporte dans le monde imaginaire et intime de cet artiste « provençal » et universel. Son œuvre inclassable reflète son influence cubiste et ses rencontres méditerranéennes. Tout au long de cette rétrospective, l’artiste
nous entraîne dans sa mythologie personnelle profondément liée à son vécu. Le déballage d’une centaine de
tableaux enfouis dans son atelier d’Eygalières a été
une succession de chocs émotionnels pour Gérard
Drouillet, autant d’occasions pour lui de replonger
dans son histoire.
Cette exposition présente également une dizaine de céramiques.
En effet l’artiste a récemment retrouvé le plaisir du travail de la terre cuite
appris dans sa jeunesse à l’école des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence. » Françoise Lopez
Expo photos à Peschot
C’est la première exposition de Romy Rolland, jeune
femme médecin. Elle s’est longuement promenée à
Sète et Frontignan à la recherche de paysages
urbains qui ont attiré son regard. Ceux qui avaient
vu le résultat de ses explorations visuelles ont insisté
pour qu’elle montre ses images au public. Ils ont eu
raison car la vision de ces beaux agrandissements a
fait l’unanimité dès le vernissage salle Peschot en
mai.
Rétrospective Cantin
Georges Cantin sera au Pavillon Sévigné à Balaruc les Bains
pour une exposition « Rétrospective » de quatre années d’huiles (à la brosse et au couteau) et d’aquarelles figuratives. Cette
exposition à lieu jusqu’au dimanche 11 juin de10h à 12h et de
15h à 18h. Nous y retrouverons les paysages de notre région,
les Aresquiers, le Pic Saint Loup, le lac du Salagou, Sète et sa
« marine » en passant par la lagune de Venise et bien sur, les
aquarelles de son village de Balaruc le Vieux ou est installé son
atelier. On peut également retrouver quelques unes de ses
peintures sur le site international http://www.artsup.info/georges-cantin/cimaise.htm et retrouver également
tous les artistes de la région
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“Quand viendra l‘ heure dernière l’enfer sera peuplé de crétins jouant au foot ou à la guerre”. Renaud
Expo en duo à Peschot
La salle Peschot a accueilli en mai deux artistes sétoises
au talent complémentaire. Françoise Cruchet est fidèle à
son inspiration typiquement sétoise :
barques, port, joutes et célébrités. Monique Pons,
essentiellement portraitiste, trouve ses modèles en
Afrique et les traite en couleurs vives. Deux
mondes qui se complètent et s’interpellent.
« Chaque atome de silence est la chance d'un
fruit mûr». [ Paul Valéry ]
«La guerre est faite par de petites gens qui ne se
connaissent pas au profit de gens importants qui se
connaissent mais ne la font pas.»
[Paul Valery]
Histrions à Peschot
Un livre de textes et dessins réalisé par Mohamed Messelka
(en photo) a été présenté par l’association Histrions dans la
salle Peschot. Les dessins originaux étaient visibles dans des
vitrines. La ville de Sète était partie prenante, les services de
la culture et de la communication ayant facilité cette réalisation. René Gregogna vint assister à la projection en continu
de son film « Requiem pour une peinture à l’eau ».
Histrions retrouvera la salle Peschot du 3 au 13 juin pour
ses 9° Journées de l’amour consacré, cette fois, aux Sirènes
comme Topolino l’annonce par cette affiche.
Grosjean à St Clair
A Fonquerne
Jacqueline Labadie expose ses dernières toiles du
19 au 30 juin au Centre balnéaire Fornquerne.
Ballanger sidéral
Peintre avant tout, Michel Ballanger est aussi passionné d’astronomie et membre de l’association d’astronomie du bassin de Thau
(ASAT). Abandonnant ses thèmes habituels, il conjugue maintenant ses deux passions et réalise de grands tableaux d’étoiles et de
planètes qu’il a présenté en mai pour la première fois dans la salle
des Pèlerins à St Clair.
Accessoirement il est aussi
champion de France de tir
de précision mais là, pas
question d’en faire un
thème de peinture.
Jusqu’au 5 juin, Jacques Grosjean expose ses toiles et travaux sur papier inspirés par les paysages et les êtres
héraultais à la salle des Pèlerins à St Clair.
(10h30-13h/14-19h)
« Pourquoi Dieu existerait-il forcément ?
(Georges Brassens)
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EXPO : De l’Art et des Vins
De l’art et des vins
De l’art contemporain et des vins, c’est désormais ce que propose
Skalli aux visiteurs de ses chais et des Caves Notre Dame qui sont
accueillis par une sculpture géante de Bernard Vernet. Suivent de grandes toiles d’Hervé Di Rosa, Robert Combas, André Cervera, des installations d’Arman et des sculptures de Buddy Di Rosa. Un vrai musée de
créateurs méditerranéens entre ceps et bouteilles.
Visites du mardi au vendredi à 10h et 16h.
Caves Notre Dame, 278 av Maréchal Juin, tel 04 67 80 32 20.
Du 16 au 30 Juin Salle Tarbouriech
Stephan OUTKINE et Serge DANIEL
Stephan Outkine est né en 1966 à Sète
Le traitement de la lumière le fascine. Il aime dans ses aquarelles jouer sur l’équilibre fin qui existe entre les
couleurs sourdes et vives, entre le flou et le net. Ses thèmes de prédilection s’inscrivent aujourd’hui dans la description d’un pays imaginaire : le pays des trois frontières. Il peint donc les habitants de ce pays, ses chevaux, mais
aussi son architecture, ses forêts et ses montagnes.
Serge Daniel a 27 ans. Il dessine depuis toujours. Ayant suivi les cours de dessin d'art à l'école des beaux- arts
de Rennes, il a approfondi sa démarche et sa culture artistique dans l'atelier de Francisca Lefort à Montpellier.
Des Services et des Tarifs Performants
France Europe Assurance
SIÈGE SOCIAL
SÈTE
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PARIS
78, Grand rue Mario Roustan
BP 137 - 34202 Sète Cedex
Tél. : 04 99 572 572
Fax : 04 99 572 570
32, av. G. Clemenceau - BP 1002
34006 Montpellier cedex 1
Tél. : 04 67 92 70 21
Fax : 04 67 58 88 22
1 ter, rue Colbert
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Tél. : 04 66 36 05 52
Fax : 04 66 36 05 42
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Fax : 01 42 93 16 04
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SITE INTERNET
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LA
CUISINE SÉTOISE ET SES PARFUMS ITALIENS
Au début, dès la fondation du port au 17° siècle, les nouveaux sétois apportèrent la cuisine de leur région
d’origine : languedociens du littoral ou de la montagne aveyronaise, catalans et provençaux. Puis, utilisant les
produits de la mer, ils créèrent une cuisine plus marquée par les traditions du Golfe du Lion et de l’Étang de Thau.
La matelote d’anguilles, la bourride et la soupe de poissons étaient les plats de référence.
Avec l’arrivée des pêcheurs italiens, de 1900 à 1920, la cuisine sétoise prend l’accent calabrais et progressivement
annexe les spécialités venues de Gaète et Cetara.
La Tielle d’Adrienne
Avec son frère Thierry qui tient boutique rue Euzet et sa sœur Josyane
installée sous les Halles, Alain Cianni maintient la tradition de la Tielle :
« Notre grand-mère, Adrienne Virducci, fut la première à avoir l’idée de
commercialiser la tielle, sorte de tarte fourrée avec des poulpes et une
sauce tomate. Tielle, en italien, signifie « le moule », instrument indispensable à la confection de ce produit. Ce mets familial est devenu très vite
une spécialité sétoise ».
Un plat franco-italien
Patriarche de la famille Cianni, Mimi connaît bien l’histoire de cette tielle : « Adrienne, ma belle-mère, était née
Pagès à Agde. En épousant l’italien Bruno Virducci, elle élargit sa cuisine
typiquement agathoise à celle des femmes de pêcheurs de sa nouvelle famille
et de ses voisines de la rue Garenne. Très vite, sa tarte aux poulpes fut renommée dans le quartier et chez le boulanger Lubrano dont elle utilisait le four.
Elle commença à en faire pour des amis jusqu’au jour où Lubrano lui dit : «
Tu m’encombres trop avec tes tielles. Tu as un petit local à la Marine. Dis à
ton gendre de t’y installer un four ! ». Ce que je fis et Adrienne confectionna
de plus en plus de tielles qu’elle vendait sur une caisse au bord du quai de la
Marine. Le succès fut tel que les tielles sétoises étaient expédiées dans toute la
France et au Luxembourg par les camions des mareyeurs ».
On connaît la suite : la tielle est devenue emblématique de Sète et beaucoup
se lancèrent dans sa fabrication à grande échelle. Mais si la recette paraît simple, celle d’Adrienne est nettement
supérieure grâce à un secret de fabrication que seuls détiennent et conservent jalousement ses descendants : les
familles Cianni et Dassé !
La macaronade de Brunelin
Créateur de la confrérie de la macaronade, Jean Brunelin est catégorique : « Il n’y a pas de cuisine sétoise ! Soit
nous avons des plats d’origine italienne, soit des plats traditionnels en Méditerranée bien avant que Sète n’existe.
Une seule recette est typiquement sétoise : la macaronade ! Totalement inconnue en Italie, elle est une création
typiquement et authentiquement sétoise. »
Certes, on peut lui trouver des ancêtres du côté de la pastachuta, mélange de pâtes et de viandes très connue dans
toute l’Italie, même au Nord. Mais la macaronade, qui comme son nom l’indique, n’utilise que des macaronis, semble bien avoir été mise au point à Sète et nulle part ailleurs.
Quant à la tielle, selon le pétulant Jeannot, elle serait d’origine catalane, les calabraises ayant emprunté la recette
aux soldats catalans venus occuper le royaume de Naples.
Le frescali à l’accent italien
Ce gateau emblématique de Sète à une consonnance italienne, contient une génoise et de la méringue italienne. Mais en fait il nous vient de Paris où il fut créé par un
célèbre patissier italien, Frascati, installé près de l’Opéra. Lorsque le frère de Frascati
vint s’installer à Sète, rue Gambetta, il popularisa ce gateau qui devint le Frescati
dont raffolèrent aussitôt les sétois. La vraie recette, faite de tours de main secrets, fut
maintenue par M. Bladier dont la fille épousa Serge Aprile, qui en est devenu le
défenseur et veille à l’authenticité de sa fabrication par ses confrères. Le Frescati a
ainsi été sauvé de l’oubli ce dont Michèle et Serge Aprile sont justement fiers.
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Théâtre en juin
La FONDERIE
Vendredi 2 - 21h - Musique
La Bouche + Kaptiv + Jo, zette & Jocko
Mardi 13 - 21h – Concert Jazz
Cappozzo quartet - Jean-Luc Cappozzo - trompettes et bugle. Jean
Aussanaire – saxophones
Vendredi 16 - 21h - Concert "Le lieu noir" s'invite à la Fonderie
pour un concert de Mauresca (reggae/ ragga/occitan) - tarifs par soirée de 6 à 10 euros
THÉÂTRE DE POCHE
Vendredi 2 et Samedi 3 - 21h De l’eau dans le plafonnier par
la Cie les Nuits Partagées – Interprété par Julien Peschot - Tarif unique
: 10 euros
Vendredi 9 - 21h - Soirée de clôture de la saison – concert
Courir les rues, « soirée festive et intemporelle » swing – jazz – manouche - musette - tarif unique : 13 euros * verre de punch offert - réservations indispensables.
Samedi 10 - 21h – Le Cabaret des excuses par le Théâtre Atelier
des Bulles – Mise en scène Lise Tur - Tarif unique : 7 euros
Vendredi 16 - 21h - Spectacle d’humour
Marie Germaine Toupet interprétée par Chantal Roux - Tarif unique :
10 euros
THÉATRE DE LA MER
FESTIVAL ACTE III SCÈNE 7
Mercredi 14 – 21h30
Le Bateau Boeuf présente Je veux voir mioussov de Marc-Gilbert
Sauvajon d’après valentin Kataïev - Mise en scène : Jean-Hervé
Mirouze
Jeudi 15 – 21h30
Les absents présentent Nos Aléas d’Emile Praneuf - Mise en scène :
Emilie Praneuf
Vendredi 16 – 21h30
Le Strapontin présente Pourquoi moi ? De et avec Jean Artières - Mise
en scène : Severine Campagna
Samedi 17 – 21h30
La Compagnie des Quatre Coins présente Les Fourberies de Scapin de
Molière - Mise en scène : Yannick de la Fuente
Dimanche 18 – 21h30
Soirée Comédiens en Herbe! L’atelier de Théâtre Mjc de Jacou Présente
Une nuit pour Ricky de Bertrand Brossard - Mise en Scène : Fanny
Reversat
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Lundi 19 – 21h30
La mise en bouteille présente Piège pour un homme seul de robert thomas - Mise en scène : Nadine Jadin-Pouilly
Mardi 20 – 21h30
La Mouette présente Le Pastaga Des Loufs de Fernando Arrabal Création Collective
Jeudi 22 – 21h30
Soirée Comédiens en Herbe ! Collège Paul Valery de Sète présente Billy
Elliott d’après le livre de Melvin Burgess et d'après le scénario original
de Lee Hall - Mise en Scène : Serguei Dounovetz
Vendredi 23- 21h30
C’est pas moi c’est toi présente Un rien polar, un divertissement théâtral en deux parties avec entracte, « pas de mariage et trois enterrements » et « la dernière enquête de l’Inspecteur Drive »
Samedi 24 – 21h30
Art-Thau présente Le Sicilien ou L’amour Peintre de Molière - Mise en
scène : M.A. Mouraret
« ISABELLE ET LE ROI » :
le 3 JUIN A L’ABBAYE SAINT-FELIX-DE-MONTCEAU
Le spectacle musical « Isabelle et le Roi » renoue samedi 3 juin à
21h45 avec ses origines.
En 2001 était présenté le spectacle « Les 2 Moniales » sur le site de
l’abbaye de St Félix de Montceau, à Gigean. L’œuvre, écrite et composée par Guilhem Routier, s’inspirait de l’histoire du monastère, à travers
les vies tumultueuses du Roi Jacques d’Aragon, et de deux religieuses
opposées dans leur vision de l’amour et de la foi.
Aujourd’hui, après 5 années de travail et de représentations données
à Paris, notamment au Palais des Glaces en avril 2004, le spectacle
revient, mais sous une nouvelle forme. Nanti du metteur en scène
Mickaël Viguier et de la chorégraphe Nadine Peyrin, celui-ci met
l’accent sur l’intrigue à travers vingt chansons originales, interprétées
par six chanteurs comédiens, et exaltées par sept danseuses qui donneront le ton, l’atmosphère et la magie du spectacle.
Prix des places : 10 € Informations et réservations :
04 67 43 34 81
Site officiel : www.isabelleetleroi.com
INFOS
« Photographie et patrimoine »
L’association « A vous de voir » organise 13 expositions photographiques, présentées dans 10 domaines viticoles et 2 caves coopératives du territoire, ainsi qu’à l’hôtel Flottes de Sébasan à
Pézenas. Le public découvrira du 15 juin au 17 septembre 2006, le
patrimoine architectural et paysager, les savoir-faire et les traditions d’ici et d’ailleurs
à travers le travail de 10 photographes.
Renseignements au 04.67.24.16.95 et [email protected]
JUIN MULTIMEDIA
E.C.M. - MEDIATHEQUE FRANÇOIS MITTERRAND
ATELIER D’ECHANGES DE PRATIQUES AUTOUR DE GIMP
Samedi 3 juin de 10h à 12h - Cet atelier est réservé aux utilisateurs du logiciel Gimp.
INITIATION A LA PHOTOGRAPHIE NUMERIQUE
Lundi 12, mardi 13 & mercredi 14 juin, sur 3 séances de 9h30 à 11h30.
Inscription au 04 67 46 05 06 à partir du mardi 6 juin à 9h.
CONFERENCE : « INTERNET EN TOUTE SECURITE »
Mardi 13 juin à 18h - Salle de Conférences de la Médiathèque - Entrée Libre
Dans le cadre de la 2e semaine nationale de la sécurité informatique du 6 au 13 juin : « On se mobilise pour l’Internet plus sûr »
INTRODUCTION AU PHOTOMONTAGE AVEC GIMP
Lundi 26, mardi 27, mercredi 28, & vendredi 30 juin, sur 4 séances de 9h30 à 11h30.
Pré requis : initiation à la photo numérique.
Inscription au 04 67 46 05 06 à partir du mardi 20 juin à 9h.
INITIATION : PRISE EN MAIN D’UN ORDINATEUR ET INTERNET
Samedi 24 juin et 1er juillet, sur 2 séances de 9h30 à 11h30.
Inscription au 04 67 46 05 06 à partir du lundi 26 juin à 9h.
E.C.M. - MEDIATHEQUE DU CENTRE ANDRE MALRAUX
INITIATION AU MONTAGE SONORE AVEC AUDACITY
Jeudi 1, vendredi 2 et samedi 3 juin sur 3 séances de 9h30 à 11h30.
Inscription au 04 67 18 31 24 à partir du lundi 29 mai à 9h.
INITIATION : PRISE EN MAIN D'UN ORDINATEUR
Samedi 17 juin de 9h30 à 11h30.
Inscription au 04 67 18 31 24 à partir du lundi 12 juin à 9h.
MEDIAMETRALES
Mardi 13 & 20 juin de 16h à 18h.
Ateliers d’échanges de pratiques diamétralement différentes - Renseignements au 04 67 18 31 24.
Toutes les initiations sont gratuites sur présentation de la carte de la Médiathèque
«Un anarchiste est un homme qui traverse scrupuleusement entre les clous, parce qu'il a horreur de discuter
avec les agents». [Georges Brassens]
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EXODE A BALARUC-LE-VIEUX EN 1943
Les Allemands étaient arrivés à Sète vers la mi-novembre 1942. L’école Victor-Hugo avait été fermée aux élèves au cours du 1er trimestre 1943. J’étais en
vacances depuis plusieurs semaines quand au début de l’été 1943, je laissais Sète pour habiter à Balaruc-le-Vieux en compagnie de mon grand-père
François et de ma grand-mère Julie. Mon père et ma mère avaient loué une maison à Balaruc-le-Vieux, mais ils étaient restés à Sète pour faire bouillir la
marmite.
Remis à deux reprises pour cause de mistral, notre voyage de la Pointe Courte à Balaruc-le-Vieux, avec Papé et Mamé, s’est fait en nacelle. Et à l’aviron !
Il n’y avait pas d’essence pour alimenter le moteur Motogodille. Avec mon grand-père, tous les deux, nous avons ramé jusqu’à Balaruc-le-Vieux : je
n’avais qu’à suivre la cadence, « sans forcer ». Mon grand-père, sec comme un os, était un professionnel de l’aviron, il ramait plusieurs heures par jour,
quelle que soit la météo, depuis plus de 60 ans. Assise à la poupe de la nacelle, ma grand-mère n’était pas tranquille ; pourtant, il n’y avait pas une ride
à la surface de l’eau. Née à Lodève, fille de cheminot, Julie n’avait jamais mis le pied dans une nacelle. Je me souviens que pendant une grande partie
de la matinée, elle égrenait des petits pois qu’elle accumulait dans notre cruche en étain, coincée entre ses genoux : « Au moins, je ne pense pas à autre
chose !.», nous dit-elle. Je crois bien qu’elle ne pensait pas qu’aux petits pois, mais aux événements…
J’étais très fier de ce voyage : j’avais 10 ans, je savais déjà ramer, comme tous les garçons de mon quartier; aujourd’hui, j’étais utile à quelque chose, quelqu’un d’important !.
Notre nacelle était toute neuve, on nous l’avait livrée depuis quelques semaines. C’est un maître-charpentier de Palavas qui l’avait construite : mon père
l’avait commandée avant la guerre. A bord, s’entassaient de la literie, quelques meubles, des valises, une vingtaine de jambins métalliques et des filets.
Malgré les trois passagers et la cargaison, la nacelle glissait sur l’étang. Les bateaux de bonne facture sont toujours plus rapides que les autres et plus
agréables à manœuvrer… Le moteur a effacé les différences entre les coques.
En cours de route, nous avons fait une petite halte à la Pointe de Balaruc-les-Bains, au lieu-dit Les Taupes. Puis, depuis Les Taupes, jusqu’au cul de la Crique
de l’Angle, le labech qui souffle gentiment l’après-midi nous a mené à bon port. Le vent en poupe, c’est excellent en nacelle comme à bicyclette.
À notre arrivée dans le petit canal ensablé, notre propriétaire qui nous avait épié du haut des remparts du Truc était venu nous accueillir avec son cheval
qui tirait un charreton. Paul Ricard, un pêcheur du quartier, déjà évacué avec sa femme Louise et Claire leur fille, sont venus au bord de l’étang eux aussi
pour nous donner un coup de main. Nous allions être voisins. Avec tous ces gens qui nous ont prêté main-forte, nous avons disposé nos affaires sur le
charreton… Vingt minutes plus tard, nous prenions possession de notre nouvelle maison pour y vivre la première journée d’exode.
Le séjour à Balaruc-le-Vieux allait durer 6 ou 7 mois.
Francis CROUZET
Cetara par Andorra
Reporter-photographe à l’agence de Sète de
Midi-Libre, Vincent Andorra a eu l’occasion
de partir en reportage à Cetara, village de
pêcheurs de la région de Naples, dont
beaucoup de familles sétoises sont originaires. Il en a ramené de superbes clichés des
paysages et des habitants de ce joyau de la
côte d’Amalfi. Ses collègues ont décidé de les
montrer au public sétois et c’est ainsi que les
images de Cetara se sont affichées sur les
murs de Midi Libre, 6 rue De Gaulle.
Avec son expérience et son sens artistique,
Andorra, dont on apprécie le talent dans le
journal local, nous a livré sa vision de ce coin
enchanteur de l’Italie du Sud.
Rédaction
La Lettre sur le Net
Pour lire tous les numéros parus de La
Lettre de Sète, il suffit de se connecter
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www.arts-up.info/lettredesete.htm
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