La Lettre de Sete N°22
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La Lettre de Sete N°22
Magazine gratuit - N° 25 Juin 2006 Photo bernard barraillé Jacques Rouré : Un monument sétois ! Il était le plus grand écrivain sétois vivant. Il nous a quitté fin avril. On a peine à mesurer la perte que constitue pour notre ville le départ de cet infatigable chantre de Sète. Sa bibliographie est éloquente : même quand il commet, le traître, un ouvrage sur la Bretagne, il trouvait le moyen de parler des sétois. De tous les talents qu’il fréquentait dans sa jeunesse, il fut le seul à refuser de « monter » à Paris. Avec sa culture et sa finesse, il n’eut pas manqué de réussir comme le firent Vilar, Maurice Clavel et son grand copain Thérond qui tenta maintes fois de l’attirer dans la capitale. Mais il préféra, tel Ulysse, s’embarquer pour des tours de monde et revenir au port sétois pour glorifier, plume en main, sa seule et unique patrie. Pour tout cela, il serait bien que la municipalité donne son nom à une rue ou à une placette, peu importe. L’essentiel est que l’endroit choisi soit proche de la mer, l’hommage le touchera davantage. Bernard Barraillé (Lire dossier pages 6,7,8 et9) Échos La St Louis de Desnoyer François Desnoyer adorait l’ambiance colorée des joutes et a peint plusieurs toiles sur ce thème. C’est certainement la meilleure qui a été choisie pour servir d’affiche à la St Louis 2006. Sûr qu’elle va être particulièrement recherchée. Un vrai collector ! Heliade à Tours Ce 3 juin, les chanteuses sétoises représenteront la France au Concours international de chant choral de Tours, événement qui est au chant ce que le Festival de Cannes est au cinéma. Elles auront affronté ce qui se fait de mieux dans le monde face aux autres sélectionnés venus des USA, Ukraine, Danemark, Italie, Allemagne, Belgique, Norvège, Grèce, Philippines, Suède et Russie. Heliade, un Top de la culture sétoise ! Les saint-clairiens à Montmartre A l’occasion du Jumelage de l'amicale des saint-clairiens avec la Commune Libre du Vieux Montmartre, un groupe de 18 sétois s’est rendu à Paris en TGV. Le président Augustin Criseo nous raconte : Accueil chaleureux en début d’après-midi, à la Butte en Vigne, restaurant montmartrois, par M. JackAndré YATT, Maire de la Commune L i b r e duVieux Montmartre, accompagné de son M a i r e A d j o i n t Pierre GUIRARD et du Garde Champêtre ISIDORE. Sur un grand parchemin, M. Yatt nous a gratifié d’un poème en la forme d’acrostiche, destiné aux Saint-Clairiens : L’après-midi, précédé par le tambour du garde champêtre, il y a eu la visite de la butte de Montmartre, avec des arrêts devant les principaux monuments, mais aussi des lieux symboliques des peintres ou chansonniers, des artistes de la Place du Tertre, sans oublier la vigne de Montmartre et la statue de Dalida. Ce déplacement a été une réussite, qui conforte le dynamisme de l'amicale. La visite du musée d’Orsay, dimanche matin, avec l’exposition des Impressionnistes Cézanne/Pisarro, a donné des idées aux membres de l’école de peinture. Eve Angeli anti-fourrure Après Pamela Anderson et Kim Basinger, la chanteuse sétoise a accepté de poser nue pour une campagne contre l’utilisation de la fourrure animale : « C’est avec joie que je me déshabille pour sauver des animaux » a-t-elle expliqué. Cette croisade d’une fondation américaine vise surtout la Chine, premier exportateur mondial de fourrure. Mitterrand et Valéry En partant à la retraite, Gérard Saumade, ancien président du Conseil Général, a livré des anecdotes sur sa longue carrière politique. L’une nous concerne : « Lors d’une visite dans notre région, François Mitterrand ordonna au pilote de son hélicoptère de stationner au-dessus du Cimetière Marin. Et là, tous les deux, en plein ciel, nous avons récité des strophes de Paul Valéry ». “Il faut se laver les yeux avant chaque regard" (proverbe arabe) 2 François Massabiau Avec sa discrétion coutumière, un sétois de grande qualité nous a quitté en mai à l’âge de 87 ans : François Massabiau. Exemplaire et réputé instituteur à Paul-Bert, il consacra sa retraite à la recherche historique et devint vite la référence en matière d’histoire sétoise. Les universitaires les plus prestigieux n’hésitaient pas à faire appel à ses lumières. Il fut président de la Société d’Études Scientifiques en 1974-75. Sur notre photo, il figure en compagnie de Florence Malauchaine qui lui succéda à la tête de la SES. Borras et Frèche Longtemps ennemis, Georges Frêche et le sétois Gérard Borras, président de la CCI de Montpellier, ont maintenant signé la paix des braves et collaborent comme de vieux amis. Au point que Frêche a publiquement déclaré : « Dire que, dans un an, cet homme charmant n’aura plus le droit de se représenter à la présidence de la CCI. On le regrettera ! ». Quand on se souvient des empoignades d’antan… La Chorale au Théâtre de la Mer Après plusieurs concerts en Espagne (dont un fin mai en la basilique de Montserrat), la Chorale de Sète prépare ses concerts d’été. Accompagnée par l'ensemble Orchestral dirigé par Franck Fontcouberte, elle donnera le 11 juillet la Messa di gloria de Puccini et le 12 un spectacle de gospel. Front Popu Le 70° anniversaire du Front Populaire a remis en lumière le rôle de Jules Moch, bras droit de Léon Blum. A son arrivée au pouvoir, en 1936, Blum nomme Moch secrétaire général du gouvernement, chargé d’accélérer la mise en œuvre des nouvelles mesures : 40 heures, congés payés, etc. Les historiens soulignent l’efficacité de l’ancien député de Sète, ce qui n’étonnera pas ceux qui l’ont connu. Même de Gaulle appréciait ce socialiste puisqu’il lui confia en 1959 le poste de représentant de la France à l’ONU ! A Sète, on ne devra jamais oublier que c’est grâce à lui, et à lui seul, que le port fut rapidement reconstruit à la Libération. Musique aux Beaux Arts Pour la Fête de la Musique, le 21 juin, est annoncé un concert dans le jardin de l’Ecole des Beaux Arts programmé par le Conservatoire de Musique de Sète. Voilà une excellente initiative qui compensera les tonitruantes ziziques qui vont s’abattre sur le centre-ville. Le soir à 20h30 au Théâtre Molière, le bonne musique d’aujourd’hui sera à l’honneur grâce aux Ateliers de musiques actuelles du conservatoire. Cruciverbiste Sète, nous dit un amateur de mots croisés ou fléchés, est la ville la plus citée dans les grilles. Normal, c’est un mot court avec deux E, lettre la plus usitée en français. Les définitions les plus fréquentes : Port du SudBrassens y est né- Patrie de Paul Valéry- Ville autrefois démonstrative. Et une ligne de plus dans la liste de nos singularités… Au revoir Lucile La patronne des médiathèques, Lucile Cuvelier, a quitté Sète pour l’île de la Réunion. Nous regretterons sa compétence et sa légendaire amabilité souriante. Mais nous devrions la voir retrouver Saint-Clair dans quelques années. Rémi Sautet Cinéaste indépendant qui a beaucoup fait pour la renommée de Sète, Rémi Sautet vient de réaliser un nouveau film sur sa ville d’adoption. Cette fois, il a choisi de célébrer l’anniversaire de la mort de Brassens en rencontrant des sétois populaires et de leur faire interpréter leurs chansons préférées. Les meilleures seraient Ginette, la populaire vendeuse de tielles chez Alain Cianni, et Tony Izoird, plus connu jusqu’à présent pour la qualité des huîtres de son parc. 3 Échos Gaston Macone : 4° tome ! Le 4° tome de la mémoire de Sète en images vient de paraître. Gaston Macone nous présente à nouveau ses trouvailles qui font revivre un passé pas si lointain mais qui nous paraît déjà anachronique. Cette fois, il a choisi pour thème les légendes de la Saint-Louis, les événements locaux, les familles, les commerces, les sports et les écoles. Des illustrations qui vont réveiller bien des nostalgies et sur lesquelles nous reviendrons tant ce dernier tome est savoureux. Soulages voyage Rencontré Pierre et Colette Soulages qui ne m’ont pas caché qu’ils étaient fatigués de sillonner le mode d’une expo à l’autre. Ils préfèreraient le calme douillet de leur refuge saint-clairien. Mais comment refuser lorsqu’on vous expose partout. Après New-York, Copenhague et Venise pour l’inauguration du Palais Grassi de François Pinault, Soulages était attendu à Vienne où les autrichiens l’ont choisi pour inaugurer un nouveau Musée ! Scandaleuse Varda Vient de sortir en DVD un des meilleurs films d’Agnès Varda : « Le Bonheur » qui, à sa sortie en 1965, avait déclenché une violente campagne d’associations de familles l’accusant d’être amoral. Ce qui n’empêcha pas le film d’obtenir le Prix Delluc et l’Ours d’argent au Festival de Berlin. Une belle revanche pour Agnès Varda venue récemment à Sète rencontrer le réalisateur Kechiche qui tournait « La graine et le mulet ». America-Cup L’America-Cup est revenu dans l’actualité avec les éliminatoires à Valence. Beaucoup de sétois (natifs ou émigrés) dans cette aventure : Bernard Pacé, Thierry Peponnet, skippeur du défi français, Pierre Mas, qui a mis son talent au service de la Chine, Sébastien Col, Christophe André, Bertrand Pacé, skippeur du Défi américain. Comme quoi, le passage de Marc Pajot, devenu marchand de bateaux de luxe à Saint-Tropez, a laissé des traces. 4 Gabin au Comedia Fille de Jean Gabin, Florence Moncorge-Gabin est venue au Comedia présenter son film « Le passager de l’été ». Papa eut été fier car c’est une réussite. Rire au Théâtre Le programme de la prochaine saison de la Scène Nationale va être dévoilé début juin. Pour l’instant, tout ce que l’on sait, c’est qu’elle sera essentiellement axée sur la comédie et le rire. Ce qui était tout indiqué en cette période pré-présidentielle qui promet d’être agitée… Encore le noir Quelques mois à peine après la parution d’un ouvrage sue « La couleur noire », voici un nouveau livre consacré au Noir. Les artistes contemporains y sont à l’honneur, du fameux « Carré Noir » de Malevitch jusqu’aux noirs lumières de Pierre Soulages. (« Le Noir » par GérardGeorges Lemaire, Hazan, 50 ). “Dieu aime les pauvres et donne aux riches”. (Joseph Bialot) Moni et Julie Après les 5 représentations de « Mademoiselle Julie » à Montpellier et les 3 de Balaruc, Moni Grego nous confie : « Notre fragilité nous a poussé à retravailler encore tous les jours, jusqu'au dernier... et nous pourrions retravailler encore, tant ces textes et ce pari théâtral sont exigeants, passionnants, et nos moyens si insuffisants... Plein de "retours", de témoignages heureux : d'étudiants, d'élèvesacteurs, du public, des publics... Joli livre d'or plein. Beaucoup d'émotions, et aucun regret pour la fatigue démesurée et les plâtres essuyés. Le talent de chacun a été souligné à plusieurs reprises tout au long de ces deux semaines à Balaruc et Montpellier : la beauté et la justesse de l'espace de Jean-Pierre Le Bail, des éclairages de Pierre Blancher et Mustapha Touil, de la matière sonore diffusée par Georges d'Acunto et Jean Ferry... ». Joanda chez Nuggets Joanda vient de sortir un album tout en occitan qui apporte un souffle nouveau dans le paysage musical occitan puisqu'il s'agit de pop/rock (10 titres), style nouveau en ce domaine. C'est à Sète qu’il viendra présenter en concert show-case cet album le samedi 10 juin à 16h chez le disquaire Madison Nuggets, avec ses musiciens dont certains habitent Sète. L'album se titre "Un autre camin" et comprend 10 titres pop/rock. Le Show-Case de Joanda (concert de présentation accompagné par 5 musiciens) suivi d’une rencontre-dédicace aura lieu chez le disquaire Madison Nuggets, 4 quai Résistance. L'album est disponible à la vente (15 euros) chez Madison Nuggets mais aussi à la Fnac et dans plus de 40 disquaires indépendants, ainsi que sur le site internet www.joanda.net Courrier des lecteurs De Antoine Aranda: « Aujourd'hui nous déplorons le décès d'un ami très cher qui se nommait “Bon Sens” et qui a vécu parmi nous pendant de longues années ». Personne ne connaît exactement son âge, car les registres de naissances ont été perdus, il y a bien longtemps, dans les méandres de la bureaucratie. On se souvient de lui pour des leçons de vie, comme "La journée appartient à celui qui se lève tôt ", "Il ne faut pas tout attendre des autres" et "Ce qui arrive est peut-être de MA faute". « Bon Sens" vivait avec des règles simples et pratiques, comme "Ne pas dépenser plus que ce que l'on a", et des principes éducatifs clairs, comme "Ce sont les parents, et non les enfants, qui décident ". Bon Sens" a perdu pied quand des parents ont attaqué des professeurs pour avoir fait leur travail en voulant apprendre aux enfants les bonnes manières et le respect. Un enseignant renvoyé, pour avoir réprimandé un élève trop excité, a encore aggravé l'état de santé de “Bon Sens”. Il s'est encore plus détérioré quand les écoles ont dû demander et obtenir une autorisation parentale pour mettre un pansement sur le petit bobo d'un élève. "Bon Sens" a perdu la volonté de survivre quand des criminels recevaient un meilleur traitement que leurs victimes. Il a encore pris des coups quand cela devint répréhensible de se défendre contre un voleur dans sa propre maison et que le voleur pouvait porter plainte pour agression. "Bon Sens" a définitivement perdu sa foi quand une femme qui n'avait pas réalisé qu'une tasse de café bouillante était chaude, en a renversé quelques gouttes sur sa jambe, et pour cela a perçu une indemnisation colossale. La mort de "Bon Sens" a été précédée par celle de ses parents : Vérité et Confiance, de celle de sa femme Discrétion, de celle de sa fille Responsabilité ainsi que de celle de son fils Raison. Ils laissent tous la place à ses trois faux frères : "Je connais mes droits", "C'est la faute de l'autre" et "Je suis une victime". Il n'y avait pas foule à son enterrement car il n'y a plus beaucoup de personnes pour se rendre compte qu'il est parti. 5 Jacques Rouré par lui-même Jacques Rouré par lui-même En 2000, Jacques Rouré était interviewé par Bernard Stephan. Ce texte a été publié sur le site internet d’Opisline. Avec une totale franchise, l’écrivain s’est entièrement livré : Bernard Stephan : Votre vie est comme une page d'écriture..faite de pleins et de déliés. Votre milieu familial vous prédestinait à une carrière littéraire et vous décidez d'embarquer sur les cargos. Y-auraitil, sous votre aspect calme et tranquille, un aventurier qui sommeille? Jacques Rouré : Pas tellement un aventurier qui sommeille, plutôt un fou aventurier qui rêve d'aventures. - Pourquoi partir dans la marine ? - Quand on est de Sète, on est un peu le Marius. L'envie de naviguer, c'est celle de Marius ! - Avant de devenir une signature reconnue, vous êtes certainement passé par des moments de renoncement, de concessions... - Je fais partie des heureux élus qui sont arrivés jusqu'à mon âge en ne publiant et en n'écrivant que ce qui m'intéressait de publier et d'écrire. Je n'ai jamais fait de concession et cela doit faire certainement partie de ma chance. - Un idéal d'écriture ? - Je ne pense pas que les écrivains soient des génies ni des artistes. Je crois que l'écriture, c'est de l'artisanat. J'avais un grand-père qui était horloger et je crois que ça tient de cela. Ce qui m'intéresse, c'est le côté artisanal de l'écriture, en gros ce que l'on appelle maintenant le style. - La recherche du beau ? - Je crois beaucoup plus à la lecture parce que je suis un grand lecteur. A la lecture, je suis beaucoup plus sensible au style qu'à l'histoire même du livre. - Qu'est-ce qui a marqué véritablement votre carrière... à quel moment vous êtes-vous rendu compte que vous ne feriez plus machine arrière ? - J'ai toujours été considéré au collège comme un dilettante. C'est-à-dire, que déjà, je ne faisais que ce qui me plaisait... et ce qui me plaisait, c'était l'écriture. Dès l'âge de la 4ème, j'écrivais des poèmes comme tous les enfants. Et je crois finalement que le secret pour apprendre à écrire, c'est d'avoir une enfance où l'on écrit des poèmes et où l'on fait du latin. Il faut avoir les deux pour pouvoir écrire après... pour pouvoir maîtriser la technique. - De l'écriture passion à l'écriture professionnelle, il y a quand même un pas... -Il faut ajouter à cela le besoin de fantaisie. Au fond, le secret... c'est une fantaisie maîtrisée par le travail. - Lorsqu'on examine votre bibliographie, on trouve trois genres : littéraire, touristique et culinaire. -Je ne fais pas de différence. Lorsque j'écris une préface à un livre sur les confitures ou sur la bouffe de quelques pays ou région, j'y mets autant de soins que lorsque j'écris un roman ou un recueil de nouvelles. Je ne sais pas si j'y arrive, mais ce que je veux, c'est qu'il n'y ait pas de différence de qualité d'écriture entre les deux.. - Concernant votre style... il y a un style Jacques Rouré caractérisé par une finesse dans le choix des mots mais également par un humour particulier... 6 -En tout cas, ce que je recherche lorsque je travaille, en dehors d'une certaine perfection du style, c'est ce que l'on appelle le bonheur d'écriture, et ça je pense que c'est un don de Dieu. Le bonheur d'écriture, c'est-à-dire la définition cocasse ou poétique... le mot juste qui arrive et qui est inattendu. - Celui qui fait plaisir... Pour vous écrire n'est pas seulement un plaisir égoïste mais c'est aussi un plaisir donné aux autres ? - Non, je suis trop égoïste pour ça... il me suffit de me plaire. - Cela, c'est l'image du Jacques Rouré discret... mais pour qu'il y ait un Rouré écrivain professionnel, il faut quand même qu'il y ait un public ? Pour moi, mon public est très limité. Même si je n'avais aucun public, ça ne me dérangerait pas. Il me suffit, et j'ai eu parfois cette chance, d'être aimé par des écrivains eux-mêmes. Il me suffit d'avoir été découvert par Jean Paulhan, ou d'avoir une préface d'Alexandre Vialatte - Pour vous, la littérature doit-elle être jugée par les auteurs ou par les lecteurs ? - Les éditeurs, à juste raison, pensent que ce qui compte ce sont les lecteurs... et moi, je m'en fous un peu. Pour moi, il y a deux catégories de livres : ceux que j'aurais aimé écrire... dont je suis jaloux... et les autres. Le malheur veut...(le malheur pour les éditeurs) que mes livres préférés sont souvent des livres qui ne sont pas tellement lus. J'ai par exemple une grande admiration pour Léon-Paul Fargue, pour Alexandre Vialattte. Une chose qui a le plus compté pour moi, ce fut d'être en rapport, assez fréquent, d'élève à maître, avec Blaise Cendrars. C'est une partie de ma vie qui me suffit. - Vos souvenirs sont souvent liés à de grands noms... Comment se sont faites ces rencontres ? - Je pense que les rencontres dans la vie, d'une façon ou d'une autre, sont toujours du pur hasard. Cendrars... un jour que j'étais en escale à Marseille, j'ai appris que Cendrars était à Aix-en-Provence... j'ai pris un car et je suis allé voir Cendrars. Il est parti de là que dans toutes les escales que j'ai faites ensuite, j'avais des feux verts de Cendrars qui m'ont ouvert les portes d'Amérique Latine ou de Nouvelle-Orléans. - Et tout cela en restant à Sète. Après avoir navigué, vous n'avez pas fait de carrière sur Paris, vous êtes resté à Sète. -Tous mes meilleurs amis ont fait carrière à Paris et moi, je n'ai jamais voulu y aller... parce que j'aurais été trop malheureux à Paris. C'est peut-être une question de météo, simplement. Et puis, il faut dire aussi qu'ils avaient des idées de carrière que moi je n'avais pas. Et je me suis vite aperçu que si je voulais essayer de faire une carrière dans la littérature, il me fallait jouer un certain jeu qui ne m'intéressait pas et passer par des obligations d'écriture. J'ai eu la chance d'avoir comme éditeur La Table Ronde qui était le dernier éditeur de Paris qui publiait un livre parce qu'il lui plaisait... alors que les 3/4 des autres le publiait parce qu'ils pensaient que ça allait marcher. Et pour que ça marche, il faut accepter certaines règles... entendons-nous, je suis plein d'admiration pour les gens qui le font... mais moi, ça ne m'intéresse pas. - Avec l'arrivée en force du marketing, des techniques de ventes, le livre est ramené de plus en plus à la notion de produit... - De plus en plus. Quand j'ai débuté, on faisait des tirages un peu plus forts que maintenant parce qu'il fallait un mois et demi, si le bouquin marchait un peu, pour faire un second tirage. Maintenant, vous avez le second tirage en 48 heures. Ce qui permet aux éditeurs de faire des tirages plus courts, heureusement pour eux d'ailleurs. Je me souviens, il y a quarante ans, on misait sur des auteurs dont on pensait qu'ils auraient un prix... l'éditeur était obligé de faire un tirage important et il y avait quelques bouillons. Les libraires étaient obligés de passer par là aussi. - On se demande si Jacques Rouré doit être honoré pour tout le travail qu'il a fait pour la Région ou s'il doit être vu comme celui qui a trahi en révélant toutes les recettes sétoises ? Allez-vous en Bretagne pour faire de l'espionnage culinaire ? - Non, je ne vais pas faire de l'espionnage parce qu'avec ma mauvaise foi coutumière, je pense quand même que notre poisson est meilleur, en tout cas notre cuisine de poissons. - Imaginons, on vous offre la possibilité de tout recommencer... que feriez-vous d'autre ? - Je vais vous dire... j'envie les peintres... et peutêtre pour en revenir toujours à mon histoire artisanale. J'envie les peintres et ce qui m'a empêché d'être peintre, c'est qu'il y a cinquante ans, les parents étaient effrayés à l'idée que leur fils soit peintre parce que c'était la misère. Mais j'aurais beaucoup aimé être peintre. - Horloger, non ? L'atavisme n'a pas fonctionné... - Horloger non, je n'ai pas connu mon grand-père, il était mort quand je suis né. Mon grand-père était un personnage assez étonnant. Il était du siècle dernier, et il avait été major de la première année d'une école d'horlogerie nommée Les Cluses, une grande école nationale. Il était considéré comme un très grand horloger mais il aimait tellement la pêche qu'il s'était installé à Sète. Et les matins où il était vraiment sûr qu'il y aurait une excellente pêche, il étalait sur la table toutes les montres qui n'étaient pas en état et il tapait sur les montres... il y en avait toujours une ou deux qui redémarraient. Ca lui permettait d'aller passer la journée à la pêche. Il y avait déjà ce petit côté braque. -Qui vous caractérise si bien et fait partie de votre charme. Concernant les nouvelles techniques, que pensez-vous d'internet vis-à-vis de la littérature ? - C'est un monde que j'ignore totalement parce je ne saurai pas m'en servir. Je sais à peu près me servir du téléphone, mais à part ça... même avec le portable, j'ai de très, très gros ennuis. Maintenant, étant donné mon âge, et puis, il faut bien le reconnaître, ma fainéantise proverbiale... - Certes, mais l'avenir de l'écriture... - L'avenir de l'écriture, je m'en fous un petit peu. L’homme est un roseau pensant (Pascal) “La femme est un roseau dépensant” (Jules Renard) Son dernier livre : « Un air de Sète » Un cri d’amour pour sa ville Quelques semaines après sa mort, paraît le dernier livre de Jacques Rouré: « Un air de Sète ». Un bel album préfacé par Jacky Vilacèque et illustré par les peintres qu’il aimait et par Michel Descossy, son fidèle photographe. Y sont rassemblés tous les textes qu’au cours de sa vie il a consacré à Sète. Lignes éparpillées dans des brochures épuisées, des ouvrages collectifs et même des émissions télé. 150 pages à la gloire de Sète où, avec espièglerie, il décrit les charmes de sa ville natale et en campe les personnages. Celui qui se vantait d’être le seul sétois à ne pas connaître Brassens réussit à écrire plusieurs pages sur le poête-chanteur sans citer une seule fois son nom mais en évoquant le vieux Collège où tous deux se formèrent. Autres textes étonnants sur le vin, sur la plaisance, les anciens élèves du Lycée, les poèmes d’enfants ou le cimetière marin. En même temps, sort des presses « Lectures », un vagabondage autour de la façon de lire à travers les siècles et les continents. Avec « Un air de Sète », cinquante ans après le fabuleux « Tutti Frutti », Jacques a bouclé la boucle de sa longue et fertile carrière littéraire dont Sète fut l’essentielle inspiration. LECTURES : Son avant-dernier livre sorti des presses une semaine après sa mort. Une évocation de la lecture à travers les âges et les continents illustrée par le photographe JeanPaul Olive Jacques Rouré à sont bureau Une de ses dernières sorties fut pour l’expo des frères Pierre et Robert François à Fiesta Latina en compagnie de leur vieux copain, le comédien Henry Serre. 7 BIBLIOGRAPHIE le dernier portrait (Ph Michel Descossy) Rouré écrivant, parfois à la machine, le plus souvent à la main, « à l’ancienne » disait-il. (Ph Descossy) Rouré et les jouets qu’il fabriqua dans les années 60. « Je ne fis pas fortune mais je me suis bien amusé », confiait-il. (Ph Descossy) “Le bonheur vient de l'attention aux petites choses, et le malheur, de la négligence des petites choses”. Liou-Hiang 8 Rouré à Cadaquès : en mission sur la Costa Brava à la découverte de la cuisine catalane, suivi de sa fidèle épouse Simone. (Ph Descossy) T E Tutti Frutti et la suite On imagine mal le formidable retentissement du premier livre de Rouré « Tutti Frutti » en 1957. Un succès de librairie totalement inattendu dû au critique du Canard Enchainé René Lefevre (ancienne vedette de cinéma) qui consacra, fait rare, une page entière à cet inconnu. Les autres critiques lurent ce petit livre et embrayèrent dans les compliments. Les ventes s’emballèrent et l’éditeur fit le siège de l’auteur pour avoir une suite. Mais, en vrai reboussié, celui à qui l’on promettait une grande carrière se refusa de travailler à la commande. Il continua à écrire à son rythme selon ses envies, et refusa de quitter Sète. La suite, on la trouvera dans cette longue énumération des parutions de celui qui se définissait comme un adepte convaincu de la paresse. Encore une espièglerie de ce grand modeste ! Tutti Frutti (Ed Million) Aux Éditions Equinoxe : Secrets de famille, secrets de confiture Escales bretonnes Étang de Thau Sète, port en ville Couleurs nuances Bretagne Couleurs nuances Provence Du Roquefort d’abord Le point sur l'île Table mise en pays catalan Cocottes d'azur Table mise en Aveyron Escales en Méditerranée Escales Atlantiques De la mer du Nord en Normandie La Côte d’Azur, du littoral au haut pays Un air de fête Sète plurielle et singulière Table mise en Camargue Table mise de Sète à Bouzigues Montpellier (photos Descossy) Cimetière Marin Monsieur Brassens Rouré lecteur : à la télévision, il préférait la lecture et se ravitaillait à la Lectures (2006) Médiathèque et chez Noëlle à la Nouvelle Librairie Sétoise. (Ph Descossy) Un air de Sète (2006) Autres éditeurs Audouard et la vérité du dimanche (Table Ronde) Alexandre Vialatte (Ed. Subervies) Mouvements du Port-Fusaro (Ed Tamenaga) La Pizzeria (Le Seuil) Monsieur Bayrou (Télé FR3) Blaise Cendrars sans visas (Ed Minotaure) Ulysse marin grec (Hachette) Trois de la marine (Presses du Languedoc) Christophe Colomb (Hachette) Alphonse Daudet (Julliard) Raphaël Nocca, pêcheur de Sète (Stock) Bon voyage M. Cendrars (Ed LGF) Les Flamants roses (Table Ronde) Vaporetto, vaporetti (Table Ronde) La paix des cancres (Table Ronde) On n'a jamais autant besoin de vacances que lorsqu'on en revient. Ann Landers “Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c'est qu'elle blesse la nôtre”. La Rochefoucauld 9 Musée Paul Valéry Du 2 juin au 3 septembre Gérard Drouillet, Rétrospective « Le musée Paul Valéry présente plus d’une centaine de toiles du peintre Gérard Drouillet qui couvre la période de création de 1965 à aujourd’hui. Représentative de son voyage intérieur et de sa recherche spirituelle, cette exposition nous emporte dans le monde imaginaire et intime de cet artiste « provençal » et universel. Son œuvre inclassable reflète son influence cubiste et ses rencontres méditerranéennes. Tout au long de cette rétrospective, l’artiste nous entraîne dans sa mythologie personnelle profondément liée à son vécu. Le déballage d’une centaine de tableaux enfouis dans son atelier d’Eygalières a été une succession de chocs émotionnels pour Gérard Drouillet, autant d’occasions pour lui de replonger dans son histoire. Cette exposition présente également une dizaine de céramiques. En effet l’artiste a récemment retrouvé le plaisir du travail de la terre cuite appris dans sa jeunesse à l’école des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence. » Françoise Lopez Expo photos à Peschot C’est la première exposition de Romy Rolland, jeune femme médecin. Elle s’est longuement promenée à Sète et Frontignan à la recherche de paysages urbains qui ont attiré son regard. Ceux qui avaient vu le résultat de ses explorations visuelles ont insisté pour qu’elle montre ses images au public. Ils ont eu raison car la vision de ces beaux agrandissements a fait l’unanimité dès le vernissage salle Peschot en mai. Rétrospective Cantin Georges Cantin sera au Pavillon Sévigné à Balaruc les Bains pour une exposition « Rétrospective » de quatre années d’huiles (à la brosse et au couteau) et d’aquarelles figuratives. Cette exposition à lieu jusqu’au dimanche 11 juin de10h à 12h et de 15h à 18h. Nous y retrouverons les paysages de notre région, les Aresquiers, le Pic Saint Loup, le lac du Salagou, Sète et sa « marine » en passant par la lagune de Venise et bien sur, les aquarelles de son village de Balaruc le Vieux ou est installé son atelier. On peut également retrouver quelques unes de ses peintures sur le site international http://www.artsup.info/georges-cantin/cimaise.htm et retrouver également tous les artistes de la région 10 “Quand viendra l‘ heure dernière l’enfer sera peuplé de crétins jouant au foot ou à la guerre”. Renaud Expo en duo à Peschot La salle Peschot a accueilli en mai deux artistes sétoises au talent complémentaire. Françoise Cruchet est fidèle à son inspiration typiquement sétoise : barques, port, joutes et célébrités. Monique Pons, essentiellement portraitiste, trouve ses modèles en Afrique et les traite en couleurs vives. Deux mondes qui se complètent et s’interpellent. « Chaque atome de silence est la chance d'un fruit mûr». [ Paul Valéry ] «La guerre est faite par de petites gens qui ne se connaissent pas au profit de gens importants qui se connaissent mais ne la font pas.» [Paul Valery] Histrions à Peschot Un livre de textes et dessins réalisé par Mohamed Messelka (en photo) a été présenté par l’association Histrions dans la salle Peschot. Les dessins originaux étaient visibles dans des vitrines. La ville de Sète était partie prenante, les services de la culture et de la communication ayant facilité cette réalisation. René Gregogna vint assister à la projection en continu de son film « Requiem pour une peinture à l’eau ». Histrions retrouvera la salle Peschot du 3 au 13 juin pour ses 9° Journées de l’amour consacré, cette fois, aux Sirènes comme Topolino l’annonce par cette affiche. Grosjean à St Clair A Fonquerne Jacqueline Labadie expose ses dernières toiles du 19 au 30 juin au Centre balnéaire Fornquerne. Ballanger sidéral Peintre avant tout, Michel Ballanger est aussi passionné d’astronomie et membre de l’association d’astronomie du bassin de Thau (ASAT). Abandonnant ses thèmes habituels, il conjugue maintenant ses deux passions et réalise de grands tableaux d’étoiles et de planètes qu’il a présenté en mai pour la première fois dans la salle des Pèlerins à St Clair. Accessoirement il est aussi champion de France de tir de précision mais là, pas question d’en faire un thème de peinture. Jusqu’au 5 juin, Jacques Grosjean expose ses toiles et travaux sur papier inspirés par les paysages et les êtres héraultais à la salle des Pèlerins à St Clair. (10h30-13h/14-19h) « Pourquoi Dieu existerait-il forcément ? (Georges Brassens) 11 EXPO : De l’Art et des Vins De l’art et des vins De l’art contemporain et des vins, c’est désormais ce que propose Skalli aux visiteurs de ses chais et des Caves Notre Dame qui sont accueillis par une sculpture géante de Bernard Vernet. Suivent de grandes toiles d’Hervé Di Rosa, Robert Combas, André Cervera, des installations d’Arman et des sculptures de Buddy Di Rosa. Un vrai musée de créateurs méditerranéens entre ceps et bouteilles. Visites du mardi au vendredi à 10h et 16h. Caves Notre Dame, 278 av Maréchal Juin, tel 04 67 80 32 20. Du 16 au 30 Juin Salle Tarbouriech Stephan OUTKINE et Serge DANIEL Stephan Outkine est né en 1966 à Sète Le traitement de la lumière le fascine. Il aime dans ses aquarelles jouer sur l’équilibre fin qui existe entre les couleurs sourdes et vives, entre le flou et le net. Ses thèmes de prédilection s’inscrivent aujourd’hui dans la description d’un pays imaginaire : le pays des trois frontières. Il peint donc les habitants de ce pays, ses chevaux, mais aussi son architecture, ses forêts et ses montagnes. Serge Daniel a 27 ans. Il dessine depuis toujours. Ayant suivi les cours de dessin d'art à l'école des beaux- arts de Rennes, il a approfondi sa démarche et sa culture artistique dans l'atelier de Francisca Lefort à Montpellier. Des Services et des Tarifs Performants France Europe Assurance SIÈGE SOCIAL SÈTE AGENCE DE MONTPELLIER AGENCE DE NÎMES AGENCE DE PARIS 78, Grand rue Mario Roustan BP 137 - 34202 Sète Cedex Tél. : 04 99 572 572 Fax : 04 99 572 570 32, av. G. Clemenceau - BP 1002 34006 Montpellier cedex 1 Tél. : 04 67 92 70 21 Fax : 04 67 58 88 22 1 ter, rue Colbert 30000 Nîmes Tél. : 04 66 36 05 52 Fax : 04 66 36 05 42 56, rue de Lisbonne 75008 Paris Tél. : 01 42 93 16 15 Fax : 01 42 93 16 04 12 E-MAIL [email protected] SITE INTERNET www.cabinet-besson.com LA CUISINE SÉTOISE ET SES PARFUMS ITALIENS Au début, dès la fondation du port au 17° siècle, les nouveaux sétois apportèrent la cuisine de leur région d’origine : languedociens du littoral ou de la montagne aveyronaise, catalans et provençaux. Puis, utilisant les produits de la mer, ils créèrent une cuisine plus marquée par les traditions du Golfe du Lion et de l’Étang de Thau. La matelote d’anguilles, la bourride et la soupe de poissons étaient les plats de référence. Avec l’arrivée des pêcheurs italiens, de 1900 à 1920, la cuisine sétoise prend l’accent calabrais et progressivement annexe les spécialités venues de Gaète et Cetara. La Tielle d’Adrienne Avec son frère Thierry qui tient boutique rue Euzet et sa sœur Josyane installée sous les Halles, Alain Cianni maintient la tradition de la Tielle : « Notre grand-mère, Adrienne Virducci, fut la première à avoir l’idée de commercialiser la tielle, sorte de tarte fourrée avec des poulpes et une sauce tomate. Tielle, en italien, signifie « le moule », instrument indispensable à la confection de ce produit. Ce mets familial est devenu très vite une spécialité sétoise ». Un plat franco-italien Patriarche de la famille Cianni, Mimi connaît bien l’histoire de cette tielle : « Adrienne, ma belle-mère, était née Pagès à Agde. En épousant l’italien Bruno Virducci, elle élargit sa cuisine typiquement agathoise à celle des femmes de pêcheurs de sa nouvelle famille et de ses voisines de la rue Garenne. Très vite, sa tarte aux poulpes fut renommée dans le quartier et chez le boulanger Lubrano dont elle utilisait le four. Elle commença à en faire pour des amis jusqu’au jour où Lubrano lui dit : « Tu m’encombres trop avec tes tielles. Tu as un petit local à la Marine. Dis à ton gendre de t’y installer un four ! ». Ce que je fis et Adrienne confectionna de plus en plus de tielles qu’elle vendait sur une caisse au bord du quai de la Marine. Le succès fut tel que les tielles sétoises étaient expédiées dans toute la France et au Luxembourg par les camions des mareyeurs ». On connaît la suite : la tielle est devenue emblématique de Sète et beaucoup se lancèrent dans sa fabrication à grande échelle. Mais si la recette paraît simple, celle d’Adrienne est nettement supérieure grâce à un secret de fabrication que seuls détiennent et conservent jalousement ses descendants : les familles Cianni et Dassé ! La macaronade de Brunelin Créateur de la confrérie de la macaronade, Jean Brunelin est catégorique : « Il n’y a pas de cuisine sétoise ! Soit nous avons des plats d’origine italienne, soit des plats traditionnels en Méditerranée bien avant que Sète n’existe. Une seule recette est typiquement sétoise : la macaronade ! Totalement inconnue en Italie, elle est une création typiquement et authentiquement sétoise. » Certes, on peut lui trouver des ancêtres du côté de la pastachuta, mélange de pâtes et de viandes très connue dans toute l’Italie, même au Nord. Mais la macaronade, qui comme son nom l’indique, n’utilise que des macaronis, semble bien avoir été mise au point à Sète et nulle part ailleurs. Quant à la tielle, selon le pétulant Jeannot, elle serait d’origine catalane, les calabraises ayant emprunté la recette aux soldats catalans venus occuper le royaume de Naples. Le frescali à l’accent italien Ce gateau emblématique de Sète à une consonnance italienne, contient une génoise et de la méringue italienne. Mais en fait il nous vient de Paris où il fut créé par un célèbre patissier italien, Frascati, installé près de l’Opéra. Lorsque le frère de Frascati vint s’installer à Sète, rue Gambetta, il popularisa ce gateau qui devint le Frescati dont raffolèrent aussitôt les sétois. La vraie recette, faite de tours de main secrets, fut maintenue par M. Bladier dont la fille épousa Serge Aprile, qui en est devenu le défenseur et veille à l’authenticité de sa fabrication par ses confrères. Le Frescati a ainsi été sauvé de l’oubli ce dont Michèle et Serge Aprile sont justement fiers. 13 Théâtre en juin La FONDERIE Vendredi 2 - 21h - Musique La Bouche + Kaptiv + Jo, zette & Jocko Mardi 13 - 21h – Concert Jazz Cappozzo quartet - Jean-Luc Cappozzo - trompettes et bugle. Jean Aussanaire – saxophones Vendredi 16 - 21h - Concert "Le lieu noir" s'invite à la Fonderie pour un concert de Mauresca (reggae/ ragga/occitan) - tarifs par soirée de 6 à 10 euros THÉÂTRE DE POCHE Vendredi 2 et Samedi 3 - 21h De l’eau dans le plafonnier par la Cie les Nuits Partagées – Interprété par Julien Peschot - Tarif unique : 10 euros Vendredi 9 - 21h - Soirée de clôture de la saison – concert Courir les rues, « soirée festive et intemporelle » swing – jazz – manouche - musette - tarif unique : 13 euros * verre de punch offert - réservations indispensables. Samedi 10 - 21h – Le Cabaret des excuses par le Théâtre Atelier des Bulles – Mise en scène Lise Tur - Tarif unique : 7 euros Vendredi 16 - 21h - Spectacle d’humour Marie Germaine Toupet interprétée par Chantal Roux - Tarif unique : 10 euros THÉATRE DE LA MER FESTIVAL ACTE III SCÈNE 7 Mercredi 14 – 21h30 Le Bateau Boeuf présente Je veux voir mioussov de Marc-Gilbert Sauvajon d’après valentin Kataïev - Mise en scène : Jean-Hervé Mirouze Jeudi 15 – 21h30 Les absents présentent Nos Aléas d’Emile Praneuf - Mise en scène : Emilie Praneuf Vendredi 16 – 21h30 Le Strapontin présente Pourquoi moi ? De et avec Jean Artières - Mise en scène : Severine Campagna Samedi 17 – 21h30 La Compagnie des Quatre Coins présente Les Fourberies de Scapin de Molière - Mise en scène : Yannick de la Fuente Dimanche 18 – 21h30 Soirée Comédiens en Herbe! L’atelier de Théâtre Mjc de Jacou Présente Une nuit pour Ricky de Bertrand Brossard - Mise en Scène : Fanny Reversat 14 Lundi 19 – 21h30 La mise en bouteille présente Piège pour un homme seul de robert thomas - Mise en scène : Nadine Jadin-Pouilly Mardi 20 – 21h30 La Mouette présente Le Pastaga Des Loufs de Fernando Arrabal Création Collective Jeudi 22 – 21h30 Soirée Comédiens en Herbe ! Collège Paul Valery de Sète présente Billy Elliott d’après le livre de Melvin Burgess et d'après le scénario original de Lee Hall - Mise en Scène : Serguei Dounovetz Vendredi 23- 21h30 C’est pas moi c’est toi présente Un rien polar, un divertissement théâtral en deux parties avec entracte, « pas de mariage et trois enterrements » et « la dernière enquête de l’Inspecteur Drive » Samedi 24 – 21h30 Art-Thau présente Le Sicilien ou L’amour Peintre de Molière - Mise en scène : M.A. Mouraret « ISABELLE ET LE ROI » : le 3 JUIN A L’ABBAYE SAINT-FELIX-DE-MONTCEAU Le spectacle musical « Isabelle et le Roi » renoue samedi 3 juin à 21h45 avec ses origines. En 2001 était présenté le spectacle « Les 2 Moniales » sur le site de l’abbaye de St Félix de Montceau, à Gigean. L’œuvre, écrite et composée par Guilhem Routier, s’inspirait de l’histoire du monastère, à travers les vies tumultueuses du Roi Jacques d’Aragon, et de deux religieuses opposées dans leur vision de l’amour et de la foi. Aujourd’hui, après 5 années de travail et de représentations données à Paris, notamment au Palais des Glaces en avril 2004, le spectacle revient, mais sous une nouvelle forme. Nanti du metteur en scène Mickaël Viguier et de la chorégraphe Nadine Peyrin, celui-ci met l’accent sur l’intrigue à travers vingt chansons originales, interprétées par six chanteurs comédiens, et exaltées par sept danseuses qui donneront le ton, l’atmosphère et la magie du spectacle. Prix des places : 10 € Informations et réservations : 04 67 43 34 81 Site officiel : www.isabelleetleroi.com INFOS « Photographie et patrimoine » L’association « A vous de voir » organise 13 expositions photographiques, présentées dans 10 domaines viticoles et 2 caves coopératives du territoire, ainsi qu’à l’hôtel Flottes de Sébasan à Pézenas. Le public découvrira du 15 juin au 17 septembre 2006, le patrimoine architectural et paysager, les savoir-faire et les traditions d’ici et d’ailleurs à travers le travail de 10 photographes. Renseignements au 04.67.24.16.95 et [email protected] JUIN MULTIMEDIA E.C.M. - MEDIATHEQUE FRANÇOIS MITTERRAND ATELIER D’ECHANGES DE PRATIQUES AUTOUR DE GIMP Samedi 3 juin de 10h à 12h - Cet atelier est réservé aux utilisateurs du logiciel Gimp. INITIATION A LA PHOTOGRAPHIE NUMERIQUE Lundi 12, mardi 13 & mercredi 14 juin, sur 3 séances de 9h30 à 11h30. Inscription au 04 67 46 05 06 à partir du mardi 6 juin à 9h. CONFERENCE : « INTERNET EN TOUTE SECURITE » Mardi 13 juin à 18h - Salle de Conférences de la Médiathèque - Entrée Libre Dans le cadre de la 2e semaine nationale de la sécurité informatique du 6 au 13 juin : « On se mobilise pour l’Internet plus sûr » INTRODUCTION AU PHOTOMONTAGE AVEC GIMP Lundi 26, mardi 27, mercredi 28, & vendredi 30 juin, sur 4 séances de 9h30 à 11h30. Pré requis : initiation à la photo numérique. Inscription au 04 67 46 05 06 à partir du mardi 20 juin à 9h. INITIATION : PRISE EN MAIN D’UN ORDINATEUR ET INTERNET Samedi 24 juin et 1er juillet, sur 2 séances de 9h30 à 11h30. Inscription au 04 67 46 05 06 à partir du lundi 26 juin à 9h. E.C.M. - MEDIATHEQUE DU CENTRE ANDRE MALRAUX INITIATION AU MONTAGE SONORE AVEC AUDACITY Jeudi 1, vendredi 2 et samedi 3 juin sur 3 séances de 9h30 à 11h30. Inscription au 04 67 18 31 24 à partir du lundi 29 mai à 9h. INITIATION : PRISE EN MAIN D'UN ORDINATEUR Samedi 17 juin de 9h30 à 11h30. Inscription au 04 67 18 31 24 à partir du lundi 12 juin à 9h. MEDIAMETRALES Mardi 13 & 20 juin de 16h à 18h. Ateliers d’échanges de pratiques diamétralement différentes - Renseignements au 04 67 18 31 24. Toutes les initiations sont gratuites sur présentation de la carte de la Médiathèque «Un anarchiste est un homme qui traverse scrupuleusement entre les clous, parce qu'il a horreur de discuter avec les agents». [Georges Brassens] 15 EXODE A BALARUC-LE-VIEUX EN 1943 Les Allemands étaient arrivés à Sète vers la mi-novembre 1942. L’école Victor-Hugo avait été fermée aux élèves au cours du 1er trimestre 1943. J’étais en vacances depuis plusieurs semaines quand au début de l’été 1943, je laissais Sète pour habiter à Balaruc-le-Vieux en compagnie de mon grand-père François et de ma grand-mère Julie. Mon père et ma mère avaient loué une maison à Balaruc-le-Vieux, mais ils étaient restés à Sète pour faire bouillir la marmite. Remis à deux reprises pour cause de mistral, notre voyage de la Pointe Courte à Balaruc-le-Vieux, avec Papé et Mamé, s’est fait en nacelle. Et à l’aviron ! Il n’y avait pas d’essence pour alimenter le moteur Motogodille. Avec mon grand-père, tous les deux, nous avons ramé jusqu’à Balaruc-le-Vieux : je n’avais qu’à suivre la cadence, « sans forcer ». Mon grand-père, sec comme un os, était un professionnel de l’aviron, il ramait plusieurs heures par jour, quelle que soit la météo, depuis plus de 60 ans. Assise à la poupe de la nacelle, ma grand-mère n’était pas tranquille ; pourtant, il n’y avait pas une ride à la surface de l’eau. Née à Lodève, fille de cheminot, Julie n’avait jamais mis le pied dans une nacelle. Je me souviens que pendant une grande partie de la matinée, elle égrenait des petits pois qu’elle accumulait dans notre cruche en étain, coincée entre ses genoux : « Au moins, je ne pense pas à autre chose !.», nous dit-elle. Je crois bien qu’elle ne pensait pas qu’aux petits pois, mais aux événements… J’étais très fier de ce voyage : j’avais 10 ans, je savais déjà ramer, comme tous les garçons de mon quartier; aujourd’hui, j’étais utile à quelque chose, quelqu’un d’important !. Notre nacelle était toute neuve, on nous l’avait livrée depuis quelques semaines. C’est un maître-charpentier de Palavas qui l’avait construite : mon père l’avait commandée avant la guerre. A bord, s’entassaient de la literie, quelques meubles, des valises, une vingtaine de jambins métalliques et des filets. Malgré les trois passagers et la cargaison, la nacelle glissait sur l’étang. Les bateaux de bonne facture sont toujours plus rapides que les autres et plus agréables à manœuvrer… Le moteur a effacé les différences entre les coques. En cours de route, nous avons fait une petite halte à la Pointe de Balaruc-les-Bains, au lieu-dit Les Taupes. Puis, depuis Les Taupes, jusqu’au cul de la Crique de l’Angle, le labech qui souffle gentiment l’après-midi nous a mené à bon port. Le vent en poupe, c’est excellent en nacelle comme à bicyclette. À notre arrivée dans le petit canal ensablé, notre propriétaire qui nous avait épié du haut des remparts du Truc était venu nous accueillir avec son cheval qui tirait un charreton. Paul Ricard, un pêcheur du quartier, déjà évacué avec sa femme Louise et Claire leur fille, sont venus au bord de l’étang eux aussi pour nous donner un coup de main. Nous allions être voisins. Avec tous ces gens qui nous ont prêté main-forte, nous avons disposé nos affaires sur le charreton… Vingt minutes plus tard, nous prenions possession de notre nouvelle maison pour y vivre la première journée d’exode. Le séjour à Balaruc-le-Vieux allait durer 6 ou 7 mois. Francis CROUZET Cetara par Andorra Reporter-photographe à l’agence de Sète de Midi-Libre, Vincent Andorra a eu l’occasion de partir en reportage à Cetara, village de pêcheurs de la région de Naples, dont beaucoup de familles sétoises sont originaires. Il en a ramené de superbes clichés des paysages et des habitants de ce joyau de la côte d’Amalfi. Ses collègues ont décidé de les montrer au public sétois et c’est ainsi que les images de Cetara se sont affichées sur les murs de Midi Libre, 6 rue De Gaulle. Avec son expérience et son sens artistique, Andorra, dont on apprécie le talent dans le journal local, nous a livré sa vision de ce coin enchanteur de l’Italie du Sud. Rédaction La Lettre sur le Net Pour lire tous les numéros parus de La Lettre de Sète, il suffit de se connecter à un de ces sites : www.opisline.com www.arts-up.info/lettredesete.htm www.south-France.com/photos Bernard B ARRAILLÉ 20 rue Jean Vilar - 34200 Sète Tél. : 04 67 74 00 68 - Fax : 04 99 57 25 70 Mail : [email protected] Administration Signes & Caractères 78 Grand-Rue Mario Roustan BP 137-34202 SETE CEDEX Tél. : 04 99 57 25 72 - Fax : 04 99 57 25 70 Mail : [email protected] Publicité : 06 23 92 13 17 16