RACINES224 - oct 2011
Transcription
RACINES224 - oct 2011
RACINES224 - oct 2011 22/09/11 15:36 Page38 RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire Par Christine Grandin Comment multiplier ses plantes ? Prélever de petits rejetons sur vos plantes préférées ou en récupérer chez un autre jardinier vous permettra d'élargir la gamme végétale de votre jardin à peu de frais. Explications et techniques. ourquoi s'astreindre à bouturer un arbuste, à diviser des rhizomes ou à replanter des stolons, lorsque l'on trouve tout sous la main dans les jardineries, en toutes saisons ? D'abord par souci d'économie, car acheter des pots d'annuelles pour la jardinière ou les vivaces pour les parterres peut vite faire monter la note. Et si vous calculez bien, la petite bouillée de thym citronné vendu presque 4 €, c'est un peu exagéré lorsque votre voisin jardinier peut vous la proposer gratuitement lorsqu'il divise son pied-mère (une opération qui le rajeunit d'ailleurs pour le faire repartir…). Prélever et multiplier était encore très en vogue hier lorsque l'économie prévalait, que la diversité végétale ne faisait pas florès sur les étals ou que la rareté d'une plante demandait cette délicate reproduction. Le geste a refait surface chez les jardiniers avertis qui fréquentent assidûment les échanges gratuits des fêtes des plantes. Enfin, si vous essayez, vous verrez que vous y prendrez du plaisir, car ce n'est pas plus compliqué que cela de marcotter les œillets mignardises, de diviser les bulbilles d'un narcisse ou de prélever une bouture de forsythia. Il faut de la méthode, les bons outils, de la surveillance et un peu de patience. Somme toute, ce que tout bon jardinier pratique déjà à longueur d'années, dans son potager ou son espace fleuri. P Division des bulbes Des rejetons se formeront naturellement au fil des années à l'extérieur de la tranche de vos bulbes (tulipe, narcisse, crocus, jonquille, allium, fritillaire, muscari, etc.). Ils pourront devenir à leur tour des plantes qui auront les mêmes caractéristiques. Déplantez le bulbe mère (on peut le replanter ensuite) après que les feuilles sont fanées (fin d'été, début d'automne) et séparez délicatement les petits bulbes. Mettez-les en pot de terre dans un mélange de terreau et de sable en veillant à les recouvrir de deux fois le volume de leur taille. Laissez-les forcir un an ou deux, et mettez-les en place. Ils ne refleuriront que la quatrième ou la cinquième année. Les plus gros rejetons peuvent être remis directement en terre. Attention, n'oubliez pas l'étiquetage si vous avez plusieurs variétés en nourrice, il sera indispensable pour savoir ce que vous replantez dans vos parterres ! Marcottage Cette technique s'emploie le plus souvent pour remplacer un pied vieillissant qui faiblit par une pousse plus jeune. Certaines plantes ont de petites tiges souples qui touchent terre et forment naturellement des racines. (arbustes, azalées, glycine, chèvrefeuille, clématite, viorne, etc). C'est la technique du marcottage par couchage qui sera reprise par le jardinier qui n'aura qu'à fixer cette jeune pousse dans le sol. Creusez un trou peu profond (15 cm) à l'endroit où la tige a pris racines, rebouchez et tassez en consolidant avec un long crochet en U pour la maintenir. Ou bien courbez une tige vigoureuse par la même méthode, en laissant environ 30 cm en bout de tige et en enterrant l'autre bout ployé et maintenu par le même système en U. Il est conseillé de tuteurer la partie qui reste à l'air libre, pour éviter que le vent ne gêne le marcottage. On peut mettre directement la marcotte en pot si on préfère, sans la détacher du pied mère, le temps qu'elle prenne racines. Cette technique est assez longue (au moins un an pour un bon enracinement pour les petits arbustes) mais la plante sera identique à son parent. L'origan, le thym, les œillets, les fraises se multiplient aussi facilement de cette façon. Le marcottage en serpenteau utilise la même méthode, mais avec une légère incision entre deux nœuds sur la tige (c'est là que se formeront les nouvelles racines) que l'on enterre en plusieurs endroits, favorisant alors la reprise de plusieurs sujets à la fois sur la même tige. Division de rhizomes Les vivaces à rhizome comme l'iris germanica, le bégonia Rex, le bergenia, le canna, le muguet, la menthe, l'arum d’Éthiopie, peuvent être multipliés après leur floraison. Déterrez le rhizome en profondeur avec une fourche et divisez-le au couteau en plusieurs sections en gardant pour chacune un éventail de feuilles La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine RACINES 38 octobre 2011 RACINES224 - oct 2011 22/09/11 15:36 Page39 RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire 1 3 1 Marcottage. Certains petits arbustes comme la symphorine forment des branches basses qu'il est facile de marcotter pour obtenir un nouveau sujet. 2 Les rejetons d'œillets prélevés sur la plante mère en automne seront enracinés et prêts à être plantés au printemps suivant. 3 Cette bouture de seringa, coupée sous 2 sur le rhizome et/ou des racines. Coupez les feuilles saines à 15 cm (éliminez les mortes). Replantez ensuite ces sections où vous le souhaitez dans vos parterres, en ne recouvrant pas de terre la moitié supérieure du rhizome. Arrosez régulièrement pour que de nouvelles racines se forment sur la partie du rhizome enterrée. Attention, replantées trop profondément, les sections auront tendance à pourrir si elles reçoivent aussi trop d'eau ! Boutures de pointe Ce sont les boutures que l'on prend sur une nouvelle pousse saine au printemps en coupant juste au-dessous d'un nœud (renflement à la base des feuilles) en la coupant à 10 ou 13 cm du bout de la tige. Raccourcissez la bouture à 8-10 cm, toujours en coupant franchement au dessous d'un nœud avec un bon couteau. Retirez un bon tiers inférieur de feuilles, en les coupant vers le bas. Replantez dans un bon compost légèrement tassé, en veillant à ce que cette bouture soit bien en contact le plus possible avec la terre (pour former des racines). Arrosez et mettez à l'ombre jusqu'à la reprise. On procède de la même manière en juin-juillet pour les rameaux ligneux (par exemple : forsythia, cytise, figuier, buis…) en les enterrant aux deux-tiers. Retransplantez en septembre de l’année suivante. Pour en savoir plus Le guide complet de la multiplication de Steven Bradley aux éditions Rouergue/Botanic, 9,90 € ; Multiplier toutes les plantes du jardin de Benoît Priel et Denis Retournard, Rustica éditions, 29,95 €. un nœud et réduite des deux tiers de ses feuilles, est mise “en nourrice” pour s'enraciner, avant d'être transplantée dans un contenant plus grand. Le bon couteau C'est l'outil de base indispensable et un accessoire incontournable pour la multiplication des plantes. Chaque couteau peut avoir sa spécialité (greffer, ébourgeonner, bouturer…), mais le débutant aura seulement besoin dans un premier temps d'un bon couteau à bouturer, adapté à sa main et repliable, de préférence. Choisissez un manche lisse que vous aurez bien en main, puisque la multiplication exige des gestes plutôt délicats et précis. Enfin une lame droite est plus facile à nettoyer et à affûter. La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine RACINES 39 octobre 2011