Observatoire régional du foncier en Île-de-France
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Observatoire régional du foncier en Île-de-France
Observatoire régional du foncier en Île-de-France Groupe de travail : Quelles pistes pour réduire les coûts fonciers ? Feuille de route PROJET Sous la présidence de Catherine Pèrenet, Directrice Régionale Ile de France de la Caisse des Dépôts Rappel de la problématique Alors que des mesures nationales ont été retenues ou sont en voie d’adoption pour de réduire les coûts de construction, la sphère du foncier se doit d’apporter sa contribution aux efforts nécessaires pour contenir la hausse des prix immobiliers et maîtriser leur évolution. En effet, de quelques points au début du XXe siècle, la part du coût du terrain dans l’immobilier s’est progressivement élevée pour atteindre entre 30 à 50 % en Ile-de-France, parfois plus à Paris. Les prix des terrains constituent ainsi en Ile de France une composante essentielle des coûts de production des logements et un levier incontournable de l’action publique en faveur de leur modération. Mais qu’entend-t-on par prix des terrains ? Cette notion ne recouvre pas la même réalité chez les propriétaires fonciers, les aménageurs, les promoteurs ou encore chez les investisseurs. De l’emboitement des bilans des différents acteurs de la chaîne de l’aménagement – les recettes de l’aménageur constituant les dépenses du promoteur, celles du promoteur les dépenses de l’investisseur – découle un constat : le prix d’un terrain dépend de l’avancée de son processus de transformation dans la chaîne de l’aménagement. Afin d’embrasser le plus largement possible les éléments constitutifs du prix des terrains aménagés et pour comparer des choses comparables, le terme de coûts fonciers, compris comme la résultante de l’ensemble des actions nécessaires à la production d’un terrain constructible, sera préféré à celui de prix de terrains. L’état des connaissances permet d’identifier les principales composantes de ces coûts fonciers. Au fil de la chaîne de l’aménagement plusieurs dépenses se succèdent et contribuent à la formation de ces coûts : - les acquisitions foncières brutes ainsi que les dépenses éventuelles liées à la suppression de baux en cours, aux indemnités versées pour libération, à la gestion immobilière transitoire et parfois aux travaux de réparation obligatoires en cas de bien occupés ; - les coûts d’études et de diagnostics : sondages, diagnostics pollution, archéologie préventive, par exemple ; - la remise en état des sols comprenant notamment les opérations de dépollution, de désaffectation de réseaux ; - la réalisation d’infrastructures primaires (VRD), secondaires et tertiaires ; - les frais de publicité et de commercialisation des terrains aménagés ; - les frais financiers (liés au portage du foncier et au financement de l’aménagement). - les taxes : frais notariaux, taxe d’assainissement, taxe de raccordement aux réseaux, taxe d’aménagement, TVA, taxe sur les bureaux. Si ces coûts sont inhérents au processus d’aménagement, leur ampleur peut varier sous l’effet de facteurs exogènes. Certains membres du Conseil d’administration de l’ORF soulignent que l’augmentation du niveau des normes constitue en soi un coût, qualifié d’administratif, se traduisant par une multiplication des études et des diagnostics, par une augmentation des exigences en matière de dépollution ou de construction, aboutissant à des dépenses supplémentaires et à un ralentissement des projets. Le groupe de travail devra formuler des propositions visant à réduire le niveau de ces coûts fonciers et à modérer leur évolution. L’ORF a montré dans ses travaux précédents que pour y parvenir l’anticipation devait prévaloir sur la mise en œuvre du projet et qu’elle requérait à la fois des outils fonciers adaptés à la bonne échelle territoriale et temporelle ainsi que des jeux d’acteurs (EPF, collectivités locales, aménageurs et constructeurs) articulés permettant, le moment venu, de sortir le foncier nécessaire au projet de construction à des prix compatibles avec les usages attendus. Cette anticipation passe par une bonne connaissance des valeurs foncières. Elle doit pouvoir s’appuyer sur un système d’observation indépendant et de qualité, à l’instar du dispositif régional de segmentation des marchés que met en place l’ORF. Le groupe de travail pourra s’appuyer sur ces travaux et les compléter pour avancer plus loin dans l’identification de leviers permettant de réduire les coûts fonciers. Cette réflexion pourrait s’organiser selon plusieurs axes : - Premièrement la diminution des dépenses intrinsèquement liées à la production d’un terrain constructible. Les opérateurs font état d’une rigidité certaine des coûts fonciers bruts, surtout dans des contextes de renouvellement urbain pour des biens qui peuvent avoir une valeur immobilière importante liée à leur usage actuel. Il ne faudrait pas non plus que les économies pouvant être réalisées au cours de l’aménagement soient captées par les propriétaires, grâce au jeu de la rente foncière. Sur ce point, la réflexion s’attachera à identifier les pistes susceptibles de diminuer le coût du foncier brut : intéressement des propriétaires fonciers au projet (clause de retour à meilleure fortune, dation en paiement, investissement des propriétaires dans l’opération en apport de foncier), montages dissociant foncier et bâti (bail emphytéotique, association foncières solidaires), par exemple. Le groupe se penchera aussi sur d’autres pistes telles que les montages financiers susceptibles de diminuer les frais de portage et de financement de l’aménagement, ou les processus organisationnels mutualisant, donc limitant, certaines dépenses (dépollution, terrassement, par exemple). - Deuxièmement, alors qu’une partie des coûts de production du foncier s’impose de manière exogène à la filière de l’aménagement, le groupe pourra identifier ces facteurs de pression afin de proposer les moyens de les réduire ou de mieux en répartir les coûts. Parmi ces contraintes sont d’ores-et-déjà identifiés : les attendus en termes d’aménagement d’infrastructure et de superstructure, l’inflation des normes et des procédures ou encore l’augmentation des taxes locales. - Dans un troisième temps, les coûts fonciers devront être envisagés au regard des programmes développés dans les projets. Indépendamment des coûts fonciers globaux jusqu’ici considérés, il est en effet possible de réduire le poids de ces coûts en jouant sur la réceptivité des projets afin de diminuer les charges foncières. Pourtant cette logique se heurte souvent à des blocages d’ordre politique et procédural. Il s’agira d’identifier les moyens de dépasser ces blocages afin de mieux coordonner dépenses et recette à l’échelle des projets. Retours d’expérience Le groupe de travail devra dans un premier temps rassembler les études et données existantes sur ce thème et clarifier les définitions des coûts et charges foncières à l’origine d’une grande confusion d’interprétation. Il travaillera ensuite autour d’un recueil d’expériences et de cas exemplaires portés par des opérateurs, permettant de traiter un panel de différents montages afin de pointer leurs avantages, leurs inconvénients, les procédures associés et les conditions de leur reproductibilité. Le groupe auditionnera également des personnalités ou des institutions engagées dans des réflexions sur ces questions. Rendus attendus La publication d’un rapport restituera le diagnostic et les propositions du groupe de travail. Il est attendu de ce rapport qu’il : - clarifie ce qui est entendu par coût foncier à partir de l’analyse de la formation des coûts sur toute la chaîne du foncier de certaines opérations. - établisse un diagnostic pour rappeler certains outils existants permettant de peser sur le coût du foncier en précisant leurs limites et leurs avantages, notamment leurs coûts de mise en œuvre et leurs impacts sur les coûts finaux. - propose des leviers susceptibles de réduire les charges foncières en étudiant, d’une part, des dispositifs mis en place en dehors de l’Île-de-France ou à l’étranger tout en proposant les conditions de leur adaptation au contexte francilien ou, d’autre part, en valorisant des démarches expérimentales ou encore trop peu utilisées. Calendrier Les travaux du groupe de dérouleront de janvier 2015 à décembre 2015 en vue d’une présentation des conclusions lors d’un colloque au printemps 2016.