Médecine: Le serment démocrate

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Médecine: Le serment démocrate
Médecine: Le serment démocrate
Mohamed ZAINABI
Le samedi 22 mai à la Faculté de médecine de Casablanca, pas moins de
sept syndicats du secteur de la santé ont été réunis. Un seul point figurait
à l’ordre du jour de leur réunion. Il concernait l’avenir du Conseil National
de l’Ordre des médecins (CNOM).
Cette initiative a été prise communément par le Syndicat National
de la Santé Publique affilié à la CDT, la Fédération Nationale de la
Santé affiliée à l’UGTM, le Syndicat National des Médecins du
Secteur Libéral, le Comité de Coordination Sectoriel des Facultés
de Médecine et de Pharmacie du Maroc constitué au sein du Syndicat
National de l’Enseignement Supérieur, le Syndicat National de la Santé
Publique affilié à la FDT, la Fédération Nationale du de la Santé
affiliée à l’UMT et la Fédération Nationale du Secteur de la Santé
affiliée à l’UNTM.
Dans le cadre de cette action unioniste, les sept organisations ont pu
mobiliser de nombreux médecins qui sont venus de Casablanca et d’autres
villes du royaume afin de participer à la réflexion collective lancée à
propos du devenir du Conseil National de l’Ordre des médecins.
Parmi les participants, il y avait des médecins du privé, des
médecins de la santé publique, des professeurs en médecine…
Cette action inédite intervient à l’heure où un projet de loi n°50-03
portant amendement du dahir 1.84.44 du 21 mars 1984 instituant le
CNOM, a été glissé au parlement. Dans son fond comme dans sa forme,
ce projet a été rejeté en bloc par les participants à la journée d’étude. Ces
derniers se sont étonnés de constater que la réforme du Conseil se trame
sans même l’avis des médecins qui sont en l’occurrence les premiers
concernés. A ce sujet, les sept syndicats sus cités ont saisi le premier
ministre. Aussi, entendent-ils prendre toutes les mesures nécessaires pour
parvenir au retrait du projet de la loi en question. Lequel, estiment des
responsables syndicaux, est loin de toucher à l’essentiel. Il est surtout
focalisé sur la question de la parité en matière de représentativité au sein
du Conseil entre le secteur de la santé du privé et celui public. Or, comme
l’ont précisé différents participants, la question centrale est ailleurs. Elle
concerne le rôle même du conseil et son efficience, note-t-il. A ce propos,
nombreux sont les participants qui se sont unanimement accordés à
déplorer l’inertie chronique du Conseil national actuel de l’Ordre des
médecins qui a pourtant 20 ans d’existence. En outre, certains
participants et participantes ont souligné l’immobilisme du Conseil face au
grave phénomène de la fuite des médecins vers des pays étrangers
(essentiellement le Canada et la France). Des chiffres avancés lors des
débats évoquent le nombre de 960 médecins marocains ayant choisi de
s’expatrier vers le Canada et près d’une centaine d’anesthésistes ayant
choisi de s’établir en France. D’autres ont déploré la situation critique où
se trouvent pas moins de 1200 médecins. Ces derniers, abandonnés à leur
sort, sont poursuivis en justice et risquent la prison pour n’avoir pas pu
honorer leurs engagements pris dans le cadre des crédits « Jeunes
promoteurs». D’autres encore se sont élevés contre les complications
administratives auxquelles sont confrontés les demandeurs d’inscription
sur les listes du Conseil, contre la passivité du Conseil face aux flagrantes
magouilles constatées dans certaines unités hospitalières et qui sont
contraires à la déontologie médicale, contre la non participation des
représentants des médecins dans les réformes touchant de près l’exercice
de la médecine au Maroc (AMO, politique nationale de santé…)… Du reste,
sur toutes les langues est revenue, tel un leitmotiv, une revendication
principale. Il s’agit de la démocratisation des structures tant nationales
que régionales du Conseil National de l’Ordre des Médecins. Et la
démocratisation passe, de l’avis de tous les intervenants, par
l’organisation, en leur temps, des élections saines et transparentes pour le
libre choix par les médecins de tous les membres de leur Conseil, y
compris le libre choix, par vote, du président du Conseil. Celui-ci était
auparavant nommé par le Souverain.

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