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Dimanche 17 Février 2008
Eric DENIMAL, pasteur de l’Eglise évangélique libre de Nîmes.
La Transfiguration
Marc 9, 2 - 13.
Accueil/Introduction :
ED : Je me propose de vous emmener, ce matin, en randonnée. Ce sera une randonnée
particulière puisque nous accompagnerons, discrètement, Jésus et trois de ses proches, dans
une ascension. Peut-être celle du Mont Thabor, où s’est passé, semble-t-il, quelque chose
de tout à fait exceptionnel.
Dans la Bible, gravir une montagne, c’est un peu comme traverser le désert : autrement dit,
c’est aller à la rencontre de Dieu.
Gravir pour gravir, nous ouvrons notre marche et notre réflexion par un Psaume de la série
« Psaumes des montées » que les Juifs récitaient en allant au Temple, sur la colline de
Jérusalem :
(Musique instrumentale : Praise your father, plage 13. World Maranatha 7016100847.)
« Quand le Seigneur nous a rétablis,
Nous étions comme des gens qui font un rêve.
Alors, notre bouche était pleine de rires,
Et notre langue poussait des cris de joie ;
Alors on disait parmi les nations : le Seigneur a fait pour eux de grandes choses !
Oui, le Seigneur à fait pour nous de grandes choses et nous nous en réjouissons !
Ceux qui sèment avec des larmes,
Moissonneront avec des cris de joie.
Celui qui s’en va en pleurant, quand il porte la semence à répandre,
Revient avec des cris de joie, quand il porte ses gerbes ! » (Psaume 126).
Vous qui êtes à l’écoute, ce matin, soyez remplis de cette même joie !
Dans toutes les églises et dans tous les temples aujourd’hui, on va lire, entendre et méditer
le chapitre 9 de l’Evangile de Marc, connu sous le titre : « La transfiguration de Jésus. ».
Je n’ai pas résisté à l’envie de partager quelques réflexions à partir de ce même texte. Il
relate un épisode si extraordinaire, si exceptionnel, si pittoresque, qu’il serait dommage de
ne pas s’y arrêter !
Nous allons donc accompagner Jésus, Pierre, Jacques et Jean sur le mont Thabor, lieu
présumé de l’événement.
Quelques temps avant cet événement, Pierre a confessé que Jésus était bien le Messie
attendu. À l’écoute de cette déclaration importante, le Seigneur a évoqué sa fin de vie, sa
passion, sa mort, sa résurrection sans oublier de dire les difficultés que les disciples auront
à le suivre. Ce qui en a découragé plus d’un. Et là nous lisons le texte :
Lecture biblique : (Marc 9, 2 – 13).
« Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduisit seuls à
l'écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux : Ses vêtements devinrent
resplendissants et d'une telle blancheur qu'il n'est pas de blanchisseur sur terre qui puisse
blanchir ainsi. Élie et Moïse leur apparurent ; ils s'entretenaient avec Jésus.
Pierre prit la parole et dit à Jésus : « Rabbi il est bon que nous soyons ici ; dressons trois
tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. ». Il ne savait que répondre, car
l'effroi les avait saisis.
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Une nuée vint les envelopper, et de la nuée sortit une voix : « Celuici est mon fils bien-aimé, écoutez-le. ».
Aussitôt les disciples regardèrent à l'entour, mais ils ne virent plus personne que Jésus seul avec eux.
Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne raconter à personne ce qu'ils
avaient vu, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. Ils retinrent cette parole, tout
en discutant entre eux : Qu'est-ce que ressusciter d'entre les morts ?
Les disciples lui posèrent cette question : « Pourquoi les scribes disent-ils : Il faut qu'Élie vienne d'abord ? ».
Il leur répondit : « Élie vient d'abord et rétablit toutes choses. Comment est-il écrit du Fils de l'homme qu'il doit
souffrir beaucoup et être méprisé ? Mais je vous dis qu'Élie est venu et qu'ils l'ont traité comme ils l'ont voulu,
selon ce qui est écrit de lui. ».
Musique : Pearl Harbour Music composed by Hans Zimmer, plage 8. 9362-43113-2.
Peut-on parler du mystère de la Transfiguration ! Certainement !
Pourtant, je vous propose, non de percer ce mystère, mais de nous approcher un peu du sens que l’évangéliste
voudrait nous en donner, même s’il est, lui aussi, dépassé par les événements !
Ce phénomène est une première, et en même temps une dernière dans l’Évangile.
Il frappera assez l’imagination des artistes, et notamment des peintres, pour qu’à partir de cette lecture, les
personnages bibliques touchés par la présence de Dieu, soient illuminés d’une lumière rayonnante : l’auréole.
L’auréole, l’aura, trouve son origine dans ce texte, mais peut-être aussi dans un autre qui n’est pas sans
rapport avec celui que nous examinons. La transfiguration est comme un écho d’un autre événement. Sautons
les siècles et retournons dans le passé !
Le lecteur de la Bible peut, ainsi, se souvenir d’un événement, très ancien, raconté au tout début de cette
Bible, au temps de l’Exode.
Moïse, un personnage proche de Dieu a été illuminé de façon spéciale. Voici ce que nous en dit le texte du
Premier Testament : « Moïse redescendit du mont Sinaï, en tenant les deux tablettes de pierre qui
constituaient le document de l'alliance ; il ignorait que la peau de son visage brillait à cause de son entretien
avec Dieu. Quand Aaron et les Israélites virent l'éclat de son visage, ils eurent peur de s'approcher de lui. ».
(Exode 34. 29).
Restons un instant avec Moïse pour rappeler un détail : ce Moïse qui entraîne et dirige les Hébreux dans le
désert, en route vers la Terre Promise, est resté une semaine sur le Mont Sinaï, seul avec Dieu. C’est à l’issue
de ces sept jours exceptionnels qu’il redescend, avec les tables de la Loi, tout rayonnant de la lumière divine.
C’est ainsi qu’il surprend Aaron son frère et l’ensemble du peuple.
Or, lorsque Marc relate l’expérience de Jésus sur la montagne, il commence son récit par « Six jours après ».
Cette expression, que j’ai lue tout à l’heure, vous a d’ailleurs peut être étonnés ; c’est que l’évangéliste fait un
clin d’œil à ses lecteurs : le septième jour, sur la montagne, le Christ est illuminé de la présence de Dieu…
comme Moïse l’a été au Mont Sinaï.
Et là haut, sur la montagne, Moïse a reçu les tables de la Loi…Que va donc recevoir Jésus sur le mont
Thabor ? C’est tout l’enjeu du récit ! L’auteur de l’Évangile joue sur les similitudes avec le texte de l’Exode,
mais aussi sur les différences entre le mont Sinaï et la montagne de la Transfiguration.
D’ailleurs, est-il juste de parler de transfiguration ?
Ce que les disciples ont vu, autour de Jésus, est tout de même différent de ce qui semble s’être passé au temps
de l’Exode. En effet, l’évangéliste Marc laisse entendre que le phénomène lumineux tient à la métamorphose
entière du Christ, et pas seulement de son visage. D’ailleurs, le terme traduit par « transfiguré » est celui qui,
du grec en français, a donné plus justement le verbe « métamorphoser ». Dans ce récit, le changement visible
et lumineux touche tout l’être, et non la figure seule ; en effet les vêtements du Seigneur rayonnent, eux aussi.
Peut-être même que ce rayonnement englobe les deux visiteurs venus d’ailleurs Élie et Moïse !
Musique : Pearl Harbour Music composed by Hans Zimmer, plage 2. 9362-43113-2.
Mais avant de parler de ces visiteurs et de leur entretien avec Jésus, je voudrais encore m’arrêter sur les trois
disciples qui l’accompagnent sur la montagne. Moïse était seul au sommet du Mont Sinaï ; Jésus est monté
accompagné, et pas de n’importe qui !
Le texte de l’Evangile nous dit, avec une certaine insistance, que Jésus se rend sur la montagne, pour être à
l’écart, seul avec Pierre, Jacques et Jean. En choisissant ces trois hommes pour l’accompagner et être témoins
d’un événement exceptionnel, Jésus entérine un choix qu’il avait déjà fait. En effet, quelques mois plus tôt, le
Seigneur a ressuscité une jeune adolescente : la fille de Jaïrus. Or, ce miracle s’est opéré presque à huis clos.
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Dans la chambre de la défunte n’étaient entrés que Pierre, Jacques et Jean. Les trois disciples, souvent cités en
tête de liste, sont alors les témoins privilégiés d’un miracle étonnant : la résurrection d’une morte. Ce rappel
permet de signaler que l’on va aussi parler de résurrection sur la montagne de la Transfiguration.
Lorsque Pierre, Jacques et Jean auront vu Jésus discuter avec Elie et Moïse, Jésus leur demandera de ne pas
en parler jusqu’à sa résurrection. Etonnante consigne.
Jésus est en train de confier progressivement à ses amis les pièces d’un puzzle qu’ils ne pourront reconstituer
que plus tard. Avec eux, usons de patience !
Ah oui ! Je voulais encore souligner que Pierre, Jacques et Jean seront à nouveau sollicités par Jésus pour un
épisode intime et particulier. A quelques heures de l’arrestation de Jésus, au Jardin de Gethsémané, le Maître
leur demandera de rester à l’écart avec lui, pour prier. Or, ils s’endormiront.
Pour l’heure, il n’est pas question de s’endormir car Pierre, Jacques et Jean vont voir plus impressionnant
encore qu’une résurrection ! Ils vont voir des êtres disparus depuis des siècles : Elie et Moïse !
Seuls avec Jésus, à l’écart, sur la montagne, là où l’on rencontre Dieu, entre terre et ciel, on voit, on vit, on
entend des choses extraordinaires ; des choses qu’on ne voit, qu’on ne vit, qu’on n’entend pas d’ordinaire.
Nous sommes dans un espace hors norme.
Les repères temporels sont brouillés car en plus, voilà qu’interviennent des personnes mortes depuis
longtemps. Moïse et Elie s’entretiennent avec Jésus !
J’imagine la stupeur des disciples qui, pour le coup, restent sans voix ! Même Pierre n’hurle plus au fantôme !
Pourtant, les questions doivent se bousculer dans les esprits fragilisés par la stupeur.
Comment des êtres morts depuis des siècles peuvent-ils s’entretenir avec un être vivant ?
De plus, n’est-il pas formellement interdit, par la loi juive (et donc par la loi de Moïse lui-même) d’invoquer
les défunts et de faire appel aux morts.
Mais ici, sur la montagne, nous sommes bien dans un espace temps décalé : la barrière entre les morts et les
vivants, tombe. C’est peut-être le début de l’explication que Jésus veut donner : il avait parlé de mourir, mais
il avait aussi parlé de revenir à la vie !
Il faudra que les disciples remettent tout cela en place ! Pour le moment, Jésus, resplendissant, métamorphosé,
discute avec … deux héros de l’Ancien Testament.
Une des choses surprenantes de cet épisode (une de plus), c’est qu’il semble facile, pour les témoins, de
reconnaître des gens disparus depuis longtemps. Car comment peut-on dire que les deux hommes qui
s’entretiennent avec Jésus sont Elie et Moïse, et non deux bergers du coin qui passaient par là !
Sans doute que dans cet espace où tout est bouleversé, une certaine connaissance est acquise, intuitivement !
Nous sommes vraiment téléportés dans l’extra-ordinaire !
Et puis, et puis, Jésus discute avec Moïse et Elie, sans que nous sachions de quoi ils parlent. Quel dommage !
Ce qui semble utile à remarquer, c’est davantage leur présence que ce qu’ils se disent !
Autre chose déroutante (mais on n’en est plus à une près !) : on parle d’Elie et de Moïse et non de Moïse et
Elie. L’ordre historique n’est pas respecté. Mais puisque les temps se télescopent, il ne faut peut-être pas trop
s’arrêter sur ce détail.
Par contre, nous savons que les deux hommes symbolisent la loi et les prophètes. Et on sait aussi que ces deux
personnages ont une dimension spéciale, pour ne pas dire céleste.
D’après les textes bibliques, Elie a été enlevé au ciel1, et Moïse est mort étrangement2.
À noter que dans la tradition juive et selon l’historien Flavius Josèphe, Moïse serait monté au ciel, comme
Elie. Ici, je cite Flavius Josèphe : « Tandis qu’il saluait Eléazar (le successeur d’Aaron) et Josué, et
s’entretenait encore avec eux, une nuée se posa soudain sur lui et il disparut dans un ravin. Mais il a écrit luimême dans les livres saints qu’il était mort, de crainte que, par excès d’affection pour lui, on osât prétendre
qu’il était allé rejoindre la divinité. ».
Musique : Pearl Harbour Music composed by Hans Zimmer, plage 7. 9362-43113-2.
Nous sommes au cœur d’un bien étrange tableau ! Dire que l’on pense avoir inventé le surréalisme au XXème
siècle !
On est peut-être au milieu d’un rêve, et il faut se pincer pour être sûr de ce que l’on voit ! Sur la montagne,
Jésus est resplendissant de blancheur. Pierre, Jacques et Jean, les plus proches des disciples du Seigneur, sont
témoins d’une rencontre digne de « Retour vers le Futur » : il y a là Elie et Moïse venus du passé !
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2 Rois 2. 11
Deutéronome 34. 5
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Dans ce contexte, Pierre, l’apôtre aux mille audaces, ose enfin intervenir au risque de se mêler de la
conversation. Et il propose une chose incongrue. D’abord, il dit à Jésus « Rabbi » maître, ce qui n’est pas son
habitude. Et cela peut surprendre puisque quelques jours plus tôt, il avait déclaré Jésus comme étant le Christ.
Il est vrai aussi que Jésus avait déstabilisé Pierre en lui interdisant d’en reparler ! Pierre ne semble plus savoir
comment appeler son maître. Donc, pour cette fois, il lui donne du « rabbi ». Puis, il propose d’installer des
tentes.
Des tentes terrestres pour des êtres plutôt célestes ! C’est clair que Pierre ne sait plus très bien ce qu’il dit.
Face aux événements, il ne sait comment « répondre ». Le verbe « répondre » est utilisé par Marc pour mettre
en évidence un événement devant lequel on ne sait justement pas comment réagir/répondre.
« Il ne sait comment répondre » nous dit l’évangéliste et c’est d’autant plus intéressant que nous allons
retrouver cette phrase plus loin dans l’Évangile. Dans l’épisode que j’ai brièvement relaté tout à l’heure : dans
le jardin de Gethsémané. Jésus, qui a demandé à Pierre, Jacques et Jean, de veiller et de prier avec lui, les
retrouve endormis. Et devant les reproches de Jésus, Marc écrit : « Ils ne savaient que répondre ! ».
Pauvre Pierre et pauvres disciples ! Que Jésus soit transfiguré par la gloire, ou défiguré par la tristesse, ils ne
savent jamais que répondre !
Nous sommes dans le brouillard le plus complet lorsque soudain « Une nuée vint les envelopper, et de la
nuée sortit une voix : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le. ». Aussitôt les disciples regardèrent à
l'entour, mais ils ne virent plus personne que Jésus seul avec eux. ».
Il n’y aura plus d’autre parole sur la montagne. Comme si tout le monde avait le bec cloué ! Il faut dire qu’on
n’entend pas tous les jours la voix de Dieu aussi clairement ! Et pour les lecteurs de l’Evangile plus que pour
les disciples mêmes, cette parole divine n’est pas une première ! Celui qui nous raconte l’histoire, Marc, avait
aussi raconté le baptême de Jésus3. Et là aussi, il avait dit que, depuis le ciel, la voix de Dieu s’était
manifestée.
Comme à son habitude, Marc nous invite à saisir les similitudes, mais aussi les différences ! Car il y a des
différences notables entre les deux déclarations divines. Au moment du baptême, Dieu avait dit à Jésus : « Tu
es mon Fils ». Ici, Dieu indique aux témoins : « Celui-ci est mon Fils ! ».
C’est une réponse claire et inspirée à la question qui traîne depuis le début de l’Évangile : Qui est-il ? Mais
d’où vient son autorité ?
La réponse est là : « Celui-ci est mon Fils ! ». Puis, il y a le « Écoutez-le ! ».
Ce conseil, voire cet ordre, n’est pas anodin ! Car les juifs pieux ont toujours été invités à écouter Dieu et
Dieu seul. Moïse et Elie n’ont cessé, entre autre, de rappeler la nécessité d’écouter et d’obéir à Dieu,
l’Eternel !
Ici, Dieu lui-même encourage les disciples à écouter désormais le Fils. En d’autres termes, le Père s’efface
devant le Fils.
Les disciples, témoins d’une vision extraordinaire, sont aussi auditeurs d’un message inédit : « Écoutez-le ! ».
Musique : Pearl Harbour Music composed by Hans Zimmer, plage 3. 9362-43113-2.
Et soudain, il n’y a plus que Jésus ! Elie et Moïse aussi se sont effacés !
Le « Écoutez-le » met en relief Jésus, et Jésus seul !
Ce que l’évangéliste est en train de dire à ses lecteurs, c’est que Jésus, que Pierre a discerné comme étant le
Christ, le Fils du Dieu vivant, est bien l’incarnation de Dieu le Père, et qu’à ce titre, il est la Parole incarnée,
celle que l’on doit désormais entendre et écouter !
Le Père est tout entier dans le Fils et le Fils tout entier dans le Père : la Parole nouvelle se substitue à
l’ancienne. Désormais, l’ordre est clair : il faut l’écouter, lui, le fils en qui Dieu a mis toute son affection !
Après l’étonnante révélation, à la fois inscrite dans le passé, mais définitivement révolutionnaire, Jésus,
Pierre, Jacques et Jean quittent la montagne.
« Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne raconter à personne ce qu'ils
avaient vu, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. Ils retinrent cette parole, tout
en discutant entre eux : Qu'est-ce que ressusciter d'entre les morts ? ».
L’interrogation des disciples pourrait surprendre parce que, à l’époque, un bon nombre de religieux croyaient
en la résurrection des morts, et ils en parlaient. Mais en fait, on croyait surtout en une résurrection finale, au
dernier jour : à ce moment là tous les morts ressusciteront pour le jugement. Or, ici, Jésus parle une nouvelle
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fois de sa résurrection, laquelle devrait survenir, si les disciples remettent ensemble les pièces du puzzle, trois
jours après sa mort !
Les disciples ne veulent pas dire, ouvertement, qu’ils ne comprennent pas tout ; et encore moins laisser
entendre qu’ils mettent en doute les propos de Jésus. Ils vont alors chercher à comprendre de façon détournée.
En fait, ils se souviennent de ce que le prophète Malachie avait dit de la venue du Messie : Le Messie viendra
après qu’Elie soit revenu ! D’où les questions des disciples : Tant qu’Elie n’est pas venu, le Messie n’est pas
possible ! Mais est-ce que nous avons bien vu Elie ? Si oui, le Messie est-il bien là ? Et avec lui, le jour du
Seigneur est-il proche ? Les disciples qui tournent en rond, cherchent à inscrire Jésus dans un ordre logique et
chronologique des événements. C’est ainsi qu’ils auront enfin la réponse à toutes leurs questions.
Or, Jésus va donner, par son étonnante réponse, une piste pour lire les textes et pour interpréter les temps !
Il dit ceci : « Vous vous arrêtez sur un détail concernant Elie, celui qui doit venir, et vous réduisez tout à ce
détail. Et que se passe-t-il alors ? C’est l’esprit d’Elie qui est venu, incarné par Jean-Baptiste, et vous ne le
voyez pas ! Au lieu de le saluer comme prophète qui vient, vous en avez fait un martyre ! ».
Jésus tente ainsi de démontrer qu’Elie était là et qu’il n’a pas été reçu. Par cette démonstration, il annonce
aussi que le Messie est là, mais que personne ne le reçoit vraiment.
Musique : Pearl Harbour Music composed by Hans Zimmer, plage 8. 9362-43113-2.
Jésus souffle sans cesse le chaud et le froid. Après l’exaltation de la montagne, voilà que l’on redescend dans
des choses brutales. Oui, Jésus est toujours en train de jongler avec les paradoxes, parce que nos pensées ne
sont pas celles de Dieu, et que nous avons du mal à intégrer une autre logique qui, selon nos schémas, ne peut
s’inscrire dans nos conceptions déjà figées.
En conclusion, que retenir de ce texte ?
Nous lisons la Bible et l’interprétons en oubliant que nous n’en sommes pas propriétaires.
Lorsque nous décidons de la façon dont Dieu doit agir, en fonction de nos lectures et de notre interprétation
des textes, nous manquons de voir ce qu’il fait vraiment, et parfois sous nos yeux !
Ainsi, nous attendons peut-être des accomplissements de prophéties qui se sont déjà réalisés, mais à la façon
de Dieu, et nous ne les avons pas remarqués ! C’est grave, non ? C’est ce que découvrent les disciples : Elie,
que tout le monde attend encore, est finalement déjà venu.
Jésus indique que celui qui n’a pas voulu voir Elie, risque fort de ne pas reconnaître en lui le Messie.
Nous pouvons être des croyants foncièrement incrédules !
Une deuxième leçon peut être reçue de ce texte : Le croyant qui veut être à l’écoute de Dieu doit désormais
écouter son Fils. Il ne s’agit pas d’une nouvelle parole, mais d’une parole incarnée, revue et revisitée. Une
parole qui ne change pas mais qui pourtant est différente. « Ecoutez-le ! », dit Dieu, et tout l’Evangile
précise : vous écouterez la loi de Dieu, mais vous vivrez sa grâce et son pardon, son amour et son affection !
Et j’ose une troisième leçon qui surgit de l’événement de la Transfiguration et de sa place dans l’Évangile de
Marc.
La fin de l’Évangile de Marc est brutale. Le récit se termine avec la constatation du tombeau ouvert et vide.
Certes, il y a ensuite une dizaine de versets ajoutés qui font un résumé de la résurrection et des derniers
contacts entre Jésus et ses disciples, mais cette finale, qui n’est pas dans les meilleurs manuscrits, ne semble
pas de Marc.
Donc, l’Évangile de Marc ne fait pas explicitement état de la résurrection du Christ. Il nous laisse devant
l’interrogation du tombeau vide.
C’est ce qui rend important et central l’épisode de la transfiguration. Il montre la gloire de Jésus avant la
croix et la résurrection. Il fait office de témoignage anticipé de la puissance sur la mort bien avant qu’elle
intervienne.
Et, d’une façon pastorale, Marc dit, nous dit, ce que nous avons parfois du mal à saisir :
Même si la vie est difficile et le chemin périlleux ; même si la souffrance est sur notre route quotidienne ;
même si nous avons l’impression de toujours traverser ou le tunnel ou le désert, sachons que la puissance de
Dieu est d’ores et déjà au milieu de nous ; il ne faut pas seulement se consoler dans une attente des choses
encore à venir parce qu’il y aura résurrection. – Non ! Dès aujourd’hui il y a transfiguration et métamorphose
possible.
Oui, il faut redescendre dans la vallée, mais nous avons pu monter ensemble sur la montagne pour voir la
gloire de Dieu.
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Cette réalité peut se vivre aujourd’hui, dans une certaine intimité avec le Seigneur. Il veut nous emmener à
l’écart. Et ce, pour le trouver, lui seul !
Alors, Écoutez-le !
(Musique : Pearl Harbour Music composed by Hans Zimmer, plage 2. 9362-43113-2.)
Oui, « …le Seigneur a fait pour nous de grandes choses et nous nous en réjouissons !
Ceux qui sèment avec des larmes
Moissonneront avec des cris de joie.
Celui qui s’en va en pleurant, quand il porte la semence à répandre
Revient avec des cris de joie, quand il porte ses gerbes ! ». (Psaume 126).
Je vous souhaite, à tous et à chacun, un excellent Dimanche !
Musique : Pearl Harbour Music composed by Hans Zimmer, plage 2. 9362-43113-2.
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