jeune public

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jeune public
GÉNÉRATION
BELLE-SAISON
1 RÉSEAU
jeuniec
publ
RENCONTRE PROFESSIONNELLE
22 JANVIER 2016 - EPINAL (88)
CES
RESSOUR
CENTRE DE
LORRAINE
TURE EN
DE LA CUL
ALSACE-CHAMPAGNEARDENNE-LORRAINE
TEMOIGNAGES :
FABIENNE LORONG
Référente pour la plateforme jeune public en Lorraine et directrice du Carreau – Scène Nationale de Forbach et de l’Est Mosellan
auparavant directrice du Centre Culturel Pablo Picasso - Scène Conventionnée jeune public à Homécourt (CCPP).
En Lorraine, la préparation de la Belle Saison a été engagée à partir de novembre 2013, en partenariat avec le
Centre Culturel Pablo Picasso d’Homécourt, scène conventionnée jeune public et ARTECA – centre de ressources de la culture en Lorraine. Après plusieurs réunions de concertation avec les acteurs culturels de la région,
une plateforme territoriale a été mise en place, avec le soutien significatif de la DRAC - Lorraine.
Avec pour objectifs d’apporter une visibilité à la création pour l’enfance et la jeunesse en région Lorraine, de
développer la dynamique territoriale entres les différents acteurs en région et mettre en valeur les forces d’une
coopération sur différentes actions (programmation, soutien à la création en direction de l’enfance et de la jeunesse, éducation artistique, médiation…) et de contribuer à consolider durablement ces nouvelles dynamiques.
Le réseau fédère une trentaine de lieux partenaires sur le territoire lorrain et 2 structures transfrontalières.
En 2014, 5 projets ont été aidés dans le cadre d’une enveloppe de la DRAC pour la Belle Saison, les compagnies
ayant déposé un projet auprès de la Belle Saison nationale ont bénéficié d’une aide supplémentaire. Cette aide
a été versée au CCPP et directement reversée aux compagnies concernées.
Arteca, centre de ressources de la culture en Lorraine est en soutien sur la coordination générale du réseau et
assure toute la partie communication (édition de 4 agendas jeune public des programmations des partenaires,
gestion du site internet, lettre d’information…)… et de la mise en place de rencontres professionnelles autour du
jeune public.
PHILIPPE SCHLIENGER
Directeur du Créa - Centre de Rencontre d’Echange et d’Animation – scène conventionnée jeune public et du Festival Momix de
Kingersheim (Alsace).
Pour situer « l’Alsace » qui est la plus petite région de cette nouvelle grande région avec pour caractéristique
d’avoir beaucoup de lieux de diffusion souvent pluridisciplinaires mais quelquefois avec des projets peu audacieux.
Il y a une dimension du jeune public qui existe dans tous les lieux de diffusion avec des approches parfois particulières pour le très jeune public ou pour les adolescents. Paradoxalement au nombre de lieux de diffusion, le
nombre de compagnies en Alsace est modeste.
Le Créa travaille sur plusieurs chantiers :
Soutien à la création par l’accueil en résidence de compagnies avec en moyenne 4 à 6 résidences par
an et entre 10 et 20 jours de résidence et soutien à la diffusion de spectacle avec le festival Momix et la
diffusion de plus de 40 spectacles dans l’année,
Contact :
EPCC Arteca - Marie Koecher
Chargée des réseaux
03 83 87 80 68 - [email protected]
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L’éducation artistique et culturelle avec la formation et la sensibilisation au spectacle vivant avec des modules
de formation et outils que nous avons élaborés sur le rapport entre l’adulte et l’enfant (enseignant, médiateur,
parents) de façon à donner un niveau artistique de manière à différencier le spectacle de divertissement du
spectacle à vocation artistique.
Sur ce thème, nous avons souhaité travailler en collaboration avec d’autres structures, entre « structures proches »
on collabore et on se rencontre, on élabore des volontés communes de travailler sur des problématiques de territoires qui sont à peu près les mêmes.
Dans l’idée de l’inter-régional avec le CCPP, nous avons d’une part travaillé sur l’idée de la circulation de
spectacles qui viennent soit sur le festival Momix, soit sur le festival des Ribambelles de Lorraine, et d’essayer
d’être dans cette démarche de mutualisation de moyens. Il est important de faire des passerelles, pour
pouvoir profiter de la venue de compagnies lointaines ou étrangères. Ce travail de mutualisation n’est pas
exceptionnel en tant que tel mais c’est quand même l’idée de travailler avec une région voisine et de trouver
dans les régions d’autres partenaires et de faire un circuit de diffusion. Cela a été une collaboration bien
intéressante et qui s’élabore avec d’autres partenaires inter-régionaux.
Sur la dimension de la création, nous participons au réseau interrégional Quint’Est. Ce dispositif part d’une
volonté des professionnels d’aider les compagnies régionales ou non à travers un soutien financier (coproduction et résidence croisée) avec 2 parrains différents jusqu’à la réalisation du spectacle.
En enfin, le Créa travaille sur la formation des jeunes spectateurs et des adultes qui les accompagnent avec
« Mes aventures de jeune spectateur ». On a souhaité en faire un travail de collaboration avec toutes les
personnes ayant un avis sur la question de manière assez large. L’exercice est difficile parce que la question de la collaboration pose toujours question de la légitimité. Ce sont des chantiers qui sont longs à mettre
en route surtout pour des finalités qui sont partagées. Emile Lansmann est notre conscience objective du
projet avec beaucoup de talent. Aujourd’hui, c’est un projet partagé dans une dizaine de lieux en France.
A l’heure actuelle, on doit faire une évaluation du projet, voir comment les enfants et les adultes s’emparent
de cet outil et quels éléments positifs ou négatifs ils peuvent en tirer. Et pourquoi ne pas poursuivre sur ce
chantier qui est en évolution ?
CHRISTINE PLANEL ET VIRGINIE LONCHAMP
Témoignage à 2 voix sur le projet « La Belle Saison franco-québécoise avec la petite enfance » avec Christine Planel pour la Passerelle
de Rixheim et Virginie Lonchamp de l’Agence Culturelle d’Alsace.
L’Agence Culturelle d’Alsace a entre autres la mission de mettre en œuvre un accord de coopération que la région
Alsace a signé avec le Québec il y a plus de dix ans. Si l’éveil à la musique ou à la littérature pour la petite enfance
est une évidence, le spectacle vivant l’est moins, beaucoup d’artistes ont des expériences vers la petite enfance
plus ou moins heureuses pour différentes raisons, qu’elles soient artistiques et/ou liées à des difficultés de production ou de diffusion.
Nous nous sommes dit que nous pouvions travailler à l’endroit de la « rencontre » entre les artistes et les enfants. Il
était évident de se rapprocher de La Passerelle qui a un projet bâti sur l’enfant et sa famille et de l’autre côté un partenaire, le Théâtre des Gros Becs de Québec avec lequel elle était en dialogue. Ces deux partenaires « artistiques
» étaient déjà en relation avec deux compagnies, Le Fil Rouge Théâtre – Eve Ledig en Alsace, et une compagnie
émergente au Québec, la compagnie les Incomplètes.
Nous avons nommé ce projet « La Belle Saison Franco-québécoise autour de la petite enfance » sur 2 ans en questionnant les 4 piliers que sont :
La production,
La diffusion,
La médiation,
La transmission.
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Les objectifs étaient d’enrichir les projets artistiques, de conforter les acteurs artistiques et culturels dans leurs démarches, de favoriser le foisonnement et de travailler un maillage territorial.
Nous avons pour cela associé d’autres partenaires, le festival Momix dans le sud de l’Alsace, la Passerelle qui est un
équipement culturel, dans le nord de l’Alsace, le festival « Mon mouton est un Lion » (avec une dimension plus rurale)
et un autre équipement qui a finalement quitté l’aventure. C’était l’occasion de travailler avec d‘autres réseaux car
certains appartiennent à Quint’Est, d’autres appartiennent à Scène d’enfance-Assitej ou à des réseaux régionaux,
l’objectif était de faire résonner et rayonner ce projet du local à l’international pour favoriser une meilleure circulation
et visibilité des œuvres.
Et puis le dernier enjeu était de créer des outils de médiation autour de ce projet.
La Passerelle, est à la fois, un centre social agréé par la CAF et un «Relais Culturel Régional » (label en région Alsace).
Le projet éducatif, artistique et culturel est la « locomotive » du centre social. Dans ce lieu est gérée toute la petite enfance (crèche), tout le périscolaire et les animations auprès des adolescents en plus des missions du centre social.
Depuis de longues années, l’équipe de la Passerelle travaille autour de l’éveil artistique de la petite enfance dans le
spectacle vivant et de l’intervention d’artistes comédiens dans le milieu. Le personnel « petite enfance » ayant de par
leur formation, une main mise sur ce qu’il est bon de faire voir aux tout petits.
Pour la Belle Saison, le projet de la Passerelle était de renforcer ce qui se faisait déjà depuis 20 ans, car pas de moyens supplémentaires pour entreprendre des choses. Nous avions commencé à travailler avec le Fil Rouge Théâtre
avec une résidence « à l’envers » pour le spectacle « Enchanté », la résidence s’est faite à partir des interventions
d’un musicien et d’un danseur au sein de nos 3 structures “petite enfance”. Ce n’est pas exclusivement cela qui a
créé le spectacle mais c’était une bonne moitié de la démarche du spectacle, en se disant « nous allons tester le
langage auprès des tout petits et du personnel ».
En parallèle, Le théâtre « Les Gros Becs », centre de diffusion de théâtre jeunesse à Québec, était particulièrement
intéressé par cette démarche, elle n’existe pas au Canada car ils sont sous d’autres formats, d’autres diffusions.
Des spectacles pour 30 ou 40 enfants ne sont pas dans leurs façons de faire. D’où l’intérêt d’aller développer ce
que nous faisons sur d’autres territoires. Le projet s’est construit sur plusieurs niveaux :
l’accompagnement de la directrice de théâtre pour aller irriguer son territoire autour de Québec
auprès des éducateurs qui s’intéressent à l’éveil au spectacle vivant
l’échange d’expériences et d’expertises avec la compagnie Les Incomplètes qui bouge les frontières du
spectacle.
II
JOEL SIMON
Directeur de Nova Villa et du festival jeune public Méli Mômes de Reims.
En Champagne-Ardenne, dans le cadre de la Belle Saison il y a eu la mise en place d’un cycle de lectures avec peu
de moyens alloué par la DRAC-Champagne-Ardenne. Il n’y a pas de collectif dans la région et un certain « désert
» du côté du jeune public. Il n’y a pas eu de nouveautés, tout ce qui se faisait déjà en terme de jeune public a été
mis sous le label « Belle Saison ».
Aujourd’hui, il y a un manque sur le territoire, il n’y a pas de relais. Reims est l’une des villes en France ou il y a le
plus de spectacles jeune public programmés du fait des différentes salles qui s’impliquent via l’association Nova
Villa car c’est une association nomade, qui a embarqué sur le terrain du jeune public beaucoup de structures. Par
ailleurs, il y a un désert au niveau des compagnies jeune public d’Ardennes.
L’association Nova Villa fédère différents partenariats notamment celui avec le Centre Dramatique National « la Comédie de Reims » sur 4 points :
Coproduction,
Action culturelle,
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Résidence,
Diffusion.
De plus, tous les 8 à 15 jours, plusieurs directeurs (trices) de lieux se situant à Reims (CDN, scène nationale,
Reims Scènes d’Europe….) se retrouvent pour évoquer des programmations à venir.
Par rapport au bilan de la Belle Saison, il semble important :
de mettre en place des collectifs de coproductions et des collectifs sur la région,
attirer des artistes qui ne sont pas estampillés jeune public et de les accompagner sur ce terrain,
travailler en synergie sur un territoire et de mutualiser les différents lieux,
amener des artistes qui sortent des écoles à aller sur le terrain du jeune public,
implanter une compagnie jeune public en région Champagne-Ardenne avec une notoriété nationale,
l’ouverture à l’Europe ou à l’international avec l’accueil de compagnies étrangères,
défendre auprès de la Drac des aides pour que les programmateurs puissent aller voir des spectacles à
l’étranger,
la formation des artistes,
la formation des personnes rattachées aux relations publiques en charge du jeune public.
Contact :
EPCC Arteca - Marie Koecher
Chargée des réseaux
03 83 87 80 68 - [email protected]
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RESTITUTION DES ATELIERS :
Faut-il donner une suite à ce réseau sur cette grande région ? Qu’en attend-on ?
Chaque atelier a travaillé sur 3 items :
1 bonne raison de donner une suite au réseau,
3 attentes (les effets attendus, que voudrait-on structurer ?),
5 propositions / ou apports pour ces attentes.
BONNES RAISONS
Développer le maillage territorial en termes de diffusion, de création, de présence jeune public,
Poursuivre la dynamique enclenchée,
Poser les bonnes questions autour de ce secteur,
Mutualiser les moyens, donner une impulsion, montrer la richesse, fédérer les partenaires,
Valorisation auprès des institutions et des lieux,
Apporter une visibilité médiatique.
ATTENTES
Sécurisation des artistes (temps de médiations sur le régime général, statut de l’intermittence),
- quelles actions collaboratives mettre en place pour faire remonter ce problème ?
Assurer la représentation de tous les acteurs,
- sous-entendu : défense des territoires, équilibre des moyens
Assurer une meilleure collaboration entre artistes, diffuseurs et partenaires,
Mieux communiquer,
Tenir compte des réformes de l’Éducation Nationale,
Plan de formation autour de la découverte de spectacle,
Profiter de la création d’un spectacle pour faire connaître tous les corps de métiers
- sensibiliser les jeunes à tous les métiers du spectacle (lumières, son, costumes…)
Faire un état des lieux « chanson » et engager des nouveaux chantiers autour de cette question,
La formation des élus,
Les critères d’évaluations des actions engagées par les lieux,
Des moyens, des moyens, des moyens…
Renforcer la légitimité de la création jeune public,
La question de l’exigence artistique pour contrer la paupérisation des créations,
- mettre l’exigence au cœur des propositions / permettre de créer un débat entres les istructures iet les compagnies pour proposer des créations exigeantes dans le jeune public iiiet que cela soit au cœur des projets.
Travailler autour du maillage entres compagnies, lieux et éducation nationale,
Donner toute sa place à l’enfant et aux jeunes dans la société et dans les créations
- donner une vraie place à l’enfant dans la société mais aussi dans les lieux de rencontres
PROPOSITIONS
La responsabilité et l’engagement de chacun (artiste, diffuseur),
- Imaginer des actions qui ne sont pas liées à des enjeux financiers. Les conditions d’une collaboration réussie et de vrais ponts qui pourraient aboutir à des mutualisations intéressantes.
Dégager un temps plus populaire avec des temps partagés au-delà du spectacle.
Sortir le spectacle des murs, discussion autour d’actions autres (chez l’habitant, lectures…),
La formation sur l’accompagnement au spectacle (médiateurs, enseignants)
Travailler en réseau,
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La mutualisation de moyens,
Travailler à une vitrine du jeune public (une vraie place pour le jeune public dans Quint’Est par
exemple),
Un état des lieux à l’échelle de la grande région comme base de travail (révéler l’existant la potentialité
et les déficits),
Rassembler les compagnies jeune public pour des temps de rencontres, de partage des
connaissances, des temps de formation, expert pour parler de l’adresse au jeune public,
Définir qu’est-ce que l’exigence artistique (critères d’exigence),
Création de scène mobile pour aller sur les territoires non équipés,
Que tous les réseaux intègrent la question du jeune public,
Journées d’échanges et de réflexion entres compagnies, lieux et toutes les personnes qui travaillent
en direction de la jeunesse.
Contact :
EPCC Arteca - Marie Koecher
Chargée des réseaux
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RETRANSCRIPTION DE LA SYNTHESE D’EMILE LANSMANN :
« Toute synthèse qui se respecte commence par 20 minutes d’exposé personnel et puis par quelques liens
avec ce qui a été dit. Je vais essayer de ne pas jouer ce jeu-là et commencer par un sentiment de malaise
que j’ai vu grandir au fur et à mesure lors de la préparation et de la réunion : c’est l’association dans une
même question, dans une même problématique à la fois des nouveaux territoires et de la Belle Saison
comme si les deux étaient intimement liés.
Bien entendu, il y a un rapport entre eux mais je ne voudrais pas retenir en tout cas que seule la Belle Saison
pourrait faciliter ou catalyser cette reconnaissance, ce travail interne aux nouveaux territoires. Je vais redire
quelques mots sur la Belle Saison.
La question fondamentale pour moi c’est effectivement ces liens à créer, à recréer au sein des nouveaux territoires. Alors là on l’a dit et je ne fais que répéter, je pense qu’il est important effectivement d’évaluer la situation
antérieure – donc on a parlé tout à l’heure d’une plaquette, d’un état des lieux, d’une cartographie – je pense
qu’effectivement cette cartographie serait très intéressante à faire avec beaucoup de sincérité, beaucoup
d’humilité et en même temps avec beaucoup d’affirmation des richesses de ce qui a été fait ce qui permettrait
peut-être d’éviter dans un re-travail, dans une réflexion sur les nouveaux territoires des erreurs commises antérieurement et peut être au contraire d’amplifier et de développer des choses qui existent déjà.
J’ai noté et je pense que tout le monde le sait, que sur les anciens territoires et même plus on va vers des
petits territoires on va trouver des centres et on va trouver des déserts. On va trouver une désharmonie entre
la diffusion et la création. Joël l’a rappelé tout à l’heure que ce n’est pas forcément le développement de la diffusion, de la médiation qui créé les outils c’est-à-dire les spectacles dont on a besoin d’où cette aspiration vers
l’extérieur et notamment l’international ce qui n’est pas plus mal. Et aussi d’étudier la grande diversité, le grand
déséquilibre des réseautages eux-mêmes, nous allons y revenir.
Deux mots sur la Belle Saison, je pense que c’est Christine qui l’a rappelé tout à l’heure, on n’a pas attendu la
Belle Saison pour un tas de choses en France même si de temps en temps quand on écoute des discours on
a l’impression du contraire, moi ça m’énerve. Je pense qu’il y a un certain nombre de personnes qui ont étalé
clairement leur vision de l’opération en disant que c’était un piège puisque beaucoup de partenaires ont mis
de l’énergie en réunions, en travail préparatoire, en travail de terrain pour faire finalement ce qu’ils faisaient déjà
avant sans moyens en plus mais il n’y a pas que des désavantages et j’en ai entendu aujourd’hui aussi. Clairement, l’impression amplifiée d’appartenance à un mouvement, un mouvement du théâtre jeune public, du plaisir
de faire ensemble aussi cela me paraît clair et d’un démultiplicateur de visibilité donc l’impression de rayonner
davantage, de raisonner davantage et effectivement que cet écho national puisse éventuellement légitimer le
régional ou le local avec évidemment la réserve émise au tout dernier moment c’est-à-dire qu’effectivement
la Belle Saison c’était quand même le tout et le rien sans discrimination ni de qualité ni de respect parfois du
travail du terrain par rapport à ceux qui savent se caser quand il le faut. Donc l’idée que la Belle Saison est un
réseautage de réseaux paraît quand même un peu forte et devrait au moins être discutée.
En ce qui concerne les nouveaux territoires, la difficulté évidemment inhérente à ce type de réflexion et donc
encore plus au travail sur le terrain c’est que penser ensemble, travailler ensemble, n’est pas la chose la plus
facile du monde mais est sans doute d’une certaine richesse. « Le pas très haut mais tout seul » ( « Ne pas
monter bien haut peut-être mais tout seul ! » ) je pense que c’est Napoléon (en fait c’est Edmond Rostand) mais
on lui fait dire tout ce qu’on veut qui aurait dit ça ne me semble pas la meilleure chose surtout quand on se place
au niveau non plus du petit écho de sa réalisation personnelle mais de la défense d’un projet j’oserais dire un
projet de vie parce que pour certains d’entre nous c’est ça qui est l’émancipation des jeunes à travers le jeune
public, le théâtre jeune public mais d’autres formes aussi.
Il ne faut pas s’en cacher, si la question se pose aujourd’hui de ce travail et de ce réseau sur les nouveaux
territoires c’est sans doute par intérêt, par volonté, mais aussi parce qu’on devine – et j’allais presque employer
le mot « peur » - une certaine peur que si on ne le fait pas d’autres vont l’imposer et donc il y a quelque part
une pression que je ressens et je l’ai plus ressenti encore dans la réunion préparatoire qu’on a eu tout à l’heure
qu’effectivement on remplace ce qui existe aujourd’hui par des choses qui seraient implantées, imposées et qui
ne colleraient pas à la réalité des terrains. C’est un risque qui existe et qu’on a déjà vécu en France et ailleurs.
Ce que je constate en tout cas à titre personnel – surtout en écoutant les avis qui sont donnés - c’est que les
mentalités changent, pas partout, pas tout le monde mais les mentalités changent et ce souhait qui était souvent
un souhait pieux de beaucoup de travailler ensemble, de faire œuvre commune, surtout aussi de faire grandir
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les autres à travers sa propre expérience c’est de plus en plus sincère chez un certain nombre de personnes
qui dirigent des outils, qui animent des outils sur les terrains. Puisque cette volonté, ces mentalités changent,
les pratiques de terrain changent aussi et j’entends de plus en plus cette sincérité entre ce qu’on souhaite et
ce qu’on fait sur le terrain. Les échanges oui, une forme d’humilité oui, la vertu finalement d’étendre, de diversifier les cercles dans lesquels on évalue me semble assez importante.
Une chose supplémentaire que j’aimerais ajouter, c’est que là où cela fonctionne, ne nous cachons pas les
yeux, c’est parce qu’il y a une histoire. Les réseaux dans lesquels vous êtes, le travail que vous menez, la
ligue de l’enseignement en tant que telle… C’est une histoire avec ses cycles, avec ses bons moments, ses
moins bons moments mais faire abstraction de cette histoire sur un territoire donné c’est souvent se leurrer
et c’est surtout oublier que ce qui est valable d’un côté n’est pas forcément valable de l’autre côté parce que
les socles sur lesquels on construit la cabane ne sont pas non plus les mêmes d’un côté ou d’un autre. Les
territoires qui existent aujourd’hui, les nouveaux territoires, puisque c’est comme ça que vous les appelez, ne
sont pas vierges ni de cette histoire, ni de ses référents. C’est-à-dire ceux qui à un moment donné ont été des
meneurs charismatiques d’avancement, de progrès, d’idées et vouloir reconstruire de toute pièce un certain
nombre de choses sans tenir compte du tout de cela ne me semble pas très réaliste.
C’est finalement donc au sein de ces territoires, des mains qui se tendent et cela me paraît un projet intéressant par rapport à ce que vous défendez, à ce que je défends aussi, c’est que on se rend compte que si on
veut se tendre la main, si on veut recréer, réseauter, re-re réseauter avec de nouvelles régions, avec volonté
d’avancer ensemble il faut évidemment un respect mutuel, il faut une confiance mutuelle et il faut une ouverture, le mot « confiance » je l’ai entendu tout à l’heure aussi. Il faut dépasser les mots et il faut mettre en avant
des actions communes, peut-être pas les plus audacieuses et les plus importantes au départ mais apprendre
à se connaître en faisant des petites choses d’abord ensemble. Tout à l’heure, Joël le rappelait : si à Reims
on a réussi à construire quelque chose c’est parce qu’il y a aussi des hommes qui se sont tendus la main, qui
ont dit et si on se parlait, si on buvait un café ensemble et si on faisait une petite chose ensemble et puis ces
mains tendues finalement se multiplient assez vite parce que quand on sent que ça fonctionne on a toujours
un certain nombre des personnes qui viennent rejoindre la tablée.
En général, et de manière plus large je pense qu’on se trouve devant la dualité on a senti dans un certain
nombre de propos, de relations, d’expériences, entre cette réelle volonté de construire ensemble et en même
temps la volonté d’affirmer sa singularité. Tout projet qui va raboter cette possibilité de singularité pour les
partenaires est voué à l’échec. Je pense que chacun veut exister en tant que tel avec ses envies, son savoirfaire, avec ses choix et en même temps si on respecte cela il est capable d’entrer dans un projet d’ensemble.
Ces projets sont, me semble-t-il, d’abord essentiellement basés sur des relais.
Si on n’a pas ces relais, les projets ne peuvent pas s’étendre, ne peuvent pas se résoudre. Les relais sont
des relais régionaux, sont des relais nationaux, sont des relais internationaux. Mais il faut qu’ils existent. Pour
pouvoir arriver aux fins que vous avez souligné et que je ne fais que répéter, mutualiser des moyens, mutualiser des outils au sens large, mutualiser des initiatives mais aussi faire tomber des cloisons, partager la prise
de risques – j’ai beaucoup aimé cette réflexion - s’alimenter sur le travail, sur la réflexion de ce que disent les
autres, de ce que font les autres. Il y a une vertu évidemment qui est impossible à épargner là-dedans c’est
l’humilité, l’humilité mais aussi l’affirmation de ce qu’on est. Travailler en partage demande du temps, demande
de l’énergie, demande du dévouement.
Je voudrais faire une parenthèse, j’ai constaté partout et vous n’y échapperez pas, c’est que les gens de
terrain, qui au bout d’un moment se disent « j’ai envie de mettre au service d’un projet qui va concerner les
autres, je vais partager avec les autres… » vont consacrer des moyens et du temps à ce partage en réunions,
en travaux préparatoires et vont très vite se rendre compte que ce temps, cette énergie en réalité ils la prennent sur ce qu’ils consacrent à leurs propres activités. Et donc si un certain nombre de choses foirent après
quelques temps, même si les bonnes volontés y étaient, c’est parce que à un moment donné on n’arrive pas
à valoriser à sa juste valeur les énergies et les moyens qui sont offerts par les gens qui se mettent au service
des autres. Si on resaute il faut que les réseaux aient les moyens de pallier à ce que les uns donnent d’un côté
à leur redonner d’une autre façon.
On a parlé de l’étranger je n’en parlerai pas beaucoup mais je veux quand même souligner l’importance du
transfrontalier, de l’inter-régionalisation ainsi de suite parce que ces partages d’expériences, partage de projets
sont parfois plus faciles - même si au niveau matériel c’est un peu plus compliqué – parce que l’exotisme de
la parole amène finalement une certaine forme de protection en disant « Je me sens avec des pairs mais enfin
des pairs lointains aussi qui ont leurs propres vécus, leurs propres expériences » qui ne vont pas remettre
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en cause la mienne mais qui vont accepter aussi qu’ensemble on fasse un enfant. On sait bien que ce sera ni
nous, ni l’autre, que ce sera une espèce de métisse et que ce métisse est parfois intéressant comme première
étape avant de revenir avec ses pairs chez soi pour mener une autre activité.
Je voudrais terminer en disant que c’est une aventure ces nouveaux territoires, c’est une aventure que vous
vous préparez à vivre ou que vous vivez déjà, que c’est une aventure qui ne peut pas faire l’économie d’un certain nombre de questions, c’est une aventure qui demande des envies – j’ai entendu le mot tout à l’heure - qui
demande de la volonté – j’ai entendu ce mot là – qui demande des femmes et des hommes qui ont envie de
se mouiller pour ça, qui demande des institutions, et bien sûr « des sous, des sous » qui demande des moyens
financiers pour qu’on puisse dépasser le stade où on était parce que si c’est pour faire avec les mêmes moyens
des choses supplémentaires on n’y arrivera pas. Cela demande de la confiance aux autres, cela veut dire connaître les autres pour avoir confiance en eux. Et les idées de partager des aventures ensembles, on parlait tout à
l’heure de déplacement dans des festivals, d’échanges mais sur d’autres territoires qui ne sont pas directement
concernés, peuvent créer cet état de confiance. Cela demande finalement du « win/win » c’est-à-dire je donne
et je reçois. Si ce « win / win » n’existe pas je pense qu’on a très peu de chances de réussir.
Je voudrais terminer en revenant simplement sur le mot « formation » qui a été émis tout à l’heure. La formation il
faut la continuer ! Elle est indispensable, des artistes, des médiateurs, mais aussi du personnel politique et j’étais
très content de voir ça apparaître au dernier moment parce que de toute façon je vous l’aurais dit. Je pense
qu’un jour on m’a demandé de venir faire une conférence à la ligue centrale et je leur ai expliqué qu’aujourd’hui
quand ils se lamentent des intérêts et des désintérêts des hommes politiques et des élus ; c’est qu’au bon
temps de la naissance de ce mouvement d’éducation populaire les camarades étaient aussi au pouvoir. Ils
avaient des représentants qui étaient des élus parce qu’ils se présentaient aux élections. Il y a eu un stade de
sympathisants, il y a eu un stade d’indifférents, et aujourd’hui pour des raisons trop longues à expliquer mais
que vous connaissez tous, on rencontre une génération d’élus qui sont des opposants, arrogants par rapport
à la culture. Et on peut le constater, se lamenter, se taper la tête contre le mur ou on peut se dire qu’on n’est
peut-être pas tout fait étranger à ce qui arrive et qu’il faut peut-être les reformer ces braves élus, les sensibiliser,
que notre langage vis à vis d’eux n’est plus forcément celui d’aujourd’hui qui a un caractère obsolète. Il faut
revoir notre attitude, nos propos et surtout notre considération pour ces élus et qui sait peut être les remplacer
par des gens qui sont plus attentifs à nos problèmes. Merci. »
Cette rencontre a eu lieu lors du festival “Spectacles en Recommandé” organisé par la Ligue de l’Enseignement.
Animation de la rencontre : Jean-Noël Matray
Contact :
EPCC Arteca - Marie Koecher
Chargée des réseaux
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Retrouvez les programmations jeune public sur le site internet “Génération Belle Saison”
www.bellesaisonlorraine.fr
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