les dechets issus d`equipements electriques et electroniques
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LES DECHETS ISSUS D'EQUIPEMENTS ELECTRIQUES ET ELECTRONIQUES Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 1 sur 20 15/11/2006 I - INTRODUCTION 4 Déchets ménagers et déchets professionnels 4 Transposition des directives en droit français 5 II - TRI ET COLLECTE 7 Pour les déchets ménagers 7 Pour les déchets professionnels 10 III - ENLEVEMENT ET TRAITEMENT 10 Le rôle des éco-organismes 10 Une mutualisation des coûts 12 Le registre des producteurs 13 Les informations à fournir aux exploitants de traitement 14 IV - DEMANTELEMENT ET RECYCLAGE 15 Etat des lieux 15 Objectifs de valorisation 15 Les freins actuels 15 V - LE FINANCEMENT DES DEEE 16 Déchets ménagers d'après-13 août 16 Déchets ménagers d'avant-13 août : l’éco-participation 16 Recours sur la contribution visible 17 La fin de la grogne 17 VI - LES OBLIGATIONS D'INFORMATION 18 Actions d'informations 18 Un logo obligatoire 18 Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 2 sur 20 15/11/2006 VII - LES PAYS ETRANGERS 18 VIII - LES SANCTIONS PREVUES 19 XIX - CONCLUSION 19 Les tensions entre acteurs 19 Une modification de la TGAP 20 La directive 2002/96/CE déjà en révision 20 Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 3 sur 20 15/11/2006 I - Introduction En 1998, l'Union européenne (Quinze) produisait environ 6 millions de tonnes de déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) par an. En France, ils représentent 1,7 million de tonnes produit chaque année par les ménages et les entreprises. Avec un taux de croissance de 3 à 5% par an1, ils sont devenus une préoccupation importante des Etats membres d'autant plus que certains DEEE contiennent des substances dangereuses. Le législateur européen a donc décidé de réglementer la collecte et l'élimination des DEEE par la directive 2002/96/CE du 27 janvier 20032, qui crée une obligation, pesant sur les Etats membres, de récupérer 4 kilogrammes de DEEE par habitant et par an d'ici le 31 décembre 2006. Parallèlement, il s'est penché sur la limitation de l'utilisation des substances dangereuses dans ces équipements par la directive 2002/95/CE3, dite ROHS (Restriction of the use of certain hazardous substances), adoptée à la même date que la précédente directive. Comme pour d'autres réglementations sur les produits en fin de vie, tels que les véhicules hors d'usage (VHU) ou les pneumatiques, la directive DEEE fonde la responsabilité du producteur et de l'importateur des équipements électriques et électroniques (EEE) quant à la collecte, à l'enlèvement, et au traitement de ces produits en fin de vie. Ces obligations entrent en application pour les équipements mis sur le marché à compter du 13 août 2005. Pour ceux mis sur le marché avant le 13 août 2005, les DEEE dits "historiques", le législateur a prévu un dispositif particulier en matière de financement et d'affichage des coûts d'élimination. Déchets ménagers et déchets professionnels La majorité des DEEE est considérée comme des déchets dangereux selon la classification des déchets établie par le décret du 18 avril 2002 et doit donc faire l'objet d'un traitement spécifique, consistant notamment dans le fait de retirer puis de traiter un certain nombre de substances ou composants dangereux (ex: composants contenant du mercure, condensateurs contenant des PCB). La réglementation distingue les déchets ménagers, qui sont issus des particuliers et de certaines petites activités commerciales quand leurs déchets s'apparentent aux ménagers, et les déchets professionnels. L’ensemble des déchets issus des lampes sont considérés comme des 1 Chiffres Ademe et Parlement européen. Directive 2002/96/du Parlement européen et du Conseil du 27 janvier 2003 relative aux déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), publiée au JOUE du 13 février 2003 http://europa.eu.int/eur-lex/pri/fr/oj/dat/2003/l_037/l_03720030213fr00240038.pdf Acte modificatif: directive 2003/108/CE du Parlement européen et du Conseil du 8 décembre 2003 modifiant la directive 2002/96/CE relative aux déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), publié au JOUE n°L 345 du 31 décembre 2003 http://europa.eu.int/eur-lex/pri/fr/oj/dat/2003/l_345/l_34520031231fr01060107.pdf 3 Directive 2002/95/CE du Parlement européen et du Conseil du 27 janvier 2003 relative à la limitation de l'utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et électroniques, publiée au JOUE du 13 février 2003. http://europa.eu.int/eur-lex/pri/fr/oj/dat/2003/l_037/l_03720030213fr00190023.pdf Acte modificatif: Décision 2005/618/CE de la Commission du 18 août 2005 modifiant la directive 2002/95/CE du Parlement européen et du Conseil aux fins de la fixation de valeurs maximales de concentration de certaines substances dans les équipements électriques et électroniques notifiée sous le numéro C(2005) 3143, publiée au JOUE n°L 214 du 19/08/2005 http://europa.eu.int/smartapi/cgi/sga_doc?smartapi!celexplus!prod!DocNumber&lg=fr&type_doc=Dec ision&an_doc=2005&nu_doc=618 2 Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 4 sur 20 15/11/2006 DEEE ménagers, y compris les lampes en fin de vie utilisées par des professionnels4. Définis peu clairement dans la directive 2002/96/CE du 27 janvier 2003, les déchets professionnels concernent les équipements spécifiques à des activités industrielles et commerciales comme les distributeurs de billets de banque ou les appareils à carte bleue, et des EEE assimilés aux ménagers mais dont les quantités sont importantes à l'instar des parcs informatiques. Une distinction entre les déchets professionnels et les déchets ménagers est clairement établie dans ce dossier qui s'attarde toutefois davantage sur la deuxième catégorie. La directive 2002/96/CE du 27 janvier 2003 différencie, dans son annexe I A, 10 grandes catégories d'équipements: gros appareils ménagers, petits appareils ménagers, équipements informatiques et de télécommunications, matériel grand public, matériel d'éclairage, outils électriques et électroniques (à l'exception des gros outils industriels fixes), jouets, équipements de loisirs et de sport, dispositifs médicaux (à l'exception de tous les produits implantés et infectés), instruments de surveillance et de contrôle, et distributeurs automatiques. Cette énumération doit permettre aux installations de traitement de mieux apprécier les obligations de chacun des types d'appareils en termes de recyclage et d'élimination. A noter que sont exclus les EEE qui font partie d'un autre type d'équipement qui n'est pas un EEE, ceux qui sont liés à la sécurité de l'Etat, en particulier les armes et matériels de guerre utilisés à des fins militaires, et enfin les pièces détachées destinées à des EEE mis sur le marché avant le 1er juillet 2006. Transposition des directives en droit français Les directives ROHS et DEEE ont été transposées en droit français par le décret du 20 juillet 20055, après plusieurs mois de concertation avec les acteurs et 9 versions successives. Onze arrêtés d'application sont venus préciser le décret sur les modalités de traitement des DEEE6, les modalités d’agrément des éco-organismes professionnels7, les modalités d’agrément des éco-organismes ménagers et d’approbation des systèmes individuels mis en place par les producteurs8, la procédure d’inscription au registre des producteurs9, les dérogations à 4 Arrêté du 13 juillet 2006 pris en application de l'article 2 du décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005 relatif à la composition des équipements électriques et électroniques et à l'élimination des déchets qui en sont issus, JO du 29 août 2006. http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650440A 5 Décret n°2005-829 du 20 juillet 2005 relatif à la composition des équipements électriques et électroniques et à l'élimination des déchets issus de ces équipements, publié au JO n°169 du 22 juillet 2005 http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/UQHM8.htm 6 Arrêté du 23 novembre 2005, publié au JO du 4 décembre, sur les modalités de traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques prévues à l'article 21 du décret n°2005-829 du 20 juillet 2005 relatif à la composition des équipements électriques et électroniques et à l'élimination des déchets issus de ces équipements (http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0540446A). 7 Arrêté du 23 novembre 2005, publié au JO du 4 décembre, sur l'agrément prévu à l'article 19 du décret n°2005-829 du 20 juillet 2005 relatif à la composition des équipements électriques et électroniques et à l'élimination des déchets issus de ces équipements (DEEE professionnels) (http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0540445A). 8 Arrêté du 6 décembre 2005, publié au JO du 16 décembre, relatif aux agréments et approbations prévus aux articles 9, 10, 14 et 15 du décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005 relatif à la composition des équipements électriques et électroniques et à l'élimination des déchets issus de ces équipements (DEEE ménagers) (http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0540458A) Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 5 sur 20 15/11/2006 l’interdiction d’utiliser certains produits dangereux (plomb, mercure, etc.) dans les EEE10, la désignation des DEEE issus de matériels d’éclairage comme des DEEE ménagers11, l’agrément des éco-organismes ménagers Récylum, Eco-systèmes, Ecologic et ERP12, et l’agrément de l’organisme coordonnateur13. Dans un souci de clarté, le dossier aborde donc toutes ces problématiques, de la collecte à l'élimination, en ajoutant des informations particulières sur le financement, l'obligation d'information et la transposition dans les autres pays européens. 9 Arrêté du 13 mars 2006 relatif à la procédure d'inscription et aux informations figurant au registre national des producteurs prévu à l'article 23 du décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005 relatif à la composition des équipements électriques et électroniques et à l'élimination des déchets issus de ces équipements, JO du 22 mars 2006. http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650146A 10 Arrêté du 25 novembre 2005 fixant les cas et conditions dans lesquels l'utilisation dans les équipements électriques et électroniques de plomb, de mercure, de cadmium, de chrome hexavalent, de polybromobiphényles ou de polybromodiphényléthers est autorisée (JO du 29 novembre 2005), modifié en dernier lieu par l’arrêté du 6 juillet 2006 modifiant l'arrêté du 25 novembre 2005 fixant les cas et conditions dans lesquels l'utilisation dans les équipements électriques et électroniques de plomb, de mercure, de cadmium, de chrome hexavalent, de polybromobiphényles ou de polybromodiphényléthers est autorisée, (JO du 12 août 2006). A noter, ces arrêtés transposent les dispositions de la directive ROHS. http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0540444A http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650373A 11 Arrêté du 13 juillet 2006 pris en application de l'article 2 du décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005 relatif à la composition des équipements électriques et électroniques et à l'élimination des déchets qui en sont issus, JO du 29 août 2006. http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650440A 12 Arrêtés du 9 août 2006 portant agrément d'un organisme ayant pour objet d'enlever et de traiter les déchets d'équipements électriques et électroniques en application de l'article 14 du décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005, JO du 12 août 2006, Textes n° 30, 31, 32 et 33. http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650376A http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650377A http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650378A http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650379A 13 Arrêté du 22 septembre 2006 portant agrément de l’organisme coordonnateur en application de l'article 9 du décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005, JO du 28 septembre 2006. http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650525A Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 6 sur 20 15/11/2006 II - Tri et collecte Pour les déchets ménagers La directive européenne crée une obligation, qui pèse sur les Etats membres, de récupérer 4 kilogrammes de DEEE par habitant et par an d'ici le 31 décembre 2006. Pour ce faire, le décret du 20 juillet 200514 prévoit trois modes de collecte sélective des DEEE ménagers: la reprise obligatoire par les distributeurs lors de l’achat d’un équipement neuf, la mise en place de dispositifs individuels par les producteurs (aucun n’existe à ce jour) et enfin, la mise en place de collectes sélectives par les collectivités locales qui le souhaitent. Ces dernières disposent déjà de structures importantes en raison de leurs obligations en matière de ramassage de déchets. A l’heure actuelle, le pronostic généralement partagé donne une répartition de la collecte d’environ 50% par le canal de la distribution, et de 50% par les déchetteries. C’est le cas de Nantes, qui a expérimenté un système de collecte de DEEE avant la transcription de la directive. Certaines collectivités oeuvrent pour que leurs habitants acquièrent le réflexe de déposer leurs DEEE dans la distribution. Helder de Oliveira, directeur adjoint de cabinet d’Yves Contassot, adjoint au maire de Paris chargé de l’environnement, a déclaré le 3 octobre 2006, que la mairie entendait faire respecter le principe du pollueur-payeur et souhaitait transférer la plus grande partie de la collecte aux commerces. De son côté, le syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères (Syctom) de l’agglomération parisienne a annoncé, le 8 novembre 2006, le lancement d’une campagne de communication qui a pour slogan «j’achète du neuf, on me reprend le vieux». Le but du syndicat est d’insister sur la reprise du «un pour un», qui n’est pas un geste naturel, «afin d’éviter que les habitants ne paient deux fois ce service, en tant que consommateurs puis en tant que contribuables.». Le rôle de l’organisme coordonnateur Les coûts supplémentaires supportés par les collectivités en raison de la mise en place d’une collecte sélective doivent être pris en charge par les producteurs. C’est l’un des rôles assignés à l’organisme coordonnateur, qui ne doit pas être confondu avec les éco-organismes (voir le paragraphe qui leur est consacré). Le décret prévoit la possibilité de créer plusieurs organismes coordonnateurs, mais un seul a été agréé, par un arrêté du 22 septembre 200615. OCAD3E SAS a été agréé jusqu’au 31 décembre 2009 pour assurer la compensation des coûts de la collecte sélective des DEEE ménagers supportés par les collectivités locales. OCAD3E, société de droit privé, est le fruit de l’association des quatre éco-organismes agréés. Chaque éco-organisme y dispose d’une voix. La présidence d’OCAD3E, tournante, change chaque année. 14 http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/UQHM8.htm Arrêté du 22 septembre 2006 portant agrément d'un organisme coordonnateur en application de l'article 9 du décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005, JO du 28 septembre 2006. http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0650525A 15 Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 7 sur 20 15/11/2006 OCAD3E rembourses les frais pris en charge par les collectivités dans la durée des conventions qu’il passe avec elles, à partir des versements que lui font les éco-organismes. OCAD3E est l’interlocuteur unique des collectivités locales. L’organisme coordonnateur est le garant du bon fonctionnement du dispositif. Il s’assure notamment de la continuité des prestations pour les collectivités, de la cohérence des enlèvements réalisés par les écoorganismes et de l’harmonisation de l’information des «consommateurs-habitants-citoyens». Il a en outre une obligation d'information des pouvoirs publics. Il devra, par exemple, communiquer aux ministères chargés de l'écologie, de l’industrie et des collectivités locales et à la commission consultative des DEEE les conventions types passées avec les collectivités et les contrats types passés avec les éco-organismes. La dispute financière entre collectivités et producteurs Le décret a été remanié plusieurs fois sur la question du financement de la collecte par les producteurs. Dans une version précédente, le texte soulignait que les producteurs devaient verser «une contribution financière destinée à compenser les coûts liés à la mise en place de collectes sélectives de DEEE ménagers que les communes ou leurs groupements décident d’instaurer». Puis les «coûts» sont devenus les «surcoûts», avant d'être transformés en «coûts supplémentaires», laissant penser que la collecte sélective ne sera pas entièrement financée par les producteurs, mais qu'une part des charges sera supportée par les collectivités locales et ce malgré les termes de la directive sur la responsabilité des producteurs. Cette situation a provoqué une levée de bouclier de la part de l'association de collectivités locales Amorce, qui dès le 17 juillet, a demandé à ses adhérents de ne pas mettre en place la collecte des DEEE tant que le gouvernement n'indiquerait pas clairement que les producteurs seuls devraient assurer les coûts de collecte des DEEE. Même revendication début août du Cercle national du recyclage (CNR) qui a suggéré aux collectivités d'inviter leurs habitants à retourner leurs DEEE chez les distributeurs. Les parlementaires ont essayé de préciser les rôles de chacun dans l'article 87 de la loi de finances rectificative pour 2005, consacré aux DEEE: «Les coûts de collecte sélective des DEEE supportés par les collectivités territoriales sont compensés par un organisme coordonnateur agréé qui leur reverse la fraction équivalente de la contribution financière qu'il reçoit des personnes mentionnées au premier alinéa [les producteurs]». Cependant, cette phrase demeure floue… Ce sont surtout les négociations, qui se sont ouvertes en septembre 2005 entre les producteurs, représentés par les éco-organismes alors en cours de constitution, et les collectivités locales avec l'Association des maires de France (AMF) ou l'association Amorce, qui ont été déterminantes. Elles ont abouti à l’adoption d’un barème, appelé «barème aval», qui fixe la base de l’indemnisation que recevra une collectivité ayant mis en place une collecte sélective des DEEE. Le barème est composé de deux parties : une partie fixe forfaitaire, correspondant à un niveau de soutien indépendant des tonnages collectés, et une partie variable en fonction des quantités enlevées. Par ailleurs, le barème prévoit des soutiens plus importants si la collectivité massifie les flux de DEEE. Il prend également en compte les contraintes de milieu (urbain ou rural) de la collectivité, par l’octroi de majorations sur les différents niveaux de parties variables. Le barème aval est disponible sur le site du ministère chargé de l’environnement: http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/Annexecompl_arreteagrementOCAD_20060922.pdf Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 8 sur 20 15/11/2006 Amorce s'insurge Répondant aux questions du JDLE le 18 juillet 2005, Isabelle Bonamy, responsable du dossier des déchets à l'association Amorce indiquait les difficultés entraînées par la réglementation DEEE pour les collectivités locales telles que les conditions de stockage de ces déchets: «Il existe une responsabilité subsidiaire des collectivités: la valorisation et le réemploi des DEEE nécessitent qu'ils restent intacts. Ils doivent donc être entreposés dans des abris fermés». Les collectivités locales vont par conséquent investir pour protéger les déchets, mais aussi pour s'équiper de nouvelles bennes, qui pourraient être au nombre de 4 afin de recevoir les différentes sortes de DEEE (équipements producteurs de froid ; lavelinge, lave-vaisselle, fours…; écrans; petits appareils ménagers; lampes). Les éco-organismes se sont engagés à financer une partie des travaux. Autre problème posé par la mise en place de la filière: certaines collectivités vont devoir étendre leur déchetterie alors même qu'elles essaient de les conserver en dessous de 2.500 mètres carrés pour ne pas avoir à répondre à la réglementation sur les installations classées pour l'environnement (ICPE). Cette difficulté a été résolue par un décret du 31 mai 200616, qui modifie la rubrique 2710 de la nomenclature des installations classées, relative aux déchetteries aménagées pour la collecte des encombrants, DEEE, etc., en faisant passer le seuil d'autorisation de 2.500 à 3.500 mètres carrés de superficie. Distributeurs: la reprise «un pour un» Pèse sur la distribution une obligation de reprise «un pour un», inscrite dans le décret du 20 juillet 200517: chaque consommateur pourra ramener un vieil appareil pour l'achat d'un équipement neuf équivalent. Les distributeurs ont annoncé vouloir interpréter de manière très souple cette obligation: les magasins devraient accepter tous les DEEE que leurs clients apportent, même s’ils n’achètent pas un produit équivalent, ce qui pourrait impliquer de réserver des surfaces importantes pour le stockage des DEEE et de mettre en oeuvre une logistique contraignante. Les distributeurs ont déjà mis en place ce système pour des appareils grand froid dans le cadre du règlement européen du 29 juin 200018. Pourtant, les distributeurs, et en particulier les PME, se demandent comment stocker ces déchets et s'ils ne doivent pas également répondre à la réglementation sur les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) étant donné la présence de substances dangereuses dans de nombreux DEEE. Dans une interview accordée au JDLE le 23 septembre, Pierre Frisch, le directeur environnement du groupe Auchan, soulignait que c'est surtout le petit électroménager qui pose problème: «Nous allons devoir récupérer une dizaine de millions d'appareils type sèche cheveux, brosses à dents électriques et autres, alors qu'auparavant, ils partaient à la poubelle.» Autre crainte exprimée par Didier Médiarec, du groupe Casino (actionnaire d’Eco-systèmes), 16 Décret n° 2006-646 du 31 mai 2006 modifiant la nomenclature des installations classées, JO du 2 juin 2006. http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/UQHOS.htm 17 http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/UQHM8.htm 18 Règlement (CE) N° 2037/2000 du Parlement européen et du Conseil du 29 juin 2000 relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone http://europa.eu.int/eur-lex/lex/LexUriServ/site/fr/consleg/2000/R/02000R2037-20041224-fr.pdf Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 9 sur 20 15/11/2006 l’invasion des DEEE dans les parkings. «Certains clients vont probablement y déposer leurs déchets sans les apporter à l’accueil», prévoit-il. Pour les déchets professionnels Pour les déchets professionnels, le décret du 20 juillet 200519 est plus souple envers les producteurs. Leur responsabilité s'applique uniquement pour la fin de vie des appareils mis sur le marché à partir du 13 août 2005, sauf s'il en a été convenu autrement avec les utilisateurs dans le contrat de vente de l'équipement. Les DEEE « historiques », c'est-à-dire mis sur le marché avant cette date, demeurent de la responsabilité des utilisateurs. Des dispositions contractuelles peuvent toutefois permettre des arrangements avec les producteurs, comme cela se passe par exemple dans le domaine de l’impression. III - Enlèvement et traitement Le rôle des éco-organismes Pour les déchets ménagers L'enlèvement et le traitement des DEEE ménagers peuvent être assurés par les producteurs de manière individuelle ou en recourrant à des éco-organismes. Aucun producteur n’a choisi de mettre en place un système individuel, comme l’indiquait le 7 novembre 2006 Hervé Vanlaer, chargé du dossier DEEE au ministère chargé de l’écologie (Medd). Pour obtenir leur agrément interministériel, les éco-organismes doivent remplir les conditions précisées par l'arrêté du 6 décembre 200520. Les éco-organismes doivent offrir à leurs adhérents (les industriels producteurs) des solutions et des prestataires pour l'enlèvement, le traitement, le recyclage et l'élimination de leurs déchets. Tout un processus qui doit faire bénéficier les producteurs de coûts mutualisés. Les contributions des producteurs à l’écoorganisme dépendent du «barème amont», qui est la base de la contribution qu’un producteur verse à l’éco-organisme auquel il adhère, et de différents paramètres : quantités mises sur le marché, quantités collectées et traitées, coût de collecte et de traitement, type de flux et de catégorie de DEEE... Les barèmes amont sont différents d’un éco-organisme à un autre, en fonction de leurs choix d’organisation. Ils sont disponibles sur le site du Medd: ECOLOGIC http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/annexe_bareme_ecologic.pdf ECOSYSTEMES http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/annexe_bareme_ecosystemes.pdf ERP http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/annexe_bareme_erp.pdf RECYLUM http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/annexe_bareme_recylum.pdf 19 20 http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/UQHM8.htm http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0540458A Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 10 sur 20 15/11/2006 En cas de non-respect de leurs obligations, les éco-organismes peuvent se voir retirer leur agrément. En France, ce sont 4 structures de producteurs qui ont obtenu l’agrément. Tous les éco-organismes ont réservé une partie des appels d’offre de logistique et de traitement aux acteurs de l’économie sociale et solidaire. Parmi les engagements s’imposant à tous les éco-organismes, figure en effet l’établissement de collaborations avec ces acteurs. Les éco-organismes sont incités à passer avec eux des accords avec ces acteurs afin de développer l’économie sociale et solidaire, y compris le réseau des ressourceries-recycleries21. Deux accords cadre ont déjà été établis entre Eco-systèmes et Emmaüs France et le réseau Envie qui représentent 25% du marché de la logistique et du transport et 18% du traitement. Présentation des 4 éco-organismes « ménagers » Quatre éco-organismes ont été agréés jusqu’au 31 décembre 2009 par quatre arrêtés du 9 août 2006. La filière des DEEE ménagers démarrera le 15 novembre 2006, date d’entrée en vigueur de ces agréments. Eco-systèmes22 est le fruit d’une initiative concertée entre le Groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils ménagers (Gifam), la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et le Syndicat des industries de matériels audiovisuels et électroniques (Simavelec). Il s’adresse à la fois aux distributeurs et aux industriels, à l’image de son grand frère, Eco-emballages, avec l’objectif ambitieux de collecter et traiter 70% du tonnage total. Pour cela, pas moins de 35 salariés sont en cours de recrutement. Ce mariage entre distributeurs, très puissants en France, et industriels n’étant pas du goût de certains fabricants, deux éco-organismes de taille plus modestes se sont constitués. Il s’agit d’European recycling plateform (ERP23), créé le 11 novembre 2004 par 4 grands producteurs d’EEE: Hewlett Packard, Sony, Electrolux et Braun-Gillette. Visant 17 à 20% du marché français, il possède l’avantage concurrentiel d’être présent dans plusieurs Etats membres de l’Union européenne (Allemagne, Autriche, Espagne, Irlande, Italie, Pologne, Portugal, et bientôt Royaume-Uni). Enfin, Ecologic24, impulsé par la Fédération des entreprises internationales de la mécanique, et de l'électronique (Ficime) et Alliances Tics, cible les producteurs de petit électroménager qui ne veulent pas passer sous les «fourches Caudines» de ses concurrents directs que sont les actionnaires d’ERP, selon l’expression de René-Louis Perrier, président d’Ecologic, qui espère gagner 15% du marché. Le dernier éco-organisme, plus spécifique, est dédié à l'enlèvement et au traitement des lampes à décharge (tubes fluorescents, lampes à vapeur de sodium, etc.) qui représentent 1% des DEEE et qui contiennent des substances dangereuses. Recylum a été fondé par Philips lighting, Osram, General electric et Sylvania lighting international le 26 mai 2005 et va représenter 95% du marché soit 80 millions de lampes par an. Deux enlèvements parallèles auront donc lieu, celui des lampes usagées organisé par Recylum, et celui des autres DEEE mis en œuvre par l’un des trois éco-organismes généralistes. Une situation d’autant plus difficile à expliquer aux consommateurs que la 21 Engagements annexés à l’agrément des éco-organismes : http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/engagementsannexes_arretespublies.pdf 22 http://www.eco-systemes.com/ 23 http://www.erp-recycling.org/france.html 24 http://www.ecologic-france.com/ Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 11 sur 20 15/11/2006 collecte des lampes ne concerne pas les ampoules à filament, le plus gros du marché, mais seulement les lampes à décharge (tubes fluorescents, lampes à économie d’énergie etc.) et à LED. Ce à quoi s’ajoute indirectement la collecte des piles et accumulateurs présents dans les EEE, déjà en place depuis plusieurs années. Cette dernière filière devrait d’ailleurs profiter de la mise en place de la filière des DEEE pour augmenter son taux de collecte. Pour les déchets professionnels Le décret permet aussi l’agrément d’éco-organismes pour la gestion des DEEE professionnels. L'arrêté du 23 novembre 200525 vient préciser le contenu de la demande d'agrément des éco-organismes professionnels, qui ressemble pour beaucoup à celle des écoorganismes ménagers. «Sans doute les producteurs en créeront-ils pour certaines catégories de produits. Mais puisque le décret le prévoit, la contractualisation pourrait rester le mode prédominant. Surtout qu'elle permet d'introduire la problématique de la fin de vie des produits dans la relation client-fournisseur. Nous pouvons ainsi aménager la règle, et convenir que le détenteur demeure responsable du traitement des DEEE, ou à l'inverse que nous prenions en charge l'élimination des déchets. En fait, cela dépendra de la relation avec le client, du marché et du produit concerné», explique Arnaud Brunet, directeur des relations extérieures de Sony. Au 15 novembre 2006, il n’existe aucun éco-organisme agréé pour les DEEE professionnels. Resy’stem pro, prestataire indépendant s’intéressant au marché des DEEE professionnels, a déposé une demande d’agrément. Les trois éco-organismes généralistes de DEEE ménagers, Ecologic, Eco-systèmes et ERP, souhaitent se positionner sur ce marché, sans qu’il soit encore bien clair s’ils veulent obtenir un agrément ministériel en bonne et due forme. Le Medd lui-même ne semble pas avoir tranché cette question. Mais de nombreux détails restent à régler. Ainsi, les DEEE professionnels sont de nature très différentes, il faudra à la fois répondre aux attentes du secteur du BTP26 et de l’informatique. René-Louis Perrier, président d’Ecologic, s’interroge également sur le système de collecte à mettre en place: «Cela risque d’être un cauchemar logistique de séparer les EEE mis sur le marché avant le 13 août 2005, qui sont de la responsabilité du détenteur, de ceux mis sur le marché après cette date, de la responsabilité du fabricant, explique-t-il. Il faudra suivre le produit en fonction du numéro de série, du produit, de la marque etc. Et puis, si l’on va chercher quelques kilogrammes de DEEE par entreprise, cela risque de coûter très cher (environ 1.500 euros la tonne) aux fabricants qui verraient fondre leur marge. Nous réfléchissons à un système de points de collecte pour les DEEE professionnels qui abaisseraient les coûts à hauteur de ceux des DEEE ménagers, soit 350 à 400 euros la tonne.» Une mutualisation des coûts Les éco-organismes sont une opportunité offerte par le législateur aux producteurs de mutualiser les coûts. Aucune limite n'a été fixée sur le nombre d'éco-organismes et la coexistence de plusieurs éco-organismes sur l’ensemble du territoire vise à assurer une mise en compétition de leurs prestations, comme l'a confirmé Arnaud Brunet, dans le JDLE le 12 25 http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0540446A Une charte interprofessionnelle sur la gestion des DEEE professionnels du bâtiment (DEEEB) a été signée le 20 septembre 2006 entre la Fédération Française du Bâtiment (FFB), la Fédération des Industries électriques, électroniques et de communication (FIEEC), la Fédération française des installateurs électriciens (FFIE) et la Fédération des grossistes – distributeurs en matériel électrique et électronique (FGMEE). Les signataires de cette charte s’engagent notamment à «optimiser le coût d’élimination des DEEE du bâtiment pour diminuer les charges de la maîtrise d’ouvrage». 26 Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 12 sur 20 15/11/2006 janvier 2006: «Nous pensons qu’avoir plusieurs organismes permet d'introduire de l'émulation et de la compétitivité au bénéfice des producteurs et donc des consommateurs». Toutefois, à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), on faisait remarquer dans le JDLE en juillet 2005 que trop de structures seraient complexes à gérer. Un équilibre doit donc être trouvé, et rien encore ne permet d’assurer que les trois éco-organismes agréés seront encore présents dans les prochaines années. Pourtant, bien que des estimations aient été réalisées, beaucoup ne savent pas combien vont coûter des opérations comme la récupération des déchets dans les structures communales ou leur démantèlement. Tous ces paramètres doivent être optimisés car la rentabilité des organismes déterminera le nombre d'adhésions. Plus ils seront nombreux, plus cela fera diminuer les coûts. Béatrice Marneffe, manager relations institutionnelles de Lexmark pour l'Europe, qui répondait aux questions du JDLE le 4 juillet 2005, allait même plus loin: «Nous espérons à terme travailler dans une logique européenne pour optimiser nos coûts.» Le registre des producteurs Le décret prévoit la mise en place d’un registre des producteurs, qui doit recueillir les informations des producteurs sur la mise sur le marché et l'élimination de leurs EEE. Ce registre, tenu par l’Ademe, fonctionne depuis le 1er septembre 2006. La procédure d'inscription et les informations devant y figurer ont été précisées par l’arrêté du 13 mars 2006. Les producteurs doivent transmettre à l’Ademe leurs raison sociale, adresse, numéro Siren et contact référent. Ils doivent aussi fournir les éléments suivants, pour chaque type d’équipement mis sur le marché: -la catégorie de l’équipement au sens de l’annexe 1A de la directive, -le statut avec lequel il met cet équipement sur le marché (fabricant, importateur, introducteur, revendeur sous sa marque…), -la nature de l’équipement (ménager / professionnel), -la manière dont il remplit ses obligations au titre des articles 13 et 18 du décret (dispositif individuel, éco-organisme…). Les enregistrements doivent être mis à jour chaque fois que cela s’avère nécessaire (changement d’organisation, nouveaux types d’équipements mis sur le marché… Une fois enregistré, un producteur est ensuite tenu de déclarer les quantités mises sur le marché et celles reprises ou collectées et les quantités traitées. Les déclarations s’effectuent : -pour les mises sur le marché et l’enlèvement (déclarations semestrielles), entre le 1er janvier et le 1er mars pour le deuxième semestre de l’année précédente ; entre le 1er juillet et le 1er septembre pour le premier semestre de l’année en cours; -pour le traitement (déclarations annuelles), entre le 1er janvier et le 1er mars pour l’année précédente. Exceptionnellement, la première déclaration, effectuée entre le 1er janvier 2007 et le 1er mars 2007, couvrira l’ensemble de l’année 2006. Les producteurs ont jusqu'au 30 novembre 2006 pour s'inscrire sur le registre. S’ils adhèrent à un éco-organisme, ils peuvent demander à ce dernier de les enregistrer. Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 13 sur 20 15/11/2006 A noter, il sera possible à toute personne de vérifier qu’un producteur est enregistré dans le registre, et de consulter toutes les informations relatives à ce producteur, à l’exception des quantités mises sur le marché qui sont strictement confidentielles. Le 8 novembre 2006, Sarah Martin de l’Ademe signalait à l’occasion d’un colloque sur les filières de produits en fin de vie que seuls 400 producteurs s’étaient enregistrés. Par comparaison, en Allemagne, quelque 30.000 producteurs sont inscrits à ce jour sur le registre tenu par l’Office fédéral de l’environnement. Les informations à fournir aux exploitants de traitement Les producteurs doivent tenir à la disposition des exploitants d'installations de traitement des informations sur les composants et les matériaux pour chaque nouvel équipement mis sur le marché après le 13 août 2005 afin de pouvoir procéder au mieux au recyclage et à l'élimination des DEEE. Les producteurs doivent s’acquitter de cette obligation un an au plus tard après la commercialisation de l’équipement. Ils peuvent le faire par voie électronique. Journal de l'Environnement http://www.journaldelenvironnement.net Page 14 sur 20 15/11/2006 IV - Démantèlement et recyclage Etat des lieux Si la filière des DEEE est encore insuffisante, certaines structures sont toutefois déjà en place. L'Ademe a comptabilisé 227 sites de traitement des DEEE en juin 2004. Les entreprises de recyclage s'intéressent principalement aux métaux des EEE, ainsi qu'à leurs plastiques. Parallèlement, des entreprises de réinsertion ont déjà investi ce créneau, à l'instar d'Emmaüs France et du réseau Envie. Ces entreprises d'insertion par l'économie favorisent notamment la réutilisation des appareils ou de leurs pièces (après remise en état), une priorité de la directive européenne avant même le recyclage ou la valorisation énergétique. De nouvelles structures vont devoir être construites, la capacité des 227 sites s'avérant trop faible. Toutefois l'Ademe estime que «la plupart des structures sont capables d'absorber un gisement supérieur aux tonnages actuellement traités.» Objectifs de valorisation Ces entreprises vont devoir répondre à de nouveaux objectifs de valorisation qui doivent être atteints d'ici décembre 2006. Les taux sont fixés par l'arrêté du 23 novembre 2005 relatif aux modalités de traitement des DEEE27. Pour les gros appareils électroménagers et les distributeurs automatiques, le taux de réutilisation et de recyclage en poids moyen doit être de 75%, et de 80% en comptant la valorisation énergétique. Selon la Fédération de la récupération du recyclage et de la valorisation (Federec), le taux de recyclage matières potentiel est de 93% pour le gros électroménager froid et de 75% pour le gros électroménager hors froid. Les ambitions pour les autres types de DEEE sont moindres: la valorisation doit atteindre 75%, dont 65% de réutilisation et de recyclage, pour les équipements informatiques et de télécommunications et le matériel grand public, et respectivement de 70% et 50% pour les petits appareils ménagers, le matériel d'éclairage, les outils électriques et électroniques, les jouets et équipements de loisir et de sport, les dispositifs médicaux, et les instruments de surveillance et de contrôle. Les freins actuels Plusieurs difficultés doivent encore être résolues. D'abord, des sites industriels sont à construire, notamment pour les appareils de froid et les écrans. Le processus de tri des métaux doit aussi être optimisé. Les entreprises de démantèlement vont devoir également récupérer les CFC des appareils de production de froid. Ce type de substances à l'origine de l'appauvrissement de la couche d'ozone, est utilisé comme fluide frigorigène des vieux équipements de froid et comme constituant de mousse de polyuréthane isolant. Or, les filières industrialisées de traitement des mousses manquent en France. Les éco-organismes ont assuré avoir pris en compte le problème. Richard Toffolet, directeur technique d’Eco-systèmes, a assuré, le 9 novembre 2006, avoir reçu 17 projets et en a retenu 9, dont 4 concernent des installations mobiles. Les sites devraient être progressivement opérationnels d’ici juillet 2007. «Pour le moment, nos appareils de froid seront traités à l’étranger, en Allemagne, en Belgique et en Italie», précise le directeur technique. Enfin, le cas des plastiques risque de poser problème. Leur recyclage apparaît possible lorsqu'on dispose de gisements importants, homogènes et non pollués, ce qui est rarement le cas, surtout pour les petits appareils ménagers. Une solution proviendra d'une analyse de cycle 27 http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVP0540446A Journal de l'Environnement 15 15/11/2006 de vie systématique des nouveaux EEE par les producteurs, ce qui renforcera leur participation à l'économie de la filière des plastiques recyclés, et diminuera le nombre de plastiques différents utilisés pour faciliter le tri et le recyclage. Si la plupart des DEEE peuvent être traités de la même manière, certains restent à part. Cela pose d'ailleurs problème car la mise en place de ces filières, complexes, coûtera cher. Par exemple, pour leur dépollution, les lampes au néon qui contiennent du mercure doivent subir un traitement particulier. Dans le cas des cartes électroniques, c'est l'extraction des métaux précieux qui différencie ces DEEE. V - Le financement des DEEE Les déchets professionnels faisant l'objet d'une contractualisation entre producteurs et utilisateurs des EEE, la problématique du financement se focalise sur les déchets ménagers. Déchets ménagers d'après-13 août Le décret du 20 juillet 2005 prévoit que le financement des DEEE mis sur le marché après le 13 août 2005 est assuré par les producteurs. Mais le coût du financement de la filière reste difficile à évaluer pour eux, comme l'affirmait au JDLE Béatrice Marneffe, manager relations institutionnelles de Lexmark pour l'Europe, le 4 juillet 2005: «Cela va se compter en millions d'euros mais nous n'avons pas encore d'idée précise du montant exact, ce qui pose d'ailleurs des difficultés à nos financiers qui essaient de faire des estimations, notamment pour l'année 2006». Le premier coût pour les producteurs a consisté à faire marquer l'ensemble de leurs produits du logo de la poubelle barrée, informant les consommateurs de la destination des DEEE. La collecte et le transport devraient ponctionner les coûts de fonctionnement les plus importants, environ les deux tiers selon Béatrice Marneffe, le recyclage devrait absorber le dernier tiers. Les coûts de traitement n’apparaissent pas sur la facture mais ils sont répercutés dans le prix de vente. Déchets ménagers d'avant-13 août : l’éco-participation Ce sont les consommateurs qui doivent financer, lors de l'achat d'équipements neufs, la collecte et le traitement des DEEE ménagers historiques, c’est-à-dire mis sur le marché avant le 13 août 2005. Pendant une période transitoire qui court jusqu’au 13 février 2011 (ou 13 février 2013 pour les gros appareils électroménagers dont la durée de vie est plus longue), le coût de l'élimination des DEEE historiques sera indiqué au bas des factures de vente des EEE neufs. Cette «contribution visible» ou «éco-participation» a plusieurs particularités: -elle correspond au prix payé par le producteur à son éco-organisme. Elle sera donc différente d’un équipement à l’autre, en fonction de l’éco-organisme choisi; -elle est répercutée à l’identique du producteur au consommateur, sans marge ni ristourne, de manière visible. Elle ne peut donc faire l’objet d’une négociation commerciale. Lors d’une conférence le 7 novembre 2006, Hervé Vanlaer, du ministère en charge de l’environnement, a précisé travailler sur une modulation de l’éco-contribution en fonction de l’effort d’éco-conception du fabricant. «C’est une demande des associations et de certains fabricants qui veulent voir leurs efforts récompenser, explique-t-il. Mais pour mettre en place cette distinction, il nous faut d’abord élaborer des critères objectifs. On espère que notre travail aura abouti pour le prochain agrément des éco-organismes, en 2009.» Journal de l'Environnement 16 15/11/2006 Recours sur la contribution visible Par l’intermédiaire de la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (Fieec), du Gifam et du Simavelec, les producteurs ont en effet déposé trois recours auprès du Conseil d’Etat le 21 septembre 2005 pour contester le décret sur la contribution visible. Leurs griefs ont depuis été entendus par les parlementaires. L'absence de précision Ils reprochent surtout la disparition d’une phrase de l’ancienne version du décret. Le texte définitif dit: «Les producteurs informent les acheteurs, par une mention particulière figurant au bas de la facture de vente, du coût correspondant à l'élimination des DEEE mis sur le marché avant le 13 août 2005». Le décret ne reprend donc pas les termes de «coût unitaire» qui ont pourtant jalonné plusieurs versions du décret et cette absence donnait (jusqu'au vote de loi de finances rectificative pour 2005) une opportunité aux distributeurs de faire jouer la concurrence pour obtenir une réduction de la contribution visible. Une situation qui faisait donc peser les coûts des déchets historiques davantage sur les producteurs. Au ministère chargé de l’environnement, on justifie le retrait de cette phrase par le fait qu’une restriction des règles du commerce ne peut pas être effectuée par décret. La question de la rétroactivité D’autre part, les producteurs ont attaqué la «rétroactivité» de la reprise des déchets historiques, au motif qu’elle ne peut être décidée, selon un principe constitutionnel, que par les parlementaires et non par décret. Toutefois, le ministère a souligné que le terme déchets «historiques» n'apparaît pas dans le décret. De plus, ces déchets sont financés par le système de répartition qui pèse sur les consommateurs: le prix des équipements nouveaux doit prendre en compte la gestion des DEEE mis sur le marché avant le 13 août 2005. Hervé Vanlaer, sous-directeur des produits et des déchets au ministère soulignait dans les colonnes du JDLE du 29 septembre: «Imaginez le surcoût pour les producteurs si nous devions trier les déchets mis sur le marché avant et après le 13 août!». Sans oublier le manque de visibilité pour les consommateurs. Les réactions des producteurs sur la contribution visible A quelques jours du dépôt du recours devant le Conseil d’Etat, Bruno Vendroux, président du directoire de Fagor-Brandt, avait affirmé au JDLE le 13 septembre 2005, rappelant les échanges que les producteurs avaient eus avec le ministère: «La contribution visible devait être non négociable et respecter le principe de l'équité. Après tout, nous sommes collectivement responsables pour ces déchets. Sans oublier que 30% d’entre eux sont des déchets orphelins, leurs fabricants n'existant plus». Le 29 septembre, Bernard Herger, délégué général au Simavelec renchérissait: «Nous souhaitons que la contribution visible se présente sous la forme d'une redevance décidée au cours de débats sur la loi de finances, afin d'obtenir un tarif clair, obligatoire et unique». Une demande entendue par le Parlement. La fin de la grogne Les producteurs sont depuis peu soulagés grâce à un retournement de situation. Le 22 décembre 2005, au terme d’une commission mixte paritaire sur la loi de finances rectificative pour 2005, députés et sénateurs ont adopté un nouvel article du Code de l’environnement afin de compléter le décret du 20 juillet 2005: les coûts liés à la collecte et au traitement des DEEE historiques seront inscrits sur les factures de manière unitaire fermant toute possibilité de négociations pour les distributeurs. Journal de l'Environnement 17 15/11/2006 Pour les déchets professionnels, le financement, comme le traitement, sera assuré soit par le producteur ou le détenteur, selon les relations qu’ils entretiennent. VI - Les obligations d'information Actions d'information Outre l'obligation de donner des informations sur les DEEE aux exploitants d'installations de traitement dans l'article 7 du décret (voir «Les informations à fournir aux exploitants de traitement» dans la partie Enlèvement et traitement), les producteurs, de même que les communes ou leur groupement, les distributeurs et les organismes coordonnateurs doivent «mettre en œuvre les actions qu'ils jugent appropriés pour informer les utilisateurs d'EEE ménagers» (article 12 du décret). L'objectif est de faire comprendre aux ménages de ne pas jeter leurs DEEE avec les déchets municipaux non triés, que des systèmes de collecte sont mis à leur disposition, et que les DEEE ont des effets potentiels sur l'environnement et la santé. Aucune obligation équivalente n'est demandée pour les DEEE professionnels. Un logo obligatoire Par ailleurs, l'article 6 du décret indique que «chaque équipement électrique et électronique mis sur le marché après le 13 août 2005 doit être revêtu d'un marquage permettant d'identifier son producteur et de déterminer qu'il a été mis sur le marché après cette date.» En ce qui concerne les EEE ménagers, un pictogramme doit être apposé sur chacun, ou, si sa taille ne le permet pas, sur son emballage, sur les documents de garantie et notices d'utilisation. Mais certains producteurs et importateurs ont déjà décidé d'imprimer le pictogramme sur l'ensemble de leur fabrication, sans différencier les équipements ménagers des professionnels. Symbole : 13/08/2005) ou produit (le rectangle noir signifiant que le produit a été mis sur le marché après le VII - Les pays étrangers Selon l'étude de Perchards28 commandée par le gouvernement britannique et publiée en novembre 2005, les Etats membres ont commencé à transposer les directives ROHS et DEEE. Le Royaume-Uni est le plus en retard, puisqu'il n'a transposé pour le moment que la directive ROHS. Le texte national de transposition de la directive DEEE ne sera adopté qu’au début 2007, pour une entrée en vigueur en juillet 2007… Quant à Malte, étant donné son marché restreint et la pauvreté de ses structures de traitement des déchets, elle a obtenu un délai de deux ans pour atteindre les objectifs de collecte et de recyclage de la directive. L'île n'a pour le moment pas défini d'organisation précise. A l'opposé, la Belgique fait figure d'exemple. Son système Recupel qui gère la plupart des DEEE listés dans la directive européenne, est mis en place depuis 2001. L'objectif européen de collecte sélective de 4 kg/habitant/an est dépassé depuis 2003. 28 http://www.dti.gov.uk/sustainability/weee/Perchardsreport_November05.pdf Journal de l'Environnement 18 15/11/2006 Le type d'organisation diverge fortement d'un Etat à l'autre. Les directives européennes prévoient en effet des objectifs généraux mais laissent aux Vingt-Cinq le choix des moyens mis en œuvre. Certains ont choisi de ne mettre en place qu'un seul organisme chargé de gérer l'ensemble de la filière (Belgique, Danemark, Chypre, Grèce, Luxembourg, Suède). D'autres ont opté pour plusieurs éco-organismes sans organisme coordonnateur (Hongrie, Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque). Enfin, les autres Etats membres, à l'instar de la France, ont créé à la fois un organisme coordonnateur et des éco-organismes. Il s'agit de l'Autriche, de l'Allemagne, l'Irlande, l'Italie, la Slovaquie, la Slovénie. Dans le cas de l'Italie, l'organisme chargé de la coordination est aussi en charge du registre national. En Slovénie, c'est le ministère chargé de l'environnement qui s'occupe de ces deux tâches. En Espagne, chacune des 17 Communautés autonomes doit agréer les écoorganismes, actuellement au nombre de 7. En Irlande, chaque éco-organisme a la charge d’un territoire. Une organisation qui s’avère efficace : l’objectif de collecte de 4 kg de DEEE/an/habitant est d’ores et déjà dépassé (on atteignait les 6,8 kg en mai 2006). VIII - Les sanctions prévues Les amendes prévues pour les producteurs n'ont pas été déterminées par la directive mais laissées au libre arbitre des Etats membres. Dans le cas de la collecte sélective, la France a choisi d'infliger des amendes aux producteurs qui peuvent atteindre 450 euros par équipement lorsqu'ils en mettent sur le marché sans avoir contribué à la collecte sélective des DEEE ménagers. Mais aussi s'ils n'ont pas respecté les conditions de conception, c'est-à-dire la limitation de certaines substances, ou encore l'obligation d'étiquetage des appareils mis sur le marché après le 13 août 2005 par un logo représentant une poubelle barrée. D'autres infractions peuvent être punissables d'amendes allant jusqu'à 1.500 euros par équipement, notamment si le producteur n'enlève pas ou n'élimine pas un DEEE ménager ou professionnel. Les distributeurs peuvent se voir infliger une amende qui peut atteindre 450 euros par EEE s'ils ne procèdent pas à leur obligation de reprise. Ces infractions peuvent être constatées par les Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (Drire) qui dépend du ministère chargé de l'environnement, et par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), service du ministère chargés des finances. Le risque d’infraction se pose notamment dans le cas de la vente par correspondance provenant de l’étranger. XIX - Conclusion La filière de collecte, enlèvement et traitement des DEEE démarre effectivement le 15 novembre 2006, date d’entrée en vigueur des agréments des éco-organismes, mais selon Hervé Vanlaer, «il ne faut pas s’attendre à ce que tout soit parfait». Les tensions entre acteurs Certaines des tensions apparues entre les acteurs au cours de l’année sont retombées. Le barème permettant de calculer les remboursements des collectivités a été adopté, atténuant les tensions entre les producteurs et les communes; les dispositions sur la contribution visible sont désormais claires, apaisant les relations conflictuelles entre distributeurs et producteurs. Au 15 novembre 2006, date du démarrage officiel de la filière, il reste toutefois plusieurs inconnues: on ne sait pas prévoir si les éco-organismes ménagers seront présents sur l’ensemble du territoire, s’il y aura des éco-organismes pour les professionnels, combien de Journal de l'Environnement 19 15/11/2006 collectivités feront le choix de la mise en place d’une collecte sélective, ou quels ont été les types d’accord passés entre les collectivités et l’organisme coordonnateur pour fixer les conditions de reprise des DEEE collectés sélectivement. Une autre inconnue est le bilan environnemental de la filière, notamment en termes d’émissions de dioxyde de carbone, sur lequel devront communiquer les éco-organismes dans leurs rapports annuels. Une modification de la TGAP Pour éviter que des récalcitrants ne passent à travers la réglementation, Nelly Olin a annoncé en septembre 2005 la création d'un nouveau volet de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Cette taxe devrait être très élevée afin d'inciter les producteurs et importateurs à rejoindre un éco-organisme. Ce projet devait être discuté à la fin de l'année au Parlement au moment des débats sur la loi de finances pour 2006 pour une mise en place au cours de l'année prochaine. Mais finalement le projet a été reporté à la loi de finances pour 2007 en raison d’une décision un peu trop tardive pour être pris en compte dans l’agenda de Bercy. La directive 2002/96/CE déjà en révision La directive 2002/96/CE sur les DEEE prévoit que de nouveaux objectifs de valorisation et de réutilisation/recyclage seront fixés au plus tard le 31 décembre 2008. La Commission européenne doit rendre, avant le 13 février 2008, un rapport au Parlement européen et au Conseil sur la mise en œuvre de la directive avec des propositions de modification. C’est dans ce cadre qu’elle a lancé, début juillet 2006, une première consultation. La révision porterait notamment sur l’inclusion dans le champ d’application de la directive des équipements qui en sont pour le moment exclus, à savoir les produits destinés à des fins spécifiquement militaires, les gros outils industriels fixes et les produits médicaux implantés ou infectés. Journal de l'Environnement 20 15/11/2006