Comment se défendre contre les gratuits - WAN-IFRA
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Comment se défendre contre les gratuits - WAN-IFRA
» www.ifra-nt.com novembre 2006 techniques de presse Tribune Jim Chisholm Comment se défendre contre les gratuits Jim Chisholm Co-directeur iMedia Advisory Services Ltd. Jim Chisholm a débuté sa carrière comme analyste au journal The Guardian (Royaume-Uni). Il a consacré quelques années de sa vie à la recherche sur les médias avant de rejoindre la direction générale de Thomson, Trinity Mirror et Bonnier. Il a créé sa première société de conseil en 1993. Il est aussi connu comme directeur du projet Shaping the Future of the Newspaper de l’AMJ, un poste dont il a démissionné en février dernier pour créer avec Allan Marshall et l’Ifra la nouvelle société de conseil iMedia. Avez-vous une opinion sur ce point de vue ? Si oui, veuillez l’envoyer par email à [email protected]. Ces contributions n’expriment pas nécessairement l’avis de techniques de presse. Question : Citez le nom du président d’une société d’édition ayant dit que les gratuits étaient voués à l’échec ? Vous avez raison. Vous aussi. Et vous. Et vous. L’ont-ils tous dit ? Ou seulement ceux qui n’ont pas leur langue dans leur poche ? Avaient-ils tort ou prenaient-ils leurs désirs pour des réalités ? Les gratuits ont du succès, génèrent des revenus et attirent un flot de nouveaux lecteurs et annonceurs. Certaines personnes ne les aiment pas parce qu’ils ne correspondent à la définition centenaire de l’actualité. Mais ce genre de définition semble de toute façon ne pas servir à grand-chose. De nos jours, un exemplaire sur cinq distribués quotidiennement en Europe est un gratuit. Ce chiffre pourrait passer à un sur quatre d’ici la fin 2007. En Espagne, Suisse, France et au Danemark, le journal le plus populaire est un gratuit. Au Danemark, le théâtre de la concurrence entre les journaux locaux JP Politiken et Berlingske et leurs nouveaux rivaux islandais passera de la rue dans les foyers. C’est déjà le cas aux États-Unis avec le groupe Examiner. Metro International, l’inventeur de ce que l’on peut appeler « les nouvelles itinérantes », prend luimême ses distances par rapport à la distribution dans les transports en commun. Moins de 60 % de ses exemplaires sont actuellement distribués de cette façon. Grâce aux gratuits, le nombre de lecteurs est en train d’augmenter en Europe pour la première fois depuis bien longtemps. En Europe, 60 % des jeunes adultes urbains préfèrent lire un gratuit plutôt qu’un quotidien payant. Alors que le marché danois s’avère être particulièrement compétitif, les gratuits sont créateurs de valeur sur de nombreux marchés, tant au niveau du nombre de lecteurs que d’un point de vue financier. Ils font maintenant partie de notre quotidien. Que faire alors ? > Tout d’abord, accepter que ce média fonctionne. Les stratégies défensives ont échoué par le passé. Voici un autre exemple. Les sociétés d’édition devraient faire le premier pas et se lancer dans l’aventure avant qu’un concurrent ne le fasse. S’aventurer sur son propre terrain ne revient pas très cher. Tenter sa chance avec l’appui d’un journal bien établi nécessite très peu de moyens supplémentaires. > La plupart des annonces proviennent de nouvelles catégories. Les lancements peuvent donc être prévus pour générer de nouveaux revenus et non pas cannibaliser la publicité existante. > La structure de distribution peut minimiser l’impact sur le journal payant et permet de mieux cibler de nouveaux lecteurs. > Certaines sociétés d’édition ont lancé des gratuits hybrides qui s’appuient sur les valeurs et le contenu de leur produit principal, mais sont distribués sur de nouveaux marchés prometteurs. > Les gratuits sont également un bon moyen pour promouvoir le journal traditionnel auprès des jeunes et pour les inciter à passer ensuite au journal payant. > Tout semble indiquer que plusieurs formules intéressantes sont en train de faire leur apparition qui, si elles sont suivies, ont de fortes chances de générer un excédent brut d’exploitation positif au bout de 18 mois sur un marché sain. > Sur un marché compétitif, l’adoption des gratuits par les annonceurs et les lecteurs s’accélère, mais il faut plus de temps pour que cela devienne rentable. Il est donc absurde d’attendre un concurrent pour réagir. La cadence des innovations est un aspect passionnant de ce nouveau concept. Les principaux acteurs, Metro et Schibsted, ont chacun adopté des formules très différentes. Des gratuits financiers, sportifs, locaux existent maintenant en Europe et en Asie. D’autres suivront. Les gratuits font partie de notre quotidien. Il existe un modèle économique pour le lancement réussi d’un gratuit qu’il soit offensif ou défensif. Abandonnez vos idées préconçues. C’est une solution qui permet de gagner de nouveaux lecteurs et annonceurs et qui ouvre de nouvelles perspectives de revenus. 45