Discours pour la remise de la Légion d`Honneur Votre excellence

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Discours pour la remise de la Légion d`Honneur Votre excellence
Discours pour la remise de la Légion d’Honneur Votre excellence Mme l’Ambassadeur de France Votre excellence M l’Ambassadeur d’Arménie Monsieur le sénateur, Chers amis et chères amies, Je vous avoue que la surprise a été totale lorsque l’ambassadeur de France, Mme Boccoz m’appela pour m’annoncer une « bonne nouvelle ». Je m’attendais à tout mais pas à recevoir une telle distinction. Quelle surprise! Quel honneur ! J’ai tout de suite pensé alors à mon ami le sénateur André Ferrand. Cela ne pouvait venir que de lui pour être honoré une deuxième fois et de quelle façon ! André et moi, c’est une histoire de plus de douze ans maintenant. En octobre 1995 lors de notre première rencontre, à ce qui s’appelait encore le Collège Marie-­‐José, le courant était tout de suite passé entre nous deux. Car lui comme moi, mais lui sans doute avant moi, avions compris que nous étions des hommes d’actions. Pas de paroles inutiles, pas de langue de bois. Les situations de part et d’autres étaient décrites avec réalisme et nous précisions chacun ce qui était possible de faire ou d’obtenir et ce qui ne l’était pas. Cher André, je te remercie pour ton amitié et pour la confiance que tu as placé en moi. Notre amitié n’est pas fortuite, je partage avec lui un même amour… J’aime la langue française. Une langue est quelque chose d’extraordinaire, c’est beaucoup plus qu’un moyen de communication, je dirais c’est un véritable microscope. Chaque langue, le Néerlandais, l’Anglais -­‐ l’Arménien – sont des langues intéressantes, car on découvre en même temps que la langue, l’âme et le génie du peuple qui la parle. J’aime par dessus tout le français. Quelle langue merveilleuse! Comment ne pas aimer dès lors la France et la culture française! Cette langue qui arrive à exprimer les nuances les plus subtiles et qui est bien à l’image de la France. Un pays, libre, ouvert et où les discussions se mènent à certains moment avec simplicité à d’autres avec un brio extraordinaire. La langue française est bien la charpente de sa liberté et de la force de sa culture. Vous comprenez maintenant pourquoi je tenais tellement à ce que mes filles soient éduquées en français et qu’un Lycée français soit présent dans notre ville d’Anvers afin que d’autres aussi aient cette opportunité. Poussé par mon ami André, j’ai œuvré pendant dix ans pour que notre établissement prenne racine et s’épanouisse en Flandre. Pendant cette période, j’ai énormément appris. Celui qui a été mon mentor et un élément clef dans cette aventure fut Marcel Delaunois, le proviseur du Lycée Jean Monnet à cette époque. C’est lui qui m’a appris le « métier » (il faut bien l’appeler ainsi) de président d’un comité de gestion d’une école. Chez lui aussi, mathématicien de formation, pas de paroles inutiles. Après m’avoir reçu la deuxième fois, au mois de mars, il m’a dit « Résumons, vous n’avez pas d’argent pour payer les professeurs à partir du mois prochain, vous devez réduire le personnel de 30% sans pouvoir payer les préavis et vous aller changer de système scolaire à la rentrée? Vous allez être un homme occupé l’année prochaine Monsieur Gumuchdjian ». 17 ans ont passés et le Lycée français est toujours là. Ce succès je ne l’ai pas fait seul. Je voudrais remercier ceux qui au conseil d’administration à l’époque m’ont aidé et sans qui cette école ne serait pas là aujourd’hui. Tout d’abord Anelga Arslanian, je ne sais pas si elle se souvient mais c’était elle qui a jeté le vote décisif qui a fait penché la balance lorsque le conseil d’administration devait choisir entre devenir une école française ou être repris par l’école américaine. Je remercie également Antoine Friling, Jacques Delen, Jean Fréderic Brion, Françoise de Oliveira, la proviseur adjoint du Lycée Jean Monnet et Brigitte Pluys, une « dame de fer » qui a été mon bras droit au conseil. Je remercie également Alain Audet, le président de la chambre de commerce qui m’a donné de nombreux précieux conseils et Muriel Philippe qui est encore passionnément attachée au Lycée. On ne peut pas être président d’une école sans aimer le monde de l’éducation et l’éducation des enfants en particulier. Avec différents proviseurs nous avions discuté ensemble de projets qui devraient être mis en place. Par exemple, il faudrait introduire un cours sur « l’écoute » qui mènerait tout naturellement à un cours sur la « résolution de conflit ». Dès le plus jeune âge on devrait apprendre à nos enfants comment écouter activement. En apprenant à résoudre les conflits entre eux, ils deviendront les futurs humanistes de demain. Vous voyez, dans le domaine de l’éducation, rien n’est figé. J’ose espérer que cette décoration ne m’a pas été accordée uniquement pour mon travail au Lycée français. J’aime le travail associatif. Comme le dit Fernand Rahier, un professeur du Lycée fusillé en 1943, dans un livre fascinant écrit en captivité « Un homme doit d’abord gagner sa vie pour assurer la subsistance de sa famille, passé un certain degrés de confort, il doit aider la société dans laquelle il vit » J’ai donc été administrateur dans différentes associations de mon métier. Coïncidence, j’étais à peine devenu président de l’association des négociants en diamant taillés que nous nous retrouvons contraints à lancer deux grandes initiatives juridiques. L’une en 2005 contre la commission européenne pour assurer un marché libre dans le diamant, l’autre en 2007 pour arrêter une nouvelle taxe arbitraire sur le chiffre d’affaires. Le hasard du calendrier veux que les dates finales d’audience ont lieu en ce moment, à un mois d’écart ; l’une vient d’être plaidée devant la cour constitutionnelle de Belgique il y a deux semaines et l’autre sera plaidée devant la cour européenne à Luxembourg le mois prochain. Je suis aussi très impliqué depuis six ans maintenant dans la communauté arménienne de Belgique et ce travail me touche évidemment très profondément. Il y là aussi beaucoup de travail à faire dans ma communauté et dans les relations avec d’autres sur la tolérance et l’écoute. Je suis aussi fort investi depuis quelques mois dans un grand projet de rénovation. Un immeuble de 1300m2. Cela me prend aussi beaucoup de temps mais me donne beaucoup de satisfaction car le résultat dépassera de loin ce que nous avons connu jusqu’à présent. Ma passion comme beaucoup d’entre vous le savent est la voile. En octobre 2009 après deux années de préparation, j’ai entamé un tour du monde par étape. Je m’absente deux à trois mois pour aller avec mon bateau puis je rentre en Belgique et je continue l’année suivante. Avec Nastassia, ma fille ainée ici présente, nous avons traversé l’Atlantique puis descendu jusqu’à Ushuaia. Avec Tatiana ma deuxième fille, j’ai traversé le Pacifique jusqu’en Polynésie française. Le point commun entre ce tour du monde et mes autres occupations associatives, vous le devinez peut être, c’est le gout de l’aventure. Mais les similitudes ne s’arrêtent pas là. A partir du moment où l’objectif en vaut la peine, les méthodes sont les mêmes: il faut se préparer soigneusement, prendre la décision d’y aller et puis agir avec résolution devant les situations difficiles qui surgissent. Les succès que j’ai connu en mer, comme sur terre, je le dois à mon sens marin. Car ce n’est pas qu’en mer qu’il faut savoir d’où vient le vent… Il faut pouvoir l’utiliser d’où qu’il souffle pour avancer vers son objectif -­‐ et être patient si le vent est contraire Lors de ma première remise de décoration, le consul général avait dit « une décoration ne sert pas tant à récompenser le travail accompli que pour encourager le travail à venir ». Je vous avoue que je pensais me retirer un jour du Lycée, cela attendra maintenant. Car une nouvelle aventure attend. Celle de développer la section bilingue français-­‐
néerlandais de notre Lycée pour en faire à terme un vrai Lycée franco-­‐flamand. L’objectif est très séduisant et l’aventure tentante. Mais les obstacles sont nombreux et il faudra encore bien se préparer. Permettez moi de terminer avec quelques remerciements. Cher André je tiens à te remercier encore une fois d’avoir fait ce geste pour moi et de t’être déplacé de Paris spécialement pour cette occasion, ton affection et ton soutien me vont droit au cœur. Je tiens aussi à vous remercier madame l’Ambassadeur. Plus que chacun de vos prédécesseurs, vous vous êtes vraiment investi dans notre école. Votre engagement m’a personnellement fait très fort plaisir. Je remercie enfin mes trois filles pour la joie qu’elles m’apportent en étant devenues ce qu’elles sont. Je sais qu’elles saurons elles aussi partir à l’aventure dans des projets qui leur tiennent à cœur. Je remercie ma maman qui est un exemple d’énergie et de sagesse et qui n’a pas hésité à venir de New York pour être ici aujourd’hui. Je voudrais enfin remercier ma compagne Marleen qui accepte mes innombrables et interminables réunions en comprenant les raisons de ce travail. Avec son amour et un humour dont elle ne se sépare jamais, elle m’est, plus que jamais, aussi précieuse que le plus beau diamant.