Procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l`est

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Procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l`est
Jacques Roehrig
Procès de sorcellerie
aux xvie-xviie siècles
dans les terres de l’est
(Alsace, Franche-Comté, Lorraine)
CHAP.
1
De la magie à
la sorcellerie
À quel moment de l’histoire humaine le sorcier a-t-il fait parler
de lui ? Encore faut-il s’entendre sur ce qu’il est exactement. Dans un
premier temps, nous nous contenterons du sens primitif tel qu’il apparut
au viiie siècle sous le terme latin sorcerius, lequel signifie « diseur de
sorts ». Son rôle évoluant avec le temps, nous examinerons la véritable
implication du sorcier lorsque la traque des xvie et xviie siècles aura
atteint sa pleine mesure pour proposer une définition de la sorcellerie.
Quant à la magie, nous rappellerons simplement la définition du
dictionnaire Le Petit Robert, à savoir « l’art de produire, par des procédés
occultes, des phénomènes inexplicables ou qui semblent tels ».
Rites magiques ou religieux ?
En tout cas, à l’ère préhistorique, entre l’apparition de l’homme
et celle de l’écriture, aucune trace ne laisse clairement supposer
l’existence parmi nos lointains ancêtres d’un personnage qui pourrait
correspondre au profil d’un diseur de sorts. En revanche, nul ne peut
douter que l’environnement hostile en ces temps – colères fulgurantes
et tonitruantes du ciel, dérèglements climatiques, animaux carnassiers
et mastodontes irascibles – suscita chez les hominiens des peurs
obsessionnelles, irrépressibles, sans oublier la permanente angoisse de
manquer de nourriture et la crainte de rencontrer toute chose qu’ils
n’avaient pas coutume de côtoyer. La magie ne serait-elle pas née au
procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l’Est
moment où l’homme, errant dans un monde inconnu, a cherché à se
défaire de l’angoisse qu’il lui inspire grâce à des forces qu’il possède
au tréfonds de son être quand il lutte pour sa survie ? La magie aurait
donc été, à son origine, le moyen pour lui de surmonter ses peurs.
Tout logiquement, ou plutôt instinctivement, nos lointains parents
en se regroupant en tribus familiales regroupèrent leurs peurs pour
mieux les contenir. De plus, pour se concilier les « mauvais esprits »,
on peut imaginer qu’ils recoururent aux suppliques incantatoires, les
plus sensibles d’entre eux s’érigeant en médiateurs auprès des forces
occultes. L’ethnologue, également préhistorien de renom, André
Leroi-Gourhan avance même l’existence de cultes chamaniques
au paléolithique, au motif que les grandes lignes de la pensée sont
communes à tous les hommes. Les peintures et les gravures ornant
les parois des grottes sont-elles les empreintes laissées par des prêtresmagiciens, précurseurs des chamanes des steppes d’Asie centrale ?
Comme si leurs auteurs avaient voulu les cacher à leurs semblables,
ces œuvres ont été conçues au plus profond des cavernes, dans des
endroits sombres et difficilement accessibles, et ne peuvent donc
être des créations à vocation artistique. Sont-elles alors d’inspiration
magique ou religieuse ? La représentation d’animaux percés de flèches,
si fréquente, n’est-elle pas, comme le suggère l’éminent abbé Henri
Breuil, l’expression d’une volonté de possession et de domination à
seule fin d’augurer des chasses abondantes et conjurer de la sorte la
famine ? En Ariège, dans la grotte des Trois-Frères découverte en
1914, des centaines de dessins d’animaux ornent les parois ; parmi eux,
on distingue la silhouette de deux hommes, figuration humaine qui,
faut-il le souligner, est rarissime. L’un des deux, selon les spécialistes
de l’art pariétal, semble se livrer à une danse d’envoûtement comme
s’il eût voulu que la forêt à l’entour demeurât giboyeuse le plus
longtemps possible6. Au vu de ces esquisses incantatoires, on peut
affirmer que se nourrir a été la principale préoccupation des premiers
hommes. Un autre abbé archéologue, qui plus est spéléologue, André
Glory, découvrit en avril 1938 à Wettolsheim, village alsacien proche
de Colmar, plusieurs squelettes datant de la fin du néolithique.
6 René Laquier, Magie blanche, magie noire, en ville rose, Portet-sur-Garonne, 2003, p. 10.
10
De la magie à la sorcellerie
Après les avoir débarrassés soigneusement de leur gangue terreuse, le
méticuleux exhumateur fut intrigué en constatant que tous les corps
étaient orientés la tête vers l’ouest, comme si les officiants de ces
pompes funèbres avaient voulu que le regard des défunts fixât à jamais
le soleil couchant : horizon crépusculaire du monde qu’ils viennent de
quitter ou portail donnant sur l’autre monde, le monde chthonien de la
mythologie grecque7 ? Cette dernière demeure de terre n’évoque-t-elle
pas le fond de leur caverne, sorte de sas entre le jour qu’ils viennent de
quitter pour disparaître dans la nuit de l’inconnu ? Rites magiques ou
religieux ? Question sans réponse, jusqu’à présent.
Magie païenne et magie démoniaque
À l’ère de la préhistoire succède l’Antiquité, période que l’on date entre
l’an 3500 avant l’ère chrétienne et l’an 500 de celle-ci. La connaissance
que nous avons de cette période se résume essentiellement au monde
polythéiste des mythologies grecque et romaine, aux chevaliers de
l’épopée celtique et à l’avènement du christianisme dont les apôtres,
disciples du Christ et militants du monothéisme, seront les fervents
propagandistes. Et la magie n’a pas manqué de hanter nos antiques
ancêtres qui, cette fois-ci, nous ont laissé des traces matérielles, les
premières étant des tablettes de Chaldée vieilles d’au moins vingt-huit
siècles et sur lesquelles se trouvent gravées des prédictions astrologiques.
L’astrologie, assurément, a été l’une des premières expressions de la
magie ; on peut supposer que les tout jeunes paysans du néolithique,
au moment des récoltes, ne cessaient de scruter le ciel et d’invoquer sa
bienveillance. Bien plus tard, lors des conquêtes expansionnistes des
légions romaines, nul César n’aurait osé s’aventurer dans une guerre
sans être accompagné d’astrologues et autres devins, mais gare aux
prophètes lorsque leurs auspices ne correspondaient pas aux désirs du
commanditaire...
7 André Glory, À la découverte des hommes préhistoriques, Paris, 1944, p. 137.
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procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l’Est
Mais la magie de l’Antiquité la mieux connue est celle de la
mythologie gréco-romaine avec ses dieux et demi-dieux que prêtres et
magiciens apostrophent directement et, parfois, sans ménagement. La
magie de ces temps anciens est faite principalement d’enchantements
ou d’apparitions spectrales, à l’exemple de Circé qui, au moyen d’un
breuvage, métamorphosa les compagnons d’Ulysse en cochons, ou
d’Hécate, laquelle effrayait les mortels en lâchant des monstres qui, dans
les ténèbres de la nuit, prenaient mille formes. On désigne souvent celleci comme étant la novatrice de la sorcellerie, qualification impropre
car nous verrons un peu plus loin que, malgré son art maléfique et
son titre de déesse des Enfers, elle ne répond pas à la définition de
la sorcière. Le culte religieux rendu à ces faiseurs de prodiges et de
fantasmagories est si fortement imbriqué à la magie qu’il est bien
difficile de distinguer leur domaine respectif ; aussi cette symbiose
est-elle fréquemment reprise sous le nom de théurgie8, d’autant plus
qu’avec l’intégration des divinités intermédiaires ou inférieures, Platon
et les néoplatoniciens assimilèrent ces dernières aux démons : les bons
démons avaient droit aux hommages et aux actions de grâce tandis
que les mauvais étaient l’objet de conjurations et de purifications. Dans
le même temps, pour les Hébreux, les anges étaient les bons démons
alors que Satan et sa troupe d’anges déchus étaient les mauvais. Le
polythéisme et le monothéisme se rencontraient, face à face. La magie
sera l’un des enjeux de cette rivalité théocratique.
L’origine de cet antagonisme remonterait à Moïse, soit, selon la
Bible, près de treize siècles avant notre ère. Il fut l’ardent champion
d’un dieu unique et universel. Pour les partisans du nouveau culte, les
rites païens et la magie qui les accompagnait se réduisaient à adorer
des divinités infernales. Aussi les nouveaux censeurs ne cessèrent-ils
de harceler leurs prêtres et servants, lesquels durent subir également
les poursuites des autorités païennes, poursuites qui, paradoxalement,
s’accentuèrent à mesure que s’implantait la nouvelle religion. Il y a lieu
de noter que la justice sanctionnait avant tout le dommage matériel
8 L.-F. Alfred Maury, La Magie et l’Astrologie dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Paris, 1860, p. 90.
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De la magie à la sorcellerie
causé aux tiers ; ainsi l’un des articles des Douze Tables, lois du milieu
du ve siècle av. J.-C., condamnait-il ceux qui, au moyen d’incantations,
dérobaient les récoltes de leurs voisins9. La répression atteint son
paroxysme lorsque, avec l’avènement du christianisme, les empereurs
romains en devinrent les zélés protecteurs, à l’instar de Constance
qui, en l’an 357, promulgue une loi menaçant de mort les devins et
les mages10. La magie n’était plus punie pour ses atteintes purement
physiques, mais pour sa transgression à la loi de Dieu, les opérations
de magie visant, selon les tenants de la nouvelle religion, à établir entre
les mortels et les maîtres des cieux un commerce démonique. Païenne
au début de l’Antiquité, la magie se satanisa au fur et à mesure qu’elle
approchait du Moyen Âge.
Entre ces deux bornes temporelles s’intercale une autre mythologie,
celle des Celtes avec ses dieux et déesses à foison, ses fées et ses
druides magiciens. Ce groupe de peuples essaima sur une grande
partie de l’Europe occidentale du viiie siècle au dernier siècle av. J.-C.,
son influence se poursuivant bien après, notamment en Irlande, le
caractère insulaire de ce pays ayant certainement préservé celui-ci de la
romanisation. Parmi les dieux de la mythologie irlandaise, distinguons
d’abord Dianceht ; expert en magie et en médecine, il ressuscitait les
morts en les plongeant dans la Fontaine de santé. Dagda, autre dieu
irlandais, pouvait assouvir la faim de tous grâce à son chaudron dont
le contenu était inépuisable. Comme on peut le constater, cette magie,
du point de vue des effets, s’apparente à celle des dieux gréco-romains.
Contrairement aux hiérophantes d’Éleusis, les druides ne se bâtirent
point de temple, se contentant, pour accomplir les rites de leur religion,
de dolmens, autels en plein air aux mégalithes si imposants qu’on se
demande encore comment ils ont pu être dressés.
9 Jean-Michel Sallmann (sous la direction de), Dictionnaire historique de la magie et des sciences
occultes, Paris, 2006, p. 443.
10 Thomas de Cauzons, La Magie et la Sorcellerie en France, réimpression en 2007 de l’édition
Dorbon-Aîné, Paris, 1910, tome 1, p. 5.
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procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l’Est
Magiciens de Dieu et diableries
Quittons l’Antiquité pour le Moyen Âge. De siècle en siècle, l’emprise
de l’Église est de plus en plus tentaculaire. Tant sur le plan spirituel
que sur le plan séculier, son autorité s’affirme jusqu’à être au xiie siècle
omnipotente. Toutefois, elle peine encore à contrer les superstitions
dont une grande partie émane de l’ancienne religion. Plutôt que de les
combattre de front, l’Église juge plus opportun de leur substituer ses
propres rites. Aussi façonne-t-elle une espèce de palimpseste sur lequel
elle réécrivit, au lieu et place des anciennes croyances, les siennes et, tout
naturellement, les églises furent construites sur d’anciens temples, les
saints succédèrent aux dieux et héros de l’Antiquité, les fêtes religieuses
remplacèrent celles des adorateurs de la nature et du cosmos, les oraisons
supplantèrent les incantations païennes. Comme l’a si joliment formulé
en 1891 le docteur-écrivain Charles-Alban Fournier : « Au Moyen
Âge, tout ce qui du paganisme ne fut pas absorbé par le christianisme,
devint la part du sorcier11. » Tout logiquement, le christianisme opposa
sa propre magie à celle du Diable, notamment par le truchement de
ses saints, à l’exemple de saint Nicolas qui, en l’an 1240, le cinquième
jour de décembre, entendit parmi les mille appels venant de la Terre
celui de Cunon, sire de Réchicourt, lequel, prostré au fond d’un cachot
sarrasin de Palestine, l’implorait de le délivrer afin qu’il puisse revoir
les siens avant qu’il ne meure. Ni une ni deux, le saint patron propulsa
par les airs le languissant chevalier, lequel en une fraction de seconde
se retrouva en l’église de Saint-Nicolas-de-Port, libéré de ses chaînes12.
En Alsace, dans la petite commune d’Avenheim, saint Ulrich fit jaillir
à l’aide de son bâton une eau miraculeuse qui avait la propriété de
guérir la « maladie de consomption », connue aussi sous le nom de
« maladie de langueur » ; ce mal, donné ordinairement par la sorcière,
avait pour effet de fossiliser peu à peu le corps de la victime jusqu’à être
« sec comme du bois13 ». Pour les clercs, la rédaction des hagiographies
11 Charles-Alban Fournier, « Une épidémie de sorcellerie en Lorraine aux xvie et xviie siècles », Les
Annales de l’Est, 1891, p. 228.
12 Philippe Duley, Saint Nicolas, Éditions de l’Est, 1993, p. 27.
13 Jacques Rœhrig, L’Holocauste des sorcières d’Alsace, Strasbourg, 2011, p. 36.
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De la magie à la sorcellerie
avait surtout pour objet de montrer aux paysans* que le christianisme
a les meilleurs magiciens, d’autant que ceux-ci pratiquent une magie
absolument bénéfique, les saints ayant, entre autres compétences, la
faculté de guérir les maladies ou de nous en préserver. À l’inverse,
la magie du Diable est foncièrement malveillante, même si cet ange
déchu n’inspira que peu de crainte durant la première moitié du Moyen
Âge ; il fut même le jouet de nombreuses mystifications. Il n’est pas un
recueil de légendes et de croyances populaires qui n’évoque une histoire
de Diable berné. Combien de ponts ou d’églises furent construits à
bon compte ! Faute de temps ou de moyens, on n’hésitait pas à faire
appel à son talent de constructeur ; généralement, celui-ci réclamait
en échange l’âme du premier quidam qui traverserait l’ouvrage. Au
petit matin – une nuit suffisait –, le malin bâtisseur attendait avec
impatience l’âme promise, et que voyait-il arriver ? Une pauvre bête
tout apeurée ! À Pont-à-Mousson, sur le pont enjambant la Moselle,
les riverains avaient lâché un affreux bâtard de chien tandis que du
côté du Rhin, à Aix-la-Chapelle où le Diable avait accepté de terminer
l’érection de la cathédrale, les malicieux édiles avaient libéré à l’entrée
de l’édifice un vieux loup efflanqué. De même, le public jamais ne se
lassait d’assister devant les tréteaux dressés sur la place du village à
l’une des représentations des Mystères, genre de théâtre médiéval où le
rôle du Diable est toujours celui du vaincu. Jusqu’au xiiie siècle, l’Église
se montra à l’égard de ses ouailles une bienveillante matrone. Cette
attitude changea à partir du moment où sa position dominante fut
contestée et qu’elle ne considéra plus Satan comme un simple maître
de l’illusion.
Le temps des sorcières
Sur le plan de la terminologie apparaît au viiie siècle dans des textes
latins le terme de sorcerius (ou sortiarus en latin populaire) pour désigner
le magicien, un magicien qui, toutefois, est étymologiquement un
« diseur de sorts » qu’on transpose aujourd’hui par « jeteur de sorts » ;
de ce nouvel art occulte seront dérivés en ancien français du xiie siècle
sorcer (sorcier) et sorceresse (sorcière) alors que le mot « magie » fera
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procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l’Est
place à « sorcerie », mot doublonné au siècle suivant par « sorcellerie ».
Cette évolution terminologique n’est pas fortuite ; elle traduit en effet
l’avènement d’une nouvelle magie : celle du Diable. En somme, la
sorcellerie, c’est de la magie diabolique. C’est la raison pour laquelle
les procès de sorcellerie ont systématiquement pour protagonistes le
Diable et ses affidés humains, les sorciers et sorcières. A contrario, dans
les affaires occultes où tout caractère diabolique est absent, on parlera
seulement de magie : blanche lorsqu’elle est salutaire, noire lorsqu’elle
est malfaisante.
L’appareil judiciaire refléta cette évolution. Bien loin le temps de
Moïse où l’une de ses lois énonçait en l’Exode (XXII, 18) ces mots
terribles : « Tu ne laisseras point vivre la magicienne », le haut Moyen
Âge apparaît plutôt tolérant à l’endroit des magiciens. La loi salique, loi
des Francs, prévoit en son article III, Titre XXI que « celui qui aura jeté
un sort (maleficium) sur un autre homme » sera puni d’une amende.
En l’an 589, le concile de Narbonne ordonne de fustiger (fouetter) les
devins et punit également d’une amende ceux qui les consultent. Plus
tard, en l’an 805, Charlemagne, dans ses Capitulaires, tout en déclarant
fermement qu’il faut châtier les enchanteurs, les fabricants de philtres
ou de ligatures, les devins, recommande cependant que leur « examen
doit être assez modéré pour épargner leur vie ; les malheureux seront
gardés en prison jusqu’à ce que, par l’inspiration divine, ils promettent
la correction de leurs péchés14 ». En revanche, à partir du xiiie siècle et
jusqu’à la fin du Moyen Âge, la répression judiciaire va aller crescendo,
l’Église étant l’inspiratrice, sinon l’instigatrice de cette persécution.
En 1233, aux fins de démasquer plus efficacement les hérétiques et de les
condamner, le pape Grégoire IX installe officiellement les Dominicains
aux commandes de l’Inquisition, la direction de ce tribunal étant
jusqu’alors dévolue à l’épiscopat. Quelques années après, en 1252, avec
sa bulle Ad extirpanda, le pape Innocent IV approuve le recours à la
torture, son application étant toutefois confiée au pouvoir civil. Entre
1320 et 1350, dans le Languedoc dont Toulouse est la capitale ont lieu
14 L’Europe des sociétés secrètes, ouvrage collectif publié par Sélection du Reader’s Digest, Paris, 1980,
p. 292.
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De la magie à la sorcellerie
les premières chasses collectives ; durant cette période, l’Inquisition de
Carcassonne aurait jugé 400 sorciers et sorcières dont la moitié aurait
été brûlée, alors qu’à Toulouse même, sur 600 personnes poursuivies,
près de 400 auraient péri sur le bûcher15. Le pape Jean XXII publie
en 1326 la bulle Super illius specula qui assimile la sorcellerie à la pire
des hérésies ; en conséquence, les inquisiteurs auront toute latitude
de traquer un plus grand nombre de déviants ou supposés tels. Cette
traque va s’accentuer d’autant qu’à partir du xve siècle l’Église croit à
la réalité des sabbats ; elle est à présent convaincue que les sorciers et
sorcières, en se réunissant secrètement la nuit, constituent une secte
conspiratrice dont l’objectif est de troubler l’ordre social, le gourou de
cette secte étant évidemment le Diable. Se référant à la bulle du pape
Innocent VIII Summis desiderantas affectibus de 1484, laquelle exhorte à
réprimer plus durement les crimes de la sorcellerie jusqu’à supprimer
physiquement leurs auteurs, les inquisiteurs Institoris et Sprenger
publient deux ans plus tard le Malleus maleficarum. Diffusé à grande
échelle dans toute l’Europe sorceleuse grâce à la récente invention de
l’imprimerie, cet ouvrage, qui traite principalement des agissements de
la sorcière et de la conduite des procès de sorcellerie, a été le livre de
chevet des pourfendeurs des ferventes vassales de Satan. Près de trois
millénaires après la sinistre sentence de la loi mosaïque condamnant
à mort la magicienne, les démonologues des Temps modernes ont
actualisé cette sentence par celle-ci : « Tu ne laisseras pas vivre la
sorcière. »
Paradoxalement, c’est au moment où l’Église, après avoir
expérimenté la procédure inquisitoriale contre les hérétiques, est sur le
point de l’étendre contre les sectateurs du Diable, qu’elle est contrainte
de renoncer à juger les auteurs du crime de sorcellerie. En effet, dans
la plupart des États européens, les autorités civiles décident, par pure
raison politique, de prendre la maîtrise de l’épuration sorcellaire et de
récuser les tribunaux de l’Inquisition au profit des tribunaux laïques.
Dès lors, sous la pression harcelante du monde ecclésiastique – lequel
par cette participation active compense son éviction de l’instruction des
15 Thomas de Cauzons, op. cit., tome 2, p. 359.
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procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l’Est
procès de sorcellerie –, les poursuites enclenchées par la justice laïque
se multiplient à tour de bras ; pis ! les inquisiteurs laïques n’hésiteront
pas à se montrer beaucoup plus zélés que ceux du pape. Du xvie siècle
jusqu’au milieu du xviie siècle, l’Europe chrétienne brûlera de toutes
parts et, comme nous le constaterons, près des trois quarts des victimes
sont des femmes : c’est le temps des sorcières.
Quant à définir la sorcellerie, il est plus sage d’attendre l’analyse des
procès et les attendus des sentences pour en connaître la substance.
Pour l’instant, de ce qui précède, nous pouvons inférer seulement que
la sorcellerie serait née avec le monothéisme, c’est-à-dire à l’instant
où l’Homme a pensé que le monde où il vit est l’œuvre d’un Dieu
unique, lequel ne peut donc avoir de rival. Même ledit Satan ne peut
lui être opposé ; certes ce dernier cherche à le supplanter, à l’égaler à
tout le moins, mais le Prince de ce monde, ainsi que le nommèrent le
Christ et les Pères de l’Église, ne doit pas oublier qu’il n’agit qu’avec
la permission de Dieu même pour accomplir les plus viles besognes,
car, comme l’affirme saint Augustin : « Dieu seul, permet que le mal
advienne pour le bien de l’homme16 » ; en conséquence, les prodiges de
Satan ne sont point des miracles divins, mais des actes de sorcellerie,
ou mieux des maléfices. La sorcellerie serait en somme de la magie
satanique. Voilà une ébauche de définition de cette magie maléfique
que l’on peut proposer pour le moment.
Vers la fin du Moyen Âge, la sorcellerie connaîtra une profonde
mutation. En effet, jusqu’à cette période, elle était plutôt considérée
comme relevant du domaine de la croyance populaire. En revanche, à
partir du xive siècle, la sorcellerie devient une véritable menace, l’Église
est à présent convaincue de la réalité des sabbats, conviction d’autant
plus forte depuis que la sorcellerie, par décision papale de 1326, est
taxée d’hérésie. De croyance folklorique, la sorcellerie est devenue un
culte dissident qui rassemble des fidèles ayant pour maître le Diable,
l’antithèse de Dieu. Cette horrible déviance doit être combattue sans la
16 Henry Institoris et Jacques Sprenger, Malleus maleficarum, édition de 1582 traduite du latin par
Amand Danet, Grenoble, 2009, p. 154.
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De la magie à la sorcellerie
moindre faiblesse : mort aux renégats ! Voici venu le temps des procès
de sorcellerie.
La sorcellerie retenue comme chef d’accusation dans les premiers
procès est surtout l’expédient auquel recourent certains puissants
pour se débarrasser en toute légalité d’individus encombrants ou
potentiellement dangereux. Spécialement intentés au nom de la raison
d’État, ces procès participent d’agissements politiques. Le plus célèbre
d’entre eux est celui de Jeanne d’Arc. Missionnée directement par Dieu
pour bouter les Anglais hors du royaume de France, Jeanne s’attira, en
retour, les foudres du haut clergé, qui souffrit d’avoir été tenu à l’écart
de l’intercession divine, ainsi que la hargne de l’occupant, honteux
d’avoir été mis en pièces par un « petit bout de femme ». Aussi, après
sa capture à Compiègne, les rancuniers dignitaires ecclésiastiques et les
godons* revanchards se hâtèrent d’instruire son procès : les premiers
s’employèrent à trouver soixante-dix chefs d’accusation solidement
argumentés dont le plus grave la désignait comme apostate17 ; les
seconds, par la voix du duc de Bedford, prétendaient qu’elle avait été
envoyée par le Diable comme chef de guerre de l’ost du roi de France,
une façon pour eux de minimiser leurs défaites en accusant Jeanne
d’être l’instrument du Diable18.
Le 30 mai 1431, la jeune Jeanne – elle avait à peine dix-neuf
ans – était brûlée vive. Voulant empêcher à tout prix l’émergence
d’un culte johannique et la vénération de la moindre relique, le
cardinal de Winchester avait ordonné trois crémations successives19.
Vaine précaution ! Déjà fabuleuse de son vivant, l’épopée de Jeanne
la Pucelle allait se mythifier. En 1456, vingt-cinq ans après été jugée
et condamnée à mort comme sorcière, un second procès annule
le premier, le déclarant « nul, non avenu, sans valeur ni effet » et
réhabilite entièrement Jeanne et sa famille. Enfin, Jeanne d’Arc sera
béatifiée en 1909, puis canonisée onze ans plus tard. Sainte après avoir
été sorcière, voilà un destin miraculeux !
17 François Ribadeau-Dumas, Dossiers secrets de la sorcellerie et de la magie noire, Paris, 1971, p. 160.
18 Xavier Yvanoff, La Sorcellerie médiévale, Agnières, 2008, p. 391.
19 Olivier Bouzy, Jeanne d’Arc en son siècle, Paris, 2013, p. 275.
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procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l’Est
Ces procès où la sorcellerie sert de prétexte pour liquider sous un
semblant de légalité quiconque représente un obstacle à la puissance
souveraine sont essentiellement des procès occasionnels. À partir du
xve siècle, les procès de sorcellerie changent de cible ; désormais, ils
visent un public beaucoup plus nombreux : celui d’un groupe social
que l’État désigne au peuple comme étant la cause de ses malheurs.
Cette fois-ci, la sorcellerie est utilisée comme moyen pour détourner la
colère populaire qui menace d’exploser. Ce procédé par lequel on fait
porter par d’autres sa propre responsabilité, et connu habituellement
sous le nom de « bouc émissaire », est hélas une solution de facilité
que n’hésitent plus à choisir bon nombre de gouvernants. Dans le cas
présent, les monarques et dignitaires, aussi bien religieux que laïques,
s’empresseront d’accuser le Diable et ses acolytes, les sorciers. Voici
venu le temps de brûler en masse les sorcières…
20
CHAP.
2
L’Europe des sorcières
Avant de présenter le bilan de la traque aux sorcières dans les
régions d’Alsace, de Lorraine et de Franche-Comté, découvrons celui
qui se rapporte à l’ensemble des pays de l’Europe occidentale des xvie
et xviie siècles tout en sachant qu’il y a eu auparavant d’autres chasses
aux sorcières, certes de moins grande envergure, mais tout aussi
impitoyables. La plus ancienne date des années 1220-1230 ; convaincu
qu’une secte infernale hantait le territoire de l’archevêché de Mayence,
Conrad de Marbourg, inquisiteur de Germanie, terrifia son monde à
réclamer sans cesse le bûcher contre les suppôts de Lucifer ; en 1233,
il fut assassiné dans des circonstances obscures. Avait-il suscité tant
de détestation pour mériter une telle fin ? Plus tard, de 1428 à 1438,
deux cents sorciers et sorcières furent brûlés dans le diocèse de Sion,
bourgade suisse. Il est à signaler que du côté français, à peu près à
la même époque, de 1426 à 1449, Claude Tholosan, juge laïque du
Briançonnais, mena une lutte acharnée contre les sorciers. Pourquoi
une telle activité sorceleuse dans ces zones montagneuses ? Les Alpes
étaient-elles un refuge, un repaire des supposés agents du Diable ?
Contentons-nous pour l’instant de l’observation que l’historien
néerlandais Johan Huizinga énonce dans son livre L’Automne du Moyen
Âge en affirmant que « les pays de magie et de sorcellerie sont surtout les
pays de montagne ». Enfin, en 1459, eut lieu le procès des « vaudois »
d’Arras ; sur trente-deux inculpés, douze périrent en place publique
dans les flammes.
procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l’Est
Au cours des deux siècles suivants, les xvie et xviie, s’inscrit ce que les
historiens de notre temps appellent « la grande chasse aux sorcières ».
Son intensité ne fut pas linéaire, mais connut des périodes de fièvres
et d’accalmies parfois ponctuées de vifs soubresauts. Grosso modo,
la chasse proprement dite s’étendit de 1580 à 1650 avec des pointes
décalées dans le temps selon les pays.
Bilan européen
de la grande chasse aux sorcières
Sur le plan géographique, la répression commence au cours de la
première moitié du xvie siècle dans les territoires où l’Inquisition a fait
ses premières armes contre ceux qui ne sont pas de vrais catholiques,
notamment en Espagne et en Italie. Dans le premier de ces deux
pays, la traque vise principalement les Juifs et les Arabes ainsi que les
marranes et les morisques, ces Espagnols juifs ou musulmans convertis
en apparence à la religion officielle ; dans le pays du siège pontifical,
ce sont les partisans de Martin Luther qui sont pourchassés. Durant la
seconde moitié du xvie siècle, l’épidémie sorcellique contamine les pays
voisins, le royaume de France, les territoires du Benelux et les États
du Saint Empire romain germanique, puis traverse la Manche pour se
répandre dans les îles Britanniques, poursuit ensuite dans la seconde
moitié du xviie siècle sa progression jusqu’en Scandinavie et achève
au-delà du xviie siècle son efflorescence en Europe orientale.
Au terme de ces deux siècles de traque, quel est réellement le bilan ?
Pour tout dire, il est peu certain qu’il puisse être établi de manière
définitive. En effet, le total général des victimes doit théoriquement
correspondre à la somme des résultats par pays ou contrées ; or cette
sommation est encore trop lacunaire à ce jour, même si l’on s’en tient
aux seuls critères concernant le nombre de victimes poursuivies au
titre de la sorcellerie et celui des victimes condamnées à mort. Les
chiffres s’affineront au fur et à mesure que seront produites des études
ciblées par pays. Néanmoins, partant des données déjà existantes et
de leurs propres recherches, des historiens, entre autres le Français
22
L’Europe des sorcières
Robert Muchembled, les Allemands Kurt Baschwitz et Rita Voltmer,
les Américains Brian Levack et E. William Monter, se sont employés
à définir le plus objectivement possible l’étendue et l’intensité de cette
persécution qui a eu lieu, faut-il le rappeler, dans la partie chrétienne
de l’Europe postmédiévale. Le tableau que nous livrons ci-après est le
résultat, après compilation, comparaison et croisement des données,
des chiffres recueillis dans les ouvrages et documents publiés ces
dernières années où, bien souvent, figure le nombre de procès, mais
pas celui des inculpés. Les chiffres retenus représentent une hypothèse
basse car il faudrait ajouter le nombre d’accusés et de condamnés
dont on n’a plus de trace, les minutes des procès ainsi que les actes
annexes à ces documents ayant disparu, soit à la suite de circonstances
accidentelles comme les incendies ou les inondations – les archives
étant généralement entassées dans les caves et sous-sols –, soit détruits
volontairement, notamment dans le cas des procès relatifs à un crime
abominable comme celui de « bougrerie » où le coupable s’est commis
avec un animal. Pour un tel crime, tout doit être réduit en cendres :
l’homme abuseur, l’animal, les pièces du procès. À ce total s’ajoutent
également les mises à mort extrajudiciaires, c’est-à-dire les exécutions
sans procès comme les lynchages consécutifs à des sentences jugées
trop laxistes, ce qui arriva le 27 avril 1576 à une femme des environs
de Toul, emprisonnée pour avoir « engelé les vignes », qui fut lapidée
par une foule en colère alors qu’elle venait d’être innocentée et libérée
par les juges, ainsi que les assassinats de prétendues sujettes du Diable.
Nicolas Huguin, laboureur de Lamorville dans la Meuse, noya une
voisine, réputée sorcière dudit lieu ; malgré ce meurtre, il bénéficia
d’une lettre de rémission du duc de Lorraine le 8 février 1595 le graciant
à la condition toutefois qu’il fît un don de 40 francs à l’hôpital20.
Quand bien même ces dernières statistiques seraient connues,
le résultat final serait encore imparfait pour au moins deux raisons :
d’une part, la non-coïncidence géographique des États dont le
périmètre a évolué depuis le temps de la grande chasse ; d’autre part, il
n’était pas rare que des autorités, aussi bien civiles qu’ecclésiastiques,
20 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 66.
23
procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l’Est
détinssent des enclaves extérieures ; ainsi, les ducs de Lorraine étaient
propriétaires d’enclaves alsaciennes, notamment de la partie gauche du
Val de Lièpvre. En tout cas, les bilans actuels sont bien inférieurs à ceux
des démonologues qui, pour souligner l’importance du phénomène
sorcellaire et démontrer l’efficacité de leurs actions, n’hésitaient pas à
grossir les chiffres ; de plus, la statistique était loin d’être une science
appliquée et rigoureuse. Si on se contente d’additionner les chiffres
avancés par les auteurs contemporains de la période s’étalant du xvie
au xviiie siècle, le total final avoisine le million de victimes ! On peut
être étonné des chiffres annoncés, et de façon claironnante, comme
s’il s’était agi de trophées de chasse ; par exemple, Benedict Carpzov,
jurisconsulte luthérien de l’électorat de Saxe, aurait signé plus de vingt
mille condamnations à mort ; Nicolas Remy, comme nous venons
de l’apprendre, est tout bonnement fier d’avoir fait brûler neuf cents
genots* et genoches* ; Henri Boguet, grand juge de la terre de SaintClaude dans le Jura, y aurait fait exécuter six cents personnes, tandis
que Pierre de Lancre, commissaire royal chargé de purger le Labourd
– l’actuel Pays basque –, se flatte d’avoir « ardé et branché » près de six
cents brouches*. Enfin, dans plusieurs ouvrages concernant l’Alsace
au temps où elle était l’une des « tesselles » de l’immense mosaïque
que formait le S.E.R.G.*, on peut lire que sur les terres de l’évêché de
Strasbourg, cinq mille Hexen* ont été jetées dans le brasier des bûchers.
Signalons, à titre anecdotique, que le chiffre record a été donné au
milieu du xixe siècle par un nommé Gottfried Christian Voigt, syndic
de la ville de Quedlinburg, située dans la région de Saxe-Anhalt en
Allemagne ; selon ce fonctionnaire, le total des victimes des chasses
aux sorcières pour toute l’Europe est de… 9 442 994 individus ! Ce
total, reconnaît-il, a été établi à partir d’une extrapolation des chiffres
relevés dans les procès de sorcellerie dénichés dans les archives
municipales ; à sa décharge, il avait ouvert son estimation sur une
période assez longue : du viie à la fin du xviie siècle21. De siècle en siècle,
de monographie locale en étude sectorielle, le bilan des victimes s’est
rétréci considérablement. Aujourd’hui, les historiographes s’accordent
21 Walter Rummel et Rita Voltmer, Hexen und Hexenverfolgung in der Frühen Neuzeit, Darmstadt,
2008, p. 74.
24
L’Europe des sorcières
à dire que plus ou moins cent mille personnes ont été poursuivies au
titre de la sorcellerie dont la moitié a péri dans les flammes. C’est ce
que montre le tableau ci-après. (Pour des raisons de commodité, nous
avons retenu comme périmètre des territoires les frontières actuelles.)
BILAN DE LA GRANDE CHASSE AUX SORCIÈRES
EN EUROPE AUX XVIe ET XVIIe SIÈCLES
Pays et
provinces
Total des
personnes
poursuivies
Total des
exécutions
Taux
d’exécution
Alsace
Franche-Comté
Lorraine
3 000
1 000
3 000
2 000
570
2 000
66,7 %
57 %
66,7 %
France
(hors provinces citées
ci-dessus)
2 500
500
20 %
2
Allemagne
Autriche
Suisse
42 000
3 000
9 000
25 000
1 600
5 000
59,5 %
53 %
56 %
3
Europe méridionale
(Espagne, Portugal,
Italie)
8 500
1 300
15,3 %
4
Benelux
4 500
2 050
45,6 %
5
Îles Britanniques
(Angleterre, Irlande,
Écosse)
5 000
1 850
37 %
6
Pologne
13 000
5 500
42 %
7
Europe du Nord
(Islande, Danemark,
Norvège, Suède,
Finlande)
3 500
1 250
36 %
8
Europe orientale
(Bohême, Hongrie,
Moldavie, Valachie,
Transylvanie, Russie)
3 000
600
20 %
Total « Europe »
101 000
49 220
48,7 %
Zone
1
25
Table des matières
Avant- pRopoS : la grande chasse au sorcières
1
CHAPITRE 1 : De la magie à la sorcellerie
Rites magiques ou religieux ?
Magie païenne et magie démoniaque
Magiciens de Dieu et diableries
Le temps des sorcières
9
9
11
14
15
CHAPITRE 2 : L’Europe des sorcières
Bilan européen de la grande chasse aux sorcières
Analyse de la grande chasse par zone géographique
21
22
26
CHAPITRE 3 : De la grand-peur au bûcher
I - Le temps de la peur
Crises économiques et dérèglements climatiques
La guerre et son cortège de calamités
Guerre civile et luttes religieuses
Les peurs ancestrales
II - Le temps des agitateurs
Les chiens de Dieu
Les marteaux des sorcières
III - Le temps de la mise à mort
Du crime ordinaire au supercrime
Le crime mixte de sorcellerie
IV - Les facteurs d’intensité de la chasse aux sorcières
35
36
37
39
44
46
47
48
55
61
61
65
71
CHAPITRE 4 : un monde supraréel
I - Première rencontre
Le ténébreux prince charmant
Le pacte diabolique
II - Les assemblées sataniques
Les noces diaboliques
Le sabbat
III - Les dernières relations
77
77
77
82
87
87
91
122
procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles dans les terres de l’Est
CHAPITRE 5 : la justice sorcellaire
Rappel des fondements juridiques
Organisation de la justice sorcellaire
129
129
134
CHAPITRE 6 : Les procès de sorcellerie
I - Les principales phases d’un procès de sorcellerie
L’inculpation
Les interrogatoires
Le jugement proprement dit II - Coût des procès et confiscations des biens
III - Particularités se rapportant aux procès de sorcellerie
155
156
156
165
190
210
212
CHAPITRE 7 : Bilan de la chasse aux sorcières
Élaboration du « Mémorial des sorcières »
Analyse statistique de la chasse aux sorcières de l’espace transvosgien
219
220
227
CHAPITRE 8 : Gros plan sur quelques procès de sorcellerie
Les fiancées du Diable
L’ermite dévoreur d’enfants
L’infâme sorcière du Void de Belmont
249
249
257
263
CONCLUSION : Les cendres du passé
275
annexe
Glossaire
281
Repères chronologiques
283
Sélection bibliographique
287
Remerciements
295
Le mémorial des sorcières d’Alsace,
de Franche-Comté et de Lorraine
297