Médias et société civile pour le renforcement du débat démocratique

Transcription

Médias et société civile pour le renforcement du débat démocratique
Projet
Médias et société civile pour le renforcement du
débat démocratique au Rwanda (MERCIDD)
''URUBUGA RW'ITANGAZAMAKURU'' - Synthèse de l’émission du 11 Mai 2014
Une publicité qui ne tenait pas compte des réalités de la société rwandaise, pour les uns.
Une mauvaise interprétation, pour les autres. Le « Club de la Presse » de ce dimanche, 11
mai 2014 s’est penché sur une affaire des affiches publicitaires d’une société de
télécommunication qui ont été retirées des panneaux suite aux réactions du public qui
aurait été choqué par les images qui s’y trouvaient.
Entre 14h et 15h, l’émission a été animée en direct des studios de la Radio Isango Star et a
été diffusée simultanément sur les ondes de 5 radios : Radio Isango Star, Radio Izuba, Radio
Ishingiro, Radio Isangano et Radio Inkoramutima. Ces radios qui ont émis en synergie se
trouvent dans la capitale, Kigali ; dans la province de l’Est, dans la province du Nord et dans
la province de l’Ouest.
Animateurs
L’émission « Urubuga rw’Itangazamakuru » a été animée par Solange Ayanone et Fred
Muvunyi.
Invités de l'émission
Les invités à cette émission sont : M. Uwayo Jefta, juriste (il est devenu, comme il le dit luimême, l’ami de cette émission car il intervient souvent comme invité au studio) ; Mme
Tumwesigire Peace, journaliste et Directrice de Family Magazine (www.familymag.org) et
M. Iraguha Richard Danny, journaliste de Radio Isango Star.
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Première partie
Introduisant le thème du jour, les animateurs de « Club de la Presse » ont indique que
l’affiche publicitaire appartenant à la société de téléphonie mobile Airtel portait une image
photographique dont le contenu a fait débat durant la semaine écoulée. Au sein des
émissions radios, dans les discussions en familles, dans les rues de Kigali, etc.
Un chanteur star de Kigali, dénommé King James en couleurs de la société Ailtel, au milieu
de deux filles qui à leur tour font chacune un bisou à ce chanteur. Mais ce qui fait polémique
ce n’est pas King James, mais le « comportement de ces filles ». L’une, Colombe Akiwacu,
est l’actuelle Miss Rwanda 2014, tandis que l’autre, Aurore Mutesi, a porté la couronne de
Miss Rwanda en 2012-2013. Lors de l’affichage de cette publicité, la semaine dernière,
certains observateurs se seraient « étonnés », voire « choqués » et ont réagi sur les pages
des journaux en lignes qui ont fait écho
de cette actualité. Pour la plupart, c’est
un scandale : des ambassadrices de la
culture rwandaise qui exploitent leur
image d’une manière indécente. Mais
pour d’autres, la culture évolue : les
gestes de ces Miss Rwanda (voir la
photo) ne constituent aucun scandale
dans la société. « Même le fait d’avoir
une fille Miss beauté est très récent au
pays, ca ne ressort pas de la tradition
rwandaise… » Dans les critiques, certains
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se demandent s’il devrait y avoir un
comité chargé d’examiner la forme
des images digne d’être affichées
dans le cadre de la publicité en
ville.
Ce qui a stimulé les invités au
studio. Mme Peace Tumwesigire,
propriétaire du journal Family
Magazine, connue comme membre
d’une association des femmes des medias au Rwanda, livre ses impressions face à cet
affichage : « d’abord c’est une publicité attirante, où nous voyons des filles baisant un
homme, mais Je me suis demandé si ces filles sont comparables aux unités de téléphone… »,
Dit-elle avant d’ajouter qu’elle n’a pas personnellement apprécié les images choisies par la
société de téléphonie mobile pour annoncer une promotion aux clients. Aussi, selon elle, les
filles qui sont considérées comme modèles ne devraient pas se comporter de la sorte,
publiquement. « Quelle exemple donnent-elles à nos enfants ? « Elles auraient cherché de
l’argent par d’autres voies sans adopter des attitudes bizarres », trouve-elle.
M. Jefta Uwayo, en qualité de juriste, n’est pas de même avis. Il indique avoir vu pour la
première fois cette publicité sur internet et sa réaction n’a été autre que la satisfaction.
Pour lui, « rien de choquant, rien d’extraordinaires ».
Tandis que M. Iraguha Richard Danny, dit avoir suivi de près cette affaire étant donné qu’il a
lui-même réalisé des papiers radio à ce sujet. Pour lui, la société Airtel a choisi un style de
marketing attirant. Cependant, il est de l’avis de ceux qui ont soutenu le retrait de cet
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affichage car son contenu va à l’encontre des valeurs culturelles de la société rwandaise. A
la question de l’animatrice de l’émission « en quoi donner un baiser est-il choquant ? », le
journaliste Danny Iraguha explique qu’il y a des comportements à tenir en intimité qu’on ne
peut pas exposer en public et, donc, qu’on ne peut pas poster sur les affiches publicitaires
d’autant plus qu’il s’agissait des filles « modèles ». Il a expliqué les effets de la
communication, des medias et de la publicité dans le public. Comme Iraguha, Tumwesigire
n’apprécie pas les gestes des personnages sur le panneau. « Cette publicité incite les jeunes
aux mauvais comportements, au manque de pudeur … ne dit-on pas en français ‘ca
commence par un baiser et ca finit par un bébé ?’ » Mais le juriste Uwayo trouve que s’il
n’est pas agréable aux yeux des Rwandais de voir des gens en positions de baiser, cela ne
veut pas dire que celui qui le fait commet un péché. « Ces stars n’ont commis aucune
infraction », souligne-t-il en ajoutant que ceux qui les critiquent ont une mauvaise
interprétation.
Deuxième partie
Il s’agit de la part des médias rwandais dans la diffusion des informations liées au sujet
choisi. Iraguha Danny estime que de fois les médias montrent des images choquantes,
toutefois les médias constitue aussi le « watch dog » de la société. Ce sont les médias qui
ont exposé cette situation au public. Ce qui a permis à ce dernier de manifester ces
réactions face à la publicité d’Airtel. Peace Tumwesigire indique de sa part que les médias
rwandais n’ont pas pris le devant pour éduquer le public quant au concept genre. Certains
médias montrent souvent l’image stéréotypée de la femme : celle qui doit toujours
satisfaire l’homme, dénudée, etc. Elle a profite cette occasion pour féliciter la société Airtel
pour avoir tenu en considération les réactions du public en enlevant les affiches publicitaires
contestées. « Aucune instance n’a forcé Airtel de retirer ses affiches publicitaires. Cette
société l’a fait à son propre gré », précise-t-elle.
Troisième partie
En plus des appels téléphoniques des auditeurs, les messages par facebook ont été lus
intégralement. Ils reviennent sur ces points de vue:
 Ladite publicité n’a aucun effet négatif
 Elle n’est pas contre la culture rwandaise
 Si cette publicité n’est pas en harmonie avec la culture rwandaise, il faudra vérifier et
critiquer aussi les images vidéo des chansons en vogue qui sont diffusées sur les
chaines de télévision ces derniers temps
 Retirer cette publicité des panneaux d’affichage constitue un découragement aux
investisseurs
 Ces critiques vont décourager les parents qui voudraient que leurs filles soient
« Miss »
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 Des sanctions à la société Airtel
 Des sanctions à ces Miss qui déshonorent la culture
 On aurait mis d’autres images que des baisers
Certains se sont adressés directement à Jefta en lui demandant s’il pouvait continuer à
défendre sa position quand bien même il trouvait sa propre fille sur l’affiche avec les
mêmes gestes…
Quatrième partie
En dehors du pays, les animateurs de l’émission ont
abordé l’actualité au Nigeria où plus de 200 lycéennes ont
été enlevées par le groupe Boko Haram. Ce rapt a créé un
choc non seulement aux nigérians, mais aussi la
communauté
internationale a été
mobilisée
pour
retrouver
ces
captives et combattre
le terrorisme.
Fait à Kigali, le 12/05/2014 - Steven MUTANGANA
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