Les minicrises de change de l`Islande et de la
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Les minicrises de change de l`Islande et de la
Guy Longueville Ecoweek 06-19 Focus Les minicrises de change de l’Islande et de la Nouvelle-Zélande : enseignements et risques de contagion vers les pays émergents ! L’Islande et la Nouvelle-Zélande ont accusé une minicrise de change en mars-avril suite à des débouclements d’opérations de carry trade sur fond de déséquilibres macrofinanciers croissants. ! Parmi les pays émergents, seuls Afrique du Sud, Hongrie et Turquie présentent, eux aussi, une dynamique de surchauffe, un déséquilibre croissant des échanges extérieurs associé à une appréciation réelle du taux de change ainsi qu’un potentiel élevé de capitaux délocalisables. ! Une minicrise de change ne peut donc être exclue dans ces pays, mais leurs fondamentaux, notamment la crédibilité des politiques économiques et la qualité des systèmes bancaires se sont sensiblement améliorés ces dernières années... dans une moindre mesure en Hongrie. Courant mars, la couronne islandaise et le dollar néo-zélandais ont décroché contre dollar US de 10 à 15 %, entraînant une dépréciation d’environ 5 % du dollar australien, du forint, du zloty et de la livre turque. Les monnaies des autres pays émergents, y compris des pays les plus fragiles, n’ont guère bougé. La contagion des marchés des changes à ceux des actions n’a concerné que la petite Bourse de Reykjavik (-15 %). La forte correction boursière des pays du Golfe constitue un phénomène préalable, donc disjoint. Les spreads souverains n’ont pas été affectés, excepté une légère tension pour la Hongrie, Pologne et Turquie. Début avril, les monnaies islandaise et néo-zélandaise restaient dépréciées, mais les mouvements de contagion vers d’autres pays ou marchés avaient été, pour l’essentiel, corrigés. Subsistait toutefois une forte volatilité du forint et du zloty. Dans un contexte d’environnement international globalement favorable et d’amélioration significative des fondamentaux des pays émergents depuis 2003, ces minicrises financières rappellent opportunément la vulnérabilité financière des pays dont les déséquilibres s’accroissent. Doit-on pour autant s’inquiéter des 1 effets du « Carry Trade » et des risques de contagion ? Islande2 et Nouvelle-Zélande : similitude des facteurs de crise Pour chacun des deux pays, la crise de change a reposé sur les enchaînements suivants : A partir de 2002-03, s’est installée progressivement une spirale de surchauffe. Une croissance économique plutôt forte a été portée par la demande interne, alimentée par une forte progression des crédits bancaires aux ménages et aux entreprises, notamment via des emprunts bancaires internationaux. La monnaie s’est appréciée et le déficit courant s’est creusé. Des bulles immobilière et boursière se sont formées. Le taux de chômage a touché de bas niveaux, générant des tensions sur les salaires. Puis, à partir de 2005, les deux Banques centrales ont durci leur politique monétaire via une hausse significative des taux directeurs, ce qui a favorisé un « Carry Trade ». L’écart entre les taux nationaux et internationaux est en effet devenu attractif3 pour de nouvelles catégories d’investisseurs. Des acteurs locaux (grands corporates pour l’Islande, banques commerciales pour la Nouvelle-Zélande) ont émis des emprunts à court terme en monnaie locale sur le marché japonais pour investir à moyen-long terme. Surtout, les investisseurs internationaux, notamment les hedge funds, ont emprunté à faible taux pour bénéficier de rendements élevés. Islande 2002 2005 Nouvelle-Zélande 2002 2005 +1,4 -16,5 -4,2 -8,9 Balance courante * Taux de change contre 91,6 62 2,16 1,40 USD 160 190 113 150 Dette des ménages/RD 120*** 170 Dette des entreprises * 148 299 110 107** Dette extérieure/PIB * -8 +2 +3,9 +5,7 Solde fin. adm. pub. * 32 30 34 26 Dette publique brute * Prix réels de l’immobilier Multiplié environ par 2 Multiplié environ par 1,5 Multiplié environ par 4 Multiplié environ par 2 Indice boursier Sources : (*) en % du PIB ; (**) 95 % corporate ; (***) 80 % en 1998 1 Le carry trade désigne l’opération qui consiste à emprunter dans une devise pour prêter dans une autre de manière à profiter d’un écart de taux d’intérêt. Stricto sensu, le carry trade fait référence aux écarts de taux d’intérêt monétaires. Dans un sens plus large, il peut inclure les écarts de rendements obligataires. Dans cette note, on étendra la définition du carry trade à toute opération de prêt/placement dans des devises différentes quels que soient les supports de placement (titres monétaires, titres obligataires, actions). Généralement une opération de carry trade suppose un risque de change. 4 Ce flux de « Carry Trade » est venu gonfler en 2005 le flux traditionnel d’endettement en devises des corporates et banques commerciales locales, accentuant la tendance à l’appréciation de la devise et donc indirectement le creusement du déficit de la balance des paiements courants. Dès lors, tout événement parasitaire 2 Voir article de Raymond Van der Putten dans Ecoweek (bulletin hebdomadaire BNP Paribas) n° 14 du 3/04/06. 3 L’écart de taux monétaire d’une part, l’écart de taux longs d’autre part, l’arbitrage dans ce dernier cas pouvant même être couvert contre le risque de change si la courbe des taux est plus pentue dans le pays récipiendaire que sur le marché US, UE ou japonais. BFI - Direction des Etudes Economiques Guy Longueville était susceptible de retourner la confiance des investisseurs. Pour l’Islande, l’annonce le 28 février4 par Fitch de la dégradation de la dette publique islandaise et des notes alarmistes de brokers (comparant la situation de l’Islande à celle de la Thaïlande en 1997 ou de la Turquie en 2000) ont été les déclencheurs, entraînant une contagion vers les pays aux évolutions similaires, la NouvelleZélande5 et, dans une moindre mesure, l’Australie. Dans ces deux premiers pays, les soldes budgétaires et dettes publiques sont bien maîtrisés. Toutefois, la surchauffe n’a pas été de même intensité : - en Islande, la progression des déséquilibres a été plus prononcée conduisant à une politique monétaire plus agressive. De plus, l’endettement des entreprises est resté maîtrisé en Nouvelle-Zélande, ce qui n’est pas le cas de l’Islande ; - la financiarisation de l’économie islandaise s’est hypertrophiée. La dette extérieure représentait 299 % du PIB (deux tiers en émissions obligataires privées dont l’essentiel finance des acquisitions d’actifs à l’étranger). La position extérieure nette négative des banques atteignait 89 % du PIB fin 2004. En 2005, les entrées nettes d’IDE ont atteint 22 % du PIB, les sorties nettes 50 %. Au total, pour ces deux économies et plus particulièrement pour l’Islande, il est probable que l’essentiel de l’ajustement du prix des actifs réels et financiers reste à venir. Jusqu’à présent, les investisseurs internationaux ont seulement réduit leur portage. Compte tenu du niveau satisfaisant des réserves de changes et des accords de coopération monétaire, la liquidité externe ne semble pas menacée, mais de nouveaux épisodes de dépréciation brutale du taux de change sont possibles en interaction avec le dégonflement de bulles. En effet, la hausse des taux directeurs et le début de dépréciation de la devise réduisent la richesse nette des ménages et pèsent sur les coûts des entreprises. En Islande, même si la baisse attendue des IDE entrants devrait réduire le déficit courant (moindres importations de biens d’équipement), les achats massifs d’actifs étrangers par les résidents grâce à l’endettement international constituent une source de vulnérabilité supplémentaire. Quels enseignements pour les pays emergents ? Quels risques de contagion ? Ecoweek 06-19 rendements élevés, en partie hedgés. Les acteurs du « Carry Trade », fonds d’investissement ou « hedge funds », sont par nature particulièrement réactifs, dès que leur appréciation d’un marché évolue. Ils doivent de ce point de vue être distingués des emprunteurs locaux en devises, qui profitent certes aussi des écarts entre taux domestiques et internationaux, mais financent en général des opérations de nature économique, dont il peut être 6 plus difficile et moins pertinent de se désengager ; - cette menace concerne des économies pour lesquelles l’appréciation du taux de change devient incompatible avec l’évolution des comptes externes. Les bulles de prix d’actifs semblent constituer un facteur aggravant, la liberté des mouvements de capitaux un facteur permissif ; INDICATEURS CARACTERISTIQUES DE VULNERABILITE FINANCIERE EXTERNE Pays particulièrement vulnérables Afrique du Sud Hongrie 2002 2005 2002 2005 Balance courante * 0.6 -4.2 -7.1 -7.9 Taux de change contre USD 8,65 6,315 224,96 214,0 plutôt Fongibilité des réserves oui oui oui de change ** oui Dette externe * 29.6 19.7 61.6 69 Taux nationaux Oui oui oui oui Carry élevés Trade Utilisé par plutôt oui oui *** oui *** oui investisseurs Liberté des mouvements de oui, partiel oui oui capitaux non rés. Indices boursiers +100% +170% Crédits au secteur privé * 70 84 35 51 « Bruit » politique non non non oui Turquie 2002 2005 -0.8 -6.3 1,655 1,349 plutôt oui oui 69.1 47.4 oui oui plutôt oui *** oui oui oui +280% 14 24 oui oui Source : BNP Paribas - * % du PIB ; ** Ratio des capitaux volatils sur réserves en devises ; *** Acquisition de titres publics et d’actions par les non-résidents. ! Il est possible de dégager les enseignements suivants de ces deux crises : 6 - le « Carry Trade » constitue une réelle menace de crise de change dans certains cas. Les pressions à la baisse des primes de risque un peu partout dans le monde ont poussé les investisseurs à rechercher des rendements, avec une tendance à mésestimer les risques, en particulier dans les pays aux déséquilibres manifestes pour lesquels les politiques monétaires restrictives et/ou les marchés boursiers porteurs procurent des 4 Dette long terme souverain en devise révisée de AA stable à AA-. Il semble que le désengagement d’investisseurs japonais dans les deux cas, et d’investissement australien pour la Nouvelle-Zélande, a été à l’origine de la dépréciation de la devise. 5 5 On peut en fait distinguer trois catégories de portage associés à trois niveaux de risque de surréaction des marchés. Les emprunts en devises de banques commerciales et corporates résidents relèvent en général d’une logique économique et ne se prêtent guère à des comportements spéculatifs (notamment en Europe centrale). Les investisseurs internationaux, qui jouent les écarts de taux dans les stratégies de rendement, sont bien sûr plus réactifs (« Carry Trade »). Encore faut-il distinguer, parmi eux, les investisseurs nationaux non-résidents dont le pays d’origine bénéficie d’une prime de fidélité (non-résidents turcs par exemple investisseurs en bons du Trésor turc) des autres que l’on pourrait qualifier de « Carry Trade pur ». Or, l’afflux de capitaux plus ou moins volatils vers l’Islande et la Nouvelle-Zélande relève davantage d’un phénomène de « Carry Trade pur » que dans le cas des pays émergents précités. BFI - Direction des Etudes Economiques Guy Longueville - la crédibilité du « policy mix » a pesé d’un poids modeste dans la décision de désengagement des investisseurs. Islande et Nouvelle-Zélande affichent en effet tous deux une politique budgétaire rigoureuse et une politique monétaire crédible quant au respect de l’objectif d’inflation ; - la hausse des taux US qui renchérit mécaniquement le coût du portage ne semble pas être à l’origine du retrait brutal d’investisseurs étrangers des marchés financiers islandais et néo-zélandais. C’est au contraire au cours de cette période de hausse que le « Carry Trade » vers ces deux pays a pris de l’importance. Il est vrai qu’il a drainé en partie des fonds japonais ; - la contagion n’a pas été aveugle : elle s’est limitée à des pays aux déséquilibres similaires à ceux de l’Islande, très récemment récipiendaires de fonds provenant du « Carry Trade ». ! Les menaces sur les pays émergents ne doivent pas être surestimées. Certes, ces minicrises vont probablement conduire les investisseurs internationaux à une réappréciation des risques encourus. Nombre de pays émergents attirent les capitaux extérieurs volatils, compte tenu du niveau élevé des taux domestiques et de l’existence d’un marché liquide de change à terme (Afrique du Sud, Brésil, Bulgarie, Hongrie, Indonésie, Mexique, Roumanie, Russie, dans une moindre mesure, Irak, Philippines et Pologne). Mais la plupart dégagent des excédents de balance des paiements courants ou des déficits soutenables, en partie grâce à un ajustement ces dernières années de leur taux de change. En retenant les indicateurs de vulnérabilité externe tirés des cas islandais et néo-zélandais, l’Afrique du sud, la Hongrie et la Turquie semblent les plus vulnérables à un retournement du sentiment des marchés, soit pour des raisons propres, soit par effet de contagion ciblé (idiosyncratique) et non pas aveugle (systémique). Toutefois, l’amélioration des fondamentaux économiques et la meilleure crédibilité des politiques économiques de ces pays ne laissent pas craindre un basculement d’une éventuelle secousse financière dans une grave récession, comme ce fut le cas en Turquie en 2001. La Bulgarie, l’Indonésie, la Pologne et la Thaïlande peuvent être retenues dans un second cercle de vulnérabilité de bien moindre intensité. ! Afrique du Sud, Hongrie et Turquie ont en commun une dynamique de surchauffe depuis deux à trois ans. La demande interne est soutenue par la progression des crédits domestiques au secteur privé en partie via un financement international en Hongrie. Les entrées de capitaux, IDE (Hongrie), emprunts en devises du secteur public et/ou privé (Hongrie, Turquie), investissements de portefeuille (les trois pays) poussent à l’appréciation réelle de la devise, laquelle accélère la dégradation du compte courant. A la différence de l’Islande et de la Nouvelle-Zélande, le « Carry Trade » n’est pas récent car les taux domestiques sont de longue date supérieurs aux taux internationaux. L’écart des taux a même tendance à diminuer. Le « Carry Trade » se porte essentiellement sur les titres publics en monnaie locale et, assez récemment, sur les Bourses locales (bulle en formation en Afrique du Sud, Turquie voire aussi Hongrie). Une partie est alimentée par des flux de nationaux non résidents (Turquie voire Afrique du Sud). Il est possible que l’ancienneté et une certaine dose de préférence nationale du « Carry Trade » pour ces trois pays en tempèrent 6 Ecoweek 06-19 la volatilité, comparé à l’Islande ou à la Nouvelle-Zélande. Mais la fongibilité des réserves de changes (qui mesure le potentiel de capitaux aisément délocalisables de non-résidents comparé aux réserves de changes) est élevée. Ces trois pays semblent donc particulièrement vulnérables à une attaque spéculative, même si les déficits publics apparaissent sous contrôle (Afrique du Sud) ou en nette réduction (Turquie). Les valses-hésitations de la politique économique en Hongrie et Turquie peuvent conduire à un dérapage qui servirait de déclencheur. En Hongrie, la possibilité d’une attaque est favorisée par le report probable de l’entrée dans l’UEM, résultant notamment de l’absence de maîtrise des déficits publics7. Si chacun de ces trois pays peut pâtir d’un effet de contagion à caractère idiosyncratique, en revanche, seules la Hongrie et la Turquie semblent risquer une crise de change d’origine locale, compte tenu du « bruit » politique interne. Pour autant, en Afrique du Sud et en Turquie, une éventuelle dépréciation significative des taux de change et cours de Bourse ne semble pas en mesure de casser une dynamique des fondamentaux, devenue plutôt vertueuse ces dernières années. ! Bulgarie, Indonésie, Pologne, voire Thaïlande constituent un deuxième cercle de pays susceptibles d’être affectés par un effet de contagion au regard des critères retenus, mais dans une bien moindre mesure que les trois premiers. La Pologne, sur la base de fondamentaux assez sains (comptes publics et extérieurs, inflation) et en dehors de toute surchauffe économique, draine un « Carry Trade » qui participe à une bulle boursière en formation. Les velléités politiques de la nouvelle coalition et sa volonté d’altérer l’indépendance de la Banque centrale conduisent à un report tacite de l’adhésion à l’Union monétaire. La Bulgarie, forte de son engagement à adhérer rapidement à l’Union monétaire et en l’absence de mouvement de « Carry Trade », reste à l’écart de ces pressions de marché. Mais la dégradation du compte courant et la forte progression des crédits domestiques reflètent une surchauffe. Indonésie et Thaïlande ne présentent pas de déséquilibre externe manifeste, ni de surévaluation du taux de change. Le premier attire toutefois des capitaux volatils et connaît une forte progression des crédits domestiques (entraînant une surchauffe illustrée par CRISTAL). La seconde est essentiellement affectée d’un fort « bruit » politique. Bulle en formation : PER (fin d’année) 2002 2003 2004 Afrique du Sud 10,5 12,75 14,9 10,1 Hongrie 13,1 11,3 13,6 Turquie 11,1 2005 17,0 12,2 16,6 T1 2006 ! ! ! Source : FMI, Global Stability Report, Avril 2006 7 Malgré les rappels à l’ordre récurrents de la Commission européenne sur la nécessité de mener une politique d’austérité budgétaire, les deux principaux partis en course pour les prochaines élections d’avril n’ont pas affiché une telle volonté politique dans leurs programmes. BFI - Direction des Etudes Economiques Guy Longueville Au total, le contexte politique et financier international se prête probablement à une réappréciation sélective du risque pays, comme c’est déjà le cas pour le risque de crédit. L’Islande et la Nouvelle-Zélande ont servi de révélateurs, conduisant probablement nombre d’investisseurs à s’interroger sur la configuration des fondamentaux d’autres pays récipiendaires (comme en témoigne la profusion d’articles sur les deux pays précités), n’allant toutefois pas jusqu’à s’en désengager. De ce point de vue, plusieurs pays émergents présentent des fragilités financières croissantes. Les incertitudes politiques pouvant infléchir les trajectoires de politique économique concernent nombre de pays (principalement en Amérique latine avec le cycle électoral, en Hongrie, Pologne, Turquie et Thaïlande). De plus, à l’image de l’Islande et de la Nouvelle-Zélande, les entrées de capitaux ont favorisé une surchauffe, poussé à l’appréciation de la devise et dégradé le compte courant (surtout Hongrie, Turquie et Afrique du Sud). Enfin, depuis quelques mois, les Bourses de plusieurs pays émergents entrent dans une phase de bulle (Afrique du Sud, Bulgarie, Inde, Pologne, Turquie notamment). Ecoweek 06-19 notamment dans les pays d’Europe de l’Est où l’écart de taux est faible, et servir de révélateur à la fragilité du financement externe de quelques pays. Il est donc possible d’anticiper une plus grande nervosité des investisseurs qui jouent les écarts de rendements vis-à-vis de quelques pays ciblés, avec un risque de contagion modéré entre pays aux vulnérabilités analogues. Il est aussi possible d’anticiper que pour la Hongrie, la Turquie et l’Afrique du Sud, dans une moindre mesure pour la Bulgarie et la Pologne, les marchés pourraient surréagir à de mauvaises nouvelles d’ordre politique ou social, davantage qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent. Mais une solidité économique et financière des pays précités, meilleure qu’au début de la décennie, limite le risque de dérapage d’une éventuelle crise de change en profonde récession. De plus, la bonne tenue des fondamentaux de la plupart des pays émergents et l’abondance de liquidité internationale ne laissent pas craindre une crise systémique. Dans ce contexte, la hausse en cours ou attendue des taux dans les grands marchés peut diminuer l’attrait du « Carry Trade », INDICATEURS CARACTERISTIQUES DE VULNERABILITE FINANCIERE EXTERNE Pays modérément vulnérables Bulgarie Balance courante * Taux de change contre USD (fin de période) Fongibilité des réserves de change ** Dette externe * Taux nationaux Carry élevés Trade Utilisé par les investisseurs Liberté des mouvements de capitaux Indices boursiers Crédits au secteur privé * « Bruit » politique Indonésie Pologne Thaïlande 2002 -5,6 2005 -11,8 2002 3,9 2005 1,1 2002 -2,5 2005 -1,6 2002 5,5 2005 -2,3 1,874 1,657 8,940 9,825 3,826 3,264 43,1 40,95 faible faible non faible faible non non 72,1 58,6 66 assez élevée 45,9 42,9 42 47,1 plutôt non plutôt non non oui plutôt oui plutôt oui non 30 non, malgré hausse plutôt non plutôt non non oui oui non non oui oui oui oui oui oui oui multiplié par 4,5 20 42 non plutôt oui plutôt oui *** oui multiplié par 2,7 19 28 non plutôt non multiplié par 2,5 28 28 non oui Sources : BNP Paribas - * % du PIB ** Ratio des capitaux volatils sur réserves en devises ; *** Acquisition d d’actions 7 BFI - Direction des Etudes Economiques Multiplié par 2,0 81 74 non oui