Des moutons dans les vignes

Transcription

Des moutons dans les vignes
Paul REDER - Courtnonterral (34)
Des moutons
dans les vignes
J’ai deux ateliers
complémentaires pour valoriser le milieu.
Paul Reder, viticulteur et éleveur
Contexte
• 1 UTH pour 1 2 ha de vignes enherbées (300 hl environ), 200 ha de garrigue,
1 00 brebis mères, le tout mené en agriculture biologique.
• Pas d’achat de foin, achat d’1 t d’aliment par an.
• Vente en direct, en caissettes et en vif pour les moutons.
• Vente de 70% bouteilles (dont 40% export) et 30% vrac pour le vin.
Les vignes, un complément herbager en hiver
L’exploitation est constituée d’un parcellaire groupé avec les vignes au centre. Les vignes sont enherbées naturellement
et ne sont jamais labourées. Reconstitué en 2007, le troupeau de moutons pâture les vignes 3 à 4 mois en hiver, ce qui
représente un quart de la ration annuelle fourragère. Le reste de l’année, 1 1 0 ha de garrigues organisés en parcs sont
pâturés, les 90 ha restants seront clôturés progressivement pour être utilisés. Dans les vignes, l’herbe est disponible sur
toute la surface et plus facile d’accès que dans la garrigue (fourrés...).
Les moutons, des « auxiliaires » des vignes
« Au niveau du sol, on accélère le cycle naturel en mettant à disposition cette petite quantité de matière organique ».
Paul constate que l’herbe semble pousser plus vite au printemps. Les brebis limitent aussi l’implantation de ligneux.
Depuis que la pression de pâturage a augmenté en garrigue, il constate également moins de dégâts par les sangliers.
Et demain ?
Les vignes vieillissantes qui seront arrachées fin 201 2 libéreront de la surface pour la production de fourrages ou de
pâtures améliorées. Des projets de reconquêtes de la garrigue pour planter de nouvelles vignes sont aussi à l’étude.
Atouts
• Ressource fourragère accessible en hiver
• Travail plus varié entre les 2 ateliers
• Limitation des ligneux dans les vignes, des dégâts de sangliers, lutte
contre les incendies
• Participation à la vie du sol enherbé des vignes
• Valorisation d’espaces secs.
Contraintes
• Gestion pastorale du troupeau :
- temps important de gestion des clôtures à cause des dégâts par les
sangliers
- temps passé à récupérer les bêtes échappées.
Ses conseils au démarrage
Les vignes n’étant pâturées qu’en hiver, il
est nécessaire d’avoir suffisamment de
foncier sous forme groupée, pour nourrir
le troupeau toute l’année.
C’est bien de commencer avec un petit
troupeau et des parcs bien clôturés, mais
pas moins de 20 bêtes pour conserver un
comportement de troupeau.
Un sol caillouteux et perméable dans les
vignes évite le tassement lié au
piétinement. Sinon, il ne faut faire pâturer
que sur des sols secs.
C’est une pratique qui existait avant, les moutons pâturaient dans les plaines car il y a
toujours un creux d’herbe en janvier-février. Je le fais plutôt pour du long terme, pour gérer
l’équilibre de mes sols.
Vers l’autonomie alimentaire
Fiche 1
Nelly et Christophe BRODU - Villeveyrac (34)
Gérer la fertilité
de la garrigue
Le maître mot, c'est la diversité. C'est ce qui
permet d'atteindre l'autonomie sur notre exploitation.
Christophe Brodu, éleveur
Contexte
• 3 UTH, élevage en biodynamie de 80 chèvres pour transformation fromagère.
• Autonomie alimentaire grâce à 1 5Ha de céréales, 1 5Ha de luzerne, 400T de compost
autoproduit pour les cultures, et environ 300Ha de garrigues.
• Vente en circuits courts (à la ferme, marchés) et accueil pédagogique.
• Diversification des ateliers : 60 poules, jeune verger, 30 brebis mères, 1 2 ruches, 20
cochons.
La garrigue, ressource alimentaire naturelle...
« Dans la garrigue, tu vas toujours trouver quelque chose à manger ». Bon complément à une ration de fourrages et
céréales, la garrigue propose une ressource variée dans le temps : herbes au printemps, ligneux l’été, glands à
l’automne… qui peut représenter chez Christophe jusqu’à la totalité de la ration journalière. Sur une année, environ 80
tonnes d’aliments sont prélevées directement en garrigue par les chèvres. La diversité d’espèces présentes leur permet
de se composer un bol alimentaire en fonction de leur besoins.
...mais ressource fragile gérée par l'homme
« La garrigue, si tu veux y manger correctement il faut la bichonner ». Christophe garde les chèvres toute l’année dans la
garrigue, sauf l’hiver. L’observation guide ses pratiques, il s’ajuste en permanence au milieu. Il fonctionne par quartier,
décidant où et quand pâturer selon les espèces présentes, les stades de végétation, et les besoins des bêtes : « il faut
trouver l’équilibre entre la langouste et la patate ». Lorsqu’un secteur a été bien exploité, il n’y revient pas pendant 3 ans
afin de permettre sa régénération.
Atouts
• Valorisation d'espaces secs
• Economie sur les aliments achetés
• Ressource disponible toute l'année
• Diversité d'espèces : pas de compléments minéraux nécessaires
• Santé et bien-être animal : les chèvres "crapahutent".
Contraintes
• Temps nécessaire pour la garde.
• Observation fine indispensable
• Nécessite une surface importante de parcours (300 ha pour 80 chèvres)
Leurs conseils au démarrage
Tous les sols sont particuliers.
Pour commencer dans une garrigue
fermée, Christophe effectue quelques
ouvertures pour inciter les chèvres à
entrer. Il veille toujours à conserver un
équilibre entre milieux ouverts et
bosquets, favorisant ainsi la diversité de la
ressource. Il fait attention aussi à la
période de reproduction des espèces : n’y
pâture pas si l’espèce est intéressante,
pâture s’il veut limiter le développement
de cette espèce.
« Il n’y a pas de recette, seulement une
adaptation permanente au milieu et à
sa dynamique. ».
Pour une exploitation autonome comme la notre, la seule règle, c’est la diversité.
Il faut donc respecter les cycles naturels pour conserver le milieu en bon état.
Vers l’autonomie alimentaire
Fiche 2
Le projet : vers l'autonomie
Christophe et Nelly s’installent en 1 998 et se convertissent à l’AB en 2007.
Leur installation a été possible grâce à 67 ha de baux communaux, auxquels
sont venus s’adjoindre des accords oraux, permettant l’utilisation de presque
300 ha de garrigue. Une convention d’utilisation portant sur 42 ha est en
cours de réalisation pour consolider le foncier.
Ils sont autonomes en alimentation animale grâce à des mélanges vescesavoine-orge, la production de sorgho grain, orge, luzerne, et le pâturage en
garrigues. Pour cela, ils ont choisi de s’équiper intégralement en machines.
La diversification des ateliers contribue aussi à l’autonomie. Le lisier des
poules est utilisé pour le compost, le miel des ruches pour soigner les chèvres,
les cochons recyclent le lactosérum...
Le foncier, le matériel et les ateliers sont pensés pour rendre la ferme la plus
autonome possible.
Le compost à partir du fumier
de la ferme, de matériel végétal
issu à la fois de la commune et
de la ferme est un véritable
support de fertilité des cultures.
Les 400 t de compost sont
obtenus par ensemencement
en lactoferments, à partir d’un
levain de bactéries préparé en
amont et incorporé au tas de
compost.
Gérer la fertilité de la garrigue
Orienter la diversité des espèces présentes grâce aux pratiques
Christophe choisit de favoriser par exemple la croissance du Dorynum, espèce
intéressante pour ses chèvres. Il n’y pâture pas avant que ses graines soient
disséminées, et contrôle le temps de pâturage (vitesse et fréquence de
passage) pour éviter que les plantes ne soient rasées. Il laisse ensuite 3 ans de
régénération, après lesquels il observe la croissance des touffes de Dorynum
qui ont été stimulées par une coupe courte, et malgré la repousse dynamique
de chênes kermess.
1 cheval et 1 vache complètent
le cheptel et pâturent en
garrigue. Ils apportent ainsi un
complément de fertilisation et
leur pression de pâturage
sélectionne une autre diversité
floristique.
Grâce à ces pratiques, il a aussi observé le développement de l’aphyllante de
Montpellier, du genévrier et d’autres espèces intéressantes pour le pâturage.
Grâce à ses pratiques, Christophe oriente la croissance de certaines espèces.
Pour lui, « plus de flore, c’est plus d’insectes, donc plus de plantes en
bonne santé, donc plus de ressources toute l’année. »
Ressources
CIVAM Empreintes
agropastoralisme et élevage extensif : [email protected]
Tél. : 04 67 92 42 23 - www.civam34.fr
SCOPELA
(consultant systèmes d’élevages herbagers) : Agreil Cyril - Tél. : 09 62 24 76 84 - www.scopela.fr
SUAMME
(conseil pastoral) : Emmanuelle GENEVET - Tél. : 04 66 54 29 68
Fiche 2
Vers l’autonomie alimentaire

Documents pareils