3 pistes - MeilleursAgents
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IMMOBILIER 3 PISTES POUR DOPER SES RENDEMENTS Alors que les loyers baissent un peu partout en France et sont encadrés à Paris, les rendements ont tendance à s’effriter. Certaines stratégies permettent toutefois de limiter cette érosion. ARNAUD ROBIN/LE FIGARO MAGAZINE C ’est un fait, l’immobilier voit, depuis quelques années, ses rendements chuter. Selon le dernier observatoire Clameur, les loyers étaient en baisse de - 1,1 % sur un an en novembre 2015 (+ 1,5 % en 2014). L’indice de référence des loyers (IRL), qui sert à la révision annuelle du loyer en fonction de l’inflation, est également en léger repli (- 0,01 %) au quatrième trimestre 2015. Ce qui signifie que, pour la première fois depuis très longtemps, les baux, dont la clause de révision s’appuie sur ce trimestre, n’ont pas eu la possibilité d’être augmentés. Les raisons ? Les détracteurs dénoncent, bien sûr, la loi Alur (loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové) et son lot de nouvelles contraintes dont l’encadrement des loyers à Paris. Mais un autre constat est également fait. « L’encadrement des loyers n’est pour rien dans cette baisse, rétorque Jean-François Buet, président de la FNAIM. De même que les plafonnements de loyers imposés par les dispositifs de défiscalisation dans le neuf qui se limitent à deux ou trois dizaines de milliers de logements neufs livrés en 2015. » Pour lui, la cause en est pour l’essentiel une paupérisation globale des locataires qui nécessite des réajustements de loyers à la baisse. Il en découle un tassement des rendements. Faut-il alors se tourner vers d’autres placements ? Pas sûr. A Paris, l’encadrement des loyers mis en place le 1er août 2015 freine l’ardeur des investisseurs. La rémunération du Livret A, ramenée à 0,75 % tout comme celle de l’assurance-vie à 2,30 % en moyenne en 2015, ne constituent pas des pistes intéressantes, même si les Français continuent de se ruer sur ces placements. Investir en Bourse n’est pas, hélas, plus motivant pour l’heure. Dans ce contexte, avec des rendements qui tournent fréquemment autour de 4 à 5 % brut dans l’ancien et 3 à 4 % dans le neuf, l’immobilier tire encore son épingle du jeu. « Certes, la tendance est à une érosion des rendements mais pour peu que l’investissement soit envisagé sur quinze ans au moins, la plusvalue à la revente sera au rendezvous et viendra en améliorer la 106 LE FIGARO MAGAZINE - 19 FÉVRIER 2016 « Les bailleurs sont victimes de la paupérisation des locataires » performance », assure Renaud Capelle, directeur immobilier adjoint à l’Union financière de France (UFF). Même si la fiscalité sur les plus-values s’est alourdie. En outre, certaines stratégies peuvent être mises à profit pour doper les rendements immobiliers. 1 Comment faire face à l’encadrement des loyers à Paris A Paris, l’encadrement des loyers mis en place depuis le 1er août 2015 décourage certains investisseurs. Conséquence ? « La tendance est à la revente des petites surfaces », affirme Cyrille Keff, de la Chambre nationale des propriétaires. Mais, « ce n’est - ARNAUD ROBIN/LE FIGARO MAGAZINE A Boulogne-Billancourt, le loyer d’un studio s’établit en moyenne à 27,40 €/m2. - pas un mouvement de masse », rétorque Gilbert Chouchana, gérant d’une agence Laforêt du XIVe arrondissement. Même son de cloche chez d’autres professionnels. Selon Paris Estimation, un site dédié aux investisseurs qui a réalisé une étude sur les rendements locatifs à Paris, un s t ud io ne ra pp or te en moyenne que 3,8 %, un 2-pièces 3,3 % et un 3-pièces 3,2 %. Pour autant, pas de panique ! Paris reste une valeur sûre et si, encadrement des loyers oblige, les rendements s’y effritent, la plus-value est probable à long terme. En outre, si on analyse le loyer de référence majoré (valeur maximale autorisée) défini pour chaque quartier (80 ont été délimités), on s’aperçoit qu’il est possible de faire beaucoup mieux. Exemple, rue Etienne-Dolet, à Ménilmontant (quartier Belleville), un studio de 27,5 m2, acquis 225 000 € et loué 33,80 €/m2 (loyer maximal du secteur), rapporte 4,9 %. On peut même atteindre 5,5 à 6 % dans des quartiers très populaires comme la Goutte-d’Or ou la Chapelle. A contrario, les secteurs centraux sont à éviter. « Louer meublé, une façon d’accroître ses revenus locatifs » A Odéon (36,40 €/m2 maxi), la même superficie ne rapportera que 3,6 % compte tenu du prix d’achat (329 000 €). Autre élément à examiner à la loupe : à quelques rues près, le loyer de référence peut varier sensiblement. Ainsi, mieux vaut investir rue Raymond-Losserand (Plaisance), où le loyer de référence majoré s’établit à 35,30 €/m2, que rue Froidevaux (Montparnasse), où cette valeur n’atteint que 34,40 €/ m2. En cause, un découpage 108 LE FIGARO MAGAZINE - 19 FÉVRIER 2016 des secteurs qui n’est pas assez affiné. « Dans certains quartiers, les loyers de référence fixés sont déconnectés de la réalité », assure Bernard Cadeau, président du réseau Orpi. Autre astuce qui permet de doper le rendement : transformer un 2-pièces en studio. Exemple, rue Christiani (XVIIIe), l’un d’entre eux, de 24 m2, vendu 199 000 € procure 3,8 % (26,40 €/m2 de loyer maxi). Mais, réaménagé en studio, il peut se louer 30,20 €/m2 et atteindre un rendement de 4,3 %. « On s’aperçoit que beaucoup de propriétaires ont adopté cette stratégie », confirme Laurent Vimont, le patron de Century 21 France. A Paris, une autre piste peut être explorée pour doper son rendement : les biens ayant des caractéristiques particulières, ce qui autorise un complément de loyer au-delà du loyer de référence majoré. Il semblerait que les bailleurs ne s’en privent pas. D’après MeilleursAgents.com, 29 % des loyers parisiens seraient encore audessus du loyer de référence majoré. Mais pour que l’opération soit valable, encore faut-il que le logement ait un véritable plus. « Une vue exceptionnelle, une terrasse au dernier étage peuvent justifier un complément de loyer mais pas un balcon ou un ascenseur », rappelle Gilbert Chouchana. A manier avec précaution donc, car si aucune sanction n’est prévue par la loi, en revanche le locataire peut contester ce complément de loyer auprès de la Commission de conciliation dans le délai de trois mois à compter de la signature du bail pour obtenir une réduction du loyer. Enfin, louer meublé (en résidence principale) peut aussi doper le rendement. Le loyer de référence majoré est, dans ce cas, augmenté de 11 % par rapport à un logement loué vide. Mais attention au turnover et donc à la vacance locative qui affaiblit le rendement. Enfin, dernière piste, « louer meublé à une clientèle de passage qui a besoin de se loger pour quelques mois permet d’échapper à l’encadrement des loyers et de booster de 2 à 3 points la rentabilité mais les contraintes de gestion sont très fortes », indique Renaud Capelle. Quant à la location saisonnière pure et non déclarée, sachez que la Mairie de Paris lui fait désormais la chasse. 2 De meilleurs rendements en périphérie parisienne Les lourdeurs de l’encadrement des loyers à Paris encouragent ceux qui ont un projet d’investissement à se tourner vers d’autres secteurs. Dans une optique de rendement pur, un constat : la première couronne est plutôt décevante. A Boulogne-Billancourt, par exemple, le loyer d’un studio s’établit, en moyenne, à - du-Jour, l’un d’eux, de 25 m2 parti à 185 000 € rapporte 4,4 % brut. « Dans l’Ouest, les prix sont trop élevés pour servir de bons rendements », reconnaît Fabrice Abraham, directeur général du réseau Guy Hoquet. Mieux vaut miser sur la Seine-Saint-Denis ou le Valde-Marne. Notamment dans des villes comme Saint-Denis, Les Lilas, Bagnolet, Montreuil, Villejuif, Le Kremlin-Bicêtre… qui procurent des rendements au-delà de 5 %. Exemple à Bagnolet où un 2-pièces de 39 m2 peut se louer 20,50 €/m2 et rapporter 5,3 %. Un investisseur y a même acheté un immeuble de 5 logements pour 500 000 € avec un revenu mensuel de 3 500 €, soit un rapport de 8,4 %. Autre exemple, à Saint-Denis, un studio de 2 0 m 2 q u i s ’ a f f iche à 60 000 € peut laisser espérer 6,4 % de rendement. « A Drancy, il n’est pas rare d’atteindre 8 à 10 % », affirme Julien Batisse, de Century 21. Notamment dans des immeubles des années 60/70. « Il y a, en effet, un regain d’intérêt pour ce type de biens, poursuit ce spécialiste, les plans sont généralement bien faits. » Mais attention : les locataires boudent les passoires thermiques. « Certes, ce sont des biens décotés, mais il faut savoir que des travaux vont s’imposer de plus en plus aux copropriétés dans les années qui viennent », rappelle Renaud Capelle. En grande couronne, une ville comme Melun peut rapporter 7 à 8 %. « A proximité de la gare, un 2-3 pièces payé 150 000 € se loue 850 € », indique Fabrice Abraham. 3 Province et étranger séduisent les investisseurs Parmi les pistes à explorer, il y a aussi les villes de province, mais il faut savoir que des menaces d’encadrement des loyers pèsent sur Lille et Grenoble. Et personne n’est à l’abri d’une décision d’enca- PATRICK WALLET/LE FIGARO MAGAZINE - 27,40 €/m2. Rue du Point- A Marseille comme dans de nombreuses villes de province, on peut encore dénicher des pépites. drement, la loi Alur visant 28 agglomérations de plus de 50 000 habitants qui présentent un déficit locatif. «Plusieurs villes sont en train de le mettre en œuvre, ça va sortir dans quelques mois » , a affirmé Emmanuelle Cosse, la nouvelle ministre du logement. Nantes, Rennes, Montpellier, Toulouse, Bordeaux ou encore Marseille… offrent aujourd’hui parfois des pépites. A Montpellier, un 3-pièces de 57 m2 acquis 103 000 €, près de l’avenue Georges-Clemenceau, propose un revenu de 6 600 € annuel, soit 6,4 % de rendement. Un investisseur qui disposait d’un studio dans le XIe arrondissement de Paris vient de le vendre pour réinvestir à Bordeaux, sa ville d’origine. « Cette clientèle trouve souvent son point de chute en fonction de son lien avec la région », constate Pascal Boulenger, directeur de MeilleursAgents Patrimoine. Si l’emplacement reste primordial, « il faut savoir parier sur l’avenir et faire de la prospective sur les quartiers qui vont prendre de la valeur », martèle Renaud Capelle. Une autre piste permet parfois de doper le rendement. A condition de cibler une ville étudiante. A Rennes, un 3-pièces de 60 m2 se loue autour de 620 € en location classique et 110 LE FIGARO MAGAZINE - 19 FÉVRIER 2016 « Acheter dans l’ancien avec travaux pour payer moins d’impôts » en colocation autour de 660 à 700 €. Des villes intermédiaires peuvent aussi être explorées comme Reims, Metz, Nancy, La Rochelle. A Reims, comptez sur 6,2 % de rendement pour un quartier central. Acheter de l’ancien avec travaux constitue une autre option, quelle que soit la ville. Car au plan fiscal, cette dépense déductible du revenu locatif permet de réduire l’impôt et d’améliorer la performance du placement. Au lieu d’acheter de l’ancien, pourquoi ne pas investir dans le neuf ? Certes, les rendements sont moins élevés, entre 3,5 et 4 % brut, mais l’avantage fiscal Pinel améliore de 1 ou 2 points la performance. « Dans une ville comme Parentis-en-Born, non loin de Biscarrosse, construire deux petites maisons jumelées pour un coût global de 200 000 € permet de récupérer 1 300 € par mois et d’obtenir 7,8 % de rendem e n t » , e s t i m e Fa b r i c e Abraham. Une piste qui peut être suivie car selon les professionnels, en province, la demande locative en maison est forte et l’offre très réduite. Malgré tout, avant de plonger, mieux vaut s’assurer de la réalité de la demande locative. Enfin, pour ceux qui lorgnent hors de nos frontières, le Portugal, la Belgique ou l’Allemagne sont à explorer. « A Berlin, les rendements ne sont pas exceptionnels, de l’ordre de 3,6 à 3,8 %, mais on peut amortir 2,5 % du prix du bien pendant quarante ans, les plusvalues sont exonérées au bout de dix ans, et il n’y a pas de prélèvements sociaux », explique David Nguyen, responsable de l’agence Aden Immo, spécialiste de l’investissement à Berlin. Des arguments qui font mouche auprès des investis■ COLETTE SABARLY seurs.