Dossier d`accompagnement du spectacle

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Dossier d`accompagnement du spectacle
FESTIVAL INTERNATIONAL JEUNE PUBLIC
Dossier d’accompagnement
Une organisation du Centre Dramatique de Wallonie pour l’Enfance
et la Jeunesse (CDWEJ) et du Théâtre/ Centre culturel de Namur
Dossier d’accompagnement du spectacle
Wij/Zij
Du BRONKS
(Belgique)
Au Théâtre de Namur – Place du Théâtre 2 à 5000 Namur
En scolaire : lundi 23 novembre à 10h30 et à 13h45
Dès 9 ans
Durée : 60’
La compagnie : BRONKS
Le BRONKS est une compagnie de théâtre flamande située à Bruxelles. Cette association est
également un lieu de diffusion de spectacles ; elle organise, elle aussi, un festival international
jeune public. Elle propose également des ateliers artistiques pour les jeunes.
www.bronks.be
Équipe
Texte et mise en scène : Carly Wijs
Avec : Gytha Parmentier et Thomas Vantyycom
Dramaturgie : Mieke Versyp
Scénographie : Stef Stessel
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Le spectacle
Faits historiques
Beslan
Beslan est une ville en Ossétie du Nord dans le Caucase russe.
1re septembre : journée du savoir
Le 1er septembre en Russie, c’est également la rentrée des classes. Là-bas, c’est un jour de fête au
sein de l’école ; cette journée s’appelle la journée du savoir.
Les élèves, entourés des parents et grands-parents, et les enseignants se rassemblent pour écouter
les membres de la direction ou des autorités locales leur souhaiter bonne chance. Des célébrations
(petits spectacles de chants, de danses et aussi sucreries ainsi que pâtisseries) et la présentation
des enseignants sont des rituels de cette journée. Les fleurs et les rubans constituent des accessoires
inhérents à cette fête. À la fin de celle-ci, un des élèves de onzième année (la dernière dans le
système russe) porte sur ses épaules une petite fille de première : cette dernière reçoit une grande
cloche et l’agite très fort devant tous les participants. Il s’agit alors de la première sonnerie
marquant le début de l’année scolaire.
1er septembre 2004 à l’École de Beslan
Le 1er septembre 2004 à Beslan, c’était la journée du savoir où enfants, parents et enseignants
étaient réunis pour les festivités traditionnelles.
Un groupe armé fait irruption dans une école et prend en otage plus de mille personnes. Après trois
jours et deux nuits de crise, l'assaut des forces russes se termine, le 3 septembre 2004, dans un bain
de sang. Plus de 330 personnes trouvent la mort, dont 186 enfants.
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Article extrait de Le figaro des 4 et 5 septembre 2004 et trouvé en ligne : http://www.lesarchivesdebeslan.fr/accueil/coupures-de-presse/cp-lefigaro-n18687-2/
« Une décennie a passé et les questions demeurent tant sur l'identité des commanditaires de l'attaque que sur le déroulé de l'assaut des forces
russes. » Le monde – article en ligne : http://www.lemonde.fr/europe/video/2014/09/04/dix-ans-apres-beslan-j-etais-alle-me-refugier-dans-l-ecole-cetait- une-erreur_4482411_3214.html
Traitement
Carly Wijs, après avoir découvert le documentaire « Les enfants de Beslan » de la BBC, a décidé
d’aborder ces faits et questions difficiles avec des enfants par le spectacle Wij/Zij.
Il a choisi de raconter les faits à travers le regard de deux enfants pris en otage.
L’imagination, la fantaisie, l’observation méticuleuse… des enfants semblent leur permettre de
percevoir le monde différemment, de dépasser leur peur et de se projeter vers un futur.
Wij/Zij confronte le regard et la logique d’un enfant face à la perception d’un adulte : que se
passe-t-il si l’on regarde au-delà de l’opposition automatique du Nous versus Eux ?
Que se passe-t-il si les uns et les autres apprennent à se connaître et découvrent qu’il y a, entre
eux, plus de similitudes que de différences ?
Avec lucidité et humour, Wij/Zij montre que ce qui apparaît comme inconcevable pour des
adultes, ne l’est pas pour les enfants qui sont éclairés par leur propre logique.
Soulignant la sagesse des enfants, leur autonomie ainsi que leur volonté de vivre, Wij/Zij raconte
comment les enfants, à leur manière, sont à même d’assumer des situations extrêmes.
Médiation : discussion après la présentation
Discussion autour du spectacle
Une représentation de théâtre est à la fois une expérience personnelle et collective.
Le théâtre interpelle notre perception de multiples façons. Chaque spectateur capte avec son œil
intérieur, sur fond d’expériences et d’émotions personnelles ; il se raconte sa propre histoire en
regardant un spectacle. Néanmoins, le vécu commun invite aussi à l’échange, au partage des
émotions, des images, des questions et des impressions.
Il n’y a pas de bonne ou mauvaise interprétation.
Des supports de discussion
ᴑ L’affiche initiale
ᴑ
Le titre du spectacle Wij/Zij
Le titre renvoie à l’opposition automatique de Nous versus Eux. Il renvoie aux stéréotypes de
l’ennemi et de l’opposition, à la mise en avant des différences plutôt que des similitudes
entre les hommes…
Ce mode de fonctionnement régit malheureusement les clans des cours de récré, les
disputes entre parents divorcés, les discours politiques autour des réfugiés…
Il est intéressant de décortiquer ce mode de fonctionnement et les discours qui le
soutiennent avec les enfants.
Principes élémentaires de propagande de guerre, (utilisables en cas de guerre froide,
chaude ou tiède...) est un livre de Anne Morelli paru en 2001.
1 Nous ne voulons pas la guerre.
2 Le camp adverse est le seul responsable de la guerre.
3 Le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l'affreux de service »).
4 C'est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers.
5 L'ennemi provoque sciemment des atrocités et, si nous commettons des bavures, c'est
involontairement.
6 L'ennemi utilise des armes non autorisées.
7 Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l'ennemi sont énormes.
8 Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause.
9 Notre cause a un caractère sacré.
10 Ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres.
ᴑ
Évoquer avec vos élèves l’histoire évoquée et comment elle est racontée
Par le texte
Par la scénographie
Par le jeu des acteurs
Par les musiques
Aborder avec les enfants les différences de traitement des faits ex. : presse - art
Pourquoi avoir placé le récit sous le regard des enfants ? Quels effets ?
ᴑ Lire et échanger autour d’extraits
Extrait du début du spectacle
« Fille:
À l’arrière de l’école, il y a une forêt. Un sentier part de l’école et mène à la frontière à
travers la forêt.
Fille et Garçon:
À cent-vingt kilomètres d’ici.
Fille:
De l’autre côté de la frontière se trouve la Tchétchénie dont la capitale est Grozny.
Là, les enfants ne vont à l’école que jusqu’à leurs huit ans.
Après, ils doivent travailler.
Pour la plupart dans des bordels pour pédophiles.
Leurs pères sont accros aux drogues dures.
Leurs mères ont toutes des moustaches et doivent travailler comme des bêtes.
Il n’y a pas de courts de tennis.
Garçon:
Non, pas de courts de tennis.
Fille:
Dès qu’on passe la frontière de la Tchétchénie, la forêt se change en champs
monotones. Mais de notre côté, elle est splendide. Magnifique. Une nature
paradisiaque. Un guide célèbre de promenades décrit ce sentier comme…
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Garçon:
« The most beautiful trail in the region, with magnificent views »
Fille:
On peut y voir la salamandre caucasienne, mais aussi de nombreux moutons sauvages,
connus pour leur toison à longs poils. Je dormais sur l’une de ces peaux quand j’étais
petite. Elles sont populaires dans le monde entier.
Garçon:
Ici, il y a un podium.
Fille et Garçon:
C’est là que se tiennent la directrice et trente-cinq enseignants.
À droite du podium, sont alignés les parents : environ cinq cent trois au total, ça fait
trois cent septante-huit mères, cent trois grands-mères et vingt-deux pères.
Au milieu de la cour de l’école, les enfants alignés en rangs. Au total, sept cent
cinquante, dont l’âge va de deux ans et demi à douze.
Ils tiennent chacun sept ballons, un pour chaque année d’école. Ça fait donc cinq
mille deux cent cinquante ballons.
Fille:
C’est la plus grande école de la région.
Garçon:
Oui, tu l’avais déjà dit.
Garçon et Fille:
À côté du podium, se tient un chœur de vingt enfants. Ils ont été spécialement
sélectionnés pour chanter aujourd’hui.
Le premier chant s’intitule : « Ô merveilleux futur ».
Oh merveilleux(se) futur(e)
Je t’en prie aie pitié
Je t’en prie aie pitié
Pitié avec moi
Maintenant, au nouveau début
Ce(tte) merveilleux(se) futur(e)
Mon(ma) merveilleux(se) future(e)
Tu es tout c’que je vois
Fille:
Macha chante dans le chœur aussi.
Garçon:
La deuxième chanson s’intitule « Dans les champs » qui sonne comme ça…
Fille:
Attends, j’ai encore quelque chose à dire…
Ce qui s’est passé avec Macha… une histoire très triste… terrible.
L’année passée, il s’est passé un désastre, le premier septembre. Le premier jour de
l’école a été une catastrophe. À cause de la chaleur – il fait chaud maintenant aussi,
mais l’année passée, le premier septembre, il faisait trente-deux degrés à l’ombre et
Macha s’est évanouie. Comme ça, d’un coup. Paf. Allongée sur le sol. C’était terrible.
Ses yeux s’étaient révulsés. Elle était complètement déshydratée. C’est pour ça que,
cette année, chacun a reçu une bouteille d’eau à l’entrée. Il faut empêcher à tout prix
un drame comme celui de l’année passée.
C’est aussi pour ça qu’on commence une heure plus tôt. À neuf heures au lieu de dix
heures. Il ne fait alors que vingt-trois degrés. »
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Extrait de la fin du spectacle
Garçon:
Elle a la gorge sèche.
Elle sent tout son corps picoter.
Fille:
Encore deux heures.
Garçon:
Ses mains et ses pieds se glacent.
La lucidité diminue.
Mille cent trente et un.
Oh non, il fait chaud, c’est tout. Ce n’est rien…
Fille:
Oh, comme c’est beau ! Des nuages ! Je vois des nuages. Je vole...
Fille:
Une girafe !
Regarde, mais regarde, regarde !
Une girafe.
Une girafe qui entre dans la salle de gym.
Garçon:
Mais non…
Fille:
Une girafe à longues pattes plane dans les airs, dans la salle de gym.
Garçon:
Une girafe ne peut pas planer dans les airs… c’est impossible.
Fille:
Elle grignote les bombes dans le filet de basket.
Garçon:
Non.
Fille:
Panique !
Une girafe grignote les bombes dans le filet de basket.
Garçon:
Mais non.
Je t’assure.
Pas du tout.
Fille:
Une girafe grignote les bombes.
Garçon :
Chaud…
De temps en temps, la relève de la garde.
Il ne se passe absolument rien.
Sauf… dans la jambe du terroriste.
Son mollet.
Lentement, vers l’avant.
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Le tibia.
La cheville.
Les orteils.
Fille et Garçon:
Une crampe se produit quand les nerfs qui commandent les muscles, leur
communiquent trop de signaux, ce qui fait que les fibres musculaires se contractent.
On peut aussi attraper des crampes quand on n’a pas assez de glucose dans les
muscles, parce qu’on ne mange pas suffisamment.
La crampe peut aussi arriver parce que l’apport de sang vers le muscle est coupé, par
exemple, à cause d’une mauvaise position.
Une crampe peut aussi…
Fille:
BOUM ! Le plafond s’est effondré.
La bombe a explosé, le terroriste éclate en miettes.
Son corps est dispersé en morceaux, à côté du plafond.
À travers les fenêtres entrent les spéciales forces de l’armée, parfaitement entraînées
pour cette mission.
L’un de ces héros a des yeux bleus d’acier et un menton volontaire. Il regarde le chef
des terroristes qui est en train de recharger son arme, mais il est trop tard. Le héros le
descend d’une balle.
Sur-le-champ, le héros prend deux petits enfants dans ses bras et se fraye un chemin
vers la fenêtre. Il met les enfants en sécurité et revient tout de suite pour sauver les
autres.
Cela ne lui prend pas longtemps. Grâce à son entraînement et ses armes de haute
précision, il élimine les terroristes en quelques minutes. Et alors, tout est terminé.
Garçon:
Mais ça ne s’est pas passé comme ça.
Le plafond est tombé.
La bombe a explosé et le terroriste aussi.
Pendant quelque temps, on ne voit rien.
On n’entend rien.
Un brouillard épais emplit la salle de gym.
Quelques minutes plus tard, la fumée se dissipe par les vitres volées en éclats.
Sur le sol gisent des centaines de cadavres.
Des mamans, des papas (pas tellement) des mamies, des enfants et les terroristes.
Tous morts.
Dans le coin, une fille, le bras passé au cou de sa mère… toutes les deux mortes.
Une mamie penchée en avant… morte… avec dans son giron un petit… mort.
Fille:
La girafe, aussi morte.
Fille:
Mais ça ne s’est pas passé comme ça non plus. Le plafond s’est effondré. C’est vrai. Il y
a de la fumée. C’est vrai aussi, mais quand elle se dissipe, tout le monde est encore en
vie. Stupéfaits, abasourdis. Les terroristes sont pétrifiés. Jusqu’à ce que le chef des
terroristes ôte lentement son masque et que ses yeux larmoyants apparaissent. Il jette
son arme à terre et se laisse tomber à genoux. Il pleure.
Pardon, pardon, je suis désolé. Pardon. Ceci n’est pas la bonne manière.
Et tous les terroristes jettent leurs armes, se laissent tomber à genoux et demandent
grâce.
Les mères se lèvent, époussettent leurs vêtements et regardent les terroristes comme
seules des mères peuvent le faire. D’une voix pleine d’amour, elles disent : « Ce n’est
pas grave. Nous vous pardonnons. L’important, c’est de reconnaître ses torts. Tout le
monde peut se tromper. C’est si facile de faire une faute. L’admettre, voilà ce qui est
difficile, et vous l’avez fait. Bravo et bonne chance. »
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Garçon:
Le plafond s’est écroulé avec fracas.
Au centre de la salle de gym gît un gros tas de débris.
À droite, sous les gravats pointe un pied, et au-dessus, une touffe de cheveux.
Fille:
C’est moi.
Je n’entends rien. Pas de tirs. Je n’entends pas exploser de bombes. Je sens la poudre,
la poussière et une vague odeur de tabac.
Elle vient d’un groupe d’hommes attendant que la pluie de balles qui s’abat dans la
salle de gym s’apaise pour entrer. La volute de fumée est entrée par la vitre qui a volé
en éclats et m’est montée au nez.
Puis, l’odeur disparaît.
Je suis sur le dos de la girafe et je suis bringuebalée dans l’espace jusqu’à la fenêtre
dont les vitres ont volé en éclats. Avec précaution, la girafe pose ses longues et
élégantes pattes de devant sur l’appui de fenêtre. Elle se cabre, prend son élan et
saute par la fenêtre. Nous nous envolons vers le ciel tout bleu, avec un petit mouton de
nuage çà et là.
Discussions philosophiques avec les enfants
Consultez, par exemple, les ouvrages d’Oscar Brenifier : Le bien et le mal, c‘est quoi ?, Vivre
ensemble, c‘est quoi ?, La liberté, c’est quoi ?, Le bonheur, c’est quoi ? publiés chez Nathan dans
la collection Philozenfant.
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L’opération Art à l’École
Le CDWEJ travaille au rapprochement entre monde de l’éducation et monde artistique sur toute la
Wallonie, en collaboration avec des centres culturels – dont le Théâtre/Centre culturel de Namur.
Pour œuvrer aux synergies art/écoles, il mène l’opération ART à L’ÉCOLE.
L’opération ART à L’ÉCOLE s’articule autour d’une circulation entre ateliers dans les classes
(résidences d’artistes), formation des partenaires – artistes, enseignants et médiateurs culturels – et
« Rencontres Art à l’École ».
Les projets prennent cours sur une année scolaire où les élèves d’une classe sont invités à une
traversée artistique qui repose sur des ateliers de création menés en partenariat par un artiste
(metteur en scène, comédien, danseur, chorégraphe, marionnettiste, auteur, etc.) et par un
enseignant. Les ateliers ont lieu dans les crèches et dans des classes de maternelle, primaire et
secondaire, ordinaire et spécialisé, ainsi que dans l’enseignement supérieur.
La rencontre s’établit entre un groupe d’élèves, un enseignant et un artiste qui vont développer un
projet tout au long de l’année scolaire.
Dans ce projet, l’artiste et l’enseignant s’investissent chacun au niveau de leurs compétences dans
une relation de partenariat : l’artiste apporte une matière artistique à transférer aux élèves avec
l’appui pédagogique de l’enseignant. Au fil des séances, les élèves traversent un processus de
création qui les amène à développer leur expression propre. Entre les séances d’ateliers,
l’enseignant poursuit le travail entamé avec l’artiste et le met en lien avec d’autres matières vues
en classe.
Pour initier et consolider la relation de partenariat, le CDWEJ organise des formations auxquelles
l’artiste et l’enseignant participent ensemble, accompagnés du médiateur culturel qui encadre le
projet.
Ce dernier veille à créer les conditions de la rencontre de ces deux univers qui se croisent et se
veut un appui permanent au déroulement du projet. Passeur culturel, il contribue à renforcer la
découverte de la création contemporaine.
Vous souhaitez recevoir de plus amples informations sur l’opération ART À L’ÉCOLE (théâtre, danse,
écriture à l’école, La marionnette chez les tout-petits ou encore Art et Petite Enfance)…
Vous souhaitez poser votre candidature pour accueillir dans votre classe un atelier ART À L’ÉCOLE…
Alors, contactez-nous :
CDWEJ
Centre culturel de Namur
rue des Canadiens, 83 à 7110 StrépyTraverse des Muses 18 à 5000 Namur
Bracquegnies
Pour le fondamental :
[email protected] - 064/66 57 07
[email protected] 081 25 04 06
www.cdwej.be
Pour le secondaire :
[email protected]