Monastère royal de Brou

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Monastère royal de Brou
Monastère royal de Brou
Le monastère royal de Brou est un complexe religieux
situé à Bourg-en-Bresse dans l'Ain, une des capitales de
l'ancien duché de Savoie.
Le monastère royal de Brou est un chef-d'œuvre de l'art
gothique flamboyant flamand du début du XVIe siècle.
Il se compose d'un ensemble de bâtiments monastiques
construits entre 1506 et 1512, et de la somptueuse église
Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou, édifiée de 1513 à
1532 par Louis van Bodeghem[1] .
Cet ensemble architectural rare a été bâti à grands frais
par la très puissante Marguerite d'Autriche duchesse de
Savoie, gouvernante des Pays-Bas bourguignons, marraine et tante de Charles Quint. Elle fit édifier l'ensemble
en mémoire de son époux Philibert le Beau et pour res- Le tombeau de Marguerite d'Autriche, dans l'église Saintpecter le vœu fait par sa belle-mère Marguerite de Bour- Nicolas-de-Tolentin de Brou.
bon[2] .
Le 20 septembre 2014, le monastère a été désigné « mo- église sous le patronage de Saint-Pierre est construite sur
nument préféré des Français » au cours de l'émission de sa tombe.
France 2 Le monument préféré des Français, à l'occasion
Dépeuplé, dans les premières années du XIVe siècle, à la
des Journées européennes du patrimoine.
suite d'on ne sait quel accident, il fut remis, en 1319[3] ,
Le 5 février 2015, le Monastère royal de Brou a reçu le par Jean de Clermont, au comte Amédée V de Savoie,
trophée du « Bressan de l'Année 2014 » par l'Académie à la condition d'y entretenir un religieux pour le desserde la Bresse.
vir. En 1506[3] , Marguerite d'Autriche, veuve prématurément de Philibert II le Beau, duc de Savoie, tant pour
accomplir un vœu de Marguerite de Bourbon, sa bellemère, que pour laisser à la postérité un témoignage de son
immense douleur, acheta le prieuré de Brou et obtint du
pape l'autorisation de fonder, sur son emplacement, une
1 Situation
église dédiée à saint Nicolas de Tolentin, et un monastère
propre à recevoir 12 religieux augustins. Le 27 août de
[3]
Le site, plat dans la cuvette de Bourg-en-Bresse, ac- la même année , elle pose la première pierre de l'église,
[3]
cueille depuis deux millénaires des tombes antiques, qui fut consacrée, le 22 mars 1532 , par Jean Joly de
paléochrétiennes ou burgondes, dont des sarcophages ex- Fleury, évêque d'Ebron in partibus.
posés dans l'église.
3 Les prieurs
2
Histoire
Le plus ancien prieur connu est : Saint Gérard, le fondateur (927-958). On relève ensuite : J. Gilli (1084) ; Clément, religieux d'Ambronay (1168) ; F. Jean de SaintAlban (1289) ; Étienne de Rignieu (1298) ; Jean de
Clermont, religieux d'Ambronay (1319 et 1324) ; F.
Guillaume Cadot (1359) ; F. Pierre de Mugnet (1367) ;
le cardinal de la Tour avec pour administrateur F. Mattin de Chambut, religieux de Cluny, prieur de Ratenelle
et doyen de Noblens (Villereversure) (1371) ; F. Jean de
Loges (1384) ; Pierre cardinal de Thurey (1394) ; F. Philibert de Chilley, religieux de Saint-Oyen (1415-1435) ;
Vers 927[3] , Saint Gérard, alors évêque de Mâcon (886926), se retire sur le site et y fonde avec quelques compagnons un ermitage dans lequel il meurt et est enterré
en 958[3] . Les disciples qui étaient venus se grouper autour de lui, suivirent ses traditions, sous la direction d'un
prieur.
Le prieuré de Brou dépendait aussi de l'abbaye
d'Ambronay. Les limites de sa dîmerie furent réglées, en
1084[3] , par ordre de Hugues, archevêque de Lyon et une
1
2
8 BIBLIOGRAPHIE
F. Anthoine Fornier (1447) ; Bertrand de Loras, prieur
de Saint-Sorlin (1455-1491) ; Bernardin Oudin (1492) et
pour dernier prieur Jean de Loriol, chanoine des Églises
de Genève et de Vienne, protonotaire apostolique, abbé
de Saint-Pons, prieur commendataire de Brou et évêque
de Nice (1505). C'est ce dernier qui fut l'auteur de l'union
survenu en 1505 avec l'église Notre-Dame de Brou, par
bulle du pape Jules II.
4
Construction
La construction débute en 1506[4] . Retournée en Belgique pour assurer la Régence dans l'attente de la majorité de son neveu Charles Quint, Marguerite d'Autriche
choisit elle-même les chefs de chantiers, les peintres, les
sculpteurs, (l'architecte Louis van Bodeghem, le sculpteur
Conrad Meit, le peintre Jehan Perréal), fait appel à des
artistes d'Europe du Nord, se fait envoyer à Malines des
échantillons et des maquettes. Sa volonté explique qu'au
début du XVIe siècle, aux portes de l'Italie renaissante, se
dresse un monument gothique de cette importance.
Le monastère, confié aux Augustins, possède trois
cloîtres, dont la situation n'a pas évolué. Marguerite
d'Autriche avait prévu d'y achever son veuvage, mais
meurt trop tôt. La construction s’achève en 1532, deux ans
après sa mort, et elle y est enterrée auprès de son époux
et de sa belle-mère.
Les Augustins de la congrégation de Lombardie restèrent
les gardiens des tombes de Marguerite de Bourbon, de
Philibert-le-Beau et de Marguerite d'Autriche, jusqu'au
4 mars 1658, et furent remplacés par les Augustins de la
congrégation de France. La Révolution chassa ces derniers. Durant celle-ci, à l'automne et l'hiver 1793-94, le
cloître abrite le 1er Régiment de Hussards et est ainsi sauvé des démolitions. Le 31 janvier 1794, la municipalité
de Bourg fait enfermer les prêtres abdicateurs à Brou.
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Monument national
Thomas Riboud (1755-1835), avocat lyonnais, député
de l'Ain[5] et membre du conseil des Cinq-Cents sauve
l'ensemble de Brou de la destruction en le faisant déclarer « Monument national » par la Convention[6],[7] .
L'église du monastère fait l’objet d’un classement au titre
des monuments historiques par la liste de 1862[8] . Les
deux premiers cloîtres font l’objet d’un classement au titre
des monuments historiques depuis 1889[8] . Le troisième
cloître fait l’objet d’un classement au titre des monuments
historiques depuis le 16 janvier 1935[8] .
À noter dans le troisième cloître la présence d'une grille
en fer forgé provenant du château de la Moussière à
Biziat. Cette grille fait l’objet d’une inscription au titre
des monuments historiques depuis le 13 mars 1950[8] .
6 Le musée municipal de Bourgen-Bresse
Les bâtiments monastiques sont propriétés de la ville de
Bourg-en-Bresse, qui y a installé son musée, le musée municipal de Bourg-en-Bresse en 1922. Ce musée présente
au rez-de-chaussée un ensemble de statues religieuses allant du XIIIe au XVIIe siècle et, à l'étage, une collection
de peintures du XVIe au XXe siècle (Bernard Van Orley,
Pieter Coecke van Aelst, Colijn de Coter, Nicolas Victor
Fonville, Gustave Doré…) et d'art moderne.
Article détaillé : Musée municipal de Bourg-en-Bresse.
• Bernard van Orley, Portrait de Charles Quint (1516).
• Portrait de Marguerite d'Autriche, par son peintre
officiel, Bernard van Orley.
7 Notes et références
[1] « Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse », sur
brou.monuments-nationaux.fr.
[2] « Monastère royal de Brou », sur bourgenbresse.fr.
[3] Marie-Claude Guigue 1873, p. 56-57.
[4] « Le chef d'œuvre d'une fille d'empereur », sur
culture.gouv.fr (consulté le 5 mars 2010).
[5] « Thomas, Philibert Riboud », sur assemblee-nationale.fr.
[6] « Recherche “Thomas Riboud” », sur culture.gouv.fr.
[7] Jérôme Croyet, « Thomas Riboud, un magistrat humaniste », sur histoire-empire.org.
[8] « Ancienne abbaye de Brou », base Mérimée, ministère
français de la Culture.
8 Bibliographie
• Samuel Guichenon, Histoire de Bresse et de Bugey.
Partie 2., jean antoine huguetan & marc antoine ravaud, lyon, 1650, disponible en ligne sur Gallica
• [Marie-Claude Guigue 1873] Marie-Claude Guigue,
Topographie historique du département de l'Ain,
ou Notices sur les communes, les hameaux, les paroisses, les abbayes, les prieurés, les monastères,... :
accompagnée d'un précis de l'histoire du département depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution, Bourg-en-Bresse et Lyon, A. Brun, 1873
(lire en ligne).