prelaud bat - Revue de Médecine Vétérinaire
Transcription
prelaud bat - Revue de Médecine Vétérinaire
ARTICLE ORIGINAL Comparaison en double aveugle de l’efficacité de la selamectine et du fipronil dans le traitement de la dermatite par allergie aux piqûres de puces chez le chien : étude de terrain multicentrique ° P. PRÉLAUD*, °° J.-P. CALMON, °°° H. DELMAS, °°°° M. DEVEZE, °°°°° P. GUILLAUME et °°°°°° M. LAUMONIER ° Cabinet de Dermatologie Vétérinaire, 62 avenue Maurice Clétras, F-44300 Nantes °° Clinique Vétérinaire, 96 avenue Carnot, F-11100 Narbonne °°° Clinique Vétérinaire, 100 avenue d’Aquitaine, F-33560 Sainte Eulalie °°°° Clinique Vétérinaire, avenue de la Grande Bégude, F-13770 Venelles °°°°° Clinique Vétérinaire, 34 avenue Raymond Poincaré, F-19130 Objat °°°°°° Clinique Vétérinaire, 29 rue Célestin Barthélémy, F-13710 Fuveau * Auteur assurant la correspondance RÉSUMÉ SUMMARY Cette étude multicentrique en double aveugle compare l’efficacité de la selamectine en spot on au fipronil en spray dans le traitement de la dermatite par allergie aux piqûres de puces chez 37 chiens vivant avec au maximum deux animaux congénères. Les scores de prurit et lésionnels sont significativement améliorés dès la deuxième semaine de traitement et sont presque nuls au deuxième mois. Il n’existe pas de différence significative entre les deux types de traitement. Double blind comparative study of the efficacy of selamectin and fipronil in the treatment of canine flea allergic dermatitis : a multicentric field trial. By P. PRÉLAUD, J.-P. CALMON, H. DELMAS, M. DEVEZE, P. GUILLAUME and M. LAUMONIER. MOTS-CLÉS : chien - prurit - puce - Ctenocephalides felis felis - selamectine - fipronil - allergie - hypersensibilité - dermatite par allergie aux piqûres de puces. KEY-WORDS : dog - pruritus - flea - Ctenocephalides felis felis - selamectin - fipronil - hypersensitivity - flea allergy dermatitis. Introduction 11] : l’un, en spot on à action systémique, la selamectine (Stronghold®, Pfizer1), qui permet le recours fréquent à des soins topiques, le second, en spray à action de surface, le fipronil (Frontline®, Mérial2). La dermatite par allergie aux piqûres de puces (DAPP) est une des causes les plus fréquentes de prurit chez le chien [17]. Le traitement de cette dermatite allergique repose sur l’éviction des parasites. Cette éviction peut être complexe lorsqu’il est nécessaire d’associer au traitement anti-parasitaire des soins topiques ou lorsque de nombreux congénères sont présents [7]. D’autre part, l’amélioration clinique est fréquemment observée après plusieurs semaines de traitement anti-parasitaire [8, 9, 11]. La formulation de l’insecticide utilisé est depuis longtemps considérée comme jouant un rôle majeur dans l’efficacité du traitement, en terme de rapidité de disparition des signes cliniques de la DAPP. Les sprays, poudres et solutions externes sont, de ce fait, préférées aux autres présentations. Le but de cette étude est de comparer l’efficacité de deux insecticides reconnus pour leur efficacité sur le contrôle de l’infestation par Ctenocephalides felis felis chez le chien [1, Revue Méd. Vét., 2003, 154, 11, 689-694 This double blind multicentric field trial compared the efficacy of selamectin spot on and fipronil spray in the treatment of 37 cases of canine flea allergic dermatitis living with a maximum of 2 other pets (dog or cat). Pruritus and lesional scores where identical in both groups at D0, decreased significantly at D15 and where very low or null at D60. No significant differences were observed between each groups at any visit (D15, 30 and 60). Matériel et méthodes L’étude multicentrique a été menée dans 5 centres dans différentes régions de France (Sud-Est, Sud-Ouest et Centre). ANIMAUX Critères d’inclusion Tous les animaux inclus sont des chiens pour lesquels une forte suspicion de DAPP est établie sur la base de l’existence 1. PFIZER SANTE ANIMALE, 23-25 av du Dr Lannelongue, 75668 Paris cedex 14. 2. MERIAL S.A.S., 29 avenue Tony Garnier, BP 7123, 69348 Lyon cedex 07. 690 d’un prurit et de lésions d’érythème, de croûtes ou d’alopécie en région dorsolombaire [2, 13, 14]. Aucun critère d’exclusion basé sur l’âge, la race, le mode de vie ou la provenance n’est retenu. Critères d’exclusion Afin de limiter les interférences avec le traitement mis en place et les risques d’échec liés à une co-morbidité, les critères d’exclusion suivants sont retenus : • chiens vivant avec plus de deux congénères dans le même foyer (chien ou chat), • chiens et/ou environnement traités dans les 30 jours précédents par un insecticide, • chiens traités par corticothérapie : ° depuis moins de 7 jours pour les formes orales, ° depuis moins d’un mois pour les formes injectables d’action courte, ° depuis moins de 3 mois pour les formes injectables d’action lente, • chiens présentant d’autres lésions nécessitant d’autres traitements (en particulier, dermatite à Malassezia dont la présence est systématiquement recherchée par examen direct au microscope après récolte à l’aide d’une bande de cellophane adhésive et coloration au RAL® 555). L’observation de cinq levures au minimum par champ microscopique est retenue comme critère de diagnostic), • chiens présentant une dermatite atopique (présence d’au moins 2 critères majeurs cliniques de la dermatite atopique : otite externe bilatérale, chéilite, ou pododermatite antérieure bilatérale) [6, 15]. TIRAGE AU SORT Un tirage au sort équilibré pour 8 animaux (4 traités avec la selamectine, 4 avec le fipronil) a été réalisé. Les expérimentateurs recrutent donc un minimum de 8 animaux suspects de DAPP. L’essai est effectué en double aveugle. L’expérimentateur ignore le traitement délivré. La délivrance et l’administration du médicament sont faites par une ASV, à qui la liste de tirage au sort a été remise. TRAITEMENTS Le groupe S (4 chiens) reçoit deux administrations d’une pipette de Stronghold® à un mois d’intervalle, l’une à J0 et l’autre à J30, de la présentation adaptée au poids du chien. Le groupe F (4 chiens) reçoit deux administrations de Frontline spray® à un mois d’intervalle, l’une à J0 et l’autre à J30, à raison de 6 ml / kg, posologie maximale recommandée par le fabriquant. Pour les congénères, une application de la présentation appropriée de Stronghold® (si le chien du foyer inclus dans l’étude est traité avec Stronghold®) ou de Frontline spray® (si le chien du foyer inclus dans l’étude est traité avec Frontline spray®) est faite à J0 et à J30. Les seuls traitements concomitants tolérés sont une antibiothérapie et une courte corticothérapie. L’antibiothérapie (amoxicilline - acide clavulanique ou céfalexine) est prescrite PRÉLAUD (P.) ET COLLABORATEURS chaque fois qu’il existe des signes de pyodermite, à savoir : papules, pustules ou croûtes (toutes localisations confondues), érythème, avec images de colonisation bactérienne importante ou d’infection à l’examen cytologique. La corticothérapie est utilisée chez les chiens présentant un prurit particulièrement intense : prednisolone (0,5 à 1 mg/kg/j par voie orale) au début de l’étude (entre J0 et J14) sur une période maximale de 5 jours. VISITES Des visites sont effectuées à J0, 14, 30 et 60. Lors de la visite initiale (J0), les données épidémiologiques sont recueillies. Lors de chaque visite un examen clinique complet et parasitaire est effectué. Ces examens permettent d’obtenir les données suivantes : Score de prurit : L’intensité du prurit et sa fréquence sont appréciés à la fois par le propriétaire et le vétérinaire. Le propriétaire coche une valeur sur une échelle non graduée allant d’une absence totale de prurit à un prurit violent et permanent. Le vétérinaire note le prurit sur une échelle de 0 à 4 : • 0 : absence de prurit. Aucun mouvement anormal de grattage, de mordillements, de frottement ou de léchage remarqué par le propriétaire, • 1 : prurit discret. Les mouvements de grattage, de mordillements, de frottements ou de léchage ne sont pas remarqués par le propriétaire, mais l’interrogatoire permet de les retrouver. Ils sont toujours décrits comme peu importants. Le chien ne manifeste de démangeaisons que rarement dans la journée, en pratique moins d’une heure par jour, • 2 : prurit modéré. Les mouvements de grattage, de mordillements, de frottement ou de léchage sont spontanément décrits par le propriétaire, pour lequel il s’agit d’une gêne. Toutefois l’animal ne manifeste que peu souvent des démangeaisons, en pratique entre 1 et 3 heures par jour. La cessation des mouvements de prurit est spontanée (l’animal arrête spontanément de se lécher ou se gratter), • 3 : prurit important. Les mouvements de grattage, de mordillements, de frottement ou de léchage sont spontanément décrits par le propriétaire, pour lequel il s’agit d’une gêne importante, en pratique il s’agit d’un ou du motif de la consultation. Le prurit est noté la plupart du temps (entre 3 et 6 heures par jour). Il faut stimuler l’animal pour qu’il cesse les mouvements de prurit, • 4 : prurit très important. Les mouvements de grattage, de mordillements, de frottement ou de léchage sont spontanément décrits par le propriétaire, pour lequel il s’agit d’une gêne majeure (par exemple difficultés à dormir). Le prurit est permanent ou presque. L’animal ne s’arrête que lorsqu’on le stimule de manière très insistante. Types de lésions : Les différents types de lésions et leur intensité sont notées (0-absent, 1- faible, 2- moyen, 3- important, 4- très important). Les critères étudiés sont : • les lésions primaires (érythème, papules, pustules et plaques), • les lésions secondaires (squamosis, croûtes, érosions, ulcères et hyperpigmentation et en particulier la lichénification qui signe la chronicité), Revue Méd. Vét., 2003, 154, 11, 689-694 COMPARAISON EN DOUBLE AVEUGLE DE L’EFFICACITÉ DE LA SELAMECTINE ET DU FIPRONIL • le prurit, apprécié par les excoriations et l’alopécie. Etendue des lésions : elle est quantifiée en pourcentage de la surface corporelle atteinte par tranches de 25 %. Score lésionnel : il est quantifié en utilisant un système dérivé du CADESI (Canine Atopic Dermatitis Extent and Severity Index) [12] utilisé chez le chien pour la dermatite atopique. Le système retenu (FADESI pour Flea Allergic Dermatitis Extent and Severity Index) permet de donner une plus grande importance aux sites préférentiels de la DAPP (tableau I). Le score est défini comme la somme de l’importance des lésions au niveau de plusieurs sites qui représentent l’ensemble de la surface cutanée : face (périorbitaire/museau), oreilles (droite/gauche), cou, dos, lombes, ars (droit/gauche), flancs (droit/gauche), ventre, région inguinale, périnée, base de la queue, pattes (antérieures/postérieures), pieds (antérieurs/postérieurs). A chaque visite de suivi à J14, J30 et J60, les mêmes données sont collationnées. Sont considérés comme guéris les chiens présentant un score de prurit nul (apprécié par le vétérinaire et le propriétaire) et une absence de lésion d’érythème, de papules, de squamosis, de croûtes et de lichénification. TESTS STATISTIQUES Un test T de Student unilatéral pour données appariées est utilisé pour comparer les scores des chiens à chaque visite et un test T pour données non appariées pour comparer les 691 scores des groupes à chaque visite. Le test de χ2 est utilisé pour comparer le nombre d’animaux guéris à chaque visite entre les deux groupes [10]. Le seuil de risque α = 5 % est retenu. Résultats 37 chiens ont été inclus dans l’étude [15 races différentes, les plus représentées étant : caniche (9), labrador (5),épagneul breton (4) et terrier du Yorkshire (3)] : 18 dans le groupe S et 19 dans le groupe F. L’âge moyen des animaux est de 6.5 ans dans le groupe F et 5.2 ans dans le groupe S. Mâles et femelles sont également représentés dans les 2 groupes. Les questionnaires ont été intégralement complétés à l’exception de 4 cas, pour lesquels manque le pourcentage d’étendue des lésions à J60. Lors de la visite d’inclusion, tous les animaux ont des lésions en région dorsolombaire. Il n’existe pas de différence significative entre les 2 groupes S et F concernant la sévérité et l’étendue des lésions à J0. À cause de l’existence d’une pyodermite ou de l’inconfort lié au prurit, un traitement concomitant a été nécessaire dans la majorité des cas : • Groupe S (10 corticothérapies et 7 antibiothérapies) : prednisolone (0,5 à 1 mg/kg/j) 4 jours (1) ; 5 jours (8) ; amoxycilline-acide 4 semaines (4) ; cefalexine 2 semaines (1), 4 semaines (1) ; cefalexine 2 semaines et prednisolone (0,5 mg/kg/j) 4 jours (1), TABLEAU I. — Grille de score lésionnel FADESI (Flea Allergic Dermatitis Extent and Severity Index). Cotation : 0-absent, 1- faible, 2- moyen, 3- important, 4- très important. Revue Méd. Vét., 2003, 154, 11, 689-694 692 • Groupe F (11 corticothérapies et 3 antibiothérapies) : prednisolone (0,5 à 1 mg/kg/j) 3 jours (2) ; 4 jours (2) ; 5 jours (7) ; amoxycilline-acide clavulanique 4 semaines (2) ; cefalexine 3 semaines (1). Les principales lésions disparaissent sans qu’il soit nécessaire de renouveler ces traitements à J30 à l’exception de 3 cas : 2 dans le groupe F (applications d’un spray émollient dans un cas, utilisation une fois d’un shampooing émollient dans un second cas) et 1 dans le groupe S (prednisolone administrée durant 5 jours). SCORES DE PRURIT Les deux types de scores de prurit, quantitatif apprécié par le propriétaire et semi quantitatif apprécié par le vétérinaire, sont identiques dans chaque groupe à J0 (différence non significative) (figures 1 et 2). Ils sont significativement améliorés à chaque visite (figures 1 et 2) par rapport à la visite initiale. Ce score ne s’améliore pas significativement entre les visites à J15 et J30, mais il s’améliore entre J0 et J15 (p = 0,0001) et entre J30 et J60 (p = 0,007). Il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes à chaque visite. EVOLUTION DES LÉSIONS Résultats globaux Tous les animaux présentent une étendue des lésions très réduite (< 25 % de la surface corporelle) à J 60, alors que seule la moitié des animaux présentent une étendue de lésion réduite à moins de 25 % de la surface corporelle à J0 (9/19 pour le groupe F et 7/18 pour le groupe S, figure 3). Le score lésionnel régresse très rapidement pour tous les chiens dès J15 (différence très significative : p = 0,0001 à 0,0016), mais aussi entre J15 et J30 (valeurs presque nulles, différence très significative par rapport à J15 : p = 0,007 à 0,033) et entre J30 et J60 (p = 0,0005 à 0,017) (figure 4). Seule la persistance de légers troubles de la kératogenèse est encore observée à J 60 dans les deux groupes (11/19 dans le groupe F et 9/18 dans le groupe S) (figure 5). Les lésions d’inflammation aiguë disparaissent chez 66 à 80 % des animaux (persistent chez 4/19 animaux du groupe F et 6/18 du groupe S) et les lésions de pyodermite superficielle dans plus de 90 % des cas (persistent chez 2 animaux du groupe F et 1 du groupe S), alors qu’elles sont présentes à J0 chez presque tous les animaux. Résultats par groupe de traitement Il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes à J0. La grande majorité des chiens présentent tous les types de lésions étudiées à J0. À J60, presque aucun chien ne présente des lésions associées à une pyodermite (papules, pustules ou croûtes), les lésions associées à l’inflammation et au prurit ont aussi presque totalement disparu dans les deux groupes. Seules des lésions de troubles de la kératogenèse persistent dans chaque groupe à J60 (figure 5). Il n’existe pas de différence significative d’évolution entre chaque groupe à J0 et à J60. L’évolution de l’étendue des lésions entre J0 et J60 dans les groupes selamectine et fipronil est présentée dans la figure 4. Il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes à J0 et à J60. PRÉLAUD (P.) ET COLLABORATEURS Les scores lésionnels (FADESI) sont identiques dans chaque groupe à J0 (moyenne de 30,2 dans le groupe S et de 31,3 dans le groupe F). Il n’existe pas de différence entre les groupes selamectine et fipronil. Le pourcentage d’animaux considérés comme guéris progresse lentement dans chaque groupe pour atteindre à J60 39 % dans le groupe S et 47 % dans le groupe F (différence non significative) (figure 6). Conclusion L’utilisation de la selamectine ou du fipronil, associée au traitement des animaux congénères permet de contrôler la DAPP chez le chien dans un délai de 15 à 60 jours. Cette observation confirme les données déjà obtenues dans cette indication avec les deux molécules [5, 9, 11]. Cette étude montre qu’il n’existe pas de différence significative entre la selamectine en formulation spot-on et le fipronil en formulation spray dans le contrôle de la DAPP chez le chien. L’amélioration est très significative dans les 2 groupes dès la deuxième semaine de traitement, tant au niveau des scores lésionnels que des scores de prurit. Cette amélioration peut toutefois être imputable sur les premières semaines (J0 à J30) aux traitements anti-infectieux ou anti-prurigineux concomitants. Ces traitements sont utilisés dans cette étude afin de pouvoir inclure des cas de DAPP dans des conditions les plus proches de la pratique courante. L’absence de traitement concomitant au-delà de J30 (à l’exception de 3 cas), permet de conclure à l’efficacité du traitement anti parasitaire dans cette étude. La DAPP étant une dermatite prurigineuse due à une allergie aux allergènes de la salive de Ctenocephalides felis felis, la limitation du risque de piqûre est une des priorités du traitement d’éviction. C’est la raison pour laquelle les insecticides ayant une activité répulsive sont théoriquement préférables à des insecticides ayant un faible pouvoir répulsif [4]. Des études ont démontré l’absence d’effet répulsif pour la selamectine et le fipronil [3]. Toutefois, cette étude, comme d’autres études publiées auparavant [5, 9, 11], montrent que cet effet est négligeable dans le cadre du traitement de la DAPP canine. En effet, l’amélioration clinique est lente et souvent significative après seulement 2 à 3 semaines. C’est donc plus une diminution de la charge parasitaire donc allergénique globale qui est la plus importante. La recherche d’une infestation nulle («0 flea») pour éviter le déclenchement d’une DAPP par une seule piqûre de puce est un concept théorique qui paraît aujourd’hui obsolète. Une étude expérimentale récente a montré qu’une seule piqûre de puce ne peut pas être responsable du développement d’une DAPP clinique chez le chien [16]. La lenteur de l’amélioration clinique est une source de découragement des propriétaires à l’origine d’une diminution de l’observance de la prescription. Il est nécessaire de prendre en charge tant les surinfections bactériennes et/ou fongiques que le prurit s’il est violent sur une courte période. L’utilisation d’un protocole autorisant un tel traitement en début d’étude permet de rester dans des conditions d’essai très proches du terrain. Un traitement strictement anti-parasitaire obligerait à exclure de l’étude la majorité des animaux Revue Méd. Vét., 2003, 154, 11, 689-694 COMPARAISON EN DOUBLE AVEUGLE DE L’EFFICACITÉ DE LA SELAMECTINE ET DU FIPRONIL 693 FIGURE 1. — Évolution des scores de prurit appréciés par les propriétaires. FIGURE 2. — Évolution des scores de prurit appréciés par le clinicien. FIGURE 3. — Étendue des lésions à J 60. FIGURE 4. — Évolution des scores lésionnels (FADESI). FIGURE 5. — Répartition des lésions à J60. FIGURE 6. — Évolution du nombre de chiens guéris : score de 0 pour les 5 principales lésions (érythème, papules, croûtes, séborrhée, lichénification) et de 0 pour le prurit. Revue Méd. Vét., 2003, 154, 11, 689-694 694 atteints. Les traitements concomitants sont prescrits de façon équivalente dans les deux groupes et sur des périodes courtes par rapport à la durée de l’étude. Ils n’influent donc pas sur le résultat final de cette étude comparative. Si, dans cette étude, tous les animaux ne sont pas totalement guéris après 2 mois de traitement, les scores lésionnels et de prurit restent très faibles. En effet, le critère de guérison retenu est très sévère (absence totale de lésions et de prurit) et les animaux considérés comme non guéris présentent en fait essentiellement des lésions squameuses en région dorsolombaire et un prurit quasi-nul. L’absence d’animaux perdus de vue dans ce protocole montre que les deux approches thérapeutiques sont satisfaisantes pour les propriétaires des animaux souffrant de DAPP. On peut donc prescrire aussi bien un spray à effet de surface que la selamectine chez un chien atteint de DAPP. Cette dernière étant un insecticide systémique, permet le recours à des shampooings fréquents, notamment lors de troubles de la kératogenèse associés. Or, ce sont ces atteintes qui semblent être les plus difficiles à contrôler lorsque l’on fait appel aux seuls traitements insecticides associés à une antibiothérapie et/ou une corticothérapie. Bibliographie 1. — BENCHAOUI H.A., CLEMENCE R.G., CLEMENTS P.J.M., JONES R.L., WATSON P., SHANKS D.J., SMITH D.G., STURE G.H., JERNIGAN A.D. et ROWAN T.G. : Efficacy and safety of selamectin against fleas on dogs and cats presented as veterinary patients in Europe. Vet. Parasitol., 2000, 91, 223-232. 2. — BERGVAL K.E., SAEVIK B.K., SAIJONMAA-KOULUMIES L., HOLM B. et HOLM L. : Demographic and clinical picture of nonseasonal atopic dermatitis - observations in 63 dogs. Proceedings of the 17th annual AAVD/ACVD meeting, New Orleans, 2002. 3. — BOURDEAU P. : Effets biologiques précoces des insecticides récents sur Ctenocephalides felis en conditions expérimentales chez le chien. Résumés des Journées annuelles du GEDAC, Lille, 1998. 4. — BOURDEAU P. : Les traitements contre les puces chez les carnivores domestiques : comment concevoir la lutte ? Point Vét., 1997, 28, 1503-1514. PRÉLAUD (P.) ET COLLABORATEURS 5. — BOY M.G., SIX R.H., THOMAS C.A., NOVOTNY M.J., SMOTHERS C.D., ROWANT.G. et JERNIGAN A.D. : Efficacy and safety of selamectin against fleas and heartworms in dogs and cats presented as veterinary patients in North America. Vet. Parasitol., 2000, 91, 233-250. 6. — GRIFFIN C.E. et DEBOER D.J. : The ACVD task force on canine atopic dermatitis (XIV) : clinical manifestations of canine atopic dermatitis. Vet. Immunol. Immunopathol., 2001, 81, 255-269. 7. — GUAGUERE E. et BENSIGNOR E. : Thérapeutique Dermatologique du Chien, 250 pages, Masson - AFVAC, Paris, 2002. 8. — GUAGUERE E., LIMET A. et FEVE C. : Utilisation de l’imidaclopride (Advantage®) dans le contrôle de la dermite par allergie aux piqûres de puces (DAPP) chez le chien. Prat. Méd. Chir. Anim. Comp., 1999, 34, 231-235. 9. — GUAGUERE E. et MARTIGNONI L. : Control of FAD through the continuous use of Program (lufenuron) in dogs. Proc. of the Novartis International Symposium, Birmingham, 1998. 10. — LAPLANCHE A., COM-NOUGUE C. et FLAMANT R. : Méthodes statistiques appliquées à la recherche clinique, 168 pages, Flammarion Médecine-Sciences, Paris, 1987. 11. — MEDLEAU L., CLEKIS T., MC ARTHUR T.R., ALVA R., BARRICK R.A., JEANNIN P. et IRWIN J. : Evaluation of fipronil spot-on in the treatment of flea allergic dermatitis in dogs. J. small Anim. Pract., 2003, 44, 71-75. 12. — OLIVRY T., RIVIERRE C., JACKSON H.A., MURPHY K.M., DAVIDSON G. et SOUSA C.A. : Cyclosporine decreases skin lesions and pruritus in dogs with atopic dermatitis : a blinded randomized prednisolone- controlled trial. Vet. Dermatol., 2002, 13, 77-87. 13. — PRELAUD P. : Allergologie Canine, 150 pages, Masson, Paris, 1999. 14. — PRELAUD P., ALHAIDARI Z., GUAGUERE E., DENEROLLE P. et LAUMONIER M. : Discriminant diagnostic criteria for the clinical diagnosis of canine FAD. Proceedings of the 18th annual ESVDECVD Congress, Nice, 2002, 249. 15. — PRELAUD P., GUAGUERE E., ALHAIDARI Z., HERIPRET D., FAIVRE N. et GAYERIE A. : Réévaluation des critères de diagnostic de la dermite atopique canine. Revue Méd. Vét., 1998, 149, 10571064. 16. — SCHIESSL B., CAVALIERO T., PEEL J.E., ROOSJEP.J., RUDAZC., RUFFENACHT S. et WELLE M. : Localized exposure of dogs to Ctenocephalides felis does not cause generalized signs of flea allergy dermatitis. Proceedings of the 18th annual ESVD-ECVD Congress, Nice, 2002 : 217. 17. — SCOTT D.W., MILLER JR W.H. et GRIFFIN C.E. : Muller & Kirk’s Small Animal Dermatology. 6th edition, 1528 pages, Saunders,W.B., Philadelphie, 2001. Revue Méd. Vét., 2003, 154, 11, 689-694