prelaud bat - Revue de Médecine Vétérinaire

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prelaud bat - Revue de Médecine Vétérinaire
ARTICLE ORIGINAL
Comparaison en double aveugle de l’efficacité
de la selamectine et du fipronil dans le
traitement de la dermatite par allergie
aux piqûres de puces chez le chien :
étude de terrain multicentrique
° P. PRÉLAUD*, °° J.-P. CALMON, °°° H. DELMAS, °°°° M. DEVEZE, °°°°° P. GUILLAUME
et °°°°°° M. LAUMONIER
° Cabinet de Dermatologie Vétérinaire, 62 avenue Maurice Clétras, F-44300 Nantes
°° Clinique Vétérinaire, 96 avenue Carnot, F-11100 Narbonne
°°° Clinique Vétérinaire, 100 avenue d’Aquitaine, F-33560 Sainte Eulalie
°°°° Clinique Vétérinaire, avenue de la Grande Bégude, F-13770 Venelles
°°°°° Clinique Vétérinaire, 34 avenue Raymond Poincaré, F-19130 Objat
°°°°°° Clinique Vétérinaire, 29 rue Célestin Barthélémy, F-13710 Fuveau
* Auteur assurant la correspondance
RÉSUMÉ
SUMMARY
Cette étude multicentrique en double aveugle compare l’efficacité de la
selamectine en spot on au fipronil en spray dans le traitement de la dermatite par allergie aux piqûres de puces chez 37 chiens vivant avec au maximum deux animaux congénères. Les scores de prurit et lésionnels sont
significativement améliorés dès la deuxième semaine de traitement et sont
presque nuls au deuxième mois. Il n’existe pas de différence significative
entre les deux types de traitement.
Double blind comparative study of the efficacy of selamectin and fipronil in the treatment of canine flea allergic dermatitis : a multicentric
field trial. By P. PRÉLAUD, J.-P. CALMON, H. DELMAS, M.
DEVEZE, P. GUILLAUME and M. LAUMONIER.
MOTS-CLÉS : chien - prurit - puce - Ctenocephalides
felis felis - selamectine - fipronil - allergie - hypersensibilité - dermatite par allergie aux piqûres de puces.
KEY-WORDS : dog - pruritus - flea - Ctenocephalides
felis felis - selamectin - fipronil - hypersensitivity - flea
allergy dermatitis.
Introduction
11] : l’un, en spot on à action systémique, la selamectine
(Stronghold®, Pfizer1), qui permet le recours fréquent à des
soins topiques, le second, en spray à action de surface, le
fipronil (Frontline®, Mérial2).
La dermatite par allergie aux piqûres de puces (DAPP) est
une des causes les plus fréquentes de prurit chez le chien
[17]. Le traitement de cette dermatite allergique repose sur
l’éviction des parasites. Cette éviction peut être complexe
lorsqu’il est nécessaire d’associer au traitement anti-parasitaire des soins topiques ou lorsque de nombreux congénères
sont présents [7]. D’autre part, l’amélioration clinique est fréquemment observée après plusieurs semaines de traitement
anti-parasitaire [8, 9, 11].
La formulation de l’insecticide utilisé est depuis longtemps
considérée comme jouant un rôle majeur dans l’efficacité du
traitement, en terme de rapidité de disparition des signes cliniques de la DAPP. Les sprays, poudres et solutions externes
sont, de ce fait, préférées aux autres présentations.
Le but de cette étude est de comparer l’efficacité de deux
insecticides reconnus pour leur efficacité sur le contrôle de
l’infestation par Ctenocephalides felis felis chez le chien [1,
Revue Méd. Vét., 2003, 154, 11, 689-694
This double blind multicentric field trial compared the efficacy of selamectin spot on and fipronil spray in the treatment of 37 cases of canine flea
allergic dermatitis living with a maximum of 2 other pets (dog or cat).
Pruritus and lesional scores where identical in both groups at D0, decreased
significantly at D15 and where very low or null at D60. No significant differences were observed between each groups at any visit (D15, 30 and 60).
Matériel et méthodes
L’étude multicentrique a été menée dans 5 centres dans différentes régions de France (Sud-Est, Sud-Ouest et Centre).
ANIMAUX
Critères d’inclusion
Tous les animaux inclus sont des chiens pour lesquels une
forte suspicion de DAPP est établie sur la base de l’existence
1. PFIZER SANTE ANIMALE, 23-25 av du Dr Lannelongue, 75668
Paris cedex 14.
2. MERIAL S.A.S., 29 avenue Tony Garnier, BP 7123, 69348 Lyon cedex
07.
690
d’un prurit et de lésions d’érythème, de croûtes ou d’alopécie
en région dorsolombaire [2, 13, 14]. Aucun critère d’exclusion basé sur l’âge, la race, le mode de vie ou la provenance
n’est retenu.
Critères d’exclusion
Afin de limiter les interférences avec le traitement mis en
place et les risques d’échec liés à une co-morbidité, les critères d’exclusion suivants sont retenus :
• chiens vivant avec plus de deux congénères dans le même
foyer (chien ou chat),
• chiens et/ou environnement traités dans les 30 jours précédents par un insecticide,
• chiens traités par corticothérapie :
° depuis moins de 7 jours pour les formes orales,
° depuis moins d’un mois pour les formes injectables
d’action courte,
° depuis moins de 3 mois pour les formes injectables
d’action lente,
• chiens présentant d’autres lésions nécessitant d’autres
traitements (en particulier, dermatite à Malassezia dont la
présence est systématiquement recherchée par examen direct
au microscope après récolte à l’aide d’une bande de cellophane adhésive et coloration au RAL® 555). L’observation
de cinq levures au minimum par champ microscopique est
retenue comme critère de diagnostic),
• chiens présentant une dermatite atopique (présence d’au
moins 2 critères majeurs cliniques de la dermatite atopique :
otite externe bilatérale, chéilite, ou pododermatite antérieure
bilatérale) [6, 15].
TIRAGE AU SORT
Un tirage au sort équilibré pour 8 animaux (4 traités avec la
selamectine, 4 avec le fipronil) a été réalisé. Les expérimentateurs recrutent donc un minimum de 8 animaux suspects de
DAPP.
L’essai est effectué en double aveugle. L’expérimentateur
ignore le traitement délivré. La délivrance et l’administration
du médicament sont faites par une ASV, à qui la liste de
tirage au sort a été remise.
TRAITEMENTS
Le groupe S (4 chiens) reçoit deux administrations d’une
pipette de Stronghold® à un mois d’intervalle, l’une à J0 et
l’autre à J30, de la présentation adaptée au poids du chien.
Le groupe F (4 chiens) reçoit deux administrations de
Frontline spray® à un mois d’intervalle, l’une à J0 et l’autre
à J30, à raison de 6 ml / kg, posologie maximale recommandée par le fabriquant.
Pour les congénères, une application de la présentation
appropriée de Stronghold® (si le chien du foyer inclus dans
l’étude est traité avec Stronghold®) ou de Frontline spray®
(si le chien du foyer inclus dans l’étude est traité avec
Frontline spray®) est faite à J0 et à J30.
Les seuls traitements concomitants tolérés sont une antibiothérapie et une courte corticothérapie. L’antibiothérapie
(amoxicilline - acide clavulanique ou céfalexine) est prescrite
PRÉLAUD (P.) ET COLLABORATEURS
chaque fois qu’il existe des signes de pyodermite, à savoir :
papules, pustules ou croûtes (toutes localisations confondues), érythème, avec images de colonisation bactérienne
importante ou d’infection à l’examen cytologique. La corticothérapie est utilisée chez les chiens présentant un prurit
particulièrement intense : prednisolone (0,5 à 1 mg/kg/j par
voie orale) au début de l’étude (entre J0 et J14) sur une
période maximale de 5 jours.
VISITES
Des visites sont effectuées à J0, 14, 30 et 60.
Lors de la visite initiale (J0), les données épidémiologiques
sont recueillies. Lors de chaque visite un examen clinique
complet et parasitaire est effectué. Ces examens permettent
d’obtenir les données suivantes :
Score de prurit : L’intensité du prurit et sa fréquence sont
appréciés à la fois par le propriétaire et le vétérinaire. Le propriétaire coche une valeur sur une échelle non graduée allant
d’une absence totale de prurit à un prurit violent et permanent.
Le vétérinaire note le prurit sur une échelle de 0 à 4 :
• 0 : absence de prurit. Aucun mouvement anormal de grattage, de mordillements, de frottement ou de léchage remarqué par le propriétaire,
• 1 : prurit discret. Les mouvements de grattage, de mordillements, de frottements ou de léchage ne sont pas remarqués par le propriétaire, mais l’interrogatoire permet de les
retrouver. Ils sont toujours décrits comme peu importants. Le
chien ne manifeste de démangeaisons que rarement dans la
journée, en pratique moins d’une heure par jour,
• 2 : prurit modéré. Les mouvements de grattage, de mordillements, de frottement ou de léchage sont spontanément
décrits par le propriétaire, pour lequel il s’agit d’une gêne.
Toutefois l’animal ne manifeste que peu souvent des démangeaisons, en pratique entre 1 et 3 heures par jour. La cessation
des mouvements de prurit est spontanée (l’animal arrête
spontanément de se lécher ou se gratter),
• 3 : prurit important. Les mouvements de grattage, de mordillements, de frottement ou de léchage sont spontanément
décrits par le propriétaire, pour lequel il s’agit d’une gêne
importante, en pratique il s’agit d’un ou du motif de la
consultation. Le prurit est noté la plupart du temps (entre 3 et
6 heures par jour). Il faut stimuler l’animal pour qu’il cesse
les mouvements de prurit,
• 4 : prurit très important. Les mouvements de grattage, de
mordillements, de frottement ou de léchage sont spontanément décrits par le propriétaire, pour lequel il s’agit d’une
gêne majeure (par exemple difficultés à dormir). Le prurit est
permanent ou presque. L’animal ne s’arrête que lorsqu’on le
stimule de manière très insistante.
Types de lésions : Les différents types de lésions et leur
intensité sont notées (0-absent, 1- faible, 2- moyen, 3- important, 4- très important). Les critères étudiés sont :
• les lésions primaires (érythème, papules, pustules et
plaques),
• les lésions secondaires (squamosis, croûtes, érosions,
ulcères et hyperpigmentation et en particulier la lichénification qui signe la chronicité),
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COMPARAISON EN DOUBLE AVEUGLE DE L’EFFICACITÉ DE LA SELAMECTINE ET DU FIPRONIL
• le prurit, apprécié par les excoriations et l’alopécie.
Etendue des lésions : elle est quantifiée en pourcentage de
la surface corporelle atteinte par tranches de 25 %.
Score lésionnel : il est quantifié en utilisant un système
dérivé du CADESI (Canine Atopic Dermatitis Extent and
Severity Index) [12] utilisé chez le chien pour la dermatite
atopique. Le système retenu (FADESI pour Flea Allergic
Dermatitis Extent and Severity Index) permet de donner une
plus grande importance aux sites préférentiels de la DAPP
(tableau I). Le score est défini comme la somme de l’importance des lésions au niveau de plusieurs sites qui représentent
l’ensemble de la surface cutanée : face (périorbitaire/museau), oreilles (droite/gauche), cou, dos, lombes, ars
(droit/gauche), flancs (droit/gauche), ventre, région inguinale, périnée, base de la queue, pattes (antérieures/postérieures), pieds (antérieurs/postérieurs).
A chaque visite de suivi à J14, J30 et J60, les mêmes données sont collationnées.
Sont considérés comme guéris les chiens présentant un
score de prurit nul (apprécié par le vétérinaire et le propriétaire) et une absence de lésion d’érythème, de papules, de
squamosis, de croûtes et de lichénification.
TESTS STATISTIQUES
Un test T de Student unilatéral pour données appariées est
utilisé pour comparer les scores des chiens à chaque visite et
un test T pour données non appariées pour comparer les
691
scores des groupes à chaque visite. Le test de χ2 est utilisé
pour comparer le nombre d’animaux guéris à chaque visite
entre les deux groupes [10]. Le seuil de risque α = 5 % est
retenu.
Résultats
37 chiens ont été inclus dans l’étude [15 races différentes,
les plus représentées étant : caniche (9), labrador (5),épagneul breton (4) et terrier du Yorkshire (3)] : 18 dans le
groupe S et 19 dans le groupe F. L’âge moyen des animaux
est de 6.5 ans dans le groupe F et 5.2 ans dans le groupe S.
Mâles et femelles sont également représentés dans les 2
groupes. Les questionnaires ont été intégralement complétés
à l’exception de 4 cas, pour lesquels manque le pourcentage
d’étendue des lésions à J60. Lors de la visite d’inclusion, tous
les animaux ont des lésions en région dorsolombaire. Il
n’existe pas de différence significative entre les 2 groupes S
et F concernant la sévérité et l’étendue des lésions à J0.
À cause de l’existence d’une pyodermite ou de l’inconfort
lié au prurit, un traitement concomitant a été nécessaire dans
la majorité des cas :
• Groupe S (10 corticothérapies et 7 antibiothérapies) :
prednisolone (0,5 à 1 mg/kg/j) 4 jours (1) ; 5 jours (8) ;
amoxycilline-acide 4 semaines (4) ; cefalexine 2 semaines
(1), 4 semaines (1) ; cefalexine 2 semaines et prednisolone
(0,5 mg/kg/j) 4 jours (1),
TABLEAU I. — Grille de score lésionnel FADESI (Flea Allergic Dermatitis Extent and Severity Index). Cotation : 0-absent, 1- faible, 2- moyen, 3- important, 4- très important.
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• Groupe F (11 corticothérapies et 3 antibiothérapies) :
prednisolone (0,5 à 1 mg/kg/j) 3 jours (2) ; 4 jours (2) ; 5
jours (7) ; amoxycilline-acide clavulanique 4 semaines (2) ;
cefalexine 3 semaines (1).
Les principales lésions disparaissent sans qu’il soit nécessaire de renouveler ces traitements à J30 à l’exception de
3 cas : 2 dans le groupe F (applications d’un spray émollient
dans un cas, utilisation une fois d’un shampooing émollient
dans un second cas) et 1 dans le groupe S (prednisolone
administrée durant 5 jours).
SCORES DE PRURIT
Les deux types de scores de prurit, quantitatif apprécié par
le propriétaire et semi quantitatif apprécié par le vétérinaire,
sont identiques dans chaque groupe à J0 (différence non
significative) (figures 1 et 2). Ils sont significativement améliorés à chaque visite (figures 1 et 2) par rapport à la visite
initiale. Ce score ne s’améliore pas significativement entre
les visites à J15 et J30, mais il s’améliore entre J0 et J15 (p =
0,0001) et entre J30 et J60 (p = 0,007). Il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes à chaque visite.
EVOLUTION DES LÉSIONS
Résultats globaux
Tous les animaux présentent une étendue des lésions très
réduite (< 25 % de la surface corporelle) à J 60, alors que
seule la moitié des animaux présentent une étendue de lésion
réduite à moins de 25 % de la surface corporelle à J0 (9/19
pour le groupe F et 7/18 pour le groupe S, figure 3).
Le score lésionnel régresse très rapidement pour tous les
chiens dès J15 (différence très significative : p = 0,0001 à
0,0016), mais aussi entre J15 et J30 (valeurs presque nulles,
différence très significative par rapport à J15 : p = 0,007 à
0,033) et entre J30 et J60 (p = 0,0005 à 0,017) (figure 4).
Seule la persistance de légers troubles de la kératogenèse est
encore observée à J 60 dans les deux groupes (11/19 dans le
groupe F et 9/18 dans le groupe S) (figure 5). Les lésions
d’inflammation aiguë disparaissent chez 66 à 80 % des animaux (persistent chez 4/19 animaux du groupe F et 6/18 du
groupe S) et les lésions de pyodermite superficielle dans plus
de 90 % des cas (persistent chez 2 animaux du groupe F et 1
du groupe S), alors qu’elles sont présentes à J0 chez presque
tous les animaux.
Résultats par groupe de traitement
Il n’existe pas de différence significative entre les deux
groupes à J0. La grande majorité des chiens présentent tous
les types de lésions étudiées à J0. À J60, presque aucun chien
ne présente des lésions associées à une pyodermite (papules,
pustules ou croûtes), les lésions associées à l’inflammation et
au prurit ont aussi presque totalement disparu dans les deux
groupes. Seules des lésions de troubles de la kératogenèse
persistent dans chaque groupe à J60 (figure 5). Il n’existe pas
de différence significative d’évolution entre chaque groupe à
J0 et à J60.
L’évolution de l’étendue des lésions entre J0 et J60 dans les
groupes selamectine et fipronil est présentée dans la figure 4.
Il n’existe pas de différence significative entre les deux
groupes à J0 et à J60.
PRÉLAUD (P.) ET COLLABORATEURS
Les scores lésionnels (FADESI) sont identiques dans
chaque groupe à J0 (moyenne de 30,2 dans le groupe S et de
31,3 dans le groupe F). Il n’existe pas de différence entre les
groupes selamectine et fipronil.
Le pourcentage d’animaux considérés comme guéris progresse lentement dans chaque groupe pour atteindre à J60
39 % dans le groupe S et 47 % dans le groupe F (différence
non significative) (figure 6).
Conclusion
L’utilisation de la selamectine ou du fipronil, associée au
traitement des animaux congénères permet de contrôler la
DAPP chez le chien dans un délai de 15 à 60 jours. Cette
observation confirme les données déjà obtenues dans cette
indication avec les deux molécules [5, 9, 11]. Cette étude
montre qu’il n’existe pas de différence significative entre la
selamectine en formulation spot-on et le fipronil en formulation spray dans le contrôle de la DAPP chez le chien.
L’amélioration est très significative dans les 2 groupes dès la
deuxième semaine de traitement, tant au niveau des scores
lésionnels que des scores de prurit. Cette amélioration peut
toutefois être imputable sur les premières semaines (J0 à J30)
aux traitements anti-infectieux ou anti-prurigineux concomitants. Ces traitements sont utilisés dans cette étude afin de
pouvoir inclure des cas de DAPP dans des conditions les plus
proches de la pratique courante. L’absence de traitement
concomitant au-delà de J30 (à l’exception de 3 cas), permet
de conclure à l’efficacité du traitement anti parasitaire dans
cette étude.
La DAPP étant une dermatite prurigineuse due à une allergie aux allergènes de la salive de Ctenocephalides felis felis,
la limitation du risque de piqûre est une des priorités du traitement d’éviction. C’est la raison pour laquelle les insecticides ayant une activité répulsive sont théoriquement préférables à des insecticides ayant un faible pouvoir répulsif [4].
Des études ont démontré l’absence d’effet répulsif pour la
selamectine et le fipronil [3]. Toutefois, cette étude, comme
d’autres études publiées auparavant [5, 9, 11], montrent que
cet effet est négligeable dans le cadre du traitement de la
DAPP canine. En effet, l’amélioration clinique est lente et
souvent significative après seulement 2 à 3 semaines. C’est
donc plus une diminution de la charge parasitaire donc allergénique globale qui est la plus importante. La recherche
d’une infestation nulle («0 flea») pour éviter le déclenchement d’une DAPP par une seule piqûre de puce est un
concept théorique qui paraît aujourd’hui obsolète. Une étude
expérimentale récente a montré qu’une seule piqûre de puce
ne peut pas être responsable du développement d’une DAPP
clinique chez le chien [16].
La lenteur de l’amélioration clinique est une source de
découragement des propriétaires à l’origine d’une diminution
de l’observance de la prescription. Il est nécessaire de
prendre en charge tant les surinfections bactériennes et/ou
fongiques que le prurit s’il est violent sur une courte période.
L’utilisation d’un protocole autorisant un tel traitement en
début d’étude permet de rester dans des conditions d’essai
très proches du terrain. Un traitement strictement anti-parasitaire obligerait à exclure de l’étude la majorité des animaux
Revue Méd. Vét., 2003, 154, 11, 689-694
COMPARAISON EN DOUBLE AVEUGLE DE L’EFFICACITÉ DE LA SELAMECTINE ET DU FIPRONIL
693
FIGURE 1. — Évolution des scores de prurit appréciés par les propriétaires.
FIGURE 2. — Évolution des scores de prurit appréciés par le clinicien.
FIGURE 3. — Étendue des lésions à J 60.
FIGURE 4. — Évolution des scores lésionnels (FADESI).
FIGURE 5. — Répartition des lésions à J60.
FIGURE 6. — Évolution du nombre de chiens guéris : score de 0 pour les
5 principales lésions (érythème, papules, croûtes, séborrhée, lichénification) et de 0 pour le prurit.
Revue Méd. Vét., 2003, 154, 11, 689-694
694
atteints. Les traitements concomitants sont prescrits de façon
équivalente dans les deux groupes et sur des périodes courtes
par rapport à la durée de l’étude. Ils n’influent donc pas sur le
résultat final de cette étude comparative. Si, dans cette étude,
tous les animaux ne sont pas totalement guéris après 2 mois
de traitement, les scores lésionnels et de prurit restent très
faibles. En effet, le critère de guérison retenu est très sévère
(absence totale de lésions et de prurit) et les animaux considérés comme non guéris présentent en fait essentiellement
des lésions squameuses en région dorsolombaire et un prurit
quasi-nul.
L’absence d’animaux perdus de vue dans ce protocole
montre que les deux approches thérapeutiques sont satisfaisantes pour les propriétaires des animaux souffrant de DAPP.
On peut donc prescrire aussi bien un spray à effet de surface
que la selamectine chez un chien atteint de DAPP. Cette dernière étant un insecticide systémique, permet le recours à des
shampooings fréquents, notamment lors de troubles de la
kératogenèse associés. Or, ce sont ces atteintes qui semblent
être les plus difficiles à contrôler lorsque l’on fait appel aux
seuls traitements insecticides associés à une antibiothérapie
et/ou une corticothérapie.
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