Le séchage en bottes
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Le séchage en bottes
Les méthodes de séchage Le séchage en bottes, à simple ou double flux : une alternative au séchage en grange et/ou au séchage naturel ? Faire sécher son fourrage en bottes rondes : une alternative intéressante en année humide et au séchoir en grange. Telle est la thématique sur laquelle des agriculteurs de la coopérative Lait Bio du Maine se sont penchés. Ils sont allés visiter deux types de séchoirs (à simple et double flux) à bottes rondes en juillet 2012 en Maine et Loire et dans l’Orne. Une façon de se donner une idée sur ce qui existe en terme de séchage en bottes. Le premier séchoir visité est un séchoir à un simple flux vu à Loiré près de Segré. Dans cet exemple, l’air chaud arrive par le sol, il est ventilé (via un moteur électrique de 25 chevaux) depuis un toit en fibro noir doté d’un caisson qui emmagasine l’air chaud. Le séchoir présenté dispose de 30 trous : il est capable de sécher 60 bottes (2 rangées posées l’une sur l’autre). Il permet de stocker entre 3 et 5 ha de coupe. Ce type de séchoir convient bien pour la luzerne, un aliment doté d’un très bonne valeur fourragère. En travaillant avec une sonde, on mesure le taux d’humidité. La pose de bottes se fait de 55 à 65% d’humidité : 65 étant la prise de risque maximum, mais là où il y a le plus de feuilles et d’appétence. A 17 % d’humidité, la botte est considérée comme sèche. Le temps de séchage dure entre 3 et 4 jours par fournée. Du point de vue de la consommation énergétique, l’air chaud du toit ventilé suffit : l’idée est que le fuel reste en dépannage. L’agriculteur dit avoir budgétisé environ 34 000€ pour une installation capable de sécher 200T de foin par an. Ces chiffres sont une fourchette dans le sens où, suivant les fermes, il faut compter (ou non) de la main d’œuvre, un bâtiment déjà présent, des aides financières éventuelles… Les avantages de ce séchoir sont qu’il permet l’obtention de foin de bonne qualité, avec un investissement ‘modéré’ avec pas ou peu d’utilisation d’énergie complémentaire. Les inconvénients sont la manutention avec la nécessité de retourner une fois les bottes : il faut compter une heure par ‘fournée’), l’inertie (le séchoir est occupé pendant 4/5 jours/ séchage), et la nécessité de planifier en amont les fauches et de les étaler dans le temps. Ce séchoir est adapté pour un système permettant de sécher de façon échelonnée dans le temps : par exemple, il n’est pas en mesure d’absorber la totalité de ce qui est produit pendant la période mai juin. Exemple d’un trou sur lequel repose la botte Photo d’un hangar à bottes : séchoir à droite et stockage à gauche Le second séchoir est un séchoir double flux visité dans l’Orne près de Domfront. Le principe est grosso modo le même que précédemment, l’air chaud est insufflé depuis F E U I L L E D E C H O U X S E P T E M B R E 2 0 1 2 / CI V A M B I O M A Y E N NE un ventilateur couplé à un bruleur (pas de toit ici). L’air arrive par le bas et le haut. Photo d’un séchoir à double flux (marque Clim’air 16 bottes) L’agriculteur dit avoir investi 52000 € en 2004 dont 10000€ d’aides CTE. Ce séchoir permet de sécher 150T de foin. Le temps de séchage varie entre 3 et 8 heures suivant l’humidité. Il est utilisé pour sécher un mélange composé de RGA/ Fétuque et trèfle violet. Ses avantages sont qu’il permet l’obtention d’un foin de bonne qualité. Il n’y a pas besoin de retourner les bottes (moins de manutention que modèle simple flux). Il n’y a pas besoin d’auto-construction (de type bâtiment) et nécessite peu de place. Son inconvénient principal est qu’il est énergivore : sa consommation estimée entre 5 et 10 litres de fuel par botte. En outre, comme le simple flux, il y a nécessité de planifier les fauches. Quelques éléments de réflexion suite à ces visites ont été retenu par les agriculteurs. Les exemples visités ne sont pas des modèles à reproduire : à chaque ferme, un contexte particulier. Le séchage est une question renforcée par l’actualité de cette année, marquée par une pluviométrie conséquente. Il y a nécessité d’avoir une approche globale et ne pas envisager la réflexion uniquement sous l’angle du séchage. En effet, il y a d’autres pistes à faire entrer dans la réflexion. Bref, il faut « ouvrir toutes les portes ». Olivier GAUVRIT