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Dominic Dorval et Mélanie Dion
LA GRANDE BERCEUSE
PRÉMISSE
À la suite d’une longue lutte contre le cancer, Diane décide de mettre fin à ses jours dans
une chambre de motel, accompagnée de son amie Doris.
PERSONNAGES
DIANE (Louise Turcot)
Diane, 55 ans, souffre d’un cancer généralisé. Après une rémission de quelques mois où
elle croyait avoir enfin vaincu la maladie, le médecin vient de lui annoncer qu’elle fait
une rechute. Diane n’a plus de force pour se battre.
Son mari l’a quitté lors de l’année durant laquelle elle avait ses traitements de
chimiothérapie. Elle vit seule depuis. Elle a un fils (François) et une fille (Annie) d’une
trentaine d’année. Elle est aussi grand-mère d’un petit garçon d’un an qui vient à peine de
faire ses premiers pas.
Doris est la première personne à qui Diane a parlé de sa rechute et de son désir de mettre
fin à ses jours. Elle est son amie depuis la tendre enfance, sa grande confidente.
Ses enfants sont aussi au courant de la maladie de Diane, mais elle ne veut pas devenir un
fardeau pour eux. Elle ne veut surtout pas leur parler de ses plans parce que ce serait trop
difficile pour elle.
Diane a choisi de mourir dans cette chambre de motel parce que c’est un lieu
impersonnel, neutre et sans conséquence.
DORIS (Pierrette Robitaille)
Doris est la meilleure amie de Diane. Une femme généreuse et pleine de compassion.
C’est une femme de carrière qui vit dans le luxe et pour qui tout à toujours réussi. Elle a
de la difficulté à comprendre le choix de son amie. Elle ne veut pas qu’elle parte parce
qu’elle l’aime, mais aussi pour son bien-être personnel.
SCÉNARIO
INT. JOUR – MOTEL
Une chambre de motel crado. Deux lits jumeaux sont disposés côte à côte dans la pièce.
DIANE est seule, assise sur le bord d’un des lits, près d’un miroir. Elle se regarde
longuement dans la glace. On sent une grande tristesse au fond de ses yeux. Diane
replace doucement le foulard qu’elle porte dans ses cheveux. En réflexion dans le miroir,
on aperçoit une poupée déposée au milieu du deuxième lit.
Dans son petit sac à mains, elle saisit un tube de rouge à lèvres et se maquille. Elle prend
ensuite une caméra polaroid, déposée sur le lit près d’elle, et tire quelques clichés d’ellemême, à travers le miroir. Elle se force pour sourire un peu. Une fois les photos prises,
son sourire tombe aussitôt.
On cogne à la porte. Diane ne se lève pas. Une clé déverrouille la serrure et DORIS fait
son entrée dans la chambre. Doris referme la porte lentement derrière elle. Avant de se
retourner, elle se recueille, les yeux fermés. On sent qu’elle s’apprête à affronter un
moment difficile.
Doris passe près de Diane, hésite un moment, puis va s’asseoir au bout du lit. Leurs
regards se croisent dans la réflexion du miroir.
Sur le coin du lit, les photos polaroïd se dévoilent doucement. Le regard de Doris descend
sur celles-ci.
DORIS
T’as fait tes photos.
Silence. Diane acquiesce de la tête, sans énergie.
DORIS
T’aurais pas aimé mieux les voir à place?
DIANE
Ça serait encore plus dur…
DORIS
Tu peux encore guérir….
En guise de réponse, Diane soupire en baissant les yeux. (sous-entendu : « tu ne sais pas
ce que je vis »)
Doris se rapproche de Diane, la prend dans ses bras, de dos.
DORIS
(après un long soupire)
Je veux que tu restes…
Diane se déprend de son étreinte brusquement.
DIANE
(elle hausse le ton)
Eille! J’ai pas envie de repasser à travers tout ça!
Doris prend une longue pause. On la sent partir dans ses pensées, revivre sa maladie et
ses traitements.
DIANE
(en larmes)
Je pensais que c’était parti… Pourquoi moi? Encore.
Diane pleure à chaudes larmes, repliée sur elle-même. Doris fait une deuxième tentative
pour la prendre dans ses bras.
DORIS
On est là pour toi.
Diane lève les yeux vers son amie, épuisée.
DIANE
Tu comprends pas.. Je veux pas faire vivre ça à mes enfants.
(sur un ton révolté) J’ai pas envie qu’on me change ma
couche, qu’on vienne me laver…
Doris se lève brusquement. Elle éclate.
DORIS
(Avec dédain)
Ça pas d’allure de venir mourir icitte!
Dépassée par la détresse de Diane, Doris quitte rapidement vers la salle de bain. Au
passage, elle dépose un mouchoir rempli de pilules sur le bureau. Diane le voit du coin de
l’œil. Dans la salle de bain, Doris tente de reprendre ses esprits.
UN PEU PLUS TARD
INT. MOTEL – JOUR
Un moment a passé. Diane est étendue sur le deuxième lit, près de la poupée. Doris est
assise près d’elle. Elle lui caresse la joue. Diane entrouve les yeux, lui sourit.
Doris prend la poupée de Diane, la crinque. Une douce berceuse se fait entendre.
DIANE
Merci… (elle sourit en refermant les yeux)
EXT. MOTEL - JOUR
Doris quitte l’endroit avec les photos de Diane en mains. Elle est vêtue de son
imperméable et de lunettes soleil pour dissimuler ses pleurs. On entend toujours la
mélodie de la poupée sur cette image.
LA FIN
PRODUCTIONS MARIE BRISSETTE © 2007

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