Compte-rendu - Euros / Agency

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Compte-rendu - Euros / Agency
Compte-rendu
Débat « L’influence des think tanks français dans la
campagne présidentielle et les enjeux à venir »
24 mai 2012 - Paris
À l’occasion de la troisième édition du livre Les think tanks, cerveaux de la guerre des idées, co-écrit par
Martine Royo et Stephen Boucher, Euros Agency a organisé le 24 mai Paris un petit-déjeuner débat
devant près de 80 personnes sur la question de « L’influence des think tanks français dans la campagne
présidentielle et les enjeux à venir ».
Étaient invités à débattre :
• Caroline MECARY, co-présidente de la Fondation Copernic
• Michel ROUSSEAU, président de la Fondation Concorde
• Martine ROYO et Stephen BOUCHER, auteurs du livre Les think tanks, cerveaux de la guerre des
idées
• Bruno REBELLE, président de Planète urgence, ancien numéro 2 de Greenpeace international.
• Guillaume KLOSSA, président d’Europa Nova
Le débat était animé par Mathieu COLLET, président d’Euros Agency.
*
S. Boucher : « Les think tanks doivent trouver un juste milieu entre la production d’idées et leur
communication. »
Stephen Boucher, directeur au sein de la fondation européenne sur le changement climatique,
commence par définir les think tanks comme des groupes de réflexion qui génèrent des idées novatrices
et les diffusent dans la sphère politique, ajoutant que cette démarche doit répondre à la notion de service
public. « Les think tanks ne peuvent se contenter d’être des réservoirs d’idées : ils doivent produire une
vision de la société, une pensée structurante articulée à une méthode de diffusion auprès des médias, du
grand public et des décideurs politiques. Les think tanks se doivent donc de trouver un juste milieu entre
la production d’idées et leur communication ».
M. Rousseau : « Il faut habituer les hommes politiques à consulter les think tanks. »
Michel Rousseau ajoute que le travail de diffusion auprès de la classe politique doit être fait sur le long
terme et centré sur un axe majeur. Au fil des années, la Fondation Concorde s’est par exemple imposée
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légitimement comme un spécialiste des questions industrielles en France. Mais si les hommes politiques
retiennent parfois les propositions des think tanks, c’est encore bien souvent à ces derniers de faire
connaître leurs idées. Michel Rousseau espère que les hommes politiques consulteront bientôt d’euxmêmes les think tanks, prenant exemple sur les États-Unis où décideurs et think tanks s’influencent
mutuellement. Il conclut sur le vœu que les débats d’idées débordent les grands corps d’État pour
investir pleinement la société civile.
C. Mécary : « Les think tanks ne doivent pas devenir des sous-traitants de la fonction publique. »
Pour Caroline Mécary, le rôle d’un think tank est de créer un espace de rencontre entre les citoyens, les
idées, et la sphère politique. Pour elle, la diffusion de notes politiques ne suffit pas : elle prône les
rassemblements citoyens, colloques et réunions publiques.
Durant la campagne présidentielle de 2012, la Fondation Copernic a ainsi organisé une grande
mobilisation contre le « logement cher », amenant des personnalités politiques de gauche à s’engager
pour cette cause. Cécile Duflot, ministre déléguée à l’égalité du territoire et au logement, est ainsi
aujourd’hui sur le point d’appliquer l’engagement de François Hollande sur l’encadrement des loyers.
Caroline Mécary prévient cependant des dangers d’une trop grande proximité avec le pouvoir, qui
risquerait de faire des think tanks des sous-traitants de la fonction publique. Elle défend donc un modèle
d’indépendance financière pour garantir l’indépendance des think tanks, auquel se conforme la
Fondation Copernic.
G. Klossa : « Les think tanks sont les seuls à penser à long terme. »
Guillaume Klossa introduit la notion de temporalité dans la question du rôle des think tanks, soulignant
leur capacité à penser à long terme quand les élus, les partis politiques, les cabinets ministériels et
surtout les médias se contentent du court-terme. Il rappelle toutefois que cette logique n’a pas toujours
prévalu et n’est pas nécessairement le propre du politique, citant Jean Monnet en exemple, « un think
tank à lui tout seul ». Pour Guillaume Klossa, les think tanks sont donc des relais de circonstance, qui font
face à l’incapacité actuelle des politiques à dépasser les logiques électorales.
B. Rebelle : « L’expertise des think tanks doit servir à éclairer les arbitrages du gouvernement. »
Bruno Rebelle ne voit pas d’inconvénient au rapprochement qui s’opère entre think tanks et pouvoir
politique. Plaidant pour la diversification des profils au sein de cabinets ministériels essentiellement
peuplés d’énarques, il se montre favorable au recrutement des membres de think tanks. Leur expertise,
proche du terrain et consciente des contraintes de la réalité, doit selon lui servir à éclairer les arbitrages
du gouvernement. Ainsi, certains think tanks, comme Terra Nova peuvent aller jusqu’à rédiger
l’architecture de décrets ministériels. Bruno Rebelle conclut sur la nécessité de rester vigilant face à une
instrumentalisation politique possible, et souligne par ailleurs les risques d’un recours trop systématique à
l’exercice de la démocratie participatif, dont il a pu constater les limites lors de la campagne de Ségolène
Royal en 2007.
M. Royo : « Les think tanks français sont moins armés que les autres pour défendre leurs idées
lors des sommets internationaux. »
Ancienne directrice du service étranger du Nouvel Economiste et des Echos, Martine Royo souhaite que
les think tanks s’inscrivent dans une logique de durabilité et se consacrant davantage à la recherche de
fond et au travail universitaire. Elle regrette que les think tanks français réagissent trop à l’actualité et que
leurs arguments pèsent moins que ceux des de leurs homologues étrangers lors des sommets
internationaux.
Elle évoque ensuite une autre caractéristique des think tanks français : le manque de moyens financiers.
Pour exemple, la totalité des budgets des think tanks français représente la moitié du budget d’un seul
think tank américain.
2 Pour finir sur une note positive, Martine Royo rappelle qu’au sortir de la seconde guerre mondiale le
Commissariat au Plan avait réuni des acteurs de la société civile pour produire les grandes orientations
qui furent par la suite appliquées par le politique. Les think tanks ont donc bien un rôle à jouer pour sortir
de la crise actuelle. S'ils ne démontrent pas encore toute leur efficacité en France, ils constituent du
moins un formidable espace de confrontation d’idées, ce qui est fondamental pour une démocratie.
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