Le syndrome d`épuisement professionnel des soignants

Transcription

Le syndrome d`épuisement professionnel des soignants
Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants face à la fin de vie
Extrait du site de la Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
http://www.croix-saint-simon.org
Le syndrome d'épuisement
professionnel des soignants
face à la fin de vie
- Formation et Recherche - Centre De Ressources National soins palliatifs François-Xavier
Bagnoud - Information et Documentation - Produits documentaires - Synthèses documentaires
-
Copyright © Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
Tous droits réservés
Copyright © Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
1/8
Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants face à la fin de vie
1. La notion générale d'épuisement professionnel
2. La spécificité du "syndrome" face à la mort
3. Les outils d'évaluation, la prise en charge, la prévention
1. Le stress, l'épuisement professionnel, le burn out
Une psychopathologie consécutive à une situation professionnelle est signalée dans la littérature dès 1936 chez
Selye (1) et 1942 chez Cannon (2). Ils utilisent le mot "stress", terme anglais déjà usité au 14éme siècle qui signifie
épreuve, affliction puis pression, contrainte.
Le stress est un syndrome général d'adaptation affectant les infirmières confrontées à la souffrance, à la maladie
grave, à la mort qui les considèrent comme des agressions, des pressions et développent ce qu'on nomme le
"stress des infirmières" (Pronost, 3- n°spécial 79, JALMALV ,4).
L'épuisement professionnel est massivement pris en compte dès les années 70 aux Etats-Unis, et dès 1959, en
France, par Claude Veil (5), psychiatre, qui constate dans une consultation de psychiatrie du travail " des cas
déconcertants qui n'entrent pas dans la nosographie classique ", et que face à ces cas "le concept d'épuisement se
révèle un bon outil intellectuel". Ces états d'épuisement sont le plus souvent remarqués parmi les professionnels
travaillant dans le cadre d'une relation à l'autre, ainsi parmi les soignants. En 1970, Herbert Freunberger (6),
psychiatre anglais, introduit le notion de burn out en rapportant les difficultés rencontrées dans de nouvelles
structures de prise en charge : les free clinics, o๠les intervenants en toxicomanie doivent montrer une extrême
disponibilité, entraà®nant une pression plus grande. Freunberger constate que " ces gens sont parfois victimes
d'incendie tout comme les immeubles ; sous l'effet de la tension produite par notre monde complexe, leurs
ressources internes en viennent à se consumer comme sous l'action des flammes, ne laissant qu'un vide immense
à l'intérieur, même si l'enveloppe externe semble plus ou moins intacte."
Goldenberg (7) reprend cette image : " le burn out syndrom est l'idée que le soignant est usé jusqu'à la trame,
véritablement consumé par son travail. Ce syndrome est une sorte de dépression nerveuse, qui trouve sa source
dans le stress du travail mais s'alimente de la réactivation des problèmes personnels." Canoui (8) précise la
métaphore : ce terme est emprunté à l'industrie aérospatiale : burn out désigne " la situation d'une fusée dont
l'épuisement de carburant a pour résultante la surchauffe et le risque de bris de la machine". Le burn out
professionnel toucherait plutôt des "individus-fusées" hyperactifs voire hypermaniaques, si rigoureux pour
eux-mêmes et exigeants dans leur obligation de résultats qu'ils épuiseraient leur énergie jusqu'à exploser
("craquer") telles des machines. "L'épuisement professionnel est une maladie de l'âme en deuil de son idéal".
Freunberger (6).
Si aux Etats-Unis, cet épuisement est d'abord regardé comme un phénomène socio-économique, la dimension
psychologique induite est rapidement explorée. Aussi "le burn out apparaà®t comme un syndrome multi-factoriel et
pluri-dimensionnel " qui, issu d'un dysfonctionnement d'une organisation du travail présente des signes cliniques.
La complexité du syndrome est soulignée par Canoui (8). Il constate que plusieurs "risques de confusion" entourent
la notion de burn out et la menace de "faiblesse épistémologique". Canoui (8) identifie trois principaux risques
épistémologiques :
" faire de l'épuisement professionnel un "fourre-tout commode dans lequel viendront prendre place toutes les
revendications professionnelles ou corporatistes" ;
Copyright © Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
2/8
Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants face à la fin de vie
" "méconnaà®tre les réelles pathologies psychiatriques [....] qui prendraient le masque d'un burn out ;
" "en faire une maladie professionnelle ouvrant droit à une reconnaissance sociale et des compensations
financières".
Canoui ( 8 et 9) brosse les symptômes cliniques du burn out en précisant qu'ils ne sont pas des symptômes propres
à cet état, qu'ils soient d'ordre somatiques : fatigue, céphalées, troubles du sommeil ; ou d'ordre comportementaux :
irritabilité, méfiance, attitudes cyniques... Pour Canoui (8), "le syndrome d'épuisement professionnel des soignants
(SEPS) est d'abord une pathologie de la relation " et il développe que "le syndrome d'épuisement professionnel pose
le problème éthique de la relation d'aide.. Quelle distance établir pour apporter l'aide tout en étant respectueux de la
personne et ne pas se consumer soi-même ?" Ainsi le syndrome d'épuisement professionnel des soignants
apparaà®t à la frontière des champs psychopathologique, social et professionnel (Mauranges, 10), dans l'interaction
de l'intime et du public, dans l'interstice d'une relation.
2. La spécificité du syndrome face à la mort
Lert (11) rappelle que le rapport des professionnels de santé à la fin de vie a fait l'objet de peu de "travaux
sociologiques et qu'ils sont à la fois anciens et paradoxalement peu nombreux".
Vachon (12) constate que "le stress et le burn out existent en soins palliatifs mais qu'ils ne sont pas aussi prévalants
que dans les autres spécialités. C'est sans doute parce qu'on les a mis rapidement en évidence et que des systèmes
de soutien ont été incorporés aux programmes de soins palliatifs." Ainsi un décalage aurait eu lieu entre la prise en
considération du stress des soignants face à la fin de vie et sa prise en compte immédiate dans les programmes de
soins palliatifs.
Le regard sociologique sur la profession soignante confrontée à la fin de vie Anselm Strauss en 1965 (13), dans le
cadre de la sociologie interactionniste de l'Université de Chicago, s'intéresse à la relation du malade en fin de vie au
personnel hospitalier et à son impact sur les pratiques professionnelles.
Lert (11) rappelle que la notion de trajectoire, chez Strauss, "est plus large que celle de cours de la maladie... Elle
permet d'intégrer le cours de la maladie, [mais aussi] les acteurs - patient, professionnels et proches - les
organisations, les activités et surtout les articulations que constituent les relations, les interactions et les décisions".
Strauss (13) identifie dans la trajectoire du mourir des contextes de conscience différents dont celles de :
" "conscience fermée" o๠le patient ne s'aperçoit pas de sa mort imminente même si tout le monde le sait ;
" "conscience présumée" : le patient soupçonne ce que les autres savent et donc s'efforce de confirmer ou d'écarter
son soupçon ;
" "conscience ouverte" : le patient et l'équipe médicale savent la mort proche.
Ces contextes entraà®nent des comportements soignants différents et de nécessaires négociations entre les
acteurs. Si Strauss n'induit pas de cette réflexion la notion de burn out, il introduit un environnement théorique pour
penser la mort du côté des soignants, sur leurs représentations et sur l'impact de celles-ci dans la possible
désorganisation qui peut être améliorée par la "négociation" dans la relation soignant-soigné.
Le regard psychosociologique et ergonomique de l'organisation du travail
Dans le cadre d'autres travaux autour de l'organisation du travail, un laboratoire de recherche a mené une étude sur
"les soignants et la mort", remise en 1989, aux alentours de la publication de la circulaire Laroque, sur
Copyright © Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
3/8
Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants face à la fin de vie
l'accompagnement des mourants (14) qui préconisait "que la mission des soignants est de mettre en œuvre tous les
moyens existants pour soigner et accompagner leurs malades jusqu'à la fin de leur vie."
Pillot (15) constate que "les soignants sont en première ligne". Ces propos en appellent d'autres : " Des infirmières
"brûlent" " (Jacquemin, Romiguière,16).
La recherche sur les soignants et la mort de Villatte, Logeay, Mabit, Pichenot (17) est issue d'une demande
syndicale de formation à l'analyse de la charge psychique du personnel soignant confronté aux mourants. Les
propositions de construction de formations s'appuient sur l'analyse des paroles de soignants recueillies par les
chercheurs. Les soignants expriment "la souffrance qu'occasionne la survenue de la mort dans les services
hospitaliers, souffrance qui renvoie à l'échec et à la culpabilité. Elle trouve son expression dans le langage, dans
des voies de décharge physiques ou psychosensorielles, mais aussi dans des défenses telles les conduites
d'évitement des mourants, qui sont aussi fâcheuses pour les mourants que pour les soignants eux-mêmes". Les
positions de Strauss et Villatte n'énoncent pas explicitement le burn out car le burn out semble être "un terme créé
par des soignants pour des soignants" (Canoui, 8).
Le regard des soignants.
Ainsi la littérature, en revanche, propose des études spécifiquement orientées sur l'épuisement de certaines
catégories de soignants et dans certaines spécialités. Elles sont menées par des soignants.
Coulon, Filbet,(18) regardent le syndrome du burn out chez les médecins en soins palliatifs. Les auteurs distinguent
les phénomènes d'épuisement des médecins en soins palliatifs et les médecins d'autres disciplines.
Par exemple, la première cause de décès, chez les médecins de moins de 4O ans , toutes disciplines confondues,
est le suicide.
Dans le Bulletin de la Fédération JALMALV de 1988 (19), différentes professions témoignent de la particularité de
leur souffrance : un médecin René Schaerer (19, p.20-21), un aide-soignant Benoà®t Deschamps (19, p.22-29), un
agent de services hospitaliers, Patrick Rossi (19. 30-32). Plus le soignant est physiquement proche du malade l'agent hospitalier fait le ménage, l'aide-soignant, la toilette - moins il se sent formé, décisionnaire, plus il exprime sa
souffrance. Le médecin rapporte que, bien sûr, il se sent parfois en position d'échec mais qu'il demeure extrêmement
gratifié par la relation privilégiée qu'il a avec le patient.
Canoui (8) précise que c'est "en abordant la souffrance de l'enfant atteint de maladie grave ou chronique et de sa
famille en réanimation et en pédiatrie, qu'il a été amené à considérer celle des soignants". Duvert-Matsushita (20)
insiste sur les facteurs de stress face à la charge mentale et physique que représente le contexte de l'enfant
gravement malade. L'organisation du travail nécessaire pour le meilleur soin : 12 heures consécutives pour
privilégier une meilleure planification des soins, travail sous table radiante qui entraà®ne une température ambiante
très élevée, intensité sonore accrue puisque 2O types de sonneries existent pour différencier les nécessités
d'interventions.
L'enquête de Pronost (21), réalisée dans le cadre de sa thèse de doctorat en psychologie, compare le burn out chez
les infirmières en soins palliatifs et les infirmières en soins curatifs, puis celui des infirmières en soins palliatifs
formées et celles non formées. Les résultats montrent que, bien que la mort des patients soient plus fréquentes, de
fait, ainsi que leur dégradation physique, dans les services de soins palliatifs, elles entraà®nent des phénomènes
moindres de burn out que chez les infirmières en soins curatifs. Le phénomène de coping - le faire-face - apparaà®t
plus sur son versant négatif : stratégies défensives (recul, retrait,..) en soins curatifs et d'une façon plus positive en
soins palliatifs. Le coping est un ensemble de stratégies d'adaptations individuelles ou collectives (Canoui, 8Piquemal-Vieu, 22, Ethica clinica, 23).
Copyright © Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
4/8
Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants face à la fin de vie
Les stratégies d'adaptation collectives ont été développées par Dejours (26) dans une théorie de psychodynamique
du travail qui regarde le rapport du professionnel et de son milieu de travail en vue d'améliorer cette relation. La
notion de coping est richement illustrée dans la littérature(22-24-25)
Les deuils multiples sont générateurs de burn out (Etudes sur la mort, 27 . L'enquête menée par Goldenberg et
Leboul (28) montrent que ce déni des morts répétées introduit un mécanisme de défense, le " désespoir
thérapeutique", engendré par une absence de travail de deuil chez les soignants.) Ce "désespoir" produit chez 90%
des sujets des troubles somatiques et psychologiques (Hurst, 29) Le témoignage et la fiction retraçant des parcours
de professionnels soignants illustrent ce "désespoir" (Winckler, 30) voire les conduit à quitter le soin (Baranne, 31)
La mort à des âges spécifiques de la vie engendre un surcroà®t d'épuisement chez les soignants. En pédiatrie, ils
sont confrontés à l'impensable de la mort d'un enfant (Bercovitz, 32- de Broca, 33, Larrat, 34). La prise en charge de
la fin de vie d'une personne âgée peut entraà®ner un « burn out » allant jusqu'à la maltraitance ( Lefevre, 35) voire
le passage à l'acte euthanasique (Malevre, 36)°
La perspective psychanalytique
Ruszniewski (37) exprime la souffrance des soignants plus en terme de "désarroi des soignants" et, face à celui-ci,
décrit leurs réactions comme des mécanismes de défense qu'elle décline en mensonge, banalisation, esquive,
fausse réassurance, rationalisation, dérision, évitement, fuite en avant, identification projective ; autant de manières
de se protéger et d'échapper à la "conscience ouverte" que Strauss (13) avait exposé.
3. La mesure, la prise en charge, la prévention Quelques outils d'évaluation
Pour prendre en compte ce syndrome d'épuisement professionnel des soignants, des outils d'évaluation et de
mesure spécifiques ont été créés. Notamment, Maslach et Jackson (38) ont conçu le MBI (Maslach Burnout
Inventory) qui permet d'identifier et d'évaluer ce syndrome par trois critères :
" l'épuisement émotionnel ;
" la déshumanisation à l'autre ;
" la perte du sens de l'accomplissement de soi au travail.
L'échelle ETC (Echelle toulousaine de coping) a été proposée par le Laboratoire "Personnalisation et changements
sociaux" (Pronost, 3). Elle est constituée de 34 items d'affirmations que l'infirmière s'attribuent à des degrés divers.
Le burn out measure (BM) décrit par Canoui (8) se compose de 21 échelles parmi lesquelles sont positivement
connotées : "être heureux, optimiste, énergique et satisfait de sa journée" tandis que les 17 autres sont connotées
négativement : "sentiment d'être pris au piège ou anxieux, fatigué et déprimé..." Les réponses s'échelonnent de 1
(jamais), à 7 (toujours).
Outil plus généraliste, le NTS, mesure du stress des infirmières, est utilisé par les sociologues de l'organisation du
travail infirmier (Lert,40)
Les stratégies de prise en charge et de prévention du burn out face à la fin de vie des patients
Afin d'éviter l'apparition de l'épuisement et/ou de le minimiser, des ressources institutionnelles, professionnelles et
personnelles sont recommandées. Grâce à ces ressources, à défaut d'un burn out zéro, un coping positif permet de
mieux "faire face". Du fait de la spécificité des soins palliatifs o๠les soignants sont "naturellement confrontés à la
mort, "le mouvement des soins palliatifs a beaucoup apporté à la réflexion sur la souffrance des patients" (SFAP,
Copyright © Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
5/8
Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants face à la fin de vie
Collectif infirmier,45)
Des moyens de prévention
La sélection des soignants qui décident de travailler en soins palliatifs se fait d'abord par le soignant lui-même.
Souvent il présente une forte motivation. Ce projet professionnel doit être mis en partenariat avec l'équipe et la
structure accueillante. Ces préalables sont déjà des facteurs facilitant la diminution des risques d'un futur
épuisement
Ces motivations pour choisir les soins palliatifs se traduisent i dans la littérature par la notion de hardiesse (Delmas,
41). Traduit de l'anglais « hardiness », cette « endurance » de certaines personnes se réfèrent à leurs capacités
individuelles à faire face à des événements générateurs de stress ou à un environnement stressant (Maucourt, 42).
Son environnement conceptuel la rapproche de notions telle que la résilience ou la cohérence (Mossard, 43).
A l'inverse, des travaux universitaires vont jusqu'à envisager un profil comportemental de personnalité de type A qui
serait plus enclin à présenter le syndrome d'épuisement professionnel (Gallier Saint Sauveur, 44).
Les deuils répétés que les soignants subissent ont aussi à être pris en compte. S'ils ne sont pas "parlés", voire
"ritualisés", ils sont sources de burn out. (SFAP, Collectif infirmier, 45). Un "rituel soignant" permet d'améliorer
l'organisation du travail, de mieux continuer à soigner les malades toujours présents, d'anticiper les prochains deuils.
Lert (26) insiste sur la concertation qui doit permettre de rassembler les informations des divers membres de l'équipe
pour éclairer les décisions et réévaluer les situations : les éléments écrits, les staffs, les transmissions, les pauses.
Le moment de concertation qui semble être pour les soignants le plus important (SFAP, Collectif infirmier, 45) est la
réunion pluridisciplinaire. Elle est à la fois un moment de soin puisque centré autour du patient mais aussi un
moment de partage des compétences o๠le soignant met en commun ses savoirs, ses questions, ses résultats, ses
inquiétudes.
La supervision peut être collective (ex analyses de pratiques, groupes de paroles,...) ou individuelle (psychologue,
psychanalyste, infirmière formée,...) (SFAP, Collectif infirmier, 45). Définie comme une "démarche d'acquisition d'une
vision globale d'une situation professionnelle" (Dufour, 46), elle permet de transformer une difficulté en un surcroà®t
de compétences. (Rusniewski, 37) recommande de "redonner la parole" aux soignants. "Le groupe de parole est un
espace qui fonctionne au sein d'un service hospitalier selon une logique non médicale... Il incite les soignants à
quitter leur logique professionnelle, avec ses critères d'évaluation, sa hiérarchie et ses résultats.
La formation
La nécessité de formations initiales et continues, d'ailleurs obligatoires, (Décret 93-221 article 10 du 16 février 1993
en place de projets majeurs en particulier sur la prise en charge des malades) est affirmée par l'ensemble des
auteurs (Mitaine,48) Le mouvement des soins palliatifs a permis une avancée dans la prise en compte et la prise en
charge de l'épuisement professionnel des soignants face à la mort des malades. Néanmoins, les différents
dispositifs nécessitent des mobilisations personnelles (cf. « hardiesse », 41), des compétences professionnelles et
des volontés institutionnelles.
La démarche palliative
Elle consiste à « asseoir et développer les soins palliatifs dans tous les services et (à domicile) en facilitant la prise
en charge des patients en fin de vie et de leurs proches par la mise en place d'une dynamique participative prenant
en compte la difficulté des soignants » (Circulaire ministérielle, 49).
Cette démarche participative peut s'appliquer au sein « d'une unité de soins palliatifs, au domicile mais aussi dans le
Copyright © Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
6/8
Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants face à la fin de vie
monde de la santé en général, dans le monde de l'entreprise, au monde politique ou associatif »(Colombat, 50). Elle
est présentée comme une solution à la souffrance des soignants (Colombat, 51) puisqu'elle combine la formation, le
projet d'équipe y compris avec les bénévoles, la création d'espaces de paroles et l'utilisation de ressources
extérieures (EMSP, USP, experts en soins palliatifs, en douleur,...).
En guise de conclusion
Toute cette dynamique ayant pour objectifs d'améliorer la qualité de la vie au travail des soignants : de consolider la
relation soignant-soigné, enfin d'offrir le soin le meilleur possible à celui qui va mourir. Et finalement, comme le
rappelle, Emmanuel Hirsch (52), il est nécessaire plutôt que « de parler de distance ou de limites,...[de parler] ...de
répères : à quel type de valeurs individuelles et collectives, de principes renvoient le soins et l'accompagnement de
fin de vie .... »
Dominique Serrà¿n, Documentaliste, Centre de ressources national François-Xavier Bagnoud
Références bibliographiques
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
1. SELYE, H - A syndrom produced by divers noucuous agents, Nature -1936, Vol 138, n°2. 2. CANNON,
W.B. - Woodoo death. - American anthropologist, 1942, Vol 44
3. PRONOST, Anne-Marie. - Quand les soignants souffrent aussi. - Conférence donnée à Brive le 17
octobre 1997
4. Souffrance et accompagnement des soignants, 2004, - JALMALV, n° spécial, 79
5. VEIL, Claude - Les états d'épuisement. - Concours médical, 1959 , p. 2675-2681.
6. FREUNBERGER, H.J. - Staff burn out. Journal of social issue, 1970, 30 (1), 159-Les soins palliatifs
pédiatriques : désordres, étonnements, spécificités165
7. GOLDENDERG, E. - Aider les soignants en souffrance, 1989, JALMALV, 16, 2-7
8. CANOUI, Pierre, MAURANGES, Aline - Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants : de
l'analyse du burn out aux réponses. - Paris : Masson, 2001
9. CANOUI, Pierre - Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants (SEPS) ou Burn out
syndrome. le Carnet Psy, juin 1998
10. MAURANGES, Aline - Sommes-nous tous des épuisés potentiels ? Soins, 1998, 630, 17-18
11. LERT, France - Le développement des soins palliatifs dans les services hospitaliers. INSERM, 1997.
12. VACHON, Mary - Stress des soignants en soins palliatifs : dernières recherches. - European journal of
palliative care, 1997 vol 4, n°3, 99-103
13. STRAUSS, Ansel (1965) - Awareness of dying. In : La trame de la négociation. -L'Harmattan, 1992
14. Circulaire DGS/3D du 26 août 1986 relative à l'organisation des soins et à l'accompagnement des
malades en phase terminale dite " circulaire Laroque "
15. PILLOT, Jeanne - Editorial, JALMALV, 1988, vol 14,n° 2
16. JACQUEMIN, Nicole, ROMIGUIERE, Magguy - Des infirmières "brûlent". - Soins, 1998, n°630, p. 15-16
17. VILLATTE, R. et al. - Les soignants et la mort : étude de psychopathologie du travail et implications
socio-pédagogiques - Paris : MIRE, 1989
18. COULON, Angélique, FILBET, Marylène (sd) - Le syndrome de burnout chez les médecins s'occupant
de patients en soins palliatifs. Tiré à part.
19. Besoins et souffrance des soignants - JALMALV, 1988, 14
20. DUVERT-MATSHUSHITA, Hélène - La réanimation pédiatrique, un service à haut risque. - Soins, 1998,
630, 19-20
21. PRONOST, Anne-Marie - La souffrance des soignants : stress, burnout, coping chez les infirmières
face à la mort. Thèse de doctorat en psychologie, 1997
22. PIQUEMAL-VIEU, Laurencine. -Le coping : une ressource à identifier dans le soin infirmier.
-Recherche en soins infirmiers, 2001, 67
23. La souffrance des médecins et des soignants. - Ethica clinica, 2004, 35
Copyright © Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
7/8
Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants face à la fin de vie
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
24. PRONOST, Anne-Marie La prévention du burn out et ses incidences sur les stratégies de coping. Recherche en soins infirmiers, 2001, 67
25. SCHWARTZ, Bernadette.- Aide-soignante à domicile et accompagnement de fin de vie. Diplôme
universitaire de soins palliatifs, Besançon, 2002
26. DEJOURS, C. - Travail ; usure mentale : de la psychopathologie à la psychodynamique du travail.
Paris : Bayard, 1993
27. Le deuil des accompagnants. - Etudes sur la mort, 2000, 116
28. LEBOUL, D ; GOLDENBERG, E - La plainte du soignant et la notion de " désespoir thérapeutique ".
Psychologie médicale, 1989, vol 21,n°3 ; 392-394
29. HURST, Samia.- Quand la médecine se pratique « la mort dans l'âme » : la souffrance des soignants
face au dilemme moral .- INFOKARA, 2001, 64, 27-31
30. WINCKLER, Martin - La maladie de Sachs. Paris : POL, 1998
31. BARANNE, Françoise - Le couloir : une infirmière au pays du sida. Folio actuel, 1994
32. BERKOVITZ, Alain (sous la dir.) - Autour de l'enfant en fin de vie. -Editions ENSP, 2004
33. BROCA de, Alain. - Les soins palliatifs pédiatriques : désordres, étonnements, spécifictés. Université
Marne la Vallée, Espace éthique, DESS Philosophie Ethique hospitalière, 2004
34. LARRAT, Marie. - Fin de vie de l'enfant : souffrance du soignant ? Travail de fin 'études en soins
infirmier, Paris, 2003
35. LEFEVRE, Annick. -L'épuisement professionnel. Les journées bleues menthe, 2000
36. MALEVRE, Christine. - Mes aveux. Paris : Fixot, 1999
37. RUSZNIEWSKI, Martine - Face à la maladie grave. Paris : Dunod, 1999
38. MASLACH, C, JACKSON, SE - Maslach Burn Out Inventory. -Consulting press Palo Alto, 1996
39. GRANDJEAN, Corinne, VILLADIEU, Régine, CHRISTIAN, François. - Souffrance cachée des soignants :
quelles réponses. - Médecine palliative, 2005, vol. 4, 190-198
40. LERT, F. ; MORCET, J.F. - Organisation du travail, stress et épuisement professionnel chez les
infirmières exerçant à l'hôpital : identification des situations à risque. INSERM, 1997
41. DELMAS, Philippe, DUQUETTE, André. - Hardiesse, stratégie de coping et qualité de vie au travail
d'infirmières en réanimation. Recherche en soins infirmiers, 2000, 60
42. MAUCOURT, Fréderic, GATEPAILLE, Françoise,.-La hardiesse : un facteur influençant
l'épanouissement des professionnels de santé exerçant en soins palliatifs. Angers, 2003. Diplôme de
cadre de santé
43. MOSSARD, Maryse, L'HENAFF, Marie-Louise. - L'influence de la hardiesse, comme trait de
personnalité, sur l'épanouissement des soignants Angers, 2004. Diplôme de cadre de santé
44. GALLIER DE SAINT SAUVEUR, Axelle de, CARTON, Solange.- Burn out et personnalité de type A Paris,
2004, Maà®trise de psychologie
45. SFAP, Société française d'accompagnement et de soins palliatifs, Collectif infirmière - L'infirmier(e) et les
soins palliatifs : " prendre soin " : éthique et pratiques. Masson, 1999
46. DUFOUR - La supervision en soins infirmiers. Objectifs soins, 68, 1998
47. RUSZNIEWSKI, Martine - Le groupe de parole à l'hôpital. Dunod, 1999
48. MITAINE, Laurence - Face à la fin de vie, le syndrome d'épuisement professionnel. La revue du
praticien, médecine générale, 1998, 13, 428
49. Circulaire DHOS/02/DGS/2002 n°2002/98 du 19 février 2002 relative à l'organisation des soins palliatifs et
l'accompagnement
50. COLOMBAT, Philippe.- Démarche palliative et démarche de société. - Calvaires, 2000, 12
51. COLOMBAT, Philippe.- Une solution à la souffrance des soignants face à la mort. - Hématologie, 2001,
vol 7, 1
52. Soin, accompagnement, deuil - Passage [journal d'information du groupe OGF], 2005, 17
Copyright © Fondation OEuvre de la Croix Saint-Simon
8/8

Documents pareils