mémoire de fin d`études
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mémoire de fin d`études
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE (U.F.R. – S.V.T.) ************************* Département de Biochimie – Microbiologie Centre de Recherche en Sciences Biologiques Alimentaires et Nutritionnelles (CRSBAN) ************************* Numéro d’ordre.…./.…... Centre Médical Saint Camille ******************* MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES Présenté par : DANSOU Delali Kokou Maître ès sciences En vue de l’obtention du : DIPLÔME D’ETUDES SUPÉRIEURES SPÉCIALISÉES (D.E.S.S.) Option : INDUSTRIES AGRO–ALIMENTAIRES Thème : DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE LA SPIRULINE (Spirulina platensis) ET VALORISATION DE CELLE-CI AU BURKINA FASO Soutenu le Devant le jury composé de : Président : Professeur Alfred S. TRAORE Membres : Professeur Augustin P. BERE Professeur Jacques K. SIMPORE Docteur Frédéric ZONGO 1 Promotion 2001 / 2002 DEDICACE Je dédie ce mémoire A TOUS LES ENFANTS QUI MEURENT CHAQUE JOUR DE MALNUTRITION EN AFRIQUE. A tous ceux grâce à qui je suis l homme que je suis A ma très chère mère Clémentine et à mon très cher père Jean-marie qui ont tant souffert pour moi, qu ils retrouvent en ce travail l expression de ma profonde piété filiale. A mes frères et s urs adorés car ce travail est aussi le leur. A feu mademoiselle TIEMTORE Fati. Ainsi qu a toute la famille, oncles, tantes, cousins et cousines Retrouvez ici l expression de ma profonde reconnaissance. A s ur Eugène KISITO pour son soutien sans cesse ininterrompu. A mes enseignants, mes collègues et à tous mes amis 2 REMERCIEMENTS Ce travail qui entre dans le cadre du projet de promotion de l’utilisation de la spiruline dans la prévention et le traitement de la malnutrition protéino-énergétique, a été réalisé grâce à l’étroite collaboration entre l’Université de Ouagadougou et le Centre Médical Saint Camille. Qu’il nous soit donc permis de remercier sincèrement : Le Professeur Alfred S. TRAORE, Président de l’Université de Ouagadougou, Responsable de notre formation et Directeur du CRSBAN, pour nous avoir permis d’effectuer nos analyses dans son laboratoire. Le Professeur Augustin P. BERE, notre directeur de mémoire, pour avoir fait preuve de rigueur et de beaucoup attention afin que ce mémoire acquière sa dimension scientifique. Le Professeur Jacques K. SIMPORE, Directeur du laboratoire du Centre Médical Saint Camille (CMSC), responsable du projet de production de la spiruline du CMSC, et notre maître de stage pour nous avoir permis de réaliser ce travail et pour son aide, sa grande disponibilité et son attention particulière. Le Docteur Frédéric ZONGO, Responsable technique de la production de la spiruline du CMSC pour son soutien. Le Professeur Aboubackar.S. OUATTARA, le Docteur Jules ILBOUDO, le Docteur Philippe NIKIEMA, le Docteur Cheick A.T. OUATTARA, le Docteur Nicolas BARRO, le Docteur Mamadou DICKO, le Docteur Marcel D. BENGALY, le Docteur Yves TRAORE, le Docteur Paul W. SAWADOGO, tous enseignants au département de biochimie à l’Université de Ouagadougou pour leurs conseils et encouragements. Nos remerciements sincères vont aussi : 3 A Yolande YTSIEMBOU pour son aide et ses encouragements A Jacqueline KANDO, Lucienne OUEDRAOGO, Aziz TRAORE, Paul KANGUEMBEGA, Alain, Ibrahim, Dieu donné, Abdoulaye, Aly, Yaya, Karou, Constance, Souleyman. Aux étudiants de notre promotion et particulièrement Nicaise ABESSOLO, Christian ZOUZOUHO, Léontine LOMPO, Rostand ABA’A, Donatien KABORE, Bertine DABIRE. A mes très chers parents, frères, s urs, oncles, tantes, cousins, cousines : Jean-marie DANSOU, Clémentine DANSOU, Apéti Pierre DANSOU, Ayité Julien ABAGLO,s ur Eugène KISITO, Olivier, Francine, Marthe, Marie-aimée, Sylvie, Ayi. Nous voulons également exprimer toute notre reconnaissance et profonde gratitude aux Frères et S urs gabonais pour leur soutien, et a tous ceux qui de près ou de loin ont apporté leur contribution à ce travail. Nos remerciements vont particulièrement à messieurs les membres du jury et à monsieur le président du jury pour leur disponibilité à juger ce travail. 4 PREAMBULE Ce travail fait partie intégrante des objectifs du projet de recherche sur l’adaptation et la vulgarisation de la spiruline ( Spirulina platensis ) au Burkina Faso. Projet qui rentre donc bien dans le domaine de la lutte contre la malnutrition protéinoénergétique des enfants et des femmes allaitantes. L’objectif général du projet est de contribuer à la promotion de l’utilisation de la spiruline dans la prévention et le traitement de la malnutrition protéino-énergétique, et plus spécifiquement à : Mettre au point des techniques simples et fiables de la culture de la spiruline au Burkina Faso ; Produire une quantité suffisante de spirulines pour les études nutritionnelles; Evaluer les apports nutritionnels de cette spiruline dans nos conditions de production ; Apprécier sa valeur nutritionnelle aussi bien chez l’animal que chez l’homme; Mettre au point des préparations comportant la spiruline pour une utilisation dans l’alimentation infantile ; Sensibiliser la population féminine sur l’intérêt de cet aliment dans l’alimentation infantile en complément des farines ; Vulgariser les techniques de culture de la spiruline pour la création de petites et moyennes entreprises familiales et / ou villageoises ( PME ) ; Contribuer à la formation des étudiants de maîtrise et de 3ème cycle nutrition. 5 LISTE DES ABREVIATIONS ADN : Acide DésoxyriboNucléique. AFNOR : Association Française de NORmalisation. AOCS : American Oil Chemist’s Society. CMSC : Centre Médical Saint Camille. CREN : Centre de REcupération Nutritionnelle infantile. CRSBAN : Centre de Recherche en Sciences Biologiques Alimentaires et Nutritionnelles. DESS : Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées. FAO : Food and Agriculture Organisation of united nations. LBTA : Laboratoire de Biochimie et Technologies Alimentaires. PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement. SMI : centre de Santé Maternel et Infantile. UFC : Unité Formatrice de Colonies. UFR-SVT : Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la Vie et de la Terre. UPN : Utilisation Protéique Nette. VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine. 6 LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES 1. LISTE DES TABLEAUX Tableau I : Acides aminés essentiels de la spiruline en gramme pour 100 g de protéines. Tableau II : Principaux acides gras de Spirulina platensis. Tableau III : Teneur en acides nucléiques de quelques aliments. Tableau IV : Les vitamines de la spiruline. Tableau V : Les minéraux et oligo-éléments de la spiruline. Tableau VI : Rapports d’efficacité protéique comparés. Tableau VII : Composition d’un milieu neuf de culture de la spiruline. Tableau VIII : Intrants pour le renouvellement du milieu de culture de la spiruline. Tableau IX : Synthèse des analyses physico-chimiques effectuées. Tableau X : Gamme de concentration donnant la courbe étalon pour le dosage des sucres totaux. Tableau XI : Gamme de concentration donnant la courbe étalon pour le dosage des sucres réducteurs. Tableau XII : Quantité d’eau nécessaire à la production d’un kilogramme de protéine. Tableau XIII : Composition physico-chimique de la spiruline. Tableau XIV : Résultats du dénombrement de la microflore de la spiruline. Tableau XV : Récapitulatif de coût d’acquisition des équipements et des charges de fonctionnement durant une année. Tableau XVI : Charges d’amortissement. 7 2. LISTE DES FIGURES Figure 1 : Spiruline type lonar vue au microscope. Figure 2 : Morphologies typiques des Arthrospira. Figure 3 : Diagramme des flux pour la culture et la production de la spiruline. Figure 4 : Schéma d’un bassin de culture de la spiruline. Figure 5 : Schéma d’une roue à aube. Figure 6 : Plan de l’unité de production du CMSC. Figure 7 : Diagramme de production semi-artisanal de la spiruline. Figure 8 : Cinétique de croissance de la spiruline. Figure 9 : Evolution du niveau d’eau dans les bassins. Figure 10 : Evolution de la teneur en eau au cours du stockage. Figure 11 : Evolution du pH au cours du stockage. Figure 12 : Evolution de l’acidité grasse au cours du stockage. Figure 13 : Evolution de taux du matières grasses au cours du stockage. Figure 14 : Evolution de l’indice de formol au cours du stockage. Figure 15 : Evolution du taux de sucres réducteurs au cours du stockage. Figure 16 : Evolution de la teneur en phycocyanine au cours du stockage. Figure 17 : Diagramme de préparation d’une farine enrichie en spiruline. Figure 18 : Diagramme de préparation de biscuits secs enrichi en spiruline. Figure 19 : Diagramme de préparation du yaourt enrichi. Figure 20 : Diagramme de préparation du ‘’Tédo’’ enrichi. 8 SOMMAIRE INTRODUCTION ……………………………………………………………………. 00 PRESENTATION DU CADRE DE L’ÉTUDE ………………………………. 00 1. Le Centre Médical Saint Camille (CMSC) …………………………. 2. Le Centre de Recherche en Sciences Biologiques Alimentaires et Nutritionnelles (CRSBAN) ……………………..… 00 00 PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE 1. Définition et description de la spiruline ……………………..……. 00 2. Historique ………………………………………..……………………... 00 3. Caractéristiques nutritionnelles …………………………………..... 00 4. Les atouts de la spiruline ………………………………………..…... 00 4.1 Aspects biologiques ……………………………………………. 00 4.2 Valeur thérapeutique de la spiruline…………………..……..... 00 4.3 La spiruline, aliment de complément inespéré …………….... 00 5. La culture de la spiruline …………………………………………..… 00 6. Importance de la Spiruline pour le Burkina Faso ……………….. 00 DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE Chapitre I MATERIEL ET METHODES …………………………….. 00 1. Méthodologie générale de travail ………………………………...… 00 2. Les bassins de culture de la spiruline ……………………..……… 00 2.1 Description des bassins ………………………………….…..… 00 2.2 Préparation du milieu de culture …………………………….… 00 2.3 Ensemencement du bassin ………………………………….… 00 9 3. 4. 5. 6. 7. 8. Conduite et entretien de la culture ………………………….……... 00 3.1 Matériel utilisé …………………………………………………... 00 3.2 Procédure ……………………………………………………….. 00 Etude de quelques paramètres de production et de croissance …………………………………………………………….... 00 4.1 Mesure de la concentration en spiruline ……………………... 00 4.2 Mesure du pH du milieu de culture ……………………….…... 00 4.3 Mesure du niveau d’eau des bassins de culture ……………. 00 4.4 Test de filtrabilité …………………………………………….….. 00 4.5 Mesure de l’aptitude au lavage de la biomasse …………….. 00 Analyses physico-chimiques de la spiruline …………………….. 00 5.1 Détermination du potentiel d’hydrogène de la spiruline …….. 00 5.2 Dosage de l’acidité grasse ………………………………….…. 00 5.3 Dosage de la phycocyanine ………………………………….... 00 5.4 Détermination du taux d’humidité …………………………….. 00 5.5 Détermination du taux de cendres ……………………….…… 00 5.6 Détermination du taux de matières grasses ……………….… 00 5.7 Détermination du taux de protéines totales ………….…….… 00 5.8 Détermination de l’indice de formol ……………………….….. 00 5.9 Détermination du taux de sucres totaux …………….……….. 00 5.10 Détermination du taux de sucres réducteurs …………….….. 00 5.11 Détermination du taux de fibres brutes ………………….…… 00 5.12 Calcul de la valeur énergétique de la spiruline …………….... 00 Analyses micro-biologiques de spiruline .... 00 6.1 Examen microscopique direct de la spiruline ……………….. 00 6.2 Numération de la microflore des spirulines ……………….…. 00 Détermination du rendement de production .. 00 7.1 Productivité …………………………………………………….... 00 7.2 Coût d’investissement ……………………………………….…. 00 7.3 Rentabilité …………………………………………………….…. 00 Etude de quelques pistes de valorisation ………………………... 00 8.1 8.2 Coût de la récupération nutritionnelle par la spiruline d’enfants malnutris ……………………………………………... 00 La spiruline en tant qu’aliment de complément …………….. 00 10 Chapitre II RESULTATS ET DISCUSSION …………………….….. 00 1. Diagramme de production de la spiruline ……………………..…. 2. Les paramètres de culture et de croissance de la 3. 00 spiruline ……………………………………………………………….... 00 2.1 Résultats du suivie de la croissance …………………………. 00 2.2 Autres paramètres de culture …………………………………. 00 Composition nutritionnelle de la spiruline ……………………..... 00 3.1 Résultats des analyses physico-chimiques ……………….…. 00 3.2 Evolution des caractéristiques physico-chimiques et biochimiques ………………………………………………….…. 00 3.2.1 La teneur en eau ………………………………………… 00 3.2.2 Le pH, l acidité grasse et les matières grasses ……… 00 3.2.3 indice de formol ……………………………………….. 00 3.2.4 Les sucres réducteurs ………………………………….. 00 3.2.5 La phycocyanine ………………………………………… 00 4. 5. 6. Evolution de la flore microbienne de la spiruline ……………….. 00 4.1 Résultats de l’examen direct …………………………………... 00 4.2 Résultats de la numération de la microflore ………………….. 00 Evaluation de la rentabilité de production ……………………….. 00 5.1 Résultats de productivité …………………………………….…. 00 5.2 Coût d’investissement et rentabilité ……………………….…... 00 Valorisation de la spiruline ………………………………………..… 6.1 00 Valorisation dans l’intérêt de la récupération nutritionnelle d’enfants malnutris ……………………………………….……... 00 6.2 La spiruline utilisée comme complément alimentaire ……….. 00 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ……………………………..…. 00 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ……………………………………… 00 ANNEXES 11 INTRODUCTION Petit être aquatique de 0.3 mm de long, vieux comme le monde dont le nom scientifique est Arthrospira platensis, la spiruline vit de photosynthèse comme les plantes et prospère naturellement dans les lacs salés et alcalins des régions chaudes du globe. Nourriture traditionnelle des Aztèques du Mexique et des Kanem Bous du Tchad, plus riche en protéine que la viande, la spiruline est maintenant cultivée dans de grandes usines aux USA, en Inde, en Chine, en Thaïlande et aussi de façon semi-artisanale, car on lui découvre toujours plus de qualités intéressantes pour l’alimentation et la santé tant pour les Hommes que pour les animaux. (JOURDAN, 1999). Les premières données suffirent à lancer de nombreuses recherches à but industriel durant les années 1970, car les microorganismes ( levures chlorelles, spiruline, certaines bactéries et moisissures ) semblaient alors être la voie la plus directe vers des protéines bon marché, les fameuses ‘’ single cell proteins.’’ (FALQUET, 2000). En effet, la spiruline constitue un complément alimentaire riche de promesses dans les pays où l’alimentation traditionnelle, soit par manque de ressources, soit par ignorance, ne procure pas en quantité suffisante la nourriture équilibrée nécessaire à la santé. En 1996 déjà, FALQUET estimait que la production de la spiruline était particulièrement adaptée aux conditions climatiques et économiques des régions où sévissait la malnutrition. Le Burkina Faso présente des taux élevés de malnutrition protéino-énergetique, avec une proportion d’enfant malnutris qui atteint en moyenne 30 % de la population pour la tranche de 0 à 6 ans. Selon l’enquête démographique et de santé publique réalisée au Burkina Faso en 1999, la malnutrition protéino-énergetique est la cause de 51 % des décès d’enfants de moins de 5 ans et 34 % de ces enfants ont un faible poids pour leur age (PNUD, 1999). A cet effet la spiruline est adaptée pour la récupération ces enfants malnutris au Burkina par le fait que celle ci corrigerait ponctuellement l’anémie et la perte de poids selon les résultats de Kaboré en 2001. L’essentiel des carences alimentaires graves proviennent du manque de trois éléments principaux : vitamine A, fer et iode. Les doses quotidiennes requises pour ses substances sont pourtant très petites, il semble donc que l’idée de les ajouter directement à certains aliments comme la farine, l’huile, le sucre ou le sel soit une réponse adéquate et bon marché aux problèmes de carences (C.I.N., 1992). Des suggestions dans ce sens pour la lutte contre la malnutrition furent proposées. Notamment la production locale de denrées alimentaires riches en micro nutriments. Ainsi que l’encouragement à la production et à la consommation de fruits et de légumes, est bien sûr une excellente initiative. Malheureusement, cette approche est rendue plus ou moins difficile par une série de problèmes pratiques qui vont de la saisonnalité des productions, à la conservation des produits, la fragilité des micro nutriments à la contamination bactérienne et fongique, la fertilité des sols ou même la bio disponibilité des nutriments etc. ( FALQUET, 2000). 12 Ainsi une solution durable réside en ce microorganisme aquatique comestible présentant un excellent potentiel en tant que nouvelle production agricole pour les pays en développement comme le Burkina Faso. C est dans ce cadre que le Centre Médicale Saint Camille de Ouagadougou (CMSC) en partenariat avec l université de Ouagadougou initie cette étude. Visant à la valorisation de la micro algue spiruline ainsi que son auto production dans le but d améliorer l apport nutritionnel quotidien des populations et en particulier des enfants malnutris. Les objectifs spécifiques de ce travail sont : • • le suivi et le contrôle de la production de spiruline au CMSC ; la mise au point des stratégies pour la valorisation de la spiruline au Burkina Faso. Il s agit pour nous d ouvrir des pistes pour une vulgarisation de la culture de la spiruline à petite échelle et à moindre coût en environnement rural. Notre travail présente trois parties : • • • la première partie présente les généralités sur la spiruline et le cadre d’étude ; dans la deuxième partie nous parlerons des matériels et des méthodes appliquées pour valoriser la spiruline ; la troisième partie donne les résultats et discussions suivi de la conclusion. 13 Présentation du Cadre de l étude 14 Le stage que nous avons effectué, a eu pour cadre d’étude le Centre médical saint Camille ( CMSC ) de Ouagadougou et le Centre de recherche en sciences biologiques alimentaires et nutritionnelles à l’Université de Ouagadougou. 1. Le Centre médical saint Camille ( CMSC ) Le Centre médical saint Camille est un centre de religieux camilliens. Il est situé à Ouagadougou dans la commune du Bogodhogo au secteur 14, sur l’avenue Babanghida. Ce centre créé en 1970 par l’ordre des camilliens, est un centre privé non lucratif qui comporte : • Une maternité où 8300 naissances en moyenne ont lieu chaque année; • Un centre de pathologie néonatale qui accueille environ 450 enfants prématurés par an; • Un dispensaire, comportant une section adulte et une section pédiatrie, qui reçoit environ 300 malades par jour; • Un dispensaire mobile qui sillonne le village de Kossiam; • Des services d’imageries médicales ( échographie, radiographie ); • Un centre de santé maternel et infantile ( SMI ); • Un centre de récupération nutritionnelle infantile ( CREN ) qui fait partie intégrante de la SMI; • Un service dentaire ( odontologie ); • Un dépôt pharmaceutique; • Un laboratoire d’analyse qui comporte des services de bactériologie, de parasitologie, de biochimie, d’hématologie, d’immunologie et de biologie moléculaire et qui reçoit près de 150 à 200 prélèvements par jour; • Une serre pour la culture de la spiruline qui comporte 4 bassins de 10 m2 environ. Cette unité de culture de la spiruline a été financé par la Fondation JeanPaul II pour le Sahel et est sous la direction du père Jacques Simporé, chargé de cours à l’université de Ouagadougou et du Docteur Frédéric Zongo, Maître-assistant à l’université de ouagadougou. 2. Le Centre de recherche en sciences biologiques alimentaires et nutritionnelles ( CRSBAN ) Crée en 1997, ce centre fait suite au laboratoire de biochimie et technologies alimentaires ( LBTA ) mis en place depuis 1984. Le fondateur du CRSBAN, Pr. Alfred S.TRAORE; chancelier Président du conseil de l’université de Ouagadougou, axé sur le profil microbiologie et biochimie des fermentations, microbiologie alimentaire biotechnologie avec comme personnel enseignant et de recherche : Pr. Aboubakar S. OUATTARA ( Maître de conférence ), ayant pour profil écologie microbienne; Dr Philippe A. NIKIEMA ( Maître assistant ), profil mycotoxines, épidémiologie moléculaire et nutritionnelle; Dr Cheik A. T. OUATTARA ( Maître assistant ), microbiologie et élimination de déchets agro-industriels, microbiologie alimentaire; Dr Nicolas BARRO ( Maître assistant ), microbiologie appliquée et génie génétique. Le CRSBAN est un centre ambitieux pour le développement du Burkina Faso : 15 • Par une production scientifique importante; • Par la recherche utilitaire. Le CRSBAN est composé d’étudiants d’origines diverses dont le Burkina Faso, la Côte d’ivoire, le Bénin, le Gabon, le Congo, la Centrafrique, le Niger, le Tchad et le Togo. Le CRSBAN est un centre composé de laboratoires de pharmacologie et biochimie clinique, de biochimie et génétique, de nutrition humaine, de microbiologie et biotechnologie, de technologie alimentaire et enfin d’un laboratoire de biologie moléculaire. 16 Première partie : Synthèse bibliographique 17 1. DÉFINITION ET DESCRIPTION DE LA SPIRULINE La spiruline ( Spirulina platensis ) est une algue bleue filamenteuse comme l’illustre la figure 1. Elle appartient au phylum des Myxophycophytes, à la classe des Cyanophycées, à l’ordre des Nostocales et à la famille des Oscillatoriacées. Riche en protéines et en vitamines, elle est utilisée pour nourrir humains, poissons, crustacés, mollusques, volailles et bétails ( FOX, 1986 ). Figure 1.: Spiruline type lonar vue au microscope (JOURDAN, 1999) Les algues comprennent de 20000 à 30000 espèces dans le monde, soit 18 % du règne végétal ( KABORE, 2001 ). Mais on ne peut savoir le nombre d’espèces avec exactitude, car les taxonomistes ne semblent pas s’accorder sur la dénomination et la classification de certaines espèces. Le fait est qu’il y a des milliers d’espèces différentes, montre la grande diversité de formes et les merveilleux moyens chimiques et mécaniques d’adaptation aux différents environnements et aux différentes fonctions qu’elles accomplissent dans l’écosystème. Sous le terme ‘’ algues ‘’ sont regroupés des organismes végétaux extrêmement variés tant par la taille que par la structure cellulaire. Ils vivent tous en milieu aquatique ou humide et sont presque tous pourvus de chlorophylle. Les algues se différencient des autres végétaux par leur appareil végétatif uni ou pluricellulaire dépourvu de racines, de tiges et de feuilles et représenté par un thalle. La chlorophylle est souvent masquée par des pigments surnuméraires donnant ainsi des thalles de couleurs rouge, brune, bleu ou verte. Ces différences permettent de subdiviser les algues en cinq groupes majeurs : les chlorophycées 18 ou algues vertes, les cyanophycées ou algues bleues, les phaeophycées ou algues brunes, les rhodophycées ou algues rouges et les bacillariophycées ou diatomées ( FOX, 1986 ). Concernant donc les cyanophycées; Spirulina faisant partie de cette classe, elles ont des cellules de type procaryote; c’est à dire sans noyau bien défini, les acides nucléiques étant distribués au hasard dans la cellule. Les pigments porteurs de chlorophylle ne sont pas enclos dans un chloroplaste ; un pigment bleu supplémentaire ( la phycocyanine ) est présent, mais il n’y a pas de chlorophylle b. La structure interne de la cellule procaryotique cyanophyte est très différente de celle des autres algues. Elles ressemblent plus étroitement à celle des bactéries, en fait, de nombreux chercheurs, préfèrent les appeler cyanobactéries ou bactéries bleu-vert. Les termes d’algue ou de cyanobactérie peuvent donc être utilisés pour dénommer ce petit organisme aquatique. Les cyanobactéries constituent donc le groupe le plus important des bactéries photosynthétiques. Elles présentent des tailles et des formes très diverses. Les cellules de 1 à 10 micromètres de diamètre peuvent être isolées, et peuvent réaliser des colonies de formes variées ou des filaments appelés trichomes. Dans un trichome, les cellules comme chez Oscillatoria, sont en contact étroit ( GUERIN-DUMATRAIT, 1976; LE COINTRE, 2001 ). La spiruline, de son nom scientifique Spirulina platensis ou Arthrospira platensis pour certains auteurs, possède des cellules arrangées en filaments ou trichomes avec ou sans gaine, droits ou enroulés. Les différentes morphologies sont présentées sur la figure 2. Ces filaments, tirebouchonnés de 5 à 7 spires, non ramifiés, long d’un quart de millimètre en moyenne et de 10 µm de diamètre, peuvent montrer un mouvement oscillatoire; les trichomes se mouvant vers l’arrière et l’avant dans son grand axe. Ces organismes se déplacent donc en se vissant dans l’eau ( GUERIN-DUMATRAIT, 1976; FOX, 1986 ). Figure 2. Morphologies typiques des Arthrospira 19 La reproduction cellulaire se fait par division des cellules dans le trichome puis séparation des trichomes fils; c’est une rupture cellulaire. L’ADN de la spiruline contient 44 à 53 % de G + C. ( BERGEY et al,1986 ) Aucun mode de reproduction sexuée n’est connu, mais il existe apparemment de formes de résistance aux conditions extrêmes: trichomes pourvus d’une gaine mucilagineuse épaisse et peut-être des cellules riches en réserves nutritives ( akinètes ). L’origine bactérienne de la spiruline, vient des particularités du génophore ou chromosome. Il est formé de fibrilles apparemment nues d’acides désoxyribonucléiques non liés à des histones contrairement aux acides désoxyribonucléiques des organismes eucaryotes. Cette parenté aux bactéries est accentuée par l’absence dans les cellules de membranes péri nucléaires, de mitochondries et de plastes. Par ailleurs, ces organismes sont apparentés aux algues, plus précisément aux chloroplastes des algues rouges: ils présentent en effet une série de membranes chlorophylliennes, possédant deux systèmes photochimiques comme chez les végétaux. Comme ces deniers, l’un de ces systèmes fonctionne en liaison avec la photo oxydation de l’eau qui intervient comme réducteur dans leur photosynthèse. La possession de pigments accessoires bleus et rouges les rapproche des algues rouges. La dominante bleu vert de leur couleur leur a valu le nom d’algues bleues ( GUERINDUMATRAIT, 1976 ). On peut souligner que la quantité de phycocyanine est de 150 mg/g de spirulines sèches d’après la notice FLAMENT VERT en 1998 et atteint les 194 mg/g selon SARADA en1999. Les membranes chlorophylliennes constituées par un ensemble de sacs aplatis comparables aux sacs lamellaires des algues et des végétaux supérieurs, forment le chromatoplasme. Son système pigmentaire comporte plusieurs complexes chlorophylliens et différentes protéines pigmentées du groupe des biliprotéines. Ce sont l’ allophycocyanine, la phycocyanine et la phycoérythrine. La phycocyanine, la phycoérythrine et une partie du complexes chlorophylliens forment les antennes collectrices des photons utilisés après conversion en énergie chimique, dans les réactions d’oxydoréductions photosynthétiques. Les caroténoïdes sont aussi très abondants dans ces membranes. Celles-ci possèdent aussi différents autres pigments liés aux réactions photochimiques elles-mêmes ou aux transferts d’électrons qui les accompagnent : photo système Ι ,plastoquinones, cytochromes, plastocyanines ferrédoxine. Enfin, certaines des membranes internes peuvent posséder, comme chez les autres cyanophycées, des transporteurs d’électrons de la chaîne d’oxydoréduction respiratoire et être responsables des oxydations terminales de la respiration cellulaire. 2. HISTORIQUE On croit que les algues bleues étaient parmi les premiers êtres vivants sur la terre; qu’il y’a environ 3,1 milliards d’années, l’atmosphère terrestre était composée d’ammoniac, de méthane, d’hydrogène et de vapeur d’eau, et que les algues bleues, grâce à leur capacité d’assimiler cette atmosphère, en dissociant l’eau et libérant l’oxygène par photosynthèse, ont fourni l’oxygène maintenant présent dans l’atmosphère, transformant ainsi un cosmos réduit en un monde oxydé ( FOX, 1986 ). Les algues alimentaires spirulines connues et valorisées à ce jour sont : Spirulina maxima et Spirulina platensis. Toutes deux ont des origines différentes et ont été découvertes dans deux endroits très particuliers du globe. La première; Spirulina maxima est originaire du Mexique et était consommée par les Aztèques du lac Texaco avant la conquête espagnole. Les algues étaient récoltées à la 20 surface du lac, séchées au soleil, puis cuites et consommées sous le nom de Tecuitlatl. Depuis 1968, elles sont cultivées près de Mexico dans des bassins semi-naturels d’évaporation de la société Sosa Texoco et sur des milieux synthétiques en Thaïlande et au Japon où deux firmes les ont commercialisées, ainsi qu’aux Etats-Unis. La seconde espèce qui est celle qui nous intéresse se nomme Spirulina platensis. Il s’agit aussi d’une espèce sauvage qui fut découverte en 1964 par des membres d’une expédition scientifique basée au Tchad. Ces derniers ont en effet constatés que les Kanembous du sud Kanem, écumaient la surface des mares aux environs du lac Tchad, mares riches en carbonates de sodium, à la recherche de la fameuse algue. Il y’a environ une trentaine d’années, des personnalités et institutions dont l’institut Carnegie et l’université de Stamford entreprirent des recherches afin de savoir si dans le futur l’algue spiruline pourrait être utilisée comme nourriture. Rappelons que des années auparavant, pendant la guerre, le gouvernement japonais avait entrepris de semblables recherches pour nourrir son peuple souffrant du blocus américain ( DELPEUCH, 1976 ). Dans les années 1950, un étrange aliment traditionnel était donc redécouvert au Tchad. Il s’agissait de galettes séchées d’une teinte vertes tirant sur le bleu, que l’on trouvait sur les marchés de la région de Kanem sous le nom de ‘’ Dihé ‘’. L’enquête montra que ce ‘’ Dihé ‘’ provenait de la biomasse d’un micro-organisme unique récolté à la surface des mares fortement alcalines et séchée à même le sable des berges. Ce microorganisme, capable de photosynthèse et se reproduisant rapidement, fut appelé ‘’ spiruline ’’ de par l’aspect de filament spiralé qu’il présente au microscope. Sa dénomination scientifique est Arthrospira platensis, il s’agit d’un cyanobactérie. L’analyse des propriétés nutritionnelles de la spiruline révéla tout d’abord une exceptionnelle teneur en protéines de l’ordre de 60 à 70 % du poids sec, elle démontra aussi l’excellente qualité de ces protéines ( teneur équilibrée en acides aminés essentiels ) ( FALQUET, 2000 ). Le conseil supérieur d’hygiène publique en France a donné en 1984, un avis favorable pour la consommation humaine de toutes les algues spirulines. Depuis, les recherches ont beaucoup évolués et on a trouvé de nombreuses applications possibles de la spiruline, notamment dans le domaine médical. Et depuis 1996 jusqu’à ce jour, la micro algue spiruline est cultivée au Burkina Faso. 3. CARACTÉRISTIQUES NUTRITIONNELLES L’analyse des propriétés nutritionnelles de la spiruline révéla tout d’abord une exceptionnelle teneur en protéines, de l’ordre de 60 à 70 % du poids sec, c’est à dire deux fois plus que les meilleures sources de protéines végétales ( farine de soja: 35 % de protéines ). Elle démontra aussi l’excellente qualité de ces protéines d’après FALQUET en 2000. CIFERRI et al en 1985 notèrent une teneur de 67 % et les études menées par CLEMENT en 1975 avaient montré que cette teneur pouvait atteindre les 72,4 % de matières sèches. Les protéines de la spiruline sont complètes, car tous les acides aminés essentiels y figurent, comme le montre le tableau I et ils représentent 47 % du poids total des protéines. Parmi ces acides aminés essentiels, les plus faiblement représentés sont les acides aminés soufrés: méthionine et cystéine, qui sont toutefois présents à plus de 80 % de la valeur idéale définie par la FAO ( FALQUET, 1996 ). 21 Tableau I. : Acides aminés essentiels de la spiruline en gramme pour 100 g de protéines ( CLEMENT, 1975 ). Acides aminées essentiels Isoleucine Teneur en gramme pour 100g de protéines 6,24 Leucine 8,91 Lysine 4,58 Méthionine Phénylalanine 2,65 4,53 Thréonine 5,23 Tryptophane 1,60 Valine 6,74 L’utilisation des protéines ingérées ou utilisation protéique nette ( UPN ) est déterminée par la digestibilité, c’est à dire la proportion d’azote protéique absorbée, ainsi que par la composition en acides aminés. La valeur de l’UPN est déterminée expérimentalement en calculant le pourcentage d’azote retenu lorsque la source de protéines étudiée est le seul facteur nutritionnel limitant. On étudie généralement cette valeur dans différentes situations : croissance active, état adulte, convalescence. La valeur UPN de la spiruline est estimée entre 53 % et 61 % soit 85 % à 92 % de celle de la caséine considérée comme protéine de référence. De même l’efficacité protéique de la spiruline ( gain de poids de l’animal ou de l’individu divisé par le poids de protéines ingérées ), est estimée suivant les auteurs, entre 1,8 et 2,6.Celle de la caséine étant de 2,5, ( FALQUET, 1996; FOX,1986 ). Bien que plusieurs publications donnent une valeur de 5,6 % à 7 % du poids sec en lipides totaux, d’autres sources prétendent obtenir 11,5 % de lipides par un meilleur système d’extraction. Ces lipides totaux peuvent être séparés en une fraction saponifiable ( 83 % ) et une fraction insaponifiable ( 17 % ) qui contient essentiellement de la paraffine, des pigments, des alcools terpéniques et des stérols. La fraction saponifiable est constituée essentiellement d’acides gras en C16 ( acide palmitique ) et d’acides mono, di et tri-insaturés en C18. L’acide γ linolénique représente à lui seul 40 % soit environ 4 % du poids sec de spiruline. De ce fait, la spiruline peut être considérée comme une des meilleures sources connues d’acide γ linolénique après le lait humain et quelques huiles végétales peu courantes. La présence d’acide γ linolénique 18: 3 ω 6 est à souligner du fait de sa rareté dans les aliments courants et de sa haute valeur alimentaire présumée. L’importance de ces acides gras tient à leur devenir biochimique : ce sont les précurseurs des prostaglandines, des leukotriènes et des tromboxanes qui sont autant de médiateurs chimiques des réactions inflammatoires et immunitaires. Enfin la spiruline a été recommandée comme supplément alimentaire en cas de carences en acides gras essentiels. Ces acides gras sont illustrés dans le tableau II. 22 Tableau II. : Principaux acides gras de Spirulina platensis FALQUET,1996 ) Acides gras % des acides gras Palmitique ( 16 : 0 ) 25,8 Palmitoléique ( 16 : 1 ω 6 ) Stéarique ( 18 : 0 ) 3,8 1,7 Oléique ( 18 : 1 ω 6 ) Linoléique ( 18 : 2 ω 6 ) 16,6 12 γ - linolénique ( 18 : 3 ω 6 ) 40,1 α - linoénique ( 18 : 3 ω 3 ) traces L’insaponifiable renferme des stérols à raison de 2 à 5 % avec comme principaux constituants le cholestérol et de faibles quantités de β sitostérol, de campestérol et de stigmastérol. Certains de ces stérols pourraient être en rapport avec l’activité anti microbienne des spirulines. Les alcools triterpéniques représentent 5 à 10 % de l’insaponifiable, il s’agit essentiellement d’ α et de β amyrine, ( triterpene pentacyclique ).Les hydrocarbures saturés à longues chaînes représentent une fraction importante de l’insaponifiable, environ 25 % ( FALQUET, 1996 ). Les glucides constituent globalement 15 à 25 % de la matière sèche des spirulines. Les glucides simples ne sont présents qu’en très faibles quantités. Ce sont le glucose, le fructose et le saccharose. On trouve aussi des polyols comme le glycérol, le mannitol et le sobitol. L’essentiel des glucides assimilables est constitué de polymères tels que des glucosannes aminés ( 1,9 % ) et des rhamnosannes aminés ( 9,7 % ) ou encore du glycogène ( 0,5 % ). Du point de vue nutritionnel, la seule substance glucidique intéressante par sa quantité chez la spiruline est le méso-inositol phosphate qui constitue une excellente source de phosphore organique ainsi que d’inositol ( 350 à 850 mg/kg de matière sèche ), ( FOX,1986 ). Cette teneur en inositol est environ huit fois celle de la viande de b uf et plusieurs centaines de fois celles des végétaux qui en sont les plus riches. Selon CLEMENT en 1975, les spirulines contiennent environ 4 grammes d’acides nucléiques pour 100 grammes de matières sèches. Selon le tableau III, la quantité d’acides nucléiques par rapport au poids des spirulines sèches est donc faible en comparaison avec celle obtenue avec d’autres micro-organismes tels les levures et les bactéries. Tableau III. : Teneur en acides nucléiques de quelques aliments (FALQUET,1996) Aliments Acides nucléiques totaux ( % mat. Sèche Viande de b uf 1,5 Foie de b uf 2,2 Spiruline 4–6 Levure 23 23 De même d’après FALQUET en 1996, en se basant sur une valeur moyenne de 5 % en acides nucléiques, et sans tenir compte de la proportion d’ADN, la limite quotidienne de 4 grammes d’acides nucléiques représente le contenu de 80 grammes de spiruline sèche. Cette quantité équivaut à environ 8 fois la dose de spiruline recommandée ( 10g ) pour le traitement d’un malade sévèrement dénutris ou 16 fois le supplément alimentaire préconisé dans une politique préventive. Le contenu en acides nucléiques de la spiruline ne pose donc pas de problèmes, même à long terme et pour des doses déjà élevées. Parmi les vitamines, le β-carotène, provitamine A représente 80 % des caroténoïdes présents dans la spiruline, le reste étant composé principalement de physoxanthine et de cryptoxanthine ( PALLA et BUSSON, 1969 ). Ces deux derniers étant aussi convertibles en vitamine A par les mammifères. Comme les besoins en vitamine A sont estimés chez l’adulte à moins de 1 mg par jour, 1 à 2 grammes de spiruline suffisent largement à couvrir les besoins en vitamine A. D’autre part, l’absence de vitamine A libre exclut un éventuel risque de surdosage, le β-carotène n’étant pas toxique par accumulation au contraire de la vitamine A. On trouve 50 à 190 mg de vitamine E par kilogramme de spirulines sèches, teneur comparable à celle des germes de blé. Les propriétés anti-oxydantes de la vitamine E pour les acides gras insaturés expliquent la bonne conservation de ces derniers dans la spiruline séchée. Bien que moins riche que la levure en vitamine du groupe B ( B12 excepté ), la spiruline constitue pourtant une bonne source de ces cofacteurs Comme l’illustre le tableau IV, la spiruline est une excellente source de vitamine Tableau IV. : Les vitamines de la spiruline ( FALQUET,1996 ). Vitamine Teneur ( mg / kg ) Besoin en mg/ jour ( adulte ) B1 34–50 1,5 B2 30–46 1,8 B6 5–8 2,0 B12 1,5–2,0 0,003 Niacine 130 20 Folate 0,5 0,4 Panthoténate 4,6–25 6–10 Biotine 0,05 0,1–0,3 C traces 15–30 Il faut souligner la teneur exceptionnelle en vitamine B12 ( cobalamine ) qui est de loin la vitamine la plus difficile à obtenir dans un régime sans viande, car aucun végétal courant n’en contient. La spiruline est 4 fois plus riche que le foie cru, longtemps donné comme meilleure source de vitamine B12 ( FALQUET,1996 ). Par leur haute teneur, comme le montre le tableau V, les minéraux spécialement intéressants dans la spiruline sont le fer, le magnésium, le calcium, le phosphore et le potassium. 24 Tableau V. Les minéraux et oligo-éléments de la spiruline.( FALQUET,1996 ). Teneur Minéraux de spiruline la Doses requises pour adulte ( mg/jour ) Calcium ( mg/kg ) 1300 –14000 Phosphore 6700 –9000 1000 Magnésium 2000 –2900 250 –350 Fer 580 –1800 18 Zinc 21 –40 15 Cuivre 8 –10 1.5 –3 Chrome 2,8 0,5 –2 Manganèse 25 –37 5 Sodium 4500 500 Potassium 6400 -15400 3500 1200 La très haute teneur en fer est à souligner du fait que les carences en fer sont très répandues ( anémies ), surtout chez les femmes enceintes et les enfants. De plus : • Les bonnes sources alimentaires en fer sont rares ( la spiruline a 4 à 7 fois plus que les céréales complètes classées parmi les meilleures sources ) ; • Les suppléments de fer habituels sont peu assimilables ( sulfates ferreux ) et peuvent être toxiques. Calcium, phosphore et magnésium sont présents en quantités comparables à celles retrouvées dans le lait. Les quantités relatives de ces éléments sont équilibrées ce qui exclut le risque de décalcification par excès de phosphore. Ainsi de nombreux tests nutritionnels ont prouvé d’après FALQUET en 2000, la bio disponibilité de ces micronutriments. La culture de spiruline sert donc ici de non seulement à rendre bio disponible pour l’homme des minéraux qui ne l’étaient pas forcement, mais aussi de ‘’garde fou ‘’ en cas d’erreur de dosage d’un élément potentiellement toxique. 4. Les atouts de la spiruline. 4.1 Aspects biologiques. Spirulina platensis, cet étrange aliment traditionnel redécouvert possède non seulement certaines particularités des algues mais aussi celles des microorganismes procaryotes. En effet, s’apparentant aux algues, Spirulina présente une série de membranes chlorophylliennes et de pigments accessoires lui permettant de réaliser la photosynthèse comme tous les végétaux. Cet avantage permet à la spiruline de produire non seulement de l’oxygène mais aussi de la matière organique à partir de la lumière et d’une nutrition minérale. 25 Par ailleurs, Spirulina platensis est affilié aux bactéries par son génophore formé d’acides nucléiques non liés à des histones et par l’absence dans les cellules, de membrane périnucléaire, de mitochondries et de plastes. Contrairement à d’autres microorganismes ( levure, chlorelles, scenedesmus…) proposés comme sources de protéines, la spiruline ne contient pas de parois cellulosiques mais une enveloppe de muréine relativement fragile. Ce fait explique la très bonne digestibilité ( 83 à 90 % ) des protéines de la spiruline crue ou simplement séchée, ( FALQUET,1996 ; KOZLENKO, 1996 ). Ainsi la spiruline ne nécessite ni cuisson ni traitements spéciaux destinés à rendre ses protéines accessibles. C’est un avantage considérable tant du point de vue simplicité de production que pour la préservation des constituants de hautes valeurs tels que vitamines et acides gras poly insaturés. D’après GUERIN DUMATRAIT en 1976, la membrane périphérique, comme toutes les membranes, est formée très vraisemblablement d’une couche lipidique au moins double dans laquelle sont embouties des protéines liées aux lipides. Compte tenu des différences de concentration saline entre les milieux de vie très riches en bicarbonate et le cytosol intracellulaire, cette membrane doit jouer le rôle habituel de barrière sélective dans la perméabilité cellulaire. C’est ce rôle qui permet à la spiruline seule à croître dans de tels milieux à pH élevé, inhibant ainsi toutes contaminations aussi bien de bactéries que de levures, de champignons ou d’algues nuisibles. Des vacuoles de gaz, groupées et très nombreuses à la périphérie des cellules, donnent aux spirulines leur densité plus faible que celle de leur milieu de vie. Ainsi leur situation en ‘’fleurs d’eau ‘’ qui en résulte, favorise la récolte par écumage ( GUERIN DUMATRAIT, 1976 ) 4.2 Valeur thérapeutique de la spiruline Jusqu’à tout récemment, l’intérêt pour la spiruline portait surtout sur sa valeur nutritive. A l’heure actuelle, elle attire de plus en plus l’attention des scientifiques médicaux comme source de produits pharmaceutiques. C’est ainsi que bon nombre de chercheurs étudie les effets thérapeutiques possibles de ce microorganisme. De nombreux travaux pré cliniques et quelques études cliniques indiquent ces effets thérapeutiques qu’ils s’agissent de réduire le taux de cholestérol et de cancer, d’améliorer le système immunitaire, d’augmenter les lactobacilles intestinaux, de réduire la néphrotoxicité provoquées par les métaux lourds et les médicaments et enfin d’assurer la protection contre les rayons ( BELAY et al, 1993 ). BLINKOVA et al expliquent en 2001 que l’activité biologique de la spiruline s’étend non seulement à l’effet immunostimulant à travers l’accroissement de la résistance aux infections aussi bien chez l’homme, les mammifères, les poules que chez les poissons, mais également à son influence positive sur l’hématopoïèse, la stimulation de la production d’anticorps et de cytokines. Sous l’influence de la spiruline, les macrophages, les cellules T et B sont activés. Les sulfolipides de la spiruline ont prouvé leurs effets sur le VIH. Des préparations obtenues à partir de la biomasse de spiruline se sont aussi montrées actives sur l’herpes virus, le cytomégalovirus, l’influenza virus, etc. Les préparations de spiruline sont considérées comme des produits fonctionnels contribuant à la préservation de la micro flore intestinale, spécialement les lactobacilles et le Bifidobacterium, et à la diminution du taux de Candida albicans responsable de candidose. La spiruline de par sa teneur en fer et en vitamine B12, lutte efficacement contre les formes d’anémies respectivement ferriprive et pernicieuse. Des études réalisées par KABORE en 2001 sur 59 enfants malnutris et anémiés révélèrent l’effet positif de la spiruline sur le taux d’hémoglobine et le nombre des hématies et cela en 8 semaines de récupération. 26 Cette production d’éléments sanguins est stimulée par la phycocyanine, polypeptide bleu vif de la spiruline. Des études ont montré que cette substance influait sur l’hématopoïèse stimulant ainsi la prolifération et la différenciation des cellules souches situées dans la moelle osseuse. Celles-ci servent de ‘’grands-mères’’ à la fois aux globules blancs qui constituent le système immunitaire cellulaire et aux globules rouges qui assurent l’oxygénation de l’organisme. La spiruline et ses extraits exercent donc un effet stimulant démontrable sur la production de nouveaux globules rouges et blancs ( KOZLENKO, 1996 ). L’avitaminose A, fréquent dans nos pays en voie de développement, est responsable de la xérophtalmie. Elle est caractérisée par une sécheresse de la cornée qui risque, en absence de traitement de s’ulcérer et d’entraîner la perte de l’ il ( BRIEND, 1985 ). D’après FOX en 1986, elle peut être prévenue par la consommation de spiruline qui contient environ 2900 mg/kg poids sec de caroténoïdes précurseurs de la vitamine A. Des études ont démontré la bio disponibilité et l’excellente utilisation des caroténoïdes de la spiruline chez l’humain. De plus, une étude réalisée par SESHDRI en 1993 portant sur 5000 enfants indiens d’ages préscolaire ( 0 à 6 ans) a montré la surprenante efficacité d’une dose quotidienne unique d’ un gramme de spiruline sur la déficience chronique en vitamine A. Après 5 mois, la proportion d’enfants gravement déficients en vitamine A; c’est à dire présentant le symptôme de la ‘’ tache de bitot ‘’sur la conjonctive de l’ il, est passée de 80 % à 10 %. Une telle étude semble bien démontrer que de très faibles doses de spiruline suffisent déjà à réduire considérablement les risques de cécité et d’atteintes neurologiques consécutives à la déficience en vitamine A chez l’enfant ( FALQUET,1996 ). Plusieurs études montrent que la spiruline ou ses extraits permettent d’empêcher ou d’inhiber des cancers chez l’humain et l’animal. Il est admis que certaines formes communes de cancer sont le résultat de l’ADN cellulaire endommagé, provoquant ainsi une croissance cellulaire anarchique. Ainsi, selon les études in vitro de BABU en 1995, LISHENG en 1991, PANG en 1998 et MISHIMA et al en 1998, les polysaccharides uniques de la spiruline permettent d’améliorer l’activité enzymatique du noyau cellulaire et la synthèse réparatrice de l’ADN. La spiruline est un puissant tonifiant immunitaire. Lors d’études scientifiques sur des souris, hamsters, poulets, dindes, chats et poissons, la spiruline permettait d’améliorer de façon constante la fonction du système immunitaire. Les scientifiques dans le domaine médical trouvent que la spiruline ne fait pas que stimuler le système immunitaire, mais encore elle améliore la capacité de l’organisme à produire de nouvelles cellules sanguines ( HAYASHI et al, 1994, 1998; HUH-NAM, 1997 ). De même ces résultats furent confirmés par des études qui permettent de noter la stimulation des cellules souches de la moelle osseuse, des macrophages, des lymphocytes T et des cellules tueuses naturelles NK ( BAOJIANG, 1994 ). En 1998, les études effectuées par AYEHUNIE et ses collaborateurs montrent que l’extrait à l’eau de la Spirulina platensis inhibe la réplication du VIH 1 dans des souches de lymphocytes T d’origine humaine et dans les cellules sanguines mononucléaires périphériques chez l’humain. Ils ont découvert qu’une concentration de 5 à10 µg/ml permettait de réduire d’environ 50 % la production virale. Le même résultat fut obtenu par LEE en 2001 sur la réplication du virus de l’herpes simple du type 1. La propriété antimicrobienne de la spiruline est liée au fait qu’elle est une substance chélatrice de métaux. Une telle profusion d’applications thérapeutiques laisse bien sûr planer l’image de ‘’ potion miracle ‘’ sur la spiruline. Reste qu’un simple complément alimentaire naturel, lorsqu’il présente la richesse de ce produit, pourrait bien améliorer nombre de situations pathologiques. 27 4.3 La spiruline, aliment de complément inespéré. En dehors de la valeur thérapeutique pour les disfonctionnements métaboliques, la spiruline revêt un atout essentiel pour les maladies protéino-énergétiques, donc liées à la nutrition humaine. La spiruline, aliment le plus riche actuellement connu en protéine, constitue un complément alimentaire riche de promesses dans des pays où l’alimentation traditionnelle, soit par manque de ressources soit par ignorance, ne procure pas en quantité suffisante la nourriture équilibrée nécessaire à la santé Ce microorganisme aquatique comestible présente un excellent potentiel en tant que nouvelle production agricole pour des pays en développement tels le Burkina Faso. Par sa richesse en micro nutriments tels que fer, zinc, pro-vitamine A ou encore acides gras essentiels, la spiruline doit être considérée comme un complément alimentaire ou un ‘’ améliorant nutritionnel ‘’, plutôt que comme un simple aliment. Ainsi, cette propriété de complément plutôt que d’aliment simplifie grandement les problèmes d’acceptabilité, tout en limitant les surfaces et le travail nécessaire à sa production ( FALQUET,2000 ). BRIEND en 1985 démontra que chez le nourrisson jusqu'à l’age de 4 mois, les besoins nutritionnels étaient parfaitement couverts par le lait maternel dans la grande majorité des cas. Mais au-delà de ces 4 mois, les besoins en énergie et en protéines sont de plus en plus élevés, imposant de ce fait une supplémentation. Ce moment correspond à la période de sevrage durant laquelle l’aliment de complément doit être adapté aux besoins de l’enfant. Généralement, cet aliment est apporté sous forme de bouillies de céréales qui non enrichies en protéines et en matières grasses, ont au maximum une densité énergétique de 70kcal/100ml. Ces besoins sont doublés en cas de malnutrition ou de maladie ( KABORE, 2001 ). Par conséquent, il est évident que la spiruline s’avère être une source idéale pour la complémentation de ces bouillies de céréales. L’étude réalisée en 2001 par KABORE sur la récupération de 124 enfants malnutris s’est avérée concluant avec la bouillie ‘’misola’’ complémentée avec de la spiruline. ANASUYA et VENKATARAMAN montrèrent en 1983, l’effet positif de la complémentation des céréales par de la spiruline. Ils obtinrent les résultats illustrés dans le tableau VI, chez le rat. Tableau VI. Rapports d’efficacité protéique comparés ( ANUSUYA et VENKATARAMAN, 1983 ). Diète Rapport d’efficacité protéique Spiruline 1,90 Maïs 1,23 Riz 2,20 Blé 1,15 Riz + Spiruline (3:1) 2,35 Riz + Spiruline (1:1) 2,40 Blé + Spiruline (3:1) 1,42 Blé + Spiruline (1:1) 1,90 Maïs + Spiruline (3:1) 1,80 Maïs + Spiruline (1:1) 1,72 Maïs +avoine + Spiruline (3:2:5) 1,90 Maïs +riz + Spiruline (2:2:1) 1,95 28 Ces résultats de rapports d’efficacité protéique ( gain de poids de l’animal / poids de protéines ingérées ) indiquent une bonne utilisation métabolique des acides aminés des spirulines d’ où l’intérêt des complémentations. L’équilibre azoté a été étudié sur 10 enfants hospitalisés pour malnutrition sévère. Ils ont reçu alternativement 2 à 3 grammes de protéines par kilo de poids corporel, sous forme de spiruline, de lait de vache ou de soja, pendant des périodes de quatre jours. La rétention relative de la spiruline ( 40 % ) a été aussi élevée que celle du lait de vache, indiquant une excellente utilisation des protéines ( DILLON, 1993; FALQUET, 1996 ). Ainsi d’après FOX (1986), la malnutrition devrait disparaître du fait du supplément en protéines et vitamines apportées par la spiruline. 5. La culture de la spiruline La spiruline peut être obtenue en milieu naturel ou semi-naturel et en culture synthétique contrôlée pour une production à diverses échelles ( depuis la micro-production familiale jusqu’aux installations semi-industrielles ). Les spirulines existent, quelque fois en abondance, dans de nombreuses mares natronées soit temporaires soit permanentes. C’est par exemple la zone de récolte située dans le Kanem à l’Est du lac Tchad ( DELPEUCH, 1976 ). La surface de ces mares varie de quelques hectares à plusieurs centaines d’hectares et la profondeur ne dépasse guère 1,50 m. La température moyenne de l’eau sur une année est de 25°3 et le pH varie entre 9,5 et 11. Les peuplements de Spirulina platensis les plus purs se trouvent dans les lacs permanents à forte salinité. Les spirulines sont poussées par les vents sur les bords de la mare et s’y accumulent en surface. Elles sont alors prélevées par des femmes à l’aide d’écuelles puis transportées dans une jarre ou dans un panier tressé jusque sur la dune voisine. Le contenu est versé dans des cuvettes plates et circulaires faites à la main dans le sable qui fait office de filtre. Les spirulines sèchent au soleil jusqu’à la formation d’une croûte de 1,5 à 2 cm d’épaisseur qui sera ensuite cassée en morceaux (CLEMENT,1975; DELPEUCH, 1976 ). Le procédé de production industrielle de Spirulina platensis comprend plusieurs étapes. La culture contrôlée et accélérée est effectuée dans un bassin avec un milieu synthétique. Les techniques de récolte illustrées par la figure 3 sont les suivante: concentration, filtration, lavage et séchage. 29 LUMIERE CO2 OU AUTRE EAU INOCULU AZOTE FIXE & SELS MINERAUX BASSIN DE CULTURE FILTRATION CONCENTRE D’ALGUES 25° - 40° C & AGITATI MILIEU NUTRITIF USE RECUPERATION DE SEL SECHAGE SOLAIRE ALGUES EN POUDRE Figure 3: Diagramme des flux pour la culture et la production de spiruline ( FOX, 1976 ) La culture de la spiruline nécessite un milieu alcalin. En plus des sels minéraux nécessaires à la croissance des algues, le milieu de culture contient de grandes quantités de carbonate et de bicarbonate de sodium. Avec un pH compris entre 8,5 et 11 et une température de 32 º C, on obtient une croissance optimale. A ces pH le CO2 nécessaire à la photosynthèse se trouve principalement dans le milieu sous forme d’ions carbonate et bicarbonate. Le procédé d’assimilation du carbone est le suivant : 2 CO 3H¯ CO 2 + CO 3¯ ¯ + H 2O Photosynthèse 30 L’alcalinité du milieu de culture de spiruline est un élément très favorable pour obtenir aisément la nutrition carbonée d’une culture à grande échelle. Il suffit d’après CLEMENT en 1975 de mettre initialement une réserve convenable d’ions bicarbonate dans le milieu de culture et ensuite de maintenir un apport de CO2 pour que cette réserve et le pH soient constants. Les bassins de grande surface pour la culture contrôlée des spirulines doivent être construits d’une manière économique et être munis d’une agitation suffisante pour que l’utilisation de la lumière et des sels minéraux soit optimale. Les spirulines récoltées doivent être concentrées avant d’être filtrées et lavées. L’opération de concentration consiste à envoyer la suspension de spiruline s sur un filtre plan incliné et de recueillir une suspension très concentrée à la base. La filtration proprement dite est ensuite effectuée soit avec un filtre conventionnel ou avec un filtre horizontal muni d’un vide partiel. Les spirulines sont lavées sur le filtre afin d’éliminer les sels minéraux du milieu de culture. Le séchage est effectué de manière classique par des rouleaux chauffants, par atomisation ou tout simplement par un séchage solaire. Dans des conditions favorables, la production moyenne d’une culture en milieu synthétique sur une année complète est d’environ 12 grammes / m2 / jours d’algues sèches, c’est à dire environ 40 tonnes / ha / an d’algues sèches ou encore 28 tonnes / ha / an de protéines, à raison de 70 % de protéines / spirulines sèches. 6. Importance de la spiruline pour le Burkina Faso Le Burkina Faso est un pays enclavé avec une population de onze millions d’habitants, et un taux de croissance démographique annuel de 2,4 %. Il compte parmi les pays les plus pauvres du monde. L’indice de développement humain durable estimé à 0,304 en 1997, se situait en dessous de la moyenne des pays d’Afrique au sud du Sahara. L’économie du pays est essentiellement basée sur l’agriculture. La production agricole est très conditionnée par la pluviométrie avec une courte saison de pluies allant de juin à septembre et une longue période de soudure. Les céréales constituent l’aliment de base ainsi qu’en témoigne la place qu’elles ont dans l’apport énergétique et protéique du régime alimentaire. Le groupe des légumineuses ( noix et oléagineux ) est le second par ordre d’importance ( 13% de l’apport énergétique et 22% de l’apport protéique ). Les protéines du régime alimentaire ne proviennent qu’à raison d’un peu plus de 10% des produits animaux. De plus, les résultats de diverses enquêtes menées dans le pays montrent que la malnutrition dans toutes ses formes ( chronique et aiguë ) et à tous les stades de gravité est omniprésente au Burkina Faso avec cependant une fréquence et une gravité particulièrement au sein de la tranche d’age préscolaire. 30,9 % accusent un retard de croissance, 17,7 % sont émaciés et 36,3 % présentent une insuffisance pondérale ( PNAN, 1999 ). Cette situation précaire est accentuée par la pandémie du VIH / SIDA qui sévit parmi les adultes et les jeunes. Au Burkina Faso, une séro prévalence de 40,5 % a été reconnue parmi les enfants malnutris des centres d’éducation et de réhabilitation nutritionnelle de la ville de Ouagadougou ( SOME, 1999 ). 31 C’est au vue de ce tableau peu reluisant que s’inscrit l’importance de la production et de l’utilisation de la micro algue spiruline dans l’alimentation infantile et dans les régimes de récupération nutritionnelle au Burkina Faso. De plus, plusieurs aspects de la production de la spiruline sont particulièrement bien adaptés aux réalités agricoles des pays chauds, voire désertiques tel le Burkina Faso. En choisissant un microorganisme photosynthétique se développant dans un milieu aquatique, on évite les problèmes de qualité des sols, aussi bien que les problèmes de parasites ou de maladies des plantes. Du fait de son excellente productivité et des faibles quantités de spirulines nécessaires par personne, les surfaces utilisées pour la production peuvent être également très réduites. Enfin, bien des climats permettent une production de spiruline continue, tout le long de l’année. Tous ces facteurs vont dans le sens d’une valorisation des petites surfaces, des sols dégradés ou infertiles. La faible consommation d’eau ainsi que la possibilité de faire appel à des eaux saumâtres ( salines ou natronées ) inutiles à l’agriculture classique, augmente encore l’intérêt de la production de spiruline dans les régions arides. Dans le cas des installations artisanales à petites et moyennes échelles; de 50 à 3000 grammes de spirulines sèches produites chaque jour, tous les matériaux et la plupart des équipements nécessaires sont généralement disponibles localement. Les intrants sont essentiellement des engrais agricoles classiques, de l’eau et facultativement de l’électricité ( FALQUET, 2000 ). 32 Chapitre ΙΙΙ : Matériel et méthodes 33 1 MÉTHODOLOGIE GÉNÉRALE DU TRAVAIL. • Le développement de la culture de la spiruline ainsi que sa valorisation ont été effectué suivant sept étapes : Première étape : Elle a consisté à une description des bassins de culture et la méthodologie pour le démarrage de la culture de spiruline. • • • Deuxième étape : C’est l étape de la conduite proprement dite de la culture ainsi que de son entretien. Troisième étape : Il s’agit de l’étude de quelques paramètres liés à la production et à la croissance de la spiruline. Quatrième étape : C’est l’étude physico-chimique de la spiruline produite; afin de déterminer la valeur nutritive de celle-ci et l’étude comparative de sa stabilité en fonction du temps. • • • Cinquième étape : Il s’agit ici d’une brève étude micro biologique; afin de s’assurer de l’innocuité du produit. Sixième étape : Cette étape a permis d’avoir une idée de la rentabilité de la production de la spiruline. Septième étape : Cette dernière étape a consisté à énumérer les pistes possibles de valorisation de la spiruline au Burkina Faso. 2 LES BASSINS DE CULTURE. 2.1 Description des bassins. L’unité de production du Centre Médical Saint Camille de Ouagadougou dispose de quatre bassins de culture (B1 à B4) d’une dizaine de mètres carrés; précisément 10,73 m2 de surface pour chaque bassin. Les bassins rectangulaires 5,5 m * 1,95 m, à angles arrondis, sont construits entièrement en ‘’dur’’ c’est-à-dire en briques cimentées et ont une profondeur de 0,45m, comme l’illustre la figure 4. 34 195cm 45cm 550cm Figure 4: Schéma d’un bassin de culture. Chaque bassin est équipé de deux roues à aubes réalisées en plâtre et comportant chacune une dizaine de palettes de brassage. La roue à aubes est disposée sur la largeur du bassin comme le montre la figure 5. Palette de brassage Manivelle Roulement Bassin 190cm Figure 5: Schéma d’une roue à aube 35 Les quatre bassins de culture sont disposés sous un hangar de protection pris comme serre, d’une superficie de 96 m2 . La figure 6 donne le plan du lieu de production. Le hangar, construit à mi-hauteur, possède des bouches d’aérations, le tout étant garni de panneaux moustiquaires (grillages fins ). Le hauteur restante est composée uniquement de panneaux moustiquaires. Le toit du hangar est fait de tôles translucides en polyester-fibre de verre. 52cm 580cm 720 cm 52cm 30 225 95 225 150 225 ( centimètres ) 95 225 30 1336cm Serre de culture Bassins de culture Robinet d’eau potable Magasin de stockage Portes Figure 6: Plan de l’unité de production du CMSC 36 2.2 Préparation du milieu de culture. La hauteur du milieu de culture dans le bassin est en moyenne de 20cm. Il s’agit d’une solution de sels minéraux dans de l’eau. Nous disposons donc de l’eau potable provenant d’un forage, dans laquelle sont ajoutés des intrants qui assurent un pH convenable basique mais inférieur à 11 et alimentent la spiruline. La préparation du milieu de culture est réalisée selon la formule utilisée par JOURDAN ( 1993 ). Les intrants utilisés et leur quantité en gramme pour un litre d’eau sont donnés par le tableau VII. Tableau VII. Composition d un milieu neuf de culture de la spiruline. Concentration INTRANTS (g/l) Bicarbonate de sodium NaHCO3 8 Sel marin ( non purifié ) NaCl 5 Nitrate de potassium KNO3 2 Sulfate de magnésium MgSO4, 7 H2O 0,16 Phosphate NH4PO4, 12 monoammonique H2O Urée CO(NH2)2 0,015 Sulfate de fer FeSO4, 7H2O 0,005 0,08 37 2.3 Ensemencement du bassin. Le démarrage de la culture a été suivi dans le bassin B4 après que celui-ci ait été purgé. L’ensemencement a donc été réalisé à partir d’un bassin voisin ayant un Secchi inférieur à 3. • • • • La procédure suivie est la suivante : La purge du bassin, qui consiste à le vidanger entièrement après avoir sauvegarder la couche flottante de spiruline et à le nettoyer proprement au moyen d’un tuyau d’arrosage. A l’aide d’un récipient, on remplit à une hauteur de 10 cm environ le bassin avec du milieu de culture provenant du bassin voisin et contenant des spirulines à une concentration en Secchi inférieure ou égale à 3. Du milieu de culture neuf préparé selon la formule du tableau VII pour un volume total de 1000 litres correspondant aux 10 cm de hauteur d’eau restante. Les intrants, une fois solubilisés entièrement dans 20 à 50 litres d’eau, sont rajoutés en même temps que l’eau restante dans le bassin en homogénéisant avec un balai. On obtient ainsi un bassin de 20 cm de hauteur d’eau et ayant une concentration en Secchi d’environ 5 à 6. L’opération se déroule le soir afin de permettre à la spiruline de s’adapter tranquillement à son nouveau milieu toute la nuit. 3 CONDUITE ET ENTRETIEN DE LA CULTURE. 3.1 Matériel utilisé. Pour la conduite et l’entretien de la culture de spiruline, le matériel utilisé se compose comme suit : Un disque de Secchi pour la mesure de la concentration; Une règle graduée de 30 cm pour la vérification du niveau d’eau; Un pH mètre de type Digital-pH-meter Knick; Une balance; Une toile de filtration en polyester de 30 microns de mailles; Un tamis métallique de 0,2 mm de mailles; Un pistolet manuel à extruder de capacité 500 ml, modèle SIKA; Des récipients en plastique pour la récolte de la spiruline; Une pelle en plastique; Des claies en grilles de plastique de 5 mm de mailles pour le séchage; Un broyeur type moulinex; Des sachets plastiques pour le conditionnement. 3.2 Procédure employée. La récolte et l’entretien du bassin de spiruline commence dès 6 heures du matin car c’est le moment où presque la totalité de la spiruline surnage. La veille de la récolte, on a vérifié que le Secchi obtenu sur le dit bassin est égal ou inférieur à 3. La récolte consiste à filtrer une partie de la culture ( surtout la couche flottante ) sur la toile de filtration, en recyclant le filtrat dans le bassin. La culture est envoyée sur la toile à travers le tamis de 0,2 mm de mailles, destiné à intercepter les corps étrangers tels insectes, larves, feuilles, boues ou grumeaux de spirulines. 38 Des mouvements imprimés avec la pelle en plastique à la biomasse et à la toile pour décolmater cette dernière, permettent d’accentuer la vitesse de filtration. La biomasse est ensuite essorée par pressage manuel après transfert sur une autre toile puis elle est pesée et le poids est noté dans un cahier. La biomasse de spiruline est alors étalée en ‘’spaghetti’’ à l’aide du pistolet extrudeur à silicone SIKA sur les grilles de séchage pour un séchage solaire indirect sous la serre à un température moyenne de 35 à 40°C. La spiruline sèche est récupérée dans l’après midi par simple grattage elle est alors pesée, réduite en poudre puis conditionnée dans des sachets plastiques L’entretien du bassin se poursuit par l’agitation de ce dernier suivi de la mesure des paramètres de croissance tels que la concentration, le pH, le niveau d’eau dans le bassin et si nécessaire, ce niveau d’eau est rajusté. Des intrants sont apportés au bassin après qu’ un kilogramme de spirulines sèches ait été récolté par bassin. Ainsi pour le renouvellement du milieu de culture, les intrants sont fournis selon le tableau VIII. Tableau VIII. Intrants pour le renouvellement du milieu de culture de la spiruline. Intrants Quantité en gramme Urée 350 Phosphate d’ammonium 50 Sulfate de magnésium 40 Sulfate dipotassique 30 Sulfate de fer 4 Enfin l’entretien se termine par le nettoyage des alentours du bassin. 4 ETUDE DE QUELQUES PARAMÈTRES DE PRODUCTION ET DE CROISSANCE. Il s’agit pour nous de suivre l’évolution des paramètre qui permettent d’apprécier une bonne croissance de la spiruline. 4.1 Mesure de la concentration en spiruline. La détermination de la concentration en spiruline a été faite grâce au disque de Secchi ( instrument constitué d’une règle graduée de 30 cm de long, portant à son extrémité inférieur un disque blanc ). Cette règle permet une mesure approximative, assez subjective de la concentration. Avant de mesurer la concentration, le milieu a été agité puis laissé quelques minutes pour décanter les boues. Le disque Secchi a été ensuite introduit verticalement dans le milieu de culture puis la profondeur a été notée en centimètre juste où il devient impossible de distinguer le disque blanc. 39 • • La mesure de la concentration en spiruline a deux objectifs : Elle permet de savoir le moment idéal pour la récolte de la spiruline ; Elle permet aussi d’avoir une idée sur la vitesse de croissance de la spiruline dans un bassin, cette vitesse pourra s’exprimer en cm par jour par mètre carré de bassin ou en grammes par jour par mètre carré de bassin. 4.2 Mesure du pH du milieu de culture. Le pH du milieu de culture a été mesuré directement à l’aide d’un pH-mètre de type digital pH-meter Knick. Du milieu de culture a été prélevé dans un Becher. Le pH est lu après un étalonnage préalable avec une solution de référence pH 7. La mesure du pH du milieu permet de suivre l’évolution de la culture de la spiruline et ainsi on règle éventuellement la marche de la culture tout près du pH maximum autorisé qui est de 11,2 d’après JOURDAN en 1999. 4.3 Mesure du niveau d eau dans le bassin de culture. Le niveau du milieu de culture dans le bassin a été mesuré à l’aide une règle graduée de 30 cm. Cette mesure nous a permis d’une part, d’apprécier la vitesse d’évaporation de l’eau du bassin, d’autre part, de savoir la quantité d’eau à ajouter au milieu. 4.4 test de filtrabilité. Ce test permet de caractériser la vitesse de filtration d’une culture de spiruline. La méthode utilisée est celle décrite par JOURDAN (1999). Mode opératoire 400 ml de culture ( Secchi <3 ) ont été versés en 5 secondes dans un filtre à café garni d’un papier filtre Whatman. Le volume filtré est noté en un minute. 4.5 Mesure de l aptitude au lavage de la biomasse. Ce test décrit par JOURDAN (1999 ) permet de caractériser une biomasse de type ‘’lavable’’. Le test a été réalisé avec la biomasse filtrée lors du test de filtrabilité. Mode opératoire On rajoute 400ml d’eau distillée sur la biomasse précédente, puis on note le volume filtré en une minute ,suivi d’un examen microscopique de la biomasse lavée. 5 Analyses physico-chimiques de la spiruline. 40 Ces analyses ont porté sur 6 échantillons de spirulines. Ces échantillons se répartissent en 1 échantillon de spirulines fraîches et 4 échantillons de spirulines sèches correspondant à quatre périodes différentes. Les spirulines sèches permettent de voir l’impacte du temps de stockage sur les paramètres physico-chimiques du produit. Le tableau IX donne la synthèse des analyses physico-chimiques effectuées sur les 6 échantillons de spirulines. Tableau IX. Synthèse des analyses physico-chimiques effectuées. Ech SF0 SS0 SS1 SS2 SS3 SS4 pH + + + + + + Acidité grasse + + + + + + Phycocyanine + + + + + + Humidité - + + + + + Cendres - + + + + + Matières grasses + + + + + + Protéines totales + + + + + + Indice de formol + + + + + + Sucres totaux + + + + + + Sucres réducteurs + + + + + + Fibres brutes + + - - - - Analyses ( + ) : effectuées ( - ) : Non effectuées SF0 : spiruline fraîche SS0 : spiruline sèche récoltée au temps t=o SS1 : spiruline sèche récoltée un mois de cela SS2 : spiruline sèche récoltée 2 mois de cela SS3 : spiruline sèche récoltée 3 mois de cela SS4 : spiruline sèche récoltée 10 mois de cela 5.1 Détermination du potentiel d hydrogène (pH) de la spiruline. 41 Le pH des échantillons de spiruline a été mesuré avec un pH mètre de type Multical pH 526 sur une suspension à 4% de spiruline fraîche ou sèche dans l’eau distillée. Mode opératoire 4 grammes de spiruline ont été mis en suspension dans 100 ml d’eau distillée. Le pH a été lu après homogénéisation de la solution et un étalonnage préalable de l’appareil. 5.2 Dosage de l acidité grasse. L’acidité a été titré par alcalimétrie. Cette méthode fait l’objet d’une norme AFNOR adaptée aux oléagineux ( NF V-03-906 ). Les acides gras libres provenant de l’hydrolyse des triglycérides sont des composés polaires par leur fonction carboxylique. Ils sont alors solubles dans des solvants polaires tels que les alcools. L’extraction à l’alcool puis le titrage par une base telle que la soude permettent de mesurer l’acidité des produits. Mode opératoire 0,5 grammes de spiruline ont été prélevé et mis dans un tubes à centrifuger où 30 ml ( V1 ) d’éthanol chaud ont été ajouté. Les tubes refermés sont agités pendant 1 heure puis centrifugés à 3500 trs/min pendant 5 minutes. 20 ml de surnageant ( V2 ) sont prélevés et 6 gouttes de phénol phtaléine sont ajoutées. Le mélange est titré à la soude 0,1N jusqu'à l’obtention d’une coloration violacée persistante. Un blanc a aussi été préparé. Expression des résultats VE–V0 Acidité = PE V1 * PM * —— * 0,5 (en mg de soude / g de spiruline) V2 PE : Prise d’essai (0,5 g) V0 : Volume de soude utilisé pour titrer le blanc (ml) VE : Volume de soude utilisé pour titrer la prise d’essai (ml) PM : Poids moléculaire de la soude (40 g/mol) N : Titre de la soude (0,1N) V1/V2 : Facteur de correction 5.3 Dosage de la phycocyanine. La phycocyanine a été mesurée par la méthode colorimétrique ou spectrophotométrique. Mode opératoire 20 millilitres d’une solution décantée de suspension de spiruline à 4 % dans l’eau ont été prélevés puis centrifugés à 3500 trs/min pendant 5 minutes. 1 ml de surnageant a été prélevé et dilué 100 fois (D). 42 La densité optique a été lue à 615 nm puis à 652 nm. Expression des résultats 1,873*( DO615 – 0,474DO652 )*D % de phycocyanine = ————————————————— C C : Concentration en spiruline (0,04 g/ml) D : Facteur de dilution 5.4 Détermination du taux d humidité. Le taux d’humidité est déterminé par dessiccation à l’étuve à 103 °c selon la méthode officielle AOCS (American Oil Chemist’s Society ) en 1990. Mode opératoire 2 grammes de l’échantillon ont été introduits dans un creuset en aluminium préalablement pesé. L’ensemble a été placé à l’étuve à 103 °c jusqu'à l’obtention d’un poids constant. La teneur en eau a été déterminée par la formule suivante : PE–( PF–PO ) Taux d’humidité(%) = –––––––––––––– *100 PE PE : Prise d’essai (2g) PO : Poids du creuset à vide PF : Poids du creuset contenant l’échantillon sec 5.5 Détermination du taux de cendres. La teneur en cendres (minéraux) a été estimée par incinération au four à 550 °c de façon à obtenir la totalité des cations sous forme de carbonate et autres sels minéraux anhydres ( AOCS, 1990 ). Mode opératoire 2 grammes de l’échantillon ont été introduits dans un creuset en porcelaine préalablement taré. L’ensemble est placé dans un four à mufle à 550 °c pendant 3 heures. Après refroidissement au dessiccateur pendant 30 minutes, on pèse à nouveau (PF). La teneur en cendres est donnée par la formule suivante : PF–PO Taux de cendres (%) = ––––––––– *100 43 PE PE : Prise d’essai (2g) PO : Poids du creuset à vide PF : Poids total en fin d’incinération 5.6 Détermination du taux de matières grasses. La détermination des matières grasses a été faite selon la méthode d’extraction au soxhlet en utilisant l’hexane comme solvant à reflux ( AOCS, 1990 ). Mode opératoire 2,5 grammes d’échantillon ont été introduits dans une cartouche d’extraction. La cartouche est bouchée avec du coton et placée dans le soxhlet. 300 millilitres d’hexane sont introduits dans un ballon d’ébullition contenant des pierres ponces et préalablement pesé. Le soxhlet est monté et le ballon chauffé à ébullition du solvant. Un système de réfrigération permet de condenser les vapeurs du solvant destinées à entraîner les lipides. Les matières grasses sont extraites pendant 4 heures et recueillies dans le solvant qui est ensuite évaporé au Rotavapor puis à l’étuve. Le ballon contenant la matière grasse est refroidi 30 minutes au dessiccateur et pesé. Expression des résultats PF–PO Taux de matières grasses (%) = –––––––––– *100 PE PE : Prise d’essai (2,5) PO : Poids du ballon vide PF : Poids du ballon contenant les matière grasses 5.7 Détermination du taux de protéines totales. Les protéines totales ont été dosées par la méthode de KJEDAHL (AOCS, 1990). L’action oxydante de l’acide sulfurique concentré bouillant transforme l’azote organique en azote minéral sous forme de sulfate d’ammonium (NH4)2SO4. Après déplacement par la soude , l’ammoniac est distillé et recueilli dans une solution d’acide borique qui le piège. Cette solution colorée est ensuite titrée par acidimétrie. Mode opératoire 0,2 grammes d’échantillon ont été introduits dans un matras ainsi qu’un comprimé de digestion (Kjeltabs ck : 3,5g de sulfate de potassium K2SO4 et 0,4g de sulfate de cuivre CuSO4,5H2O) et 10 millilitres d’acide sulfurique H2SO4 concentré (36N). Le mélange a été soumis à une minéralisation pendant 4 heures à 550 °c puis le volume du minéralisât complété après refroidissement à 50 ml avec de l’eau distillée. Une solution de soude 10N a été ajouté au 44 minéralisât en présence de phénolphtaléïne jusqu’à l’obtention d’une coloration rose. Cette solution a été distillée et le distillat a été piégé dans 20 ml d’acide borique contenu dans un erlenmeyer de 250 ml. La distillation a été arrêtée lorsque le volume final atteint 150 ml. Le distillat fut alors titré par l’ acide sulfurique 0,1N. La fin de la réaction est marquée par le virage de couleur de l’indicateur coloré (bleu →jaune). Un blanc a été réalisé selon la même procédure mais sans l’échantillon. Expression des résultats VE–VB Taux de protéines totales (%) = –––––– * N*0,014*6,25*100 PE PE : Prise d’essai (0,2g) VE : Volume d’acide sulfurique nécessaire pour titrer l’échantillon VB : Volume d’acide sulfurique nécessaire pour titrer le blanc N : Titre de l’acide sulfurique (0,1N) 6,25 : Facteur de conversion 5.8 Détermination de l indice de formol. L’indice de formol ( formol number ) a permis d’évaluer le taux d’acides aminés libres dans notre échantillon. La neutralisation d’un échantillon jusqu’à pH 8,5 par une solution d’hydroxyde de sodium et l’addition de formaldéhyde à pH 8,5, libère un ion H+ par groupement NH2 libre. Un titrage potentiométrique a permis le dosage des ions H+ libres à l’aide d’une solution d’hydroxyde de sodium 0,1N. Mode opératoire Un mélange ‘’A’’ a été préparé à partir de 10 grammes d’échantillon et 20 ml d’eau distillée puis 0,4 ml d’acide chlorhydrique 8N ont été ajoutés à ce mélange avant homogénéisation ; Un mélange ‘’B’’ a été préparé avec 2 g du mélange ‘’A’’ et 10 ml d’eau distillée. Le pH du mélange ‘’B’’ fut ajusté à 8,5 avec une solution de soude 0,1N puis 5 ml de formaldéhyde à 37% sont ajoutés. Ce mélange est agité et le pH ajusté de nouveau à 8,5. Le volume de soude a été noté(V). Une fraction du mélange ‘’A’’ a été prélevée puis séchée à l’étuve pendant 12 heures. Le taux d’azote (N) a été déterminé par la méthode de KJELDAHL sur 0,2 g d’homogénat ‘’A’’ séché. Expression des résultats V*100 Indice de formol = –––––––– M*N*6,25 ( ml de soude à 0,1N pour 100g de protéines ) V : Volume de soude 0,1N nécessaire pour ramener le pH à 8,5 (ml) M : Quantité de mélange ‘’A’’ requise pour préparer le mélange ‘’B’’ (2g) N : Pourcentage d’azote 45 5.9 Détermination du taux de sucres totaux. Le taux de glucide a été déterminé par la méthode de dosage non enzymatique à l’orcinol sulfurique ( MONTREUIL et al., 1991 ). Les polymères glucidiques chauffés en milieu acide concentré subissent une hydrolyse qui conduit à la libération d’oses libres. Ces oses se condensent en présence d’orcinol ( 3,5 dihydroxy -toluène ) et donnent un composé brun orangé qui a un maximum d’absorption à 510 nm. Mode opératoire 4 grammes d’échantillon ont été mis en solution dans 100 millilitres d’eau distillé (V). Après homogénéisation et dilution appropriée, 1 ml d’homogénat a été prélevé pour dosage dans un tube à essai contenant 2 ml d’orcinol 1,5% et 7 ml d’acide sulfurique 60%. Un double a été fait. Les tubes ont été portés au bain marie bouillant pendant 20 minutes. Les tubes ont été ensuite refroidis et placés à l’obscurité pendant 45 minutes. L’absorbance a été lu contre témoin après homogénéisation. La concentration (C) de sucre est déterminée grâce à une courbe étalon. Celle -ci a été obtenue en établissant une gamme de concentration selon le tableau X à partir d’une solution de D-glucose à 0,5 g/l. Tableau X. Gamme de concentration donnant la courbe étalon pour le dosage des sucres totaux. N ° de tube Témoin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,8 0,9 1 Eau distillée (ml) 1 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,2 0,1 0 Orcinol 1,5% (ml) 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 H2SO4 60% (ml) 7 7 7 7 7 7 7 7 7 -glucose (ml) 7 La courbe étalon est présentée en annexe. Expression des résultats C * FD * V Taux de sucres totaux (%) = ––––––––––––– *100 PE PE : Prise d’essai (4g) C : Concentration en g/l déterminée sur la courbe étalon FD : Facteur de dilution V : Volume exprimé en litre (100*10-3) 46 5.10 Détermination du taux de sucres réducteurs. La méthode au DNS (3,5 dinitrosalicylate) a été utilisée En milieu fortement basique, les sucres réducteurs réduisent le 3,5-dinitrosalicylate de sodium en un composé chromogène qui développe une absorption maximale à 546 nm. Mode opératoire 1 gramme de l’échantillon a été mis en solution dans 25 millilitres d’eau distillée chaude (60 °c). L’homogénat a été recueilli dans un tube à centrifuger et après agitation vigoureuse, le tube est centrifugé à 3500 trs/min. Le surnageant est recueilli et complété à 50 ml. 0,2 ml d’extrait ont été prélevés et mis dans un tube à essai où 0,5 ml d’eau distillée et 2 ml de réactif au DNS ont été ajouté. Le tube est porté au bain marie bouillant pendant 15 minutes. Après refroidissement et homogénéisation, la densité optique a été lue contre témoin à 546 nm. La concentration de sucre a été déterminée grâce à une courbe étalon obtenue à partir d’une gamme de concentration. La gamme de concentration a été préparée avec une solution de D-glucose à 0,5 g/l selon le tableau XI. Tableau XI. Gamme de concentration donnant la courbe étalon pour le dosage des sucres réducteurs. N ° de tube Témoin 1 2 3 4 5 6 7 0 0,1 0,2 0,4 0,5 0,6 0,8 1 Eau distillée (ml) 1 0,9 0,8 0,6 0,5 0,4 0,2 0 Réactif DNS (ml) 2 2 2 2 2 2 2 2 -glucose (ml) La courbe étalon est présentée en annexe. Expression des résultats C * FD * V Taux de sucres réducteurs (%) = ––––––––––––– *100 PE PE : Prise d’essai (1g) C : Concentration en g/l déterminée sur la courbe étalon FD : Facteur de dilution (30) V : Volume exprimé en litre du surnageant (50*10-3) 5.11 Détermination du taux de fibres brutes. La teneur en fibres a été déterminée par la méthode de l’insoluble formique. L’insoluble formique désigne le taux de cellulose et de lignigne dont l’estimation est basée sur leur insolubilité dans l’acide formique à 80% (DEYIMIE et al., 1981). Mode opératoire 2,5 grammes d’échantillon ont été mis dans une fiole contenant 100 millilitres d’acide formique 80% (v/v). La fiole a été ensuite placée au bain marie bouillant pendant 75 minutes. 47 Après refroidissement sous un courant d’eau, le produit de la digestion a été filtré sur un Büchner et la phase insoluble e été récupérée dans un creuset en porcelaine préalablement pesé. Après 3 heures à l’étuve 103 °c, le creuset a été refroidi 30 minutes au dessiccateur puis pesé (PS). L’incinération dans un four à mufle (550 °c) pendant 3 heures, permis de déterminer la masse de cendre (PF). Expression des résultats PS–PF Taux de fibres brutes (%) = —————— *100 PE PE : Prise d’essai (2,5g) PS : Poids du creuset après séchage à l’étuve PF : Poids du creuset après incinération 5.12 Calcul de la valeur énergétique de la spiruline. La valeur énergétique théorique de notre échantillon a été calculée à partir des valeurs analytiques pour les protéines totales, les matières grasses et les hydrates de carbone. En utilisant les valeurs d’énergie physiologique moyenne, la valeur énergétique théorique de la spiruline a été déterminée selon la formule : E (kJ) = 17(kJ/g) * % protéines totales + 38(kJ/g) * % matières grasses + 17(kJ/g) * % glucides totaux 6 Analyses micro biologiques de la spiruline. 6.1 Examen microscopique direct de la spiruline. L’examen direct au microscope à l’objectif *10 puis à *40 a été effectué sur une échantillon de culture de spiruline. Il nous permis de nous rendre compte de la morphologie des spirulines et de l’état de contamination de la culture par d’organismes. 6.2 Numération de la microflore des spirulines. Elle a consisté à dénombrer la flore mésophile aérobie totale, la flore de levures et moisissures, la flore des streptocoques fécaux ainsi que la flore des coliformes totaux des échantillons de spirulines. Elle permet d’en apprécier la qualité hygiénique. Ces analyses utilisent la méthode de comptage des colonies sur boîte de Pétri. Mode opératoire Des dilutions en cascade ont été réalisées. A 10 grammes de spiruline, 90g de diluant stérile sont ajoutés. Ce mélange constitue la dilution 10-1. après homogénéisation, les dilutions 48 successives sont obtenues en prélevant 1 ml de la dilution précédente qu’on ajoute à 9 ml de diluant stérile. • Flore mésophile aérobie totale : le milieu Plate Count Agar (PCA) a été utilisé. 1ml d’une dilution est prélevé et ensemencé dans la gélose en surfusion. Les incubations sont faites à 30 ºc et les lectures après 24 et 48 heures. • Levures et moisissures : le milieu Sabouraud a été utilisé. 1ml d’inoculum est ensemencé dans la gélose en surfusion. Les boîtes sont incubées à 30 ºc et les lectures après 3 à 4 jours. • Streptocoques fécaux : le milieu Litsky a été utilisé. 0,1 ml d’inoculum sont ensemencés et l’incubation est faite à 37 ºc. La lecture est faite après 24 et 48 heures. • Coliformes totaux : le milieu Désoxycholate lactose Agar (1%) a été utilisé. 1ml d’une dilution est prélevé et ensemencé dans la gélose en surfusion. Les incubations sont faites à 30 ºc et les lectures après 24 et 48 heures. Expression des résultats Le nombre total de germes a été déterminé selon la relation suivante (AFNOR, 1996). ∑C N = —————————— ( n1 + 0,1n2 )*d N : Nombre total de germes exprimé en unité formant des colonies. ∑ C : Somme de colonies des boîtes des deux dilutions retenues. n1 : Nombre de boîtes de la plus faible dilution. n2 : Nombre de boîtes de la seconde dilution. d : Facteur de dilution correspondant à la plus faible dilution. 7 Détermination du rendement de production. 7.1 Productivité. La productivité a été déterminée en prenant comme hypothèse que la récolte de spiruline débute uniquement avec un bassin ayant un Secchi de l’ordre de 2 et que l’on récolte jusqu’à ce que le Secchi passe à 4. On a déterminé la productivité théorique sachant qu’un Secchi de 2 correspond à une concentration en spirulines sèches de 0,9 g/l et un Secchi de 4 à environ 0,626 g/l. ( FOX, 1976 ) La productivité effective a été déterminée en période d’harmattan en fonction de la quantité de matière sèche de spiruline récoltée sur une période déterminée. 7.2 Coût d investissement. La détermination de ce coût permet d’avoir une idée précise du coût de l’implantation d’une unité de production du même type que celui du CMCS de Ouagadougou dans d’autres sites principalement en milieu rural. Le coût d’acquisition du terrain étant exclut, on a estimé le coût des bassins de culture, du matériel de travail, des matières premières et des charges d’amortissement. Les détails sont donnés en annexe. 7.3 Rentabilité. 49 Il s’agit pour nous d’estimer le prix de revient de la spiruline produite qui est fonction des charges de production. 8 Etude de quelques pistes de valorisation . 8.1 Coût de la récupération nutritionnelle d enfants malnutris. La récupération des enfants malnutris au niveau du CREN du Centre Médical Saint Camille se fait dans une durée moyenne de 28 à 35 jours suivant les cas à raison de 10 grammes de spirulines sèches par jours. Nous avons comparés le coût de la récupération nutritionnelle d’un enfant avec de la spiruline produite en culture semi-artisanale, par rapport à un traitement avec des gélules de spiruline vendues en pharmacie. 8.2 La spiruline en tant qu aliment de complément. Cette étude vise à l’introduction de la spiruline dans divers aliments couramment consommés à Ouagadougou en vue de pallier à certaines insuffisances en éléments vitaux pour la santé des consommateurs. Cette étude a été faite au travers de l’analyse de diagrammes de préparation de quelques aliments pouvant être complémenté par la spiruline. Ce chapitre présente les résultats du suivie de la production semi-artisanale de la spiruline, ainsi que l’importance de certains paramètres culturaux puis l’analyse nutritionnelle et économique de la spiruline et enfin la recherche de quelques pistes de valorisation. 1. Diagramme de production de la spiruline. Le résultat de la description de la conduite de la production semi-artisanale de la spiruline est donné par la figure 7. Ce diagramme qui présente les différentes étapes de la production de spiruline au Centre Médical Saint Camille, peut être tout à fait reproductible à toute unité de production semiindustrielle ou même familiale de spiruline. Il présente toutefois quelques points de différences si on compare les étapes à celles proposées par Fox en 1976 dans son diagramme des flux ( Figure 3 ) ou même à celles proposées par CLEMENT en 1975. La différence primordiale réside dans le fait que ces auteurs préconisent une étape de lavage de la biomasse avant le pressage manuel. Ce lavage de la biomasse permettrait certainement de débarrasser la biomasse de spiruline de son milieu de culture et même de réduire le taux de cendre. Mais on court le risque de perdre une partie de la production. En effet d’après JOURDAN (1999), si certaines spirulines supportent le lavage à l’eau douce, d’autres se décolorent ou éclatent à son contact et ne peuvent être lavées qu’à l’eau salée ou avec une eau de même force ionique que celle du bassin récolté. Les spirulines mises en contact avec un milieu de salinité différente de leur milieu d’origine réagissent quasi instantanément en absorbant ou en perdant de l’eau pour se mettre en équilibre osmotique avec le milieu , ce qui peut faire éclater leurs cellules. C’est aussi pour cette question d’équilibre osmotique que le niveau d’eau du bassin est maintenu constant pour éviter les trop grandes variation de salinité. JOURDAN (1999) préconise de ne pas ajouter plus de 10% du volume d’eau du bassin par jour. A cet effet, le niveau d’eau des bassins est mesuré chaque jour ainsi l’évaporation d’eau ne va jamais au dessus des 2 cm pour les bassins de l’unité de production. 50 Bassin de culture ( Secchi < 3) Prélèvement du milieu ( seau plastique ) Echantillon de culture Filtration corps étrangers (insectes, feuilles mortes, boues, grumeaux) ( tamis 0,5 mm de mailles ) Filtrat Filtration (toile 30µm de mailles) milieu nutritif usé Concentré de spiruline pressage manuel eau, milieu usé Pâte de spiruline fraîche Pesée Etalement Séchage solaire ( balance ordinaire ) ( sur claie de séchage à l aide du pistolet extrudeur ) ( sous la serre Tº≈38ºc ) eau Spiruline sèche Broyage Conditionnement Stockage ( sachets 40g ) ( Tº moyenne du magasin ≈30ºc) Consommation Figure 7 : Diagramme de production semi-artisanale de la spiruline. Une autre étape tout aussi importante de la culture de la spiruline mais qui n’entre pas dans le diagramme de production est l’agitation du milieu de culture. C’est une étape qui fait partie de l’entretien de la culture et qui contribue largement de la croissance optimal de la spiruline. L’agitation manuelle se fait à l’aide d’un balai trois fois par jour. Or des auteurs préconisent que cette agitation se fasse au moins quatre fois par jour afin d’obtenir 51 un rendement optimum (FOX, 1986; JOURDAN, 1999). Cette agitation permet ainsi de faire alterner rapidement l’ombre et la lumière sur les filaments de spirulines et aussi pour assurer une bonne répartition des éléments nutritifs. Les bassins de culture du CMSC, bien que disposant de roues à aube pour l’agitation ces dernières ne sont pas d’utilisation fréquente. En effet, mal utilisées les roues à aube pourraient contribuer à la fragmentation des filaments de spiruline et par conséquent à l’obtention d’un mauvais rendement à la récolte. L’intensité lumineuse est aussi un paramètre important pour la bonne croissance de la spiruline tout comme l’agitation. En effet une forte intensité lumineuse sans agitation de l’eau provoque une photolyse ou photo destruction due à l’effet photoélectrique. Une forte intensité lumineuse jointe à une bonne agitation donne une meilleure croissance, tous les filaments reçoivent de fréquentes charges de lumière, mais sont aussi rapidement occultes par d’autres filaments qui les protègent contre une surexposition à la lumière. Une faible intensité lumineuse avec une faible agitation produit une croissance lente (FOX, 1986). La serre de l’unité de production du CMSC, avec son toit en tôles translucides en polyester fibre de verre, assure non seulement une luminosité adéquate en protégeant la spiruline l’excès de rayons lumineux mais elle maintient également la température maximale de 37ºc en période d’harmattan. La serre permet aussi de freiner une évaporation trop importante de l’eau des bassins en saison chaude. Pour des bassins ne disposant pas d’une serre, nous préconisons l’utilisation de couvertures mobiles (bâches, feuilles de palmier ou tiges de mil tressées), afin d’éviter de gros coups de soleil à la spiruline. D’autres étapes importantes dans le processus de production semi-artisanale de la spiruline sont : L’étape de filtration; elle se fait en deux parties. La première utilise un tamis en acier inoxydable de 500 µm de mailles; elle vise l’élimination de larves, grumeaux de spiruline, feuilles mortes et des quelques insectes qui ont pu pénétrer dans le hangar lors de l’ouverture de la porte ou par des fissures présentes aux niveau des panneaux moustiquaires. La deuxième partie, qui constitue l’étape de concentration proprement dite permet de séparer les filaments de spiruline de leur milieu de culture, au travers une toile de filtration en polyester de 30 µm de mailles. C’est une étape à risque, car elle sépare la spiruline de son milieu protecteur la laissant ainsi à la merci de toutes contaminations microbiennes. En effet cette étape de filtration constitue un point critique car une contamination de la biomasse de spiruline peut se faire à ce niveau. Tout d’abord par le biais du matériel utilisé (ici la pelle en plastique) pour imprimer un mouvement à la biomasse et pour le décolmatage de la toile. Une contamination peut se produire aussi par le biais du manipulateur, qui ne porte ni gants, ni blouse, ni coiffe, ni de protège nez. Ces risques de contamination peuvent aussi être relevés à d’autres étapes clés comme le pressage manuel, l’étalement de la biomasse et le conditionnement. L’étape de pressage manuel est une étape primordiale, car elle influe énormément sur l’efficacité de l’extrusion en spaghetti de la biomasse et sur l’aptitude de la spiruline à sécher rapidement. Le séchage de la spiruline a lieu sous le hangar ce qui évite à la biomasse d’être directement exposée au rayons ultraviolet du soleil. En effet le toit qui laisse passer une partie des rayons lumineux permet un séchage assez correct, bien que l’on note quelques fois un léger bleuissement de la spiruline en surface, causé par la destruction de la chlorophylle. Le résultat obtenu en fin de chaîne de production après le broyage, est une poudre plus ou moins fine d’un vert rappelant celui des sauces d’épinards, de gombo ou de feuilles de baobab. La poudre de spiruline dégage tout de même une odeur assez forte, rappelant celle du soumbala, du poisson séché ou du foin. 2. Les paramètres de culture et de croissance de la spiruline. 52 2.1 Résultats du suivie de la croissance. Paramètres clés du suivie de la cinétique de croissance de la spiruline, la mesure de la concentration et celle du pH du milieu de culture sont présentées sur le graphique de la figure 8. L’évolution de la concentration en spiruline permet de déduire la vitesse de croissance durant la période d’harmattan. Elle est de 0,36 cm / jour. 5 1 0 ,3 1 0 ,1 pH Secchi (cm) 1 0 ,2 4 3 10 y = -0 ,3 6 x + 4 ,4 4 2 R = 0 ,9 7 3 2 9 ,9 0 1 2 3 4 Te m ps (jours) Secchi pH Linéaire (Secchi) Figure 8 : Cinétique de croissance de la spiruline La mesure de la concentration, effectuée à l’aide d’un disque de Secchi est donnée en centimètre. Bien qu’assez subjective comme mesure, elle permet grâce au disque de Secchi de suivre l’évolution de la concentration en spiruline et de savoir exactement quand peut avoir lieu une récolte. En effet cette mesure, réalisée à l’aide d’une règle graduée de 30 cm de long et portant à son extrémité un disque blanc, dépend de l’acuité visuelle de l’opérateur, de l’éclairage, de l’angle de vue, de la dimension du disque et de la turbidité du milieu de culture. Ainsi le moment de récolte survient toujours pour un Secchi inférieur à 3cm. Le pH du milieu, paramètre de croissance plus subtil car sujette à des variations le long de la journée, permet tout de même de savoir s’il y a croissance ou pas de la spiruline. Pour ce faire, cette mesure est prise au même moment de la matinée tout comme la concentration. Dans la journée, le pH croit car dans la photosynthèse le CO2 est absorbé par la spiruline alors que dans la nuit, la respiration plus intense libère du CO2 dans le milieu, abaissant par conséquent le pH -(FOX, 1986). De même en consommant les carbonates (CO3H ) et bicarbonates (CO3 ) de son milieu, les spirulines tendent à augmenter encore l’alcalinité du liquide. Ainsi une augmentation du pH sous entend une nutrition carbonée et par conséquent un accroissement de population de spiruline. A part le CO2, la spiruline consomme aussi de l’eau. La courbe du niveau d’eau représentée par la figure 9, donne la consommation journalière en eau de la culture. Elle permet de déterminer une consommation moyenne de 0,28 cm d’eau par jour pour un bassin de 10 m2, ce qui représente 2,8 l / jour / m2 de bassin. 53 21,5 Hauteur d'eau (cm) y = -0 ,2 8 x + 2 1 ,3 R 2 = 0 ,9 6 5 5 21 20,5 20 0 0,5 1 1,5 2 2 ,5 3 3,5 4 Te m ps (jours ) Niveau Linéaire (Niveau) Figure 9 : Evolution du niveau d’eau dans les bassins La diminution du niveau d’eau dans les bassins est essentiellement due à deux phénomènes. L’évaporation de l’eau qui est intense aux heures chaudes de la journée et qui permet un refroidissement du milieu (FALQUET,1999). Pour un bassin non couvert, cet évaporation atteindrait les 15 litres d’eau par mètre carre par jour selon FOX en 1986. La consommation propre de la spiruline à travers la photosynthèse et la photolyse de l’eau pour la production de matières organiques et oxygène. La consommation spécifique est très faible ( 2,8 l / jour / m2 ). Il ne s’agit que de compenser l’évaporation et de renouveler périodiquement le milieu de culture pour en réduire la turbidité. La quantité d’eau nécessaire à la production d’un kilogramme de protéines est de loin très négligeable dans le cas de la culture de la spiruline avec 2500 litres par kilogramme de protéines en comparaison avec d’autres sources de protéines comme l’illustre le tableau XII. Tableau XII. : Quantité d’eau nécessaire à la production d’1 kg de protéine ( Compagnie Tournesol ). Source de protéine ufs (élevage intensif) Quantité d’eau en litre 102000 Maïs 12400 Soja 8800 Spiruline 2500 54 2.2 Autres paramètres de culture. Le test de filtrabilité a permis d’avoir une moyenne de volume filtré de 173 ± 2,65 ml en une minute. Ce resultat est insatisfaisant comparé aux 300 ml par minute préconisé par JOURDAN en 199, qui correspondrait à une filtration de type très facile. La fitrabilité de notre milieu de culture avec un Secchi inférieur à 3 cm est donc de type moyen. Mais cette efficacité de filtration peut être fonction de la taille des filaments de spiruline, de l’état de fragmentation des filaments ou même de la morphologie ces filaments ( spiralée, ondulée ou droite ). Mis à part ce test de filtrabilité qui permet de caractériser la vitesse de filtration d’une culture de spiruline, d’autres facteurs vont influer sur l’étape de filtration proprement dite ; il s’agit du type de toile de filtration employé dont les mailles peuvent varier de 25 à 60 µm, de la concentration de la culture et des mouvements imprimés à la toile ou à la biomasse pour décolmater. Le test de l’aptitude au lavage de la biomasse a donné un volume d’eau filtré de 125,7 ± 5,13 ml en une minute. ce résultat est de loin inférieur au 400 ml trouvés par JOURDAN (1999) et qui correspond à une biomasse de type ‘’lavable’’. Notre biomasse n’a donc pas une bonne aptitude au lavage. En effet l’examen microscopique de la spiruline lavée à l’objectif 40 montre des cellules de filaments éclatées. Cette lyse cellulaire a donc été à l’origine de la mauvaise filtration occasionnée par un colmatage du filtre par des fragments cellulaires de spiruline. 3 Composition nutritionnelle de spiruline. 3.1 Résultats des analyses physico-chimiques. La composition physico-chimique de la spiruline à l’état frais (SF) et celle séchée puis broyée est représentée dans le tableau XIII. Tableau XIII : Composition physico-chimique de la spiruline*. Echantillons Spiruline fraîche Spiruline sèche Protéines totales (%) 35,23 ± 5,80 57,10 ± 0,30 Indice de formol (ml NaOH) 7,17 4,35 Sucres totaux (%) 7,75 ± 0,07 12,77 ± 0,14 Sucres réducteurs (%) 0,43 ± 0,04 1,07 ± 0,09 Matières grasses (%) 6,38 ± 2,30 6,00 ± 0,9 Acidité grasse (%) 8,1 ± 1,27 6,6 ± 2,50 Fibres brutes (%) 3,30 ± 1,15 7,81 ± 0,99 Humidité (%) — 4,87 ± 0,02 Cendres (%) — 10,76 ± 0,1 Phycocyanine (%) 7,02 ± 1,77 9,76 ± 2,92 Valeur énergétique (kcal/g) 2,33 3,38 Analyses 55 • Moyenne ± écart type de 2 ou 3 déterminations. Il ressort de ces résultats que la spiruline est bien l’aliment le plus riche en protéine que l’on connaisse avec une moyenne de 57,10 % de protéines totales dans l’échantillon produite au Centre Médical Saint Camille. Le pourcentage en protéines particulièrement élevé de la matière sèche constitue une véritable révélation. Ces chiffres acquièrent une plus grande valeur encore si on les compare avec les teneurs moyennes en protéines de certaines graines de légumineuses. Ces dernières, comme les cyanophycées, sont des fixatrices d’azote : haricot (22%), pois (22%) et même le soja (38%) pourtant réputé pour sa richesse en protéines. Spirulina platensis apparaît donc comme une des espèces végétales les plus riches en protéines (LEONARD et al, 1967). La spiruline sèche avec ces 12,77% de glucides totaux, 6% de lipides totaux, 10,76% de cendres et 4,87% d’humidité, a une composition chimique moyenne très proche de celle trouvée par des travaux précédents (SOEDER et al, 1970 ; CLEMENT, 1975 ; CIFFERI et al, 1985 ; CORNET, 1992 ; FALQUET, 1996 ; JOURDAN, 1999 ; KABORE, 2001). La composition de la spiruline étant sujette à des variations en fonction des conditions de culture et des techniques de production, certains écarts ont pu être observés. Le taux de cendre par exemple de la spiruline produite au CMSC est très élevé (10,76%) comparativement à celui noté par CLEMENT (1975) qui est de 4,7% ou par CIFFERI et collaborateurs (1985) avec 6% de cendres. Cette énorme différence observée est peut être due au lavage de la biomasse de spiruline au cour de la récolte. En effet certains auteurs préconisent ce lavage de biomasse afin de la débarrasser des sels minéraux du milieu de culture. Cette technique a tendance à améliorer aussi la teneur en protéines de la spiruline (CLEMENT, 1975). La teneur en eau (4,87%0 de notre échantillon est tout à fait normale pour ce genre de produit séché. Le séchage de la spiruline est donc correct même si le mode de séchage solaire utilisé gagnerait à être amélioré afin de préserver au maximum les constituants sensibles de la spiruline. Avec un taux de matières grasses de 6% de poids sec, la spiruline peut se vanter de faire partie des sources de protéines les moins grasses. Cette caractéristique lui donne l’avantage de se conserver assez aisément en étant à l’abris des phénomènes d’oxydation des lipides et de rancissement. Bien que le pouvoir calorifique de la spiruline ne soit pas très élevé (3,38 kcal/g), la spiruline se rattrape aisément par sa valeur protéique et vitaminique, en complémentarisation à d’autres aliments énergétiques tels les céréales. 3.2 Evolution des caractéristiques biochimiques de la spiruline. physico-chimiques et Certains paramètres physico-chimiques rendent compte des altérations chimiques donc la perte de la valeur nutritionnelle des produits séchés tels la spiruline. L’examen de certains d’entre eux ( teneur en eau, pH, acidité grasse, indice de formol, sucres réducteurs, phycocyanine) donne les résultats suivants : 3.2.1 Teneur en eau. De manière générale on observe une légère baisse de la teneur en eau dans nos échantillons de spiruline au cours des différentes durées de stockage. Comme l’illustre la figure 10, cette teneur passe de 4,87% à 4,42%. 56 Humidite (%poids sec) 5,5 5 4 ,5 4 3 ,5 0 2 4 6 8 10 12 Te m ps (m ois ) Figure 10 : Evolution de la teneur en eau au cours du stockage. La teneur en eau est étroitement liée à l’efficacité du séchage et du mode de conditionnement. La teneur en eau de la spiruline produite au CMSC est malheureusement sujette à des variations au cours de l’année, car le mode de séchage est lié à la température de la serre. C’est donc une étape qui n’est pas parfaitement maîtrisée. 3.2.2 Le pH, l’acidité grasse et les matières grasses. Le pH de nos échantillons sont quasiment constants durant le stockage, les valeurs sont comprises entre 6,36 et 7,33 comme le montre la figure 11. 7,5 pH 7 6,5 6 5,5 0 2 4 6 8 10 12 Tem ps (mois) 57 Figure 11 : Evolution du pH au cours du stockage. On note tout de même une valeur élevée du pH au niveau de l’échantillon SS4, produit 10 mois auparavant. En général on peut dire qu’il n’y a pas d’équivalent OH ou H + libérés dans la spiruline. De même les figures 12 et 13 montrent une certaine stabilité de la teneur en matières grasses et de l’acidité avec des moyennes respectives de 6,61% et 7.44 mg de NaOH par gramme. Acidite grasse (mg de NaOH) 10 8 6 4 2 0 2 4 6 8 10 12 Temps (mois) Figure 12 : Evolution de l’acidité au cours du stockage. 8 Matiere grasse (%poids sec) 7 6 5 4 0 2 4 6 8 10 12 Temps (mois) Figure 13 : Evolution du taux de matières grasses au cours du stockage. 58 La spiruline ayant un taux de matières grasses très faible (6,61%), les hydrolyses de triglycérides pouvant survenir sont imperceptibles. De plus, le faible taux d’humidité (<5%) de nos échantillons constitue un frein à l’activité des lipases. L’évolution du taux d’acidité au cours du temps (figure 12) concorde avec celle du pH ; dans les deux cas, on observe pas de variations significatives. 3.2.3 L’indice de formol. L’indice de formol permet d’apprécier conventionnellement la quantité d’acides aminés libres dans un échantillon. Il a été déterminé dans cette étude pour évaluer les variations du taux d’acides aminés libres au cours du stockage. L’indice de formol comme l’illustre la figure 14, montre une certaine croissance au troisième mois de stockage. 6 Indice formol (ml NaOH) 5,5 5 4,5 4 3,5 3 0 2 4 6 8 10 12 Temps (mois) Figure 14 : Evolution de l’indice de formol au cours du stockage. Mais la valeur moyenne d’indice de formol (4,6 ± 0,4) présente un écart type assez faible. On peut donc se permettre de dire que le nombre d’acides aminés libres est constant. Cela serait normal puisque la spiruline stockée ne contient pas d’eau solvante avec une teneur moyenne d’humidité de 4,8%. L’activité protéolytique des protéases et peptidases est donc quelque peu inhibée. 59 3.2.4 Les sucres réducteurs. La figure 15 présente les résultats de l’évolution des sucres réducteurs au cours du stockage. Sucres reducteurs (%poids sec) 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 0 2 4 6 8 10 12 Temps (mois) Figure 15 : Evolution du taux de sucres réducteurs au cours du stockage. Avec des taux assez faibles comprise entre 1,07% et 2,52%, et une moyenne de 1,79% ± 0.6, on peut dire que l’hydrolyse des polymères glucidiques est insignifiante. Après un dédoublement du taux de sucres réducteurs de la spiruline un mois après sa production, on assiste à une stabilisation de cette valeur. Ce phénomène concorde parfaitement avec l’évolution de la teneur en eau. 3.2.5 La phycocyanine. La spiruline présente une couleur bleu-vert sombre parce qu’elle est riche en un polypeptide bleu vif appelé phycocyanine. Le dosage de ce pigment nous donne un taux de 9,76% avec l’échantillon SS0. Ce taux est très inférieur au 15% mentionné par JOURDAN (1999) et FOX (1986). Cette phycocyanine est malheureusement sensible à la lumière et au stockage, puisque sa teneur diminue comme le montre la figure 16. Sa valeur passe de 9,76% à 4,46% au dixième mois. 60 Phycocyanine (%poids sec) 10 8 6 4 2 0 2 4 6 8 10 12 Temps (mois) Figure 16 : Evolution de la teneur en phycocyanine. La phycocyanine est surtout sensible à la lumière et faute d’un conditionnement adéquat (Boîtes métalliques étanches, sachets plastiques aluminisés et thermosoudables), ce pigment est très vite détruit. Or la phycocyanine, comme bien d’autres substances intéressantes de la spiruline, a des effets thérapeutiques extraordinaires. Notamment la stimulation de l’hématopoïèse et la régulation de la production des cellules de l’immunité (KOZLENKO et HENSON, 1996). 4. Evolution de la flore microbienne de la spiruline. 4.1 Résultats de l’examen direct. Avant l’examen microscopique direct d’un échantillon de culture de spiruline, une rapide analyse visuelle a permis d’apprécier l’état général de contamination. Il en ressort que le milieu de culture, en dehors de la couche verdâtre de spirulines, contient quelques rares araignées, petits lézards morts, insectes divers non identifiés et des feuilles mortes. Tous ces contaminants sont heureusement éliminés quotidiennement à l’aide du tamis de 500 µm de mailles. L’examen microscopique direct à l’objectif 40 entre lame et lamelle de notre échantillon de culture de spiruline révéla la coexistence de deux types de morphologie de spiruline. Une forme spiralée plus nombreuses avec des spires plus ou moins serrées et une forme droite qui ne présente pas de spires. La prédominance d’une forme par rapport à l’autre est surtout fonction de l’agitation du bassin. Un bassin bien agité régulièrement va favoriser une spiruline spiralée et par conséquent un bon rendement de filtration (JOURDAN, 1999). 61 4.2 Résultats de la numération de la microflore. Le dénombrement de la flore microbienne dans les échantillons de spiruline donne les résultats mentionnés dans le tableau XIV. Tableau XIV : Résultats du dénombrement de la microflore de la spiruline Echantillons SF Flore microbienne (UFC/g) SS0 SS1 SS2 SS3 SS4 Flore aérobie mésophile 85*104 160*106 30*106 9*106 11*106 18*106 Coliformes totaux 23*103 67*103 5*103 23*103 3*103 Streptocoques fécaux <10 150*104 <10 <10 <10 225*104 Levures et moisissures <10 2*103 <10 2*103 <10 8*103 103 Le dénombrement de la flore de nos échantillons présente des résultats assez mitigés. La flore mésophile de nos échantillons séchés est très élevée avec une valeur de 160*106 ufc/g pour SS0. Bien que cette valeur tend en général à diminuer au cours du stockage, elle demeure tout de même élevée pour un produit séché à teneur d’eau inférieur à 5%. Une contamination exogène lors du traitement de la spiruline séchée expliquerai cet écart constaté. JACQUET en 1976 notait une valeur de 170*103 ufc/g pour la spiruline issus d’un préparation en bassin originaire d’Algérie et 700 ufc/g pour une culture synthétique industrielle (100 à 700 m2 de superficie de bassin). L’échantillon de spiruline fraîche (SF) donne des résultats assez intéressants, avec des valeurs de streptocoques fécaux et de levures et moisissures inférieures à 10 ufc/g. Bien que SF contient un taux élevé d’humidité, sa stabilité micro biologique est bonne. SF contient en effet encore du milieu de culture qui inhibe toute croissance avec son pH sélectif. De manière générale, l’évolution de cette de contamination tend à se stabiliser au cours du temps. En effet, avec un taux d’humidité comprise entre 4,87% et 4,42%, très peu de micro organismes réussissent à se développer dans de telles conditions. Les échantillons séchés ont probablement été contaminés au cours du séchage à l’air libre et lors de l’étape de broyage et de conditionnement. Ces étapes de la chaîne de production constituent comme mentionné précédemment, des points critiques qu’il faudra absolument contrôler et maîtriser, afin d’avoir une spiruline de bonne qualité micro biologique. 5. Evaluation de la rentabilité de production. 5.1 Résultats de productivité. Les résultats de productivité sont exprimé par rapport à la matière sèche de spiruline. La productivité qui est fonction du taux de récolte donne une valeur théorique de 548 grammes par bassin récolté. L’unité de production du CMSC disposant de quatre bassins de culture avec une superficie totale de 40 m2 , nous pouvons faire l’hypothèse de deux productivités théoriques. 62 Si un bassin seulement sur les quatre est récolté par jour, nous aurons une productivité théorique minimale de 548 g / jour. Cette valeur ramenée à la superficie totale de l’unité de production nous donne 13,7 g / jour / m2. Par contre, si les quatre bassins sont récoltés par jour (conditions optimales de croissance), nous aurons une productivité maximale de 2192 g / jour c’est à dire 54,8 g / jour / m2. La quantité de matières sèches de spiruline réellement récolté au cours de notre stage (période d’harmattan) et cela sur une période déterminée prise au hasard, a permis de déterminer la productivité effective de cette période, qui est de 253 g / jour c’est à dire 6,33 g / jour / m2. Cette productivité correspond à une productivité minimale étant donné qu’en période d’harmattan les conditions climatiques notamment de températures ne permettent pas une croissance optimale de la spiruline. On estime alors un rendement de production pour cette période de 46,2%. Ce faible rendement pourrait s’expliquer par une pénurie de toiles de filtration au niveau de l’unité du CMSC. La toile de filtration usée utilisée ne permettait malheureusement pas une filtration rentable. Bien que le rendement de productivité obtenu soit très faible, la valeur de 6.33 g / jour / m2 de productivité est tout à fait dans les limites énoncées par FALQUET en 2000, qui donne une productivité de comprise entre 5 et 10 grammes de spiruline (poids sec) par jour et par mètre carré. Ainsi on peut dire qu’on obtient par an un minimum de 22,8 tonnes de spiruline à l’hectare, ce qui correspond à environ 13 tonnes de protéines par hectare. Pour prendre tout son sens, cette productivité doit être ramenée aux doses quotidiennes utilisées en alimentation humaine ; à peine quelques grammes de spiruline suffisent à améliorer radicalement l’apport nutritionnel quotidien d’un enfant en bas age. Cela signifie que chaque mètre carré de production de spiruline peut suffire à l’aide nutritionnelle de 2 à 3 enfants cela d’une manière continue (FALQUET, 2000). 5.2 Le coût d’investissement et rentabilité. Les besoins de financement pour la mise en place d’une unité de production du même type que celui du CMSC s’estiment à 2 016 344 Fcfa. Cet investissement exclut l’acquisition du terrain, le coût de formation, la main d’ uvre et les frais d’analyse. Cela pour la simple raison que cet activité peut aisément s’adapter aux réalités agricoles des paysans en milieu rural. Les investissements se répartissent comme mentionné dans le tableau XV. Tableau XV : Récapitulatif des coûts d’acquisition des équipements, des charges de fonctionnement durant une année (première année). Désignation Bassins de culture Matériel de travail Matières premières Matières premières d’entretien 1er TOTAL Imprévus (10%) TOTAL Montant (Fcfa) 1 440 000,00 141 985, 00 231 418, 80 19 636, 54 1 833 040, 34 183 304, 03 2 016 344, 37 Le coût de l’investissement est il est vrai quelque peu élevé pour un simple paysan. Il faut dire bien évidemment qu’il s’agit là d’une unité de production semi-artisanale de grand standing avec ses 40 m2 de surface de bassin. Il est bien sûr possible avec un 63 investissement minimum de 200 000 Fcfa, de mettre en place une installation artisanale à petite ou à moyenne échelle (FALQUET, 2000). Ainsi on pourrait avoir des constructions de bassins en argile avec un revêtement par film plastique, ou des bassins à armatures en bois soutenant une bâche plastique (FALQUET, 1999). L’établissement d’un bilan prévisionnel permet de noter des charges de production de 19 636,54 qui correspond en fait à la matière première d’entretien. Les charges d’amortissement sont données dans le tableau XVI. Tableau XVI : Charges d’amortissement. Désignation Bassins Abris Panneaux (grille) Matériel de travail TOTAL Montant (Fcfa) 800 000 400 000 240 000 141 985 d’acquisition Durée de vie (année) 10 10 05 05 Montant d’annuité (Fcfa) 80 000 40 000 48 000 28 397 196 397 Ainsi les charges totales par année s’élèvent à 216033,54 Fcfa. La détermination de ces charges permet d’évaluer le prix de revient de la spiruline produite (6.33 g / jour / m2). La production minimale annuelle équivaut à 91152 grammes de spirulines sèches. Après calcul le prix de revient est de 2370 Fcfa le kilogramme de spirulines sèches. Il est indispensable de souligner le fait que la rentabilité des installations de production de spiruline dépendra, au moins dans un premier temps, de la création d’un marché local, régional ou national, pour ce nouveau produit. Il est donc essentiel que le transfert des technologies et des connaissances nécessaires à la création de nouvelles unités de production soit accompagné, ou même précédé d’une large diffusion d’informations nutritionnelles. La production locale de spiruline n’a de sens que là où sa valeur est reconnue (FALQUET, 2000). C’est ce vaste travail d’informations qui se fait dans les centres de récupération nutritionnel infantile (CREN), afin d’augmenter le taux de récupération et de réduire le taux de mortalité des enfants atteints de malnutrition protéino-énergétique. 6. Valorisation de la spiruline. 6.1 Valorisation dans l’intérêt de la récupération nutritionnelle d’enfants malnutris. La spiruline vendue au niveau du CREN du CMSC est conditionnée dans de sachets de 40 grammes à raison de 100 Fcfa le sachet. Ce prix est tout à fait raisonnable au vu du coût de revient déterminé précédemment (2370 Fcfa / kg). Ainsi, le coût de la récupération nutritionnelle d’un enfant malnutris en 28 jours de traitement va coûter seulement 700 Fcfa à raison de 10 g de spiruline par jour. Avec une somme de 350000 Fcfa (à peine le prix d’une mobylette), on récupère nutritionnellement environ 500 enfants du Burkina Faso. La spiruline se retrouve aussi sous forme de gélules dans les pharmacies. La boîte de 84 gélules (35,2 g de spiruline) coûte environ 7000 Fcfa or il faut à peu près 280 grammes de spiruline pour la récupération en 28 jours d’un enfant malnutris. Le traitement coûterait alors environ 55667 Fcfa. En définitif, le traitement par la culture semi-artisanale pour la récupération d’un enfant coûte 80 fois moins chère que par la spiruline importée. 64 Voici donc une raison de plus pour valoriser et vulgariser la culture de la spiruline au Burkina faso. On contribue non seulement à l’éradication de la malnutrition protéinoénergétique dans nos pays en voie de développement mais aussi à soulager le sort des enfants VIH positifs. En effet, on a remarqué que dans les CREN, plus de 20% des enfants sont VIH positifs. Par la spiruline, on construit en amont et les maladies opportunistes (anémies, diarrhées…) détruisent en aval. Mais sans cette complémentation alimentaire par la spiruline, l’enfant VIH positif mourait. 6.2 La spiruline utilisée comme complément alimentaire. Lorsque la malnutrition est moins aiguë ou ne constitue qu’un risque à prévenir, l’acceptation d’une nouvelle denrée dépend presque autant de sa présentation que de l’information qui l’accompagne (FALQUET, 2000) Dans le cas de la spiruline, on distingue le produit frais du sec. A l’état frais, la spiruline se présente comme une pâte ferme d’un vert épinard ou vert des feuilles de baobab (Adamsonia digitata), sans goût particulier, ni odeur. Elle est facilement consommée comme une pâte à tartiner que l’on peut épicer ou mélanger à d’autres ingrédients. Elle peut servir à garnir des beignets de mil (Penisetum spp), de maïs (Zea mays), de blé (Triticum aestivum) ou de riz (Orysea sativa), qui sont très prisés par les enfants. On peut aussi la délayer très facilement dans des potages, des sauces, des bouillies. Mais il faudra tenir compte de son pouvoir colorant extrême. La spiruline fraîche se conserve juste quelques jours (2 à 5 jours) au réfrigérateur en lui ajoutant 5 à10% de sel de cuisine et en la recouvrant d’huile. C’est à l’état sec que le spiruline se conserve le plus longtemps possible. Sous cette forme, elle peut être mélangée en fin de cuisson à des potages, des sauces, ou des bouillies. La poudre de spiruline peut être aussi délayée dans des jus de fruits et boissons, ou entrer dans la préparation de biscuits secs (salés ou sucrés). Bien que la cuisson ne détruit pas toutes les qualités nutritionnelles de la spiruline, elle en altère un certains nombres ( BUCAILLE, 1990). Pour cette raison, l’utilisation de la spiruline en complémentation doit se faire uniquement pour des préparations n’utilisant pas de cuisson ou des temps brefs de cuisson (10 minutes à ébullition) (JOURDAN, 1999). La complémentation des farines infantiles par la spiruline demeure l’un des objectifs primordiaux pour la lutte contre la malnutrition protéino-énergétique. Pour ce faire, la spiruline peut être ajoutée aux bouillies des enfants suivant la posologie du traitement, ou encore entrer directement dans l’enrichissement des farines traditionnelles comme celles à base de mil, La figure 17 présente le diagramme de fabrication d’une telle farine. 65 Mil Triage / Vannage / Lavage Impuretés Séchage Torréfaction Mouture Tamisage Farine Sucre, sel Spiruline Mélange Conditionnement Farine enrichie Figure17 : Diagramme de préparation d’une farine enrichie en spiruline En dehors des bouillies, les biscuits et beignets sont aussi très consommés par la tranche de jeunes et enfants . ces amuses gueules peuvent comme les crêpes, pâtisseries et autres friandises êtres complémentés en spiruline. La figure 18 illustre un exemple simple de préparation de biscuits secs (salés et sucré). Biscuit (à base de mil, mais ou blé) Broyage Biscuit en poudre Pain sec (récupéré) Broyage Chapelure 66 Lait frais Spiruline sel, épice, lait frais Mélange Malaxage Pâte Façonnage / découpage Séchage Biscuit sec à la spiruline Figure 18 : Diagramme de préparation de biscuits secs enrichis en spiruline Les produits laitiers sont d’assez bonnes sources de protéines de haute qualité. La complémentation en spiruline peu néanmoins la qualité organoleptique de certains fromages à l’instar des fromages à pâte persillée avec leur couleur caractéristique due aux spores bleues de diverses variétés de Penicillium. Le yaourt, produits laitiers le plus consommé dans le ville de Ouagadougou (ITSIEMBOU, 2003), peut être aussi enrichi par la spiruline comme le montre la figure 19. Lait cru Filtration (Tamis de très petites mailles) Lait filtré Pasteurisation (30 mn / 50ºc) Refroidissement Lait en poudre (facultatif) Mélange (à la température ambiante) Spiruline Ensemencement (avec un yaourt nature) 67 Fermentation (5 à 6 heures) Sucres Brassage Conditionnement / refroidissement Yaourt enrichi Figure 19 : Diagramme de préparation du yaourt enrichi. Le Burkina Faso, pays agropastoral, possède une richesse et une diversité de fruits provenant des arbres domestiques et des arbres sauvages. Les jus locaux issus de ces fruits sont d’une importance capitale dans l’apport vitaminique quotidien. Ces jus, obtenus à partir de calices d’oseilles (Hibiscus sabdarifa), de rhizomes de gingembres (Zingiber officinale), de fruits de liane goïne (Saba senegalensis) ou de baobab (pain de singe ), peuvent être complémentés à la spiruline à afin d’obtenir des boissons riches en protéines. La figure 20 donne l’exemple du ‘’Tédo’’ dont la couleur jaune fera place à une belle coloration verdâtre rappelant une boisson de menthe au lait. Pain de singe Décorticage Pilage Tamisage Poudre Eau Spiruline Malaxage Filtration Sucre, arômes Mélange Conditionnement / Refroidissement 68 Tedo enrichi Figure 20 : Diagramme de préparation du ‘’Tédo’’ enrichi. En dehors de ces quelques aliments couramment consommés par les Ouagalais, les assaisonnements peuvent aussi être complémentés par la spiruline. C’est ainsi que pour l’accompagnement des salades et des grillades, on peut s’offrir le luxe d’utiliser de la vinaigrette à la spiruline ou de la mayonnaise d’un vert de spiruline. La spiruline peut se valoriser dans la complémentation de l’alimentation animale. Incorporée jusqu'à 10% dans la ration des poules, la spiruline améliore fortement la qualité des ufs comme le démontre plusieurs études (JOURDAN, 1999 ; ROSS et al, 1990). Il faut souligner que les doses de spiruline nécessaire pour ces complémentations reste à définir, ces doses sont évidemment fonctions du but recherché. FALQUET (2000) souligne qu’on ne connaît pas d’effets secondaires sérieux aux surdoses (même massive) en spiruline, seul une accumulation bénigne de caroténoïdes dans la peau peut apparaître dans certains cas extrêmes. En tenant compte de son fort pouvoir colorant de la spiruline, on peut, après une extraction appropriée et une stabilisation éventuelle, obtenir des colorants vert (chlorophylle) et bleu (phycocyanine). L’industrie des colorants alimentaires naturels pourrait trouver en la spiruline une source non négligeable de chlorophylle avec 11 g / kg de spiruline poids sec (FLAMANT VERT, 1988). La chlorophylle est un pigment très utilisé comme colorant dans l’industrie alimentaire , pharmaceutique et cosmétique (DANESI et al,2002). Il en est de même pour la phycocyanine avec 150 g / kg de spiruline. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS La lutte contre la malnutrition protéino-énergétique et les carences alimentaires en général, fait partie des objectifs primordiaux de santé publique au Burkina Faso. Cet état de fait peut donc être désormais résolu par l’introduction dans nos habitudes alimentaires de la culture de Spirulina platensis ainsi que sa consommation. Ce travail de recherche sur le développement de la culture de la spiruline ainsi que sa valorisation pour la récupération des enfants malnutris du Burkina Faso, nous a permis de poser les bases pour que l’auto production de cette micro algue soit une réalité en tant que nouvelle production agricole. En effet, il ressort de notre étude que : ℘ La technique de production semi-artisanale de la spiruline est très simple et fiable. Elle peut ainsi être aisément vulgarisée d’autant plus que tous les matériaux et la plupart des équipements tout comme les intrants sont disponibles. ℘ Les conditions culturales sont tout à fait idéales pour permettre une croissance optimale de spirulina platensis avec une consommation spécifique d’eau adaptée aux réalités climatiques du Burkina Faso. ℘ La composition chimique et nutritionnelle de la spiruline produite au CMSCest non seulement intéressante pour le traitement de la malnutrition, mais elle est aussi stable pour permettre le stockage et une plus large diffusion. ℘ Certaines règles d’hygiène font défauts le long de la chaîne de production de spiruline au CMSC, mais elles pourraient très facilement être maîtrisées afin de garantir l’innocuité de la spiruline produite. 69 ℘ l’auto production de la spiruline est une activité très vite rentabilisée, surtout si elle augmente le taux de récupération nutritionnelle des enfants malnutris comme l’a démontré KABORE en 2001. ℘ L’incorporation de la poudre de spiruline dans certains nos aliments quotidiens, pour en augmenter la valeur nutritive est l’une des meilleures pistes de valorisation de la spiruline pour éradiquer la malnutrition au Burkina Faso. Ces travaux gagneraient à être poursuivis pour une meilleure valorisation de cet aliment renfermant plus de 50% de protéines. En effet il serait intéressant de comparer le profil en acides aminés, en acides gras essentiels, en sels minéraux et en vitamines de la spiruline produite au niveau du Burkina Faso avec celui déjà mentionné par la littérature. De même, des recherches pourraient être menées sur l’apport nutritionnelle des aliments complémentés par la spiruline. Au vu des multiples avantages d’une production locale et économique d’une denrée capable d’améliorer l’apport nutritionnel quotidien de nos population, nous suggérons que l’auto production de spiruline devienne une priorité pour nos dirigeants. Le stage que nous avons effectué a été très riche d’expériences en matière d’algoculture. Aussi, pour l’accroissement de la productivité des bassins de spiruline d’une part, et pour garantir la qualité de la spiruline produite, nous recommandons ce qui suit : e L’agitation des bassins devrait se faire chaque deux heures à défaut d’une agitation continue. Elle permettrait d’optimaliser la croissance des spirulines et aussi d’éviter la contamination par des ‘’spirulines droites’’. e En cas d’un pourcentage de ‘’spirulines droites’’ trop important, il faudrait réinitialiser la culture à partir de la sélection de souches de spirulines spiralées. On obtiendrait ainsi une culture de spirulines monoclonale. e Le nettoyage de la toiture de la serre doit se faire périodiquement pour que les spirulines reçoivent la luminosité nécessaire à la croissance optimale. e Le recyclage du milieu de culture lors de l’étape de filtration devrait se faire dans un des bassins voisins non récoltés . on évite ainsi que le bassin récolté ne se trouble et que trop de boues ne se retrouvent dans la biomasse de spirulines. e L’introduction d’une étape de lavage de la biomasse à l’eau salée dans le diagramme de production. e L’utilisation d’un densimètre afin de suivre l’évolution de la nutrition minérale des spirulines. e L’utilisation d’une technique de séchage plus appropriée pour la stabilité chimique et micro biologique de la spiruline. Un séchoir coquillage améliorerait le qualité de la spiruline produite. e Le respect des règles d’hygiène notamment par le port de blouse, de gants et de protège nez lors de la manipulation de la spiruline, le matériel de récolte doit être parfaitement propre. e Le recyclage des sels minéraux des boues déversées lors de la purge des bassins. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES AFNOR, 1996. Analyse micro biologique : contrôle de la qualité des produits alimentaires méthodes sectorielles. Tome 2, 6e éd., 380 p. 70 ANASUYA D.M.and VENKATARAMAN L.V., 1983. Supplementary value of the proteins of the blue green algae Spirulina platensis to rice and wheat proteins. Nutr. Rep. Internat. , 28 , 1029-1035. AMERICAN OIL CHEMISTS’ SOCIETY ( AOCS ) , 1990. Official methods and recommanded practics. 4th ed. AYEHUNIE S., BELAY A. , HU Y. , BABA T. , RUPECHT R. , 1998. Inhibition of HIV replication by an aqueous extract of Spirulina platensis ( Arthrospira platensis ). J. Acquir. Immune Defic Syndr. Hum. 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